samedi 9 octobre 2010
Samedi, brume
Par Alice, samedi 9 octobre 2010 à 23:34 :: 2010
— Qui n'a pas de bateau?
Nous levons la main, quatre femmes, c'est parti pour une yolette.
Il fait très doux, ce n'est pas le froid mordant de mes souvenirs hivernaux. Pas de soleil non plus, idéal.
Rémi se révèle un barreur hors de pair, il connaît parfaitement le lac et commente au fur à mesure: «Ici l'institut Meyrieux... là l'hôtel bleu, c'est le restaurant de Marc Veyrat, ou c'était, je crois qu'il l'a vendu... Là, dans la brume, vous apercevrez le château de Menthon. La veille de son mariage Bernard de Menthon s'en échappa par une fenêtre pour entrer dans les ordres, plus tard il fonda les hospices des deux cols du Saint-Bernard... Ici c'était une résidence d'Alcatel qui a été vendue quand Alcatel était au plus mal...»
Puis le roc de Chère, terriblement dangereux quand le vent se lève; et en effet nous distinguons contre la parois des plaques commémoratives de divers accidents mortels. Ce roc sépare le grand lac du petit lac, «et au bout du lac il y a?... le bout du lac.»
De nombreuses foulques, et une grèbe huppée que je vois plonger pour ressortir plusieurs dizaines de mètres plus loin. Impressionnant. Un sillage de bulles permet de suivre le parcours des plongeurs. Ce n'est pas aussi silencieux qu'on pourrait le rêver car le bateau est bruyant, coulisses et rames tournant dans les dames de nage.
Au ponton, j'aide un bateau à accoster. J'attrape une rame, je tire, je demande: «Je peux vous aider, ce n'est pas contre votre déontologie?» (car j'ai remarqué que certains ne paraissaient jamais heureux d'un coup de mains).
— Déontologie, déontologie, qu'est-ce que ça veut dire?
— Est-ce que vous êtes impliqués ou concernés? reprend un autre.
— Je vois qu'on en est tous au même point, me mar'-je.
Après-midi descente des Alpages. Annecy absolument noire de monde, moi qui évite cela comme la peste le samedi à Paris (églises fermées, pas de confessionnaux)... Il fait très beau, je pars à la recherche de la tombe d'Eugène Sue. Dans le cimetière s'est réfugié un corbeau à l'aile abîmée. J'espère qu'il s'en sortira.
Un couple d'une soixantaine d'années est assis sur un banc. Lui lit un magazine, elle crochète. Je m'informe. Ils n'ont jamais entendu parler de Sue. Je me demande s'ils sont assis là parce qu'il y a un banc, ou si c'est en face d'une tombe qui leur est chère.
La personne suivante me dit «Ouh là, j'ai su, mais j'ai oublié, c'est le genre de chose qu'on voit une fois puis qu'on oublie.»
La troisième personne m'indique l'arbre parasol qui sert de repère à la tombe parfaitement entretenue.
Et une photo d'Annecy dans le soleil couchant:
Nous levons la main, quatre femmes, c'est parti pour une yolette.
Il fait très doux, ce n'est pas le froid mordant de mes souvenirs hivernaux. Pas de soleil non plus, idéal.
Rémi se révèle un barreur hors de pair, il connaît parfaitement le lac et commente au fur à mesure: «Ici l'institut Meyrieux... là l'hôtel bleu, c'est le restaurant de Marc Veyrat, ou c'était, je crois qu'il l'a vendu... Là, dans la brume, vous apercevrez le château de Menthon. La veille de son mariage Bernard de Menthon s'en échappa par une fenêtre pour entrer dans les ordres, plus tard il fonda les hospices des deux cols du Saint-Bernard... Ici c'était une résidence d'Alcatel qui a été vendue quand Alcatel était au plus mal...»
Puis le roc de Chère, terriblement dangereux quand le vent se lève; et en effet nous distinguons contre la parois des plaques commémoratives de divers accidents mortels. Ce roc sépare le grand lac du petit lac, «et au bout du lac il y a?... le bout du lac.»
De nombreuses foulques, et une grèbe huppée que je vois plonger pour ressortir plusieurs dizaines de mètres plus loin. Impressionnant. Un sillage de bulles permet de suivre le parcours des plongeurs. Ce n'est pas aussi silencieux qu'on pourrait le rêver car le bateau est bruyant, coulisses et rames tournant dans les dames de nage.
Au ponton, j'aide un bateau à accoster. J'attrape une rame, je tire, je demande: «Je peux vous aider, ce n'est pas contre votre déontologie?» (car j'ai remarqué que certains ne paraissaient jamais heureux d'un coup de mains).
— Déontologie, déontologie, qu'est-ce que ça veut dire?
— Est-ce que vous êtes impliqués ou concernés? reprend un autre.
— Je vois qu'on en est tous au même point, me mar'-je.
Après-midi descente des Alpages. Annecy absolument noire de monde, moi qui évite cela comme la peste le samedi à Paris (églises fermées, pas de confessionnaux)... Il fait très beau, je pars à la recherche de la tombe d'Eugène Sue. Dans le cimetière s'est réfugié un corbeau à l'aile abîmée. J'espère qu'il s'en sortira.
Un couple d'une soixantaine d'années est assis sur un banc. Lui lit un magazine, elle crochète. Je m'informe. Ils n'ont jamais entendu parler de Sue. Je me demande s'ils sont assis là parce qu'il y a un banc, ou si c'est en face d'une tombe qui leur est chère.
La personne suivante me dit «Ouh là, j'ai su, mais j'ai oublié, c'est le genre de chose qu'on voit une fois puis qu'on oublie.»
La troisième personne m'indique l'arbre parasol qui sert de repère à la tombe parfaitement entretenue.
Et une photo d'Annecy dans le soleil couchant: