Un post de Gilda me permet de dater quelque chose dont je me souviens très précisément mais que j'aurais été incapable de dater.
Quoique. 1996, évidemment : peu après la naissance d'A., après mon départ négocié de G** (mars?), après la semaine de stage d'anglais avec AC (avril).
AC travaillait avec moi à G**, nous nous y étions rencontrées et devenues amies (elle est la marraine d'O.) Elle avait quitté G** en 1994 pour aller travailler à Tahiti et était rentrée récemment en France. Nous nous aidions mutuellement: je la motivais et la briefais avant ses entretiens d'embauche, elle me disait comment négocier mon départ (demander un an pour obtenir six mois, etc: sans elle je n'aurais jamais osé; là, je me contentais de suivre ses indications, en m'interdisant de réfléchir).
Nous avions vécu les années Pétriat (vingt ans plus tard j'apprends
son destin) ensemble, nous avions résisté ensemble à une hiérarchie bête (et concernant la mienne, méchante), nous nous tenions les coudes.
Je ne sais plus qui a appelé l'autre cette après-midi-là en apprenant l'incendie du Crédit Lyonnais, mais je me souviens de moi dans le salon à Villecresnes, de nous au téléphone en train de rire souffle coupé, incrédules : «ils ont osé», dans notre reconnaissance instinctive de ces magouilles dont nous avions souffert ensemble pendant trois ou quatre ans.
Jamais, même une seconde, avons-nous cru que ce n'était pas un incendie criminel, volontaire, une façon de faire disparaître la preuve de malversations. (Je ne sais plus pourquoi cela paraissait si évident à l'époque: affaires Adidas, MGM (Metro Goldwyn Mayer))?
Plus tard,
en 2011, j'ai appris lors d'une formation à la "gestion du risque" que les archives du Crédit Lyonnais avaient brûlé au Havre le même jour, ce qui me parut la preuve définitive que c'était bien un incendie criminel.