samedi 2 décembre 2017
Que font les théologiens ?
Par Alice, samedi 2 décembre 2017 à 21:48 :: 2017
Je ne sais plus très bien comment rédiger ces billets : ne reprendre qu'un thème, une anecdote, courtement, ou en faire davantage un journal, des pierres de Petit Poucet pour se souvenir, ce qui complique le titre à donner au billet.
Ce matin, TG sur Gaudium et Spes. J'ai très peu travaillé, je l'ai très peu travaillé. Overdose de Vatican II, overdose d'émerveillement devant le miracle qu'a constitué ce concile. Je suis fatiguée de ce que je ressens comme de la propagande ecclésiologique alors que toute ma pente va à la christologie (en termes ordinaires : ma foi s'enracine dans les évangiles, pas dans les actes du magistère).
Il se passe quelque chose d'étrange avec la professeur. Il est évident que mon mode de pensée, mes interventions et mes interrogations la dérangent, à tort ou à raison1 — et elle recentre le débat. Soit. Ce qui est embarrassant, c'est qu'elle culpabilise et me demande ensuite si je boude ! (non je ne boude pas. Simplement je me demande in petto si l'on peut s'interroger librement (puisque nous sommes entre nous, croyants de bonne volonté) ou s'il faut s'autocensurer.)
Des exemples : l'une des questions porte sur l'Incarnation : sans la chute, le Christ aurait-il eu "besoin" de s'incarner, se serait-il incarné ? Dun Scott penche pour oui, Thomas d'Aquin pour non.
Une autre question porte sur le péché : pensons-nous (chacun de nous, dans la salle) le péché comme constitutif de l'homme, ou pensons-nous la création (Création) comme essentiellement bonne, et l'homme fondamentalement bon, ensuite seulement corrompu par le péché ?
Depuis Vatican II la deuxième position prime mais pendant longtemps l'Eglise adoptait plutôt la première. Sur les deux questions, les deux positions sont possibles, acceptées par l'Eglise, ce qui amène mon interrogation de fond : que font les théologiens ? (de quelle nature est leur réflexion ?) : s'enferment-ils dans leur chambre pour prier et ensuite écrire, dans une inspiration tels les prophètes, ou nous livrent-ils leur opinion (étayée par la prière et l'étude des textes et de la tradition, bien sûr) qui dépend en grande partie de leur personnalité plus ou moins optimiste ?
Cette question-là n'a pas plu.
Suis-je la seule à ressentir du malaise devant le travail des théologiens, devant cette façon de vouloir expliquer l'incompréhensible et de le réduire à dimension humaine ?
Mais y a-t-il moyen de faire autrement si l'on veut se servir de sa raison ?
En sortant, shopping. Ça fait quelques semaines que j'y songeais, j'ai froid et je n'ai rien qui me corresponde vraiment dans ma garde-robe pour les jours froids.
Deux robes grises en laine chez Max Mara. La vendeuse est charmante.
Note
1 : autrement dit, il est fort possible que je sois hors sujet
Ce matin, TG sur Gaudium et Spes. J'ai très peu travaillé, je l'ai très peu travaillé. Overdose de Vatican II, overdose d'émerveillement devant le miracle qu'a constitué ce concile. Je suis fatiguée de ce que je ressens comme de la propagande ecclésiologique alors que toute ma pente va à la christologie (en termes ordinaires : ma foi s'enracine dans les évangiles, pas dans les actes du magistère).
Il se passe quelque chose d'étrange avec la professeur. Il est évident que mon mode de pensée, mes interventions et mes interrogations la dérangent, à tort ou à raison1 — et elle recentre le débat. Soit. Ce qui est embarrassant, c'est qu'elle culpabilise et me demande ensuite si je boude ! (non je ne boude pas. Simplement je me demande in petto si l'on peut s'interroger librement (puisque nous sommes entre nous, croyants de bonne volonté) ou s'il faut s'autocensurer.)
Des exemples : l'une des questions porte sur l'Incarnation : sans la chute, le Christ aurait-il eu "besoin" de s'incarner, se serait-il incarné ? Dun Scott penche pour oui, Thomas d'Aquin pour non.
Une autre question porte sur le péché : pensons-nous (chacun de nous, dans la salle) le péché comme constitutif de l'homme, ou pensons-nous la création (Création) comme essentiellement bonne, et l'homme fondamentalement bon, ensuite seulement corrompu par le péché ?
Depuis Vatican II la deuxième position prime mais pendant longtemps l'Eglise adoptait plutôt la première. Sur les deux questions, les deux positions sont possibles, acceptées par l'Eglise, ce qui amène mon interrogation de fond : que font les théologiens ? (de quelle nature est leur réflexion ?) : s'enferment-ils dans leur chambre pour prier et ensuite écrire, dans une inspiration tels les prophètes, ou nous livrent-ils leur opinion (étayée par la prière et l'étude des textes et de la tradition, bien sûr) qui dépend en grande partie de leur personnalité plus ou moins optimiste ?
Cette question-là n'a pas plu.
Suis-je la seule à ressentir du malaise devant le travail des théologiens, devant cette façon de vouloir expliquer l'incompréhensible et de le réduire à dimension humaine ?
Mais y a-t-il moyen de faire autrement si l'on veut se servir de sa raison ?
En sortant, shopping. Ça fait quelques semaines que j'y songeais, j'ai froid et je n'ai rien qui me corresponde vraiment dans ma garde-robe pour les jours froids.
Deux robes grises en laine chez Max Mara. La vendeuse est charmante.
Note
1 : autrement dit, il est fort possible que je sois hors sujet