Alice du fromage

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Billets qui ont 'école alsacienne' comme autre lieu.

vendredi 7 octobre 2016

Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

mardi 5 mai 2015

Théâtre ce soir

Comme chaque année, théâtre de l'école alsacienne.
L'impromptu de Versailles (ce serait drôle de l'adapter avec les hommes politiques et les gens de la télé aujourd'hui);
Georges Dandin, pièce cruelle ;
L'école de femmes, magnifiquement jouée par des acteurs de toute beauté;
Critique de l'école des femmes, avec la surprise de découvrir ce qui choquait à l'époque : pas du tout le mariage forcé entre une très jeune fille tenue à l'écart par un homme mûr se la "réservant", mais les sous-entendus grivois.


Pensées pour RC :
GEORGE DANDIN.— Puisqu'il faut donc parler catégoriquement, je vous dirai, Monsieur de Sotenville, que j'ai lieu de…
MONSIEUR DE SOTENVILLE.— Doucement, mon gendre. Apprenez qu'il n'est pas respectueux d'appeler les gens par leur nom, et qu'à ceux qui sont au-dessus de nous il faut dire Monsieur tout court.
GEORGE DANDIN.— Hé bien, Monsieur tout court, et non plus Monsieur de Sotenville, j'ai à vous dire que ma femme me donne…
MONSIEUR DE SOTENVILLE.— Tout beau. Apprenez aussi que vous ne devez pas dire ma femme, quand vous parlez de notre fille.
GEORGE DANDIN.— J'enrage. Comment, ma femme n'est pas ma femme?
MADAME DE SOTENVILLE.— Oui, notre gendre, elle est votre femme, mais il ne vous est pas permis de l'appeler ainsi, et c'est tout ce que vous pourriez faire, si vous aviez épousé une de vos pareilles.
ou encore, dans L'école des femmes, devant Arnolphe se faisant appeler de la Souche : RC devrait en faire autant, peut-être.

vendredi 2 mai 2014

Moins de gloire et plus de plaisir

Un peu de grec, un peu de rangement, et surtout les trois pièces de théâtre données cette année par l'école autour d'Arlequin, en reprenant la tradition de fantaisie de ce théâtre burlesque:

- Arlequin poli par l’amour de Marivaux : «Quand une femme est fidèle, on l'admire; mais il y a des femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées. Vous êtes de celles- là; moins de gloire, et plus de plaisir; à la bonne heure!»;
- Arlequin empereur dans la lune d’après Nolant de Fatouville, ou comment marier quatre jeunes filles (avec un clin d'œil aux anciens élèves qui a ravi la salle;
- Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, dans une mise en scène qui n'a pas craint de s'inspirer du plus comtemporain (allons, plus de spoil possible: le pastiche du film Titanic était à mourir de rire (et A. de dire le lendemain au petit déjeuner: «j'ai bien cru qu'ils allaient se retrouver à poil sur scène!» (oui, la salle s'est demandé ce qui se passait, sans y croire, mais en le voyant pourtant).

Bref, beaucoup ri.

lundi 24 juin 2013

Remise des prix

Des catégories un peu inattendues (prix de l'amitié, prix du CDI, etc).

Claude a reçu le prix de la bibliothèque pour la variété de ses lectures et de ses centres d'intérêt. Cela me fait tellement plaisir pour tant de raisons différentes, à commencer par sa tendance à se dénigrer et à se comparer à ses frères.

Je suis contente, c'est la pianiste qui accompagnait la pièce de théâtre à la façon d'un film muet qui a été récompensée dans la troupe (cela a dû être difficile de choisir!).

lundi 10 juin 2013

Astucieux

Nous avons mis les enfants dans un lycée privé parisien.
Avantages: une vie plus douce, plus policée (exemple: effarement de nous parents quand ils nous ont déclaré avec satisfaction qu'ils pouvaient laisser leur sac dans la cour sans surveillance sans qu'il soit vandalisé: pour eux cela tranchait avec ce qu'ils avaient connu jusqu'alors (mais nous n'étions pas au courant: eux pensaient que c'était normal et n'en avaient jamais parlé)) et des adultes omniprésents pour prendre soin d'eux (c'est vraiment le terme: je suis très impressionnée par l'accompagnement (ie, plus que de "l'encadrement") dont les enfants bénéficient, je n'ai jamais connu ça).
Inconvénient: beaucoup de transport, une heure de "pendulation" matin et soir tandis que la plupart des élèves habitent à dix minutes du lycée. La politique en fait de retard le matin est stricte depuis trois ou quatre ans car de plus en plus d'élèves arrivaient en retard pendant les vingt premières minutes du premier cours de la journée.

Ce matin A. reste à la maison pour la semaine de révision avant le bac (déjà! c'est incroyable, je n'ai rien vu venir).

Je dis à O. : — Dépêche-toi, ce matin, on ne pourra pas dire que c'est à cause de A. que nous sommes en retard.
— De toute façon, j'ai trouvé le truc: quand j'arrive en retard à huit heures, je dis que je suis désolé, que nous sommes partis en retard de la maison, à sept heures au lieu de sept heures moins le quart. Les profs me regardent et me laissent entrer.
— Toi et tes yeux de Chat potté!
— Je ne fais que dire la vérité.

vendredi 17 mai 2013

Engouement surprise

Tous les matins nous écoutons France Musique dix minutes, entre la maison et la gare du RER.
Ce matin, quelques secondes de Wagner, la chevauchée des Walkyries.

— J'aimerais bien voir ça, j'aime bien Wagner.
— Oui, moi aussi j'aime l'opéra.
— Comment? Ça vous intéresse? Mais j'y vais en octobre, à Dijon, la Tétralogie raccourcie sur un week-end. Vraiment, ça vous intéresse? Mais fallait prévenir!
— On ne peut pas te prévenir, tu ne dis rien.
— Ben oui, j'ai l'habitude que vous vous moquiez de moi. Bon, je vais voir s'il reste une place.
— Deux, et moi?
— Toi tu seras à Lisieux, je te rappelle. Lisieux-Dijon, on fait plus simple sur un week-end.
— Si, c'est faisable, je ne travaille pas le vendredi après-midi.
— Parce que tu as déjà ton emploi du temps de l'année prochaine?

Bref, ils viennent.

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Agenda : premiers pas dans la bibliothèque BOSEB Soulagement : ma bibliographie consiste en des articles et non des livres, c'est plus court (c'est important car les documents sont consultables sur place, et il est difficile pour moi d'être là entre 9h et 19h). J'ai l'impression que ma dissertation risque d'être un exposé des diverses thèses sur le sujet. J'ai sans doute intérêt à l'écrire avant de lire les articles, puis à l'enrichir ensuite, si je veux être un peu personnelle.

Se promener dans les rayonnages est amusant (Eléments d'écriture égyptienne sacrée). A ma table deux dames aux cheveux très blancs copient des lettres sur des feuilles à grands carreaux. De loin cela ressemble un peu à de l'arabe, en plus anguleux. J'aperçois la tranche du manuel qu'elles consultent : c'est de l'akkadien.

Dans l'autre bibliothèque, j'ai emprunté sur le présentatoirs des nouvelles acquisitions un livre au titre irrésistible: Saint Hilaire de Poitiers, théologien de la communion (ce n'est pas la seconde partie que j'aime, mais le nom. Grégoire de Naziance, Isidore de Séville, il y a une vraie jouissance du nom.)

Pot durant l'avant-dernier cours d'allemand.
Hit girls, dont la bande-annonce m'avait plu. Il y a du mou dans le récit, mais on rit. Skylar Astin a un visage sympa mais un nom impossible.
Un fil à la patte par la troupe de théâtre de l'école (sans O. parti à Jambville pour trois jours). ces lycéens sont toujours aussi extraordinaires.

Je lis le livre de Christian Delorme, prêtre en région lyonnaise : L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète.

vendredi 26 avril 2013

Lassitude

Coup de fil à 18h. Le plus jeune exclu une journée du collège pour bagarre (ayant entraîné le port d'une minerve, tout de même). C'est arrivé vendredi il y a huit jours, il n'avait rien dit.
Cela après avoir eu au téléphone la fiscaliste qui a découvert une retraitement imprévu (en notre faveur, encore heureux) et avoir perdu le mot de passe pour répondre à l'enquête drees (je l'ai changé puis je l'ai oublié).
De toute façon j'oublie tout en ce moment. Et je perds tout (la montre que mon père avait gagnée au tennis et qu'il m'avait donnée en août 1986. A l'époque il n'y avait pas de bracelet de couleur pour des montres pareilles.)
Bref, pas eu le temps d'aller voir Hannah Arendt à 16h30 comme je l'espérais.

Et H. qui ne rentre pas. Revient à travers les années la peur de l'accident de voiture.
Je vais me coucher.

mardi 9 octobre 2012

Alsacienne

Réunion pour la terminale de A.

Cette école qui m'a rendue si heureuse me donne maintenant envie de pleurer, je me retiens d'aller voir P*nafieu ou O*sini pour plaider: "faites quelque chose!"

(Je me rends compte que je vis la paresse, la lâcheté et l'indifférence de C. comme une maladie contagieuse, je n'ai qu'une envie, me tenir loin de lui pour ne pas être contaminée. Je ne crois pas qu'il va changer. Il apprendra peut-être à ne pas le montrer, mais je ne crois pas qu'il va changer.)

Pourtant il me semble encore que j'ai eu raison d'inscrire C. ici, de lui donner cette chance, même s'il n'en a rien fait.
Même si je me dis que la situation actuelle est une punition pour mon orgueil et mon ubris, une leçon d'humilité qu'il me faut endurer avec patience, je reste convaincue que je devais le faire.
Que vaut ce sentiment d'avoir agi droitement face à des résultats mauvais? Faut-il remettre en cause l'intuition initiale et cette impression de bien agir? Ou faut-il juste se dire qu'il faut attendre, que l'histoire n'est pas écrite jusqu'au bout?

vendredi 31 août 2012

L'aîné

Il a raté son année d'études à la fac en France, après avoir abandonné son école en Suisse l'année dernière. (Et encore, je ne savais pas encore qu'il ne s'était même pas présenté aux examens.)

Il a eu un accident avec la voiture et n'a même pas pris la peine de la nettoyer avant de l'amener à l'expert («Mais tu m'avais dit de ne pas trop en faire!» (je l'aurais tué)) et n'a pas fourni les justificatifs d'entretien à l'assurance pendant notre absence. (Moralité: la voiture passe à la casse).

Lui trouver un logement et un emploi.
Qu'il passe le BAFA scout, qu'il réussisse au moins quelque chose!

L'horreur, c'est de devoir me dire qu'H. avait raison, que nous n'aurions pas dû faire ce que nous avons fait pour ce gosse. Je n'arrive pas à le ressentir, il me semble normal d'avoir fait tout ce que nous pouvions pour lui (conséquences positives: Claude est entrée l'Alsacienne et Hervé s'est remis au travail).
(Ai-je péché par orgueil, à mettre mon fils à l'Alsacienne? J'étais juste heureuse de lui donner ce que j'aurais aimé avoir, cela me paraît légitime. Qui donnera des pierres à son fils qui réclame du pain? (Mais Hervé n'était pas d'accord avec ça. Mais lui-même a-t-il jamais mesuré tout ce que son père lui avait donné alors qu'il était en train de rater sa première année à l'Enserb, ou même en sup et en spé? En voyant Clément pleurer hier sur Emma, je me rappelais Hervé amoureux en train de pleurer sur Angelina. Mais je ne peux pas le dire à Hervé, il ne le reconnaîtra jamais).
J'ai peut-être péché par orgueil? Oui, aussi. Mais pas que.)

Mais maintenant c'est le temps de la justice et non plus de la charité.
Que devons nous faire?

dimanche 6 mai 2012

Hamlet

Vendredi soir, représentation d'Hamlet. Après Le Misanthrope de l'année dernière, je ne l'aurais manqué pour rien au monde.

Hamlet était joué par une jeune fille dont le style et l'allure me rappellent Inès de la Fressange. Excellents Hamlet, Claudio et Ophélie.

J'écoute le texte, je m'étonne toujours autant du succès de cette pièce si décousue, je me demande dans quelle mesure Shakespeare n'a pas profité de ce prétexte pour nous servir ses thèses sur la vie (en prétextant la folie…), mais aussi de quelle troupe d'acteurs il se moquait, et quelles étaient ses opinions ou croyances religieuses en ces temps troublés; je reconnais au passage l'exergue de L'Aleph, «un espace infini dans une coquille de noix». (Et l'importance du songe, toujours. Est-ce que tout cela n'est pas un rêve d'Hamlet, un cauchemar?)

Je pense à Pierre Bayard qui m'a fait découvrir l'histoire de John Dover Wilson qui me donne envie de pleurer chaque fois que je la lis. (En 2006, en 2006, je ne pouvais pas savoir que ce nom était si églogal).

dimanche 1 mai 2011

Bilan de la semaine

- Mardi Ulysses (de Joyce) et la musique, les dernières découvertes à ce sujet, la pointe de la recherche due à la découverte d'une source il y a deux ans environ.
Puis Guinness.

- Jeudi Oulipo : nous avons dit beaucoup de bien de La Syllabe et l'écho d'Alain Chevrier. Et pour répondre à une question que nous nous posions, oui, le livre est réimprimé (éclats de rire à apprendre que Chevrier est classé parmi les auteurs pornographiques à cause du Sexe des rimes).

- Vendredi Marcheschi, une lecture de Camille morte et une projection du très intéressant Vers la flamme.
Plaisir de voir Rémi en pleine forme. Donc (pour ne pas oublier) enterrer la sculpture marcheschienne avec les cendres de Rémi, en Grèce (lieu à repréciser), et boire une bouteille de rosé à sa santé (l'enterrer elle aussi ayant semblé dommage)).
Le reste du temps nous avons parlé culture et civilisation, bien sûr.

- Samedi Le Misanthrope (admirablement joué à un tarif défiant toute concurrence), avec un plaisir très vif, à la fois à cause de la jeunesse, de la beauté, du professionnalisme de ces acteurs en herbe, et à cause de l'impression de découvrir Molière, la profondeur de Molière (frappée par les résonnances avec La Fontaine: il faudra que je vérifie la chronologie, les influences possibles, et dans quel sens.)

mercredi 12 mars 2008

Situation I

Lorsque j'étais en terminale, je lisais Fanshen, je ne sais plus pourquoi. Le midi, je m'échappais du lycée, je lisais en marchant, j'allais jusqu'à la basilique, je m'installais dans la nef, je lisais dans l'odeur d'encens.





Parce que j'ai été très malheureuse au collège et que C. était très malheureux au collège, je l'ai sorti de là et je l'ai mis dans une boîte privée. Depuis il n'est plus malheureux, il vit avec décontraction, un club Med permanent, en quelque sorte.
H. est furieux, râle à cause du prix et du je-m'en-foutisme de C. La seule façon de le faire taire (et encore, ce n'est pas sûr), c'est que je puisse financer cette école sur mes deniers (ou remettre C. dans le public (mais je n'aime pas l'échec)). Donc il faut que je change de boulot, que je retourne faire ce que je détestais, parce que cela paie mieux.
Et tout ça juste parce que je suis têtue, car si C. m'en sera peut-être vaguement reconnaissant, il ne fera pas le moindre effort pour autant, et H. regrettera que le surplus de recettes serve à "payer cette école pour gosses de riches".
J'en ai marre.
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