Alice du fromage

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Billets qui ont 'Lévi-Strauss, Claude' comme nom propre.

dimanche 12 mars 2017

Dimanche ordinaire

Rendez-vous, donc, à huit heures et quart. Le temps est radieux. Nous sommes tous à l'heure (je le note, car la plaie, ce sont ces rameurs jamais à l'heure, ces demi-heures perdues qui m'étaient indifférentes enfant alors qu'elles exaspéraient mon père). Nous nous entraînons à tourner serré autour des piles, c'est encourageant, nous sommes ensemble. O. comprend vite.

Faulkner en podcast. J'avais décapoté hier en rentrant (seize degrés), aujourd'hui il fait plus froid et il est plus tôt (six degrés), nous ne décapoterons qu'en arrivant à Yerres.

Marché avec H.
C. à déjeuner.
Soufflé au fromage (une spécialité qui supporte mal qu'on soit plus de quatre: il faut que l'appareil puisse gonfler, il n'est pas possible de multiplier les proportions. Il me faudrait des petits moules).

Je commence le premier tome d'Auchwitz et après.

Je ramène C. au terminus du tramway à Athis-Mons. C'est curieux, un avion qui atterrit au-dessus d'un cabriolet. Lévi-Strauss en podcast. Il adoptait tous les animaux qu'il trouvait, son bureau était sale, il fallait trouver des nourritures invraissemblables. Je ne savais pas que Lévi-Strauss avait fini par ramener les structures à celles de la musique occidentale du XVIe et XVIIe siècle, considérant qu'au moment où les mythes quittaient l'Occident, leurs structures s'étaient déposées dans la musique (tout cela très schématique, voir (entendre) le podcast "une vie une œuvre" pour plus d'exactitude dans la façon de l'exprimer).

mercredi 9 décembre 2009

La mort du Père Noël

En 1951, l'Eglise brûle le Père Noël à Dijon : non au culte païen. Un lecteur a retrouvé des traces de l'analyse de Claude Lévi-Strauss.

Pour ma part, la débauche commerciale, les Pères Noël par dizaine dès début décembre (ce qui est à peu près inexplicables aux enfants), la compétition des grands-parents au pied du sapin afin d'être ceux qui offriront le cadeau à la fois préféré (compétition pour l'amour des petits-enfants) et le plus cher, le plus grand, le plus clinquant1 (compétition d'ordre social) m'ont écœurée depuis longtemps. Je crois que si la famille et l'école ne s'étaient pas chargés de me rappeler qu'il y avait un « secret » du Père Noël à cacher aux enfants, j'aurais totalement oublié de transmettre cette tradition, je n'y aurais même pas pensé : cadeaux mercantiles échangés le 24 ou le 25 décembre, voilà tout.

Une légende pour être légende a besoin d'autre chose que de publicités télévisées et de statistiques de consommation de l'INSEE.





1 ou tout au moins ne pas être celui qui offrira le cadeau le plus petit et le plus terne.

mercredi 4 novembre 2009

Souvenirs de Lévi-Strauss

Août 1985 - Je composte des chèques dans une agence du Crédit Lyonnais. A midi, je lis Race et Histoire et Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes en dépensant mon ticket restaurant dans un café tranquille qui diffuse Rue barbare de Bernard Lavilliers. Thé et croque-monsieur.
Ces deux livres sont au programme de culture générale d'un concours que je dois passer en septembre.

Décembre 1988 - Covoiturage entre Paris et Lyon pour assister au mariage de mon meilleur ami, ce qui n'était pas encore un cliché. Discussion dans la voiture avec un ami de P., ami légèrement dédaigneux, légèrement supérieur :
— Tu as lu Race et Histoire ?
— Oui.
— Tu te souviens de sa conclusion ?
Comme il me prend de haut et que je fais un complexe d'infériorité, je panique un peu:
— Euh... Que l'évolution dépend de nos différences, de la différences entre les groupes et de leur façon d'interagir et de s'enrichir mutuellement ?
— Il dit surtout que certaines races sont plus cumulatives que d'autres, savent mieux acquérir, conserver et accumuler du savoir et de la technologie.

Il avait l'air très sûr de lui. Quatre ans après ma lecture je n'étais pas si sûre de moi. Mais il ne me semblait pas avoir lu ça, non, il ne me semblait pas avoir vu une telle interprétation, visant peu ou prou à organiser une hiérarchie des races (si tant est est que ce mot ait un sens: des cultures, des couleurs, des ethnies).
Je me souvenais surtout de la crainte de l'homogénéisation et de l'homogénéité: si tout devenait pareil, homogène, il n'y aurait plus de progrès possible.
Quand le mot "mondialisation" est devenu à la mode, employé à tort à travers, c'est à Lévi-Strauss que j'ai pensé.

Après quelques années sur internet, je ne suis plus inquiète: tout tend à prouver que des groupes se reconstituent toujours. Les critères ont changé, il ne s'agit plus de nationalité ou d'ethnie, mais de langues, d'affinités, de goûts ou de sujets d'intérêt communs ne tenant aucun compte des frontières. Il existe toujours des groupes, des différences, des échanges, et ces différences ne constituent pas forcément des hiérarchies. Une chose est sûre: ce n'est pas homogène.

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