Alice du fromage

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Billets qui ont 'Quotidien du médecin' comme oeuvre.

mardi 28 avril 2009

Les dents de l'Alzheimer

«Ma mère ne peut plus s'habiller toute seule. Elle met son chemisier à l'envers et enfile ses bras dans les jambes de son pantalon. Quand je lui donne un stylo, elle le tourne dans tous les sens sans savoir quoi faire avec»: l'apraxie fait partie des signes de la maladie d'Alzheimer.

Pour rechercher une apraxie chez ses patients qui ont des troubles de la mémoire, un médecin avait un truc qu'il estimait infaillible: «Imaginez que vous tenez une brosse à dents dans la main et montrez-moi comment vous vous brossez les dents», leur demandait-il. Les patients qui n'ont pas d'apraxie font le geste de tenir une brosse à dents, puis bougent leur poignet de droite à gauche puis de haut en bas devant leurs dents. Les patients qui ont une maladie d'Alzheimer, incapables d'imaginer une brosse à dents dans leur main, font le geste de se brosser les dents avec l'index.

Un jour, questionné par sa grand-mère de 97 ans sur l'Alzheimer, le praticien lui raconte le coup de la brosse à dents: «Essaie, Mamy. ? Tu veux dire comme ça?», réplique-t-elle du tac au tac en faisant mine d'enlever son appareil dentaire et de le brosser. Éclats de rire… Un autre jour, un professeur de physique fait lui le geste de tenir une brosse à dents mais s'arrête, immobile, devant ses dents. «Professeur, montrez-moi comment vous vous brossez les dents! ? Mais, docteur, j'ai une brosse à dents électrique!»

Dr Emmanuel de Viel, rubrique "L'histoire du jour" du Quotidien du médecin du 23 avril 2009
dédié à Chondre et à sa grand-mère.

jeudi 15 janvier 2009

La nausée

Résumé de l'éditorial de Renée Carton dans le Quotidien du médecin du 12 janvier 2009:

Un chirurgien new-yorkais, Richard Batista, rencontre une infirmière; ils se marient en 1990, ont trois enfants. L'épouse souffre d'une grave insuffisance rénale. Après l'échec de deux greffes, le mari apprend qu'il est donneur compatible (une chance sur 700 000). En 2001 la greffe est effectuée avec succès.

Aujourd'hui le couple est en instance de divorce. Le mari, qui se plaint de ne plus voir ses filles, rend la chose publique en réclamant la restitution de son rein qu'il estime à 1,5 million de dollars.
Les juristes et les bioéthiciens se contentent de rappeler que le rein n'a aucune valeur puisque le commerce des organes est interdit aux Etats-Unis.

lundi 13 octobre 2008

Ignobles Nobel cuvée 2008

[...] on peut déjà se réjouir de la distinction obtenue par une chercheuse de l'École nationale vétérinaire de Toulouse, Marie-Christine Cadiergues : L'Ig Nobel de biologie pour une étude sur les sauts de puce (avec Christel Joubert et Michel Franc). Juste avant la semaine des Nobel, qui commence aujourd'hui avec la médecine, les Ig Nobel (« Ignobles Nobel ») sont remis à l'initiative de la revue scientifique humoristique « Annales de la recherche improbable ». Lors de la cérémonie à Harvard, un des vainqueurs de 2007, Dan Meyer, coauteur d'un rapport médical sur « les effets collatéraux de l'ingestion de sabre », a ouvert la soirée en avalant une épée, qui a vite été retirée par le Dr Thomas Michel, doyen de l'École de médecine. La capacité d'une amibe à sortir d'un labyrinthe, le Coca-Cola spermicide efficace ou sans effet (prix ex œquo pour les deux équipes parvenues à des résultats opposés), les faux médicaments chers qui marchent mieux que les faux médicaments bon marché (l'Ig Nobel de médecine, remporté par un économiste), la modification électronique du bruit de la chips pour dormer l'illusion du croustillant et de la fraîcheur, le principe légal de la dignité des plantes (Ig Nobel de la paix)... : les récompenses sont parodiques, mais les recherches sont sérieuses. « La recherche n'est pas forcément toujours de la grande recherche », dit à l'AFP Marie-Christine Cadiergues, dont le travail portait en fait sur la comparaison de deux espèces de puces dont l'une est en voie de disparition. « D'abord rire, puis réfléchir », dit Marc Abrahams, l'organisateur du prix. Un bon conseil ?

éditorial de Renée Carton dans Le Quotidien du médecin, le 6 octobre 2008

mercredi 26 décembre 2007

Les nourrissons reconnaissent les « gentils »

Ami ? Ou ennemi ? Les humains adultes évaluent en un instant leurs semblables pour distinguer le danger potentiel que peut représenter un individu. Pour cela, ils intègrent et traitent de manière automatique différents signes comportementaux, physiques et sociaux. Loin d'être le fruit d'une acquisition sociale, cette aptitude serait innée si l'on en croit Kiley Hamlin et coll. (Yale University) : dès l'âge de 6 mois, l'enfant est capable de jauger un comportement. « Nous montrons que des nourrissons de 6 et 10 mois prennent en compte une action individuelle (bonne ou mauvaise) envers un autre pour déterminer si l'individu est sympathique ou antipathique : le nourrisson va préférer un individu qui en aide un autre à accomplir une action à un individu neutre ; il va préférer l'individu neutre à un individu qui gêne l'autre dans son action. »
[...]
Soit un paradigme de choix, selon lequel un nourrisson indique ses préférences en faisant des mouvements pour aller vers celui qu'il choisit; soit un paradigme d'attente, dans lequel le nourrisson regarde plus longuement un événement inattendu ou qui le surprend. Premièrement, on a habitué les enfants à la présence d'un personnage en bois, avec de gros yeux collés, qui tente de grimper une colline, le «grimpeur». Deuxièmement, on a fait intervenir d'autres personnages. L'«aidant» qui pousse le grimpeur vers le haut et dont l'action alterne avec celle de l'«empêcheur» qui, au contraire, repousse le grimpeur vers le bas. Encouragés à faire un choix entre les deux derniers intervenants, en les incitant à aller vers eux, les enfants ont clairement exprimé leur préférence : ceux de 6 mois comme les autres vont vers l'aidant (association forte, p = 0,002), indiquant «qu'ils ont une impression distincte des deux personnages uniquement sur la base de leur action vis-à-vis d'un autre».
[...]
L'expérience initiale du grimpeur avec son aidant et son empêcheur leur a été montrée, mais ces personnages n'étaient plus seuls. Des personnages « neutres », grimpant ou descendant la colline sans interagir avec les autres, faisaient partie de la scène. Ce qui a permis aux nourrissons de manifester leur préférence de l'aidant versus le neutre et du neutre versus l'empêcheur, révélant des aptitudes à l'évaluation du bien et du mal : ils marquent leur affection pour les personnages capables d'aider un autre à atteindre son objectif et montrent une aversion pour ceux qui l'en empêcheraient. Selon Hamlin et coll., une aptitude d'adaptation biologique se serait conservée de manière préférentielle au cours de l'évolution. Un comportement coopératif est utile à des activités de chasse en groupe, de partage des ressources alimentaires, de protection en cas d'attaques.

Le Quotidien du médecin, 22 novembre 2007, Béatrice Vuaille

Peu après avoir lu cet article, j'ai découvert que les singes capucins avaient un sens inné de la justice. Comment réagiraient les capucins à l'expérience des gentils versus les neutres versus les méchants ? Voilà qui m'intéresserait. Préférer un personnage qui aide à un personnage neutre, c'est préférer davantage que la justice; quelle relation chronologique ou quelle hiérarchie existe-t-il entre le stade de la justice et le stade de la bienveillance, le deuxième présuppose-t-il le second, etc.?

jeudi 15 mars 2007

Fumer ou trembler, il faut choisir

Un peu plus de quatre mois sans cigarette. J'ai envie de fumer. Lorsque je vois tous ces gens sur le trottoir, par petits groupes, en train de discuter dans la lumière tranquille du matin, j'ai envie de me joindre à eux.
La revue «Neurology» publie une nouvelle étude américaine sur les liens entre tabagisme et maladie de Parkinson. L'objectif était de caractériser davantage les relations entre l'histoire du tabagisme et le risque de maladie de Parkinson en prenant en compte la durée du tabagisme, la quantité moyenne fumée, l'ancienneté du tabagisme et son influence à différentes périodes de la vie.
[…]
En moyenne, ceux qui avaient fumé pendant le plus grand nombre d'années, qui fumaient chaque jour le plus de cigarettes, qui avaient arrêté à un âge déjà avancé et qui avaient arrêté depuis le moins de temps avaient le plus faible risque de Parkinson.

Le Quotidien du médecin, vendredi 9 mars 2007, p.8
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