Mardi midi.
Le programme du cinéma Accatonne sera valable jusqu'au 21 août. J'ai l'impression d'une liste sortie tout droit du Journal de Travers: Oscar Wilde, Goya, Absolute Wilson, La vierge des tueurs, Pier Paolo Pasolini (dont Salo ou les 120 jours de Sodome), Le cri et La Notte.

En entrant dans la salle, je ressens la même impression que la semaine dernière en allant voir Wittgenstein: il n'y a qu'une poignée de spectateurs, ce qui me ramène au premier film que j'ai vu ainsi à Paris, en 1985. J'étais allée voir Les Fraises sauvages dans le grand cinéma de la place Saint-Sulpice (aujourd'hui disparu), il était 14 heures en semaine, j'étais seule et persuadée que pour cette raison la séance allait être annulée.
Chaque fois que j'entre dans un cinéma presque vide, je ressens le même soulagement et la même gratitude: la séance aura quand même lieu.

Le film commence par la lecture d'un poème de Cavafy (Londres, 1950) puis il s'enracine dans la journée du 29 avril 1933. Cavafy est à l'hôpital, il mourra ce jour-là, à la fin du film.
Les images sont belles, le dialogue rare. Des ruines, des jeunes hommes, turcs ou arabes, leur regard, leur peau nue luisante de sueur, des costumes que j'associe aux colonies anglaises, clairs, élégants, on dirait un film sur mesure pour camusiens, à cela près qu'il traîne en longueur, que la musique est beaucoup trop présente, et qu'au bout de vingt minutes, on s'ennuie.
Ma plus grande déception vient sans doute de ce que les poèmes lus ne sont pas ceux que j'aurais choisis.
Il s'agit d'un film nostalgique montrant la fin d'un monde, un de ces films à la Gone with the wind comme Le jardin des Finzi-Contini, Guerre et paix, Out of Africa,... Les couleurs sont chaudes et dorées, elles pourraient être sépia.

Un film à voir une fois, sans doute, pour mémoriser facilement quelques dates et une chronologie:
- 29 avril 1863 : naissance à Alexandrie ;
- les Arabes attaquent les magasins, la famille fuit ;
- 1882 : Constantinople (la mer au soleil couchant);
- retour à Alexandrie, la famille est ruinée, Cavafy est embauché dans l'administration de régulation des eaux du Nil, il y travaillera trente-trois ans ;
- 1901 : premier voyage en Grèce (les ruines ocres et blanches) ;
- 1903 : second voyage en Grèce...