Alice du fromage

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Billets qui ont 'Venise' comme ville.

lundi 23 octobre 2023

Salutations à Brodsky

Levés tard, trop tard pour faire tout ce qu'il reste à faire : courir jusqu'au bout de la ville, aller voir l'imprimeur, revoir le Carpaccio…

Eglise jésuite.

San Michele. Stravinsky, Diaghilev, Pound, Brodsky. Brodsky a changé.

Déjeuner au restaurant près de la fac ou cité universitaire. Le décor du restaurant est raccord avec l'église proche. Enorme assiette de fruits de mer frits.

Les deux bandes blanches sur les murs.

Errance : je voulais revoir Carpaccio mais mes compagnons ne sont pas motivés. La fondation Olivetti est fermée. Nous allons prendre un café au «Café» Campo Santo Stefano. Il fait doux au soleil.

Marie doit partir pour un rendez-vous. Nous rentrons chercher nos valises, dire au revoir à Jules. Fondamenta Nove, achat de billets (inutiles puisque nous avion pris un aller-retour — mais nous l'avions oublié).
Nous ne pouvons pas monter dans le premier vaporetto pour l'aéroport — il est plein. Deuxième vaporetto, nous passons les différents contrôles.

J'écris à une table dans l'aéroport. Nous avions une heure et demie d'avance (19h), l'avion a une heure de retard (21h40).
L'aéroport propose du wifi. Beaucoup de temps pour bloguer.
Je vais être fatiguée demain.

dimanche 22 octobre 2023

Laura de Santillana à l'Accademia

Chaque jour nous nous levons plus tard. L'eau a descendu.
Exposition Laura de Santillana qui était notre prétexte / notre objectif pour venir ici.
Sandwich assis sur les bords d'une place. Le problème des goélands. Peu de bancs à Venise.
Pont éphémère devant Maria della Salute. Marathon. Glace chez Nico. Anish Kapoor.
Nous rentrons par les petites rues. Parfumeur de Marie. Opticien aux montures extravagantes.
Basilique Saint Marc protégée des acqua alta. Visiteurs les pieds dans l'eau pour entrer dans l'église.

Retour. J'écris des cartes postales. Rougets au grill. Nous ressortons prendre un verre dans le Canarregio. Petites rues la nuit.

samedi 21 octobre 2023

Fortuny

Petit déjeuner 8h30.

Marché aux poissons. Spritz au Chat noir. Sieste. Acqua alta au réveil (même si c'était prévu: téléchargez l'application hi!tide Venice). Musée Fortuny. Place Saint Marc partiellement sous l'eau. Bellini près le la place Santa Margherita (la librairie a été divisée en deux; la librairie française n'existe plus depuis 2017). Locanda Montin. Retour en évitant les rues inondées.

vendredi 20 octobre 2023

Fondation Querini Stampalia

Marie rencontrée à Cerisy a organisé une exposition sur Laura de Santillano à l'Accademia de Venise (du fait de son âge et statut de doctorante, elle n'est qu'assistante sur le programme, elle en éprouve quelque amertume). Nous avons donc décidé d'y aller avant que l'événement ne se termine. Elle nous a gentiment invités chez elle.

Levés 3h20, départ de la maison 4h, arrivés Orly 5h, attente deux heures. Je dors en vrac sur un siège.

Arrivée Fondamenta Nove, Marie nous attend. Son appartement est une surprise, haut de plafond, vastes pièces, terrazzo traditionnel. (Je m'attendais à dormir sur un sofa défoncé dans un appartement étudiant). Son ami Jules est un vrai Vénitien, de trois générations au moins et l'appartement est à son père.

Passage derrière l'Arsenal. Fondation Querini Stampalia. Sieste. Spritz au comptoir. Risotto artichaut.

vendredi 18 septembre 2015

A nos sociétaires morts pour la France

A midi, j'ai vu quatre embarcations vénitiennes (dont deux gondoles) passer sur la Seine. Peut-être des équipages de l'ACBB s'entraînant pour la régate des bateaux historiques?
Mauvaises photos, dommage.


En quittant le bureau, je suis passée devant les plaques commémoratives de la SACEM à Neuilly que je n'avais jamais remarquées:


jeudi 9 mai 2013

Dernier jour

Seuls ce matin. Messe de l'Ascension à Saint Marc puis direction le cimetière.
Depuis que H. a changé d'entreprise en 2010, il photographie les tombes pendant ses vacances («je vous jure que c'est vrai, Madame»). Quand il a fini de mitrailler les enfeux (parce que nous nous décomposons moins vite du fait des antibiotiques ingérés (pas uniquement par médicament, surtout par les aliments), des problèmes de place apparaissent dans les cimetières français et nous nous dirigeons vers une solution de type enfeu), je réclame d'aller voir la tombe de Brodsky.
— Je veux voir si ça a changé.
— Ça n'a pas changé : les morts sont toujours morts.

En quoi il se trompe, le rosier a beaucoup grossi entre 2009 et 2013. Et le nom de Brodsky a été officiellement ajouté au panneau indiquant les tombes célèbres.






Je me rends compte qu'il est enterré dans la parcelle évangélique. Un Russe évangéliste, qu'est-ce à dire?

Nous repassons chez l'imprimeur — dont c'est l'anniversaire. Il nous avoue qu'il choisit ses clients, que lorsqu'un Américain entre en disant «I want», il se trouve souvent que ce qu'il "want" est impossible, Gianni Basso est vraiment désolé.
Quelle tête de mule et quel sentimental.
Bref, nous papotons. Nous lui disons notre surprise et notre gratitude à voir les Vénitiens si serviables (pas souriants, parfois revêches, mais serviables, prêts à aider dans le besoin) devant la foule.
— Nous avons l'habitude. Et puis tout Vénitien est en représentation.
N'empêche. Nous lui expliquons que ce qu'a fait H. ce matin, s'installer en terrasse au Florian non ouvert pendant que les serveurs balayaient, est absolument impossible à Paris.

Après-midi. Je passe les détails. En déambulant le soir, nous passons par hasard près de la statue de Paolo Sarpi que j'ai rencontré le matin dans McCarthy. La coïncidence me fait plaisir car je n'aurais pas osé demander partir à sa recherche.
Devant le casino (là encore, hasard: nous cherchions un traghetto qui n'existe pas ou plus) je photographie la plaque commémorant la mort de Wagner (pour Philippe).

Nous dînons derrière San Giacomo dall Orio. J'observe la façon dont les gondoliers s'aident des jambes pour prendre de l'élan contre les murs. La ville elle-même fait partie du système de propulsion des gondoles. (Plus tôt, sur le vaporetto entre Celestia et Fondamente Nove, j'avais observé deux garçons en double scull sur la lagune. Une envie de bateau ne me quitte plus depuis que je suis ici, avoir ramé à Venise m'a perdue pour les piétons. J'envisage d'apprendre le kayak ou de passer le permis bateau (est-il possible de louer un bateau moteur? est-il possible de ne pas causer d'accident en circulant sur les canaux sans y avoir grandi?). Bref, je rêve.)

Nous rentrons dans la nuit. A toute heure des gens errent, perdus, avec ou sans carte à la main. Les rires des filles se font plus aigus, l'alcool aidant. La marée est haute.

mercredi 8 mai 2013

Une journée dans les îles

Les Carpaccio aux esclavons, Torcello, Burano, soleil et ciel bleu (sieste sous les pins), spritz place sainte Marguerite. La vie prend son rythme.

Cet homme repeignait sa maison au pinceau. Il m'a donné l'envie d'en faire autant. Ai-je une échelle assez haute? (Il me semble que oui.) Combien de temps cela prendrait-il? (Le drame de ma maison, c'est que nous l'avons achetée blanche, mais que le propriétaire l'a repeinte en jaune entre le compromis de vente et notre emménagement. Je voudrais une maison blanche.)





Je lis Mary McCarthy (croisée dans Hannah Arendt il y a quelques jours, c'était de grandes amies) et cela me fait rire.

«Je vous envie d'écrire sur Venise», déclare le nouveau venu. «Je vous plains», dit celui qui sait de quoi il retourne. Une chose demeure certaine; la sophistication, cette sophistication contemporaine qui impose de se démarquer, d'être paradoxal, de renverser les données, s'avère impossible à Venise. Et avec le temps, c'est ainsi que jaillit la beauté du lieu. On abandonne la lutte, on se soumet à un sentiment traditionnel, on accepte le fait que ce que l'on est sur le point de dire, de ressentir, a non seulement déjà été dit par Goethe ou Musset, mais était également sur les lèvres du touriste de l'Iowa débarquant sur la place Saint-Marc, flanqué de son épouse avec une fourrure piquée d'une broche. L'Autre, cet ennemi existentiel, est ici semblable à soi-même.

Mary McCarthy, En observant Venise, p.18 (petite bibliothèque Payot, 2003)

J'ai un problème de timbres. Le buraliste de Burano me dit «finito» et je suppose qu'il n'en a plus. Mais celui pas très loin de la place Saint Marc me dit qu'il n'en vend plus et qu'il faut aller à la poste et je ne suis pas très sûre de ce qu'il faut comprendre: les buralistes sont-ils tous en rupture de stock ou n'en vendent-ils plus par changement de réglementation?
Demain c'est l'Ascension, la poste ne sera pas ouverte.

mardi 7 mai 2013

Journée ensoleillée

Il fait très beau, avec un peu de vent. Après avoir cherché un médecin, notre ami décide d'aller aux urgences à l'hôpital afin de faire au plus simple (à ma question: «Crois-tu avoir besoin d'autres médicaments que ce que nous pouvons acheter librement en pharmacie?» il a répondu oui, ce qui rendait légitime la démarche). Il en ressort que l'on peut librement circuler dans l'hôpital, qui est très vaste et ressemble au reste de Venise (je veux parler des maisons ocres et des volets verts et de l'herbe haute). Ce serait une façon d'aller très vite des Fondamenta Nuove à San Giovanni et Paolo, mais évidemment guère civique.
Dans les jardins de l'hôpital, une fontaine rassemble une colonie de tortues de Floride. C'est curieux.





(Il apparaîtra, mais nous n'en doutions guère, que notre ami avait paniqué un peu vite.)

Pendant qu'il est à l'hôpital avec sa femme, H. et moi retournons chez Gianni Basso. Comme il nous dira en riant «les gens reviennent pour vérifier que je n'ai pas disparu». J'ai un peu honte car il a raison (mais je suis rassurée, son fils est plus souriant, plus détendu: peut-être a-t-il constaté en quatre ans que les idées bizarres de son père (pas de fax, pas d'internet) constituent le meilleur marketing pour son activité d'imprimeur traditionnel. Quoi qu'il en soit, les commandes continuent d'affluer du monde entier.)

J'en profite pour entraîner H. vers magasin repéré lors de mon passage pour la Vogalonga. Il s'agit de vêtements fabriqués par des détenues et la vitrine est de toute beauté.
En fait j'étais persuadée que rien ne m'irait (habits fait à la main, je n'ai pas la taille mannequin, etc.) mais il s'avère que la vendeuse a le jugement sûr (cela m'impressionne toujours, ces vendeuses qui vous jaugent au premier coup d'œil et paraissent avoir un mètre-ruban dans le cerveau) et que deux clientes charmantes sont dans le magasin, dont l'une parlant très bien français: pour faire court, je ressors avec une robe et une veste.

Porter une robe fabriquée par une détenue ne me laisse pas entièrement tranquille: suis-je en train d'aider quelqu'un ou en train de profiter de sa faiblesse? Et qu'a-t-elle fait pour être en prison? (Oui, oui, je sais que cela n'a aucune importance, j'ai la robe. Mais si on ne peut plus rêver sur les objets, à quoi bon?)

Cette capacité à rêver à partir de rien finit d'ailleurs par me paraître essentiel pour visiter Venise: après déjeuner, nous entraînons nos amis à San Pietro. C'est l'un de mes endroits préférés à Venise, même si je sais que c'est trop venteux pour que je puisse jamais y vivre. Peut-être sommes-nous entrés un peu trop vite dans l'église saint Pierre, peut-être n'aurions-nous pas dû y entrer (derrière moi, un ado d'une quinzaine d'années est en train de dire à ses parents: «Vous allez payer pour ÇA? Mais on a déjà vu la même chose dix fois!» Impavides, les parents paient et entrent avec lui. A leur place, je l'aurais laissé dehors).
Toujours est-il que lorsqu'on ne rêve pas, lorsqu'on ne se projette pas dans le passé, lorsqu'on ne se laisse pas émerveiller par l'idée que c'était la cathédrale de Venise avant Saint Marc, ou que l'on ne regarde pas le trône de Saint Pierre à Antioche en songeant aux Actes des apôtres ou à Corto Maltese ou en philosophant que c'est étrange, cette sourate du Coran sur un trône de Saint Pierre, eh bien oui, ce n'est pas grand chose, cette église, une église de plus, et c'est ce que paraissent penser nos amis.
Je suis déçue de leur manque d'enthousiasme. Je regrette de les avoir fait payer pour entrer là, à quoi bon?

Une glace plus tard, nous rentrons. Les places sont envahies d'enfants qui jouent au ballon, l'école doit être finie, il y a des poussettes et des petites filles. Je me glisse très vite dans l'église qui a vu le baptême de Vivaldi, pour une fois ouverte alors qu'elle est toujours fermée. Les autres m'attendent devant, sans curiosité.
Comme elle est toujours fermée, je pensais qu'elle était délabrée, mais ce n'est pas le cas. Elle paraît simplement "très fouillie", elle est petite et semble liée à un saint russe qui m'a paru Jean-Baptiste, s'agit-il d'un jumelage avec une église russe? Je n'ai pas osé passer trop de temps à chercher à comprendre; la différence d'alphabets était un obstacle de taille.

Je n'ai même plus envie de forcer (un peu) nos amis à entrer à Saint-Georges des esclavons alors que nous passons devant. J'aime trop Carpaccio, je préfère venir le voir seule ou avec H.; vu la taille des deux pièces, cela me prendra trois quart d'heure n'importe quand dans la journée.

Ils rentrent se reposer à l'appartement, H. et moi prenons le vaporetto et allons nous installer en terrasse place sainte Marguerite. Cartes postales, lecture et soleil, deux spritz bitter plus tard je suis un peu ronde. Il y a quelque chose de fétichiste dans notre façon d'envisager cette ville, nous passons notre temps à revenir aux endroits aimés. Il y a un quartier que nous ne connaissons pas, que nous n'avons jamais exploré: S. Croce. Nous l'avons toujours évité, il faudra un jour combler cette lacune.

lundi 6 mai 2013

Lundi

Grand calme ce soir, encore. J'ai enfin compris que nous étions dans la rue (calle) de Saint Georges des Esclavons : loin de tout canal, de tout chemin de transit d'un point à un autre de la ville — et donc grand calme.
Les cloches viennent de sonner minuit.

Palais des Doges (pas d'accès à la salle des Cartes, ma préférée, occupée par l'exposition Manet). Un homme cherche le Jérôme Bosch qui était là il y a quatre ans (je lui assure qu'il n'a pas rêvé), il a changé de place, mais est-il encore au palais?
Musée de l'Académie, il me semble que des salles sont rouvertes depuis mai 2011. Le plancher gondole, il y a des fissures, j'ai l'impression que le sol se dérobe sous le poids des bâtiments.
Mes souvenirs sont terriblement peu fiables.
Il pleut un peu, ce n'est pas gênant. Je n'ai plus rien envie de rien visiter, juste d'être là.





Nous achetons un parapluie, il arrête de pleuvoir.

Sieste longue dans Venise pluvieuse. L'un d'entre nous est malade, a de la fièvre.

Trouvé une erreur dans la liasse fiscale (trop tard), envoyé le dernier fichier à l'ACP, vu Iron Man 3 (italien non sous-titré), mangé des pâtes cuites dans une minuscule casserole avec très peu d'eau.

dimanche 5 mai 2013

Pemier jour

Réveillée tôt, la fenêtre est en face du lit, elle est ouverte. Silence impressionnant et les cris des oiseaux. La fenêtre donne sur un jardin, en se penchant on aperçoit le clocher de l'église des chevaliers de Malte.
Je passe la matinée à compléter le tableau d'hier matin. Mon but est de tout envoyer dans la journée. J'aurais cinq jours de retard.

Après-midi peu efficace, errance. Deux églises. Le splendide carrelage de Santa Maria della Salute est caché par un tapis rouge. Tant pis. Tout me paraît différent dans la crypte, une fois de plus.

Cela ne va pas être facile de faire un programme cohérent pendant cette semaine. Je voudrais aller à Saint François du désert. Je vais faire un caprice de fille.

Sinon il se dessine que nous irions voir Iron Man 3 en italien. Lol.

samedi 4 mai 2013

Samedi en courant

Matinée sur le plus gros des tableaux (des onglets multiples qui nécessitent de remplir dix mille fois les mêmes chiffres. Aucune formule n'est prévue, j'en ajoute quelques-unes): si j'ai décidé de le remplir à la maison, c'est que j'y dispose d'un écran de trente pouces, pratique pour afficher en grand plusieurs tableaux.
Hélas, je n'ai pas terminé à midi. Il faudra que je continue à Venise sur mon écran onze pouces.

Un enfant à aller chercher gare du nord à deux heures, un autre à Roissy à trois heures, nous partons d'Orly à six heures et demie.

Je prépare ma valise. Je n'emporte pas de livre mais mes cours de grec: comme à Amsterdam, j'ai une version à rendre à la rentrée. Ce voyage à Venise intervient dans un contexte étrange: si j'avais eu le choix, j'aurais préféré une ville que je connais moins bien (Rome, Naples, la Toscane, Tarente), mais nous sommes invités par des amis auxquels nous allons plus ou moins servir de guides. Je pars en sachant que cela va être une semaine peu libre (je veux dire que je ne vais pas l'organiser comme je le ferais naturellement). J'espère en profiter pour réussir à travailler un peu, invisiblement tôt le matin comme c'est ma spécialité. «Je m'efforce de profiter des vacances jusqu'au dernier moment pour terminer mon travail»: je chéris cette phrase de Scholem qui me fait rire.

jeudi 16 juin 2011

Deux cent cinquante six écrous

Remonté les huit yolettes entre midi et deux, huit portants par yolette, quatre écrous par portant. Que de souvenirs dans le simple fait de visser et dévisser des boulons. Je ne pensais pas refaire cela de ma vie, je pensais ne jamais remonter (ou démonter) de bateaux. Mais je reviens toujours sur mes pas, et la fin de la journée l'a encore prouvé.

Ecoutez la première minute (entendre une cornemuse sur l'eau au petit matin en face de Saint-Marc… Une envie de rire et de pleurer tout à la fois).



————————————— Agenda
Entretien avec Mme Cholvy à l'institut catholique pour le cycle C. Evoqué tous mes souvenirs, de Saint Augustin à Agadire à Stanislas Lalanne à Versailles.

mercredi 15 juin 2011

Retour

On s'habitue bien aux vacances.

Bilan: un bronzage camionneur, quelques coups de soleil mais rien de grave, une douleur incompréhensible dans la cheville droite, qui passe quand je marche vite mais me fait perdre l'équilibre à l'arrêt.

Pas envie de me coucher.

Le chat du rabin: ça ne commence pas vite, ce n'est pas très épais, mais c'est amusant.

Nous sommes devenus des experts en déchargement de semi-remorque : huit yolettes transbordées sur une remorque à bateaux en une heure et demie.

mardi 14 juin 2011

Du 10 au 14 juin, Vogalonga

vendredi 10 juin : journée libre dans Venise. (arrivée vers midi)
samedi 11 juin: rendez-vous à 14 h parking à bateaux
dimanche 12 juin : courses / remontage des bateaux
lundi 13 juin. petit déjeuner vénitien. le soir, train
mardi 14 : matin, arrivée à la maison. Après-midi, Le chat du rabin, soir démontage de la remorque avec Clément (je l'ai amené pour qu'il donne un coup de main à descendre les bateaux de la remorque).

lundi 13 juin 2011

Petit déjeuner vénitien

Dernier matin, je reprends le train ce soir. La journée sera perdue bêtement, comme chaque fois qu'on voudrait faire tant de choses et qu'on a la faiblesse de ne pas partir seule mais d'attendre que les autres soient 1/ prêts 2/ se décident. Tant pis. (Rageant tout de même de rater une visite de l'Arsenal. Zut alors.)

Je prends mon petit déjeuner avec Luisa, Danielle. Plus tard arrive Pascal, mince, élégant, souriant, hésitant. Il a entre quarante et cinquante ans, quelques cheveux grisonnants, c'est le diplomate de l'équipe, celui qui s'entend avec tout le monde, que tout le monde salue et invite (car il y a quelques frottements, entre "les anciens d'école", "les CE" et "les loisirs").

Luisa est australienne. Elle a environ vingt-cinq ans; avec ses taches de rousseur et ses épaules carrées, elle respire la santé et la gentillesse. Nous parlons de sport, je lui fais des compliments sur la puissance de son coup d'aviron:
— Je m'entraînais avec l'équipe universitaire masculine de Sydney, c'est pour ça.
— Et tu faisais du surf, aussi?
Elle fait quelques fautes, très peu, avec un peu d'accent et de timidité.
— Oui, un peu.
— Mais il n'y a pas de requins?
— Si, il y en a. Il y en a même plus qu'avant, à cause de l'écologie: le port est nettoyé, l'eau est plus propre, et avec le réchauffement climatique, l'eau est plus chaude, il y a plus de poissons qui viennent dans la baie et ça attire les requins.
— Il y a eu des morts?
Elle réfléchit: — Non, l'année dernière, pas de morts, juste deux accidents. Il y a un surfeur qui a perdu les deux jambes, elle fait le geste de ramper sur les coudes: Mais il revient surfer elle mime des applaudissements et tout le monde "Yeaeahh!" sur son passage à la plage.
Pascal est un peu choqué (voire beaucoup): — C'est tout de même beaucoup moins sexy…
Spontanément, je pense au moignoning de Matoo et à cet ami qui me disait de son copain roux: "il n'a jamais eu peur de rester seul car il savait qu'il était sur une niche". Sans trop réfléchir j'interviens:
— Ça dépend: il n'y en a peut-être pas beaucoup qui aiment ça, mais pour celles qui aiment ça, il est seul sur le marché.
Les yeux de Pascal s'agrandissent. Il évalue et soupèse mes paroles, des horizons s'ouvrent devant lui:
— Je n'avais jamais pensé à ça sous cet angle, avoue-t-il vaguement épouvanté.

lundi 31 janvier 2011

Noël pas tout à fait fini, Pentecôte en vue

J'ai écrit les dernières cartes de vœux (non qu'il n'en manque encore deux ou trois, mais tant pis), enveloppé les deux derniers cadeaux de Noël (mais je ne les pas envoyés, poste fermée: demain), pas encore démonté le sapin.

J'ai réservé trois nuits d'hôtel à Venise pour la Vogalonga 2011.

dimanche 10 octobre 2010

Le lac d'Annecy à la rame

Eh bien voilà, j'ai raté l'année dernière le 9 septembre 2009 à 9h09, et cette année à 10h10... eh bien, je devais être un peu au-dessus de Sévrier, puisqu'à dix heures nous avons entendu les cloches carillonner L'hymne à la joie... (dans la brume, sur le lac, dans le petit matin propre).
Renseignement pris, c'est la patrie de la fonderie des cloches Paccard.
Peu à peu les écarts se creusent, sur une telle distance il y a peu de surprise, la technique et l'entraînement jouent. Nous dépassons un équipage qui nous informe joyeusement: «On s'économise, c'est qu'il faut encore manger, après!»
Nous n'allons pas jusqu'au bout du lac, nous tournons au niveau du rocher de Duinght. La brume est moins rasante qu'hier mais ne fait pas mine de se lever. Par moments le bateau glisse, nous sommes en train de faire des progrès (nous n'avions jamais ramé ensemble avant ce week-end).
Le bonheur, ce sont les bénévoles qui sortent le bateau de l'eau et ramène nos pelles (rames) quand nous arrivons. Ça c'est du service, si ça pouvait être comme ça à chaque sortie... (le plus pénible à l'aviron, c'est avant et après: mettre le bateau à l'eau, l'en sortir).

Apéro, douche, kir, string... Le club vend divers vêtements brodés de deux rames, dont des boxers (pour monsieur) et des strings (pour madame). Hélas, je n'ai pas d'argent dans mon sac de sport et quand j'arriverai à m'en faire prêter, il n'en restera plus. Zut, une bonne raison de revenir à Annecy...

Repas, tartiflette, je dors dix minutes sur mes bras croisés, il paraît que beaucoup de bateaux se sont retournés l'année dernière à Venise, les Italiens sont formidables et élégants, les mamas vous encouragent en tapant sur les casseroles... «Tu pars au niveau de la place Saint-Marc, tu dépasses l'Arsenal, on fait le tour des îles Murano et autres, et on revient par le Caraveggio, et là quand tu arrives, tu es la star,...» dit-il en bombant le torse. «C'est vrai, enchaîne une autre, les Vénitiens sont formidables, ils sont tous là à nous encourager, ça donne un coup de fouet...»
Allons, dès que possible...

Nous avons retenu un train assez tard et nous n'avons rien à faire... Nous allons prendre un chocolat à l'Impérial (suivant en cela très fidèlement les conseils que Michel m'avait donnés vendredi). Les autres me regardent avec incompréhension griffonner mes cartes postales. «Des cartes pour un voyage de 48 heures, tu fais fort!»

Arrivée dans le train, je m'endors aussitôt.

samedi 15 août 2009

Au-delà du bien et du mal de Liliana Cavani

Le cinéma Accatone s'est fait une spécialité de ces biographies étranges. Je suis sortie de celle-là perplexe, incapable d'estimer la part romancée du scénario (Il s'agit du ménage à trois Nietzsche, Rée, Salomé).

Le film est interdit au moins de seize ans, sans doute à cause de ses scènes frôlant la pornographie homosexuelle. Le tout est violent, excessif, à mon sens inutilement grandiloquent. Ce n'est pas un film "documentaire", c'est un film dans la lignée des Damnés de Visconti.

Lou Andréa Salomé veut être présentée comme une femme libre, mais pour ma part j'appellerais cela une allumeuse (est-ce un jugement moralisateur de ma part? Pourquoi tant d'affectation dans sa façon d'être libre? Est-ce un parti pris de Liliana Cavani? Mais pourquoi? Pour insister sur le scandale de la conduite de Lou Salomé à l'époque? Ou sur la folie du trio? Ou plus simplement sur sa dimension utopique, impossible?)

Ballet, beau pas de deux. Les hallucinations de Nietzsche atteint par la syphillis sont superbes. Paul Rée est présenté comme un homosexuel refoulé : vérité de l'histoire ou invention du scénario?

Plaisir d'entrevoir Venise en 1977. Qu'elle a changé: plus propre, plus pimpante, plus actuelle aussi: nous y perdons la sensation du temps qui passe, il est plus facile d'imaginer Proust dans la Venise de ce film que dans la Venise visitée ce printemps. Nostalgie.

vendredi 24 avril 2009

Dernier jour

Les vacances consistent souvent à vivre plus ensemble que d'habitude dans un espace plus petit. Que faire lorsqu'on se réveille plus tôt que la maisonnée, où trouver un endroit pour lire ou écrire sans déranger les endormis?
C'est ainsi que dès le mardi (lundi de Pâques: chiuso) je pris mes quartiers d'aube au café du coin, avec un col roulé et des photocopies d'articles de Broch. H. m'a rejoint deux jours après, ayant constaté que c'était le seul moment et le seul endroit où il pouvait travailler. Je m'entendais suffisemment bien avec le serveur (un sourire éclatant et des yeux magnifiques) pour que le prix des caffé latte soient très fluctuants, tendance baissière. Nous n'avons pas cherché à comprendre.
Je n'ai pas osé aller lui dire au revoir après le dernier spritz (rouge: campari) en terrasse en fin d'après-midi.
Mais nous avons prévenu de notre départ l'épicière que nous dévalisions chaque matin, de crainte qu'elle ne se retrouvât avec un monceau de ''croccante'' et de ''morbido'' sur les bras. (Nous avons mis quelques jours à découvrir qu'il ne fallait pas acheter le pain à 9h30 comme nous le faisions, mais attendre l'arrivée de son mari débarquant de Santa Martha les bras chargés du ravitaillement. Visiblement il n'y a pas de structure de grossiste ou de plateforme à Venise (et le cafetier allait acheter ses bouteilles de lait au fur à mesure à l'épicerie.)
Nous n'avons pas ramené de pot de cinq kilos de Nutella. Dommage. Tant pis.
Nous avons beaucoup observé les moineaux, plus malins que les pigeons, plus vifs, plus légers, s'envolant loin pour picorer leur miette tranquilles sans se la faire voler.
Les chiens semblent avoir remplacer les chats. Les chats m'ont manqué.

Evidemment, à prendre son petit déjeuner à 10h30, on ne met pas toutes les chances de son côté pour visiter les musées qui ferment à 13 heures ou 13 heures 30, ni pour atteindre les îles les plus éloignées en vaporetto avant l'heure de fermeture des églises.

Dernier jour, valises à boucler.
Question: ramenons-nous les passoires à thé achetés sur place? Poids: 50 grammes (on les a pesées). (Réponse: non)
J'en ai profité pour peser mes livres (y compris les trois achetés sur place): 3,4 kg. On est loin des dix kilos annoncés et reprochés au départ.

Dernier jour, derniers achats. Nous apprenons à une barman à faire le diabolo menthe, je prends mon premier spritz de la journée, nous achetons un sac Goldorak (si si, du genre qu'on achète à Londres), nous faisons un tour sur les Zaterre, le ciel, le vent, la lumière, nous étudions l'organisation sans faille d'une institutrice qui envoie une classe entière commander des cornets de glace (et tandis que j'écris les détails qui me reviennent, je pense à la Cantatrice chauve, à l'analyse du "profil Hatier": «paroles banales et conventionnelles»… Cela aurait-il déteint?).
Dernier jour, nous remontons jusqu'au Rialto, voyons la statue du bossu, errons sous la halle du marché aux poissons, j'admire les sculptures des colonnes, toutes sur le thème de la mer. Nous aurons vu les trois plaques réglementant la taille des poissons (place Santa Margherita, quai des Tanneurs).
Dernier jour, dernières glaces, les enfants m'entraînent devant le vendeur de glace figues-noix, car il est selon eux très beau.
Moins que mon barman.
Nous laissons les enfants rentrer à la maison.
Yesss, l'église San Pantalon est ouverte.

Dernier jour, retour à la gare, bien trop chargés. Nous arrivons très tôt: heureusement car l'heure sur les billets est fausse, c'est celle du train en gare de Mestre, pas en gare de Venise.

jeudi 23 avril 2009

Circularité

Parce que Venise est une île, nous nous imaginons pouvoir la saisir, la contrôler. Nous sommes convaincus, peut-être inconsciemment, qu'il est possible d'en connaître toutes les rues, tous les passages. Nous ne devrions pas nous perdre sur une île si petite.
Et nous nous perdons.
La clé de Venise, quand on est piéton, ce sont les ponts.
Il faudrait connaître tous les ponts.
Venise est élastique, parfois certains chemins s'ouvrent, on découvre comment descendre de San giovanni e Paolo au quai dei Schiavoni par un chemin comme une coupure dans un flanc, d'autres fois on erre pendant des heures, à la recherche d'un point de repère qui se trouve sans doute dans un autre quartier de la ville.
Toutes les cartes sont fausses car elles sont toutes simplifiées.
Peut-être existe-t-il une carte exacte des canaux?
Le plus utile serait une boussole. Seule certitude: rive droite ou rive gauche du grand canal.
Le plus jeune cherchait les numéros un des sestiere. J'ai oublié de lui demander s'il en avait trouvé.
Je faisais la collection des "Calle della Madonna": j'en ai trouvé trois, ou quatre.
Parfois, étrangement, un quartier, une place, se fait amical. Je crois que nous avons sympathisé avec la place San Zacharia.

La lumière

Les enfants n'ont pas eu de chance: nous avons visité San Marco sous la pluie. La basilique n'a pas du tout le même aspect dans la lumière.

De façon générale, les églises vénitiennes me paraissent particulièrement sensibles à la lumière. Une cathédrale française est plus ou moins sombre. Une église vénitienne change de couleur, de température. La douce et chaude Zanipolo vue l'année dernière était grave et mélancolique cette année, Saint-François-des-Vignes m'a gelé les os et l'âme, et Saint Marc était sombre et lointaine.

Cependant la pluie ne rend pas la ville triste. La couleur du ciel s'accorde aux canaux, et c'est un camaïeu reposant, doux à l'œil. Le cœur de la ville paraît battre plus lentement, comme si elle s'était endormie.
Je veux revenir à Venise en hiver et connaître le brouillard. Je veux traverser la lagune vers Torcello sur le vaporetto de nuit, dans le brouillard.

mercredi 22 avril 2009

Notes

— Mais t'as pas de nombril !



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Agenda
San Polo, dei Carmeni, dei Frari, musée Correr.
Harry's bar, restaurant Corte Sconta.
Perdu un article d'Hermann Broch (comment est-ce possible?)

(En fait j'ai des notes de ce genre jour par jour, mais j'ai pitié de vous (et j'ai conscience du ridicule, un peu). Je pourrai peut-être faire une thématique sur les parfums de glace: ce jour-là, figues-noix. (Non, cela ne fait pas partie de mes notes, je ne suis pas timbrée à ce point, c'est un souvenir associatif).)

mardi 21 avril 2009

San Pietro

L'herbe est coupée depuis la dernière fois.
L'île est déserte, battue par le vent.

Appris (en essayant un manteau vénitien. J'hésite : pas pratique dans le métro, mais tentant comme un rêve dans Paris gris) que souple se disait "morbido" (ce qui servira le lendemain à la boulangerie).

lundi 20 avril 2009

De fondamenta nuove à Giovanni e Paolo

Tandis que j'explore un rayonnage, une dame entre un peu affolée dans la librairie française près de San Giovanni e Paolo.
— Ah, j'ai eu du mal à vous trouver! Vous auriez un plan de Venise?
Le libraire lui en tend un :
— Tenez, c'est le meilleur.
— Ah merci, je suis fatiguée de me perdre.
Et j'entends H. intervenir sans réfléchir :
— De toute façon, vous vous perdrez quand même.

A priori, il existe quelques études sur les cartes du Palais des Doges, épuisées, mais les titres étant en italien, il va me falloir un peu de dextérité pour les trouver.


En cherchant à revenir dans l'église jésuite près de Fondamenta nuove, à quelques rues de la maison du Titien, nous sommes passés devant la vitrine d'un imprimeur exposant divers ex-libris, dont un chat au-dessus du nom de Joseph Brodsky. Je n'aurais sans doute pas osé entrer, mais H. a poussé la porte.
Cet imprimeur est francophile, et je pense qu'on doit pouvoir passer une après-midi chez lui à écouter ses histoires (il est très bavard), qui sont un peu plus que des anecdotes: il a pratiqué l'imprimerie auprès des pères arméniens sur leur île (l'imprimerie n'existe plus, je n'ai pas compris si le monastère était fermé ou pas).
Au grand ravissement d'H., il possède des jeux entiers de caractères en plomb et des plaques de marbre (et non en cuivre) pour imprimer de véritables lithographies. Je n'ai pas compris s'il possédait les caractères ayant servi à imprimer l'original de Pinocchio ou si l'original avait été imprimé là-même.
Il reçoit des commandes du monde entier et a l'air connu. Son échoppe est minuscule. Son fils se tait, je me demande s'il poursuivra l'œuvre avec le même enthousiasme que son père.

J'ai posé la question: il a été l'imprimeur de Joseph Brodsky, et il nous a montré une édition en russe de l'un de ses livres. Le chat de l'ex-libris avait été dessiné par Brodsky lui-même.

Gianni Basso, Fondamenta nove. Calle del fumo, 5301.

dimanche 19 avril 2009

Parapluies

Hier, achat de crème contre les allergies au soleil.
Aujourd'hui, pluie.
J'aime bien, la ville est plus calme, les parapluies sont grands et ronds (nous avons découvert qu'ils avaient plus de baleines que les nôtres: seize (et il existe une marque VS (non, je n'en ai pas acheté un)).

samedi 18 avril 2009

Retour du Lido

vendredi 17 avril 2009

En famille

— Parfois dans la vie, j'aimerais bien pouvoir faire pomme Z.
— …
— Mais je me demande ce qui se passerait si tout le monde faisait pomme Z en même temps.
— Euh...


Par définition, les vacances sont l'occasion de passer beaucoup plus de temps ensemble que d'habitude. Evidemment, en troupeau bruyant (quatre ados ou presque), on fait très touriste et j'en suis parfois un peu gênée. Cependant, je m'instruis.


(minorité invisible)
— Et moi je pensais qu'un re-noi, c'était un habitant de Rennes; alors quand mes copains me disaient: «t'as vu les deux renoi», je répondais: «mais comment vous le savez?», et ça les faisait rire.


Qu'est-ce qu'une blonde paumée?
Une tarte aux fraises.


Qu'est-ce qu'une blonde avec des lardons dans les poches?
Une quiche lorraine.


Proverbe canin: si ça ne se mange pas, si ça ne se boit pas, si ça ne se baise pas, pisse dessus.



Un jet d'eau, des jedis.


Qu'est-ce qu'un nain sur le point de mourir ?
Un nain fini.


etc.


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Agenda
Giudecca.
Torcello, Burano.
Arrivés trop tard à Torcello pour visiter la basilique.

jeudi 16 avril 2009

jeudi

Venise. Brume, pluie, pas désagréable. Je termine Les balades de Corto Maltese, mais j'en ai lu tant de passages dans le désordre que j'ai réussi à me perdre dans le livre avant de me perdre dans la ville. Les lignes de vaporettos (i?) traversant l'arsenal semblent fermées.
Longuement feuilleté Isolate abbandonnate della laguna venizia, illustré de photos noir et blanc de superbes bâtiments en ruine. Pas d'électricité (je suppose), pas d'eau courante, qui aurait le courage de relever ces murs aujourd'hui?

Question: existe-t-il un livre (même en italien) sur les immenses cartes décorant l'une des salles du palais des doges?

mercredi 15 avril 2009

San Michele

Les tombes de Pound, Diaghilev, Stravinsky, Brodsky, sont dans la partie "évangéliste" du cimetière, tout droit à partir de l'entrée.
Je ne trouverai que les tombes de Pound et de Brodsky, qui leur ressemblent, d'ailleurs.

Sur la tombe de Brodsky poussent un rosier et du lierre. Sur le rebord de la pierre dressée des mains ont posé une marguerite, un coquillage, des pierres, du gravier, des baies rouges. Je découvre sur la tombe à moitié masquée par le lierre une boîte aux lettres. Je fouille, j'extirpe, je lis le courrier du mort: un livre de Brodsky en russe, une prière, des lettres en différentes langues, une double photo représentant une cabane en rondins avec un panneau en cyrillique, je reconnais deux dates, 1965 et 1966.
Le soleil décline, il fait bon. J'essaie d'imaginer la Baltique.

mardi 14 avril 2009

OMNI

— Mais y a pas de mozzarella là-d'dans!

— Mais si, le truc mou que t'arrives pas à identifier.
— Ah, çaaaa!




Glycine à San Giobbe





Agenda
Hermann Broch en terrasse.
Acheté les billets pour le bateau et un pass pour les églises.
Visite de San Giobbe
Discussion déprimante avec Hervé qui me dit de ne pas me faire d'illusions concernant le catéchisme et Olivier (nous préparons sa première communion). Réponse: leur éducation est un échec et je ne me fais pas d'illusion. Je n'investis que sur moi. Hervé choqué. Après m'avoir conseillé de ne pas me faire d'illusions, il est surpris de mesurer la profondeur de ma désillusion (!! comme il me connaît pas. Il semble persuadé que je dois être aveuglée par mon amour maternel, comme dans les clichés. Et il est persuadé d'être le seul à se donner du mal avec les enfants.)

lundi 13 avril 2009

Rêves et souvenirs

Deux chats prêts à bondir dans l'encoignure d'une porte surveillent un pigeon. Un cercle de touriste s'est formé pour observer la scène.
Un touriste jette des graines au pigeon — en direction des chats.


Trois heures de sieste. Je ne pensais pas être aussi fatiguée.
Je m'applique à lire — on s'est tant moqué de moi à cause des livres "inutiles, tu ne les liras jamais", que j'emportais. Les balades de Corto, avec leur lot d'histoires horribles, de personnages torturés, sciés en deux, de restaurateur servant de la chair humaine ou de jeunes filles enfermées au couvent (sort à comparer aux plaisirs du sérail, selon les auteurs), me plongent dans une rêverie douloureuse.
Venise est une ville sans nostalgie. Le temps s'y fond si bien que les souvenirs sont immédiatement présents, que l'histoire est toujours là. La dimension temporelle y est remplacée par la dimension onirique, et Brodsky a raison: le reflet est aussi une réalité.

Trouvé un nouveau chemin vers les Zaterre, en me perdant de nouveau dans le labyrinthe et en voyant se déployer une nouvelle ville dans un quartier que je pensais bien connaître. Toutes les Venises se superposent, celles de mes souvenirs et celles de mes rêves; je me rends compte en revenant ici que je rêve très souvent de Venise. Je ne sais pas retrouver les lieux. La Venise de mes dix-huit ans possédait beaucoup plus de palmiers et de chats et de puits. Impossible de savoir où j'ai erré alors.




Agenda
Fini La cantatrice chauve (Je prépare mon intervention sur le kitsch de Théâtre ce soir. Grand stress, mon premier colloque). Etabli la liste des chose à lire et à faire.
Santa Maria della Salute

dimanche 12 avril 2009

Pâques

Le réveil sonne à 6h45. J'ai prévu large, afin d'assister à la messe de Pâques à Saint-Marc à huit heures. J'avais repéré la veille l'entrée sur la place dei Leoni; je pensais que cela donnait accès à une salle secondaire.
Non, c'est à la nef que l'on accède. Je suis en avance de quelques minutes, je regarde un prêtre déplacer son escabeau pour allumer une à une les vraies bougies sous la coupole. Au fond, la pala d'oro brille tant qu'elle est indistingable.
Ne pas trop regarder, rester discrète.
Je ne me souvenais pas de tant de splendeur.
Sur chaque siège, un livret en cinq ou six langues donne la liturgie du jour, les lectures bien sûr, mais l'ensemble du rite. J'hésite à en emporter un, mais qu'en ferais-je?


Agenda:
Arsenal, île San Pietro, le pont de bois est en réfection (sera-t-il remplacé?) l'église est fermée; ici il règne un parfum de bout du monde, de prairie et d'air salé.
Musée de l'arsenal fermé.
Froid à saint François des Vignes, déçue par l'église, j'en gardait un souvenir bien plus lumineux.
Il fait un temps magnifique. Coups de soleil. Les lions de l'arsenal, le linge sur les cordes, etc.

samedi 11 avril 2009

Retour - arrivée

Sieste. A mon réveil, deux ans ont disparu, j'ai la sensation de n'avoir jamais quitté ce lieu.
Retour dans nos pas, établissement de notre quartier général place sainte Marguerite.

Le cri des martinets dans le soleil couchant — la marque des vacances — et le silence particulier, profond, qui s'écoute: il est possible de détacher les bruits sur le fond de ce silence, autonome.

mercredi 11 juin 2008

Ramer à Venise

Je songe souvent au club d'aviron de Venise (yoles de mer, apparemment) découvert derrière Maria de la Salute.

Photos de la Vogalonga qui a dû avoir lieu en début de mois.

dimanche 15 avril 2007

Le mystère des valises qui ne ferment plus

Je ne sais si c'est le rhume rapporté de vacances (dû à l'air marin, au parfum des glycines, à la pressurisation de l'avion?), l'âge (puisqu'on dort moins en veillissant, c'est bien connu) ou la preuve que j'ai assez (trop?) dormi pendant les vacances, mais je suis réveillée depuis une heure et je n'arrive pas à dormir.

Un post un peu exhibitionniste pour se remettre en jambes. Il s'agissait à l'origine de comprendre pourquoi les valises ne fermaient plus au retour ("Je ne comprends pas, on n'a pourtant rien acheté").

Sont donc revenus dans nos bagages sans être partis avec nous quatre chemises, une chemisette, un chemisier, une robe, une cravate, une paire de chaussures pour homme (mais une autre a été jetée sur place: compensation), une paire de chaussures pour femme (pour aller avec la robe), Les élégies de Duino aux éditions Rivages, bilingue, commentées par Hannah Arendt, irrésistible (acheté au départ à Roissy, prise de la crainte soudaine de manquer de lecture avec "seulement" Le Journal de Travers (!)), Souvenirs du monde, Ricordi di un tempo perduto d'Elisabeth de Gramont (le titre en français repéré à la devanture d'une librairie d'occasion m'a fait espérer un livre en français, le livre est en italien mais le libraire était si aimable dans un français si parfait à l'accent si charmant que je n'ai pas eu le cœur de ne pas acheter le volume, je l'ai pris en me disant que je pourrais toujours l'offrir… Mais finalement les photos à elles seules valent la peine «a destra: Corise de Noailles, nata de Gramont, sorellestra di Elisabeth de Gramont. È considerata la prima sport-woman in Francia»), des spaghettis n°13 ("Aaaaah, on n'en trouve pas en France, ils s'arrêtent à 11!"), un maillot de foot du Brésil n°9 Ronaldo (je sais, je sais), deux petites briques de crème italienne "panne" (on en trouve difficilement en France chez certains traiteurs italiens), une bouteille de shampooing (même marque qu'en France, mais tandis qu'en France il est indiqué "au lait", en Italie il est précisé "au lait végétal" (?)), des ciseaux à ongles, des kleenex, de l'aspirine, de l'efferalgan, du spray pour la gorge, de la vitamine C (la pharmacienne ne parlait qu'italien (nous avons trouvé les Vénitiens adorables, jamais je ne serais aussi patiente qu'eux avec les hordes de touristes (à leur place, je créerais des endroits réservés aux citoyens (d'ailleurs ce n'est peut-être pas pour rien que c'est la Guidecca qui se repeuple))), un crayon souple de 60 centimètres de long, rouge, une gomme souple en forme de long boudin (25 cm) vert fluorescent, un crayon se terminant par un gens d'arme en métal, un canon taille-crayon, un tee-shirt noir brodé du lion de Venise taille M, c'est-à-dire n'allant à personne, une reproduction des Noces de Cana du Tintoret et le lot de dix cartes postales des Titien de la sacristie de Santa Maria della Salute, un miroir convexe comme celui des Époux Arnolfini (boutique Canestrelli à deux pas du rio de La Toletta, Dorsoduro 1173), une bouteille poussiéreuse d'encre Montblanc couleur bordeaux (pas vraiment en vente, je pense, elle décorait la vitrine d'un tabac sans doute depuis longtemps. Me voilà tranquille pour trois ans (le temps d'une bouteille) (cette couleur n'est plus vendue en France)), un arc en plastique rouge et trois flèches qui ont servi à attaquer l'Arsenal (si, si), une dague en plastique, des fils à scoubidou et Venise: une invention de la ville (XIIIe-XVe) (après une discussion sur les égoûts et les contraintes urbanistiques propres à Venise).

vendredi 13 avril 2007

Splash !

L'une des spécialités culinaires vénitiennes est le foie de veau à la vénitienne, coupé en fines tranches avec des oignons. C'est délicieux. Une autre consiste en diverses variations à base d'encre de seiche. C'est dangereux.

C'est ainsi qu'en faisant tomber un morceau de seiche de l'antipasti dans la sauce, H. a zébré sa chemisette blanche de pointillés noirs très Mirò. (Direction les toilettes, déhabillage pour enfiler l'une des chemises qu'on venait d'acheter, chemisette passée à l'eau courante, heureuse disparition des taches).
Il avait commandé ensuite des spaghettis à l'encre de seiche et je songeais en contemplant la masse noirâtre que cela aurait constitué un merveilleux bizutage pour les lauréats de la veille... Mon dieu, surtout ne jamais avoir un tel plat à manger en société.

Quant à moi, je savourai ma seiche et sa polenta. A la fin du repas, le patron en grand habitué vint me faire des grimaces pour me faire rire: l'encre de seiche colore atrocement les dents et les lèvres et donne un sourire insoutenable.


Oniga
camposanbarnaba.dorsoduro 2852

jeudi 12 avril 2007

Laurea

Jeudi nous sommes réveillés par un défilé continu de gens sous nos fenêtres. (Les rues étroites sont très sonores, un pas dans la rue paraît un pas dans le couloir ou l'escalier.) Ces personnes sont italiennes, endimanchées, de tous âges, elles portent des bouquets ou des présents, mais que se passe-t-il et où vont-elles?

Le défilé ne tarit pas. Petit déjeuner, fatigue générale, nous souffrons tous, qui de douleurs musculaires, qui de douleurs articulaires, ou de légère insolation, ou de rhume, j'abandonne ceux qui souhaitent se reposer et je sors avec C.
Bien entendu, nous décidons de suivre le flot, aussi discrets qu'Astérix et Obélix camouflés suivant une légion romaine. Il fait très beau, il est dix heures, il souffle la perpétuelle brise vénitienne (je n'avais jamais pris conscience avant ce séjour plus long de l'aspect portuaire, maritime, pêcheur, de Venise. Venise sur l'eau, c'était un exotisme, une curiosité, un miracle architectural, Venise empire maritime, c'était de l'histoire et de la géographie et du commerce, mais la vie quotidienne et actuelle de Venise, une vie ressemblant à celle de n'importe quel port, je ne l'avais jamais ressentie avant ce séjour). La file s'étire le long du Dorsoduro jusque devant l'Académie d'architecture, là, sur le pont menant à Saint-Nicolas-des-Mendiants, un jeune homme et une jeune fille préhistoriques couverts de peaux de bêtes se font tartiner de mousse à raser ou de nutella et sont soumis à quelques épreuves. Deux personnes tiennent de grandes couronnes de lauriers.
«Du bizutage!» soufflé-je à C. Mais cela n'a pas grand sens: un bizutage en fin d'année? La remise des diplômes? L'ouverture des inscriptions pour l'année prochaine? Et pourquoi les parents sont-ils là? Une affiche sur l'église utilise le terme "Laurea" : fête des lauriers ou fête des lauréats?

Nous en profitons pour visiter Santa-Nicolo (premier baroque, agréable par sa dimension intime qui change de la volonté de spectaculaire des églises visitées jusqu'ici) et rentrons tranquillement. Sur notre chemin, plusieurs cafés annoncent qu'ils participent à ce qui me paraît l'équivalent d'un "pot de thèse": un pot de thèse généralisé dans tout un quartier? C'est décidément mystérieux.

Nous rentrons. H. est finalement sorti lui aussi, et lui aussi a suivi le flot. Il a discuté (en anglais) avec un professeur: la tradition a trois cents ans, il s'agit de la remise des diplômes de fin d'année, les lauréats sont ainsi fêtés et gentiment chahutés tandis que discours et conférences sont prononcés à l'intérieur de l'université.

Après le déjeuner H. et moi sortons prendre un café sur la place au bout de la rue, le long du canal. Sont attablés un lauréat, ses amis et sa famille.
Le lauréat a une chevelure brune, lourde et bouclée de chérubin, il porte la couronne de lauriers sur les épaules, son sourire est éclatant. Il est nu, à l'exception d'un boxer blanc rendu transparent par endroits par la sueur, de hautes chaussettes crème et de fines chaussures italiennes.

mercredi 11 avril 2007

Carpaccio

Dans l'obscurité de la petite salle de la confrérie dalmate (Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, confrérie de Saint-Georges-des-esclavons, l'usage veut-il qu'on traduise ou pas ?) je reste suffoquée par la violence de Saint Georges et le dragon (1502) : membres épars, déchiquetés, à moitié dévorés, sorte de buste momifié…
Je suis gênée par mon manque de références : une telle scène, de telles précisions, paraissaient-elles normales, naturelles, à l'époque, où peut-on imaginer que les guerres fournissaient le spectacle quotidien d'éclopés rongés par la gangrène, ou Carpaccio cherchait-il à choquer, ou — j'avoue que cela m'a effleurée: exagérait-il l'horreur de sa peinture, approchant la caricature par la précision trop grande de ses détails?
Lorsque je regarde les toiles de Carpaccio, j'ai l'impression fugace qu'il rit, qu'il se moque de lui-même ou du spectateur ou des sujets qu'il peints, très peu, mais un peu tout de même: pourquoi cette envie de rire à regarder l'envolée des robes des moines fuyant comme des moineaux à l'approche du lion, le moine derrière Saint Jérôme paraissant presque horizontal dans sa précipitation ?

Le lendemain, même incrédulité à contempler longuement le supplice des dix mille martyrs du mont Ararat («c'est gore» me murmure O., huit ans, qui frémit d'effroi) ou le martyre de Sainte-Ursule: cette précision dans l'horreur, crâne fendu entre les deux yeux, femme rattrapée par les cheveux pour être égorgée, cet élan dans le meurtre, étaient-ce des détails qui devaient naturellement servir à l'édification des âmes (mais cela peut-il réellement porter au désir de connaître le même sort?), ou Carpaccio n'avait-il pas une intention doucement ironique, celle d'avouer secrètement qu'il ne croyait pas — et qu'il déconseillait de croire ?

J'aime les cheminées de Carpaccio, le rouge de Carpaccio, l'humour de Carpaccio — même si je ne peux décider si cet humour plus ou moins grinçant "existe", s'il était bien dans les intentions du peintre, ou s'il n'est dû qu'à mon imagination, à mon humeur et aux quelques siècles qui nous séparent: comment savoir?

mardi 10 avril 2007

Les tombeaux

De l'extérieur, Ss. Giovanni e Paulo est énorme, massive, à côté de la jolie façade blanche de l'hôpital (on se casserait bien la jambe, juste pour voir).
A l'intérieur, ce qui frappe, c'est l'ampleur de la nef, rendue plus vaste encore par l'écartement et la rareté des piliers, ce qui fait que l'espace des travées fait corps avec elle. Un hall de gare, pensais-je irrévérencieusement, mais un hall lumineux, doré et rose de ses briques et de son dallage.

La lumière fait toute la différence. Cette église parvient à la fois à être pataude par ses dimensions mal proportionnées et envoûtante par la franchise et la douceur de la lumière qui semble provenir autant des vitraux que des murs rosés.
Je joue à me représenter la cathédrale de Metz dans cette lumière. Comme elle serait belle et perdrait de son austérité. Je pense aux moines de Saint-Michel dont les dortoirs se situaient face au Nord, pour signifier la souffrance de l'existence terrestre, et les tombeaux face à l'Est, dans l'attente de la Résurrection: ici, même face au Nord, la vie serait encore lumière.
Je songe à nos cathédrales gothiques et nos églises romanes, à la pierre grise et froide, à la fraîcheur entre leurs murs et à l'obscurité, à l'austérité qui semble si naturellement accompagner la méditation qu'elle paraît en être la condition; et je les imagine ici, qu'est-ce que prier dans la lumière, l'âme ne se tourne-t-elle plus naturellement vers la joie et la louange?
Dans quel mesure un esprit, une culture, un art, dépend-il du climat? (Vieille question qui me taraude: je crois qu'on n'oublie pas un ciel, la hauteur et la couleur d'un ciel.)

L'église comprend les tombeaux de vingt-cinq doges. Ces tombeaux de pierre sont collés aux murs à trois ou quatre mètres de hauteur (mais comment tiennent-ils, ce doit être très lourd, ont-ils été ajoutés ou font-ils partie du gros œuvre?), seuls deux ou trois dans le chœur sont mieux observables. Je lis les noms, les dates, les hauts-faits. Tout cela ne représente rien pour moi. Comme à Saint-Denis, je regarde longuement ces tombeaux: comme ils sont petits, finalement. A quoi bon s'être fait dresser de tels tombeaux? Nous ne connaissons déjà pas les personnes les plus proches de nous, nous savons si peu de leurs aspirations, de leurs désirs, de leurs craintes, leur être nous échappe, que savons-nous de ces doges? Un nom, rien de leurs rêves, de leurs caractères, de leurs défauts… Et pourtant, un nom, nos pensées portées par ce nom, imaginant ce que nous pouvons de leur vie, portant toujours en filigrane cette question informulée: où sont-ils à présent, que sont-ils devenus?

Je songe à Rannoch Moor, une phrase de Bonnefoy, Nulle civilisation …tatata… les tombeaux, à propos d'Et in Arcadia ego? Je ne sais plus. Nulle philosophie ne peut être prise au sérieux si elle ne réfléchit sur les tombeaux, affirme Bonnefoy. La phrase m'échappe, il n'en reste que la musique et la solemnité.1





Note
1 : Rentrée chez moi, je consulte Rannoch Moor. Page 404, note de bas de page: «Bien des philosophies ont voulu rendre compte de la mort, mais je ne sache qu'aucune ait considéré les tombeaux. […] Un objet de pensée qui n'est plus l'objet réel, apaisant d'un douteux savoir l'inquiétude originelle, frappe de vanité cette mélodie la plus sombre des mots qui masquent la mort.» Yves Bonnefoy, Les Tombeaux de Ravenne (1953), repris en folio dans L'improbable et autres essais.

lundi 9 avril 2007

The little differences

La référence est connue, c'est l'un des dialogues d'ouverture de Pulp Fiction:
Vincent: You know what the funniest thing about Europe is?
Jules: What?
Vincent: It's the little differences. I mean they got the same shit over there that they got here, but it's just - it's just there it's a little different.
Jules: Examples?
Vincent: Alright, well you can walk into a movie theater in Amsterdam and buy a beer. And I don't mean just like in no paper cup, I'm talking about a glass of beer. And in Paris, you can buy a beer at McDonald's. And you know what they call a, uh, a Quarter Pounder with Cheese in Paris?
Jules: They don't call it a Quarter Pounder with Cheese?
Vincent: Nah, man, they got the metric system, they wouldn't know what the fuck a Quarter Pounder is.
Jules: What do they call it?
Vincent: They call it a "Royal with Cheese."
Donc :
- Le liquide vaisselle est bleu ou vert, pas jaune.

- Les oranges sont sanguines.

- Les boîtes à œufs contiennent quatre œufs (c'est cute).

- Nous n'avons trouvé ni pack de yaourts (vendu à l'unité en pot familial) ni bougie d'anniversaire (pas assez de vocabulaire pour poser la question).

- Chez le coiffeur, le shampooing se fait la tête en avant (comme chez certains Turcs).

- J'ai mis trois jours à obtenir le caffelatte que je convoitais après l'avoir vu servi à une cliente un matin (à la décharge des Italiens, je vous rappelle que je ne suis presque pas sortie de ma cambrousse et facilement intimidée). J'ai essayé le capuccino, le caffe dupio en imaginant obtenir un café allongé (un café double (en réalité il s'agit d'un café moitié: la moitié d'eau pour la même quantité de café (c'est logique, quand on y pense))), le caffe con latte (le lait servi à côté du café dans un petit pot) et un dernier dont je ne me souviens plus (ça commençait par "ma"). C'est simple, j'ai essayé systématiquement tout ce qu'il y avait sur la carte.

- Les cuvettes de WC dans les restaurants et les cafés (la règle reste à vérifier chez les particuliers) sont naines, plus haut que des WC à la turque mais plus bas que des WC en France.

- Les poubelles sont bêtement des sacs en plastique (de ceux interdits en France) qu'on dépose devant sa porte, ce qui donne matin et soir aux rues et places de Venise un aspect dépotoir un peu désagréable mais surtout inattendu: le dépôt d'ordures n'est pas prévu sur les cartes postales. (J'ai réfléchi au problème. Je pense qu'en France on mettrait en place des containers avec obligation de s'en servir. On perdrait la vision éphémère des sacs poubelle pour la vision permanente des containers. Que vaut-il mieux?)

dimanche 8 avril 2007

Buona Pasqua a tutti

Samedi soir, j'ai assisté à la veillée pascale à l'église des Carmes. Un cardinal officiait. Je suis arrivée un peu tard, trop tard pour le feu et la distribution des cierges, fins, très fins, beaucoup plus fins qu'en France.

J'aime assister à la messe en langue étrangère. Le rite prend toute sa puissance, les rythmes permettent de reconnaître le sens, l'extérieur apporte la forme, le fond est intérieur.
Je ne connais pas bien les rites de la veillée pascale, ce n'était pas une tradition familiale, on allait plutôt à la messe le dimanche matin. Je n'ai assisté qu'à deux veillées dans ma vie, et il m'a semblé que celle-ci, la troisième, se passait de façon légèrement différente, le nombre de lectures m'a surprise.
L'assemblée se lève, le texte est lu, je me concentre le temps de reconnaître le texte grâce à quelques mots, puis je m'endors, épuisée. L'assemblée s'assoit, un prêtre commente le texte, je ne comprends pas, je dors profondément, l'assemblée se lève et chante, bien sûr je ne comprends pas le numéro des chants, je repère de loin la forme imprimée des strophes chez mes voisins et trouve la page adéquate, le chant est presque fini, c'est joli, plus joli qu'en France, plus doux et plus mélodieux (je déteste en France ces chants dont il faut bien reconnaître que La Vie est un long fleuve tranquille donne une image assez exacte), je chante, le texte suivant commence, je me rendors.
Combien de fois? Dix fois, quinze fois? Je ne sais pas, je ne pensais pas que ce serait aussi long, je ne savais pas que j'étais si fatiguée, une fois mon genou fléchit tandis que je suis debout, mon sommeil était devenu trop profond.

Qu'est-ce que je fais là? Ce matin j'étais à Paris, à midi dans l'avion, à six heures sur les Zattere à manger une glace… Qu'est-ce que je fais là? Je pense à Matoo, à Guillaume, à Veuve Tarquine, à leur fureur anti-Dieu, à la tristesse que cela provoque en moi parce qu'il n'y a rien à dire, d'une certaine façon ils ont raison mais moi aussi, mais il y a déjà un moment que j'ai décidé de ne plus réfléchir, de ne plus rationaliser tout cela.
S'il n'y a rien nous ne le saurons pas (et c'est une bonne farce, réellement l'idée me fait rire); mais s'il y a quelque chose (ou "quelqu'un") cela ne fera pas grande différence d'avoir été croyant ou pas. L'important sera la vie menée. Et les critères de jugement ne seront pas humains, ce qui est profondément rassurant (et me fait regarder avec condescendance ces croyants si sûrs de savoir où est le Bien et le Mal: relisez les Evangiles, vous verrez, c'est surprenant, personne n'est jamais jugé comme il l'attend).

Enfin bon. Je pense à Jules, à sa veillée de Noël à Saint-Marc (mais que faisait-il là?), finalement ce ne serait pas si difficile à organiser.

Le cardinal nous libèrera d'un joyeux "Buona Pasqua a tutti", les gens se rassemblent, s'embrassent, sont heureux, c'est un village, une fête de famille.
Je m'éclipse.
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