Relayée par Dominique, la nouvelle était tombée il y a quelques temps déjà: les jeudis de l’Oulipo auraient lieu le mardi.
Quel plaisir de se retrouver pour la première fois depuis
février 2020. Tout le monde est là, un peu plus blanc, en forme, je suis rassurée. La pizzeria est toujours ouverte, ouf, mais elle a dû changer de cuisinier — je ne mangerai sans doute plus de spaghettis cuits dans une meule de parmesan.
Nicolas a sorti un nouveau livre de poèmes sur les éléments, plus modeste, plus personnel que celui de février 2020. C’est un livre à compte d’auteur et il nous le distribue. Les contraintes de versification sont données à la fin du volume et les thèmes des poèmes sont expliqués ainsi: «Pour chaque élément, un mot ou une expression a ainsi été extrait de son étymologie (parfois incertaine, voire fantaisiste) pour inspirer le sujet du poème.»
Exemple : élément 59 praséodyme: jumeau couleur poireau
59. Destin
Deux poireaux s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux, s'ennuyant dans son champ,
Voulut entreprendre un voyage.
Il pria l'autre de l'attendre
Et fit promesse d'être sage
Pour ne point finir en potage.
Après un adieu fort touchant,
L'aventurier prit son bagage
Et s'en alla de bon matin.
Hélas! Bien avant le couchant
Il fut trouvé très alléchant
Et termina dans un gratin.
Nicolas Graner, De tout un peu
Je parle à M. de mon projet de suivre le colloque sur Balzac en août prochain à Cerisy.
— J’ai commencé un marathon Balzac, la lecture de tous les Pléiade.
— Ah oui, tu révises. (
Il a un sourire amusé.) Ce qu’il y a de bien, moi, c’est que même si je révise, je ne me souviens plus de rien.
J’ai le cœur serré. Je sais de quoi il parle: vieillir, et il est trop fin pour être consolé par quelques mots creux et convenus. Je me tais.
J’évoque avec GEF mon désir d’un colloque à Cerisy avec d’Hofstadter. Il s’exclame les yeux ronds: «Mais c’est beaucoup de travail!»
Certes : il faut trouver le sujet, trouver les intervenants. Il faut avouer que je me défausse sur lui, mais d’un autre côté, moi, je ne connais pas Hofstadter.
Pour ou contre la Pléiade?
— Je déteste ce papier.
— Ah, tu pousses ton anticléricalisme jusque là?
— Tu n’aimes pas la Pléiade parce que tu as de la place. Tu en comprendrais l’intérêt si tu avais un tout petit appartement.
— J’ai un petit appartement et je croule sous les livres.
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Le lundi et le mardi, la ligne 14 s’arrête à 22 heures. Je quitte donc le restaurant dès 21h30 car je ne veux pas prendre risque.
Par ailleurs, j’avais en tête que pour cause de travaux, à partir de 23 heures les trains s'arrêtaient à Melun et qu'il fallait continuer en car jusqu'à Moret. Pour éviter cela il fallait attrapper au plus tard le train de 22h46.
J'arrive à la gare à dix heures moins dix. Je découvre ô joie qu'il existe un train de 22h16 dont je n'avais pas connaissance.
Et heureusement, car il ne fallait pas comprendre «les trains partant de la gare de Lyon à partir de 23 heures auront pour terminus Melun», mais «aucun train ne quittera Melun à partir de 23 heures», c'est-à-dire que le train de 22h46 m'aurait entraînée dans la galère du car et du trajet interminable.
Cependant, pour compenser ce coup de bonheur, le train de 22h16 est mis à quai à 22h12 et ne démarre qu'une demi-heure plus tard, ce qui fait que je commence à m'inquiéter de notre heure d'arrivée à Melun: allons-nous finalement prendre le car? Je pose la question sur Twitter à @ligneR, et miracle, on me répond que non (double miracle: qu'on me réponde, et que le train aille jusqu'à Moret).