dimanche 23 septembre 2018
Les deux champs de bataille
Par Alice, dimanche 23 septembre 2018 à 21:25 :: 2018
F. Dosse deux heures. J'aime la lumière avant qu'apparaisse le soleil. Il n'y a pas d'oiseau. La même nageuse qu'hier apparaît aussi tôt et aussi longuement (je la reconnais à son bonnet de bain bleu marine).
Départ à 9h30 pour Pharsale (le petit déjeuner est servi à partir de 8h30). Nous quittons assez vite l'autoroute et nous nous retrouvons sur une petite route qui serpente au milieu des champs moissonnés. C'est une plaine haute, à peine vallonnée. Apparaissent des champs de plantes qui ressemblent à des pieds de pomme de terres (quarante centimètres, cinquante, peut-être). C'est du coton. Il y a des boules pelucheuses blanches le long des routes, dans les mailles des grillages des remorques vides tirées par les tracteurs. H. s'arrête pour que j'en ramasse une. Du coton! Comme dans Autant en emporte le vent!
Pharsale est dans la plaine, étendue au pied de collines hautes. J'ai dans l'oreille le leitmotiv de Claude Simon, le grand-père ou le père regardant l'enfant qui sèche sur sa version, et plus tard la recherche du champ de bataille — mais par qui, par RC ou par Simon? Je ne sais plus — la recherche les traces de la bataille, allant jusqu'à interroger les clients d’un café (Cela m'avait paru le comble de l'extravagance: interroger un autochtone à propos d'une bataille ayant eu lieu deux mille ans auparavant…)
— Et qu'est-ce qu'on va voir là-bas?
— A priori rien, à moins que ça n'ait changé depuis les années 70.
Nous arrivons vers onze heures et demie. Il fait déjà très chaud. Nous garons la voiture dès que possible et marchons. Nous sommes dimanche. Les terrasses sont pleines. Avant-hier à Larissa, hier à Katarini, aujourd'hui à Pharsale, la population de tous âges, élégamment vêtue, envahit les terrasses pour boire du café ou de la bière. C'est joyeux et bon enfant.
Sur la place se dresse une statue d'Achille. Elle date d'août 2013. Dimanche prochain aura lieu la sixième édition du semi-marathon de la ville. J'aimerais trouver une carte postale mais je ne me fais guère d'illusion.
Nous nous arrêtons nous aussi prendre un verre en terrasse puis nous rejoignons la voiture par un autre chemin: beaucoup de bâtiments abandonnés de cet abandon particulier des choses écrasées de soleil et des boutiques neuves et pimpantes. Ici, on est meccano ou serveur — ou peut-être cueilleur de coton.
Nous repartons. Les gens conduisent à la grecque, c'est-à-dire en se serrant le long du bas-côté pour vous laisser passer, en s'arrêtant n'importe où sans prévenir, en doublant sur les lignes blanches. Le stop est un céder le passage, les chiens sont suicidaires.
Direction Thermopiles. Nous grimpons, franchissons un col, changeons de plaine. Il y a des camions, des radars, la route est quasi déserte. La montagne est plus haute, nous franchissons un col, dans la plaine le paysage est plus vert, des arbres fruitiers et des oliviers apparaissent.
Nous voyons trop tard le monument à Léonidas, de l'autre côté de la route. Il est deux heures, l'heure de déjeuner. Tant pis, nous continuons jusqu’à la prochaine ville au bord de la mer.
Kamena Vourla. Place à l’ombre au bord de la plage, mer bleu, vent léger, carafe de vin blanc. Paysage de carte postale. Nous sommes merveilleusement bien. J’ai choisi le restaurant sur la chemise blanche d’un client. A ce même client je vais demander quel plat il a choisi car celui-ci me plaît.
Indigestion de friture de poissons variés. Ne plus jamais prendre « mégalé », petit suffira.
Chemise blanche viendra nous dire avant de quitter la gargotte qu’il nous a offert le vin. « Malicieux et fraternels » dit le guide bleu Michelin à propos des Grecs.
Pour (tenter de) digérer, nous longeons la rue qui suit la côte. Soleil, chaleur, et miracle, quelques cartes postales.
Plus tard, vers cinq heures, nous retournons à Thermopiles, descendons, explorons le lieu. La mer a beaucoup reculé en deux mille ans. Devant le monument en haut de la colline nous rencontrons un Québecois. Nous prenons un chemin plus loin, grimpons, trouvons un peu par hasard les ruines d’une fortification.
Malgré les explications je ne comprends pas bien ce qui s’est passé ici, je ne visualise pas les moments de troupe.
Nous rentrons par l’autoroute. Deux cents kilomètres vers Athènes, autant vers Platomonos.
Soleil ou indigestion, je suis épuisée.
Départ à 9h30 pour Pharsale (le petit déjeuner est servi à partir de 8h30). Nous quittons assez vite l'autoroute et nous nous retrouvons sur une petite route qui serpente au milieu des champs moissonnés. C'est une plaine haute, à peine vallonnée. Apparaissent des champs de plantes qui ressemblent à des pieds de pomme de terres (quarante centimètres, cinquante, peut-être). C'est du coton. Il y a des boules pelucheuses blanches le long des routes, dans les mailles des grillages des remorques vides tirées par les tracteurs. H. s'arrête pour que j'en ramasse une. Du coton! Comme dans Autant en emporte le vent!
Pharsale est dans la plaine, étendue au pied de collines hautes. J'ai dans l'oreille le leitmotiv de Claude Simon, le grand-père ou le père regardant l'enfant qui sèche sur sa version, et plus tard la recherche du champ de bataille — mais par qui, par RC ou par Simon? Je ne sais plus — la recherche les traces de la bataille, allant jusqu'à interroger les clients d’un café (Cela m'avait paru le comble de l'extravagance: interroger un autochtone à propos d'une bataille ayant eu lieu deux mille ans auparavant…)
— Et qu'est-ce qu'on va voir là-bas?
— A priori rien, à moins que ça n'ait changé depuis les années 70.
Nous arrivons vers onze heures et demie. Il fait déjà très chaud. Nous garons la voiture dès que possible et marchons. Nous sommes dimanche. Les terrasses sont pleines. Avant-hier à Larissa, hier à Katarini, aujourd'hui à Pharsale, la population de tous âges, élégamment vêtue, envahit les terrasses pour boire du café ou de la bière. C'est joyeux et bon enfant.
Sur la place se dresse une statue d'Achille. Elle date d'août 2013. Dimanche prochain aura lieu la sixième édition du semi-marathon de la ville. J'aimerais trouver une carte postale mais je ne me fais guère d'illusion.
Nous nous arrêtons nous aussi prendre un verre en terrasse puis nous rejoignons la voiture par un autre chemin: beaucoup de bâtiments abandonnés de cet abandon particulier des choses écrasées de soleil et des boutiques neuves et pimpantes. Ici, on est meccano ou serveur — ou peut-être cueilleur de coton.
Nous repartons. Les gens conduisent à la grecque, c'est-à-dire en se serrant le long du bas-côté pour vous laisser passer, en s'arrêtant n'importe où sans prévenir, en doublant sur les lignes blanches. Le stop est un céder le passage, les chiens sont suicidaires.
Direction Thermopiles. Nous grimpons, franchissons un col, changeons de plaine. Il y a des camions, des radars, la route est quasi déserte. La montagne est plus haute, nous franchissons un col, dans la plaine le paysage est plus vert, des arbres fruitiers et des oliviers apparaissent.
Nous voyons trop tard le monument à Léonidas, de l'autre côté de la route. Il est deux heures, l'heure de déjeuner. Tant pis, nous continuons jusqu’à la prochaine ville au bord de la mer.
Kamena Vourla. Place à l’ombre au bord de la plage, mer bleu, vent léger, carafe de vin blanc. Paysage de carte postale. Nous sommes merveilleusement bien. J’ai choisi le restaurant sur la chemise blanche d’un client. A ce même client je vais demander quel plat il a choisi car celui-ci me plaît.
Indigestion de friture de poissons variés. Ne plus jamais prendre « mégalé », petit suffira.
Chemise blanche viendra nous dire avant de quitter la gargotte qu’il nous a offert le vin. « Malicieux et fraternels » dit le guide bleu Michelin à propos des Grecs.
Pour (tenter de) digérer, nous longeons la rue qui suit la côte. Soleil, chaleur, et miracle, quelques cartes postales.
Plus tard, vers cinq heures, nous retournons à Thermopiles, descendons, explorons le lieu. La mer a beaucoup reculé en deux mille ans. Devant le monument en haut de la colline nous rencontrons un Québecois. Nous prenons un chemin plus loin, grimpons, trouvons un peu par hasard les ruines d’une fortification.
Malgré les explications je ne comprends pas bien ce qui s’est passé ici, je ne visualise pas les moments de troupe.
Nous rentrons par l’autoroute. Deux cents kilomètres vers Athènes, autant vers Platomonos.
Soleil ou indigestion, je suis épuisée.