Alice du fromage

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Billets qui ont 'Chamontin, Elisabeth' comme nom propre.

vendredi 28 octobre 2016

Dernier colloque des Invalides

sur le thème «Dernières RàB» (Rubriques à Brac, ça tombe bien, tout le monde connaît parmi les gens rencontrés aujourd'hui): Jean-Jacques Lefrère, l'organisateur "sur place", est mort sans remplaçant à ce jour (tandis que Michel Pierssens est au Canada et Jean-Paul Goujon à Séville… cela ne simplifie pas l'organisation); d'autre part nous apprenons que le centre culturel canadien ferme pour deux ans et rouvrira ses portes dans le VIIIe: plus d'organisateur et plus de site parisiens, la fin d'un époque.

Colloque des Invalides, Blitz-discours, de cinq minutes: c'est la troisième fois que j'y assiste, toujours pour écouter Elisabeth, et cette année, Tlön était également dans l'assistance.

Je résume les interventions sur l'autre blog (celles où je n'étais pas en train de digérer, deux ou trois m'ont échappé) et me contente de quelques bribes relevées au cours du déjeuner:
— Le problème de Guillemin, c'est qu'il veut tout le temps avoir raison.
— C'est le cas de tout le monde, non?
— Tu as raison.

Alain Chrevrier a présenté une couronne de sonnets haïtiens d'Emile Roumer, c'est l'occasion de parler d'Haïti et d'un illustre ancêtre de Tlön, tandis que le professeur Lassalle évoque Saint-Céré qui semble être le Berditchev français (tout le monde vient de Saint-Céré, est passé par Saint-Céré…). Le professeur se souvient de ses années de provincial, quand sa vie tenait à sa correspondance échangée avec les surréalistes… Il regrette qu'un Roubaud, par exemple, ne réponde pas aux lettres, quasi par principe.

Il faut lire Stello.
Cocteau prince des poètes, puis Maurice Carême!
Plus de poètes à l'agrégation: «L'année où il y a eu Gracq… Les élèves ont eu les pires problèmes.»

A ma droite, deux jeunes professeurs spécialistes de Lautréamont, doctorants, enseignent en Bretagne. Le grand poète de l'entre deux-guerres? Desnos. Un poète contemporain? Guy Goffette.


En fin de journée, je passe à la librairie sino-japonaise Le Phénix pour acheter une méthode pour écrire le japonais (c'est pour offrir).
En revenant prendre le métro aux Halles, je passe à la bibliothèque de la Canopée. Je suis un peu déçue, elle est toute petite (enfin, plus que ne le laissaient penser les photos). je découvre sur un présentoir des livres pour apprendre le français et s'entraîner au TCF, «test de connaissance du français pour acquérir la nationalité française». Je ne savais pas que cela existât:
Proposé depuis janvier 2012, le TCF pour l’accès à la nationalité française (TCF ANF) a été spécifiquement conçu pour répondre aux nouvelles dispositions introduites par le ministère français de l’intérieur (décret 2011-1265 du 11 octobre 2011) fixant au niveau B1 oral (épreuves de compréhension et d’expression orales) le niveau requis en français pour les postulants à la nationalité française.
A côté de la bibliothèque se tient un café de hip-hop et une salle pour danser.
Les escaliers qui descendent au métro forment comme un vaste amphithéâtre (mais les mesures de surveillance anti-terrorisme ne permettent sans doute pas l'ample circulation qui devait être prévue par l'architecte). Tandis que je traverse ces lieux mille fois empruntés, je reconstitue le fantôme de leur disposition disparue.

jeudi 11 mars 2010

Soirée costumée

— Nous, on a fait "orgie romaine", comme thème. Il y avait des vomitorium, mais on a été sage, personne ne s'en est servi. Mais un thème "soirée catholique", c'est génial... J'aimerais bien essayer.

(Les fausses hosties de Babette sortaient de chez Israël, ce qui est tout de même un comble. (Ou pas: après tout, la traversée de la Mer rouge, tout ça…)).

vendredi 22 janvier 2010

Pour Elisabeth

Pour Elisabeth : nous étions six, Nicolas, GEF, Alain, Dominique, Sophie, moi. Sauras-tu attribuer à chacun ses propos ?

(Vrac et désordre, la conversation par bribes dans mes souvenirs. Je garantis que ce sont mes souvenirs, je ne garantis pas leur exactitude. Ce qui est sût, c'est que les sujets n'ont pas été abordés dans cet ordre).





— Même si je ne lis pas l'anglais, j'ai la version américaine de Laura, il sort en mars. Les cartes sont reproduites en fac-similés et peuvent être découpées à l'attention des lecteurs inventifs qui veulent écrire leur propre roman. — Et qu'est-ce que vous pensez d'Eric Rohmer ?
— Vous saviez que c'était le frère de René Schérer ?
— Ah oui, un autre grand malade… Mais c'était les années 68, et puis il était fouriériste… Lui c'était les petits garçons, il allait se fournir dans les secteurs para-psychiatriques, tandis que Rohmer ?
— Quoi, Rohmer ?
— Il aimait les très jeunes filles, ses actrices passaient toutes à la casserole. Mais elles étaient volontaires, c'est comme Woody Allen : il fait tourner ses actifs au tarif syndical, et ils le savent, mais ils sont tous volontaires…
Perceval m'a beaucoup marqué.
— Mais ce fut un flop. A l'époque, si tu ne faisais pas quatre semaines sur les Champs-Elysées… Maintenant il y a les produits dérivés. Alors il a refait des films caméra sur l'épaule avec du papier Canson pour la lumière ?
— ??
— Tu ne savais pas ? Un jour un journaliste lui a demandé comment il faisait sa lumière, Rohmer a ouvert un tiroir de son bureau, a sorti une feuille de papier et a dit « Voilà, je mets la feuille derrière l'acteur, j'attrape le soleil, et je tourne. »
— Et le dernier ? Daphnis et Chloé ?
— David Hamilton revisité.
X. rit.

— Mais quand on est sur scène on dit souvent n'importe quoi. J'adore Vila-Matas, j'ai tout lu de lui. Dans ses livres il parle d'Achille Campanile ( ?? à confirmer), il dit que c'est un grand méconnu et qu'il l'adore, alors j'ai trouvé et acheté les livre de cet Achille Campanile, il n'y en a pas beaucoup, et quand j'ai rencontré Vila-Matas, je lui ai montré les livres d'Achille Campanile, et il m'a dit qu'il ne savait pas qui c'était ?

— Il y a des coupes dans les traductions. Le premier paragraphe du Crime du golf, d'Agatha Christie, est plein de termes techniques de golf, il n'a pas été traduit.
— Les Proust en ligne au Québec sont ceux de la collection blanche. On peut passer des heures à chercher une tournure qui n'y est pas (puisque tout le monde se sert des Pléiade comme référence).
— Certains se targuent d'être de vrais proustiens parce qu'ils possèdent l'édition Clarac de la Pléiade. Cela veut juste dire qu'ils ont eu vingt ans avant la parution de l'édition Tadié…
— Est-ce que l'édition du Borgès sera identique à la précédente, ou les notes vont-elles être revues ?
— Identique, je crois.
— La veuve s'était plainte parce qu'on avait utilisé des interviews de Borgès alors que celui-ci ne savait pas qu'il était enregistré. Elle criait à la manipulation.
— Mais tout le monde le manipulait, même elle…

— Mais alors, puisqu'on en parle, c'est quoi un mariage gris, ou noir ? Je n'ai pas suivi…
— C'est quand l'un des deux était sincère mais pas l'autre, pour l'un des deux ce n'était pas un mariage d'amour.
— Mais depuis quand faut-il s'aimer pour se marier ?
— Je me souviens d'un témoignage indien qui disait : « Chez vous on s'aime pour se marier, chez nous on se marie pour s'aimer ».
— Ça ne marche pas si mal d'ailleurs…
— Je ne suis pas sûre que l'Inde soit le meilleur endroit pour juger de cela.
— J'avais un ami tibétain qui devait venir se marier en France; sa famille l'a retenu au Tibet pour le marier de force. Il n'était pas heureux (et la jeune fille non plus d'ailleurs).
[reprise]
— Un mariage gris, c'est quand l'un des deux dit: «Je me suis fait baiser».

— Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif ?
— Moi j'ai écrit : « je t'ai reconnue! »
— Mais ce n'était pas moi !
— Comment, ce n'était pas toi?! [se tournant vers nous]. Il faut que je vous explique. J'ai eu une discussion avec X. sur "en vélo" et " à vélo". Elle me disait que seul "à vélo" était correct.
— Je lui ai donné comme exemple "Julie et Cécile vont à bateau".
— Et cette phrase, exactement celle-là, est sortie dans la liste Oulipo. Alors j'ai écrit: « je t'ai reconnue ! »
— Mais ce n'était pas moi! C'est vraiment incroyable. Il y a des choses comme ça, dans l'air… Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif?

— Chandler vendait des voitures sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il avait tout, il vivait très confortablement; il était fou amoureux de sa femme qui avait trente ans de plus que lui, la femme parfaite, épouse et mère… Et puis elle est morte, il a été inconsolable et s'est mis à boire… il écrivait bourrée. Il y a sa correspondance, c'est surtout ses échanges avec ses éditeurs qu'il engueule, c'est extraordinaire…
— Ah oui, je l'ai vu il y a moins d'une semaine, ça donne des phrases du genre : « Veuillez considérer que j'écris en patois suisse, mais si je décide d'agrémenter mon style velouté d'un néologisme argotique, vos ânes bâtés de correcteurs n'ont pas à y toucher » !!
[Et moi je crois à des conjonctions dans le temps et l'espace, malgré tout : avoir rencontré Chandler par hasard une semaine avant chez des amis.]

Tu sais que je conserve tous les exemplaires du Monde…?
— Mais alors… tu vas pouvoir me servir, je cherche un article de Camus au moment de la mort de Malraux.
— Mais (chœur à la voix indécise) ce n'est pas possible…
Moi, réalisant ? Mais non, pas ton Camus, mon Camus! En 1976.
— 1976… Hum, ce sont les cartons du fond, il va falloir tout déplacer…
— Tu sais que tout est en ligne ?
— Oui mais c'est payant, je me sers du moteur de recherche pour savoir quel journal consulter. Enfin, ce sont les suppléments littéraires que je conserve…1

— Quand j'étais petit je lisais une bande dessinée qui s'appelait Pierrot. Et puis l'air du temps est devenu anti-BD, et du jour au lendemain on a arrêté de me l'acheter. J'ai été très malheureux parce dans le dernier magazine le héros, Pierrot, courait dans des galeries à l'intérieur d'une falaise, et l'épisode se terminait il était arrivé au bout de la galerie et elle débouchait à flanc de falaise, directement sur la mer, et la légende disait « Il regarda l'abîme sans fond ». Et moi j'étais petit, j'avais huit ans, et bien, j'imaginais vraiment un abîme sans fond, c'était vertigineux. Et il il y a deux ou trois ans, en passant devant un bouquiniste, j'ai trouvé la suite de l'histoire…
— Et alors ?
— Eh bien en fait, Pierrot regarde vers le haut, et il s'aperçoit que le sommet de la falais est tout proche, et il grimpe et il s'échappe comme ça.
— Et vous avez acheté la revue ?
— Non, même pas…

— Vous savez mon outil a transformé les sites, le baraguoin2, eh bien, durant les vacances, il a commencé à prendre le contrôle d'internet…
— Hein? Qu'est-ce que tu dis ?
— Eh oui. Je ne sais pas comment ça se fait, Google a commencé à indexer des pages, et de plus en plus, naturellement; j'ai commencé à recevoir des mails d'universités, de municipalités, pour me dire d'arrêter… Je pense que c'est parce que Jean Véronis m'a fait de la pub cet été… Nicolas m'a aidé à arrêter le monstre, j'étais en train de prendre le contrôle de la Toile…
— Terminator 3, quoi!!


Note
1 : Vérification faite, il semble que l'article de Camus n'est pas paru dans un Monde des livres. Tant pis.
2 : free marche si mal que désormais le baragweb es

samedi 7 novembre 2009

Résumé

- jeudi
Oulipo. J. tombe devant la BNF et se casse un doigt. ''Annette'', pièce de Jacques Jouet.
Dominique annote et corrige quelques points de ce blog (depuis le 25 mai. Au besoin il laissera des commentaires anonymes pour que je corrige ou complète mes billets). Il m'apprend que ''Laura'' de Nabokov est sorti (est trouvable sur le net) en livre (et donc pas en cartes à organiser soi-même: dommage).
Toujours le même bonheur de la pizzeria post-BNF.
J'apprends qu'une contrepétrie ne doit pas être trop compliquée pour être "pure".
Contrepétrie impure, donc (et classique) donnée par Elisabeth: "L'aspirant habite Javel" 1.

- vendredi
Ma fille se fait voler son sac au collège, avec les clés et l'adresse de la maison. C'est le x-ième incident la concernant. Je commence à être réellement inquiète, elle est visée, je crois qu'il va falloir la changer d'établissement avant que le pire n'arrive (il n'arriverait peut-être pas, mais qui prendrait ce risque?)
Je retrouve mes complices au café pour une nouvelle séance de lecture des Eglogues. Le soleil levant d'Auckland dans l'écran du portable connecté en wifi. C'est beau la technologie, mais je suis encore plus émue d'avoir une amie qui vit toujours demain.
Le soleil de demain brille déjà, et au printemps.

- samedi
DT polio. Fièvre pour le week-end. Qu'ai-je fait le reste de la journée?
Ah si, on songe à moi pour l'équipe d'aumônerie... Voilà aut' chose... je m'étais dérobée il y a six ans, cette fois-ci je suis bel et bien reprérée. Je me lancerais bien dans une licence de théologie.


1 - On notera au passage l'ode à la main gauche de J.

vendredi 18 juillet 2008

Folle semaine

Difficile réacclimatation. La foule de Saint-Lazare, les rues bouchées, l'atmosphère lourde. Les herbes folles du jardin, le courrier pas relevé depuis mercredi, la machine à linge à faire tourner.

Dormir. On a beaucoup ri, beaucoup bu, beaucoup fumé, un peu trop mangé, et c'était un soulagement, cette absence de pisse-froids venant vous faire la morale pour vos poumons/leurs kilos/la planète.

J'ai eu pour compagne de chambre Elisabeth Chamontin, joyeuse commère et extraordinaire réciteuse de vers, folle anagrammateuse (parmi ceux qu'elle a trouvés pour moi (j'ai oublié un deuxième que j'aimais bien), il y a "slave glaciaire": brrr...)).

Mercredi ou jeudi (je ne sais plus), concours improvisé un "p'tit coup d'Queneau"/"un p'tit coup de Vian" dans cette cave aménagée suite aux éclats de 1968 (afin de s'amuser sans déranger ceux qui veulent dormir). Elisabeth nous donne un truc pour apprendre les alexandrins : les chanter sur l'air de "La mère Michel qui a perdu son chat" (et enchaîne aussitôt sur Molière ou Corneille, je ne sais plus).
J'ai hâte d'essayer, moi qui suis incapable de citer trois mots sans me tromper.


Et maintenant que va-t-il se passer? Sans doute pas grand-chose: lire et encore lire, trouver des lectures de poésie sonore, se mettre en chasse pour trouver les livres épuisés et les revues introuvables.

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