Ce soir, O., tout surpris d'apprendre que je n'avais jamais vu Les Noces funèbres (un film que les enfants ont regardé en boucle à sa sortie), a décidé que ce serait le film de la soirée.
L'histoire est agréable en ce que l'issue est imprévisible, puisque les personnages principaux sympathiques sont en nombre impair (le quatrième est le méchant, donc il va "perdre". Mais quel couple sera-t-il finalement formé? Difficile de décider ce que va choisir le scénariste.)
Ce soir (tard, après la fin du film), retour de H., C et A au bercail après dix jours d'absence.
Vu Alice, donc. La jeune correspondante allemande que nous hébergeons était si contente à cette perspective. (J'ai l'impression qu'elle n'y croyait plus, à son grand désespoir, car «tous les élèves de ma classe l'ont vu»).
Je n'ai pas compris les appréciations négatives que j'ai lu sur des blogs ici et là. Cela m'a juste laissé indifférente. Alice de retour au pays des merveilles, Alice treize ans plus tard, Alice traînée de force à une réception où elle ne veut pas aller:
— Mère, est-ce que nous ne pourrions pas faire demi-tour? Personne ne s'apercevra de notre absence…
— Si, ils s'en apercevront.
Sans doute les deux phrases du film qui me réjouissent le plus.
La jeune actrice qui joue Alice ressemble un peu à Sandrine Bonnaire (jeune, avant qu'elle ne devienne si mince, si décharnée).
Sinon, voir le moment où la reine blanche, qui minaude en continu les mains à hauteur des épaules, montre un mouvement d'impatience quand elle voir le chien galoper vers le château et, sitôt les courtisans disparus, abandonne la pose et retrousse ses jupes pour courir vers le chien: moment du kitsch clairement exposé comme kitsch.
Je ne peux plus regarder ce genre de film car j'y vois partout des allusions qui me paraissent non des variations "en hommage à", mais un manque d'idées. Comment ne pas penser à Narnia devant le loir (qu'on appellerait partout ailleurs une souris) susceptible et batailleur, et l'attente du retour d'Alice comme on attendait le retour des enfants dans Narnia? Et cette image de l'épée rendue à l'armure, moins le roi Arthur qu'Aragorn?
Etc., etc.
Pourquoi les échos enrichissent-ils les histoires dans un certain cas, les appauvrissent-elles dans d'autres? Une règle de ce genre serait-elle valable: une œuvre mineure ne peut faire signe vers une œuvre qui lui est supérieure sans mettre en scène sa propre médiocrité? (tandis qu'une œuvre appartenant à la sphère des œuvres majeures peut ou même doit faire référence à toutes les œuvres appartenant à ce même univers).
Mais comment savoir, quand on est soi-même l'artiste, où l'on se situe?
Deux derniers points: un bon film aurait établi davantage de liens entre le rêve et la réalité. Le lien jumeaux/jumelles est le seul qui existe, dommage.
Conseil à Tim Burton: bel habit bleu d'Alice sur le pont du bateau: et si vous nous tourniez une Ile au trésor?
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