mardi 23 février 2010
Tu veux pas une pipe, pendant qu' tu y es ?
Par Alice, mardi 23 février 2010 à 22:21 :: 2010
Ce matin, un tweet m'a fait rire de bon cœur.
Faisant référence à cette photo,
il écrivait « Ça donne plutôt envie de fumer ».
Eh oui, il faudrait choisir, à la fin : la fellation, pratique dégradante ou jeu (et plaisir) partagé ?
C'est toute l'ambiguïté du discours masculin (je ne précise pas hétéro, puisque c'est le discours de référence.)
Qui se livrerait de son plein gré à une activité qui, bien que procurant du plaisir, ne lui obtiendrait pas de la reconnaissance mais du mépris, ne serait pas considérée comme un don mais comme de la soumission? (Le même schéma se répète au niveau de la séduction: désirée la veille, méprisée le lendemain1. Mais ça va pas la tête? Tu peux t'mett'e la bite sous l'bras! (Bon, je m'égare)).
Et c'est ainsi qu'en tant que fille, femme, bref, élément féminin de l'histoire, je me suis toujours sentie perdante dans ces histoires de sexe. Quasiment toute la littérature érotique est organisée ainsi : une place dégradante pour la femme, ou plus généralement une place dégradante pour le partenaire pénétré.
Passons sur la bêtise du présupposé (nous ne savons rien de la jouissance de la pénétration, mais vous ne savez rien de l'inverse, héhé (ou alors si, vous savez, bande d'hypocrites!!))2
A une lointaine époque, j'ai eu une nourrice noire pour s'occuper des enfants. Il était impossible de lui faire la moindre remarque; toute remarque prouvait que nous étions racistes. Ou comme dirait un ami, «elle avait intensément conscience de sa négritude».
De même, j'ai eu longtemps « intensément conscience» de cette place de perdante, cette place de femme. Cela conduit à des interprétations perverties, à une paranoïa constante. On ne considère plus qu'un élément particulier de la gent masculine est con (si je peux employer ce terme dans ce billet), mais que tous les hommes en général mentent afin d'obtenir des gestes pour lesquels ils nous méprisent au fond d'eux-mêmes. Ici avoir beaucoup lu est plutôt un handicap, car 90% des récits tournent autour de ce thème (et le reste est souvent sirupeux).
Ce n'est qu'en lisant Tricks et Notes sur les manières du temps, quand RC note que de nombreux amants de passage sont incapables de le saluer amicalement le lendemain et l'ignorent, que je me suis rendue à l'évidence : non, les hommes ne méprisaient pas particulièrement les femmes. Simplement, un certain nombre d'entre eux était de sombres malappris, ou plus simplement des êtres pas tout à fait finis, à qui il manquait une fibre fraternelle (de la fraternité entre les hommes et les femmes, si, si, entre les hommes et les femmes comme appartenant à une commune humanité), défaut discernable le lendemain seulement (dommage).
Mais là , les concepteurs de cette campagne ont clairement affiché leur opinion3 et je lance ma malédiction : qu'il leur soit refusé à jamais toute pipe, tout jeu, tout rire, dans le plaisir partagé.
1 : Parfois cela prend des chemins plus retors, comme lorsque Matoo raconte que la mariée a mauvaise réputation pour avoir accepté de coucher le premier soir — avec son futur mari (couple très libre visiblement, mais inégalité dans le jugement de l'un et de l'autre…))
2 : Dire qu'on me demande ce que je trouve aux pdblogueurs ! Eh bien j'y trouve — au moins chez Matoo, je ne sais pas si je peux généraliser — une liberté de ton qui correspond à mon appréhension du réel, et c'est rassurant, une fois de temps en temps.
3 : Passons sur ce qu'il faudra expliquer aux plus jeunes enfants qui poseront des questions. Derrière son horreur affichée de la pornographie enfantine, notre époque considère que tous les enfants savent tout sur le sexe, ses pratiques et autres, dès l'école primaire (estomaquée d'apprendre que mon fils avait eu un cours sur le sida et la façon de mettre un préservatif… en CM2 (dix ans).
Faisant référence à cette photo,
il écrivait « Ça donne plutôt envie de fumer ».
Eh oui, il faudrait choisir, à la fin : la fellation, pratique dégradante ou jeu (et plaisir) partagé ?
C'est toute l'ambiguïté du discours masculin (je ne précise pas hétéro, puisque c'est le discours de référence.)
Qui se livrerait de son plein gré à une activité qui, bien que procurant du plaisir, ne lui obtiendrait pas de la reconnaissance mais du mépris, ne serait pas considérée comme un don mais comme de la soumission? (Le même schéma se répète au niveau de la séduction: désirée la veille, méprisée le lendemain1. Mais ça va pas la tête? Tu peux t'mett'e la bite sous l'bras! (Bon, je m'égare)).
Et c'est ainsi qu'en tant que fille, femme, bref, élément féminin de l'histoire, je me suis toujours sentie perdante dans ces histoires de sexe. Quasiment toute la littérature érotique est organisée ainsi : une place dégradante pour la femme, ou plus généralement une place dégradante pour le partenaire pénétré.
Passons sur la bêtise du présupposé (nous ne savons rien de la jouissance de la pénétration, mais vous ne savez rien de l'inverse, héhé (ou alors si, vous savez, bande d'hypocrites!!))2
A une lointaine époque, j'ai eu une nourrice noire pour s'occuper des enfants. Il était impossible de lui faire la moindre remarque; toute remarque prouvait que nous étions racistes. Ou comme dirait un ami, «elle avait intensément conscience de sa négritude».
De même, j'ai eu longtemps « intensément conscience» de cette place de perdante, cette place de femme. Cela conduit à des interprétations perverties, à une paranoïa constante. On ne considère plus qu'un élément particulier de la gent masculine est con (si je peux employer ce terme dans ce billet), mais que tous les hommes en général mentent afin d'obtenir des gestes pour lesquels ils nous méprisent au fond d'eux-mêmes. Ici avoir beaucoup lu est plutôt un handicap, car 90% des récits tournent autour de ce thème (et le reste est souvent sirupeux).
Ce n'est qu'en lisant Tricks et Notes sur les manières du temps, quand RC note que de nombreux amants de passage sont incapables de le saluer amicalement le lendemain et l'ignorent, que je me suis rendue à l'évidence : non, les hommes ne méprisaient pas particulièrement les femmes. Simplement, un certain nombre d'entre eux était de sombres malappris, ou plus simplement des êtres pas tout à fait finis, à qui il manquait une fibre fraternelle (de la fraternité entre les hommes et les femmes, si, si, entre les hommes et les femmes comme appartenant à une commune humanité), défaut discernable le lendemain seulement (dommage).
Mais là , les concepteurs de cette campagne ont clairement affiché leur opinion3 et je lance ma malédiction : qu'il leur soit refusé à jamais toute pipe, tout jeu, tout rire, dans le plaisir partagé.
1 : Parfois cela prend des chemins plus retors, comme lorsque Matoo raconte que la mariée a mauvaise réputation pour avoir accepté de coucher le premier soir — avec son futur mari (couple très libre visiblement, mais inégalité dans le jugement de l'un et de l'autre…))
2 : Dire qu'on me demande ce que je trouve aux pdblogueurs ! Eh bien j'y trouve — au moins chez Matoo, je ne sais pas si je peux généraliser — une liberté de ton qui correspond à mon appréhension du réel, et c'est rassurant, une fois de temps en temps.
3 : Passons sur ce qu'il faudra expliquer aux plus jeunes enfants qui poseront des questions. Derrière son horreur affichée de la pornographie enfantine, notre époque considère que tous les enfants savent tout sur le sexe, ses pratiques et autres, dès l'école primaire (estomaquée d'apprendre que mon fils avait eu un cours sur le sida et la façon de mettre un préservatif… en CM2 (dix ans).