vendredi 29 février 2008
Semaine 9
Par Alice, vendredi 29 février 2008 à 21:51 :: 2008
dimanche 24 février
Matinée dans les casseroles en écoutant Edwards (je crois, à vérifier (quand trouver le temps de mettre de l'ordre dans mon iTunes?)) sur le Graal. Non, peut-être pas Edwards, car avant j'en ai écouté un autre dont l'intitulé du cours était "En écoutant la littérature": lequel des deux était Edwards? Intéressante remarque sur Racine monté à Chicago en prose voire en slang, dans un hôpital, avec Phèdre nue buvant du coca (je mélange un peu tout, mais c'est le principe, il n'y a qu'à aller chercher dans les podcasts): qu'est-ce qui résiste dans le texte à toute manipulation? Pourquoi cela suscite-t-il toujours autant d'enthousiasme, pourquoi Shakespeare plaît-il autant en Afrique, par exemple?
J'ai pensé à cette réflexion de Nabokov dans Feu pâle: «Je voudrais que vous vous émerveilliez non seulement de ce que vous lisez, mais du miracle que cela soit lisible». (commentaire du v.991).
Tout serait à commenter tandis que je repense à ces cours. Je m'aperçois que les podcasts n'ont plus l'air en ligne. Je ne peux tout de même pas les retranscrire…
Mes parents et mes nièces à déjeuner. Nous ne nous sommes pas disputés. Les Anouilh en pléiade pour mon anniversaire. Gallimard se met au marketing même pour sa collection la plus prestigieuse. (Je me souviens de Borges: «La Pléiade, c'est mieux que le prix Nobel, non?») J'ai lu tant d'Anouilh chez Pascale. Les deux tiers, apparemment. Je ne me souviens pas de grand chose. Le début autobiographique des Poissons rouges (les livres dans le sac à dos durant la débâcle (je crois. A vérifier, toujours. S'il ne fallait écrire que des choses avérées… Ces notes seront de vraies notes, c'est-à -dire non vérifiées.))
Encore un CV à présenter de deux façons différentes. Dieu que je n'ai pas envie de le faire. Demain, on verra demain. Je me remets à Proust.
mardi 26 février
Une vraie journée comme je les aime. Déjeuner avec T. Histoire de trésor. Raconter des histoires, les mecs ne sauront jamais tout ce qu'ils ont à gagner à raconter des histoires (enfin, T. semble le savoir!). Karen Blixen sur des coussins, en train de raconter à Redford dans Out of Africa: «dans une rue de Hong-Kong habitait une jeune fille…» Cette fatalité de toujours finir par parler de cul, parce que finalement, c'est la seule chose qui compte, le cœur du monde, la seule chose qu'on aimerait comprendre et dont on ne peut jamais vraiment parler à /avec un tiers, parce qu'on met toujours en cause plus que soi.
Après-midi Compagnon, 19h40 entretien d'embauche, c'est loin Boulogne, je n'irai pas à Boulogne, que c'est loin, la jeune fille est jolie, et jeune, et j'ai si peu de choses à dire, et toujours au bord de raconter des histoires, encore, parce que c'est la trame des vies.
Je déplace le rendez-vous avec R., Beaubourg plutôt que Convention, il est trop tard et c'est trop excentré, je n'arriverai jamais à avoir mon train ensuite. R. est très en retard, perdu, je lis Vile bodies pratiquement dans le noir, j'ai cassé mes lunettes, ou plutôt mes lunettes se sont cassées. Je mange un fromage blanc aux amandes. Il me reste 27 centimes.
R. arrive, que dit-on à quelqu'un qu'on n'a vu qu'un soir, le temps d'un rire et un peu plus, il y a plus de deux ans? Pas de nouvelles depuis, et puis un mail lundi soir: «Tiens, il n'est plus avec sa copine, il tente sa chance», ai-je pensé. Curieuse. Mais bon ça va, intéressant, gentil, belle voix, et pas à cran comme je le craignais. — J'ai pris vingt-cinq kilos. — Moi quatre. Rires. Coup d'œil. Ça ne se voit pas, tu as l'air en forme. Et toujours cette oscillation des hommes, qui aimeraient les femmes plus libres, sauf leur copine, ou leur femme… Que dire? Et une autre histoire de grand-père. «— Ça tu ne le racontes pas. — J'ai une autre contrainte, mon fils me lit.» Nous rions.
Gare de Lyon après le dernier train, l'arrêt de bus a changé de place, le temps que je le trouve, le bus de 1h00 est parti, il faut attendre celui de 1h30, heureusement il ne fait pas froid. J'ai sommeil, je rentre à 2h22.
mercredi 27 février
Je fais remplacer mes lunettes. Demain je dois revoir R. Acheté deux cadeaux sur trois pour le Noël (! je sais, je sais) des garçons S. Mal au pied. Je lis Asking for the Moon. La dame qui me fait le paquet cadeau aux Galeries Lafayettes, sous ses airs de dragon, est attentive et prévenante: «C'est pour un garçon ou une fille? — Un garçon. — C'est pour savoir si je mets beaucoup de ruban, les garçons font parfois une allergie au ruban.» Ah.
vendredi (ce soir)
Que faire de ce post (écrit au fur à mesure des dates)? Le redécouper, le redistribuer selon les jours? Finalement je n'aime pas beaucoup pour moi-même la forme de journal anté-chronologique. C'est sans doute pour cela que je ne peux/pourrais pas faire d'un blog un journal. Un journal, je l'écris de haut en bas, pas de bas en haut, il me faut de l'épaisseur. Je ne flotte pas sur le temps, je me laisse couler.
Revu R. hier soir. Longue errance derrière Montparnasse à la recherche de ruelles, il n'y en a plus beaucoup, Vaugirard, Cherche-Midi, Falguière, par hasard l'impasse où Brassens composa ses premières chansons, nous vivons un Paris imaginaire et égrainons les noms, San-Antonio, Maigret, Léo Malet, le travail de R. sur le Poulpe, l'extrême-gauche, l'extrême-droite, nous mélangeons les époques, que c'est facile de parler avec quelqu'un qu'on ne connaît pas si l'on dispose d'un socle suffisant de lectures communes, Reiser, comment faire de la caricature aujourd'hui, était-il plus facile de se moquer sous Pompidou qu'aujourd'hui sous Sarko, le SM, Marie L., nous dérivons, «Camus m'aura vraiment fait faire n'importe quoi…? T'es gonflé!», nous avons trop marché et R. fume trop, je suis impressionnée, il y avait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un fumer autant.
Je suis en vacances ce soir, tant mieux, je ne supporte plus de devoir m'habiller pour aller travailler, je ne supporte plus d'être en représentation permanente, je ne supporte plus le théâtre, j'ai envie de rire.
Je me souviens du 29 février précédent.
Matinée dans les casseroles en écoutant Edwards (je crois, à vérifier (quand trouver le temps de mettre de l'ordre dans mon iTunes?)) sur le Graal. Non, peut-être pas Edwards, car avant j'en ai écouté un autre dont l'intitulé du cours était "En écoutant la littérature": lequel des deux était Edwards? Intéressante remarque sur Racine monté à Chicago en prose voire en slang, dans un hôpital, avec Phèdre nue buvant du coca (je mélange un peu tout, mais c'est le principe, il n'y a qu'à aller chercher dans les podcasts): qu'est-ce qui résiste dans le texte à toute manipulation? Pourquoi cela suscite-t-il toujours autant d'enthousiasme, pourquoi Shakespeare plaît-il autant en Afrique, par exemple?
J'ai pensé à cette réflexion de Nabokov dans Feu pâle: «Je voudrais que vous vous émerveilliez non seulement de ce que vous lisez, mais du miracle que cela soit lisible». (commentaire du v.991).
Tout serait à commenter tandis que je repense à ces cours. Je m'aperçois que les podcasts n'ont plus l'air en ligne. Je ne peux tout de même pas les retranscrire…
Mes parents et mes nièces à déjeuner. Nous ne nous sommes pas disputés. Les Anouilh en pléiade pour mon anniversaire. Gallimard se met au marketing même pour sa collection la plus prestigieuse. (Je me souviens de Borges: «La Pléiade, c'est mieux que le prix Nobel, non?») J'ai lu tant d'Anouilh chez Pascale. Les deux tiers, apparemment. Je ne me souviens pas de grand chose. Le début autobiographique des Poissons rouges (les livres dans le sac à dos durant la débâcle (je crois. A vérifier, toujours. S'il ne fallait écrire que des choses avérées… Ces notes seront de vraies notes, c'est-à -dire non vérifiées.))
Encore un CV à présenter de deux façons différentes. Dieu que je n'ai pas envie de le faire. Demain, on verra demain. Je me remets à Proust.
mardi 26 février
Une vraie journée comme je les aime. Déjeuner avec T. Histoire de trésor. Raconter des histoires, les mecs ne sauront jamais tout ce qu'ils ont à gagner à raconter des histoires (enfin, T. semble le savoir!). Karen Blixen sur des coussins, en train de raconter à Redford dans Out of Africa: «dans une rue de Hong-Kong habitait une jeune fille…» Cette fatalité de toujours finir par parler de cul, parce que finalement, c'est la seule chose qui compte, le cœur du monde, la seule chose qu'on aimerait comprendre et dont on ne peut jamais vraiment parler à /avec un tiers, parce qu'on met toujours en cause plus que soi.
Après-midi Compagnon, 19h40 entretien d'embauche, c'est loin Boulogne, je n'irai pas à Boulogne, que c'est loin, la jeune fille est jolie, et jeune, et j'ai si peu de choses à dire, et toujours au bord de raconter des histoires, encore, parce que c'est la trame des vies.
Je déplace le rendez-vous avec R., Beaubourg plutôt que Convention, il est trop tard et c'est trop excentré, je n'arriverai jamais à avoir mon train ensuite. R. est très en retard, perdu, je lis Vile bodies pratiquement dans le noir, j'ai cassé mes lunettes, ou plutôt mes lunettes se sont cassées. Je mange un fromage blanc aux amandes. Il me reste 27 centimes.
R. arrive, que dit-on à quelqu'un qu'on n'a vu qu'un soir, le temps d'un rire et un peu plus, il y a plus de deux ans? Pas de nouvelles depuis, et puis un mail lundi soir: «Tiens, il n'est plus avec sa copine, il tente sa chance», ai-je pensé. Curieuse. Mais bon ça va, intéressant, gentil, belle voix, et pas à cran comme je le craignais. — J'ai pris vingt-cinq kilos. — Moi quatre. Rires. Coup d'œil. Ça ne se voit pas, tu as l'air en forme. Et toujours cette oscillation des hommes, qui aimeraient les femmes plus libres, sauf leur copine, ou leur femme… Que dire? Et une autre histoire de grand-père. «— Ça tu ne le racontes pas. — J'ai une autre contrainte, mon fils me lit.» Nous rions.
Gare de Lyon après le dernier train, l'arrêt de bus a changé de place, le temps que je le trouve, le bus de 1h00 est parti, il faut attendre celui de 1h30, heureusement il ne fait pas froid. J'ai sommeil, je rentre à 2h22.
mercredi 27 février
Je fais remplacer mes lunettes. Demain je dois revoir R. Acheté deux cadeaux sur trois pour le Noël (! je sais, je sais) des garçons S. Mal au pied. Je lis Asking for the Moon. La dame qui me fait le paquet cadeau aux Galeries Lafayettes, sous ses airs de dragon, est attentive et prévenante: «C'est pour un garçon ou une fille? — Un garçon. — C'est pour savoir si je mets beaucoup de ruban, les garçons font parfois une allergie au ruban.» Ah.
vendredi (ce soir)
Que faire de ce post (écrit au fur à mesure des dates)? Le redécouper, le redistribuer selon les jours? Finalement je n'aime pas beaucoup pour moi-même la forme de journal anté-chronologique. C'est sans doute pour cela que je ne peux/pourrais pas faire d'un blog un journal. Un journal, je l'écris de haut en bas, pas de bas en haut, il me faut de l'épaisseur. Je ne flotte pas sur le temps, je me laisse couler.
Revu R. hier soir. Longue errance derrière Montparnasse à la recherche de ruelles, il n'y en a plus beaucoup, Vaugirard, Cherche-Midi, Falguière, par hasard l'impasse où Brassens composa ses premières chansons, nous vivons un Paris imaginaire et égrainons les noms, San-Antonio, Maigret, Léo Malet, le travail de R. sur le Poulpe, l'extrême-gauche, l'extrême-droite, nous mélangeons les époques, que c'est facile de parler avec quelqu'un qu'on ne connaît pas si l'on dispose d'un socle suffisant de lectures communes, Reiser, comment faire de la caricature aujourd'hui, était-il plus facile de se moquer sous Pompidou qu'aujourd'hui sous Sarko, le SM, Marie L., nous dérivons, «Camus m'aura vraiment fait faire n'importe quoi…? T'es gonflé!», nous avons trop marché et R. fume trop, je suis impressionnée, il y avait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un fumer autant.
Je suis en vacances ce soir, tant mieux, je ne supporte plus de devoir m'habiller pour aller travailler, je ne supporte plus d'être en représentation permanente, je ne supporte plus le théâtre, j'ai envie de rire.
Je me souviens du 29 février précédent.