samedi 1 mai 2021
Aérer
Par Alice, samedi 1 mai 2021 à 20:22 :: 2021
La promenade inattendue le long de la Seine a été l'occasion de lire longuement Twitter. J'ai trouvé au passage cette explication du Pr Logos sur l'aération et la concentration en CO2 que je vais recopier pour la conserver (toujours cette peur de la destruction des sources).
Il est entendu comme d'habitude que je supprimerai ce billet s'il en fait la demande.
1/ Peut-on établir une mesure des risques de contamination de sorte à libérer toutes les activités qui ne causent pas de risque significatif et à éliminer celles qui causent le gros des contaminations?
2/ Commençons simple par la base. La probabilité d'être infecté dépend de la dose virale que l'on reçoit, c'est-à -dire du nombre de particules virales que l'on inhale, de manière cumulée. Plus l'air est concentré en virus, plus la dose est forte. Plus on en inhale longtemps aussi
3/ La dose moyenne à laquelle on atteint une probabilité significative d'être contaminé (63% par convention) s'appelle un quantum d'infection. Il dépend pour chaque individu de son système immunitaire (qualité de la réponse interféron) et donc de l'âge, des comorbidités, etc.
4/ L'idée la plus simple sur laquelle appuyer un calcul de risque suppose que la probabilité d'être infecté est proportionnelle à la dose à faible dose. Ce n'est pas forcément évident, ni totalement vrai, mais cela permet de tirer d'avancer vers des conclusions importantes.
5/ Première conclusion sur les masques.
Si vous faites une activité avec un masque en coton, vous divisez la concentration inhalée par 3 mais l'émetteur en exhale aussi 3 fois moins.
Cela fait donc 9 fois moins de risque.
6/ Vous mettez correctement le masque chirurgical, sans qu'il baille et voilà que c'est 10 fois moins, donc 100 fois moins de risque. Au besoin, vous le plaquez sur le nez et les joues avec un joli masque en coton.
100 fois moins de risque que sans masque.
7/ Vous mettez un FFP2 bien ajusté à votre tête et c'est 50 fois moins de dose inhalée. L'un a un FFP2 et l'autre un masque chirurgical, le risque est divisé par 500.
Deux FFP2 non-médicaux, le risque est divisé par 2500…
8/ Ces facteurs sont non seulement déterminés scientifiquement par les facteurs de filtration, mais aussi validés par les études de ce type, sur les contaminations en milieu hospitalier, stoppées par les FFP2 mais pas les masques chirurgicaux.
L'étude.
9/ Deuxième facteur qui détermine les doses de particules virales inhalées: le niveau de ventilation par personne présente autour de vous, c'est-à -dire le remplacement de l'air vicié par de l'air frais. La ventilation conditionne la dilution des particules virales.
10/ Coup de chance, nous disposons d'un moyen de mesure du niveau de ventilation, donc du risque: le taux de CO2. En effet, les particules virales et le CO2 se diluent au même rythme. En Allemagne, les enseignes de bricolage, les supermarchés en vendent et en font la pub…
Nous?
11/ Le niveau de ventilation, de remplacement de l'air vicié par de l'air frais, détermine le risque de transmission aéroportée à longue distance. On peut déterminer ce risque, en moyenne sur la population, qui est est proportionnel au taux de CO2 relatif à l'extérieur.
12/ Pourquoi faut-il que les commerces, les transports, les écoles, et vous chez vous, vous ayez un capteur de CO2 de qualité, et appreniez à vous en servir? Parce que c'est une mesure du risque.
Vous pouvez faire plein de choses en risque contrôlé, en aérant, en purifiant l'air.
13/ Troisième point. Les doses émises dépendent de l'activité. Parler émet plus de particules virales que respirer au repos. Courir aussi. Le pire du pire, c'est chanter.
D'où, je peux vous dire comment faire un beau cluster à vous.
14/ Pour l'anniversaire d'un super bon copain, vous faites une teuf dans un salon de 13 m^2, avec les fenêtres fermées à cause de la maréchaussée, et surtout, vous braillez en cœur avec une voix avinée, par dessus les paroles de la bonne vibe qui passe — une tuerie.
Topissime.
15/ Je vous connais, vous voulez des nombres. Du quantitatif.
Prenez un type comme Trump, ou sa compagne. Ils émettent typiquement du 40 quanta par heure. 40 fois de quoi contaminer une personne moyenne en une heure.
L'article.
16/ Vous prenez l'apéro avec Trump (ou n'importe quelle personne moyenne comme lui) et sa femme, tous deux contaminés, sans masque, pendant une heure, dans votre salon à 1500 ppm de CO2 parce qu'il fait froid dehors.
La probabilité que vous le choppiez: 67%.
17/ Vous voyez Trump et sa femme, tous deux contaminés, mais vous aérez deux fois trois minutes pendant la demi-heure où ils sont chez-vous et vous discutez tous avec des masques chirurgicaux bien mis. Résultat 650 ppm.
La probabilité que vous le choppiez: 0,2%.
18/ Pour aujourd'hui, je ne vais pas développer le calcul de risque ni ses incertitudes, mais juste pointer qu'il existe, et qu'on connait le cumul des facteurs de risque, avec précision.
19/ Ce qu'on vient de voir (filtration par les masques, type d'activité, degré de ventilation) détermine la dose de particules virales inhalée à longue distance. A courte distance du visage d'une personne infectée, il y a un sur-risque que l'on peut éviter simplement.
20/ La dilution liée au mélange turbulent dans le sillage d'un émetteur de virus a été traité par Taylor en 1921. C'est dire si c'est une science bien connue…
21/ Un article récent, que j'aime bien (au premier degré) vous explique comment optimiser par la recherche olfactive, le fait de vous mettre dans le sillage de particules virales de quelqu'un.
Vous, il faut faire le contraire, hein…
22/ Et puisqu'on y est, un autre article décrivant la loi de mélange dans le sillage de la bouche d'un contaminé, mais à une distance plus petite que sa distance au dessus du sol (1m50-1m80 en gros).
Mais revenons aux conseils pratiques.
23/ Quand vous promenez côte à côte avec quelqu'un, en plein air, le risque est négligeable. Si vous suivez quelqu'un avec qui vous vous promenez, laissez lui 2m50 d'avance ou dégagez vous du sillage. En vélo sur piste cyclable, laissez un peu plus encore.
24/ Evitez autant que possible d'être dans le sillage de quelqu'un pendant longtemps: ré-apprenez à sentir d'où vient le vent. Typiquement, un pic-nic au canal Saint-Martin, à 20 cm de votre voisin, dans le vent, c'est une mauvaise idée.
La dose croit avec le temps de résidence.
25/ Les files statiques sont des mauvaises idées. En mettre devant les magasins pour respecter la jauge dedans aussi. On a pourtant inventé les tickets de boucherie, pour ça, ou leur version moderne avec une réservation de créneau horaire en QR code…
Starteupe naillechoune.
26/ Si vous vous baladez dans une foule un peu dense, en plein air, (les quais de la Seine ou une manifs) gardez le masque et ne vous mettez pas longtemps dans le sillage de la même personne: doublez un peu, ralentissez un peu, pour éviter de sniffer le super-spreader du coin.
27/ Vous allez dire: mais c'est délirant, oppressif, la méthode analytique conditionnant ce qu'on fait à un degré de risque.
Je ne crois pas parce qu'on gagne beaucoup à mettre en œuvre la mesure (CO2)/le calcul de risque. On peut reprendre les activités.
28/ Ouvrir les universités? On peut. Ca demande de l'argent, pour ventiler, mettre les capteurs CO2, distribuer des FFP2, mettre des décontaminateurs de FFP2 dans les halls, mais on peut. Pas beaucoup d'argent, en plus.
29/ Ouvrir les musées, les cinoches, on peut. Le théâtre, la musique, le chant, c'est un peu plus chaud, car on doit penser des aspirateurs à Covid silencieux pour les scènes. Mais je suis sûr qu'on peut. On a la techno pour le faire.
30/ Sécuriser les cantines, les lieux de restauration collective, c'est chaud chaud chaud. Mais on peut. Là c'est un peu plus d'argent. Mais on a la techno là aussi. Il faut lâcher de l'argent public pour sécuriser, mais on revit et surtout, on maîtrise à nouveau nos vies.
31/ Danser en plein air, pendant une durée permettant un risque mesuré, on peut. Sécuriser des parquets par un soufflage vertical d'air pur aussi. Ce n'est pas difficile: il faut du temps d'ingéniéerie et de l'argent pour fabriquer.
Du même Twittos, Comment sécurisez les écoles et par ailleurs Des guides et des fiches d'une association dédiée à l'aération.
Il est entendu comme d'habitude que je supprimerai ce billet s'il en fait la demande.
1/ Peut-on établir une mesure des risques de contamination de sorte à libérer toutes les activités qui ne causent pas de risque significatif et à éliminer celles qui causent le gros des contaminations?
2/ Commençons simple par la base. La probabilité d'être infecté dépend de la dose virale que l'on reçoit, c'est-à -dire du nombre de particules virales que l'on inhale, de manière cumulée. Plus l'air est concentré en virus, plus la dose est forte. Plus on en inhale longtemps aussi
3/ La dose moyenne à laquelle on atteint une probabilité significative d'être contaminé (63% par convention) s'appelle un quantum d'infection. Il dépend pour chaque individu de son système immunitaire (qualité de la réponse interféron) et donc de l'âge, des comorbidités, etc.
4/ L'idée la plus simple sur laquelle appuyer un calcul de risque suppose que la probabilité d'être infecté est proportionnelle à la dose à faible dose. Ce n'est pas forcément évident, ni totalement vrai, mais cela permet de tirer d'avancer vers des conclusions importantes.
5/ Première conclusion sur les masques.
Si vous faites une activité avec un masque en coton, vous divisez la concentration inhalée par 3 mais l'émetteur en exhale aussi 3 fois moins.
Cela fait donc 9 fois moins de risque.
6/ Vous mettez correctement le masque chirurgical, sans qu'il baille et voilà que c'est 10 fois moins, donc 100 fois moins de risque. Au besoin, vous le plaquez sur le nez et les joues avec un joli masque en coton.
100 fois moins de risque que sans masque.
7/ Vous mettez un FFP2 bien ajusté à votre tête et c'est 50 fois moins de dose inhalée. L'un a un FFP2 et l'autre un masque chirurgical, le risque est divisé par 500.
Deux FFP2 non-médicaux, le risque est divisé par 2500…
8/ Ces facteurs sont non seulement déterminés scientifiquement par les facteurs de filtration, mais aussi validés par les études de ce type, sur les contaminations en milieu hospitalier, stoppées par les FFP2 mais pas les masques chirurgicaux.
L'étude.
9/ Deuxième facteur qui détermine les doses de particules virales inhalées: le niveau de ventilation par personne présente autour de vous, c'est-à -dire le remplacement de l'air vicié par de l'air frais. La ventilation conditionne la dilution des particules virales.
10/ Coup de chance, nous disposons d'un moyen de mesure du niveau de ventilation, donc du risque: le taux de CO2. En effet, les particules virales et le CO2 se diluent au même rythme. En Allemagne, les enseignes de bricolage, les supermarchés en vendent et en font la pub…
Nous?
11/ Le niveau de ventilation, de remplacement de l'air vicié par de l'air frais, détermine le risque de transmission aéroportée à longue distance. On peut déterminer ce risque, en moyenne sur la population, qui est est proportionnel au taux de CO2 relatif à l'extérieur.
12/ Pourquoi faut-il que les commerces, les transports, les écoles, et vous chez vous, vous ayez un capteur de CO2 de qualité, et appreniez à vous en servir? Parce que c'est une mesure du risque.
Vous pouvez faire plein de choses en risque contrôlé, en aérant, en purifiant l'air.
13/ Troisième point. Les doses émises dépendent de l'activité. Parler émet plus de particules virales que respirer au repos. Courir aussi. Le pire du pire, c'est chanter.
D'où, je peux vous dire comment faire un beau cluster à vous.
14/ Pour l'anniversaire d'un super bon copain, vous faites une teuf dans un salon de 13 m^2, avec les fenêtres fermées à cause de la maréchaussée, et surtout, vous braillez en cœur avec une voix avinée, par dessus les paroles de la bonne vibe qui passe — une tuerie.
Topissime.
15/ Je vous connais, vous voulez des nombres. Du quantitatif.
Prenez un type comme Trump, ou sa compagne. Ils émettent typiquement du 40 quanta par heure. 40 fois de quoi contaminer une personne moyenne en une heure.
L'article.
16/ Vous prenez l'apéro avec Trump (ou n'importe quelle personne moyenne comme lui) et sa femme, tous deux contaminés, sans masque, pendant une heure, dans votre salon à 1500 ppm de CO2 parce qu'il fait froid dehors.
La probabilité que vous le choppiez: 67%.
17/ Vous voyez Trump et sa femme, tous deux contaminés, mais vous aérez deux fois trois minutes pendant la demi-heure où ils sont chez-vous et vous discutez tous avec des masques chirurgicaux bien mis. Résultat 650 ppm.
La probabilité que vous le choppiez: 0,2%.
18/ Pour aujourd'hui, je ne vais pas développer le calcul de risque ni ses incertitudes, mais juste pointer qu'il existe, et qu'on connait le cumul des facteurs de risque, avec précision.
19/ Ce qu'on vient de voir (filtration par les masques, type d'activité, degré de ventilation) détermine la dose de particules virales inhalée à longue distance. A courte distance du visage d'une personne infectée, il y a un sur-risque que l'on peut éviter simplement.
20/ La dilution liée au mélange turbulent dans le sillage d'un émetteur de virus a été traité par Taylor en 1921. C'est dire si c'est une science bien connue…
21/ Un article récent, que j'aime bien (au premier degré) vous explique comment optimiser par la recherche olfactive, le fait de vous mettre dans le sillage de particules virales de quelqu'un.
Vous, il faut faire le contraire, hein…
22/ Et puisqu'on y est, un autre article décrivant la loi de mélange dans le sillage de la bouche d'un contaminé, mais à une distance plus petite que sa distance au dessus du sol (1m50-1m80 en gros).
Mais revenons aux conseils pratiques.
23/ Quand vous promenez côte à côte avec quelqu'un, en plein air, le risque est négligeable. Si vous suivez quelqu'un avec qui vous vous promenez, laissez lui 2m50 d'avance ou dégagez vous du sillage. En vélo sur piste cyclable, laissez un peu plus encore.
24/ Evitez autant que possible d'être dans le sillage de quelqu'un pendant longtemps: ré-apprenez à sentir d'où vient le vent. Typiquement, un pic-nic au canal Saint-Martin, à 20 cm de votre voisin, dans le vent, c'est une mauvaise idée.
La dose croit avec le temps de résidence.
25/ Les files statiques sont des mauvaises idées. En mettre devant les magasins pour respecter la jauge dedans aussi. On a pourtant inventé les tickets de boucherie, pour ça, ou leur version moderne avec une réservation de créneau horaire en QR code…
Starteupe naillechoune.
26/ Si vous vous baladez dans une foule un peu dense, en plein air, (les quais de la Seine ou une manifs) gardez le masque et ne vous mettez pas longtemps dans le sillage de la même personne: doublez un peu, ralentissez un peu, pour éviter de sniffer le super-spreader du coin.
27/ Vous allez dire: mais c'est délirant, oppressif, la méthode analytique conditionnant ce qu'on fait à un degré de risque.
Je ne crois pas parce qu'on gagne beaucoup à mettre en œuvre la mesure (CO2)/le calcul de risque. On peut reprendre les activités.
28/ Ouvrir les universités? On peut. Ca demande de l'argent, pour ventiler, mettre les capteurs CO2, distribuer des FFP2, mettre des décontaminateurs de FFP2 dans les halls, mais on peut. Pas beaucoup d'argent, en plus.
29/ Ouvrir les musées, les cinoches, on peut. Le théâtre, la musique, le chant, c'est un peu plus chaud, car on doit penser des aspirateurs à Covid silencieux pour les scènes. Mais je suis sûr qu'on peut. On a la techno pour le faire.
30/ Sécuriser les cantines, les lieux de restauration collective, c'est chaud chaud chaud. Mais on peut. Là c'est un peu plus d'argent. Mais on a la techno là aussi. Il faut lâcher de l'argent public pour sécuriser, mais on revit et surtout, on maîtrise à nouveau nos vies.
31/ Danser en plein air, pendant une durée permettant un risque mesuré, on peut. Sécuriser des parquets par un soufflage vertical d'air pur aussi. Ce n'est pas difficile: il faut du temps d'ingéniéerie et de l'argent pour fabriquer.
Du même Twittos, Comment sécurisez les écoles et par ailleurs Des guides et des fiches d'une association dédiée à l'aération.