Alice du fromage

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Billets qui ont '2018-11-30' comme date.

mardi 27 novembre 2018

13 pouces

Nouvel ordinateur, MacBookAir 13 pouces, gris foncé. Magnifique écran rétina, douceur des touches neuves sous les doigts. Triste de quitter le 11 pouces, d’une part pour des raisons écologiques (H. a beau m’assurer que tout est recyclé, j’ai toujours un doute. Mais bon, nous allons le conserver comme ordinateur de voyage); d’autre part parce qu’il m’a accompagné partout depuis l’été aux Etats-Unis et notamment durant mes années d’études (avouons que c’est sans doute à cause du fait que mon ordinateur devienne portable que j’ai cessé d’écrire régulièrement sur mes blogs: le fait d’avoir le portable partout avec soi incite davantage à traîner sur FB qu’à écrire… Il me faut un cadre formel pour travailler).

Le 11 pouces est bien fatigué, la batterie est à bout de souffle et il ne supporte plus les dernières évolutions du système d’exploitation: risques de failles de sécurité, me dit H. (ce qui ne m’effraie guère, mais enfin).

jeudi 22 novembre 2018

E-santé, théologie, grec

1/ Colloque sur l’e-santé à la Mutualité française.
Pas de journée réussie sans commencer par des problèmes de transport: j’ai eu beau m’appliquer, prévoir un RER plus tôt, je me retrouve coincée à la Madeleine (RER D puis ligne 14 puis ligne 12) par une panne de signalisation. J’essaie la 8 qui ne va pas mieux. Je prends un Mobike, six kilomètres, heureusement qu’il ne pleut pas.

Intervention très intéressante d’un anthropologue, Sylvain Flender. A la demande de la Mutualité, il a enquêté sur ce qu’était la santé pour nos contemporains (donc nous-mêmes).
Il commence par une remarque de base: personne ne sait définir la santé. La santé se définit par ce qu’elle n’est pas: ni maladie ni douleur (comme je suis déformée je pense aussitôt théologie négative).

Il a travaillé par des questionnaires approfondis proposés à soixante personnes choisies selon des méthodes statistiques. Les réponses ainsi que des recherches en fonction des pistes ainsi ouvertes (j’ai demandé comment il était possible de proposer une analyse aussi large à partir de soixante personnes seulement) l’ont amené à définir quatre imaginaires de la santé:
1/ la santé sensation. Etre bien dans son corps, ralentir pour résister au stress contemporain. Vocabulaire de l’élimination, de la transpiration: éliminer les toxines de la vie contemporaine.
2/ la santé compétence (à résonnance esthétique: avoir la forme et être en forme). Bouger, faire et surtout être capable de faire. Potentiel.
3/ la santé capital. Prendre soin de soi pour préparer l’avenir, avec quatre sous-types: le déni (inutile de faire des efforts; tout est dans les gènes; regardez Churchill); le fatalisme (il faudrait que j’arrête telle ou telle addiction mais je n’y arrive pas, tant pis); le funambule (compense les excès d’un soir sur la semaine); l’orthodoxe (une forme d’ascétisme).
4/ la santé émotion. A la recherche du bon, du bien. Centripète (vers l’extérieur) plutôt que centrifuge (égocentré). Trois sous-types: le rédempté (a souvent vécu un burn-out); le carpe diem (attentifs aux petits bonheurs); le méditatif (conscience aaugmentée, vision holistique, en accord avec l’univers).

Je n’aurais jamais imaginé de mettre cette dernière catégorie dans la santé. Pour moi c’étaient des spirituels, voire des mystiques pour les plus allumés d’entre eux.
Donc Nerdfitness est dans la santé compétence, Zen habits dans la santé émotion.


2/ Théologie
En sortant je passe chez une camarade d’atelier qui m’a proposé de me prêter des livres. Neusch et les Mélanges offerts à Mgr Doré. Ce dernier est un très gros et beau livre. Je le commence (dans le désordre puisqu’il est composé d’articles. J’ai rencontré deux des auteurs à Cerisy) en mangeant un œuf mayonnaise dans une sympathique brasserie, La Marquise. Mes voisines se plaignent des fautes de français sur France Culture (émoticône yeux qui pleurent bouche qui rit).


3/ Grec
Je salue la prof de la part de la camarade que je viens de quitter: à ma surprise vite transformée en évidence, celle-ci connaissait Anne-Catherine B. Je suppose qu’elle doit sortir de l’ENS, spécialité allemand ou langues classiques. Après tout, elle fait son mémoire sur les noms du fils dans une homélie (non traduite à ce jour) de Grégoire de Nysse.

Jean 11. Résurrection de Lazare. L’héroïne est davantage Marthe que Marie.
— Mélo, se préoccuper, se faire du souci. Voyez-vous un prénom qui vient de cette racine?
Nous séchons.
— Amélie, celle qui est sans souci.

mercredi 21 novembre 2018

Management d'équipe

A la rentrée O. était fier d’avoir été choisi comme xxx (je ne sais plus le nom: celui qui organise les combats. A l’écouter jouer le soir, j’avais l’impression qu’il était aiguilleur du ciel) dans une guilde de WoW.
Une guilde se compose de vingt personnes. Cela permet de combattre des monstres plus gros, de mener des quêtes plus intéressantes. Ils avaient rendez-vous tous les vingt chaque dimanche et chaque mercredi («car le mercredi est le jour où les serveurs sont mis à jour et où de nouvelles quêtes sont proposées»). Je m’appliquais donc à ce qu’il soit à l’heure ces jours-là, c’est-à-dire que nous ayons fini repas et vaisselle.

Depuis quelques temps les réunions s’espacent. Comme j’avais l’impression que cela lui tenait à cœur, je m’inquiète, je m’informe. Il est plutôt déçu.

— Nous n’étions plus vingt, alors on s’est allié à une autre guilde. Mais mon chef de guilde n’aime pas comment je parle à cette deuxième guilde. Tu comprends, je peux être indulgent avec ceux de ma guilde, mais avec celle-là… c’est pas ma guilde. Mon chef trouve que je suis désagréable, mais ils sont tellement lents… et ils discutent tout, ils ne veulent rien essayer…

Bref, ils ne vont pas assez vite, ils ne comprennent pas la logique de O, ils ne lui font pas confiance. C’est l’histoire des loups-garous all over again.

mardi 20 novembre 2018

La disparition des cadres

Matinée au cercle des Pyramides, un cabinet d’experts dans la législation sociale qui organise régulièrement des petits déjeuners de formation et d’information.

Très intéressant comme toujours. J’avais entendu parler de la fusion Agirc-Arrco, mais je n’en avais pas compris la conséquence: la disparition du statut de cadre, «un statut qui n’existe pratiquement qu’en France», «devenu inadéquat à une époque où l’expertise compte davantage que les capacités d’encadrement».

Beaucoup de contrats de prévoyance qui faisaient référence au statut de cadres (créé en 1947) vont devoir être réécrits. Les cotisations sont harmonisées, certains vont y perdre, d'autres y gagner.

L’avocat fait également allusion au projet de Macron de fondre les quarante-deux régimes de retraite en un seul… et évoque le problème des réserves : certains régimes ont de quoi couvrir dix ans de pension, alors que les réserves de tous les régimes représentent 160 milliards d’euros, soit six mois de pension pour tous les régimes confondus.
Je ne suis pas sûre qu’avec les émeutes actuelles ce soit vraiment le moment d’évoquer cela.

Autre sujet ambivalent : afin d’inciter les personnes à partir plus tard à la retraite, ceux qui auront acquis le droit à une retraite à taux plein en 2019 se verront appliquer une décote de 10% pendant trois ans sur leur retraite complémentaire s’ils partent aussitôt. S’ils partent huit trimestres plus tard, ils auront une surprime de 10%, et ainsi de dix en dix pour douze et seize trimestres.
Evidemment, ce n’est incitatif que si l’on en parle, et le moment ne me paraît pas extrêmement favorable. Donc cela va se faire en catimini, les gens vont partir et se retrouver avec la décote de 10% sans avoir été prévenus, ce qui va générer du mécontentement, etc, etc.


Je passe aux Galeries Lafayettes m’acheter une veste car je suis partie si vite ce matin que j’ai oublié d’en prendre une. Dans l'après-midi, entretien en interne pour un poste de chargée de mission auprès d’un directeur. Je crains d’avoir paru trop indépendante.


Puis allemand. J’ai failli ne pas y aller en me disant que j’étais trop en retard, mais le prof l’était plus que moi: bloqué dans le RER B, grand foutoir tout l’après-midi car un train s’est retrouvé, d’une façon que je m’explique mal, sur les lignes du RER, et il n’était pas évident de le dégager. (L’inventivité en termes d’incidents techniques serait une source d’admiration si elle n’était une source d’agacement).

dimanche 18 novembre 2018

Barreuse

Emmitouflée jusqu’aux yeux (un look d’éboueuse), j’ai barré le huit.

(Donc je n’ai pas ramé et je ne suis pas retournée à Melun. Mais ça faisait longtemps que j’avais envie d’essayer. Empathie pour les filles en train de souffrir, quand on sait exactement ce qu’elles sont en train de vivre).

jeudi 15 novembre 2018

Sortie en huit

Le jeudi toutes les titulaires ne sont pas là et je complète le huit de compétition loisirs. Désormais Vincent nous suit: retour aux entraînements que j’ai connus à douze ou treize ans, avec un entraîneur sans arrêt en train de parler. Amélioration par rapport à cette époque-là: le canot moteur est beaucoup moins bruyant.

Sortie très technique, épuisante, bras seuls, bras corps, préparation des pelles, pelles au carré, dégagé énergique dans l’eau.
Découragement de certaines dans les vestiaires ensuite. Elles viennent de découvrir ce que c’est qu’une sortie où on se sent nulle de bout en bout.

dimanche 16 avril 2017

Loup y es-tu ?

Nous avons passé la journée chez mes parents pour fêter l'anniversaire de H., de ma tante et le mien.

Le soir, nous prenons l’autoroute pour rentrer. J’ai terriblement mal, si mal que j’hésite à demander à s’arrêter. Mais à quoi bon? Il fait froid, ils ne peuvent pas me laisser dans le fossé, il faudra repartir. Comment vais-je faire? C’est insupportable.
J’appelle les enfants à l’aide : «Il faut que vous me fassiez penser à autre chose. Racontez-moi quelque chose, sinon je ne vais pas y arriver».

Alors ils racontent des souvenirs d’enfance. (En particulier, O raconte qu’une nuit il a fait pipi dans le placard tant il avait peur de faire du bruit et de nous déranger. Je suis traumatisée: est-ce que nous étions des parents méchants à ce point-là? — J’étais petit, maman!1) C. nous raconte un jeu de colonie de vacances: le loup-garou. Parmi les joueurs, un a tiré la carte du loup-garou, il est le loup-garou. Les autres qui sont les villageois doivent deviner qui est le loup parmi eux. Il y a plusieurs rôles, le paysan, la petite fille, la sorcière, etc, avec des attributs particuliers (certains guérisseurs, d’autres immortels, etc). Les villageois décident dans la journée qui ils tuent (celui qu’ils pensent être le loup-garou, qui participe sans se dévoiler à leurs discussions), le loup-garou tue un villageois chaque nuit. (Si vous voulez jouer, il faudra vérifier les règles, je raconte à peu près).
En colonie, mes trois enfants ont vécu la même expérience: ils paraissaient toujours louches par leurs suggestions, ils se faisaient tuer tout de suite par les autres joueurs.

— Une fois, raconte O., les rôles en présence étaient tels que nous aurions tous pu vivre éternellement sans jamais nous faire tuer. J’ai essayé de leur expliquer comment s'y prendre. Il fallait réfléchir, ils ont préféré me tuer.

Cette phrase va me poursuivre le restant de mes jours, je crois. Quel résumé!

En tout cas, mission accomplie, merci les enfants: leurs récits ont été si passionnants que j’ai réussi à atteindre la maison sans trop penser à mon dos.



Note
1 : ajout en septembre 2022 : j'ai obtenu des explications supplémentaires. En fait, il jouait sur sa Gameboy sous les couvertures et comme H. travaillait très tard, O. avait peur d'être vu allant aux WC et de se faire enguirlander. Me voilà rassurée: en fait c'est sa culpabilité qui l'avait poussé à cet acte étrange.
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