Alice du fromage

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Billets qui ont 'Marion' comme nom propre.

samedi 23 juillet 2011

La famille

Nous fêtons les soixante-dix ans de mon oncle (le frère de mon père). Avant le départ, je fais réviser l'arbre généalogique (j'ai une fille qui confond les deux (les quatre) côtés de la famille, ce qui met ma mère en transes, elle qui a une conception très possessive de la famille (tous les défauts génétiques viennent des autres branches que la sienne): donc je fais réviser pour éviter les incidents diplomatiques).

— A., la petite blonde ?
— Tu sais, des petites blondes, ce n'est pas ce qui va manquer.

Depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, quatre enfants sont nés. Tous blonds. Les yeux bleus sont plus aléatoires.


Les souvenirs m'assaillent. J'ai été très malheureuse de quitter le Maroc à huit ans, et mes parents m'avaient promis que nous retournerions à Agadir aux grandes vacances suivantes. Nous nous mîmes en route... et nous nous arrêtâmes chez mon oncle, dans l'Aveyron.
Je n'ai jamais su si c'était prémédité, si l'on m'avait menti, en d'autres termes; ou si réellement mon père était trop las pour continuer jusqu'à Agadir.

J'errais dans la maison de mon oncle, en chantier, dont seul le rez-de-chaussée était habitable, avec ma tante si fantaisiste qui venait d'avoir un quatrième bébé, j'étais triste, je lisais ce qui me tombait sous la main, je ne sais plus comment je m'occupais, j'avais trois ans de plus que le plus âgé de mes cousins et c'était un monde, surtout que je lisais depuis longtemps.


Cette tante divorcée est de nouveau présente, à la mode de ces familles recomposées dans lesquelles les deuxièmes épouses acceptent les premières, ce que je n'ai jamais compris et ne comprendrai jamais, mais ce qui me réjouit et me console, car j'avais bien cru ne pas revoir, ne jamais revoir cette tante par alliance, puisque cette alliance était brisée.


Tandis que je discutais avec un cousin adepte de «Le passé est le passé», je pensais «Un homme qui dort tient en cercle autour de lui» et je prenais soudain conscience que je n'avais pas besoin, je n'avais jamais eu besoin, de dormir pour cela: tout (enfin, tout ce que je n'ai pas oublié) est toujours en cercle autour de moi, sans profondeur, immédiatement présent. J'ai toujours pensé qu'il en était ainsi pour chacun, et que cette affirmation de rejeter loin les souvenirs n'étaient qu'une pose ou un vœu pieux — mais finalement, peut-être pas. Comment savoir?


samedi 27 mars 2010

De l'amour (I)

Le divorce des parents de Rémi me rappelle celui de mon oncle.

Mon oncle se plaignait à sa mère, ma grand-mère:
— Mais maman, je l'aime encore!
— Pas elle, il faut t'y faire.

Cela m'avait frappé, ce bon sens de ma grand-mère. D'où nous vient cette conviction que l'amour est forcément partagé? De Platon, de l'amour courtois? Du romantisme? Et pourquoi lorsque nous aimons sommes-nous convaincus que c'est réciproque, que si l'autre ne s'en rend pas compte, c'est qu'il se trompe, ignorant de ses propres sentiments; plutôt que nous dire que puisque ce n'est pas partagé, ce doit être nous qui nous trompons, ce ne doit pas être de l'amour?







Tour supplémentaire récent :
. Ma tante demanda le divorce (et l'obtint) en 1997.
. Ma grand-mère poussa son fils à "se trouver quelqu'un", ce qu'il fit (ces deux fils ne lui ont jamais désobéi).
. Mon (ex-)tante se remaria sans même prévenir ses quatre enfants, mes quatre cousins. Elle ne les invita jamais chez elle, son second mari ayant décrété: «Je t'épouse toi, pas ta famille».
. Mon cousin le plus jeune en fut très malheureux (il avait lors un peu plus de vingt ans), nous déclarant, songeur: «J'aimerais comprendre pourquoi ma mère a épousé un con» (sachant que mon oncle a ses défauts, mais est le plus doux des hommes (dans le genre bourru et taciturne)).
. En 2006, mon oncle finit par épouser la personne avec qui il vivait depuis huit ans.
. A Noël dernier, ma mère buvant du petit lait m'apprit que le second mari de "ma" tante (celle que j'ai connu toute mon enfance, la mère de mes cousins) était plus ou moins un escroc, qu'il lui avait piqué beaucoup d'argent (elle possédait de nombreux appartements lui venant de ses parents) et qu'elle était en train de revenir chez mon oncle sous prétexte de voir ses enfants en famille... Je me demande comment la seconde épouse le prend.
Elles sont à peu près aussi bavardes et aussi grippe-sous l'une que l'autre (mais la première beaucoup plus intelligente et marrante).
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