vendredi 15 juin 2012
Danielle craque
Par Alice, vendredi 15 juin 2012 à 23:43 :: 2012
… et cela me fait plaisir, car cela prouve que je ne suis pas folle. Quand vous êtes la seule à protester contre des agissements et une situation qui ont lieu au sein d'un groupe, il y a toujours un moment où vous vous demandez si vous êtes folle, complètement parano, si le problème, finalement, ce ne serait pas vous, dans la mesure où vous êtes la seule à protester.
Imperturbablement, malgré la vente, mon patron aidé de son consultant unique et favori a lancé un «plan de continuité d'activité», ce qui consiste à peu près à décider comment continuer à travailler si les bâtiments brûlent ou si les deux tiers des salariés meurent dans une épidémie. Il refuse de prendre en compte le fait que les équipes vont être fondues dans une organisation plus grande tandis que nos locaux ne seront plus ceux-ci (ce qui a tout de même son importance quand on commence à compter les imprimantes et les téléphones).
Le consultant et Danielle (ma collègue) vont à cet effet interviewer les patrons de service. Je suis émerveillée par la courtoisie de tous ces managers, interloqués par l'obstination de mon patron (ils sont un niveau hiérarchique plus bas, mais n'en dépendent pas) mais aimables avec Danielle et P. [le consultant], se permettant tout au plus de faire remarquer que puisque tout cela ne servira à rien, ils vont répondre rapidement car ils ont d'autres chats à fouetter (ce qui dans un contexte de rachat peut se comprendre).
Danielle me raconte le consultant, ses questions, sa façon d'écouter un manager lui expliquer très précisément son métier et ses contraintes, et de reprendre imperturbablement après vingt minutes de discours: «Alors, je mets 50 ou 60 dans cette case?»
Danielle exaspérée en sortant d'un entretien me dit: «J'ai pensé à ma grand-mère. Elle était d'une famille bourgeoise, elle avait des domestiques. Un jour, une petite bonne, Angèle, lui demanda:" Madame, est-ce que je peux ouvert la fenêtre?" Et ma grand-mère de commencer à lui expliquer, grammaire, conjugaison, l'importance de l'éducation, etc. Au bout de vingt minutes, ma grand-mère termine, et Angèle demande: "Mais Madame, vous ne m'avez toujours pas dit si je peux l'ouvert".»
Et Danielle de conclure: «Quand je vois P. répondre à J. [le manager], qui vient de lui expliquer son boulot pendant vingt minutes, je pense à Angèle, dit-elle, prenant une petite voix sotte: mais madame, est-ce que je peux l'ouvert?»
Et moi je ris, soulagée de constater que je n'avais pas rêvé, j'avais bien vu ce que j'avais vu et mes conclusions, bien que rapides, étaient adéquates.
Imperturbablement, malgré la vente, mon patron aidé de son consultant unique et favori a lancé un «plan de continuité d'activité», ce qui consiste à peu près à décider comment continuer à travailler si les bâtiments brûlent ou si les deux tiers des salariés meurent dans une épidémie. Il refuse de prendre en compte le fait que les équipes vont être fondues dans une organisation plus grande tandis que nos locaux ne seront plus ceux-ci (ce qui a tout de même son importance quand on commence à compter les imprimantes et les téléphones).
Le consultant et Danielle (ma collègue) vont à cet effet interviewer les patrons de service. Je suis émerveillée par la courtoisie de tous ces managers, interloqués par l'obstination de mon patron (ils sont un niveau hiérarchique plus bas, mais n'en dépendent pas) mais aimables avec Danielle et P. [le consultant], se permettant tout au plus de faire remarquer que puisque tout cela ne servira à rien, ils vont répondre rapidement car ils ont d'autres chats à fouetter (ce qui dans un contexte de rachat peut se comprendre).
Danielle me raconte le consultant, ses questions, sa façon d'écouter un manager lui expliquer très précisément son métier et ses contraintes, et de reprendre imperturbablement après vingt minutes de discours: «Alors, je mets 50 ou 60 dans cette case?»
Danielle exaspérée en sortant d'un entretien me dit: «J'ai pensé à ma grand-mère. Elle était d'une famille bourgeoise, elle avait des domestiques. Un jour, une petite bonne, Angèle, lui demanda:" Madame, est-ce que je peux ouvert la fenêtre?" Et ma grand-mère de commencer à lui expliquer, grammaire, conjugaison, l'importance de l'éducation, etc. Au bout de vingt minutes, ma grand-mère termine, et Angèle demande: "Mais Madame, vous ne m'avez toujours pas dit si je peux l'ouvert".»
Et Danielle de conclure: «Quand je vois P. répondre à J. [le manager], qui vient de lui expliquer son boulot pendant vingt minutes, je pense à Angèle, dit-elle, prenant une petite voix sotte: mais madame, est-ce que je peux l'ouvert?»
Et moi je ris, soulagée de constater que je n'avais pas rêvé, j'avais bien vu ce que j'avais vu et mes conclusions, bien que rapides, étaient adéquates.