dimanche 13 mars 2016
Bleu
Par Alice, dimanche 13 mars 2016 à 22:27 :: 2016
Peu de monde. Deux yolettes de quatre (ce qui est une anomalie: quatre rameurs plus un barreurs, cela fait cinq. Nous faisons deux yolettes de trois rameurs.)
Il fait encore un peu plus bleu que la semaine dernière.
Je réussis à convaincre tout le monde de voir Merci patron, et donc j'y retourne — je ne vais pas rester seule à la maison —, même si je n'ai pas envie d'éprouver à nouveau le goût amer que laisse le film.
Goûter («On va prendre un pot?») au Café Beaubourg, en face du cinéma. La conversation roule. Le film laisse tout le monde pantois, sauf O., qui n'arrive pas à croire que ce ne soit pas une fiction. Nous googlons le nom de l'homme politique pour le convaincre. Mais je le comprends : l'enchaînement des circonstances est incroyable. Est-ce que l'équipe suivait plusieurs familles et a filmé le cas qui a "pris" (comme une sauce)?
— La seule chose qui me paraît obligatoirement reconstituée, c'est quand Ruffin répond au téléphone: il ne pouvait pas prévoir qu'il allait être appelé justement à ce moment-là. (Et je n'ajoute pas que ces deux moments le filment en train de jouer avec des enfants, symbole d'innocence et de joie. Ce film est très habilement mis en scène.)
En fond sonore, de la techno. Machinalement j'essaie de battre la mesure, je me rends compte que j'y arrive encore moins qu'avant, dans un sens je ne comprends même plus ce que ça veut dire, mon cerveau ne sait pas quel ordre envoyer à mes mains. J'en fais la remarque à voix haute, esquisse un geste maladroit des mains, I., qui me découvre ce handicap, a les yeux qui s'exorbitent d'incrédulité (je crois que le geste de mes mains ne laisse aucun doute sur l'amplitude de mon inaptitude alors que le boum boum de la techno s'élève sans ambiguité). Les autres rient.
La conversation roule sur la musique. Chacun essaie d'expliquer à I. combien je suis nulle (charmant). Elle a du mal à prendre la mesure du phénomène. Je raconte mes années de flûte à bec au collège:
— Je faisais partie du club musique au collège (entre midi et deux: en grande partie pour échapper au froid dans la cour). Je jouais de la flûte alto, une grosse flûte. Je m'entrainais beaucoup, j'était devenue excellente sur la sortie des notes graves, plus jamais un couac, mais c'était horrible, je devais souvent partir la première et j'attendais les autres, j'avais peur qu'on m'entende, je n'arrivais pas à compter les blanches et les rondes.
Je vois O. réaliser quelque chose, ses yeux s'arrondir:
— Mais la flûte alto, c'est elle qui donne le rythme??!
Et il se met à rire, rire, d'un fou rire inextinguible.
Il fait encore un peu plus bleu que la semaine dernière.
Je réussis à convaincre tout le monde de voir Merci patron, et donc j'y retourne — je ne vais pas rester seule à la maison —, même si je n'ai pas envie d'éprouver à nouveau le goût amer que laisse le film.
Goûter («On va prendre un pot?») au Café Beaubourg, en face du cinéma. La conversation roule. Le film laisse tout le monde pantois, sauf O., qui n'arrive pas à croire que ce ne soit pas une fiction. Nous googlons le nom de l'homme politique pour le convaincre. Mais je le comprends : l'enchaînement des circonstances est incroyable. Est-ce que l'équipe suivait plusieurs familles et a filmé le cas qui a "pris" (comme une sauce)?
— La seule chose qui me paraît obligatoirement reconstituée, c'est quand Ruffin répond au téléphone: il ne pouvait pas prévoir qu'il allait être appelé justement à ce moment-là. (Et je n'ajoute pas que ces deux moments le filment en train de jouer avec des enfants, symbole d'innocence et de joie. Ce film est très habilement mis en scène.)
En fond sonore, de la techno. Machinalement j'essaie de battre la mesure, je me rends compte que j'y arrive encore moins qu'avant, dans un sens je ne comprends même plus ce que ça veut dire, mon cerveau ne sait pas quel ordre envoyer à mes mains. J'en fais la remarque à voix haute, esquisse un geste maladroit des mains, I., qui me découvre ce handicap, a les yeux qui s'exorbitent d'incrédulité (je crois que le geste de mes mains ne laisse aucun doute sur l'amplitude de mon inaptitude alors que le boum boum de la techno s'élève sans ambiguité). Les autres rient.
La conversation roule sur la musique. Chacun essaie d'expliquer à I. combien je suis nulle (charmant). Elle a du mal à prendre la mesure du phénomène. Je raconte mes années de flûte à bec au collège:
— Je faisais partie du club musique au collège (entre midi et deux: en grande partie pour échapper au froid dans la cour). Je jouais de la flûte alto, une grosse flûte. Je m'entrainais beaucoup, j'était devenue excellente sur la sortie des notes graves, plus jamais un couac, mais c'était horrible, je devais souvent partir la première et j'attendais les autres, j'avais peur qu'on m'entende, je n'arrivais pas à compter les blanches et les rondes.
Je vois O. réaliser quelque chose, ses yeux s'arrondir:
— Mais la flûte alto, c'est elle qui donne le rythme??!
Et il se met à rire, rire, d'un fou rire inextinguible.