jeudi 3 janvier 2013
Flâneries
Par Alice, jeudi 3 janvier 2013 à 21:49 :: 2013
Beurre de cacahuètes. Je sais que je ne devrais pas, à chaque fois j'en reprends puis je me souviens de la raison pour laquelle je me suis dit que jamais plus (beuuuuhhh…).
Nous croisons quelques instants le landowner, le temps qu'il nous expose ses observations sur la consommation des Européens au petit déjeuner: les Italiens ne mangent rien, les Allemands ne mangent que du pain brun (complet? est-ce que le mot recouvre la même réalité?), les Français plutôt du blanc, il est inutile de donner du bon pain à des Anglais car ils font tout griller (« chez nous, on ne fait griller que le pain trop dur » partage-t-il son désarroi, désireux d'avoir notre avis sur ce mystère anglais).
Pris notre temps pour tout et fait demi-tour devant les files d'attente trop longues. Marché, pris le bateau (à ne pas faire, cela revient trop cher pour le trajet accompli. Mais c'est amusant de voir les éraflures sous les ponts: c'est vraiment étroit), déjeuné dans un petit pub même si je n'ai pas très faim.
Maison Rembrandt (Rembrandt a fait faillite ? Décidément, nul n'est à l'abri !), maison d'Anne Franck, entre les deux, quartier "lumières rouges": cartes postales degusting et quelques filles en vitrine. Choc, toujours: l'image de la pute dans ma tête est celle des filles des films d'Audiard, des femmes adultes un peu vulgaires un peu sarcastiques, pas celle de jeunes filles jolies et menues qui me donnent envie de crier « Ne leur faites pas de mal, laissez-les sortir ! »
Maison d'Anne Franck, la file est longue mais nous avons tourné les talons déjà tant de fois que cette fois-ci nous attendons. Je n'aime pas beaucoup l'idée de cet argent amassé sur le journal d'une adolescente morte en camp, mais la visite démontre un respect profond des personnes et de l'histoire. Des quatres personnes qui ont nourri et protégé les huit qui se cachaient, la dernière est morte en 2010. Les pièces ont été reconstituées, meublées, photographiées, puis vidées: elles se visitent nues. Des modèles réduits et des plans permettent de comprendre comment s'agençaient les pièces. La famille a été arrêtée en août 1944, après le débarquement en Normandie, quand il était évident qu'Hitler avait perdu. Quel est le fou haineux qui l'a dénoncée ? Mystère.
(Il faudrait que je relise le Journal. A treize ans il m'avait paru insipide, mais sans doute qu'aujourd'hui j'aurais davantage conscience de certaines particularités, à commencer par cette contrainte: qu'écrire quand on vit enfermée?)
(Petite surprise en fin de visite: un Oscar, la statuette, sous une vitrine: celui de Shelley Winters, obtenu en 1959 pour le meilleur second rôle dans Le journal d'Anne Franck. Je suis émue, je ne pensais pas voir un jour un exemplaire de cette statuette de si près, sans obstacle.)
Retour. Arcades, échoppes de masseurs où l'on s'installe sur des canapés pour se faire masser bras, jambes, dos, dans la boutique même, à la vue des passants (les Hollandais ont l'air peu effrayés de s'exposer, si j'additionne la façon dont on peut voir l'intérieur des appartements ou des bureaux quand on passe dans les rues et ce genre d'échoppes. Cela me semble une façon efficace de lutter contre le qu'en dira-t-on: « je n'ai rien à cacher, maintenant fichez-moi la paix »).
Tram (je le note, car savoir utiliser les transports en commun me paraît une clé des villes). Nous n'avons remarqué aucune pharmacie de la journée et finissons par nous faire expliquer par un commerçant où est la plus proche de la chambre. L'enseigne bleue est très claire (pas quelque chose d'inattendu que nous n'aurions pas identifié comme "Apotheke"), je suis presque sûre de ne pas en avoir vu aujourd'hui. Etrange. Elle est fermée, on verra demain. J'ai très mal au ventre depuis l'attente devant le musée Anne Franck, je ne me sens pas très bien, nous achetons du Coca et des sandwiches et rentrons à l'appart.
Je suis malade, je m'endors aussitôt, il ne doit même pas être vingt-et-une heure. So much for mes velléités de grec.
Nous croisons quelques instants le landowner, le temps qu'il nous expose ses observations sur la consommation des Européens au petit déjeuner: les Italiens ne mangent rien, les Allemands ne mangent que du pain brun (complet? est-ce que le mot recouvre la même réalité?), les Français plutôt du blanc, il est inutile de donner du bon pain à des Anglais car ils font tout griller (« chez nous, on ne fait griller que le pain trop dur » partage-t-il son désarroi, désireux d'avoir notre avis sur ce mystère anglais).
Pris notre temps pour tout et fait demi-tour devant les files d'attente trop longues. Marché, pris le bateau (à ne pas faire, cela revient trop cher pour le trajet accompli. Mais c'est amusant de voir les éraflures sous les ponts: c'est vraiment étroit), déjeuné dans un petit pub même si je n'ai pas très faim.
Maison Rembrandt (Rembrandt a fait faillite ? Décidément, nul n'est à l'abri !), maison d'Anne Franck, entre les deux, quartier "lumières rouges": cartes postales degusting et quelques filles en vitrine. Choc, toujours: l'image de la pute dans ma tête est celle des filles des films d'Audiard, des femmes adultes un peu vulgaires un peu sarcastiques, pas celle de jeunes filles jolies et menues qui me donnent envie de crier « Ne leur faites pas de mal, laissez-les sortir ! »
Maison d'Anne Franck, la file est longue mais nous avons tourné les talons déjà tant de fois que cette fois-ci nous attendons. Je n'aime pas beaucoup l'idée de cet argent amassé sur le journal d'une adolescente morte en camp, mais la visite démontre un respect profond des personnes et de l'histoire. Des quatres personnes qui ont nourri et protégé les huit qui se cachaient, la dernière est morte en 2010. Les pièces ont été reconstituées, meublées, photographiées, puis vidées: elles se visitent nues. Des modèles réduits et des plans permettent de comprendre comment s'agençaient les pièces. La famille a été arrêtée en août 1944, après le débarquement en Normandie, quand il était évident qu'Hitler avait perdu. Quel est le fou haineux qui l'a dénoncée ? Mystère.
(Il faudrait que je relise le Journal. A treize ans il m'avait paru insipide, mais sans doute qu'aujourd'hui j'aurais davantage conscience de certaines particularités, à commencer par cette contrainte: qu'écrire quand on vit enfermée?)
(Petite surprise en fin de visite: un Oscar, la statuette, sous une vitrine: celui de Shelley Winters, obtenu en 1959 pour le meilleur second rôle dans Le journal d'Anne Franck. Je suis émue, je ne pensais pas voir un jour un exemplaire de cette statuette de si près, sans obstacle.)
Retour. Arcades, échoppes de masseurs où l'on s'installe sur des canapés pour se faire masser bras, jambes, dos, dans la boutique même, à la vue des passants (les Hollandais ont l'air peu effrayés de s'exposer, si j'additionne la façon dont on peut voir l'intérieur des appartements ou des bureaux quand on passe dans les rues et ce genre d'échoppes. Cela me semble une façon efficace de lutter contre le qu'en dira-t-on: « je n'ai rien à cacher, maintenant fichez-moi la paix »).
Tram (je le note, car savoir utiliser les transports en commun me paraît une clé des villes). Nous n'avons remarqué aucune pharmacie de la journée et finissons par nous faire expliquer par un commerçant où est la plus proche de la chambre. L'enseigne bleue est très claire (pas quelque chose d'inattendu que nous n'aurions pas identifié comme "Apotheke"), je suis presque sûre de ne pas en avoir vu aujourd'hui. Etrange. Elle est fermée, on verra demain. J'ai très mal au ventre depuis l'attente devant le musée Anne Franck, je ne me sens pas très bien, nous achetons du Coca et des sandwiches et rentrons à l'appart.
Je suis malade, je m'endors aussitôt, il ne doit même pas être vingt-et-une heure. So much for mes velléités de grec.