jeudi 9 mai 2013
Dernier jour
Par Alice, jeudi 9 mai 2013 à 23:21 :: 2013
Seuls ce matin. Messe de l'Ascension à Saint Marc puis direction le cimetière.
Depuis que H. a changé d'entreprise en 2010, il photographie les tombes pendant ses vacances («je vous jure que c'est vrai, Madame»). Quand il a fini de mitrailler les enfeux (parce que nous nous décomposons moins vite du fait des antibiotiques ingérés (pas uniquement par médicament, surtout par les aliments), des problèmes de place apparaissent dans les cimetières français et nous nous dirigeons vers une solution de type enfeu), je réclame d'aller voir la tombe de Brodsky.
— Je veux voir si ça a changé.
— Ça n'a pas changé : les morts sont toujours morts.
En quoi il se trompe, le rosier a beaucoup grossi entre 2009 et 2013. Et le nom de Brodsky a été officiellement ajouté au panneau indiquant les tombes célèbres.
Je me rends compte qu'il est enterré dans la parcelle évangélique. Un Russe évangéliste, qu'est-ce à dire?
Nous repassons chez l'imprimeur — dont c'est l'anniversaire. Il nous avoue qu'il choisit ses clients, que lorsqu'un Américain entre en disant «I want», il se trouve souvent que ce qu'il "want" est impossible, Gianni Basso est vraiment désolé.
Quelle tête de mule et quel sentimental.
Bref, nous papotons. Nous lui disons notre surprise et notre gratitude à voir les Vénitiens si serviables (pas souriants, parfois revêches, mais serviables, prêts à aider dans le besoin) devant la foule.
— Nous avons l'habitude. Et puis tout Vénitien est en représentation.
N'empêche. Nous lui expliquons que ce qu'a fait H. ce matin, s'installer en terrasse au Florian non ouvert pendant que les serveurs balayaient, est absolument impossible à Paris.
Après-midi. Je passe les détails. En déambulant le soir, nous passons par hasard près de la statue de Paolo Sarpi que j'ai rencontré le matin dans McCarthy. La coïncidence me fait plaisir car je n'aurais pas osé demander partir à sa recherche.
Devant le casino (là encore, hasard: nous cherchions un traghetto qui n'existe pas ou plus) je photographie la plaque commémorant la mort de Wagner (pour Philippe).
Nous dînons derrière San Giacomo dall Orio. J'observe la façon dont les gondoliers s'aident des jambes pour prendre de l'élan contre les murs. La ville elle-même fait partie du système de propulsion des gondoles. (Plus tôt, sur le vaporetto entre Celestia et Fondamente Nove, j'avais observé deux garçons en double scull sur la lagune. Une envie de bateau ne me quitte plus depuis que je suis ici, avoir ramé à Venise m'a perdue pour les piétons. J'envisage d'apprendre le kayak ou de passer le permis bateau (est-il possible de louer un bateau moteur? est-il possible de ne pas causer d'accident en circulant sur les canaux sans y avoir grandi?). Bref, je rêve.)
Nous rentrons dans la nuit. A toute heure des gens errent, perdus, avec ou sans carte à la main. Les rires des filles se font plus aigus, l'alcool aidant. La marée est haute.
Depuis que H. a changé d'entreprise en 2010, il photographie les tombes pendant ses vacances («je vous jure que c'est vrai, Madame»). Quand il a fini de mitrailler les enfeux (parce que nous nous décomposons moins vite du fait des antibiotiques ingérés (pas uniquement par médicament, surtout par les aliments), des problèmes de place apparaissent dans les cimetières français et nous nous dirigeons vers une solution de type enfeu), je réclame d'aller voir la tombe de Brodsky.
— Je veux voir si ça a changé.
— Ça n'a pas changé : les morts sont toujours morts.
En quoi il se trompe, le rosier a beaucoup grossi entre 2009 et 2013. Et le nom de Brodsky a été officiellement ajouté au panneau indiquant les tombes célèbres.
Je me rends compte qu'il est enterré dans la parcelle évangélique. Un Russe évangéliste, qu'est-ce à dire?
Nous repassons chez l'imprimeur — dont c'est l'anniversaire. Il nous avoue qu'il choisit ses clients, que lorsqu'un Américain entre en disant «I want», il se trouve souvent que ce qu'il "want" est impossible, Gianni Basso est vraiment désolé.
Quelle tête de mule et quel sentimental.
Bref, nous papotons. Nous lui disons notre surprise et notre gratitude à voir les Vénitiens si serviables (pas souriants, parfois revêches, mais serviables, prêts à aider dans le besoin) devant la foule.
— Nous avons l'habitude. Et puis tout Vénitien est en représentation.
N'empêche. Nous lui expliquons que ce qu'a fait H. ce matin, s'installer en terrasse au Florian non ouvert pendant que les serveurs balayaient, est absolument impossible à Paris.
Après-midi. Je passe les détails. En déambulant le soir, nous passons par hasard près de la statue de Paolo Sarpi que j'ai rencontré le matin dans McCarthy. La coïncidence me fait plaisir car je n'aurais pas osé demander partir à sa recherche.
Devant le casino (là encore, hasard: nous cherchions un traghetto qui n'existe pas ou plus) je photographie la plaque commémorant la mort de Wagner (pour Philippe).
Nous dînons derrière San Giacomo dall Orio. J'observe la façon dont les gondoliers s'aident des jambes pour prendre de l'élan contre les murs. La ville elle-même fait partie du système de propulsion des gondoles. (Plus tôt, sur le vaporetto entre Celestia et Fondamente Nove, j'avais observé deux garçons en double scull sur la lagune. Une envie de bateau ne me quitte plus depuis que je suis ici, avoir ramé à Venise m'a perdue pour les piétons. J'envisage d'apprendre le kayak ou de passer le permis bateau (est-il possible de louer un bateau moteur? est-il possible de ne pas causer d'accident en circulant sur les canaux sans y avoir grandi?). Bref, je rêve.)
Nous rentrons dans la nuit. A toute heure des gens errent, perdus, avec ou sans carte à la main. Les rires des filles se font plus aigus, l'alcool aidant. La marée est haute.