Billets qui ont 'éthique' comme mot-clé.

Comité d'audit et réunion politique

Comité d'audit en fin de journée. On parle risques et moins-values latentes (pour la première fois en six ans le résultat fiscal est inférieur au résultat comptable. La bourse a sérieusement dévissée en fin d'année. Il paraît que c'est dû au Brexit mais je n'en suis pas si sûre.)

Soirée Modem "éthique et politique" (éthique en politique?) à Brétigny. Le maire vient en voisin (j'ai cru comprendre que c'était un ancien Modem et qu'il est actuellement LREM). Quelques présents sont élus municipaux à travers le département. Il ressort des témoignages et convictions de chacun que les tentations sont nombreuses (parfois insidieuses, à peine visible) et qu'il faut être intransigeant même sur les petites choses. Une charte existe à la mairie de Grigny.

Personnellement je suis moins intransigeante qu'eux (je trouve dommage de se priver de l'expertise de quelqu'un parce que c'est un ami ou un parent : c'est si difficile de trouver des personnes dont les compétences nous conviennent) mais je mettrais en place davantage de contrôles imprévisibles et croisés: croiser les équipes entre mairies, entre départements, pendant quelques jours, les faire se présenter les unes aux autres leur façon de travailler, créer de l'inattendu pour rendre la fraudre et la corruption plus difficiles à cacher.

Pour le reste… toujours je reviens à la même stupeur: dans le fond les gens s'en moquent, ils réélisent les fraudeurs, les sportifs qui dénoncent les tricheries sont insultés, les lanceurs d'alerte ne peuvent plus exercer leur métier. (C'est aussi le chaînon qui me manque pour comprendre les gilets jaunes: davantage de justice fiscale, certes: mais alors, pourquoi passez-vous votre temps à voter pour des fripouilles dont on sait qu'ils sont des fripouilles? 19,94% des voix pour Fillon en 2017 (certes, son électorat n'est sans doute pas d'abord les GJ), 21,30% pour Le Pen au premier tour.)

Samedi, brume

— Qui n'a pas de bateau?
Nous levons la main, quatre femmes, c'est parti pour une yolette.
Il fait très doux, ce n'est pas le froid mordant de mes souvenirs hivernaux. Pas de soleil non plus, idéal.

Rémi se révèle un barreur hors de pair, il connaît parfaitement le lac et commente au fur à mesure: «Ici l'institut Meyrieux... là l'hôtel bleu, c'est le restaurant de Marc Veyrat, ou c'était, je crois qu'il l'a vendu... Là, dans la brume, vous apercevrez le château de Menthon. La veille de son mariage Bernard de Menthon s'en échappa par une fenêtre pour entrer dans les ordres, plus tard il fonda les hospices des deux cols du Saint-Bernard... Ici c'était une résidence d'Alcatel qui a été vendue quand Alcatel était au plus mal...»
Puis le roc de Chère, terriblement dangereux quand le vent se lève; et en effet nous distinguons contre la parois des plaques commémoratives de divers accidents mortels. Ce roc sépare le grand lac du petit lac, «et au bout du lac il y a?... le bout du lac.»
De nombreuses foulques, et une grèbe huppée que je vois plonger pour ressortir plusieurs dizaines de mètres plus loin. Impressionnant. Un sillage de bulles permet de suivre le parcours des plongeurs. Ce n'est pas aussi silencieux qu'on pourrait le rêver car le bateau est bruyant, coulisses et rames tournant dans les dames de nage.

Au ponton, j'aide un bateau à accoster. J'attrape une rame, je tire, je demande: «Je peux vous aider, ce n'est pas contre votre déontologie?» (car j'ai remarqué que certains ne paraissaient jamais heureux d'un coup de mains).
— Déontologie, déontologie, qu'est-ce que ça veut dire?
— Est-ce que vous êtes impliqués ou concernés? reprend un autre.
— Je vois qu'on en est tous au même point, me mar'-je.

Après-midi descente des Alpages. Annecy absolument noire de monde, moi qui évite cela comme la peste le samedi à Paris (églises fermées, pas de confessionnaux)... Il fait très beau, je pars à la recherche de la tombe d'Eugène Sue. Dans le cimetière s'est réfugié un corbeau à l'aile abîmée. J'espère qu'il s'en sortira.
Un couple d'une soixantaine d'années est assis sur un banc. Lui lit un magazine, elle crochète. Je m'informe. Ils n'ont jamais entendu parler de Sue. Je me demande s'ils sont assis là parce qu'il y a un banc, ou si c'est en face d'une tombe qui leur est chère.
La personne suivante me dit «Ouh là, j'ai su, mais j'ai oublié, c'est le genre de chose qu'on voit une fois puis qu'on oublie.»
La troisième personne m'indique l'arbre parasol qui sert de repère à la tombe parfaitement entretenue.





Et une photo d'Annecy dans le soleil couchant:

Ethique, finances publiques et solidarité

Grâce à ce site dont je ne chanterai jamais assez les louanges (un travail indépendant et d'une telle qualité, poursuivi aussi longtemps : comment est-ce possible?), je découvre que la question «Peut-on éthiquement limiter l'offre de soins à un malade nécessitant des traitements coûteux pour des raisons budgétaires ?» (ainsi que l'Angleterre avait envisagé un temps de le faire: plus de dialyse au-delà d'un certain âge, pas de traitement du cancer du poumon si vous étiez fumeur, etc) a été très officiellement posée en France, et que le Comité consultatif national d'éthique y a très sérieusement répondu.

Je vous laisse savourer le résumé de Gérard Bieth:

[La] question [a été] posée en 2004 par l'ex-directrice générale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris au Comité consultatif national d'éthique. Ce dernier a rendu un avis très prudent après trois ans de réflexion.
Le CCNE émet un certain nombre de recommandations, notamment :
- de réintégrer la dimension éthique et humaine dans les dépenses de santé, afin de permettre à l'hôpital de remplir de manière équilibrée l'ensemble de ses missions, et pas uniquement les plus techniques ou les plus spectaculaires.
- d'adapter les échelles d'évaluation des activités en vue de traiter de manière appropriée les différentes missions de l'hôpital.
- de se réinterroger sur la mission primaire essentielle de l'hôpital qui a dérivé vers un service public, industriel et commercial débouchant sur un primat absolu donné à la rentabilité économique.
- d'ouvrir l'hôpital à une dimension réunissant le "sanitaire" et le "social" (dépendance, adolescence, précarité etc.), en promouvant autour de la personne une meilleure coopération de l'hôpital avec des structures extérieures (soins de longue durée, HAD, ...)
- de s'assurer du maintien du lien social pour éviter que la personne ne sombre dans l'exclusion une fois le diagnostic fait et le traitement entrepris.
- ou encore de rendre aux arbitrages leur dimension politique, sans les déléguer aux seuls responsables hospitaliers.
En conclusion, le CCNE estime que "la garantie d'un accès juste aux soins de qualité n'est pas en contradiction avec une rigueur économique. L'adaptation permanente de l'offre de soins aux besoins démographiques, aux modifications épidémiologiques, aux progrès technologiques justifient plus que dans n'importe quelle activité humaine des choix clairs, courageux, explicites aux yeux des citoyens, et en même temps susceptibles d'être sans cesse remis en question en gardant comme objectif central le service rendu aux plus vulnérables".

L'Avis n° 101 - Santé, éthique et argent : les enjeux éthiques de la contrainte budgétaire sur les dépenses de santé en milieu hospitalier est disponible ici.

(Si je comprends bien, la réponse est non, malgré tout.)

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