vendredi 26 janvier 2018
Samuel
Par Alice, vendredi 26 janvier 2018 à 22:12 :: 2018
Journée sur Linkedin.
J'écris à Samuel, un homme rencontré une fois il y a bien longtemps (1989?) pour aller voir Miller's Crossing. C'était alors l'ami de Pascale, ma grande amie, presque mon mentor, du lycée.
Elle l'a épousé puis elle a divorcé. Samuel me répond très gentiment. Il m'apprend qu'ils ont eu un fils, Baptiste.
Tout est allé de travers avec Pascale. J'ai fait une erreur d'appréciation, j'ai pris au mot son détachement, son affirmation d'être au-delà des conventions, de s'en moquer. Je ne l'ai pas invitée à mon mariage avec H., je pensais qu'elle se serait ennuyée, que cela ne l'intéresserait pas. En réalité, elle ne me l'a jamais pardonné (il m'a fallu septembre 2014 pour commencer à comprendre combien elle avait dû se sentir rejetée, isolée. Elle avait un fond de tristesse insondable que je n'ai jamais parfaitement compris).
Je regrette mais ce n'est pas rattrapable (j'ai essayé). J'aimerais avoir l'adresse de sa mère, j'aimerais remercié sa mère. C'était une personne au visage revêche qui m'a beaucoup aidé, qui a soutenu, non ma confiance en moi (je n'en avais pas et cela ne se construit que très lentement depuis quelques années), mais la conscience de n'être pas totalement sans valeur, d'avoir une compétence au moins dans un domaine. C'était la seule personne durant mon lycée à avoir de l'admiration pour mes capacités littéraires qui ne rencontraient que le mépris chez tous les autres (comme quelque chose d'inutile et de triviale).
Un jour de 1991 ou 1992, ma mère m'a téléphoné toute excitée pour m'apprendre que les parents de Pascale avaient divorcé; lui était parti avec une institutrice plus jeune. Maman voulait savoir si j'avais eu des nouvelles.
Les parents de Pascale étaient les pharmaciens du village, son père était maire. Je n'ai pas dit à maman que Pascale avait épousé un Camerounais divorcé père d'un enfant de six ans. Cela aurait trop bien nourri sa nature avide de scandales. Mais j'ai compris alors que Pascale n'avait fait cela, sans doute inconsciemment, que pour se venger de sa famille si conventionnelle que son père venait de faire exploser. J'en ai été désolée pour Samuel qui était gentil. J'ai espéré que leur mariage tiendrait malgré tout, que je me trompais.
Il n'a pas tenu.
Je n'ai pas demandé l'adresse de la mère de Pascale à Samuel (ou son nom: elle a repris son nom de jeune fille et je l'ai oublié). Je le ferai peut-être vers Noël.
Dans la lignée de notre promesse de cet été de voir les film de Cannes, les films présentés ou les films primés, vu In the Shade. Avoir une fois, sans plus.
J'écris à Samuel, un homme rencontré une fois il y a bien longtemps (1989?) pour aller voir Miller's Crossing. C'était alors l'ami de Pascale, ma grande amie, presque mon mentor, du lycée.
Elle l'a épousé puis elle a divorcé. Samuel me répond très gentiment. Il m'apprend qu'ils ont eu un fils, Baptiste.
Tout est allé de travers avec Pascale. J'ai fait une erreur d'appréciation, j'ai pris au mot son détachement, son affirmation d'être au-delà des conventions, de s'en moquer. Je ne l'ai pas invitée à mon mariage avec H., je pensais qu'elle se serait ennuyée, que cela ne l'intéresserait pas. En réalité, elle ne me l'a jamais pardonné (il m'a fallu septembre 2014 pour commencer à comprendre combien elle avait dû se sentir rejetée, isolée. Elle avait un fond de tristesse insondable que je n'ai jamais parfaitement compris).
Je regrette mais ce n'est pas rattrapable (j'ai essayé). J'aimerais avoir l'adresse de sa mère, j'aimerais remercié sa mère. C'était une personne au visage revêche qui m'a beaucoup aidé, qui a soutenu, non ma confiance en moi (je n'en avais pas et cela ne se construit que très lentement depuis quelques années), mais la conscience de n'être pas totalement sans valeur, d'avoir une compétence au moins dans un domaine. C'était la seule personne durant mon lycée à avoir de l'admiration pour mes capacités littéraires qui ne rencontraient que le mépris chez tous les autres (comme quelque chose d'inutile et de triviale).
Un jour de 1991 ou 1992, ma mère m'a téléphoné toute excitée pour m'apprendre que les parents de Pascale avaient divorcé; lui était parti avec une institutrice plus jeune. Maman voulait savoir si j'avais eu des nouvelles.
Les parents de Pascale étaient les pharmaciens du village, son père était maire. Je n'ai pas dit à maman que Pascale avait épousé un Camerounais divorcé père d'un enfant de six ans. Cela aurait trop bien nourri sa nature avide de scandales. Mais j'ai compris alors que Pascale n'avait fait cela, sans doute inconsciemment, que pour se venger de sa famille si conventionnelle que son père venait de faire exploser. J'en ai été désolée pour Samuel qui était gentil. J'ai espéré que leur mariage tiendrait malgré tout, que je me trompais.
Il n'a pas tenu.
Je n'ai pas demandé l'adresse de la mère de Pascale à Samuel (ou son nom: elle a repris son nom de jeune fille et je l'ai oublié). Je le ferai peut-être vers Noël.
Dans la lignée de notre promesse de cet été de voir les film de Cannes, les films présentés ou les films primés, vu In the Shade. Avoir une fois, sans plus.