Alice du fromage

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Billets qui ont 'compétition' comme mot-clé.

jeudi 24 février 2022

L'entrainement

Je quitte Vincennes tout de suite après le bureau. JM me récupère à la gare de Fontainebleau à deux heures. Il fait un grand soleil.

Nous n'avons pas encore réussi à ramer ensemble avant Mâcon. C'est tout de même les championnat de France. Je suis hallucinée de temps de légèreté, quand je sais à quel entraînements durs se soumettent les équipages du CNF.

Nous aurons donc un entraînement ensemble. Pas davantage, car JM ne pouvait pas être là, pour raisons familiales et Sylvie ne pourra pas être là après.

Nous bénéficions d'un beau quatre, qui a le défaut d'avoir la barre au pied de la nage. C'est conçu pour un deux mille mètres, où il est inutile de se retourner: il suffit de se repérer aux bouées devant soi, les couloirs sont droits. Mais pour un huit mille sur un parcours légèrement en courbe, dont un demi-tour à effectuer à la moitié, c'est plus difficile à maîtriser.

Nous descendons (sens du courant) vers Fontaine-le-Port, puis effectuons un deux mille mètres en remontant. Ça me paraît très long. Il y a du vent, il fait un peu froid, je remets un pull. Bien m'en prend: il se met à tomber une pluie fine et glacée, de plus en plus abondante, mêlée de grêle fondue.
Nous arrivons au ponton trempés et glacés.

Je rentre à la maison me changer et me réchauffer puis je repars à Samois : ce soir il y a remise du trophée de l'espoir à Cornélus Palsma par le comité départemental olympique et sportif, le conseil départemental et le Crédit agricole. C'est un jeune rameur de 22 ans originaire de Fontainebleau, vice-champion du monde en quatre poids léger.

La cérémonie commence mal: comme c'est les vacances, l'intendance n'a pas suivi et personne n'a les clés de la salle. Nous battons le pavé un temps bien trop long avant d'entrer dans la même salle qui nous avait accueillis pour le tajine du premier novembre. Discours des trois parties invitantes, réponse du jeune homme qui se tire bien de l'exercice, photos. Pas d'intendance donc pas de verre de l'amitié ni cacahuètes, c'est tristoune.

Cornelus Palsma entouré de l'ANFA - février 2022

samedi 19 juin 2021

Proposition

Sybille n'ayant pas de voiture, je l'emmène au club. Elle n'assume pas tout à fait la décapotable rouge. Nous avons le projet de faire un quatre, mais Sylvain n'arrive pas. Jean-Paul et Sybille partent en deux de couple, je sors en skiff. Je peine mais je suis plutôt contente de ne pas me faire rattrapper par le huit de couple (que j'ai remonté pendant qu'il était à l'arrêt). Relativisons, c'est un huit qui aurait dû former deux yolettes, c'est une très mauvaise idée de faire du huit sans le niveau technique requis, c'est un bateau difficile.

Il y a peu de «rameurs d'hiver», beaucoup de nouvelles têtes en ce premier jour sans masque depuis que je suis arrivée au club en août. Les habitués me manquent.

Nous rentrons. Je passe à Fontainebleau pour récupérer le traditionnel repas japonais.
Fatalitas, un homme est passé prendre ma commande! Incompréhensible.
Le restaurant me propose d'en préparer une autre, je ramène Serena à Moret pour ne pas la faire attendre et reviens.

En voiture Sybille me propose soudain: «Nous avons pensé à un 4 Master avec Jean-Paul, Sylvain et moi. Tu serais partante?»
Je réponds oui, avec naturel.
Intérieurement c'est comme un matin de Noël à quatre ans, je n'ose y croire.
— Pourquoi pas Fleur ? (jeune femme récemment arrivée au club, ancienne compétitrice.)
— Elle a 27 ans, elle nous tire vers le bas.
— J'ai 54 ans.
— Jean-Paul 62, Sylvain 58 (incroyable) et moi 46.

Bon, si ça se concrétise, ce sera un vrai coup de bonheur. Je n'y crois pas totalement, ce qui est un tort, car ne pas croire empêche d'advenir.

samedi 29 février 2020

L'attente

Que de boue…
Les remorques stationnent dans un champ détrempé, creusé par les tracteurs qui les y amènent. Note pour l'année prochaine: venir en bottes.

Nous avons rendez-vous à dix heures et demie pour remonter les bateaux.




Clé de 10, clé de 13, descendre les coques de la remorque (nous les filles sommes bien trop petites, quatre étages de bateaux), les mettre sur tréteaux, resolidariser les huits qui ont été coupés pour le transport (deux tiers un tiers, un quart trois quart, j'ai appris la semaine dernière que tous les huits n'étaient pas coupés à l'identique), remonter les portants, régler les hauteurs et les barres de pied.
Nous tranportons nos seize pelles au ponton, il n'y a plus qu'à attendre: nous courons dans la deuxième manche, à trois heures et demie.

Nous rentrons au chaud dans le club house. Sandwich, pâtes, tarte. Je contemple par la fenêtre les huits qui montent au départ. Comme le canal est étroit, tous les bateaux montent d'abord, les derniers à courir en premier pour être le plus au fond. Quand tous les concurrents sont arrivés, ils prennent le départ deux à deux en ordre inverse, les derniers arrivés les premiers à partir (méthode lifo en comptabilité: last in, first out).
C'est une méthode qui assure la sécurité (tous les bateaux vont dans le même sens, pas de croisement) mais qui fait que les derniers à courir ont froid très longtemps puisqu'ils sont les premiers à atteindre le départ et les derniers à le prendre.

Je contemple au chaud de la fenêtre les huits sous la pluie, dans le vent. Il y a énormément de vent qui creuse des vagues sur le canal, il pleut à verse. C'est long. Nous discutons, papotons, entre filles, avec l'équipage des garçons. Il faut tromper le stress, l'attente, il faut donner des consignes au barreur, ne pas se déconcentrer, ne pas s'engourdir ni se ramollir parce que dans quelques minutes, une heure, ce sera notre tour de sortir dans le vent et la pluie pour ramer cinq kilomètre, vingt-deux, vingt-cinq minutes. Je suis à la nage, la responsabilité est la mienne.

Je contemple le canal, j'ai peur de louper l'appel, j'appréhende de porter le bateau du champ jusque sur le ponton. Je vois des huits apponter, je ne comprends pas, la course a-t-elle eu lieu, des bateaux sont-ils passés? je n'ai rien vu, pas entendu de cris d'encouragement, ai-je perdu la notion du temps à ce point?

Une rumeur court: un huit de jeunes s'est retourné, la première manche est annulée, les bateaux reviennent.
Attente. Une décision doit être prise pour la seconde manche, la nôtre. C'est une lourde décision, des équipages sont venus de Milan, du Canada. Attente, il ne faut pas se déconcentrer malgré le peu d'envie de sortir dans le froid le vent la pluie.
Brouhaha. Annonce en flamand. What? Silence, concentration sur le filet de voix. Annonce en français. C'est annulé pour aujourd'hui.

Confusion. Monter ou démonter les huits, qui est disponible pour courir demain, la course va-t-elle être reportée, fera-t-il meilleur demain? Les organisateurs prendront leur décision à quatre heures.
En attendant, retour dans le champ pour monter les bateaux des Masters qui courent demain: deux doubles et un quatre. Problème de barres de force. Comme s'il avait obtenu satisfaction, le soleil apparaît par moments; le vent s'est calmé à quelques bourrasques près.

Il fait froid, tout est mouillé. Note pour l'année prochaine: prévoir beaucoup plus de chaussettes et de sous-pull et sous-vêtements chauds dits "techniques". Quelqu'un me donne le nom d'une marque, Ogarun: «c'est cher mais naturel, et puis fabriqué en France. On peut transpirer, ça ne sent pas mauvais. Ça fait un beau cadeau pour un jeune.»

Quatre heures, la décision tombe: les huits volontaires courront demain, à dix heures trente. Nous devons donner notre réponse, confirmer notre présence. Qui sera là, y a-t-il des rameurs qui repartent avant? Des équipages déclarent forfait car leur remorque repart dès ce soir. Les garçons s'organisent, je déplace la visite guidée de Bruges programmée à neuf heures demain. Je rentre à l'hôtel me réchauffer.

Le soir, nous dînons dans la même brasserie que l'année dernière. Débat sur un pipeline destiné à amener la bière: 5000 litres/heure annonce fièrement la carte. H. ne veut pas y croire: «C'est une blague, il n'y a pas assez de clients pour ce débit.»
Nous aurons l'explication le lendemain: ce n'est pas pour amener, mais emmener la bière qu'a été construit le pipeline. Il s'agit d'une brasserie au sens propre, d'un lieu de production, et le tuyau évite d'utiliser des camions dans le centre historique.

L'un des rameurs est corse et me remplit d'étonnement tant il correspond aux clichés d'Astérix en Corse: «Maintenant que j'ai fini cette demi-dalle, je vais balayer la demi-dalle suivante».
Caroline résume d'un lapidaire: «Ah oui, ça ne te dérange pas de parler pendant que les autres travaillent».

samedi 28 avril 2018

Dix-huit kilomètres

Entraînement à neuf heures. Equipage au complet. Puis démontage du bateau pour le mettre sur la remorque. Vincent a indiqué la stratégie : changement nage-barreur à chaque demi-tour (deux), une qui tient l'équilibre, deux en charge de faire tourner le bateau. Donc Agathe va être la nage la moitié du temps car je souhaite qu'Anne-Sophie soit à la nage les derniers kilomètres: elle apaise le bateau et le cadence. Et elle a un mental d'acier, ce qui est essentiel quand nous serons épuisées.
Or Agathe ne s'est pas beaucoup entraînée puisqu'elle avait une entorse au genou (enfin, finalement non, plus de peur que de mal. Mais elle s'est moins entraînée. D'un autre côté c'est la plus jeune d'entre nous, elle en a moins besoin à priori).

Une heure de l'après-midi. Restaurant pour ne pas faire le trajet le ventre vide, Mavrommatis de Passy, retour à la maison.

Vincent nous a envoyé un extrait de la liste des participants. Dossard 34. Nous ne sommes que trois yolettes de femmes, le plus lent des bateaux: des yolettes et des femmes. (Il y a des yolettes d'hommes, des quatre avec et sans barreurs et des huit, hommes, femmes, mixtes).
Trois yolettes féminines dont une de l'X. Des jeunes donc, à l'entraînement militaire…
Bref, je ne suis pas d'un optimisme démesuré. Mathématiquement nous devrions faire le plus mauvais temps ou l'avant-dernier. Tout dépendra du niveau technique des autres.

Muscles brûlants. Comment dormir ?

jeudi 26 avril 2018

A la nage

Entraînement le midi, nous sommes trois (Anne et Anne-Sophie). Yann et ?? pour compléter la yolette. Je pense que nous les avons fatigués.
J'étais à la nage. Ce n'est pas ma place, je me pose trop de questions. «Tu gamberges trop» disait René du temps de ma jeunesse.

samedi 21 avril 2018

Sortie à trois

Retour à La Défense un samedi : entraînement oblige. Anne, Anne-Sophie, moi. Amandine et ?? pour compléter. Trois tours d'île de la Jatte.
Mal au dos. Pourvu que cela ne tourne pas comme l'année dernière. Demain seules Anne et moi aurions été disponibles. Nous ne pourrons pas ramer car nous n'avons pas trouvé de rameurs pour compléter le bateau. Tant mieux, ça me laisse du temps pour récupérer.

Retour de O. Il a fait exceptionnelllement beau cette semaine, il a eu de la chance pour son stage BAFA.

jeudi 19 avril 2018

Sortie à cinq

Pour la première fois nous étions cinq pour nous entraîner. Découvert Isabel. J'ai pris la nage. Je n'aime pas cela, je ne suis pas assez sûre de moi.
Agathe a une entorse au genou. Elle ne peut plus ramer. Voilà qui répond aux interrogations concernant les changements de barreur.

H. doit travailler avec les voisins à une solution marketing d'envoi de mails. Je décide donc d'aller voir Dans la brume. Pas mal. J'avais lu des critiques qui disaient que la fin aurait dû être creusée, il serait plus juste de dire qu'il n'y a pas de fin, un peu comme Cloverfield.

Je m'arrête chez Prêt à manger et ramène soupe et sandwich pour H. et moi.

mardi 21 mars 2017

Abandon

Je suis allée travailler, par flemme d'aller chez le médecin et par conscience professionnelle: la période de clôture du bilan n'est pas le meilleur moment pour s'arrêter.
La difficulté, c'est surtout les transports en commun. La position assise et toutes les transitions, debout assis, assis debout, sont douloureuses. Il ne faut pas que je sois bousculée, je ne suis pas sûre de ne pas tomber.

Dès le lever, j'ai su que c'était fichu, j'avais encore trop mal: dans l'après-midi, j'ai envoyé un sms à Gwenaële pour dire que je ne pourrai pas faire la course samedi. La famille pousse un ouf de soulagement, ils n'ont pas compris je pense que je vise le week-end d'aviron du 1er avril… (pourvu que je puisse y aller). Je m'économise dans l'espoir d'avoir récupéré d'ici là. Dix jours. Cela sera-t-il suffisant?

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J. : accident de voiture.

dimanche 19 mars 2017

Coincée

En double avec Gwenaële. Nous n'aurons pas beaucoup préparé notre yolette.

J'ai de plus en plus mal au dos. De retour de Melun, je mets quelques minutes à sortir de la voiture, me hissant avec les bras, assurant mon équilibre sur mes pieds qui ne sentent plus mon poids.
Dans l'après-midi, la douleur se confirme. Je ne peux plus me plier, pas m'essuyer les jambes en sortant de la douche, pas enfiler de chaussettes. Toutes les transitions entre debout et assise me font mal, sont insupportables.
La famille se ligue contre moi pour me convaincre d'abandonner l'idée d'une compétition dans une semaine. Mais comment oser annoncer à mon équipage que je déclare forfait et bousiller le bateau?

Gentiment, A. me décoince les cervicales et confirme que j'ai le sacrum bloqué.
Sur doctolib nous réservons une séance d'ostéopathie pour le lendemain (je ne pensais pas en trouver dans un délai si court).

Je somnole toute l'après-midi. Impossible de toute façon de faire du ménage, et pas le courage de bloguer.

dimanche 12 mars 2017

Dimanche ordinaire

Rendez-vous, donc, à huit heures et quart. Le temps est radieux. Nous sommes tous à l'heure (je le note, car la plaie, ce sont ces rameurs jamais à l'heure, ces demi-heures perdues qui m'étaient indifférentes enfant alors qu'elles exaspéraient mon père). Nous nous entraînons à tourner serré autour des piles, c'est encourageant, nous sommes ensemble. O. comprend vite.

Faulkner en podcast. J'avais décapoté hier en rentrant (seize degrés), aujourd'hui il fait plus froid et il est plus tôt (six degrés), nous ne décapoterons qu'en arrivant à Yerres.

Marché avec H.
C. à déjeuner.
Soufflé au fromage (une spécialité qui supporte mal qu'on soit plus de quatre: il faut que l'appareil puisse gonfler, il n'est pas possible de multiplier les proportions. Il me faudrait des petits moules).

Je commence le premier tome d'Auchwitz et après.

Je ramène C. au terminus du tramway à Athis-Mons. C'est curieux, un avion qui atterrit au-dessus d'un cabriolet. Lévi-Strauss en podcast. Il adoptait tous les animaux qu'il trouvait, son bureau était sale, il fallait trouver des nourritures invraissemblables. Je ne savais pas que Lévi-Strauss avait fini par ramener les structures à celles de la musique occidentale du XVIe et XVIIe siècle, considérant qu'au moment où les mythes quittaient l'Occident, leurs structures s'étaient déposées dans la musique (tout cela très schématique, voir (entendre) le podcast "une vie une œuvre" pour plus d'exactitude dans la façon de l'exprimer).

samedi 11 mars 2017

Pataquès

Premier entraînement ensemble. A ma grande confusion, je m'aperçois que dans mon obsession de "faire un bateau de filles", j'avais lu Stéphanie pour Stéphane.
Le bateau avance bien. Son point faible risque d'être son barreur, un rameur de peu d'expérience qui ne semble pas se rendre compte que son poste est extrêmement important, d'autant que nous aurons deux virages serrés à accomplir. Il y aura également des décisions à prendre, choisir le chemin le plus court sans gêner les autres bateaux ou les mettre en danger… Notre barreur, que je n'avais jamais vu, paraît inconscient de ses responsabilités. Nous ne sommes pas sûrs non plus qu'il ait compris qu'il ne ramerait pas le jour de la course… Tout cela est embarrassant.

Demain, ayant catéchisme, j'ai demandé à nous entraîner tôt, dès huit heures, de façon à être revenue à Yerres à onze heures. C'est un sacrifice pour Stéphane qui travaille en équipe très tôt le matin en semaine (quatre heures, cinq heures du matin). Le barreur ne pourra pas être là, je pense à O. et m'engage à amener un barreur.

Sur le chemin aller, retour, j'écoute des podcasts, «une vie, une œuvre». Quand je connais l'auteur (Boulgakov, Faulkner) je n'apprends pas grand chose mais les nombreux extraits lus sont agréables, quand je ne connais pas l'auteur cela devient un formidable attiseur de curiosité. Ce matin, Ingeboch Bachmann, dont le nom ne m'évoque que sa mort (brûlée vive) et Une visite à Klagenfurt, livre feuilleté maintes fois sans jamais avoir été vraiment lu. Il me semble me souvenir qu'elle détestait sa ville et ne voulait pas y revenir — et qu'on l'y a enterrée (à vérifier). Berhnard, Bachmann, quelle détestation de l'Autriche. Pourra-t-on passer à Klagenfurt et devant la maison de Berhnard cet été? Est-ce deux points éloignés, séparés par des montagnes difficiles? Je me pencherai sur cela en mai.

O. ne montre aucun enthousiasme à se lever à six heures et demie pour barrer et me suggère de téléphoner à C. qui à ma grande surprise accepte aussitôt (mais après tout c'est le plus sportif de la famille) — ce qui suppose qu'il vienne dormir à la maison pour être à l'heure demain — tout en ajoutant au moment de raccrocher: «dis à O. de m'appeler s'il a des remords». Il avait raison, O. a des remords, il barrera. C. viendra malgré tout demain, pour déjeuner.

Je fainéante toute l'après-midi (je fais avec les tâches et l'étendue de temps disponible devant moi ce que faisait Pierrette avec son pot au lait) et ce n'est que vers le soir que j'envoie les sms aux parents pour leur rappeler le catéchisme (il faut dire que je n'ai pas envie d'envoyer ce sms, je ne le fais qu'à la demande d'Anne, l'animatrice de l'équipe (qui se désole que ses mails et sms ne soient pas lus davantage): je considère que les parents sont adultes et responsables, c'est à eux de tenir leur agenda). C'est alors que patatras: je reçois le coup de fil inquiet d'un parent qui ne comprend plus: j'ai indiqué onze heures, Anne a indiqué neuf heures demain matin, quelle est heure du rendez-vous?
Aaarghh, que se passe-t-il? J'appelle Anne, c'est bien neuf heures, elle veut faire écrire une prière universelle aux enfants.
Aaarghh bis, je déteste cela deux fois, écrire une prière universelle et la faire écrire par des enfants, c'est toujours l'animateur qui s'y colle, c'est totalement artificiel.
Aaarghh ter, et mon aviron, mais ce n'est pas possible! j'ai obligé quatre personnes à se lever aux aurores pour rien: car si c'est à neuf heures, soit j'annulais le catéchisme, soit j'annulais l'entraînement, il était impossible de faire les deux.
Très remontée, j'appelle Anne, nous comptons les enfants, beaucoup d'absents, elle me dit qu'elle les prendra dans son groupe, qu'elle prendra à la fois ce qui viendront à neuf heures et ceux qui viendront à onze heures. Je me sens très mal, sentiment de trahison par rapport aux enfants, sentiment de tromperie par rapport à Stéphane, culpabilité par rapport à Anne qui va me remplacer — et deux fois. Je lui dis de m'appeler quand elle change quelque chose, que je n'étais pas au courant; je suis très vive à mon habitude, je sens ma vivacité, ma fébrilité, et j'ai honte face à sa douceur tandis que je parle. Comment puis-je ne pas être plus tranquille, de toute façon c'est trop tard — et inconciliable. (Hervé me dit: "mais c'est toi qui rends service, tu n'as pas à t'excuser", ce qui ne fait qu'accroître mon malaise: comment expliquer cette impression radicale de manquer à sa parole, ce que je me suis reproché si souvent que je ne le supporte plus?)
Pour mettre le comble à ma culpabilité, je m'aperçois vers minuit qu'elle m'a écrit le 8 mars, j'aurais dû être au courant — je n'avais pas regardé mes mails depuis le 7. Je dors très mal.

(C'est dommage, la dernière fois j'ai terminé en catastrophe, je voulais revoir la période du Carême, leur parler des trois piliers de la foi, l'aumône, le jeûne, la prière (qui nous vient directement des juifs et qui est repris tel quel par les musulmans): ne jamais séparer le jeûne (le Carême) de l'aumône, il ne s'agit pas de s'affamer pour être vertueux, il s'agit surtout de se solidariser avec les plus pauvres.)

vendredi 3 mars 2017

Temps de référence

Dans le RER, debout, j'écoute (malgré moi: j'aurais aimé ne pas être obligée d'entendre) deux jeunes filles d'une vingtaine d'années discuter:
— Tu connais les gorges du Verdon? c'est super beau.
— Ah non, je ne connais rien en France. Je voyage dans le monde entier mais je ne connais rien en France.
— C'est super beau. Evidemment, en été c'est blindé de monde, mais j'y vais en octobre quand ma mère fait sa cure. Tiens, regarde. (Elle lui montre des photos)
— Wouahh, on dirait la Malaisie! Et comment on y va? Y a un aéroport? Un TGV?
Je me retiens de lui dire que s'il y avait un aéroport ou un TGV, ce serait sans doute moins beau, de même que la Malaisie était sans doute plus belle avant qu'elle y aille (ou pas? quel est l'apport du tourisme, cela pousse-t-il et permet-il plus de propreté, d'aménagements?)

La réunion d'encadrement est un flop. Quel ennui. Le nouveau directeur n'a pas jugé bon de se déplacer, de se montrer. La direction est un fantôme, une légende. Les gens ne se mobilisent pas pour des fantômes. On parle toujours de "l'homme providentiel" avec un sourire sarcastique. Cependant il faut admettre que c'est une réalité, un modèle qui a fait ses preuves. La difficulté, c'est ensuite; la transition, l'héritage. L'homme providentiel doit être capable de mettre en place des structures qui lui survivent (ils échouent tous : Périclès, Alexandre, Charlemagne, Frédéric II, Napoléon… Est-on en train de vivre le parachèvement de l'échec de de Gaulle? (c'est la force normative de l'Eglise: réussir à créer des structures pérennes autour d'hommes et de femmes qui marquent leur époque: St François, St Dominique, Ste Thérèse d'Avila, etc. Le politique peine à en faire autant. (Je laisse à d'autres le soin d'en étudier les raisons.)))

Après la réunion, je vais faire de l'ergo (il est trop tard pour monter en bateau, tout le monde est déjà sur l'eau). La course se compose de six kilomètres et demie sur l'eau puis cinq cent mètres d'ergo. En faisant aujourd'hui toute la distance à l'ergo j'obtiens des temps de référence.
Je fais les 6,5 km en 34'40'', soit 2'27 au 500 m. (Ne comparez pas, je ne le note que pour moi, c'est un temps d'une médiocrité ordinaire, un temps de "rameuse loisirs", mais je suis heureusement surprise: il y a un an j'avais du mal à faire deux kilomètres en dix minutes.)
Après cinq minutes de récupération, je fais les cinq cent mètres de sprint en 2'17 (eux se feront vraiment à l'ergo à Lagny, d'où le terme de biathlon: aviron/ergo).

mardi 28 février 2017

Compétition

Pas ramé hier (pluie verglacée), je ne ramerai pas jeudi et vendredi (conseil d'administration et réunion d'encadrement), il me reste aujourd'hui et demain.
Deux yolettes et un double. Vincent organise au débotté une course du ponton jusqu'au pont de Puteaux et retour.
Toute la difficulté est de négocier le virage autour de la pile du pont, passage obligé. Grâce à une manœuvre audacieuse qui nous permet de tourner au plus court (dépasser la pile perdenculairement au courant puis tourner d'un quart de tour sur place), nous gagnons trois longueurs sur l'autre yolette qui nous menait d'une demie. Nous pulvérisons d'une minute (en onze minute douze) le record de la course et Vincent relève soigneusement nos noms (Antoine barreur, Peter à la nage, Ben, François, moi).

Je passe à la barre pour le dernier aller-retour de récupération. Pluie froide, neige fondue. J'ai froid. Je ne me réchaufferai plus avant le soir.

Dans le même temps je reçois un sms de Gwenaële qui me propose de faire la quatrième dans leur équipage pour le biathlon de Lagny le 25 mars (elles ont dû avoir un désistement). J'accepte en me demandant quand nous allons nous entraîner: j'ai des contraintes chaque week-end, absente le prochain, caté ensuite, puis TG. Il va falloir se lever très tôt. Ramer deux fois le week-end plus une le mercredi? Je peux m'entraîner à l'ergo le midi, mais il faut que je trouve une solution pour ne plus m'arracher la peau au niveau du coccyx. Je vais essayer les pansements seconde peau destinés aux ampoules. Le but est d'éviter les frottements.

H. est parti à Tours. J'espère que ça ira. Il prend les choses avec tant de phlegme que je redoute le contrecoup.
Pas sûr que la prof de grec reprenne ses cours cette année. J'espère qu'elle n'est pas en pleine déprime (mais comment s'informer? Chère Madame, êtes-vous déprimée?)
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