Vendredi, j'abandonne ma stagiaire d'été à 11h30 pour aller voir Wittgenstein au Reflet.

C'est un film étrange, davantage une série de photos commentées que véritablement un film. Le fond est noir, le décor minimal. Les personnages sont habillés soit de façon classique, morne, universitaire anglais, soit de couleurs vives et excentriques. Il y a même un martien (vert).
C'est un film qui repose sur les dialogues, qui veut montrer l'asociabilité, la soif de perfection, l'isolement mais aussi le désir de solitude de Wittgenstein.

Je m'aperçois que je connaissais déjà sa biographie grâce à L'Amour l'Automne, je connais même davantage d'anecdotes qu'il n'en est montré. Le film m'a permis de mettre les événements dans l'ordre : Vienne, trois frères suicidés, un quatrième manchot (d'où le Concerto pour la main gauche de Ravel), Cambridge, la Norvège, la première guerre mondiale, prisonnier en Italie, le poste d'instituteur, le retour à Cambridge, la découverte de l'homosexualité, le désir de travailler comme ouvrier en URSS, la brouille avec Russell, la fuite en Irlande, le cancer, le retour à Cambridge pour mourir.

C'est à peine un film. Cela a le mérite de baliser le chemin pour de futures lectures.

Exemple de dialogue (de mémoire):
Un élève : Professeur, je ne comprends pas.
W : Pourquoi croyons-nous que le soleil tourne autour de la terre ?
L'élève: parce que c'est ce que nous voyons.
W: Et que verrions-nous si la terre tournait autour du soleil?
L'élève se tait, puis répond: J'ai compris.