lundi 17 juin 2024
Le programme du Front populaire. Aparté sur une utopie
Par Alice, lundi 17 juin 2024 à 12:26 :: 2024
1/ la retraite
En tant que boomer, je suis stupéfaite voire scandalisée de voir des boomers en col blanc souhaiter la retraite à 60 ans. D'accord quand on travaille dehors ou qu'on porte des charges lourdes, mais quand on travaille dans un bureau? Sont-ils conscients qu'ils condammnent les générations plus jeunes à travailler pour eux ?
Je sais bien qu'au tournant de l'an 2000 notre génération a vu ses parents partir en pré-retraite à 58 ans dans un pays rongé par le chômage (les pré-retraités, c'était autant de personnes en moins dans les statistiques du chômage). Nous avons fait face, nous l'avons payé (par nos cotisations sociales), mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour nos enfants et petits-enfants?
Et que ces générations de jeunes, qui par ailleurs ne font plus d'enfants eux-mêmes et donc de fait interrompent la solidarité intergénérationnelle, s'enthousiasment pour cette mesure, me stupéfie. Se rendent-ils compte qu'ils se condamnent eux-mêmes à une dégradation de leur niveau de vie, soit en payant davantage de cotisations, soit en recevant des pensions plus faibles, soit les deux?
Au moment du débat sur les retraites, j'ai retenu qu'il y avait UN (un seul) moyen de s'en sortir avec les paramètres actuels (population vieillissante, augmentation du rapport retraités sur actifs) sans augmenter les prélèvements ni diminuer les retraites: c'était augmenter la productivité.
Malheureuseusement, en France elle est en berne depuis 2019. Cela s'explique globalement par le plein emploi (les patrons conservent leur main d'œuvre dans les périodes de moindre activité par peur de ne pas la retrouver quand ils en auront besoin), par les contrats d'alternance (mécaniquement le temps passé à l'école fait baisser la moyenne de la production) et le manque d'investissements.
Ce manque d'investissements est un problème européen très inquiétant pour l'avenir:
2/ un statut de déplacé climatique
J'applaudis des deux mains, je suis pour.
Enfin, je serais plus radicale: je souhaite que toute personne puisse entrer en France, et si elle n'a pas de papier, qu'on lui en fasse (pas des papiers français: une carte avec son identité, sa nationalité, etc. Déclaratif si pas possible autrement, avec le témoignage des compagnons de voyage éventuellement. Après tout quelle importance: l'important c'est le futur, la façon dont ils vont se comporter en France — et qu'on dispose pour eux d'une identification stable, quitte à ce que ce soit nous qui la leur donnions.)
Cela revient quasi au même qu'un statut de déplacé climatique, car bientôt tous vont l'être: se rend-on bien compte que l'équateur va devenir inhabitable d'ici 50 ans et que les populations d'Asie et d'Afrique vont naturellement se dépacer? (ce sera peut-être différent en Amérique grâce à l'altitude et l'Amazone, mais rien n'est moins sûr: en 2023 le canal de Panama a manqué d'eau et le Mexique brûle).
Les populations vont se déplacer. On peut s'en défendre, dresser des barrières, les laisser mourir dans la Méditerranée. Il faudra militariser de plus en plus, car les migrants seront de plus en plus nombreux et nous de moins en moins.
Ou nous pouvons prendre en compte cette donnée inéluctable et nous préparer. Comment? En préparant des logements et surtout en rénovant l'école. Nous n'arrivons plus à transmettre notre langue, notre histoire, nos valeurs, aux enfants français, comment les transmettrons-nous aux enfants étrangers? Il faut revoir les enseignements fondamentaux, la pédagogie, revaloriser la profession (et sans doute les salaires).
Accueillir les migrants et les intégrer passe par l'école, j'en suis persuadée.
3/ échapper à la condition humaine
De façon générale, en lisant les promesses ça et là (ma réflexion dépasse le NFP), je me demande combien font le rapport entre leur salaire et la valeur produite. Dans un monde libre, le salaire dans les entreprises est une partie du chiffre d'affaires, c'est-à-dire des ventes, reversée aux salariés. Ce n'est pas un montant arbitraire, il correspond à des ventes, à des frais fixes, à une marge souhaitée pour se développer. Pour augmenter les salaires, il faut soit vendre plus (effet volume) ou vendre plus cher (effet prix). Dans ce dernier cas, l'augmentation des salaires entraîne tout simplement une augmentation des prix.
Une autre façon est de diminuer les marges (quand il y en a) ou de redistribuer une partie des salaires faramineux de certains patrons (mais il n'y a pas tant de grands patrons: ça ne concernerait que certains salariés — et ces salaires faramineux, une fois partagés entre tous, représentent peu pour chacun). Vu ce qu'on vient de voir sur la productivité, je préfèrerais que cela serve aux investissements. Il faudrait encourager les investissements.
De façon générale, je me demande si les Français se rendent compte qu'ils dépendent les uns des autres: ceux qui travaillent, cotisent, paient des impôts, financent la sécurité sociale, l'école, les routes, les tribunaux, la solidarité avec les plus faibles, etc. Si tout le monde est à la retraite ou au chômage, ça ne marche pas. Si personne ne plante, récolte, fait de la farine, transporte en magasin, on ne mange plus.
La malédiction de la Genèse, «tu mangeras à la sueur de ton front», s'applique. On n'y échappe pas.
A moins, à moins… de revenir à l'esclavage. Parfois je me demande si certains gentils gauchistes (parce que les méchants droitistes, ça va de soi) se rendent compte que pousser leur raisonnement jusqu'à l'absurde reviendrait à condamner une portion de l'humanité à travailler pour que l'autre se prélasse, quelque chose du genre des castes du Meilleur des mondes ou la Grèce antique.
Ou condamnerait tout le monde à mourir de faim. Nous en avons eu deux exemples au XXe siècle: Holodomor et le Grand Bond en avant.