lundi 21 juillet 2014
Delphes ou le tour du golfe de Corinthe
Par Alice, lundi 21 juillet 2014 à 23:59 :: 2014
5h30. A. m'a demandé de la réveiller pour voir le soleil se lever. Une lueur rouge transparaît à l'horizon, je me recouche et vais réveiller A. trois quart d'heure plus tard. Il fait jour mais le soleil n'est pas encore visible, nous le regardons émerger derrière les montagnes. Dès qu'il apparaît, il ne faut que quelques minutes pour qu'il surgisse tout entier (calculez la vitesse de rotation de la terre, la distance terre- soleil, la taille du soleil — dont les Grecs ont connu une approximation assez tôt.)
Départ à 9 heures pour Delphes. Comme je suis copilote, je choisis de la route "verte" (comprendre: notée pittoresque (pitto) sur la carte Michelin): nous franchissons le canal de Corinthe (cette tranchée me surprendra toujours) et nous prenons à gauche pour longer la côte. Traversée de Loutraki très commerçante (plus grande cité thermale de Grèce, nous dit le Guide bleu de 1985. Lac de Vouliagméni (eau salée, et pourtant plus haut que le niveau de la mer. Ou pas? S'agit-il d'une ouverture à l'horizon? (Oui.) C'est très beau, très tranquille, lieu de vacances pour ermite aimant le kayak ou la pêche. Tout est tellement désert dès qu'on s'éloigne des villes.)
La route qui mène au phare sur le cap Perachora est en travaux, un marteau-piqueur de la taille d'un engin de chantier (cela doit avoir un nom) est en train de ronger le bas côté. Nous passons de justesse avec le minibus (j'ai juste le temps de rabattre l'oreille (le rétroviseur) de mon côté), le plus inquiétant étant la physionomie tannée du vieux Grec nous faisant signe d'avancer: grand sourire et geste de la main (l'autre tient le drapeau rouge baissé) genre «allez-y en confiance», et soudain grimace «j'ai dit une connerie, ça ne va pas passer». «Reste dans l'axe, ne touche à rien», dis-je à H. en imaginant déjà le bruit de la carosserie contre l'engin de chantier — je ferme les yeux, c'est passé, et nous avons gagné le respect du vieux Grec: au retour une heure plus tard il fera tourner et arrêter le marteau-piqueur, nous ouvrant une voie royale.
Phare, un peu d'escalade. Comme d'habitude, nous sommes en train de prendre notre temps en début d'excursion: à cette allure, en s'arrêtant partout où j'en ai envie, sera-t-il, serait-il, possible d'atteindre Delphes aujourd'hui? Je contemple la rive en face et visualise mentalement la distance jusqu'à Delphes: c'est loin, je suis inquiète, je ne dis rien.
Nous reprenons la route, je vise Porto Germeno (Guide bleu : l'endroit où Laïos abandonna Œdipe). La route est en lacets, nous suivons une petite voiture blanche qui se trompe dans un embranchement et monte dans le village de Pisia, la route rétrécit, la voiture blanche prend peur et s'arrête, nous ne pouvons plus passer.
Il s'agit d'Espagnols qui veulent aller à Schinos. (Ils ont des amis en France qui habitent Yerres, «vous connaissez?» (c'est moins la coïncidence qui me surprend que la récurrence de ce type de coïncidences, le nombre de voyageurs rencontrant à l'autre bout de la planète un personnage partageant avec eux un point commun inattendu et familier).
La route est escarpée (épingles à cheveux) et nous avançons très lentement. Surtout, la carte est terriblement imprécise et donne l'impression de faire du sur-place. Le moral des troupes baisse dangereusement malgré la beauté de la mer et les pierres sur la chaussée qui mettent du piment dans le voyage: «Chute de pierres… Ah oui, c'est vrai.»
Nous nous arrêtons à Alepochori pour acheter de l'aspirine et boire un pot (il a été décidé, contre mon avis (j'aurais bien goûté le plat que grignotaient les trois Grecs en terrasse) de déjeuner plus tard — il est à peine midi)). Je prends mon traditionnel café frappé.
Il se confirme que les toilettes des cafés n'ont pas de verrou: si la porte est fermée, c'est que c'est occupé, et nous devons songer à ne pas la fermer en les quittant.
Nous buvons (et jouons un peu à inner peace) en terrasse en face d'un panneau indiquant Megara. Nous avons le choix: continuer à vitesse d'escargot vers Porto Germano ou prendre vers Megara une route plus importante et sans doute plus rapide? Un autre facteur entre en jeu, nous n'avons plus d'essence, et c'est ce qui nous fera nous décider pour Megara. (Je regrette de ne pas aller à Porto Germano, pour Œdipe, mais sans le dire, car bien consciente que nous allons beaucoup trop lentement (je ne suis même plus sûre que nous atteindrons Delphes avant le soir, avant la fermeture (mais à quelle heure ferme le site?). Ce n'est qu'une fois rentrée en France que je me souviendrai: Porto Germano, c'était la plage où je me baignais l'année dernière, lieu mythique sans que je le sache.)
Problème imprévu: le pompiste standard (ie hors des abords d'Athènes) ne prend pas la carte bleue (nous arriverons à cette conclusion après quelques autres expériences). Nous voilà à faire nos fonds de poche et ceux des enfants pour réunir péniblement cinquante euros. L'essence coûte le même prix qu'en France. Le pompiste nous sert (comme en Italie), il ne parle que grec mais réussit à nous demander la composition de la famille (sont-ce nos enfants? une question qui reviendra souvent) et si nous sommes allemands. Devant notre dénégation, il fait mine de viser avec un fusil et tirer en disant «Merkel, poum!» S'en suit un ou deux mots ébréchés signifiant que les temps sont très durs. Je regrette vraiment de ne pas pouvoir faire le plein chez lui, c'est trop bête. Nos euros lui auraient été utiles.
Direction Megara sud-est, puis est vers Athènes, puis plein nord vers Thèbes. La route est "rouge" sur la carte mais tortueuse en réalité, le revêtement est lisse mais non plan, comment dire? il semble pencher comme du liquide épais dans un verre, vers l'amont, l'aval ou les bas-côtés de la route, selon les moments. C'est la seule route et nous suivons ou croisons de gros camions. Heureusement que la conduite grecque est bon enfant, sans agressivité. Nous progressons lentement (toujours cette carte au millionième, nous n'avançons pas) et décidons d'aller jusqu'à Thèbes pour déjeuner puisque nous n'avons plus d'argent liquide.
Thèbes est dans une plaine et c'est laid (mer ou montagne: la plaine grecque est laide). Déjà en 1985 le guide évoquait une "cité naufragée". Comme il est étrange de voir dans cet état la ville d'un des rois les plus célèbres de l'histoire du monde. On comprend bien pourquoi ce fut une ville prospère: agriculture et aujourd'hui industrie.
Nous trouvons un distributeur (après avoir demandé notre chemin dans une pharmacie) qui au grand étonnement d'H. propose trois cents euros comme retrait minimum (peut-être parce que les Grecs ne font plus confiance aux banques et paient tout en liquide?) Nous déjeunons dans un kebab (si si) et reprenons la route. Suis-je la seule à douter de notre capacité à atteindre Delphes avant le soir?
Direction plein ouest, il est trois ou quatre heures, c'est agréable, peu à peu la route s'élève, («si si je vous assure, c'est une station de ski, vous allez voir»)— je ne reconnais rien et pourtant c'est bien la route prise l'année dernière. Ce n'est qu'en arrivant à Arachova que je reconnaitrais le village si étroit («non, tu plaisantes, vous êtes passés ici en car?» «oui, c'était un peu compliqué») et si touristique, avec le même regret de ne pas avoir le temps de nous arrêter cette année non plus: j'aurais bien acheté un poncho en poil de mouton ou une tunique de coton.
Delphes. Il est cinq heures environ. Nous visitons le musée d'abord, pendant qu'il fait encore chaud. Anecdote: une gardienne interdit à un jeune homme de photographier son amie devant le sphinx: les photographies des objets sont autorisées, mais pas les photographies de personne devant les objets. Quel raffinement.
Quand nous sortons, le soleil est caché par les montagnes à l'ouest. Le site est encore plus beau à cette heure-là, les colonnes se détachent sur un ciel d'un bleu profond. Je photographie une fleur encore ouverte dans l'ombre d'un mur en pensant à Monsieur Pic.
Conciliabule, le même que ce matin: quel chemin prendre, rejoindre l'autoroute au plus vite au nord de Thèbes ou prendre vers l'ouest pour passer le pont de Patras (inconnu de notre Guide bleu)? Et il nous faut de l'essence…
A ma grande surprise, c'est l'option la plus aventureuse, vers l'ouest, qui est choisie. Nous repartons, avec deux paquets de Tuc au bacon pour le goûter (il est environ sept heures).
Routes en lacets, routes plus larges qui suivent la côte, ça monte, c'est long, c'est beau, la mer, d'énormes eucalyptus, une station service (le plein cette fois-ci). Je suis longtemps les trois mêmes voitures, nous nous garons à Naupacte et choisissons un restaurant sur la plage, littéralement: la table est sur les galets. A l'horizon se découpe le pont de Patras, j'explore systématiquement le kiosque à journaux dans l'espoir de trouver une carte postale, en vain: il fait un peu épicerie, mais ne vend pas de carte postale.
Le garçon est adorable; il parle un anglais basique (je remarque que nous sommes souvent trop littéraires, nous utilisons un vocabulaire trop compliqué). Il s'étonne en nous voyant passer commande en grec en déchiffrant péniblement la carte:
— Vous lisez le grec ?
— Oui.
— Et vous comprenez ce que vous lisez ?
— Non !
Eclat de rire général.
Trop compliqué de jouer à la belote en attendant les plats, alors O. ramasse des galets pour sa propre inner peace. Deux photos, une sans flash qui permet d'apprécier le crépuscule (à 20h39 disent les données de la photo), une avec flash:
Repas simple et excellent, coucher de soleil, pastèque (pas de repas sans pastèque)… Nous repartons dans la nuit noire, il faut atteindre le pont qui brille à l'horizon. (Pour information, c'est à peu près là qu'a eu lieu la bataille de Lépante.)
Le retour de Patras à Corinthe sera cauchemardesque: autoroute sur une file tout du long (travaux d'élargissement), signalisation agressive et répétitive (flèches et panneaux lumineux), camions, nuit noire, route qui n'en finit pas, position inconfortable à l'arrière du minibus qui brinquebale… Les abords entre l'autoroute et la mer sont très peuplés, de très nombreuses lumières brillent. Bizarre, je n'aurais pas cru cela quand je regardais cette côte du phare ce matin (ce matin! comme cela paraît loin).
Nous rentrons à minuit passé. Ouf, l'hôtel est ouvert. Demain repos, histoire de profiter de la piscine et de nos lits.
Départ à 9 heures pour Delphes. Comme je suis copilote, je choisis de la route "verte" (comprendre: notée pittoresque (pitto) sur la carte Michelin): nous franchissons le canal de Corinthe (cette tranchée me surprendra toujours) et nous prenons à gauche pour longer la côte. Traversée de Loutraki très commerçante (plus grande cité thermale de Grèce, nous dit le Guide bleu de 1985. Lac de Vouliagméni (eau salée, et pourtant plus haut que le niveau de la mer. Ou pas? S'agit-il d'une ouverture à l'horizon? (Oui.) C'est très beau, très tranquille, lieu de vacances pour ermite aimant le kayak ou la pêche. Tout est tellement désert dès qu'on s'éloigne des villes.)
La route qui mène au phare sur le cap Perachora est en travaux, un marteau-piqueur de la taille d'un engin de chantier (cela doit avoir un nom) est en train de ronger le bas côté. Nous passons de justesse avec le minibus (j'ai juste le temps de rabattre l'oreille (le rétroviseur) de mon côté), le plus inquiétant étant la physionomie tannée du vieux Grec nous faisant signe d'avancer: grand sourire et geste de la main (l'autre tient le drapeau rouge baissé) genre «allez-y en confiance», et soudain grimace «j'ai dit une connerie, ça ne va pas passer». «Reste dans l'axe, ne touche à rien», dis-je à H. en imaginant déjà le bruit de la carosserie contre l'engin de chantier — je ferme les yeux, c'est passé, et nous avons gagné le respect du vieux Grec: au retour une heure plus tard il fera tourner et arrêter le marteau-piqueur, nous ouvrant une voie royale.
Phare, un peu d'escalade. Comme d'habitude, nous sommes en train de prendre notre temps en début d'excursion: à cette allure, en s'arrêtant partout où j'en ai envie, sera-t-il, serait-il, possible d'atteindre Delphes aujourd'hui? Je contemple la rive en face et visualise mentalement la distance jusqu'à Delphes: c'est loin, je suis inquiète, je ne dis rien.
Nous reprenons la route, je vise Porto Germeno (Guide bleu : l'endroit où Laïos abandonna Œdipe). La route est en lacets, nous suivons une petite voiture blanche qui se trompe dans un embranchement et monte dans le village de Pisia, la route rétrécit, la voiture blanche prend peur et s'arrête, nous ne pouvons plus passer.
Il s'agit d'Espagnols qui veulent aller à Schinos. (Ils ont des amis en France qui habitent Yerres, «vous connaissez?» (c'est moins la coïncidence qui me surprend que la récurrence de ce type de coïncidences, le nombre de voyageurs rencontrant à l'autre bout de la planète un personnage partageant avec eux un point commun inattendu et familier).
La route est escarpée (épingles à cheveux) et nous avançons très lentement. Surtout, la carte est terriblement imprécise et donne l'impression de faire du sur-place. Le moral des troupes baisse dangereusement malgré la beauté de la mer et les pierres sur la chaussée qui mettent du piment dans le voyage: «Chute de pierres… Ah oui, c'est vrai.»
Nous nous arrêtons à Alepochori pour acheter de l'aspirine et boire un pot (il a été décidé, contre mon avis (j'aurais bien goûté le plat que grignotaient les trois Grecs en terrasse) de déjeuner plus tard — il est à peine midi)). Je prends mon traditionnel café frappé.
Il se confirme que les toilettes des cafés n'ont pas de verrou: si la porte est fermée, c'est que c'est occupé, et nous devons songer à ne pas la fermer en les quittant.
Nous buvons (et jouons un peu à inner peace) en terrasse en face d'un panneau indiquant Megara. Nous avons le choix: continuer à vitesse d'escargot vers Porto Germano ou prendre vers Megara une route plus importante et sans doute plus rapide? Un autre facteur entre en jeu, nous n'avons plus d'essence, et c'est ce qui nous fera nous décider pour Megara. (Je regrette de ne pas aller à Porto Germano, pour Œdipe, mais sans le dire, car bien consciente que nous allons beaucoup trop lentement (je ne suis même plus sûre que nous atteindrons Delphes avant le soir, avant la fermeture (mais à quelle heure ferme le site?). Ce n'est qu'une fois rentrée en France que je me souviendrai: Porto Germano, c'était la plage où je me baignais l'année dernière, lieu mythique sans que je le sache.)
Problème imprévu: le pompiste standard (ie hors des abords d'Athènes) ne prend pas la carte bleue (nous arriverons à cette conclusion après quelques autres expériences). Nous voilà à faire nos fonds de poche et ceux des enfants pour réunir péniblement cinquante euros. L'essence coûte le même prix qu'en France. Le pompiste nous sert (comme en Italie), il ne parle que grec mais réussit à nous demander la composition de la famille (sont-ce nos enfants? une question qui reviendra souvent) et si nous sommes allemands. Devant notre dénégation, il fait mine de viser avec un fusil et tirer en disant «Merkel, poum!» S'en suit un ou deux mots ébréchés signifiant que les temps sont très durs. Je regrette vraiment de ne pas pouvoir faire le plein chez lui, c'est trop bête. Nos euros lui auraient été utiles.
Direction Megara sud-est, puis est vers Athènes, puis plein nord vers Thèbes. La route est "rouge" sur la carte mais tortueuse en réalité, le revêtement est lisse mais non plan, comment dire? il semble pencher comme du liquide épais dans un verre, vers l'amont, l'aval ou les bas-côtés de la route, selon les moments. C'est la seule route et nous suivons ou croisons de gros camions. Heureusement que la conduite grecque est bon enfant, sans agressivité. Nous progressons lentement (toujours cette carte au millionième, nous n'avançons pas) et décidons d'aller jusqu'à Thèbes pour déjeuner puisque nous n'avons plus d'argent liquide.
Thèbes est dans une plaine et c'est laid (mer ou montagne: la plaine grecque est laide). Déjà en 1985 le guide évoquait une "cité naufragée". Comme il est étrange de voir dans cet état la ville d'un des rois les plus célèbres de l'histoire du monde. On comprend bien pourquoi ce fut une ville prospère: agriculture et aujourd'hui industrie.
Nous trouvons un distributeur (après avoir demandé notre chemin dans une pharmacie) qui au grand étonnement d'H. propose trois cents euros comme retrait minimum (peut-être parce que les Grecs ne font plus confiance aux banques et paient tout en liquide?) Nous déjeunons dans un kebab (si si) et reprenons la route. Suis-je la seule à douter de notre capacité à atteindre Delphes avant le soir?
Direction plein ouest, il est trois ou quatre heures, c'est agréable, peu à peu la route s'élève, («si si je vous assure, c'est une station de ski, vous allez voir»)— je ne reconnais rien et pourtant c'est bien la route prise l'année dernière. Ce n'est qu'en arrivant à Arachova que je reconnaitrais le village si étroit («non, tu plaisantes, vous êtes passés ici en car?» «oui, c'était un peu compliqué») et si touristique, avec le même regret de ne pas avoir le temps de nous arrêter cette année non plus: j'aurais bien acheté un poncho en poil de mouton ou une tunique de coton.
Delphes. Il est cinq heures environ. Nous visitons le musée d'abord, pendant qu'il fait encore chaud. Anecdote: une gardienne interdit à un jeune homme de photographier son amie devant le sphinx: les photographies des objets sont autorisées, mais pas les photographies de personne devant les objets. Quel raffinement.
Quand nous sortons, le soleil est caché par les montagnes à l'ouest. Le site est encore plus beau à cette heure-là, les colonnes se détachent sur un ciel d'un bleu profond. Je photographie une fleur encore ouverte dans l'ombre d'un mur en pensant à Monsieur Pic.
Conciliabule, le même que ce matin: quel chemin prendre, rejoindre l'autoroute au plus vite au nord de Thèbes ou prendre vers l'ouest pour passer le pont de Patras (inconnu de notre Guide bleu)? Et il nous faut de l'essence…
A ma grande surprise, c'est l'option la plus aventureuse, vers l'ouest, qui est choisie. Nous repartons, avec deux paquets de Tuc au bacon pour le goûter (il est environ sept heures).
Routes en lacets, routes plus larges qui suivent la côte, ça monte, c'est long, c'est beau, la mer, d'énormes eucalyptus, une station service (le plein cette fois-ci). Je suis longtemps les trois mêmes voitures, nous nous garons à Naupacte et choisissons un restaurant sur la plage, littéralement: la table est sur les galets. A l'horizon se découpe le pont de Patras, j'explore systématiquement le kiosque à journaux dans l'espoir de trouver une carte postale, en vain: il fait un peu épicerie, mais ne vend pas de carte postale.
Le garçon est adorable; il parle un anglais basique (je remarque que nous sommes souvent trop littéraires, nous utilisons un vocabulaire trop compliqué). Il s'étonne en nous voyant passer commande en grec en déchiffrant péniblement la carte:
— Vous lisez le grec ?
— Oui.
— Et vous comprenez ce que vous lisez ?
— Non !
Eclat de rire général.
Trop compliqué de jouer à la belote en attendant les plats, alors O. ramasse des galets pour sa propre inner peace. Deux photos, une sans flash qui permet d'apprécier le crépuscule (à 20h39 disent les données de la photo), une avec flash:
Repas simple et excellent, coucher de soleil, pastèque (pas de repas sans pastèque)… Nous repartons dans la nuit noire, il faut atteindre le pont qui brille à l'horizon. (Pour information, c'est à peu près là qu'a eu lieu la bataille de Lépante.)
Le retour de Patras à Corinthe sera cauchemardesque: autoroute sur une file tout du long (travaux d'élargissement), signalisation agressive et répétitive (flèches et panneaux lumineux), camions, nuit noire, route qui n'en finit pas, position inconfortable à l'arrière du minibus qui brinquebale… Les abords entre l'autoroute et la mer sont très peuplés, de très nombreuses lumières brillent. Bizarre, je n'aurais pas cru cela quand je regardais cette côte du phare ce matin (ce matin! comme cela paraît loin).
Nous rentrons à minuit passé. Ouf, l'hôtel est ouvert. Demain repos, histoire de profiter de la piscine et de nos lits.