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Plaisir du nom

Finalement, ce que je préfère dans Là-haut, c'est la légère bizarrerie qu'ontroduit l'obstination du petit garçon à dire «Monsieur Fre-de-rik-sen», et la façon dont cela ralentit l'action même dans les moment les plus trépidants.

Là-haut

Vu Là-haut pour l'anniversaire de O. (avec O. et un ami).
Pleuré les trois quarts du film, autant aux moments tristes qu'aux moments gais (le moment où la maison apparaît repeinte et pimpante: pouf, en larmes).
Pensé à Matoo.
J'aurais bien regardé plus longuement l'oiseau et les ballons, surtout les ballons. Couleurs qui font du bien.

Film sur tout ce qu'il faut laisser derrière soi, sur tout ce qu'il faut accepter d'abandonner, pour continuer à vivre. Dialectique du rêve: le rêve comme but, le rêve comme obstacle, le moment où il faut savoir l'abandonner pour continuer à vivre, de façon peut-être moins flamboyante mais plus riche, parce qu'on est désormais au-delà du rêve et non plus en deça.

Numéro 9 de Shane Acker

Pas compris l'intérêt ou l'utilité de ce film.

On y trouve des morceaux d' Edward aux mains d'argent, de Terminator, des Eaux de Mortelune (l'esthétique de l'architecture), sans doute de Transformers et même les horcruxes d'Harry Potter. Un patchwork de contes contemporains, naïf, sans prétention.
Mais ça tourne à vide.

Finalement, ce que j'ai aimé, ce sont les variations des étoffes d'une poupée à l'autre, la magnifique façon dont le fil et la trame se resserrent autour de la bouche jusqu'à paraître de l'osier tressé, la façon dont le maillage bouge lors d'un froncement de sourcils...

Kung Fu Panda

Dimanche, j'ai eu droit à Kill Bill II dans mon dos, mardi à La Guerre des étoiles 1 et 2 (ou 4 et 5). Finalement, c'était une bonne préparation à Kung Fu Panda.

C'est l'histoire du chanteur Carlos qui s'attaquerait à Bruce Lee. Et qui gagnerait. Grâce au secret de l'ingrédient secret de la soupe à l'ingrédient secret.

Voilà.
J'ai toujours la même profonde admiration pour les films américains dépourvus de prétention et attentifs au moindre détail. Les scènes d'entraînement et de combat sont parfaites et pleines d'invention, et les règles les plus classiques sont respectées : c'est en voulant prévenir ce que l'on redoute que l'on provoque ce que l'on redoute (si le canard n'était pas allé alerter le directeur de la prison, rien ne serait arrivé), les scènes clés sont présentées deux fois, à la Shakespeare (scène en miroir entre l'entraînement et le combat final).

Ce que j'admire le plus, c'est le sens du rythme dans la narration: aucun temps mort, tout s'enchaîne, et pourtant, il ne se passe rien ou pas grand-chose. On oscille entre les phrases-clichés à portée philosophique et les phrases très prosaïques, on frôle le ridicule, il en faudrait très peu pour y basculer, on l'évite toujours, grâce à une simplicité désarmante (sans doute ce qu'on appelle la fraîcheur). Tout l'imaginaire, tous les clichés véhiculés par les films de kung-fu sont présents (le vieux maître sage, le pêcher, la trahison, etc); d'une certaine façon on les attend, on s'y attend, mais ils interviennent toujours au bon moment, sans insister. Il n'y a jamais cette terrible impression du clin d'œil destiné à vous faire remarquer qu'on vient de vous faire un clin d'œil (ce qui fait la faiblesse du dernier Indiana Jones, par exemple). J'admire ce sens de la retenue.

Ce panda n'a vraiment aucune qualité autre que celle de savoir faire la soupe.

Mon préféré, c'est la tortue. Maître Shifu ressemble à un croisement entre Yoda et un ewok.
Pour le reste, l'histoire est gentille, les personnages sont gentils, le méchant est méchant, c'est bien moins caustique que Shreck, par exemple. C'est reposant.

Seul bémol, je regrette l'époque où les dessins animés avaient l'air dessinés. Aujourd'hui, les personnages sont de véritables marionnettes à l'écran: l'effet 3D est impressionnant, mais bon, je ne suis pas programmateur 3D, ça m'est un peu égal. Je suppose que lorsque la technique sera totalement maîtrisée, certains réalisateurs reviendront aux dessins, pour le plaisir. Pour le moment, on est dans l'innovation, tant pis.

Les Simpson

Mardi, à Blois, 14 heures.
C'est très drôle, la caricature est violente, les clins d'œil incessants, mais ce n'est décidément pas mon genre d'humour, sans que je saisisse exactement pourquoi: trop sytstématique, sans doute, pas assez ambigu. J'aime les dialogues et les situations qui permettent les interprétations multiples.

Les femmes et l'homme bon et croyant sont les seuls à ne pas être tournés en ridicule : s'agit-il d'une profession de foi du réalisateur? Je vois là en tout cas une signature très américaine: en Europe, le bon sens féminin ne serait pas ainsi mis en valeur (le bon sens ET l'indulgence, une indulgence qui confine à la bêtise: le féminisme, ou plutôt la féminophilie, de ce film m'étonne vraiment beaucoup) et l'homme croyant serait obligatoirement étroit et borné, afin de démontrer l'hypocrisie de tout esprit religieux.

Ce décryptage du monde est, comment dire, du faux second degré: les dénonciations sont claires, le message profondément gentil.
Je suis peut-être trop cynique pour les Simpson.

Mais qu'a donc fait Tom Hanks? Il faudra que je fasse une recherche Google dès que j'aurai de nouveau une connexion internet (je poste d'un cybercafé).

Tout cela ne m'empêche pas d'avoir beaucoup ri et de chantonner désormais «Spider-cochon, spider-cochon, il peut marcher au plafond...»

Punk is not ded

À midi, au cinéma rue Pasquier.

J’ai enfin vu Persépolis. À lire les critiques ça et là sur différents blogs, je savais que c’était un bon film, je ne pensais pas le trouver si drôle et si émouvant. Je n’imaginais pas dire un jour de la musique d’Iron Maiden qu'elle constitue un fond sonore approprié à certaines images.

Commençons par le plus rébarbatif : à travers un récit familiale, c’est un cours d’histoire, très simple, l’histoire telle qu’on la vit et non telle qu’on la comprend des années plus tard, de loin, expliquant d’une phrase le rôle déstabilisateur de la Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale, et plus tard celui de la CIA, luttant à tous prix, y compris le sort des populations locales, contre l’influence communiste. Il montre l’oppression au jour le jour, quand l’acte le plus simple aussi bien que les convictions les plus affirmées peuvent conduire à la prison, à la torture et à la mort.

Le dessin est beau, plein d’inventions, sachant prendre des accents orientaux pour raconter l’avènement du père du shah, faussement naïf et simpliste quand il schématise la ligne des voitures ou des immeubles la nuit, tendre quand il souligne le flottement des foulards dans le vent, pudique mais explicite quand il montre ou suggère la mort, ironique dans ses détails. Dieu a de beaux yeux et une belle barbe mais il est dépassé par la situation (il paraît d’ailleurs un peu las lors de sa dernière apparition).

Les dialogues sont drôles, à l’image de ce qui a fait le renom de Marjane Satrapi, toute déclaration un peu solennelle ou utopique étant suivie d’un contrepoint réaliste qui fait rire, ou plus tard, Marjane grandissant, pleurer, par sa justesse et son décalage : la réalité n’est pas une idée, c’est la réalité.
La vacuité des adolescents nihilistes/anarchistes viennois est égratignée, sans appuyer, mais aussi l’inconscience de Marjane capable d’accuser un passant pour se débarrasser de la police. Le rôle des pays occidentaux est dénoncé en passant, sans insister, comme un fait, et non comme un sujet de débats ou de propagande.
C’est un film qui montre sans démontrer, un récit qui rend hommage à un pays et une grand-mère disparue. C’est avant tout une histoire familiale racontée de façon tonique, un témoignage qui vise le particulier, et l’accuser de ne pas être assez politique (je crois que certains l’ont fait), c’est sans doute le juger sur un critère non pertinent ici.


Et je me rappelle mon amie de lycée aînée de quatre filles, dont le père psychiatre avait fuit le régime iranien, qui me racontait comment sa mère, devant produire une photo d’identité où ses cheveux n’apparaîtraient pas et n’ayant rien d’autre sous la main, s’était fait photographier une bombe d’équitation sur la tête.

Post incomposé

J'en ai marre de Safari, j'ai l'impression que Netvaïbes ("Netvibes", c'est plouc, m'a appris Matoo) le fait planter. Zou, sur Firefox. Il paraît, H. dixit, que c'est tout de même à l'usage (de programmeur) Opéra qui respecte le mieux les normes supposées être suivies (j'adore les posts simili-geek. À propos, ceux qui ont besoin d'être réveillés peuvent aller voir ça).

Je suis en train de mettre de la sauce tomate partout. H. me bourre le frigo de plats micro-ondes avant de partir, parce qu'il sait que dans le cas contraire je vais manger des céréales toute la semaine à tous les repas — c'est gentil à lui d'y penser. Et donc comme il n'y a personne pour me rappeler les règles de la vie en société (il faut beaucoup de formes quand on dîne seul), je peux enfin manger devant mon ordinateur.
Le problème, c'est que ça refroidit vite. Et puis ce n'est pas très pratique.

Enfin bon, ce serait le bonheur si je n'avais pas si mal à la nuque. C'est la faute à Bruce Willis, ses films sont vraiment fatigants. Il faut qu'il arrête de boire, ses yeux se pochent de plus en plus. Ou alors il utilise la chirurgie esthétique à l'envers: il se les fait pocher pour avoir l'air intéressant (au fait, il paraît qu'Indiana Jones IV est en préparation). J'ai changé de portable aujourd'hui (l'ancien, c'était ça, je l'aurais bien gardé encore un peu, j'aime les dinosaures, mais il commençait à bugguer trop souvent. Dommage), et je pense que si j'apprends à me servir du nouveau un jour, je devrais moi aussi pouvoir hacker la Maison blanche.
Je retiens que pour survivre, il faut dans la plupart des cas rester dans sa voiture, et qu'il ne faut pas jeter sa vieille CB. Sinon... rien à faire, les réalisateurs des Die Hard ne croient pas au terrorisme idéologique, la motivation des terroristes, in fine, c'est toujours l'argent.
Les cascades... Argh, quelle chorégraphie, ça me fait vraiment de la peine de me dire que la plupart des scènes avec l'avion de chasse doivent être virtuelles. Autre tristesse, les méchants parlent désormais français (je les préfère arabes ou allemands.)
Et puis, toujours, inévitablement, la fille du héros se fait enlever. Heureusement, celle-ci est moins nunuche que Kim Bauer (difficile de faire pire, remarquez).

A midi, j'ai déjeuné avec Paul. Roland de la Poype a sorti un livre, L'épopée du Normandie Niémen, que Paul m'a offert. Le livre regorge d'anecdotes, et ce n'était pas ses chaussettes que La Poype avait perdues lors d'une cérémonie soviétique officielle, mais sa médaille, 35 grammes d'or. Ce livre s'inscrit parfaitement dans la continuité de celui de Grossman. Paul a tenté de joindre La Poype au téléphone pour le féliciter, mais celui-ci était absent. Il faudrait peut-être que j'avoue à Paul que j'avais écrit (jamais eu de réponse)... Bah, on verra bien.

Hier soir, j'ai vu La Traversée du temps. Je n'y serais pas aller de mon propre chef, car je m'étais un peu ennuyée devavant Mon voisin Totoro et Nausicaa. Le grand soulagement, c'est que pour une fois les voyages dans le temps ne sont pas traités de façon tragique. Là encore, ce film est fatigant, l'héroïne passe son temps à courir et à tomber. Et à bien y regarder, sans voyage dans le temps, le film se terminerait de la même façon — à l'accident près.

Quand je suis trop fatiguée, le monde se dérobe, je passe mon temps à vérifier que lorsque je pose quelque chose sur une table, c'est bien sur la table que je le pose, et non à côté (je tâte la table avant de poser le verre). Je vois des ombres dans le coin de mes yeux, toute ligne verticale, arbre, poteau, montant de portière, devient un fantôme possible. Il faut que je regarde l'objet en face pour qu'il retrouve sa qualité d'objet. Le pire ce sont les reflets dans les vitrines des magasins, qui s'animent au fur à mesure que j'avance.
Le plus drôle (je dois passer pour un peu attardée), c'est le temps de latence entre une question posée et ma réponse: il faut que je réalise que c'est à moi que la question est posée (puis blanc) puis me souvenir, grâce à la mémoire immédiate, de ce qu'était cette question, puis la reformuler en moi-même, faire un effort de cadrage (de concentration) et enfin répondre.
Je vais me coucher. Un peu de coca, peut-être.

Les DVD et cassettes de deux semaines de vacances

- Code Mercury
Un Bruce Willis. Film de la catégorie "pour repasser".

- Flicka

- Le fils de Flicka
délicieusement vieillot. Admirable dressage des chevaux, dressés à avoir l'air sauvage.

- Le grand blond avec une chaussure noire
Pas vu depuis vingt ans.
Indispensable pour apprendre aux jeunes générations l'origine de la robe de Cléopâtre dans Astérix et Cléopâtre.
De ce film, je gardais le souvenir du démontage des poupées russes. J'ai découvert quelques images fugaces de la Fnac en 1972.

- Le retour du grand blond
Bof.

- Cars
Il ne se passe strictement rien. C'est cousu de fil blanc. Quand je pense qu'on accuse les films Disney de mièvrerie… Les bonus sont bien.

- Nemo
Vu pour la n-ième fois. J'aime les tâches de rousseur de Doris. Je sais parler baleine.

- Massacre en dentelles
Intrigue inutilement compliquée qui me rappelle les livres d'Erle Stanley Gardner (collection Mystère). Venise en noir et blanc. Les robes, l'élégance des femmes. Les premiers dialogues d'Audiard. Nous avions vu cet été au cinéma Méfiez-vous des blondes.

- Looking for Richard
J'ai dû voir ce film trois fois à sa sortie (en dormant à des moments différents à chaque fois (pas parce que le film est mauvais, parce que j'étais très fatiguée!)), je l'ai offert quand il est paru en vidéo, je l'ai acheté quand il est paru en DVD, j'attends qu'il repasse au cinéma. Depuis ce film je considère Al Pacino comme le plus grand. J'aimerais le voir jouer au théâtre.
Ce film se donne pour but de décomplexer les Américains face à Shakespeare. Quand je le regarde, je m'étonne toujours que les gens aient autant besoin de tout comprendre: il y a beaucoup de mots, de vers, que je ne comprends pas dans la traduction de Richard III (je ne connais pas le contexte historique), mais cela ne me dérange pas. Je songe au cours de Compagnon sur la désorientation: il est paradoxal qu'un lecteur aguerri ne s'inquiète pas une seconde de ne pas comprendre un texte, ou de ne pas tout comprendre d'un texte à la première lecture, tandis qu'un lecteur novice s'imaginera aussitôt qu'il n'est pas capable de lire un texte "aussi difficile" et abandonnera la lecture, sans penser qu'il lui suffit d'être patient et de continuer.
Je me souviens que tous les Club des cinq commençaient de façon abrupte. On n'y comprenait rien. On apprenait la confiance.
Ce film est un montage passionnant sur le travail des acteurs. Il est drôle de les voir s'enflammer pour leur personnage, pour défendre leur vision de leur personnage et obtenir de le jouer comme ils le souhaitent.

- Dangereusement vôtre
Décidément James Bond m'ennuie. Le méchant ressemble à l'acteur qui joue Malfoy.

- Z
Interdire Sophocle en Grèce au XXe siècle me paraît le plus bel hommage qui soit à la tragédie antique.

- Trainspotting
J'avais beaucoup aimé Petits meurtres entre amis, je n'ai pas raté Trainspotting tourné par la même équipe. J'aime énormément l'humour de ce film sur la drogue. Tous les personnages sont shootés à quelque chose, à la bagarre, à la bière, au tabac, à l'héroïne. J'aime la voix off, l'accent anglais/écossais, le vocabulaire.
J'aime surtout Erwan MacGregor. Je crois que c'est à cause de Trainspotting que je l'ai aimé dans La Guerre des étoiles épisode 1 : les deux films sont si différents, et il a l'air si heureux de tourner dans La Guerre des étoiles. Durant tout le film son sourire proclame: « Regardez, j'y crois pas, je joue dans La Guerre des étoiles ». C'est sans doute une très mauvaise idée de la part d'un acteur, mais ça me fait rire. J'aime les gens heureux.

- L'arme à gauche
Claude Sautet 1964. Lino Ventura. Il ne se passe rien. Une atmosphère à la Joseph Conrad. De belles images de voilier à contre-jour. Une bande-son impressionnante: très peu de musique, pratiquement que du bruitage "naturel". Très dépouillé. Voix trop lente, mal assurée, inhabituelle, de Lino Ventura.

- La Nuit des généraux
Je demeure persuadée qu'on redécouvrira Joseph Kessel (qui signe l'adaptation du scénario avec Paul Dehn) dans vingt ou trente ans.
Philippe Noiret en 1966, d'une grande élégance.
J'apprécie toujours aussi peu Peter O'Toole, terriblement artificiel. (Est-ce dû au DVD? Le maquillage des acteurs se voient trop, c'est gênant.)
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