Billets qui ont 'élections' comme mot-clé.

Un silence assourdissant

Je suis dans une circonscription particulière: en 2022, c'était la seule de Seine-et-Marne qui ne présentait pas de candidat LREM. J'ai donc l'habitude d'être hors du circuit. Cependant, les soirs d'élections, nous suivions de minute en minute sur les boucles Telegram et les groupes WhatsApp les résultats des dix autres circonscriptions, les annonces de fin de dépouillement de chaque bureau pour essayer de consolider les scores avant la préfecture. C'était brouillon, effervescent, on n'y comprenait pas grand chose (les résultats réels se découvrent le lendemain dans la presse), mais c'était vivant, humain.

Ce soir, c'est le silence. Pas un message. Je réussis à avoir les résultats de notre circo via un contact chez les LR. Rien pour les autres. Quid d'Hadrien, de Franck, de Michèle?
Quand on est dans le jeu, c'est différent, la politique s'incarne: je pense au travail acharné, aux attachés parlementaires licenciés au moment même de l'annonce qui ont travaillé bénévolement pendant trois semaines, à l'espoir, à la fatigue. Ne pas céder au découragement. C'est un processus ingrat, les résultats ne sont pas proportionnels au travail déployé sur le terrain. Dans la décision individuelle de chaque électeur, il y a une dimension "air du temps", une autre "enracinement", une troisième "ras-le-bol, changeons tout", etc.

J'essaie de connaître les résultats de Shannon Sheban face à Mathilde Panot, les résultats de Dupont-Aignan: rien.

Mélenchon appelle les candidats NFP arrivés en troisième position à se désister (j'attends de voir sur le terrain: la réalité, c'est que vous ne pouvez obliger personne à faire ce qu'il ne veut pas, se présenter ou pas est une décision individuelle); Edouard Philippe appelle à se désister en faveur des candidats NFP s'ils ne sont pas LFI (mettant ainsi le parti communiste à droite de LFI).
Il y a peut-être eu d'autres annonces dont je n'ai pas eu vent.

Ne vous y trompez pas : nous sommes partis pour un RN président en 2027 (l'effet Obama-Trump). Les Polonais on mis huit ans à se débarrasser de leur gouvernement d'extrême-droite. Cela ne va pas vite. C'est le moment de faire preuve de résilience (et relire Histoire d'un Allemand d'Haffner).

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Remarque littéraire : cela me fait penser à Albert Savarus de Balzac, qui montre les calculs et les luttes d'influence souterraines dans une élection — et à quel point ça tient à peu de choses qui ont peu à voir avec l'intérêt général et beaucoup avec les passions humaines.

Dans l'après-midi, nous avons vu Furiosa, que j'avais très peur d'aller voir tant j'ai aimé Mad Max 4. C'est bien. Pas à la hauteur de Mad Max 4 (pas la dimension opératique), mais bien, cohérent.

Canard

Nuit blanche à faire le point sur les «événements» de la campagne (meeting, tractage, pots entre militants, collage). Je déclare tout dans un outil dédié, événement «gratuit» (sans frais) ou pas, interne ou avec public, charge au siège de déterminer ce qu'il prend en compte dans les comptes de campagne.

(Pour ceux que ça intéresse: concernant les législatives, c'est différent. Chacun — adoubé ou non par un parti — y va sur ses deniers personnels (généralement un prêt bancaire). Il faut faire au moins 5% des suffrages exprimés pour être remboursé de ses frais de campagne — d'où l'importance d'être soutenu par un parti: à l'exception des municipales (et encore), les gens votent davantage pour une tendance ou un parti que pour une personne. Être soutenu par un parti connu, c'est augmenter ses chances d'atteindre les 5%.)

Je pointe la compta, télécharge des pièces, repère les anomalies. C'est comme du point de croix, minutieux et machinal. J'en profite pour passer sur les comptes du planeur. L'année dernière, chaque fois qu'il y avait un poste de trésorier dans une association ou une fédération, je me suis proposée pour tenir les comptes.

Ce n'est pas que ce soit urgent, mais je n'ai pas sommeil. C'est comme si j'avais perdu le sens du sommeil.

En même temps je regarde d'un œil vague Baby Fever sur Netflix. Il paraît que c'est considéré comme la série danoise la plus drôle depuis longtemps. Bof. L'humour danois est-il de l'humour? (cf. Kierkegaard) Mais il est toujours curieux de voir la diversité des cas possibles des couples et des recompositions familiales.

Dormi de cinq à neuf heures du matin. Coup de sonnette du facteur, impossible de mettre la main sur mes clés (H. est parti en fermant le portail); il me passe un paquet par dessus le portail. Ce sont mes salopettes enfin arrivées. Un immense canard et de grosses fleurs multicolores.

FB, déjeuner, machine à laver, repassage devant les trois premiers épisodes de la quatrième série de The Boys. Ça patine un peu. Que la famille est importante. Ils ont chacun un problème majeur dans leur famille, c'est impressionnant.
Le point intéressant et intriguant, c'est que désormais l'un des Sept a comme superpouvoir l'intelligence. La série paraît définir l'intelligence (outre le pouvoir et le désir d'acquérir des connaissances) comme le don d'observation, de synthèse et de manipulation. Cependant, cette intelligence est souvent désarmée par la bêtise des autres. La Super superintelligente a beau décrypter les aspirations et les faiblesses de chacun, elle se fait court-circuiter par les réactions affectives et émotionnelles des médiocres (y compris Homelander). Comme ils n'agissent pas logiquement, ils sont imprévisibles et nuisent aux plans soigneusement élaborés.
C'est intéressant: à quoi sert l'intelligence, est-ce vraiment un atout face aux crétins?
L'autre kryptonite de l'intelligence est l'empathie, pour ne pas dire l'amour. En un mot, chaque fois que l'intelligence fait face à des décisions non rationnelles, non logiques, elle est désarmée. Cela ressemble à la météo qui prévoit une tempête: elle sait qu'il va y avoir une tempête, mais elle ne sait pas exactement sa force, les courants de vent, la vitesse d'évolution. La bêtise et l'amour sont imprévisibles dans leur évolution.

Puis je commence à ranger le dernier étage. Il faut absolument que je m'entraîne au simulateur de vol. Combien de fois l'ai-je écrit depuis six mois? Si je ne l'ai pas écrit (puisque je n'écris plus beaucoup), je l'ai au moins pensé.

J'ai eu S. au téléphone. Maurice est tombé en arrière en montant dans un train. Anticoagulants quotidiens d'où hémorragie cérébrale.

Une grosse con***

J'ai posé ma matinée pour participer à un atelier sur l'Europe à Melun.
Je suis toujours un peu perdue dans les diverses offres autour de l'Europe; en l'occurence ce matin, il s'agissait de la communication institutionnelle du parlement européen dont le but est de faire voter, mais «de préférence pour des députés pro-européens», a fini par ajouter une des participantes, pointant les limites du parti pris apolitique.

La plupart des présents étaient professeur, préoccupés d'avoir des outils pour parler aux lycéens et aux étudiants. A été évoquée avec fierté par les jeunes organisateurs une vidéo de mauvais goût: un jeune votant et sa grand-mère, avec le slogan «c'est la première fois que je vote, c'est peut-être la dernière fois que je vote» (mais quelle horreur: eux étaient tout fiers de ce lien générationnel). Je vous mets quelques liens (s'ils sont en anglais, fouillez un peu, il est toujours possible d'obtenir du français): dans ma région, dans ma vie et quelques gros plans, série de podcasts.

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Le matin j'étais comme d'habitude en retard. En constatant que je n'avais pas de raclette pour gratter le gel sur le pare-brise, j'ai utilisé la coque de mon téléphone.
J'ai bousillé le pare-brise. Il est profondément rayé, de plusieurs grandes rayures, juste au niveau des yeux puisque c'est l'endroit qu'on gratte en premier.
Je ne comprends pas comment c'est possible. Sans doute le pare-brise n'est-il pas en verre? mais la coque est bien en plastique, comment est-ce possible?

Quoi qu'il en soit, cela met fin à notre espoir de faire réparer la fuite dans le dossier de la voiture due à une erreur du garage mandaté par l'assurance suite à l'accident de mars dernier. En effet, un nouvel expert devait passer. H a remarqué: «quand il va voir le pare-brise, il va réformer la voiture».
Nous allons devoir trouver une solution tous seuls. Je me demande combien ça va coûter.

Ce soir nous sommes déprimés.

2024, l'année de tous les dangers

Ce soir, conférence-débat organisée à Torcy par Hadrien Ghomi sur la guerre en Ukraine.
Les invités : Anna Colin Lebedev et le Général Jérôme Pellistrandi.

Je suis surprise des questions: l'assemblée en sait vraiment peu. D'un autre côté, H. est obsédé par l'Ukraine, et donc j'en sais sans doute beaucoup plus que la moyenne.

J'apprends qu'il y aura des élections russes en mars 2024, élections courues d'avance mais élections quand même.
Bien entendu, la Russie va tout faire pour influencer les élections européennes et américaines. Quand je pense à nos concitoyens qui avalent la désinformation sans sourciller… Comment allons-nous faire, comment allons-nous nous défendre?

Quelle année, cette année 2024: élections en Russie, Europe, Amérique.
Je suis morte de trouille.

Paper cuts

Levée à cinq heures vingt mais aucune envie (aucun ressort) de me presser. Je fais la vaisselle en écoutant la radio (les auditeurs de RTL expliquent leur vote), pars à la gare en voiture (quand je suis à l'heure je prends le bus), laisse délibérément passer mon train, prends mon café avec Toufik. Je lui suis reconnaissante de ne pas parler politique. A cette heure matinale, la plupart de ses clients sont mélenchonistes. Ils me regardent dubitatifs, avec une gêne imperceptible: ils me connaissaient avant la campagne, Toufik est amical (il l'est avec tout le monde, mais nous avons des conversations de fond — trois minutes avant de prendre le train), il leur faut choisir entre leur détestation théorique et leur jugement pragmatique.

Aujourd'hui (au boulot) c'est étiquettes et planification: nous déménageons de Vincennes à Paris durant trois jours. Je me rends compte que ce que j'avais fait avant mes vacances est faux, les étagères comptées pour trois mètres en font un cinquante (deux armoires côte à côte), il faut tout recommencer. Je ne sais pas comment tout cela va tenir dans les nouveaux locaux, tout est un peu laid, un peu de guingois, les boîtes d'archive de récupération ne sont pas toutes identiques, je m'agace devant des dossiers suspendus qui auraient dû être changés depuis longtemps; demain ils vont se vider à la première manipulation. Comment peut-on associer autant de dévouement dans ses fonctions à aussi peu de soins, aussi peu de sens de l'initiative (ici l'initiative aurait consisté à changer un dossier sans qu'on vous le demande)? Est-ce cela l'esprit bureaucratique?
J'ai fait changer les dossiers que j'ai repérés mais je sais que demain je vais en découvrir bien d'autres. Ça va être sport.

Dernier massage thaï à midi. Cela va me manquer. Cela ne procure aucune détente musculaire, ça fait un mal de chien, mais je suis persuadée (n'est-ce pas l'essentiel?) que cela remplace ostéopathie et acupuncture. Il me semble que je parviens à somnoler au milieu des douleurs.

Les LFI viennent expliquer que Macron est mal élu. Je pose ça là pour mémoire.



Il faut cependant admettre que 58%, quand on a l'extrême-droite en face de soi, ce n'est pas beaucoup. Dans un ou deux quinquennats, ça finira par craquer. Ce qui me déprime le plus, c'est de voir des noirs ou des basanés voter Le Pen ou s'abstenir. N'ont-ils pas conscience que pour eux la vie deviendra infernale? Délit de faciès multiplié par cent et associations de défense affaiblies ou disparues.

Quant aux plus faibles, aux plus pauvres... Est-ce Zweig qui commentait: «Quelques années après l'accession d'Hitler, il n'y avait plus de chômage: les gens étaient soit en prison, soit gardiens de prison»? (C'est un vieux souvenir d'un cours d'allemand de terminale, mais je ne suis plus sûre de l'auteur de cette citation (approximative)).

Marine Tondelier, conseillère d'opposition à Hénin-Beaumont, a publié un livre, Nouvelles du Front et gagné son procès en diffamation: délation et suspicion généralisées, c'est la vie sous le RN.

Elon Musk, trumpiste et nazillon, vient de racheter Twitter. Il veut supprimer la censure. Je pense à Sa Majesté des mouches.

Le premier obstacle est passé

Restent les législatives.
Mélenchon est à fond, décidé à devenir premier ministre. Pourquoi pas? Deux ans pour couler la France, ensuite dissolution et nouvelles élections.
Il faut bien reconnaître que quoi qu'il arrive, ce n'est pas moi qui en souffrirai le plus.

Assesseur suppléante de onze heure à trois heures et demie. Ce n'est pas désagréable, juste agaçant d'avoir des idées pour améliorer le fonctionnement global (ne pas choisir un sourd pour entendre le numéro du votant: il vaut mieux que ce soit lui qui parle; signaler à tous les bureaux que la liste des procurations est trompeuse et comporte les procurations du premier tour, fournir une liste électorale au secrétaire qui vérifie les identités de façon à ce qu'il puisse corriger le numéro de votant sur les vieilles cartes) et ne rien pouvoir dire car les titulaires prennent cela comme des critiques et refusent toute suggestion.

Je ne sais pas comment m'occuper ensuite, thé et café à la maison avec Jérôme et Jean. Un mail à Ruth qui m'a écrit en février et s'inquiète de mon silence. J'ai de nouveau mal au ventre. Sieste. Hervé me réveille en hurlant «Hourra».

Nous devons aller fêter cela à Fontainebleau dans la voiture de Jérôme puisque nous sommes trois. Celui-ci est bloqué dans son bureau, le comptage a pris trois quart d'heure de retard car les feuilles de décomptes n'étaient pas les bonnes (scrutin de liste, pas les bons motifs de nuls… Je n'ai pas vraiment compris et je n'ai pas cherché puisque pas concernée). Décidément la mairie n'est pas douée.

Petits fours au théâtre de Fontainebleau (beaucoup de monde que je ne connais pas) puis bière au Grand Café entre militants circos 2 et 3 (c'est amusant de désormais visualiser le territoire en circonscriptions. C'est à cela que je sais que j'ai franchi une étape). On bitche, je découvre des anecdotes insoupçonnées sous des messages étranges apparus dans des boucles Telegram. Deux fois, je recrache ma bière de rire (proprement, dans mon verre).

Jérôme nous ramène à Moret, puis je raccompagne Isis dans son village au sud de Nemours. Je me couche à deux heures, la journée va être longue.

Elections

Journée comme assesseur aux départementales et déléguée aux régionales. Organiser le cheminement, la circulation dans les bureaux en temps de covid a été un casse-tête.

Je suis assesseur au bureau 2 de Moret. La commune (est-ce une ville, mais qu'est-ce donc?) Moret-Loing-et-Orvanne (MLO) regroupe Moret, Veneux, Ecuelles, Montarlot et Episy, soit des lieux séparés de plusieurs dizaines de kilomètres.

Le rapprochement ne s'est pas fait sans heurt et la ville a changé trois fois de nom depuis 2015, avec démission dramatisée d'une partie des conseillers municipaux puis revirement, etc.

La présidente de mon bureau est l'actuelle maire de Moret (maire déléguée, si je comprends bien, maire "uniquement" de Moret-sur-Loing). L'autre assesseur est un ancien instituteur. Il connaît tout le monde, salue tout le monde, tout le monde est plus ou moins son voisin: «Ah, X, je me souviens, je vous ai eu en CM2 la première année où j'étais en poste ici (dans les années 90)».

J'en profite pour me renseigner, récolter des anecdotes. La nouvelle équipe a été élue à neuf voix près:
— Nous avions soixante-dix voix d'avance, il ne restait qu'un bureau à dépouiller à Veneux, nous avons fini avec neux voix d'avance. Il y avait une tension terrible, Septiers ne voulait pas annoncer le résultat, à cause du covid les gens étaient censés rester dehors mais ils se massaient à l'intérieur. Il y avait les pour et les contre, j'ai vu le moment où ils allaient se battre, j'ai demandé à Septiers de proclamer les résultats, il a fallu un ordre de la préfecture.
— Et pour quelle raison deux voix ont-elles été invalidées?
— Nous avons noté au PV que Septiers et un autre n'étaient pas passés dans l'isoloir et avaient affiché leur vote. En fait cela aurait dû faire onze voix d'avance et non sept. Enfin, ce n'est pas grave.

Je suis assesseur titulaire, un suppléant me remplace entre 11h et 15h. Un sadique a désigné l’ancien maire Didier Limoges assesseur suppléant au bureau de la maire qui l'a remplacé.
— Il a dit, on m'a rapporté, que c'était particulièrement dur pour lui d'être remplacé par une femme.

Un ami m'a dit qu'ils avaient passé quatre heures côte à côte sans se parler.

Pendant ma pause je fais le tour des bureau puisque je suis déléguée.


J'étais soulagée d'apprendre que les bureaux fermaient à 18h, mais le dépouillement a pris beaucoup de temps: d'abord les départementales, puis les régionales, et un refus du secrétariat de laisser les scrutateurs des régionales dépouiller tant que les PV des départementales ne sont pas terminés.
Il paraît que je suis stressante.
Je dirais que je suis vive.


Ce soir je pense à "mon" commentateur Fredi: les résultats vont le ravir.

Eau salée

J'avais rendez-vous à St Antoine pour la levée d'aveugle, et comme je le pensais, j'ai reçu une dose de placebo.

J'ai maintenant le choix entre me faire vacciner de mon côté ou attendre fin juin pour recevoir une dose de Janssen.

— Fin juin? Mais je croyais que la vaccination avec le Janssen était à nouveau autorisée?
— Pour le grand public, oui. Vous pouvez aller vous faire vacciner avec du Janssen. Mais pas dans le cadre de cette étude: il faut d'abord mettre à jour l'avenant qui décrit les risques pour y ajouter la thrombose. Ça ne nous arrange pas, mais c'est comme ça. L'avenant sera sans doute prêt en juin, il faut qu'il soit voté. On pourra vous vacciner fin juin début juillet. Vous savez si vous voulez rester dans l'étude?
— Par flemme et par curiosité je préfèrerais, oui. Mais comme je vais sans doute être assesseur pour les régionales, mon mari va sans doute faire pression pour que je me fasse vacciner avant.

(Je vais essayer de résister aux pressions.)

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Midi: rascasse et vin rouge en terrasse à côté de l'hôpital. (Note pour l'avenir : nous sommes déconfinés depuis mercredi, couvre-feu jusqu'à neuf heures, mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'en profiter.)
Soir: salade et vin rouge en terrasse à Moret. Nous apprenons qu'il y a deux fêtes dans la ville, qui ouvrent et ferment la saison touristique: une fin mai dite «fête du printemps» devenue «fête de la nature» et une fin septembre, la fête 1900.

Nous ne nous en sommes pas encore aperçus, mais nous vivons dans une ville touristique. J'espère que ce ne se sera pas insupportable. Je l'apréhende un peu.

La pondération par l'abstention

Les règles du scrutin des régionales sont hallucinantes de complexité.

Premier point : aux régionales, on vote pour son département, pour la représentation de son département au sein de l'assemblée régionale.
(De même, aux départementales, on vote pour son canton. Les conseillers départementaux sont les anciens conseillers généraux.)

Scrutin de liste, proportionnelle à la plus forte moyenne avec une prime majoritaire de 25%.
Durée du mandat: 6 ans.
En 2015, 15 000 candidats aux Régionales pour 1922 élus.

Seuil de 10% (des participants?) pour se maintenir au second tour et 5% pour fusionner. Si une liste a la majorité absolue (50% des suffrages exprimés) dès le premier tour elle l'emporte.

Elections régionales : 1757 conseillers dans 14 régions (dont Réunion & Guadeloupe).
Elections territoriales : 165 conseillers territoriaux à élire dans trois collectivités (Corse: 63; Guyane: 51; Martinique:51).
Le mode de scrutin dans ces trois collectivités est toujours un scrutin proportionnel à deux tours avec prime majoritaire de onze sièges.
Total : 1757 + 165 = 1922 élus

Majorité absolue de 33% au deuxième tour nécessaire. Si la liste gagnante a moins de 33%, elle risque d'avoir un majorité ingouvernable et le futur président de région pourra être mis en minorité lors de l'élection. (Mais si cette majorité de 33% n'est pas atteinte, que fait-on? Je ne sais pas.)

«Le niveau différencié d'abstention induit une différence substantielle de la représentation régionale de chaque département» (Sylvain Brouard, chercheur du CEVIPOF).
Donc plus l'abstention est forte dans un département moins il aura de sièges à l'assemblée régionale.
Exemple : en 2015, avec 63% d'abstention au 2e tour la Seine-St-Denis a eu dix-sept sièges au lieu de vingt-sept; les Yvelines avec 44% d'abstention «seulement» ont gagné six sièges.
Les trois départements IdF qui ont perdu des sièges: Seine-St-Denis (-10), Val d'Oise (-2) et Val de Marne (-1).
Les cinq départements d'IdF qui en ont gagné: Yvelines (+6), Hauts-de-Seine (+4), Essonne (+1), Seine-et-Marne (+1) et Paris (+1).

Donc ceux qui votent le moins sont le moins représentés. Dans un sens ce n'est que justice, dans l'autre sens cela les conforte dans l'idée que la politique n'est pas pour eux et qu'ils n'ont rien à y gagner.



Ma conclusion? Votez et faites voter.

Je boîte, sys-té-ma-ti-que-ment

Je boîte, systématiquement,
Pour oublier, Marine et Mélenchon,
Je boîte, systématiquement,
Pour oublier les dépressifs et les ronchons.

Boîtage le matin. Mail des trompettes de la renommée, square des copains d'abord, allée de la canne de Jeanne, impasse de la brave Margot, place du petit cheval.
H. fait une recherche "Brassens, Moret". Rien.
— Quelqu'un s'est juste fait un trip.

Quand je serai élue maire de Moret, je ferai corriger «canne» en «cane».

Messe de l'Ascension à Moret.

Boitage l'après-midi dans Thomery. Ici ce sont des gîtes et non des Airbnb. Les rues sont nommées d'après les hommes de la troisième République, dont Greffulhe. Je me demande comment le prononcent les Thomeryons.

Je découvre le port de Thomery que je connais de bateau. Il a eu beaucoup d'importance jusqu'à l'arrivée du train, transportant pommes et chasselas.

port de Thomery


Huit kilomètres à ajouter aux quatre du matin. Très mal aux pieds ce soir, aux muscles des pieds.

Dans la série «il faut que je termine le classement/le déménagement», je déplace mon bureau pour ne plus être gênée par le soleil et concatène quelques cartons à chaussures de cartes postales.
J'ai pour projet de les relire et les classer — mais pas maintenant.

Télétravail

J'ai posé une journée de télétravail pour pouvoir… ramer. Donc en fait une demi-journée de congé.

Je commence par du boitage pour Laurent Saint-Martin dans le quartier de Grosbois de Moret. Je remarque avec amusement une "allée des sabots d'Hélène" et avec émotion un vieil homme qui lit derrière sa fenêtre, un gros palmier sur la terrasse voisin de deux citronniers. Les jardins sont très soignés dans ce quartier.

Skiff S12. Magnifique sortie jusqu'à Champagne comme je n'en avais pas faite depuis longtemps. Ma nouvelle appli Routie m'apprend que j'ai ramé 13,4 km. J'avais pris mon téléphone avec moi pour la première fois depuis que je rame à Fontainebleau.

Seine et arbres en skiff


Courses, pizza, après-midi de boulot.
Puis de nouveau boitage, et soudain je comprends que l'allée de ce matin faisait partie d'une thématique :

plaques de rues à la mémoire des chansons de Brassens


PS : j'ai désinstallé Candycrush que j'avais remis en cours le week-end dernier.

Il y a 19 ans

Entendu ce matin sur RTL.

Il y a dix-neuf ans, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle, un journaliste a demandé à Lionel Jospin:

— Imaginez une minute, Monsieur le premier ministre, que vous ne soyez pas au second tour: vous votez pour qui?
Eclat de rire de Jospin.
— Non… j'ai une imagination normale, mais tempérée par la raison. Cela me paraît assez peu vraisemblable. Nous pouvons passer à la question suivante, peut-être.

Des nouvelles du monde

Joe Biden a gagné, c'est officiel et définitif. Nous avons eu en visio un Nathan ravi et épuisé, incapable de plus rien ressentir. Trois mois qu'il fait du porte-à-porte en Géorgie pour convaincre la population d'aller voter.
Kalama Haaris est également un beau symbole.

Nathan nous a parlé de ses amis au Danemark, cloîtrés, dans la crainte d'une mutation du virus qui remettrait en cause les vaccins en cours d'expérimentation. La lumière tremblotante au bout du tunnel est en train de sérieusement vaciller.

Trump tweete: j'ai gagné de beaucoup (a lot)

Trump tweete qu'il a gagné puis finit par aller jouer au golf.
Twitter contredit le président en faisant remarquer que le décompte des voix n'est pas terminé au moment où ce tweet est publié. Peu de temps avant, des télé américaines ont interrompu la retransmission de discours trumpistes tant ils étaient violents. Tout le monde redoute un déchaînement de violence (les commerçants se barricadent comme devant les gilets jaunes) et les personnes raisonnables tentent d'apaiser les esprits.

Dernier samedi de printemps

Skiff à huit heures. Arnaud m'a corrigé un défaut tellement évident que je me souviens maintenant que j'avais acquis le mouvement peu avant le confinement (plus de "en" dans une phrase tu meurs). Il fait très beau et déjà chaud.

Puis Itteville. Belle maison. J'ai mangé la moitié de la côte de bœuf à moi toute seule, paraît-il.
(La tombe du père du maire de la ville a été graffitée à quelques jours du second tour des élections municipales. Dupont-Aignan et Tron, hommes politiques de l'Essonne, ont refusé de signer une déclaration condamnant cette action, Dupont-Aignan parce qu'il ne veut pas signer avec les quarante-deux autres signataires, Tron parce que la rédactrice de la déclaration a témoigné contre lui dans son procès pour harcèlement sexuel.)

Ayant besoin de repos mental, j'écris devant Hunger Game 4 (après avoir regardé les deux premiers hier tard dans la nuit). Souvent les gens n'aiment pas la fin, et pourtant, elle est bien vue. Le film aurait pu s'arrêter avant, mais c'est mieux ainsi.

Municipales et coronavirus

Quand vous irez voter, prenez un stylo avec vous (pour la signature du registre).

Faites passer la consigne.

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Sinon, la gestion de l'épidémie est vraiment étrange. Hier un ancien blogueur qui travaille pour l'éducation nationale racontait que le mari de sa secrétaire était confiné, mais pas sa secrétaire; aujourd'hui j'apprends que le même cas existe dans mon entreprise: une salariée dont le mari également salarié est malade n'a pas été autorisée à rester chez elle au prétexte qu'elle ne travaille pas dans le même immeuble que lui! (WTF? Le groupe souhaite-t-il contaminer davantage d'immeubles? Ou l'histoire est-elle fausse?)

Je mets en ligne une capture d'écran de Twitter car le compte est protégé.


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Bibliophore (livres en provenance des bibliothèques du groupe, je le rappelle):
Duras, Les petits chevaux de Tarquinia collection blanche NRF
Perec, «53 jours» en grand format P.O.L
Henry James, Ce que savait Maisie en grand format Robert Laffont
Je suis heureuse de récupérer des livres qui ne sont pas des poches: je peine moins.

Boîtage

Action consistant à déposer des tracts ou de la pub dans les boîtes à lettres. En l'occurrence, il s'agissait dans notre perpétuelle lutte contre Dupont-Aignan et ses marionnettes de déposer notre programme pour les municipales.

Boîtage en fin de matinée en écoutant Bénédicte Savoy sur une recommandation de Philippe. C'est le récit de l'histoire des objets, les déplacements, les achats, les pillages. A qui appartient un objet, selon quels critères? C'est une recherche transverse, entre histoire internationale, relations juridiques, lecture des journaux, visionnage de films contemporains. C'est aussi ou peut-être surtout une histoire des mentalités.

Je boîte, sys-té-ma-ti-que-ment, en suivant une méthode mathématique: boîter le périmètre (attention, le trottoir d'en face n'est ni dans la même ville ni dans le même département) puis prendre un trottoir vers le centre et toujours rester sur ce trottoir aux intersections, ne traverser la rue et changer de trottoir qu'en arrivant au périmètre déjà boîté (cela ne fonctionne que si les rues sont à peu près à angle droit. Si non, des îlots triangulaires restent isolés sans contact avec les autres trottoirs).

Il fait gris, il pleuviote. Un haut-parleur déverse les résultats d'une compétition lointaine. Des bandes d'étourneaux sont perchées sur les fils. Je regarde les maisons, les façades, les volets clos, les lumières qui percent, les chantiers. Plutôt des pavillons des années 70, quelques architectures plus tourmentées, deux ou trois friches. J'aime bien.

Calvin et Hobbes.
Concernant la to-do-list, il reste le courrier et la table du salon (mais la table du salon, c'est une tâche effrayante).
Invitation envoyée pour les noces de perle.

Divers

Recherche sur les débaptisations. Ça augmente à partir de 2009, partout en Occident (Espagne, Italie, Argentine, Belgique, France, Pays-Bas, Angleterre,…)

Davantage de RER.
Le parking de Boissy, que je n'avais pas utilisé depuis quatre ou cinq ans, est défoncé comme j'ai rarement vu un parking défoncé: de vraies baignoires. Une carcasse de voiture calcinée, deux ou trois places au bitume fondu: mais que se passe-t-il ici?

Rédigé à l'intention des commissaires aux comptes dans le but d'un audit une typologie des anomalies rencontrées l'année dernière avec notre prestataire. Exercice fun.

Une somme importante (l'équivalent d'un salaire) est en cours de virement sur le compte joint. Qu'est-ce que c'est? Les impôts? Si oui, nous aurons beaucoup gagné au prélèvement à la source. On verra demain. (Quoi qu'il en soit, ça tombe à pic: ça rembourse les billets de train inutilisés en décembre.)

J'écris d'une oreille en assistant à une réunion de préparation aux municipales. (Hier, j'ai reçu une invitation aux vœux de «notre» député (NDA pour ceux qui l'ignorent) timbrée par l'Assemblée nationale… façon de soutenir le maire sortant sans débourser un centime — et de rappeler que voter pour un autre maire, c'est perdre le soutien de ce député.)

Rien

Pas le courage d'aller ramer cette semaine. Un peu malade.
Le soir, O et moi avons rangé (débarrassé) avec une remarquable efficacité (une demi-heure) le salon des outils et autres. A. est repartie à Lisieux sans vider le lave-vaisselle, sans étendre le linge. C'est agaçant, elle n'a pourtant que ça à faire. Nous aurons droit la prochaine fois à une liste d'excuses et d'accusations (car elle mêle toujours les deux) insupportable. C'est agaçant, bis.
Soirée "information catéchisme" (oui, j'ai accepté de m'y coller encore une année). Déchristianisation à vitesse grand V, il n'y a plus que vingt enfants de CM2 inscrits dans une ville de trente mille habitants. Encore cinquante ans et il ne restera personne (il y a un verset au début des Actes des apôtres qui dit à peu près cela : « inutile de les combattre : si ce qu'ils prêchent est vrai nous ne gagnerons pas, si c'est faux, ils disparaîtront d'eux-mêmes), ou ne restera-t-il que « le petit reste », « le sel de la terre » ? Je ressens de la curiosité, pas de l'inquiétude. So be it.
H. revient de Tours. Prestation à son compte. Deuxième jour de sa nouvelle vie.
The Good Wife tard dans la nuit, quelque part vers la moitié de la saison 2. La gestion de la tension, l'évolution des thèmes qui font monter la tension, sont fascinantes.


Ah tiens, je vais donner mon avis sur la Catalogne (note pour plus tard : ce week-end s'est tenu le referendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne, accompagné d'un certain nombre de violences policières) : puisque le referendum allait se tenir quoi qu'il arrive, le gouvernement aurait dû l'organiser lui-même, avec des listes électorales sûres, des bureaux de vote connus et rendre la participation au vote obligatoire sous peine d'amende.
Ça ne peut plus durer ces votes sécessionnistes où seuls ceux qui se sentent concernés se déplacent. Ça ne peut plus durer ces minorités agissantes qui imposent leur manière de voir.
Je crois même que cela devrait devenir une règle en Europe : la participation aux référendums, et surtout aux référendums d'indépendance, est obligatoire.

Législatives, fin

Il fait très beau le matin. Je gratte la mousse à la paille de fer sur la cabane.
J'ai essayé de joindre GC qui n'a pas répondu. Il s'est contenté plus tard de m'envoyer un mail en forme d'ultimatum. « Ce ne sont pas de bonnes manières. »
J'ai rangé deux piles de livres.
J'ai mis en favori Le Seigneur des Anneaux en jeu de rôle ou plus exactement le livre du Dungeon Master, le meneur de jeu, avec l'intention de lire l'ensemble. Je ne connais les jeux de rôle que par des amis et mes enfants, je n'ai jamais vu le film sur lequel s'appuie le montage photo, mais je connais très bien Le Seigneur des Anneaux, qui a sans doute joué dans mon enfance le rôle qu'a joué Harry Potter pour les générations actuelles (ou d'il y a dix ans, plutôt) — d'où sans doute ma facilité à entrer dans Harry Potter (attention, les deux n'ont rien à voir en termes de difficulté de lecture).

Assesseur suppléante (je suis vexée!) ce qui fait que je ne passe que l'après-midi en bureau. Le président est une présidente, et c'est la plus gaie et la plus décontractée parmi ceux que j'ai connus jusqu'ici.

Nicolas Dupont-Aignan est réélu. Les gens ont une très faible capacité à la colère, ils ont tout de même été traités «d'idiots utiles». (NDA avait confié au Parisien qu'il comptait sur les électeurs de Mélenchon pour être élu. No comment.)
Daphné a perdu, 41-59 je crois. Je suis navrée pour elle.

La victoire du camp Macron est moins importante que prévu, tant mieux. Mélenchon est toujours aussi fou, il me fait penser à un taureau furieux. L'abstention est très importante, les bulletins blancs aussi.

Premier tour des législatives

Daphné est en ballotage favorable, Dupont-Aignan en ballotage défavorable.
Abstention record, surtout des votants des extrêmes, Mélenchon et Le Pen. Le "barrage" à Macron, ce ne sera pas pour cette fois-ci. (C'est une impression désagréable, cette majorité si favorable qui se dessine. (Jamais contente.))
Blogué, gratté la cabane dans la perspective d'un lasurage. Passé du temps à retrouver une citation dans Tristes Tropiques. Je lis le début comme je lis le début de La recherche: impression de lire une histoire personnelle.

A. a très mal géré ses quatre ans d'études et se retrouve avec cinq rapports de stage à rédiger en un an.

Retour sur le dernier mois

Maintenant que le premier round est terminé — Macron a gagné — en attendant les législatives puis septembre — voici un condensé de mes décisions potentielles ce dernier mois. Les dates sont importantes.

De façon générale, il ne m'a jamais paru possible de voter que de LR à PS: Fillon, Macron, Hamon. Evidemment, après Penelope, sans compter bien sûr la poutinophilie de Fillon, il ne restait que Macron et Hamon.
Je n'ai pas la détestation affichée de certains pour la droite ou la gauche. Ça m'est un peu égal; au bout de toutes ces années nous savons que les gouvernements de gauche font ce que ne peut pas faire la droite (fermer les filatures et les acieries,…) et inversement les gouvernements de droite font ce que ne peut pas faire la gauche (supprimer le service militaire, etc).
Il me semble important de conserver un socle républicain à la France, c'est là toute ma conviction.

J'aurais voté Hamon — car le bilan de Hollande est pour moi positif — s'il n'avait pas été flagrant qu'il allait perdre (même si l'ampleur de sa chute n'était pas prévisible (en tout cas pas par moi)). J'ai voté "utile", mais sans état d'âme, Macron faisant partie des trois choix possibles.
Les autres choix n'étaient ni de mon âge ni de ma "condition": il me semble indécent de voter à l'extrême gauche quand on a mon niveau de vie, quand à l'extrême droite… ce n'est même pas pensable.

Avant le premier tour, quand tout était si indécis, voici ce que je pensais voter en fonction des duels potentiels:
- Le Pen - Fillon : Fillon
- Le Pen - Macron : Macron
- Le Pen - Hamon : Hamon
- Le Pen - Mélenchon : Mélenchon (et sans faire tous les salamalecs auxquels on a eu droit de la part de la gauche : non, juste parce que c'était normal)
- Fillon - Macron : Macron
- Fillon - Hamon : Hamon
- Fillon - Mélenchon : Mélenchon
- Macron - Hamon : Hamon
- Macron - Mélenchon : Macron
- Hamon - Mélenchon : Hamon

H. aurait voté Fillon en cas de duel Fillon-Mélenchon, parce qu'il pensait qu'il valait mieux un voleur que la France prenne quinze ans de retard tandis que je gardais un certain romantisme révolutionnaire.
La réaction de Mélenchon après le premier tour prouve que H. avait raison.


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Agenda
Assesseur de huit à vingt-deux heures. Dupont-Aignan est passé accompagné de sa fille de quinze - vingt ans. Je me demande dans quelle mesure elle n'était pas présente uniquement pour éviter qu'il se fasse prendre à parti, ce qui serait lamentable.

Le nawak, condensé

Dans le couloir de l'entreprise, nous discutons à trois.
Une collègue: «mais ils sont où, les FN? Tu en connais, toi?» Non, pareil.

Dans le RER je regarde autour de moi en me disant que c'est un sur dix, mais qui ?

Dans l'Essonne, il n'y a pas d'assesseur FN pour le second tour.
H me dit: — m'étonne pas, c'est des couilles molles.
Moi, interloquée: — je ne comprends pas, quel rapport ?
— Ils votent FN, mais ils ont peur de le montrer, ils ne sont pas prêts à s'afficher en bureau de vote toute une journée.

Bon bon bon. Donc il faut que leur parti gagne, mais sans qu'ils se montrent, tandis que pour les abstentionnistes, il faut que le FN perde, mais sans leur vote. Je suis de plus en plus en colère. J'aurais dû faire beaucoup plus de sport ce matin.

La folie : suite

Il y a eu deux manifestations le premier mai, une du Front National près de la statut de Jeanne d'Arc place des pyramides pendant laquelle Jean-Marie Le Pen a vociféré; une place de la République pour manifester contre le Front National (un rassemblement bien faible par rapport à 2002).
Les désormais inévitables casseurs sont intervenus en fin de cortège, un CRS a été touché par un cocktail Molotov, une photo terrible de torche humaine a circulé.

Un conn*** de CGTiste a commenté «Poulet grillé» sur twitter (je crois que depuis il a eu un blâme de la part de son syndicat). Nous avons appris par ailleurs que le photographe était syrien. Il raconte ici son incompréhension.
Nathan au téléphone depuis Philadelphie ne comprend plus rien: que se passe-t-il en France? C'est la guerre? Et en effet, nous pouvons nous moquer de Trump autant que nous voulons, mais il n'y a jamais eu de telles images, même pour l'évacuation des manifestants de Standing Rock protestant contre le Dakota Access Pipeline.

Je fais de très petites journées (de minuscules journées, mais je compense en n'annulant pas des demi-journées de congés que j'ai posées pendant lesquelles je viens travailler (c'est tout à fait contraire au droit du travail: s'il m'arrive un accident dans les locaux...)). A quatre heures et demie je vais voir La colère d'un homme patient. Les films espagnols sont toujours aussi glauques (mais celui-ci gère mal la tension, elle n'est pas assez soutenue).

Le soir débat Le Pen-Macron. Je ne le suis pas mais lis mes contacts sur twitter et facebook. C'est très drôle (à lire) et très ennuyeux (à regarder): apparemment elle est vraiment mauvaise et ne connaît pas ses dossiers. Un twittos commente «Macron a démontré qu'il ferait un bon infirmier psychiatrique».
Mais cela n'a pas empêché Trump d'être élu. Les gens ne choisissent pas la raison, la raison n'est plus ce qu'ils utilisent pour choisir. Manque d'éducation, fatigue, misère, bêtise? Ou les fruits d'années de mépris et de rancœur envers les premiers de la classe alimentées par un système scolaire qui ne valorise plus les meilleurs élèves?
Ne voudrions-nous plus du meilleur d'entre nous pour nous représenter, mais d'un être aussi médiocre que nous? (question générale qui dépasse Macron, bien entendu: que la charge de représenter doive être portée par le meilleur, les meilleurs, c'était toute l'idée de "noblesse" (en entendant dans ce mot la dimension de vertu), ce qui s'entend aussi dans "dignité de la charge": ce n'est pas parce qu'on est une République qu'on doit abandonner l'idée de dignité, et même au contraire si j'en crois les récits fondateurs de la République romaine.

La République n'est pas la décadence; c'est l'inverse, c'est l'avènement de la dignité et de la raison qui renverse un système généalogique à bout du souffle.
Tout au moins est-ce dans cette idée que j'ai grandi et que j'ai été éduquée.

Dan

Comme à chaque fois que Kwa vient en France il sonne le rappel, ce qui fait que nous nous voyons plus souvent maintenant qu'il est à Boston que lorsqu'il était à Brétigny (mais il paraît qu'il ne faut pas le dire).

Rendez-vous donc Chez Marianne, le célèbre restaurant juif dans le Marais. Dan et son ami sont là, nous ne les avons pas vus depuis 2001 ou 2002. A l'époque c'était la fin de la bulle internet, Dan nous avait raconté avec beaucoup d'humour comment il avait failli devenir très riche (et puis finalement non, à un cheveu: c'était tombé sur un autre) (ah les start-up, l'horreur des start-up: comment raconter les rêves et les mythes autour de ce mot pour ceux qui vivent dans ce monde, quelque chose de l'ordre de la recherche de l'Eldorado au XIXe siècle, quelque chose que l'on atteind jamais mais qui vous anime… quelle importance tant que l'on sait que c'est davantage un mythe fondateur qu'une réalité concrète (concrètement, travailler dans une start-up, c'est travailler!))

Nous ne l'avions pas revu depuis cette époque, je ne me souvenais pas qu'il avait une aussi belle voix. Il a travaillé cinq ou six ans dans une autre start-up, à installer du réseau au Pakistan («Je suis arrivé le premier jour du ramadan, j'ai fait mon premier ramadan là-bas: ils m'offraient de manger, mais c'était gênant devant eux, alors j'ai fait comme eux. Mes parents m'ont dit "comment, tu ne fête pas Pourim avec nous, et tu fais le Ramadan!"»), Inde, Cameroun… Il a des souvenirs ancrés dans la géographie et s'ennuie un peu maintenant qu'il est rentré dans le rang (la holding de la start-up a arrêté de financer les investissements pour se contenter d'exploiter ce qui était déployé).

Dan et Patrick se sont fait opérer de la myopie à l'âge où l'on devient presbyte. Ils nous expliquent qu'en fait on devient double borgne: un œil pour voir de loin, un œil pour voir de près, c'est au cerveau à apprendre à gérer cela. Il est possible de choisir de "régler" les deux yeux pour voir de loin, si par exemple on fait du tir à l'arc, en acceptant de porter des lunettes pour voir de près, ou l'inverse. L'opération prend quinze secondes, «dix minutes si tu comptes le temps de t'asseoir, de préparer le champ opératoire». Ils nous ont donné un nom: le professeur Gatinel, à Rothschild. H. est tenté.

Nous parlons des vacances, Dan raconte un ouragan en Australie: «J'avais bien lu "n'allez pas au nord du tropique du Capricorne, il y a des ouragans" mais je m'étais dit que ça irait. Les palmiers étaient horizontaux, la pluie ne tombait pas, elle volait.»

Eux partent à Ibiza dimanche prochain après avoir voté et rentrent dix jours plus tard: «si ça se passe mal, nous ne rentrerons pas», disent-ils en riant. «Mais ça se passera bien», ajoute Dan confiant, tandis que Patrick paraît beaucoup plus proche de mon inquiétude: lui est sur les réseaux sociaux, il voit l'abstention et les discours délirants.


Par ailleurs je me suis inscrite pour être assesseur dimanche. J'ai besoin de faire quelque chose, de servir, au sens fort.
A Marseille, le soir du premier tour, un président de bureau est rentré chez lui en oubliant de donner le procès verbal de fin de vote: fatigue et manque d'expérience. Moralité, l'ensemble de la publication des résultats a été bloqué. Il manque des assesseurs pour le second tour.

Fontainebleau

La tension entre ces deux tours est intense. Je crois que l'on peut parler de haine. Twitter, Facebook, tout est devenu insupportable.

Pour ma part, je crois que ce qui définit le mieux ce que je ressens, c'est le chagrin. J'ai du chagrin, du chagrin de voir où en est la France, du chagrin de ne pas reconnaître mes amis, du chagrin de ne pas comprendre cet emballement, du chagrin à être impuissante à rassurer et à calmer. «Que se passe-t-il?» sera ma question de 2017.

Nous sommes allés visiter le château, un peu tard : il faudra revenir, nous n'avons pas tout vu. Il faisait très beau. J'ai trouvé de la camomille, de la vraie.


Folie : la reprise

Je continue à prendre des notes pour le futur, quand nous ne comprendrons plus ce qui s'est passé (si tant est que nous le comprenions maintenant, mais au moins nous le vivons).

Trump est à deux doigts de déclarer la guerre à la Corée du Nord.
D'après "Rogue Potus", un compte twitter de "résistants" qui twitte de l'intérieur de la Maison blanche, les félicitations remportées par son bombardement en Syrie en réponse à un gazage de la population (et notamment des enfants) sont montées à la tête de Trump qui souhaiterait obtenir à nouveau le même type de louanges:
Rogue POTUS
Precisely. All the praise for being "Presidential" when he bombed Syria went to his head. Now he's looking for his next fix.


En France, l'hystérie s'est emparée du pays. Nous sommes loin de la réaction spontanée et solidaire de 2002 contre le Front National. S'est-on habitué à l'idée, ou la fille fait-elle moins peur que le père?

Mélenchon n'a pas appelé à faire barrage contre le FN, les évêques de France ne se sont pas encore prononcés, LaManifpourtous (devenue l'association Sens commun), sans (grande) surprise, se rallie à Le Pen.
Des gauchistes déclarent qu'ils s'abstiendront, comme si Macron était pire que Chirac, comme si Macron n'avait pas été un ministre de Hollande. (Faut-il que Macron soit brillant pour déclencher autant de haine. En tout cas, moi qui n'en pensais pas grand chose, je vais finir par le croire.)
Certains déclarent que voter Macron en 2017, c'est faire le lit du FN pour 2022 (cherchez la logique de favoriser celui-ci dès aujourd'hui).
Bien mieux, la nouvelle tendance semble de déclarer qu'on s'abtiendra (genre "je ne mange pas de ce pain-là") mais de pousser les autres à voter contre Le Pen "parce que le FN, c'est terrible".
Plus Tartuffe tu meurs.

Voici un fil twitter d'une femme de gauche détestant Macron mais appelant à voter pour lui. Ce qu'elle pense ne représente pas mon opinion, mais je trouve intéressant sa récapitulation de ce qui se passe aujourd'hui dans les mairies FN: ce qui se passe au présent, pas dans le futur.
Les tweets datent du 25 avril. Depuis, la tweeteuse L'étagère (c'est son nom) s'est déconnectée pour ne pas trop s'énerver.
Donc voici la suite des tweets, pour les lire aujourd'hui, les conserver demain.
Ce lundi j'ai lu plusieurs threads d'abstentionnistes de gauche expliquant pourquoi ils refusaient de voter, et avant de couper twitter 10j

j'aimerais répondre -sans agresser les gens- que je. ne. comprends pas. Vraiment pas. J'entends le "on lutte déjà", "on luttera autrement",

de nbrx militants associatifs de terrain, de gens dans l'opposition à l'échelle locale etc. Qui oui, s'engagent tous lrs jours, vote ou pas

Mais puisqu'on a le *pouvoir* de bloquer le FN *pourquoi* ne pas l'utiliser pour avoir à lutter contre le moins violent des 2 ?

Je ne comprends pas qu'on puisse prendre un risque aussi dingue. Macron c'est l'ubérisation de la France le libéralisme taré, totalement.

Mais putain l'autre c'est le fascisme. Le genre qui arrive au pouvoir par les urnes mais n'en repart pas forcément de la même façon.

Bordel même Fillon a appelé en 30 s à leur faire barrage. Même Alliance ! Tandis ce matin JMLP (Jean-Marie Le Pen) soulignait la dignité de Mélenchon :-(

Je rejoins totalement l'idée que le "vote utile" et les stratégies font toujours décaler un peu plus la "gauche" vers le centre / la droite

Que tous les 5 ans le candidat "de gauche" l'est moins que le précédent qui l'était moins que le précédent. Et d'ailleurs, convaincue depuis

bien *2 mois* que j'allais voter Macron en me bouchant le nez j'ai changé d'avis au dernier moment. Compris les potes qui votaient blanc

(Tout en agonisant jusqu'aux résultats et en remerciant ceux qui nous auront évité un 2d tour Fillon / Le Pen)

Mais on est au 2d tour. Avec un FN sur une base solide d'électeurs (qui ne s'abstiendront pas, eux) & une sacrée réserve de voix potentielle

mais surtout, surtout, avec un gouvernement actuel qui leur a mis en place tous les outils pour bien nous niquer dès leur arrivée.

La loi renseignement, l'état d'urgence. Evidemment que ça me débecte de voter pour ces gens là et que je me sens prise au piège

Ms est-ce qu'on peut pas juste bloquer l'autre & décider qu'on luttera de ttes nos forces contre celui qui ne tirera pas à balles réelles?

En fait ce qui me terrifie le *plus* quand j'écoute les amis de gauche abstentionnistes, c'est de réaliser qu'ils pensent vraiment Macron

aussi dangereux que Lepen. Ou plutôt, Lepen pas plus dangereuse que Macron. Alors sans nier une seconde le danger du candidat non-fasciste

Je vais tenter un petit rappel de ce que font les candidats facistes. Et nan je vous insulterai pas avec une comparaison France / CdN (Corée du Nord, je suppose)

Et préfère m'en tenir purement à ce que font les élus FN avec un mandat, ici, en France.
Genre, ficher les élèves musulmans (Béziers)

Ou confisquer les locaux de la Ligue des Droits de l'Homme (Mantes-La-Ville)

Ou interdire tout enregistrement de leurs conseils municipaux (arrondissement Marseillais)

Ou encore bannir les journalistes des dits conseils (Fréjus)

Faire virer les adjoints qui repèrent le trucage des comptes de campagne (Hayange)

Faire interdire des conseils de rock, ou des spectacles de danse orientale, ou un film (Revoyez-le tiens, "Chez nous".)

Virer les subventions des clubs de foot parce que les jeunes y parlent trop en mode "banlieue"

Se réjouir de l'assassinat d'un homme par les terroristes car "bonne diversion !"

Annoncer l'armement de la police municipale avec une campagne délirante en mode "les armes sont nos amies"

Recruter des ex Générations Identitaires fichés par la DCRI (quoi c'pas fiché S ?) (Cogolin)

Repeindre ou censurer des oeuvres d'art (Hayange), retirer @libe de la bibliothèque municipale (Fréjus)

Faire construire un mur anti-roms, pardon, "anti cambriolage" et transformer des rues en impasse (Hénin-Beaumont)

Faire évacuer le stand du Parti de Gauche par la police sur un marché (Fréjus)

Interdire l'accès au spectacle de Noel aux gamins ne présentant pas de papiers d'identité français (Marseille)

Annuler la participation de la ville au Téléthon tout en cherchant à s'augmenter de + de 40 % (Pontet)

Donc oui, j'ai 50 alarmes rouges clignotantes avec sirènes qui gueulent dès que Macron parle travail, chômage, entreprise, start-up

Mais avec le FN plus rien ne sonne parce que ça a déjà explosé depuis longtemps. Le FN au pouvoir c'est ça : une censure de la presse, de la

*culture*, le blocage des associations militantes, des partis d'opposition, et des affiches et initiatives qui feraient rêver la NRA

Si vous vous abstenez parce que vous pensez que MLP ne passera pas, qu'on est large, demandez vous combien font ce calcul

Et si vous vous abstenez parce que merde et "on fera avec" je vous conseille de passer quelques jours à Hénin-Beaumont, ou de lire ceux qui

y vivent (je vous renvoie sur le FB ou twitter de @marinetondelier, entre autres), de voir un peu avec quoi "on fera avec" #Régime

Suis toute pr descendre dans la rue les 5 ans qui viennent mais allez savoir pourquoi j'ai l'espoir que la lutte sera un cran moins réprimée

Si on fait barrage au parti qui veut tuer nos assos et nos moyens de lutter, armer leurs milices & faire taire la presse qui les dénoncerait

Bon & très égoïstement j'aurais rien contre garder le peu de droits acquis ss Hollande ni voir ma binationale de mère

Ou ma pote reconduite à la frontière mais ça c'est encore autre chose

Vous vous rappelez la mobilisation dantesque contre la Loi Travail? Et ses résultats? Sa répression déjà ultra agressive?

Parce qu'a priori la répression sous le FN ça sera pas juste des matraques un peu plus longues et 10 volts de plus dans les tasers.

Voter contre Marine (et pas "pour Macron") c'est pas se trahir, c'est juste se foutre un gilet pare-balles avant de descendre dans la rue

C'est absolument pas incompatible, en ce qui me concerne, avec l'idée de lutter sur le terrain contre cette politique libérale de merde.

Alors que sous le FN, pas dit que "être en capacité de lutter tout court" devienne un privilège plus restreint que jamais.

J'en profite pour dire aux amis abstentionnistes-mais-qui-partent-vivre-au-Canada que pour le bien de notre amitié on se reparlera post 7mai

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Agenda
Charlotte chez le vétérinaire. Détartrage et arrachage de dents.
Acupunctrice. Très encourageante en regardant mon IRM. Elle a piqué des endroits très douloureux dans le pied.
Reprise du travail. Je suis reposée.

Macron au deuxième tour

Lu sur twitter :
Sebastian Marx
Les français en 2002 : "Oh putain, c'est Le Pen en 2eme !" Les français en 2017 "Ouf, Le Pen est qu'en 2eme !"
Macron est arrivé premier.
Trump, le Brexit, B., la folie qui semble s'être emparée de la planète depuis neuf mois est en suspens un moment.
Dans les contacts FB ou Twitter déçus, je lis deux types de réactions : ceux qui accusent Macron de continuer le hollandisme (sous-entendu des mesures tièdes et une absence de mouvements et de réformes) et ceux qui l'accusent d'être à la botte de la haute-finance (sous-entendu un ultra-libéralisme débridé qui va démembrer la France).
Cela me paraît de bon augure. Par expérience, je sais qu'être sous le feu d'accusations contradictoires est le signe d'une certaine liberté de pensée, d'une pensée qui déconcertent ses contradicteurs qui eux-mêmes pensent par rapport à une norme figée.


Il reste à ce que Macron soit élu au second tour. Ce n'est pas encore fait et une menace inattendue se précise : Le Monde et L'Obs mettent en garde contre une intervention de la Russie.
En Russie justement, jusque tard dans la soirée, la chaîne d’information Rossia 24 et plusieurs agences russes ont placé Marine Le Pen en tête du premier tour de l’élection présidentielle française, devant Emmanuel Macron. Avec force bandeaux rouges ou incrustations d’écran, la candidate du Front national l’emportait obstinément comme si le compteur, en Russie, s’était figé sur «50% des bulletins dépouillés».
Le Monde

Pour Vladimir Poutine, le face-à-face Macron-Le Pen est le pire des scénarios. Trois des quatre principaux candidats étaient favorables à un rapprochement avec Moscou – voire un alignement. Il était donc très possible que la finale oppose deux partisans d’une ligne "souple" vis-à-vis de la Russie. Or c’est le quatrième compétiteur, le plus hostile à la politique russe actuelle, qui arrive en tête. La victoire probable d’Emmanuel Macron, qui entend renforcer l’Union européenne et s’opposer à l’idéologie populiste, serait une grave défaite pour Vladimir Poutine, à la fois sur le plan international et interne. Poutine va-t-il le laisser gagner sans tenter quelque chose? Probablement pas…
D’ores et déjà, les institutions russes soutiennent ouvertement Marine Le Pen, que le chef du Kremlin a reçue juste avant le premier tour. Pour le constater, il suffit de regarder certains comptes Twitter officiels. Celui de la puissante chaîne télévision de l’armée russe, TVZvezda, par exemple. Son annonce du résultat du premier tour, contient le hashtag #JeVoteMarine…
Le Nouvel Obs

Promesse

Si nous avons Fillon-Le Pen au second tour, je déclare Penelope comme personne à charge dans mes impôts.

Dimanche

Un temps magnifique dont je n'aurai rien vu : j'ai dormi une partie de l'après-midi dans le bruit des boules de billard qui s'entrechoquent.

Discussions politiques au dîner. Mélenchon au second tour ? Deux poutinistes au second tour? Revivre le mitterrandisme, les expériences qui nous font prendre dix ans de retard avant de revenir aux contraintes de la réalité?

Poutou ce héros

Ah, dans mes bras, Poutou. Il a latté sa gueule à Fillon et Le Pen. Dans les choux, à terre, ratatinés. Je me passe en boucle, avec le son, cette vidéo (oui, AVEC LE SON, moi qui ne supporte jamais les musiques de m***). Ça me console, ça me ravit, ça m'enchante.

Je me suis levée à sept heures pour envoyer les deux derniers rapports puis je me suis recouchée (je partage le lit avec le chat: elle en prend la moitié et moi l'autre, c'est très difficile de dormir avec un chat et un lumbago). A midi j'ai appelé pour un dernier point. Mercredi midi : je considère que j'ai fait ma part, qu'ils se débrouillent. Je ressens si peu de culpabilité que je suppose que je dois être en colère, en colère de voir partir ceux avec qui j'aimais travailler, en colère de ne pas être prise au sérieux lorsque je dis que le vrai risque de cette mutuelle, c'est que nous ne sommes que deux à en connaître les rouages, en colère de voir la CAC nous soûler avec des problématiques qui ne sont pas les nôtres, en colère d'avoir si peu de visibilité sur l'avenir de cette mutuelle.

Je dors, je joue à Candycrush, je bois de la camomille.
Ce soir ça va un peu mieux.
Je copie-colle ici une défense pro-Macron que j'ai écrite en réponse à une remarque sur FB, parce que je vois passer dans mes contacts des attaques violentes contre lui comme je n'en vois pas contre Fillon (mais lui est au-delà des mots), Hamon ou Melenchon. Est-ce parce qu'il est crédible qu'il focalise ainsi les attaques?

«
Macron s'est dit attaché à l'Europe. Je n'en connais pas d'autre qui le proclame ainsi clairement.
Il considère que l'accueil des réfugiés est un devoir, et ça correspond à ce que je pense.
On lui reproche de vouloir supprimer 50000 postes: supprimés ou non remplacés? Parce que s'il fait ça brutalement, nous aurons tout le monde dans la rue, comme d'hab.
En revanche, s'agissant de l'éducation, il est sans doute le seul à prendre le problème au sérieux (selon le mot de Houellebecq dans Soumission: «la droite n'avait jamais su ce que c'était, il y avait longtemps que la gauche avait abandonné ce terrain»).
Quant à l'hôpital, je peux vous dire via un spécialiste de droit social (le genre qui m'a permis de connaître Piketty ou le revenu universel avant que ce ne soit à la mode) que les ressources humaines des hôpitaux sont très mal gérées.
Il y a un vrai problème de partage entre le public et le privé, je vous l'accorde (il est anormal de rebasculer dans le privé ce qu'on ne sait pas gérer dans le public), mais il ne s'agit pas d'abord d'embaucher mais de réorganiser (et ensuite éventuellement d'embaucher, mais cela ne ser une solution que si l'on a d'abord réfléchi). J'espère que Martin Hirsch qui s'occupe de l'AP-HP restera en poste car c'est quelqu'un de pragmatique qui n'a pas peur de mettre les gens autour de la table (par exemple il a fait rencontrer aux directeurs de l'ex-ANPE des chômeurs: ils n'en avait jamais vus... (lors de l'élaboration du RSA)). »

Le débat

Trois jours seule à la maison. Je travaille lentement. J'envoie le rapport de gestion et le rapport sur la délégation de gestion. Je dors une partie de l'après-midi, assommée par les médicaments. Sont-ils destinés à me soigner (décontracter les muscles, si j'ai bien compris) ou à atténuer la douleur? Parce que si c'est la seconde réponse, je peux arrêter: ils n'atténuent rien du tout et m'endorment. Je n'ai pas si mal que ça si je ne bouge pas, c'est pa transition debout assise ou n'importe quel mouvement vers l'avant qui sont insupportables.

Donc je dors, de façon anarchique, de dix heures à midi, de trois heures à cinq heures, de sept heures à neuf heures. C'est à ce moment-là que je m'aperçois que le CAC (commissaire aux comptes) a envoyé des corrections sur l'annexe et qu'il remet en cause le classement des titres entre revenus fixes et non fixes… C'est bien le moment, je ne peux rien vérifier loin du bureau.

Avec toutes ces siestes je n'ai pas sommeil, je travaille jusque tard dans la nuit et termine quasi en transe les deux derniers rapports sur le contrôle interne et la solvabilité. Un reste de décence me fait ne pas les envoyer (trois heures du matin…), je me lèverai demain pour cela.

De loin en loin je suis sur FB les réactions suscitées par le débat entre les onze candidats à la présidentielle. (Quelle drôle d'idée, onze. Quand passera-t-on le nombre de parrainages à mille au lieu de cinq cents?) Cela me paraît très long, quatre heures, cinq heures… Je ne peux pas regarder ce genre de choses: comme je ne les crois pas, aucun d'entres eux, je m'ennuie très vite. Les discours en entreprise me font le même effet: ils mentent, nous savons qu'ils mentent, ils savent que nous le savons, et nous continuons comme si de rien n'était.

Lundi chargé

Dans le meilleur des mondes j'aurais passé mon week-end à travailler et je pourrais pleinement profiter de ma semaine d'arrêt. Dans la réalité je n'ai rien fait et je m'y mets dès le matin : envoi de mails pour prévenir de mon absence et du fait que je vais envoyer dès que possible des premières versions de documents qui seront à relire afin d'être présentés en conseil d'administration vendredi.
Envoi du procès-verbal du dernier conseil, de l'ordre du jour, de l'annexe des comptes corrigée selon les dernières normes de l'ANC (j'en veux au commissaire aux comptes de m'avoir prévenue de ce changement de normes… mercredi dernier! Quelle andouille, heureusement que je l'aime bien).

Sieste puis départ pour le bistrot d'Edgar près de la grande bibiothèque.
Nous finirons par voir Kwa plus régulièrement maintenant qu'il vit à Boston que lorsqu'il était à Brétigny… (phénomène à la fois étrange et bien connu).
Parlé des élections, et bien sûr de Pénélope, des emplois fictifs, du manque de vergogne:
— Mais en plus, elle travaillait ailleurs, dans une revue ou je ne sais où… (toujours surprenant de constater que quelque chose que l'on considère acquis semble à peine connu par d'autres)
— Oh tu sais, les emplois fictifs, ça se cumule!
Cette capacité à rire de tout, à s'offusquer quelques jours puis se mettre à rire, à tourner en ridicule… Est-ce pour cela qu'il fait bon vivre en France?

Ironie du sort

Je m'étais inscrite au stage d'aviron en sachant que cela tombait un jour de grec (neuf cours dans l'année, je le rappelle: chaque cours est précieux). Je m'étais dit qu'avec de la chance ce cours serait déplacé, la prof aurait un colloque, etc. En novembre en apprenant son accident et qu'elle ne reviendrait pas avant février, je m'étais dit zut, non seulement trois cours sautent mais en plus je vais en manquer un. (Cependant j'espérais encore qu'elle rattraperait des cours en fin d'année, en mai et juin.)
Finalement tous ses cours ont été annulés: je ne manquais plus rien en allant en stage d'aviron.
Mardi j'ai annulé ma participation au stage.
J'aurais pu aller en cours de grec.
Mais il n'y avait plus de cours de grec.
(Quand je dis que tout se délite cette année).

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Comité financier. Difficile de rester si longtemps assise après la tardive réunion d'hier.
Nous discutons politique sans déclarer nos opinions, abstraitement (ce n'est pas gratuit: conséquences sur l'économie, sur les cours de la bourse).
Enjeu des législatives: à moins que Fillon ne soit élu, dans tous les autres cas nous aurons sans doute une cohabitation.
— Mais vous croyez que Fillon peut encore être élu?
— Lui et Marine Le Pen ont le socle le plus solide: selon les sondages, ceux qui envisagent encore de voter Fillon ne changeront pas d'avis, et ils sont 17% (Marine Le Pen 18). Macron est à 20%, mais avec une volatilité de 50.
— En d'autres termes, il peut aussi bien faire 20 que 10.
— Oui. Beaucoup songent à Bayrou avec ses 17% au premier tour en 2012: puis après, plus rien, disparu.
Alors que nous remontons à la crise de 2008 et aux réactions des marchés après l'élection de Trump, le trésorier, que je soupçonne de voter Fillon1, parle des banquiers Golman Sachs au gouvernement qu'il paraît considérer comme une bonne chose (puisque Trump s'était présenté comme un anti-système et faisait peur aux milieux financiers) et voyant ma tête commente: «ce n'est pas moral mais c'est comme ça». Je réponds que c'est surtout dangereux, que les mêmes effets produisant les mêmes causes nous aurons une autre crise, en pire, «la seule chose qui va manquer c'est Madoff».
Ma prédiction tombe dans le vide et j'espère avoir tort.

Après le comité je rejoins Hervé chez Ladurée. Puisqu'il n'y a plus de coupe Soho (glace au gingembre) je prends une coupe Ispahan (glace à la rose). Mon téléphone m'envoie une notification: mon billet de train a été annulé par Trainline mais pas dans Wallet. Je devrais être en train de prendre le TGV pour Dijon.


Note
1 : en tout cas il est de droite, c'est sûr, c'en est même une caricature dans les préjugés (pas pire que les miens, je vous l'accorde volontiers). Il m'est très utile pour apprendre à rester zen avec ces gens; en fait il est gentil, il a juste des réflexes instinctifs à l'inverse des miens, ce qui est toujours ce qu'il y a de plus étrange au monde: on tend à considérer qu'un réflexe instinctif est le même chez tous les hommes.

Après Trump

— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je regarde un film.
— Quoi ?
— Le Grand Blond avec une chaussure noire.
— Ah oui quand même ! On ne devrait jamais quitter Montauban !





Blague à part, je me rends compte que si je suis si déçue, c'est que j'imaginais vraiment pouvoir quitter la France si elle m'exaspérait. Et maintenant… Quatre ans. Espérons qu'il n'y aura pas trop de dégâts à l'international. Il va falloir que l'Europe prenne ses responsabilités. En est-elle capable? (Je ne le crois pas.) Merkel est instituée leader de l'Europe.

Je copie colle le tweet d'un professeur de stratégie à l'université de Copenhague:
«Good morning, Europe. You are all alone with the Russians now. Please repeat after me: Crimea is ancient Russian land.»

DT

Ben mince alors, où irons-nous quand Marine nous fichera dehors pour mauvais esprit? L'Uruguay, il ne reste que l'Uruguay. Il faut que je me mette à l'espagnol.

Dix chansons françaises

A l'origine, c'était pour répondre à un ami américain sur FB.
C'est ma première playlist sur Youtube (trop fière je suis).
Je vais me coucher sans attendre le résultat des élections américaines. Je me souviens d'il y a huit ans, aux Invalides, les larmes de joie… C'était le président élu par le monde entier. Avons-nous été déçus? Oui, sans doute. Mais nous le regretterons, vu ce qui nous attend.

Dix chansons françaises.

Quelques commentaires:
** Brel et Brassens parce que je ne vois pas une liste de chansons françaises sans Brel et Brassens. Et Aznavour. J’ajoute Aznavour.
1/ Les Flamandes de Brel
Pour le rythme et les paroles et les allusions socio-économiques (même si ma chanson préférée de Brel est « Le plat pays »).
2/ L’Auvergnat de Brassens
3/ For me formidable d’Aznavour
J’ai l’impression d’avoir grandi avec cette chanson.

** Renaud et Higelin, les chanteurs que je connais le mieux (surtout Renaud)
4/ La tire à Dédé de Renaud
5/ Encore une journée d’foutue d’Higelin
J’adore l’harmonica - Le musicien, Diabolo, était extraordinaire en concert.

** Deux Québéquois
6/ La complainte du phoque en Alaska de Beau Dommage
Je ne sais pas si quelqu’un connaît une autre chanson de Beau Dommage…
7/ Linda Lemay, J'veux pas d'visite
Les enfants disent que c’est mon hymne : j’veux que les enfants demandent à leur mère « est-ce que c’est vrai qu’c’est une sorcière ».

** trois qui me font rire
8/ Boris Vian
Difficile de choisir entre « on n’est pas là pour se faire engueuler » et « la java des bombes atomiques». Chansons à morale profonde!
9/ Nougaro, Je suis sous
10/ Macao, Le grand orchestre du splendid
Mes années de lycée.

La nuit de l'élection

Passé tard dans la nuit au QG du Modem du côté des Invalides, à suivre les élections américaines.

Grande émotion quand l'élection d'Obama a été acquise. Immense espoir. Quelque chose s'est produit qui paraissait impossible. Bord des larmes.






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Je n'avais rien écrit à l'époque. J'ajoute cela alors que Trump vient d'être élu (9 novembre 2016).






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Elections de 2020. Nous attendons les résultats. Je retrouve sur FB le souvenir suivant, que je ne comprenais pas avant de venir lire ici:

«Hier tout le monde était agressif, aujourd'hui tout le monde me sourit: c'est moi ou c'est les gens? Ils préfèrent ces boucles d'oreilles?»

Repas post-électoral

La conversation a roulé sur les villes, les cantons, les interco(mmunicipalités), les maires, les adjoints, les conseillers généraux, les présidents de conseils généraux, les élus en général, la revue des ex-, la revue des maîtresses et des amants. Je crois que je n'avais jamais autant entendu parler de cul que ce soir, ni en club de sport, ni en bureau des élèves, ni en foyer étudiant, ni sur les pdblogs.
Mais c'était un peu triste, car au-dessus des parties de jambes en l'air planait le soupçon du commérage et de l'intérêt.
Un bon sujet de Brigade mondaine, en tout cas. Nous avons décidé d'écraser une conseillère générale avec un camion-poubelle.
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