Billets qui ont 'grève' comme mot-clé.

A rebours

Les rames de métro circulent de gauche à droite (vues du quai où il est possible d'y monter); les rames de RER de droite à gauche. Je suppose que les Anglais y sont pour quelque chose.

En arrivant sur le quai Reuilly-Diderot, imaginez ma surprise de voir une rame surgir de l'endroit où elle était censée s'engoufrer.

Un Pakistanais (peut-être pas du tout pakistanais, c'est juste mon idée du pakistanais) me demande paniqué avec un fort accent:
— Il va bien à Créteil?
— Euh, j'espère, parce que c'est pour cela que je le prends.


Plus tard j'apprendrai que la ligne 8 est fermée entre Reuilly-Diderot et Concorde et que les rames ne circulent qu'aux deux extrémités. C'est bizarre comme idée; j'aurais pensé que pour un conducteur, c'était plus intéressant, plus varié, de faire toute la ligne qu'un quart ou un tiers. Il doit y avoir une raison, mais laquelle?
Par ailleurs, les rames circulaient de 6 à 10 heures et de 16 à 20.

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En rentrant à Moret, direction la Dame du lac pour manger une Pavlova et boire un kir royal pour compléter le sandwich pris gare de Lyon.

Divers

Recherche sur les débaptisations. Ça augmente à partir de 2009, partout en Occident (Espagne, Italie, Argentine, Belgique, France, Pays-Bas, Angleterre,…)

Davantage de RER.
Le parking de Boissy, que je n'avais pas utilisé depuis quatre ou cinq ans, est défoncé comme j'ai rarement vu un parking défoncé: de vraies baignoires. Une carcasse de voiture calcinée, deux ou trois places au bitume fondu: mais que se passe-t-il ici?

Rédigé à l'intention des commissaires aux comptes dans le but d'un audit une typologie des anomalies rencontrées l'année dernière avec notre prestataire. Exercice fun.

Une somme importante (l'équivalent d'un salaire) est en cours de virement sur le compte joint. Qu'est-ce que c'est? Les impôts? Si oui, nous aurons beaucoup gagné au prélèvement à la source. On verra demain. (Quoi qu'il en soit, ça tombe à pic: ça rembourse les billets de train inutilisés en décembre.)

J'écris d'une oreille en assistant à une réunion de préparation aux municipales. (Hier, j'ai reçu une invitation aux vœux de «notre» député (NDA pour ceux qui l'ignorent) timbrée par l'Assemblée nationale… façon de soutenir le maire sortant sans débourser un centime — et de rappeler que voter pour un autre maire, c'est perdre le soutien de ce député.)

Infiniment

Encore (deuxième jour de suite!) une heure et demie de rédaction de mémoire avant de quitter la maison.

J'ai garé la voiture à Villecresnes pour prendre le bus (j'essaie de varier les solutions). RER à Boissy. C'est très long le matin (N19 bloquée), très rapide le soir. L'intérêt est que je suis en tête de ligne, donc assise.

J'ai réussi à écrire deux cartes de vœux. C'est plus que l'année dernière. C'est infiniment plus, car il me semble que je n'en avais pas envoyé.

Quelques liens

La bonne nouvelle de l'année bissextile : promesse de 366 billets, avec probablement pas mal de références de jazz.

Un projet de cartographie de la France qui disparaît .

Je voulais faire un photo-montage du beauf de Cabu et de Martinez: un autre l'a fait avant moi. Le billet date de 2017, mais ce qu'il évoque des luttes intestines syndicales est toujours vrai: aujourd'hui, c'est la rivalité Brun-Martinez dont les usagers font les frais.

Conte de fée

RER à l'heure…
Comment imaginer cela ?




Source: application Citymapper

A Nanterre

Les commissaires aux comptes sont là trois jours. Je raconte les péripéties de l'année. L'un des CAC souhaiterait que j'établisse une typologie des dysfonctionnements. Mais volontiers, très volontiers. Je publierai un jour, dans dix ou quinze ans, certaines des situations rencontrées.

De nouveau je me suis garée au parc floral de Vincennes. Ergo à midi au club. Aucune sortie sur l'eau, la Seine est beaucoup montée en quelques jours et le courant est fort, les eaux brunâtres. Le soir rentrer de Vincennes me paraît interminable (sans bouchon particulier car il est vingt heures passées — mais c'est fatiguant, je me suis levée à 5h40 pour une arrivée au bureau à 8h30).

3e de Mahler

Ce soir concert à la Philharmonie. J'ai donc commencé la journée en garant la voiture porte de Pantin, après avoir suivi le parcours sinueux de Waze qui m'a fait traversé la Seine deux fois pour éviter la A4. Puis deux croissants et un crème, tramway, ligne 1 et RER A.

A midi, sept des huit rameuses de dimanche prochain était là. Belle sortie avec Anne à la nage (est-elle allée se plaindre après la sortie du week-end dernier?).

Le concert (la 3e de Mahler) commençait à 20H30. J'avais donné rendez-vous à Jérémy — que je n'avais pas revu depuis deux ans ou plus — à 19h30 au café des Concerts. CityMapper me proposait plusieurs trajets, j'ai choisi de varier un peu: RER A puis ligne 9 jusqu'à mairie de Montreuil.
Dix minutes annoncées entre chaque rame. Nous attendons sous une pluie glacée, sous l'abri de la station. Un Algérien beurré comme un petit Lu est surveillé par des congénères, la conversation s'engage, c'est jour d'élections en Algérie. Nous attendons. Un tramway passe en face, deux stations le sépare de nous. Nous attendons. Je twitte, je lis Twitter. Nous attendons. Des gens commencent à s'impatienter, certains partent. Nous attendons. Une rame arrive, vide, ralentit, nous nous approchons, elle ne s'arrête pas et repart, vide. Cela fait plus d'une heure que nous sommes là, j'aurais dû surveiller l'heure, la triste réalité est qu'il n'y a plus de tramway.
Je préviens Jérémy de dîner de son côté et commence à marcher sous la pluie, porte de Montreuil-porte de Pantin combien de kilomètres combien de temps?
Pour une raison que j'ignore une dame a commencé à engager la conversation avec moi et m'accompagne, elle voudrait prendre un taxi en commun, elle va aussi à la Philharmonie. Pas de taxi, nous marchons, nous voyons passer d'autres rames vides qui ne s'arrêtent pas. Si ma voiture n'avait pas été à Pantin, je serais rentrée chez moi. Je toque à la vitre des voitures arrêtées aux feux rouges, mais à ma grande surprise les conducteurs ne sont prêts à faire aucun effort. Un homme finit par accepter de nous avancer de quelques portes, nous bavardons, il est d'Europe de l'est, éberlué par le bordel actuel.
— Ça va s'arrêter quand ?
— Oh, ça va continuer la semaine prochaine, ça ne va pas s'arrêter avant les vacances. Après les profs seront en vacances, ce ne sera plus pareil.
Il est effaré : — Ah, c'est bien d'être prévenu, répond-il, paraissant réellement soulagé.

Nous marchons, trouvons un taxi, j'arrive quelques minutes avant le concert. Je suis déçue de ne pas avoir pu discuter avec Jérémy. 3e de Mahler dirigée par Esa-Pekka Salonen devant une salle clairsemée. Quand les chanteurs entrent sur scène lors du quatrième mouvement, je me souviens de Gv expliquant les choix différents selon les chefs d'orchestre (chanteurs présents durant tout le concert ou entrants sur scène, assis ou debouts).

Je ramène Jérémy chez lui. A onze heures passées il y a encore énormément de voitures dans les rues. Nous parlons traductions (les logiciels de traduction automatique utilisés dans des cadres professionnels malgré leurs failles), GPA (les femmes indiennes qui paient ainsi les dettes de leur mari, les Américaines qui s'offrent un tracteur), adoption… Je suis contente de l'avoir revu.

Yerres-Nanterre en absence de transport

Lever à 5h40, départ de la maison à 6h15, je ne sais pas aller vite. Puis voiture garée au parc floral de Vincennes, à 7h30 métro en bout de ligne pour être assise. Il y a beaucoup moins de monde que je ne l'appréhendais. La Défense, RER A sur une station. Arrivée 8h30.
Cafétéria, un crème + un croissant.

Je suis davantage à l'heure en temps de grève.

A quel âge partirai-je à la retraite?

D'une certaine façon, cette grève est une grève de privilégiés: la grève de ceux qui ont quelque chose à perdre (des privilèges) mais ne risquent pas de perdre leur emploi (emploi à vie).

Evidemment, comme je suis consciente d'être moi-même une privilégiée, je m'abstiens de le dire trop fort, dans des lieux trop fréquentés, par décence, parce que je ne vais pas aller dire ça à des gens au SMIC — même s'ils ont par ailleurs d'autres avantages qu'ils oublient ou dont ils n'ont même pas conscience (CE surpuissant et transports gratuits pour les cheminots, pas de problème de garde d'enfants pour les profs, etc).

Par ailleurs, j'ai l'impression que beaucoup de Français ont une conviction inverse de la mienne: ils sont persuadés que tout le monde autour d'eux est mieux lotis qu'eux, ils sont envieux, remplis de ressentiment.

C'est pourquoi je mets en ligne un extrait de ce document reçu cet été :

Je dois avouer que cela m'a fait un choc. Je n'avais pas conscience qu'il était sérieusement envisagé que j'allais travailler jusqu'à 67 ans. Ce n'est pas que cela me dérange sur le fond (vivre, c'est toujours vivre, il faut bien passer le temps), c'est surtout que j'ai l'impression que les entreprises n'ont pas du tout envie de me conserver tout ce temps-là.

La grève, une spécialité française célébrée même dans les blockbusters américains

— Que faites-vous à Paris ?
— On vient chaque automne, pour les grèves et la météo.

Je cite souvent cette phrase, je vais donc la mettre ici, pour la retrouver facilement. C'est tout de même une phrase qui apparaît dans RED 2, en 2013.
Contexte : une militaire russe veut savoir ce que font deux barbouzes américains retraités à Paris.




(En fait j'ai honte.)

Même les Vélib ne circuleront pas

Enfin certains. Mail reçu, recopié ici dans le respect des caractères graissés ou soulignés :
Cher.e.s abonné.e.s,

En prévision des manifestations de demain et sur demande de la Préfecture de Police, nous allons procéder ce soir à la fermeture d'une soixantaine de stations, essentiellement dans les 7ème, 8ème, 10ème et 11ème arrondissements de Paris : les Vélib' en seront tous retirés et les bornettes seront bloquées par des dispositifs rouges. En savoir plus

Le nombre de stations fermées est susceptible d'augmenter en fonction des demandes de la Préfecture de Police.

Les stations fermées seront progressivement rouvertes dès que possible.

Pour préparer vos trajets et trouver un Vélib’ en station puis une bornette libre à l’arrivée, consultez le billet blog dédié et la carte interactive, tous deux régulièrement mis à jour.

Nous vous remercions de bien restituer votre Vélib' dans une bornette disponible en station. En effet, tout dépôt d'un Vélib' en dehors d'une bornette pourra entraîner une facturation hors forfait et l'application de pénalités. Retrouvez plus d'informations ici.
On notera comme il se doit et non sans une certaine exaspération goguenarde, la mise en garde finale. Il n'y aura pas de pitié. Tout cela relève de la brimade ordinaire de l'usager.

Transport, grève, retraite

Je ne vais pas beaucoup en parler. Tout cela me fatigue tellement (moralement, éthiquement: l'absence de solidarité, chacun qui tire la couverture à soi) que je n'ai plus envie d'en parler.

D'abord les transports du jour : comme O. n'est plus à la maison pour me motiver à me lever et à partir, j'ai raté le bus, pris la voiture. En arrivant à 9h06 le long des voies, je vois un RER glisser vers le quai : zut, le temps de me garer je ne l'aurai pas, mais le suivant est annoncé à 9h13 (ce qui est bizarre : deux RER aussi proches à cette heure-là).
Je gare la voiture, je monte sur le quai : le RER que j'ai vu n'a pas dû s'arrêter car il y a du monde.
RER D à l'heure, je suis assise. Nous roulons lentement. Nous nous arrêtons. Nous mettrons une heure à atteindre gare de Lyon. En cause : un train de marchandise devant nous et des problèmes de signalisation.
Rebelote dans le RER A : une allure d'escargot. Je n'irai pas en cours d'allemand cet après-midi. Comme l'année dernière je vais abandonner, c'est trop compliqué en partant d'ici.

Le soir je rejoins H. au Temps des cerises. Il paraît qu'il n'y a plus de RER D (pour une raison que j'ignore, H. s'est abonné aux notifications du RER D). Problèmes de signalisation : les mêmes que ce matin?
Pas grave puisque nous rentrons en voiture. Comme hier à 22 heures, mais cette fois-ci à 21 heures, les axes est-ouest de la capitale sont bouchés, des routes sont fermées (travaux?). Nous partons plein sud vers Orly. Les conducteurs déboussolés roulent vite et sont imprévisibles.

***

Grève totale, générale, le 5 décembre, avec toujours cette joie mauvaise de nuire et de foutre le bordel de certains pendant que d'autres craignent pour leur job.

***

Ma vision irénique (profession de foi bisounours) de la sécu et des retraites: tout le monde met au pot en fonction de ses moyens, puis on partage. Évidemment ceux qui ont mis le plus reçoivent moins. Mais ce sont aussi ceux qui peuvent s’acheter un appart, une maison, avoir de l’épargne...

Récapitulatif

Je ne peux saisir l'air du temps. Comment rendre la folie qui s'est de nouveau emparé de la France ? Twitter, FB, les chaînes d'information en continu donnent une impression d'urgence, de catastrophe et de fin du monde à tout moment. C'est fatiguant.

Le pire est de voir des amis, des connaissances, devenir tout à fait agressifs. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi mes amis homos sont restés amicaux pendant la lutte du "mariage pour tous" sans me réduire à ma dimension catholique — alors qu'eux-mêmes se faisaient insulter par la hiérarchie ecclésiale (pas toute mais quand même, quelle honte quand j'y pense) — tandis qu'aujourd'hui certaines connaissances de gauche perdent toute mesure devant mes positions plutôt conservatrices alors qu'il ne s'agit jamais que de choix qui ne les (qui ne me) touchent pas profondément au quotidien : que les zadistes obtiennent ou non le droit de rester sur les terres occupées depuis des années, que les cheminots conservent ou pas leur statut et leur retraite, que les étudiants soient ou pas sélectionnés, cela ne remettra pas en cause leur vie personnelle (alors que le droit ou pas de se marier devait avoir un impact direct sur la vie des homosexuels et le regard que la société posait sur eux).

Faut-il voir dans leur virulence la trace de leur incohérence, d'une conscience intime mais non acceptée de la bizarrerie de rejeter la sélection en étant de purs produits de la plus haute sélection (classes préparatoires, grandes écoles)? De la bizarrerie de monter en épingle sur FB ou des blogs la nullité des étudiants en première année de fac (pour faire rire leurs lecteurs, évidemment) pour ensuite réclamer que ces étudiants ne soient pas sélectionnés? De la bizarrerie d'être prêts à condamner leurs enfants ou petits-enfants à payer la retraite de personnes qui auront passé, qui passeront, plus de temps à la retraite qu'à avoir travaillé tandis que la pyramide des âges s'inverse inexorablement?

S'agit-il de vraies protestations portant sur l'objet des protestations, ou simplement de l'occasion de frondes contre Macron qui les insupporte?


Récapitulatif disais-je :
- 17 janvier : abandon du projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDLL). Les occupants (illégaux, non propriétaires) ont jusqu'au 1er avril pour évacuer la zone. Le 9 avril, l'évacuation forcée commence. Les journalistes ne sont pas autorisés à être présents : on crie à la censure (mais je pense "Rémi Fraisse").

Ma position : aucune raison de donner des terres sous prétexte d'un droit acquis par le squattage. Mes contradicteurs arguent de projets collectifs d'agriculture responsable : je ne vois pas en quoi respecter la loi sur la propriété empêche de faire de l'agriculture responsable en déposant des projets individuels.

- 15 février (à peu près) : la fac de Montpellier est bloquée par des étudiants qui protestent contre la sélection à l'entrée des universités. (Un professeur et un ex-doyen font intervenir l'extrême-droit contre ces étudiants: grave erreur, car si je trouve l'occupation ridicule, je ne pourrai que défendre les étudiants s'ils se font tabasser). Plusieurs universités sont peu à peu bloquées (Toulouse, Tolbiac). Les bloqueurs paraissent minoritaires. Ces minorités découvrent que les réseaux sociaux peuvent jouer contre eux : avant, seuls ceux qui prenaient le mégaphone étaient entendus, aujourd'hui n'importe qui peut twitter : la majorité silencieuse s'exprime, il est possible de connaître son avis. Depuis mi-avril (les vacances scolaires?), les facs sont peu à peu évacuées par les CRS.

Ma position : je ne comprends pas pourquoi ce sont les étudiants et non les lycéens, voire les parents des lycéens, qui protestent. Je crois qu'il faut de la sélection, qu'il nous faut les meilleurs chercheurs et les meilleurs ingénieurs et les meilleurs écrivains parce que c'est ce qui élève le niveau général d'une nation, en fait son prestige à l'international, c'est ce qui fait des brevets, des emplois; je trouve stupide de prétendre que tout le monde est égal devant les études alors que personne ne le dirait pour du foot, par exemple (tout le monde n'est pas Zidane ou Marie Curie, tout le monde peut jouer au foot ou apprendre la chimie: il s'agit de niveau, eh oui). Mais sans aller jusque là, au premier abord, il me paraît préférable d'admettre un étudiant dans une filière du fait de son travail et de ses aptitudes que par tirage au sort. Le tirage au sort fait perdre deux personnes: celle qui est admise dans une filière qui ne lui convient pas et celle qui n'y est pas admise alors qu'elle lui conviendrait. Admettons que j'ai tort. Il reste que je ne comprends pas que ce soient les étudiants qui protestent et non les parents de lycéens. (Je pense à ma nièce qui passe le bac cette année : quel casse-tête.) Ce point m'empêche de prendre les étudiants au sérieux.)

- 14 mars : le gouvernement présente un projet de réforme de la SNCF. Les syndicats de cheminots annoncent une grève perlée de deux jours par semaine pendant trois mois.

Ma position : là en revanche je comprends très bien. Défenses des droits acquis (qui entre nous soit dit ne sont pas remis en cause) et souhait d'emm*** un maximum de monde pour avoir gain de cause. C'est pour moi la définition du caprice: si on se roule par terre dans le magasin en faisant suffisamment de bruit, les parents gênés finiront par céder. Je ne crois pas une seconde à "une défense de l'intérêt général". Sur le fond, la réforme est inévitable puisque la France est tenue par ses engagements européens. Elle est préparée de longue date puisque c'est par cette prochaine mise en concurrence qu'on avait justifié les changements d'horaires de la SNCF il y a quelques années. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Nous avons tous gagné à la mise en concurrence des opérateurs mobiles, à l'apparition d'Uber. On brandit en contre-exemples les accidents en Grande-Bretagne et en contre-contre-exemple le réseau secondaire allemand. Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, ce serait à tous les Français de protester, pas aux seuls cheminots : visiblement ce n'est pas le cas. Il s'agit bien de la défense d'intérêts personnels, et non de "l'intérêt général".)


Ajoutons à tout cela (et sans doute est-ce le plus important, le plus préoccupant) la montée de l'antisémitisme : 23 mars, meurtre de Mireille Knoll. Avoir échappé à Drancy pour finir assassinée à 85 ans…
Et toujours cette logique d'exclusive qu'il faut à tout prix rejeter : si vous combattez l'antisémitisme vous êtes contre l'islam, si vous êtes pour Israël vous êtes contre la Palestine.
Non.
Nous sommes pour la raison et pour la paix, même s'il faut se battre pour elles. (Dernière phrase qui me fait penser à un dernier fait de cette période confuse : le 14 avril bombardement franco-anglo-américain des forces de Bachar El-Assad après que des civils ont été gazés).

Theo Lawrence & the hearts

Deuxième entraînement. Sortie à quatre, sans Isabel (il en manque toujours une). J'ai découvert qui était Anne (que je connais bien, en fait : elle ramait le midi jusqu'à ce que son entreprise déménage. Maintenant elle vient le soir et le week-end. Je comprends mieux pourquoi Vincent ne les a pas laissées faire du quatre le week-end dernier: Anne-Sophie et moi sommes de loin les plus expérimentées des cinq. Agathe et Isabel n'ont que quelques mois derrière elles, Anne un ou deux ans). Toujours beaucoup de courant. Moins de vent, c'est beaucoup plus facile.

Rendez-vous avec Antoine et Sarah chez Ladurée : il me donne les clés et le bip de sa place de parking dont il n'a pas l'utilité pour l'instant. Voilà de quoi survivre à la grève dans les trois mois à venir, nous pourrons nous garer au bout de la ligne A qui appartient à la RATP (comme la B) et non à la SNCF (comme les C et D).
Je papote une petite heure. Apparemment H. se serait engagé à aller aux US cet été rendre visite aux parents d'Antoine, tant et si bien que ceux-ci sont en train d'économiser leurs jours de vacances pour nous recevoir…
Antoine est un peu gêné d'apprendre que je ne suis pas au courant. Je tente de le rassurer en lui expliquant que cela n'a pas d'importance, que d'une part je n'ai pas besoin d'un long préavis, d'autre part ce n'est pas encore décidé (c'est pour ses parents que je suis embarrassée: s'ils sont en train de réduire les jours passés avec leur fils en prévision de notre venue, je serais gênée de ne pas y aller.)

Après avoir écouté Rebecca Manzoni sur France Inter un matin de mars, j'avais pris quatre billets pour Theo Lawrence & the hearts aux Etoiles.
Bien entendu, cela devient une habitude, je me suis retrouvée avec un billet sur les bras, H trop fatigué pour venir. Cette fois-ci C. a trouvé un candidat (une candidate en l'occurrence) pour venir avec nous.
Soirée agréable. Evidemment, comme nous ne connaissons pas les paroles, toutes les chansons tendent à se ressembler dans le rythme de la batterie et du clavier. Très belles guitares. Je suis handicapée par mon arythmie, je me demande ce qu'entendent les autres.
— Mais après tout, peut-être que je le fais exprès mais qu'en fait j'entends très bien. Je fais exprès de faire semblant de ne pas entendre le rythme pour vous faire rire.
— A un moment je me suis posé la question, mais c'est trop incroyable ce que tu fais. Ce n'est pas possible.
— ??
— Mais c'est comme lire ! Une fois que tu sais lire, tu ne peux pas t'empêcher de lire ! le rythme, c'est pareil.

Le père de Camille collectionne les clarinettes en métal.

Nous rentrons, non sans nous être disputés sur la grève SNCF (C. défend les cheminots.)

Lire Paul, Romains 5,12-21

«Il faut lire 4 Esdras et 2 Baruch. Vous les avez dans la TOB1. Ce sont les deux plus classiques des apocalyptiques juives, écrites vers 70, après la chute de Jérusalem. C'est indispensable pour comprendre le Nouveau Testament qui baigne dans l'apocalyptique.»

(L'épître aux Romains est écrit dans les années 50, mais il y avait d'autres apocalyptiques connues.)


Je vous mets du vrac de notes de cours, sans les extraits de nombreux textes lus entretemps, parce que tout me paraît intéressant et que le temps est court.

Homère et Hésiode : les mythes.
Les présocaratiques, les physiocrates : contre les mythes.
Donc comment continuer à lire les mythes ? Elaboration de l'allégorie.

Hésitation des anciens devant la Genèse : un mythe ou de l'histoire? Adam réel ou symbole de l'humanité ?
Adam personnage collectif : chacun est Adam pour lui-même (2 Baruch 54,15).

Les Septantes : traduisent Adam par "anthropos" dans les premiers versets (traduction de l'hébreu), puis par "Adam" quand Dieu lui parle. Mais en hébreu, toujours "homme", avec ou sans article.
En hébreu, "descendants" se dit "semence" : Adam contient toute sa descendance dans ses reins.»

La vie grecque d'Adam et Eve.
La convoitise (epithumia) est à la source de tout péché. (Nb 11)
Sans la loi, Adam n'aurait pas péché.

Paul tente de rétablir l'équilibre : schématiquement les Grecs sont du côté du péché et les Juifs du côté de la loi. Donc Paul introduit de la loi du côté grec et du péché du côté juif. Evidemment ça crée du flou.

La multitude : hébraïsme pour dire tous.

verset 19 : obéissance / désobéissance. Paul considère la vie chrétienne comme une obéissance.

verset 20 : retour de la loi. Pour que prolifère la faute. La loi est intervenue (pareisêlthev = c'est le mot utilisé pour les espions dans ??).

Le même propos que précédemment, mais à la dimension de l'histoire. Adamologie. La christologie de Paul est une christologie sapientielle et adamique. Attention à une johannisation de Paul. Il n'y a pas d'incarnation chez Paul. Sa christologie est adamique. Même dans Philippiens 2.

Note
1 : traduction œcuménique de la Bible. La branche protestante n'a retenu que les textes connus en hébreu à l'époque de Luther, la Bible catholique contient davantage de textes (les deutérocanoniques) et les orthodoxes plus encore : la dernière édition de la TOB présente tous les livres, y compris ceux retenus par les orthodoxes.

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Agenda
Reçu un doodle pour organiser les entraînements pour la course des Impressionnistes (1er mai). J'insiste donc pour faire une yolette avec Agathe puisque nous devons ramer un maximum entre nous. Vent et courant mais le niveau a encore baissé.

Grève : départ à 6h20 en voiture. ligne 14 à Grande Bibliothèque. Ligne 1. Arrivée au bureau à 8h20
RER A aux Halles à 22h36. (Pas de RER D). Boissy St Léger. Voiture. A la maison à 23h20.

Je ne suis pas de gauche

Cela ne s'est pas vu ici, mais le billet "ça se confirme, je suis de droite" a occasionné sur FB une longue dispute, conversation où le ton a monté à la faveur d'un malentendu. (Qu'il soit écrit ici que ce texte serait à l'origine de la propagande de la NRA).


Si je reprends le sujet aujourd'hui, c'est que Mélenchon a déclaré aujourd'hui, jour de grève des cheminots et de la fonction publique, qu'il détestait «ce statut d’autoentrepreneur : on gagnait 3000€, on avait des paies de crevards !»
Pour mémoire, 83% des Français gagnent moins de trois mille euros mensuels.


En 2008 à Yerres nous avons fait campagne pour le Modem aux municipales en soutenant le parti socialiste. Lors d'une réunion, les encartés socialistes ont reproché devant nous à Véronique Haché-Aguilar de s'être alliée avec la droite (les méchants de droite). Elle a répondu avec beaucoup d'embarras, comme si nous étions pestiférés, arguant de son père mineur et de sept frères et sœurs pour défendre la sincérité de son engagement à gauche.
Mais à la fin de la réunion, quand nous avons rangé chaises et tables, elle a refusé de prendre le balai : «je ne sais pas faire, je n'ai jamais balayé».
Ce soir-là, j'ai balayé la salle. Parce que moi, je sais balayer. J'ai balayé et je balaie encore, même si je n'ai pas sept frères et sœurs.


Avant cela il y avait eu ce billet de Slothorp (du 5 octobre 2006 mais qui me paraît raconter une anedote de 2002) qui m'avait tant fait penser à mon beau-frère, si fier d'être de gauche mais n'osant avouer à son père combien il avait payé son appart. J'extrais juste quelques phrases (en dénaturant le propos du billet puisque son sujet était plutôt de démonter les héros de papier) :
Il [Un ami] se disait de gauche, et je devais être à ses yeux une sorte d’anarchiste de droite qui flirtait paradoxalement avec le fascisme. […] Les journalistes parlaient alors d’une repolitisation de la jeunesse, montrant par là à quel point ils n’avaient rien compris, à quel point aussi la situation allait perdurer pour les cinq ans à venir [après mai 2002], à quel point enfin Le Pen n’était que le pendant bien pratique de tout ce système, l’épouvantail qu’on agitait pour faire peur aux enfants et les faire rentrer dans le rang. Bien sûr, après la première réunion de section du PS où il se rendit, il fit comme beaucoup de ces adhérents émotionnels : il n’y remit plus jamais les pieds. On voulait bien être de gauche, montrer sa carte pour le prouver, mais coller des affiches dans le froid, il n’en était pas question. […]
L’autre jour, nos amis communs qui continuent à le voir m’ont raconté l’anecdote suivante : à la naissance de son enfant, ce type, énarque installé, qui doit gagner trois à quatre fois le revenu moyen d’un Français, s’est débrouillé pour avoir une place en crèche publique, simplement en faisant jouer ses relations. Ce n’est pas grand chose, l’entorse n’est pas si grave. Mais c’était une épreuve, une tentation : utiliser ou non un passe-droit inique, injuste socialement et marqué du sceau du mépris de classe. Il a cédé sans une once de mauvaise conscience, tout en poursuivant ses discours de résistant.
Oh, ils ne sont pas mieux à droite. Mais au moins ils n'ont pas bonne conscience : ils n'ont pas de conscience du tout. Je trouve ça reposant (ou hilarant comme dans le cas de Fillon).
Ou pour le dire autrement, (re)voir La Crise.

Mauvais réveil, mauvaise journée

Réveillée par O. en plein cauchemar, il faut aller à Boissy à cause des grèves, O. qui devrait commencer à dix heures commence à neuf par un petit déjeuner avec ses professeurs, tous mes calculs de délai sont inadaptés, mon horloge interne déboussolée.

Coiffeur. Bibliothèque de l'ICP pour rendre trois livres. Je découvre la grève des éboueurs. Trains, avions, poubelles, terrorisme, tout coïncide pour faire de l'Euro un fiasco. J'espère me tromper, non par amour du foot mais par nécessité économique.
Je rends trois livres, je vais essayer de lire ma bibliothèque cet été. Exception peut-être, Le Buisson ardent de Greisch, la Correspondance d'Hegel et la quête du Jésus historique de Schweitzer.

Fête des Terminales. O. s'est déguisé en Blondin (Le bon, la brute et le truand). — Ça s'est bien passé? — Oui.
Il n'est pas très disert, ce n'est pas étonnant de sa part, mais en réalité, je le comprends quelques instants plus tard, il est malheureux. Il a eu ses résultats d'APB (admission post-bac), tous les grands lycées l'ont refusé, il est déçu, je m'attendais à cette déception (sans avoir osé le prévenir, espérant un miracle) car ses notes anticipées étaient mauvaises. Mais on a beau s'y attendre, cela fait toujours de la peine de voir son enfant avoir de la peine, et je m'en veux: il aurait vraiment fallu surveiller davantage son TPE, son français, ses études, tout enfin. Ma culpabilité, mon sentiment de responsabilité universelle me quitteront-ils un jour?
Eternellement1 je me souviendrai de la remarque d'Hervé, dans une rare occasion d'épanchement du fond de son cœur toujours si difficile à exprimer, apprenant les notes de français d'Olivier (et l'excellente note de Claire, sa cousine): «j'aimerais tant pouvoir être fier d'eux», et ma réponse: «nous n'avons pas beaucoup donné l'occasion à nos parents d'être fiers de nous».
Tout cela n'est-il qu'un retour de karma? Mais pourquoi nos enfants devraient-ils payer pour notre mauvaise conduite?
Je me rends compte à quel point il est vertigineux d'être sur des rails dès dix-sept ans: un lycée ou un autre, un cursus ou un autre, et c'est tout un avenir qui se dessine dans cette société française si conservatrice si fort qu'elle s'en défende.
La seule façon d'y échapper est sans doute de partir, pour un temps ou pour toujours, à l'étranger.

Le soir j'ajoute à mon blues en feuilletant les feuilles d'impôts des vingt ans précédents. Quelle vie en dents de scie, comme j'ai eu peur, comme cela a été compliqué (373 euros d'impôts en 2010, non imposable en 2000: les frasques professionnelles d'H.)

Mais H. est heureux, il revient de l'ambassade des Etats-Unis et prépare son prochain voyage d'affaires. Allons, tout va bien.


1: ou peut-être pas, car c'est à cela que sert écrire, oublier, l'écrit garantissant le souvenir offrant enfin la possiblité d'oublier (il me semble que Nabokov dit quelque chose de ce genre dans Mademoiselle O. en parlant de crayons de couleur. (Non, vérification faite, il dit que les choses racontées changent de substance.))

Au jardin

Premier repas dehors sous le sapin depuis les inondations. Première journée vraiment sans pluie. (C'était peut-être déjà le cas hier mais je n'étais pas là.)


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Front des grèves
Quitté la maison à quatre (je le note, ce n'est pas si courant) pour prendre le RER D de 7h05. quand nous arrivons sur le quai, il est d'abord annoncé retardé, puis subrepticement supprimé (subrepticement: il disparaît de l'écran sans explication). Le suivant est trente-cinq minutes plus tard, il va arriver plein de toutes les gares précédentes (il sera déjà plein à Melun, au départ, et s'arrêtera ensuite dans cinq ou six gares), il sera impossible d'y monter. Je propose d'aller à Boissy prendre le RER A.

Vingt minutes de voiture dans les bouchons (mais à l'air, décapoté, ce qui donne un irrésistible goût de vacances à tout déplacement), parking désolé du supermarché, RER. Inconvénient, il est très lent, avantage, il est climatisé (voire trop: j'ai froid).

Reprise

Retournée ramer pour la première fois depuis le stage dans le Jura. Le genou va mieux.

Double canoe avec Peter, configuration inédite qui nous laisse tous les deux surpris. Bonne sortie, courant, vent, péniches, mais bonne sortie sous un ciel gris.
Il ne pleuvra que l'après-midi.

Civil War le soir. Antigone revisitée et simplifiée.

La grève est bénigne dans le RER D.
Les policiers manifestent aujourd'hui (sur leur temps de repos), ils sont fatigués des insultes. Le paradoxe est que leurs outils de riposte sont si puissants qu'ils hésitent à s'en servir (émission le matin sur France Inter, O. rentre plus tard en classe cette semaine).
Cependant, ce que je lis sur le net, ce que j'entends, ce que j'ai vu avenue de Breteuil jeudi dernier, me laisse une étrange impression. "Nuit debout" n'était pas un mouvement agressif, et d'ailleurs leur point faible est de ne pas avoir de revendications. Que se passe-t-il? Certains parlent de provocation de policiers d'extrême-droite… D'autres déplorent la disparition des services d'ordre des syndicats, notamment de la CGT, aptes à contenir les excès et isoler les casseurs (que j'appelerais pilleurs).

Emmanuel Régniez à la Maison de la poésie

Pluie. Pluie. Le RER prévu à 7h05 passe à 7h02, O. voit les portes se fermer devant lui. Une demi-heure sous la pluie, puis voiture bondée alors que la rame précédente était "relativement" vide (pour un jour de grève).
Je note les vilenies de la SNCF et de la RATP car j'ai un nouveau grief: il est désormais prévu une amende de cinq euros pour celui qui n'aura pas validé son pass Navigo. Et moi, qui ai plus de vingt ans de pass Navigo annuel à mon actif (au début il s'agissait d'un coupon de carte orange annuel), à quoi ai-je droit pour me dédommager des grèves, des rames en avance, des rames en retard, des rames supprimés, des voitures condamnées, des voitures non chauffées, des voitures surchauffées, des travaux nocturnes, des arrêts non marqués, des interconnexions supprimées, etc.?
Quand les peines prévoient toujours de frapper un seul des contractants, ces peines étant instaurées par l'autre contractant, j'appelle cela une tyrannie.

En fin d'après-midi j'envoie en catastrophe aux commissaires aux comptes pour relecture les trois derniers rapports qui seront soumis mercredi prochain au conseil d'administration. Je ressens une certaine lassitude. Le stage dans le Jura m'a fatiguée. La mort de Gabriel aussi.

Je n'avais pas revu Emm. depuis des années, je le vois ce soir pour la deuxième fois en six semaines, comme je n'étais pas revenue à la maison de la poésie depuis des années, et m'y revoici après y avoir vu Roubaud il y a quinze jours.

Très belle lecture. Dans l'obscurité, je me prends à tenter de reconstituer l'origine de ma "demande d'amitié" sur FB à Emmanuel. Le lien s'est fait à partir de la poésie sonore de Bernard Heidsieck. A l'époque, Emmanuel avait créé un groupe autour d'Heidsieck. Je me demande si ce groupe existe encore, FB a tant changé (un beau jour, les groupes ont été archivés par défaut, et tous ceux qui n'étaient pas sur leur garde ont perdu leurs groupes).

Poésie sonore, oui, it figures, c'est cohérent avec ce que je viens d'entendre ce soir.


Par ailleurs, je continue à documenter les transformations de la gare de Lyon:

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Grève

Grève, ça faisait longtemps.
C'est le jour que je choisis pour oublier ma carte Navigo. Je rachète donc un carnet de tickets, car c'est aussi le jour que j'ai choisi pour aller chercher des livres à la bibliothèque de l'ICP (c'est la lecture de Sur les psaumes qui m'a donnée des indications bibliographiques).

J'emprunte:
- Epektasis, mélanges offert au cardinal Daniélou (je vois arriver avec stupéfaction un livre de la taille d'un petit Larousse. Chapeau les éditions Beauchesne!)
- M.Canévet, Grégoire de Nysse et l'herméneutique biblique (je découvre la beauté physique des éditions augustiennes, l'encre et le papier)
- Balthasar, Présence et pensée, sur Grégoire de Nysse, un Balthasar qui paraît accessible.

Grève, donc.
Le matin, pas beaucoup plus de monde qu'un jour où deux trains ont été supprimés.

Le soir, ce fut plus comique. J'arrive en courant (pfff pfff) avec deux minutes d'avance sur le quai gare de Lyon pour attraper le dernier train qui part ce soir (21h45). Comme je l'avais anticipé (car c'est habituel mais attention, ce ne doit pas être considéré comme acquis, cela reste aléatoire, arbitraire, dans la grande tradition ératépéessencéef), le train ne part pas aussitôt.
Finalement, il partira avec quarante-cinq minutes de retard. J'aurais pu manger tranquillement mon dessert.

Car ce soir, il y avait bookcrossing, heureusement à deux pas de la gare de Lyon, sur le thème de l'humour et l'ironie chez les auteurs contemporains (l'organisatrice adore ajouter "contemporain". Impossible de creuser les sillons de la littérature classique, toujours elle nous impose les "contemporains".) J'ai présenté Hervé Le Tellier, Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable. Dommage que cette rencontre n'ait pas lieu un peu plus tard, après la parution de Moi et François Mitterrand, à venir dans les prochaines semaines.
Je l'ai présenté en courant et la première car il était déjà neuf heures, nous avions pris beaucoup de retard. Gentiment, le restaurateur m'a amené tous les plats quasi ensemble et je me suis brûlée avec mon crumble aux pêches. J'ai tout avalé et suis partie en courant (sens littéral).

Chip, Tom et Bob

Ce sont réellement leurs prénoms, ou du moins ceux que j'ai toujours entendus, même si je suppose que cela doit cacher un Charles et un Robert. Chip est le mari de Ruth, Bob de Jane et Tom de Lucy. Elles sont sœurs, ils sont beaux-frères.

Ils viennent de passer trois semaines en France sur les champs de la bataille de la Grande Guerre. Ils doivent rentrer samedi aux Etats-Unis — si Air France les y autorise (j'ai un peu honte).
Nous devions les voir avant leur départ, nous les avons invités au Bouillon Racine. Inévitablement ils prennent du foie gras. Je n'ai jamais rencontré d'étranger partageant aussi naturellement les valeurs de douceur de vivre et de gastronomie françaises que Chip. C'est un plaisir de lui conseiller de prendre son petit déjeuner en terrasse aux Deux Magots (qu'il voulait absolument voir) à huit heures du matin au mois d'août pour sentir le vrai Paris s'étirer au réveil ou de lui faire prendre "des risques", comme manger du confit de canard, par exemple… (je sais, je sais… il garde un souvenir impérissable de la fois, il y a bien lontemps, où je l'ai convaincu d'essayer une viande autre que le poulet ou le bœuf, soit le fameux confit de canard. Je suis heureuse de les avoir invités, lui et Ruth, au pub Renault du temps où c'était encore le pub Renault, avec compartiments de train et service par un maître d'hôtel (conversation en commentant le décor Art déco du Bouillon Racine: je lui apprends que le pub Renault tel qu'il l'a connu n'existe plus)).
Cette fois-ci je l'entraîne à manger une canette aux griottes, ce qui est plus exotique. Notons au passage que je découvre qu'aucun des trois ne sait que la viande de porc doit toujours être très bien cuite, pour éviter d'attrapper des parasites (ils s'attendaient à ce qu'on leur demande "quelle cuisson?" pour cette viande-là aussi).

Nous discutons presque à bâtons rompus, pas si simple en anglais avec notre accent, la fatigue et le bruit. En quittant le restaurant, détour pour voir la Sorbonne .

La France, son vin, ses fromages, ses grèves (je leur cite Bruce Willis John Malkovich dans Red 2, «Vous venez souvent à Paris à cette époque? — Oui, pour la pluie et les grèves», ils rient). J'espère tout de même qu'ils n'auront pas trop de problèmes pour rentrer chez eux.

Souvenir de grève 1

Mon plus vieux souvenir remonte à 1986. J'avais une chambre à Nanterre, j'allais à Sciences-Po, dans le VIe arrondissement.
Devaquet, il me semble. Il neigeait. Vers la fin, l'armée amenait les gens en camion aux portes de Paris (pas le droit d'entrer dans Paris). Je me suis souvent demandé pourquoi cela n'avait pas été remis en place en 1995.
Il me semble que cela a pris fin quand un agent de la SNCF a été agressé par une foule exaspérée. Mais il est possible que je confonde, car dans ma mémoire cette conclusion est liée à des souvenirs de fortes chaleurs, ce qui est incompatible.

En 1992, j'ai eu un collègue qui me racontait qu'il avait mis en place sa grève personnelle : il avait prévenu sur les cahiers de doléance de la SNCF qu'il ne présenterait plus sa carte orange (c'était son préavis de grève). Chaque fois qu'il était contrôlé, il refusait de présenter quoi que ce soit, les contrôleurs l'emmenaient au poste de police, il montrait son titre au policier en le cachant pour que les contrôleurs ne le voient pas. Il était alors verbalisé pour refus d'obtempérer.
Cela me plaisait beaucoup, mais il faut avoir du temps à perdre.

Il m'a raconté qu'une fois, en voyant les contrôleurs entrer dans un wagon une voiture (ligne Achères-Poissy), il s'était levé et avait arrangué le wagon les voyageurs: «vous n'allez pas vous laisser faire, après tout ce qu'ils nous ont fait, vous n'allez pas présenter vos billets!». Le wagon Les voyageurs se sont enflammés, «Ouais, t'as raison, on est pas des bœufs, …» (etc); ça a commencé à ressembler à une émeute, les contrôleurs ont voulu se saisir de lui, le train arrivait en gare, les voyageurs ont fait barrage aux contrôleurs, «vas-y, barre-toi, on les tient».
— J'ai eu très peur, je ne maîtrisais plus rien, je ne recommencerai jamais ça.

Je trouve les gens beaucoup plus calmes qu'à cette époque. Les RTT, les ipods?

Vendredi 13




Normalement ce soir j'aurais dû être à Tours, mais pas de TGV (la capture d'écran a été faite plus tard, pour exemple: j'aurais dû partir vers 17 heures). Il circulait un seul train, vers 17h45, partant d'Austerlitz, pour remplacer quatre ou cinq TGV. Je n'ai même pas essayé, je déteste ces ambiances où l'on écrase les poussettes et les vieilles dames pour réussir à monter dans le train. L'aîné a embouti le pare-choc de la vieille voiture qui roule encore mais qui est bonne pour la casse. J'ai reçu un mail triste et désabusé du prof de musique du benjamin: malgré les dénégations du maire, la section CHAM va fermer (vous pouvez signer la pétition ici — d'un côté le maire n'aime pas être impopulaire, de l'autre il s'en fiche, c'est son dernier mandat (il préfèrera rester député)). La fermeture d'un service public s'effectue dans la tradition des grandes entreprises: on nie tout, mais il n'y a pas de fiche de réinscription, pas d'horaire d'affiché, pas de tarif pour l'année prochaine. La décision sera proclamée cet été, je suppose, pendant l'absence des parents.

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Agenda
Agnès au téléphone (syntagme figé).
Audit CNIL interne (ie, pour préparer un audit (éventuel) de la CNIL). Le numéro de sécu ne doit pas servir de moyen d'identification, il doit être remplacé par nom, prénom, date de naissance, adresse.
??? Mais à quoi peut bien servir d'autre le numéro de sécu, et quelle importance de s'en servir pour s'assurer de l'identité d'un client en cas d'homonymie? En quoi cela nuit-il?

Paris à vélo

Grève hier soir, grève le matin, grève le soir. Si au moins on comprendait ce qu'ils revendiquent. (H. me dit à propos de ses salariés : «Ils ont fait la gueule quand j'ai dit qu'il n'y aurait pas d'heures sup pour le CE, qu'ils prendraient leurs heures sur leur temps de travail. Ce que je n'ai pas dit — mais je l'ai pensé très fort — c'est que de toute façon il leur serait difficile de travailler moins qu'aujourd'hui».) (Et je me dis qu'à écrire ça, certains vont être confirmés dans leur opinion que nous sommes de sales réacs. Tant pis, assumons.)
Quel rapport avec la SNCF? C'est que je me disais que malgré tout ce que je leur reproche, je leur tirerais bien mon chapeau pour le travail de nuit et le travail le week-end effectué pour déranger le moins possible le trafic — quand soudain j'ai un doute: sont-ce bien des cheminots qui travaillent, ou des sous-traitants?

En tout cas j'ai pris la peine d'expliquer ce matin à une voyageuse la vérité sur les "rames trop larges": non, il s'agissait simplement d'un retard pris dans la mise aux normes des quais, mise aux normes prévue depuis longtemps et obligatoire.

La Défense - gare de Lyon en vélib. 70 mn, cela revient cher puisque qu'un Vélib doit être rendu au bout de trente minutes. Ils exagèrent, ils pourraient allonger le délai pour les personnes qui couplent leur abonnement avec leur carte Navigo, on se doute bien qu'elles ne font pas du tourisme.

Beaucoup de monde sur les quais entre le musée Branly et le musée d'Orsay, et je pense à l'incipit de Voyage au bout de la nuit.

Rien dans les mains, rien dans les poches

Jour de grève. Comme je me suis levée trop tard, je n'ai plus de train avant quarante minutes à Yerres, donc je décide d'aller à Villeneuve-St-Georges attraper le train vingt minutes plus tard.
Le temps de dégivrer la voiture, je démarre (prudemment puisque je suis pressée) de façon à me retrouver dans un embouteillage qui fait que je sais que je raterai le train quoi qu'il arrive.
Quand j'arrive finalement sur le parking et me gare, je me rends compte que j'ai oublié mon sac: pas de livre, pas d'argent, pas de passNavigo, pas de téléphone pour prévenir que je vais être horriblement en retard. Si en retard que je décide de ne pas retourner les chercher.
On se sent un peu à poil avec juste ses clés de voiture.

Je suis donc allée à la bibliothèque de l'entreprise le midi, ce qui m'a permis de me faire offrir fortuitement un "Garnier jaune" relié, le Diderot philosophique (il faisait partie de livres non répertoriés et la bibliothécaire m'a dit de le garder). J'ai lu Supplément au voyage de Bougainville dans le train bondé le soir (c'est un texte que O. doit étudier) ce qui m'a amenée à relire Supplément au voyage de Cook dont je n'avais aucune idée quand je l'avais lu en terminale que c'était un décalque de Diderot. C'est beaucoup plus drôle, mais il est vrai que Giraudoux avait moins à prouver.

Nervosité

Grève sur la ligne D. Les gens sont agressifs comme je ne les ai pas vus depuis longtemps, eux qui avaient tendance à rire et plaisanter pour supporter les "bêtises" de la SNCF (c'est vraiment comme cela que je le ressens: des bêtises, des caprices d'enfants gâtés; et les plaisanteries comme cette âme "bien française" dont parle autant Proust que San-Antonio). Est-ce le mauvais temps, les mauvaises nouvelles, la crise, certains se seraient écharpés («Monsieur, vous appuyez sur mon bras»). Un instant à gare de Lyon, j'ai cru que quelqu'un allait être écrasée par la foule, j'ai entendu crier.

Puis rien.

Le pire, c'est que je sais que si un tel drame survenait, toute grève serait suspendue pour quelques semaines.

Lassitude

Ce week-end à Montpellier, j'exprimais mon apaisement à être dans une ville sans omniprésence policière, sans fouille et portique à l'entrée de l'opéra ou du musée?

Je suppose qu'on va avoir droit une fois de plus à des contrôles renforcés, des militaires dans les couloirs du RER. 1986, 1995: ça ne s'est jamais arrêté, jamais arrêté.
Et pourtant, les terroristes manquent singulièrement de gniak: ce serait si simple, un beau carnage un jour de grève, sur les quais bondés… («Ne vous séparez pas de vos bagages, signalez-nous tout paquet abandonné…»)

Enfin bon.

Fatigue

Encore au bureau. Pas pour travailler comme vous voyez, juste par flemme de rentrer. Mal à la tête, mal au dos, petit moral.
J'aimerais que tout ce cinéma s'arrête. Ah oui c'est vrai, j'avais envisagé un vrai billet sur le sujet mais je n'ai pas le courage.

Je sais juste que tout cela est ridicule. Et que cette fois-ci, je ne ferai pas comme pour la Constitution européenne, où je regardais incrédule mon entourage plaider pour le non en me disant qu'ils avaient perdu la tête, tellement persuadée qu'ils avaient perdu la tête que je n'ai même pas pris la peine d'affirmer qu'ils avaient tort et que c'était idiot.
J'ai regretté plus tard de m'être tue.

Donc cette fois-ci je vais quand même l'écrire: l'allongement de la durée de cotisation est inéluctable (en revanche on pourrait sans doute ne pas mettre d'âge minimal pour le départ en retraite), et le plus tôt sera le mieux.
En 1946, la retraite fut destinée à permettre aux gens de se reposer après une vie de labeurs souvent harrassants. Pas d'aller se prélasser au soleil pendant quinze ans (soixante à soixante quinze ans). Elle n'était pas destinée à favoriser le tourisme. Ce n'est pas sa raison d'être première.
Je n'ai rien contre le tourisme du troisième âge. Mais ce n'est pas une raison valable pour arrêter les trains, couper les routes, bloquer les lycées. Non, partir en retraite n'est pas un projet enthousiasmant. C'est un moment bienvenu que j'accepte avec gratitude en ayant conscience de vivre dans un pays riche.
C'est tout.

Programme

8h39. Maison vide. Je glande.

Une semaine à me lever à 5h30 pour arriver au boulot quatre heures plus tard, entre les jours où il a fallu laisser passer trois trains trop bondés pour qu'on puisse y monter, ceux où il a fallu quarante-cinq minutes en voiture pour faire deux kilomètres (pour passer du RER D au A), ceux où bien installée dans le RER A (qui m'emmène directement à destination) il a fallu que je le quitte à cause de la tête d'oiseau de ma fille (qui se révèle infiniment vulnérable, infiniment vulnérable... je m'en doutais un peu, mais je n'avais pas conscience de la profondeur de son désarroi devant toute situation nouvelle. C'est bien la peine de nous parler comme si elle était un croisé partant en Terre Sainte).

J'ai pris mon petit déjeuner, lancé une machine à tourner. Derrière moi sur la chaise un paquet de linge mouillé attend que je l'étende (le linge à étendre m'est ce que furent les patates à éplucher à Victor Klemperer.) Je n'ai pas pris ma douche. Je n'ai pas fini mon thé (un demi-litre).

Je ne sais pas quand je vais partir. Je m'en fous. Je dirai que c'est à cause de la grève. Puis j'irai ramer deux heures, je passerai deux heures à somnoler pour m'en remettre, et je partirai pour la porte d'Orléans, où j'ai rendez-vous à 17h45 (pratique en période de grève).

8h48. Je vais prendre ma douche. Ce serait bien que mes cheveux soient secs avant de quitter la maison.

Je craque

Je me demande combien de personnes, devant un "paquet abandonné" (boîte à chaussures, sac plastique) sur une chaise sur un quai, se dit: «Tant pis, ras le bol, je préfère exploser que prendre encore deux, trois heures de retard, être compressé, je préfère en finir, je préfère tout plutôt qu'obéir à leurs injonctions alors qu'en temps normal "ils" (la RATP, les agents de la RATP, la SNCF) se tapent de nous comme de l'an 40. Qu'on explose, ça leur donnera un sujet de conversation, un sujet de désolation hypocrite» (parce qu'ils n'en ont rien à cirer, de ce que nous pouvons devenir, il faut tout de même se rendre à l'évidence). (Et puis ça m'évitera de payer leur retraite pendant les vingt-cins ans à venir, idée qui m'insupporte au plus haut point: que mes cotisations sociales servent à tout le monde, sauf aux agents de la RATP et de la SNCF!!)

Je crois que les grèves des transports me rendent vraiment furieuse. A la place des terroristes je choisirais un jour comme ça, un jour où les trains sont si pleins qu'on ne peut plus y monter, un jour où il n'y a plus de petits bonhommes verts pour nous dire de ne pas marcher au bord du quai (ce qui me donne envie de sauter, rien que pour les emm*** ), un jour où il y a tant de monde, tant de stress, que plus personne ne fait attention à rien, que les tourniquets sont ouverts, un jour où les "usagers" sont vraiment usagés, traités comme des kleenex, jetables et remplaçables.

Hier

Rien à écrire, rien de rien. Journée heureuse, appris que RC était invité au Collège de France, commandé un livre de Mauriès. Mauriès, Sollers, Compagnon, Camus, les disciples de Barthes qui n'en finissent pas de se souvenir (et de se jalouser, plus ou moins, en mineur). Qui était Barthes, la question grandit en moi au fil des mois. (Vu passer sur Fabula appel à contribution sur les relations de Barthes et du Maroc).

Fin de journée éprouvante, colère, emportement (Entre autres, répondu vertement à un employé de la RATP qui s'avisait de vouloir m'empêcher de marcher le long du quai qu'il était bien temps de s'en préoccuper, alors que nous pouvions bien périr étouffés pendant les grèves, tout le monde s'en fichait. Parfois je rêve de scandale et d'esclandre, de provocation, de tribunal, que je puisse enfin gueuler à la face du monde ce que je pense d'eux. Et dire que je suis plus calme qu'il y a dix ans… (A l'époque, j'avais prévenu H. qu'un jour pas comme un autre il aurait peut-être à venir me chercher dans un commissariat, ou à téléphoner à un avocat…))

Matin (ce matin) froid. RER non chauffé, comme le train le 24 décembre. Ce n'est pas comme ça que vous allez réussir le réchauffement climatique, Monsieur Guy Degrenne.

Transports

La veille au soir (le lundi, donc), vous avez choisi votre train, 9h21 pour Blois.

Dans la soirée, vous êtes alertée par un commentaire d'une amie FB qui semble avoir beaucoup de mal à rejoindre Orléans. Vous vous souvenez alors de cet article que vous avez lu par-dessus l'épaule de votre voisin, de ce RER déraillé dimanche et des gens rentrés chez eux à minuit...

Le matin, donc, vous décidez de vérifier si le train circule. Informations contradictoires entre deux pages de la SNCF, le site infolignes qui proclame qu'aucun train ne part de la gare d'Austerlitz, et le zoom sur la région ouest (qui ne s'ouvre que dans Firefox et pas dans Safari) qui annonce que les trains circulent normalement, avec un bandeau rouge nous assurant que les informations cette page prennent en compte les informations données par ailleurs (autrement dit, qu'elles sont les plus fiables).

8h20, Rer D; 8h40 gare de Lyon; vous traversez à pied (très pratique), gare d'Auterlitz à 9h00 pour un départ à 9h21: le temps d'acheter tranquillement un billet et d'installer confortablement votre fille dans un wagon.
Sauf qu'il n'y a pas de train. Deux personnes devant vous sont en train de se renseigner, les employés de la SNCF sont très aimables (vraiment), prendre le bus 24, aller à la gare de Bercy, il y aura des bus, des navettes pour Les Aubrais, puis un train pour Blois à partir des Aubrais...

Et donc bus 24, ça sent le fromage, gare de Bercy, inhospitalière, sans café ni brasserie ni relais H. La navette s'avère être un train et non un car, et elle vient juste de partir (à 9h25). La suivante est à 10h. Vous abandonnez votre fille dans la gare pour aller travailler, pas trop inquiète, l'aventure c'est l'aventure, comment aller à Blois en passant par Strasbourg, ça lui fera un souvenir... (Elle arrivera finalement à 13 heures).

Vous retournez à pied gare de Lyon. Tous les escalators sont immobiles, vous croisez des familles ou des femmes seules accompagnées de bouts de chou, chacun sa valise ou son sac à roulettes, comment vont-ils monter les escaliers, vous ne pouvez pas aider tout le monde. Vous prenez le RER A (en grève) jusqu'à la Défense, puis choisissez de prendre le métro de la ligne 1 sur une station pour aller plus vite qu'à pied.
Les quais du métro sont désormais vitrés pour éviter les suicides. Il y a donc deux jeux de portes, celui de la rame et celui du quai.
Le signal sonore retentit, les portes se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment... se rouvrent... se ferment.
Une station plus loin, elles ne s'ouvrent plus, vous ne pouvez plus descendre de la rame.

C'est à ce moment-là que je me suis mise à rire de bon cœur.

Combien de temps met le fût du canon pour refoidir ?



J'espère que vous arrivez à lire: "Davantage de trains à tout moment de la journée".

Train immobilisé en gare de banlieue.

Cinq minute se passent. Le conducteur annonce :
— Nous sommes arrêtés en gare.

Dix minutes encore, ou plus. Il fait nuit, le wagon est silencieux. Dehors la neige ne tombe plus. Je lis (assise!). Le conducteur reprend avec énergie :
— Le train va repartir dans... euh... incessamment sous peu.

Ralentissement

Indexation — et test — en cours (voir colonne de droite). Blog en stand-by. Pas grand chose à raconter de toute façon.
Les gens commencent à s'écharper pour une place en RER. Enervement, exaspération, froid. Et puis certains, adorables et déplacés, continuent à s'excuser s'ils vous bousculent, alors qu'il n'est même plus possible de vaciller tant nous sommes serrés...

Observateur impartial

Sur le trottoir rue Vaugirard, tôt le matin (il fait encore nuit), un vieil Arabe, visage tanné et bonnet de laine en jacquard, murmure en regardant la nuée de vélibs et les piétons pressés:

— Y a quique chose qui va pas en France.

Pour cause de grève

Dormi dans une chambre d'enfant. La nuit, des étoiles brillent sur la porte du placard.

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