Alice du fromage

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Billets qui ont 'Saint-Brieuc' comme ville.

jeudi 4 août 2016

Les grandes familles

Journée à Saint-Brieuc. Plage. Pointe du Roselier. Cours sur itunes et Pokemon Go.

J'écoute les récits de cousinades, de fêtes de famille quasi permanentes (il y a toujours un anniversaire à fêter et la plupart habitent dans un rayon de cent kilomètres — sauf ceux qui habitent à dix mille). Cela me fascine, j'admire et je redoute, imaginer l'organisation me fatigue, je suis décidément très flemmarde. Et puis cela paraît absorber tant de temps, que reste-t-il pour soi? (également égoïste, sans doute, ou tout au moins ressentant un fort besoin (croissant avec l'âge) de se centrer sur soi).
Mais cela représente aussi une foultitude de souvenirs communs, de conflits à gérer, d'amitié et d'entraide. C'est une école de la vie: tous les cas qui peuvent se présenter au dehors ont déjà été vécu dans la famille.

A-C. se plaint beaucoup du temps. Elle est là depuis quinze ans. Conversation avec ses sœurs et belles-sœurs: «— Où iras-tu quand tu seras vieille? — Dans un endroit où il fait chaud.» Mais il faut s'y faire nous sommes désormais déjà vieux (non dans nos corps ou dans nos esprits, mais dans le regard des autres; le plus amusant étant notre capacité à décrire quelqu'un de cinquante ans comme quelqu'un de très différent de nous, appartenant à un autre monde, sans prendre conscience que nous appartenons à ce groupe). Il faudrait peut-être partir tout de suite, ce serait plus sûr; ce serait toujours cela de gagné.
Moi j'aime ce ciel changeant, j'aime les toits gris et le ciel gris et les oiseaux. Si je restais ici suffisamment longtemps, j'apprendrais la voile. Il fait doux. Longue conversation sur la terrasse à la nuit tombée en partageant un cigare.

mercredi 3 août 2016

Saint Michel, Saint Malo, Saint Brieuc

Je suis totalement rassurée: il est facile de voyager avec O. Nous avons la même condition physique, la même résistance à la fatigue, le même mépris du temps (météo), le même amour de la voiture décapotée. Et il ne râle pas si je perds un quart d'heure sur Candy Crush! (smiley confus)

Visite du Mont-Saint-Michel, une demi-heure trop tard pour éviter la cohue. La visite que j'aurais souhaité faire, la visite "approfondie" qui permet d'accéder à Notre-Dame-sous-terre, n'a lieu que le week-end et jours fériés. J'explique à O. le développement de l'ensemble, comme en spirale autour du rocher avec construction de renforts sous certaines salles pour leur assurer une assise (la fantastique salle des gros piliers est la plus représentative, mais elle n'est pas la seule). Il est mal à l'aise, il paraît faire une quasi-phobie face à la foule.
Programme pour les vingt ans à venir: j'achète Abbayes et monastères de France, ne serait-ce que pour avoir une liste facile à consulter.

Pourquoi, au pied d'endroits comme le Mont-St-Michel, rien ne prévient les personnes qui ont du mal à marcher et les couples avec poussette qu'il vaudrait mieux ne pas monter? (La jeune femme croisée portant la poussette à bout de bras et déjà épuisée au bout d'une volée de marches… mais hier aussi, sur l'île de Tatihou, des personnes qui n'auraient sans doute pas dû venir jusque là. On dirait que l'idée d'adapter ses sorties à ses contraintes et ses moyens a totalement disparu. J'ai l'impression d'une société devenue capricieuse, au sens où les enfants sont capricieux: la raison sommée de plier devant le désir.)
Il y a une majorité d'étrangers, souvent sportifs, avec des enfants d'une dizaine d'années.

Il s'est remis à pleuvoir. L'appli météo du téléphone ce matin indiquait trois jours de pluie (jusqu'à samedi), je décide d'investir dans un ciré — rouge et pas jaune (jaune c'était pour la chanson de Renaud, rouge c'est pour mon total look aviron de Neuilly).
Bientôt il s'arrête de pleuvoir.
Direction Saint-Malo à nouveau par "le chemin le plus court" et les routes minuscules au son de la musique du Grand hôtel Budapest. Nous rejoignons tangentiellement la côte. Crêpe au Vivier-sur-Mer. Le cuisinier-serveur(-propriétaire?) est charmant. Un couple franco-italien s'installe avec ses garçons blonds d'une dizaine d'années qui chipotent sur un peu tout et réclament du Nutella (mot qui ne nécessite pas de traduction), tant et si bien qu'O. se penche vers moi et murmure: «Qu'on me donne leur assiette!»
Et un instant j'imagine la tête des mômes s'il se retourne et leur prend leur assiette en disant: «moi, je vais le manger».

Saint Malo. J'aurais dû acheter un ciré plus tôt car bien entendu il ne pleut plus (suis-je bête: c'était pourtant évident). Remparts. Marée basse, la plage est tentante, nous contemplons des ados qui s'amusent dans une piscine qui s'emplit et se renouvelle avec la marée (cela me rappelle le cinquième tome des Filles de Malory School. Ce genre de piscine m'avait fait rêver.) Centre de la ville. Deux enfants de dix ans à deux moments différents se font très sérieusement remonter les bretelles par leur mère. Scènes intemporelles entre La gloire de mon père et La guerre des boutons. (Tout n'est pas perdu, tout ne s'est pas perdu.) Errance en s'éloignant de la foule, rues les plus anciennes avec façade en bois, médaillons de Jacques Cartier et de sa femme, maison natale de Chateaubriand (le panneau devant l'hôtel le cite: «je suis né dans une chambre face à la mer» et cite la rectification de sa sœur: «la chambre de notre mère donnait sur la rue». Mais qu'importe? La femme de Chateaubriand a écrit ses propres souvenirs qui eux non plus ne coïncident pas toujours avec ceux de l'illustre…)

Nous reprenons la voiture. Il fait si beau que nous pouvons décapoter. Nous gagnons Saint-Brieuc par "la route des tracteurs".

samedi 7 juin 2014

Le Rouge et le Noir

Le TGV pour St-Brieuc n'est pas à quai quand j'arrive à Montparnasse.
Je prends un café et quand j'arrive ensuite sur le quai, je n'ai plus le temps avec mes tongs et ma valise de remonter les deux rames de TGV : je monte dans la première qui doit être détachée à Rennes en me disant que je changerai de rame à ce moment-là.

A Rennes, j'ai bien failli ne pas réussir à monter dans la deuxième rame tant l'opération de désarrimage s'est fait vite.

Dans cette deuxième rame, ma place légitime était bien sûr occupée par une personne pensant que j'avais raté mon train. Comme elle le reconnaît aussitôt, je lui laisse la place et vais m'installer sur un strapontin entre deux voitures, ce qui explique cette photo de mon vis-à-vis prise d'un peu trop près (je n'ai pas reconnu l'édition. Peut-être une nouvelle maison.)




Galette, mairie, buffet les pieds dans le sable, punch et huîtres. Il fait très beau malgré les prévisions pessimistes mais la mer est froide.
Un mariage de raison pour la protection des enfants et du patrimoine (les vraies raisons du mariage, me dira JY, et je penserai à Balzac). Cela n'empêchera pas la mariée de s'essuyer les yeux et le garçon de sept ans qui demandait sans cesse à son père s'il dirait oui — et son père de réfléchir, de douter, de peser le pour et le contre — de crier "Yesss!!" quand son père, finalement, aura dit oui.

dimanche 28 janvier 2007

Paimpol et Cancale

A Saint-Brieuc ce week-end pour fêter les deuxièmes 40 ans de l'année (il y en aura beaucoup d'autres en 2007). Je suis heureuse de voir A., qui vient d'avoir un troisième garçon en novembre, et inquiète pour elle, elle est épuisée. Les raisons n'en sont pas très gaies, je vais résister à la tentation d'épancher mon cœur ici.

Nous avons rencontré un breton pur jus, tombé dans les huîtres quand il était petit. Il mange les huîtres avec un couteau et non une fourchette, il n'arrache pas la chair autour du pied mais le coupe au ras de la coquille et mange le tout. C'est effectivement très bon. Nous l'interrogeons, il nous raconte des souvenirs familiaux de mangeur d'huîtres, et à une de mes questions répond pensivement :
— Il faudrait faire des tests à l'aveugle. Je ne suis pas sûr de distinguer la Paimpol de la Cancale.

Je trouve très poétique qu'il y ait des gens pour distinguer la Paimpol de la Cancale. Je ne savais même pas qu'il existait des variétés d'huîtres portant ce nom. C'est ce qui m'enchante dans le réel et chez les gens passionnés: dès qu'on se penche sur un sujet, on découvre des nuances, des profondeurs, des vertiges insoupçonnés.
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