jeudi 8 octobre 1992
Réunion de crèche
Par Alice, jeudi 8 octobre 1992 à 14:17 :: 1992
Je place ceci le 8 octobre: naissance le 1er juin: dix semaines de congés maternité, quatre pour allaitement, quelques congés payants : ce doit être à peu près la bonne période. Cela permet de faire un compte rond avec la réunion de rentrée de terminale de O. le 8 octobre 2015, vingt-trois ans plus tard.
Cette réunion parents-assistantes maternelles avait été assez agaçante car je croyais peu au "projet pédagogique" avec des enfants de trois mois à trois ans. (Et l'odeur entêtante des couches et du désinfectant hante mes rêves. Je détestais cela, je détestais entrer dans les locaux, je détestais les jouets baveux, j'avais horreur de laisser mon bébé là -dedans. Tous ces crève-cœurs silencieux que je n'avais pas le droit de dire. Je pensais à Zola et à la mine pour me dire que cela aurait pu être pire. Piètre consolation. Je crois que je m'en veux encore de ne pas l'avoir sorti de là , ne pas avoir pris un congé parental. J'avais la tête farcie "d'une loyauté due à l'employeur" qui vingt ans plus tard me paraît infiniment ridicule: vingt ans plus tard, je sais que mon bébé est allé en crèche par loyauté envers une entreprise qui ne sait même pas que j'ai existé. Quel manque de justesse dans l'évaluation de l'essentiel.)
Les employées de la crèche étaient gentilles (je crois que celle qui s'occupait de Clément s'appelait Sylvie, je me souvient de sa silhouette et de sa tête), la directrice était une maîtresse femme qui boîtait à cause de la polio. Je ne l'aimais pas. Elle savait toujours tout mieux que nous («votre enfant a faim», m'a-t-elle dit un jour. Mais après que j'eus expliqué que je l'allaitais encore, elle était satisfaite: et pourtant, si mon enfant avait faim, que je l'allaite ou pas ne changeait rien, si? Soit il avait faim, soit il n'avait pas faim, c'était indépendant de ce que je pouvais expliquer. Mais allaiter, c'était bien, moralement irréprochable. Quelle hypocrisie, quelle manque de logique.)
Cette réunion parents-assistantes maternelles avait été assez agaçante car je croyais peu au "projet pédagogique" avec des enfants de trois mois à trois ans. (Et l'odeur entêtante des couches et du désinfectant hante mes rêves. Je détestais cela, je détestais entrer dans les locaux, je détestais les jouets baveux, j'avais horreur de laisser mon bébé là -dedans. Tous ces crève-cœurs silencieux que je n'avais pas le droit de dire. Je pensais à Zola et à la mine pour me dire que cela aurait pu être pire. Piètre consolation. Je crois que je m'en veux encore de ne pas l'avoir sorti de là , ne pas avoir pris un congé parental. J'avais la tête farcie "d'une loyauté due à l'employeur" qui vingt ans plus tard me paraît infiniment ridicule: vingt ans plus tard, je sais que mon bébé est allé en crèche par loyauté envers une entreprise qui ne sait même pas que j'ai existé. Quel manque de justesse dans l'évaluation de l'essentiel.)
Les employées de la crèche étaient gentilles (je crois que celle qui s'occupait de Clément s'appelait Sylvie, je me souvient de sa silhouette et de sa tête), la directrice était une maîtresse femme qui boîtait à cause de la polio. Je ne l'aimais pas. Elle savait toujours tout mieux que nous («votre enfant a faim», m'a-t-elle dit un jour. Mais après que j'eus expliqué que je l'allaitais encore, elle était satisfaite: et pourtant, si mon enfant avait faim, que je l'allaite ou pas ne changeait rien, si? Soit il avait faim, soit il n'avait pas faim, c'était indépendant de ce que je pouvais expliquer. Mais allaiter, c'était bien, moralement irréprochable. Quelle hypocrisie, quelle manque de logique.)