lundi 11 janvier 2016
Fuite en avant
Par Alice, lundi 11 janvier 2016 à 23:57 :: 2016
Je commence à me dire que ces cours étaient une erreur. Tout préparer dans la précipitation en lisant le dixième du nécessaire accentue l'impression d'imposture.
La prof est partie dans la narratologie genre hypokhâgne, «le programme du projet narratif est une herméneutique dans un double mouvement d'anabase/katabase»; ce n'est pas désagréable mais elle ne connaît pas l'art de répéter trois fois la même idée sous trois formes pour nous donner la possibilité de prendre des notes; non, elle dicte littéralement son cours. Nous en sortons hébétés, hébétude redoublée (katabase) pour ma part en apprenant que l'oral est prévu le 6 février.
Le 6 février? en casant l'examen de grec 3 mardi en huit et idéalement une rencontre avec ma tutrice avant les vacances de février… (mais cela a-t-il un sens de voir cette tutrice après l'oral ? mais avant, pas le temps de préparer.) Finir le Balzac en cours (je devrais l'abandonner en me promettant de finir plus tard, je sais), lire St Jean, l'article de Culpepper, le livre de Devillers… En trois semaines ? Impossible, je n'ai pas cette discipline, je sature, je finis toujours par papillonner.
Essayons malgré tout.
J'ai l'impression de foncer dans les sous-bois comme un sanglier effrayé. Fini l'espoir de tracer de jolis sentiers rectilignes.
----------
Par ailleurs, impossible d'appeler "bonheur du jour" le plaisir sadique que j'ai eu à aller m'asseoir en face du chef comptable (de niveau quasi cadre supérieur) qui depuis 2013 met six mois chaque année à nous régler cinq cents euros après de multiples relances (il s'agit de refacturation intra-groupe). Je lui ai apporté un double de mes deux factures (huit cent dix euros tout compris), je me suis assise et j'ai attendu.
— Il va me falloir un peu de temps.
— Prenez le temps qu'il vous faudra.
Quarante-cinq minutes. Quarante-cinq minutes en silence à regarder la nuit tomber dans son dos, deux drapeaux claquer sur une grue au loin, à penser à KungFu et petit scarabée. J'ai estimé que sa fenêtre donnait au sud. Quarante-cinq minutes pour régler deux factures.
— Maintenant cela ne dépend plus de moi. Il faut une double signature.
— Qui signe? Je peux leur porter le parapheur.
— Je ne sais pas…
— Je peux voir votre procédure ?
— Si vous ne me croyez pas…
Il se lève, m'entraîne dans un bureau adjacent, interpelle un collègue:
— Tu peux expliquer à Madame xxx qu'il faut deux signatures?
— A partir d'une certaine somme, cinquante mille euros, il faut une double signature, enchaîne le collègue accommodant.
— Il s'agit de huit cent dix euros, fais-je remarquer d'une voix atone.
En partant, je le fixe dans les yeux et remarque à mi-voix: «quarante-cinq minutes pour huit cent dix euros, je ne connais pas votre salaire mais c'est cher payé.»
La prof est partie dans la narratologie genre hypokhâgne, «le programme du projet narratif est une herméneutique dans un double mouvement d'anabase/katabase»; ce n'est pas désagréable mais elle ne connaît pas l'art de répéter trois fois la même idée sous trois formes pour nous donner la possibilité de prendre des notes; non, elle dicte littéralement son cours. Nous en sortons hébétés, hébétude redoublée (katabase) pour ma part en apprenant que l'oral est prévu le 6 février.
Le 6 février? en casant l'examen de grec 3 mardi en huit et idéalement une rencontre avec ma tutrice avant les vacances de février… (mais cela a-t-il un sens de voir cette tutrice après l'oral ? mais avant, pas le temps de préparer.) Finir le Balzac en cours (je devrais l'abandonner en me promettant de finir plus tard, je sais), lire St Jean, l'article de Culpepper, le livre de Devillers… En trois semaines ? Impossible, je n'ai pas cette discipline, je sature, je finis toujours par papillonner.
Essayons malgré tout.
J'ai l'impression de foncer dans les sous-bois comme un sanglier effrayé. Fini l'espoir de tracer de jolis sentiers rectilignes.
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Par ailleurs, impossible d'appeler "bonheur du jour" le plaisir sadique que j'ai eu à aller m'asseoir en face du chef comptable (de niveau quasi cadre supérieur) qui depuis 2013 met six mois chaque année à nous régler cinq cents euros après de multiples relances (il s'agit de refacturation intra-groupe). Je lui ai apporté un double de mes deux factures (huit cent dix euros tout compris), je me suis assise et j'ai attendu.
— Il va me falloir un peu de temps.
— Prenez le temps qu'il vous faudra.
Quarante-cinq minutes. Quarante-cinq minutes en silence à regarder la nuit tomber dans son dos, deux drapeaux claquer sur une grue au loin, à penser à KungFu et petit scarabée. J'ai estimé que sa fenêtre donnait au sud. Quarante-cinq minutes pour régler deux factures.
— Maintenant cela ne dépend plus de moi. Il faut une double signature.
— Qui signe? Je peux leur porter le parapheur.
— Je ne sais pas…
— Je peux voir votre procédure ?
— Si vous ne me croyez pas…
Il se lève, m'entraîne dans un bureau adjacent, interpelle un collègue:
— Tu peux expliquer à Madame xxx qu'il faut deux signatures?
— A partir d'une certaine somme, cinquante mille euros, il faut une double signature, enchaîne le collègue accommodant.
— Il s'agit de huit cent dix euros, fais-je remarquer d'une voix atone.
En partant, je le fixe dans les yeux et remarque à mi-voix: «quarante-cinq minutes pour huit cent dix euros, je ne connais pas votre salaire mais c'est cher payé.»