Alice du fromage

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Billets qui ont 'actualité' comme mot-clé.

lundi 17 février 2020

Les Pétroleuses

Agnès Buzyn, jusque-là ministre de la santé, se présente à la mairie de Paris. Elle remplace Benjamin Griveaux, qui a eu l'idée étrange de se branler devant son téléphone à destination d'une dame qui n'était pas son épouse. La vidéo a été diffusée par un artiste (avec ou sans guillemets), Griveaux a retiré sa candidature.

Evidemment, désigner une femme, c'est éloigner le risque de Dick Pic. Les candidatures féminines vont-elles se multiplier pour cette seule raison?

Candidats à la mairie de Paris: Anne Hidalgo, Rachida Dati, Agnès Buzyn.

mardi 20 mars 2012

Coïncidence

Bon. La citation du jour était «nous sommes tous des petits Samuel»1. Au moment de l'écrire, j'ai pris conscience que ce n'était pas le moment, qu'elle serait mal interprétée vu le contexte 2.
(Mais dans quelque temps, quand on ne saura plus ce qui c'est passé le jour de ce billet, elle pourra redevenir un commentaire de la Bible, un commentaire de la vocation de Samuel).


Note:
1: signifiant que nous sommes tous appelés.
2: assassinat de trois enfants et un adulte devant une école juive à Toulouse par Mohammed Merah.

dimanche 17 janvier 2010

Souvenirs d'Haïti

1986 ou 87. Le directeur de l'agence bancaire où je fais un boulot d'été me reçoit. (Pourquoi? Entretien d'embauche, accueil du premier jour? je ne sais plus.) La conversation dérive, je me demande bien comment, jusqu'à cette déclaration qui résonne encore dans mes oreilles:
— Vous savez, si Bébé doc est tombé, c'est surtout à cause du sida. L'économie d'Haïti reposait entièrement sur la vente du sang; avec le sida, ils n'avaient plus rien à vendre.

Abasourdie, je regardais le directeur sans comprendre.



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Commentaire en 2018 : le 12 janvier 2010, un tremblement de terre a détruit Haïti.

vendredi 14 août 2009

La mort de près

Quatre hommes discutent à déjeuner :

— Avec la tyrolienne, tu descends la montagne le plus vite possible...
Un noir, hésitant: — Et si ça casse ?
— Au pire, ça casse.
Les autres, riant: — Oui, après tout, c'est fait, c'est fait.

Un autre reprend: — Vous avez entendu l'histoire de ce couple qui a raté l'avion brésilien? Eh bien, il a pris l'avion suivant, et à l'arrivée, la femme s'est tuée dans un accident de voiture.



(Je songe aux derniers films vus, entre le jeune homme qui veut vivre une vie non écrite et le jeune homme dont le film conclut à propos de sa vie: «C'était écrit».)

dimanche 28 juin 2009

Iran

A lire oli2be jour après jour mon cœur se serre d'angoisse.

Je songe à Tienanmen, bien sûr, mais aussi à ces marins prisonniers de la Baltique, à leur mort silencieuse vécue en directe, je songe à ce billet terrible de Gvgvsse, je songe à notre impuissance, permanente.
Plus le temps passe, moins je me résigne, plus c'est douloureux : est-ce normal?

Je songe à Boulgakov, Les œufs. Dans ce conte, les soviétiques ont inventé un incubateur qui permet d'obtenir des poulets dix ou vingt fois plus gros que la normale. A la suite d'une erreur, ce sont des œufs de serpents qui sont mis dans l'incubateur. Les serpents sont invincibles.
En plein mois d'août cependant, un gel brutal met fin au cauchemar.

Je ne suis pas sortie de la pensée magique, je ne suis pas sortie de la pensée mythique. J'espère encore les Mers rouges qui s'ouvrent et le gel en plein mois d'août.
Cependant, je suis consciente de ce ridicule.

mercredi 10 juin 2009

L'affaire Courjault

Tout m'effraie dans cette histoire :
- de si bien comprendre le non-désir de maternité de cette femme, sa terreur à l'idée d'un nouvel enfant, sa sensation «d'être débordée» (sic);
- d'imaginer sa folle solitude (trois grossesses sans que personne ne se doute de rien?), son autisme affectif; et le lien entre cette solitude et cette terreur de maternité;
- de ne pouvoir imaginer, et de ne pas souhaiter imaginer, ce que ressentent les enfants vivants: se sentent-ils vraiment aimés, "choisis", ou se disent-ils que leur mère est folle, qu'ils l'ont échappé belle?

Je songe à Beloved, de Toni Morisson.

mardi 8 juillet 2008

Otages

L'une des grandes ruptures de mon enfance est notre retour en France, en juillet 1975 (dont je n'ai pris vraiment conscience qu'à la rentrée, en septembre). Nous avions loué une maison à La Chaussée-Saint-Victor, nous n'avions pas la télévision, je me souviens de la cuisine, des flancs gris d'aluminium du four encastrable posé sur une table d'écolier, la radio parlait de Tabarly, d'Alain Colas et de Madame Clausse, prisonnière du Polisario Claustre. Personne ne se souvient de Madame Claustre, mais je me souviens des semaines à se demander si cette femme et ses deux collègues français seraient libérés ou tués, cela se passait dans mélangeait dans mon esprit avec la guerre dans le désert marocain, je me sentais concernée, l'un des otages était l'ami d'amis de mes parents, ils le connaissaient (et quelques années plus tard nous avons pris le thé chez lui à Annemasse)[1].
Je me souviens des otages retenus dans l'ambassade américaine en Iran entre 1979 et 1981, cela n'en finissait pas et j'ai bien cru qu'ils seraient tous tués. Je me souviens de mes premiers drapeaux américains brûlés, de la découverte de la haine idéologique, impersonnelle, impossible à raisonner.
Je me souviens confusément d'enlèvements et de meurtres, je n'y comprenais pas grand chose et cela ne m'intéressait pas, la bande à Bader, Carlos, le baron Empain, un doigt coupé, Patricia Hearst, les Brigades rouges, tout cela créait une rumeur confuse de monde violent, dangereux et absurde. Des avions étaient détournés et assaillis, il y avait des morts, j'ai su très tôt ce qu'était le syndrome de Stockholm (chez ma grand-mère, à côté des Pif gadget prêtés par la voisine, il y avait Sélection du reader's digest et ses histoires haletantes).
Plus tard il y eut les journalistes enlevés au Liban, cela recoupait mes lectures de SAS, là encore cela dura des jours, le journal du soir commençait avec le visage des otages et l'énoncé du nombre de jours de captivité, il y avait les gens pour et les gens contre, c'était le début de l'"otage business" mais on ne le savait pas. Michel Seurat est mort, je pensais qu'aucun n'en reviendrait, je me souviens du livre de sa femme paru alors que je travaillais à la librairie Mollat, je ne peux pas entendre le nom de Jean-Paul Kaufmann sans tressaillir (je me souviens d'un jour pas si lointain où il est venu parler de cigares sur France Inter: j'en suis restée interloquée, comment pouvait-il être aussi futile après ce qu'il avait vécu, c'était le monde à l'envers, son histoire semblait m'avoir davantage marquée que lui).

Ensuite j'ai dû faire moins attention ou la prise d'otage est passée de mode. Il reste malgré tout dans ma mémoire la prise d'otages dans l'école maternelle de Neuilly, l'angoisse pour les enfants et la fin pas très propre qui laisse un goût étrange (de l'art de faire un exemple pour dissuader d'éventuels imitateurs (et plus tard, la terrible fin de la prise en otage d'une école par des rebelles tchétchènes me rappellera Neuilly, ce qu'aurait pu être Neuilly, ce que n'était pas la France par rapport à la Russie)) et la délivrance spectaculaire d'un avion retenu à Alger. Depuis septembre 2001, personne n'a essayé de détourner un avion (si, une fois: les passagers ont maîtrisé le détourneur, la leçon a été bien retenue).

Il y a eu il y a trois ans (2005) l'enlèvement de Florence Aubenas. Curieusement je n'ai jamais réellement craint pour sa vie, avais-je vieilli et étais-je blasée, ou le traitement journalistique de l'affaire me faisait-il trop considérer tout cela comme du cirque, quelque chose de pas vraiment sérieux et destiné avant tout à faire de l'audience?
Il s'est produit un peu le même phénomène pour Ingrid Bettancourt. J'ai toujours pensé qu'elle s'en sortirait, qu'elle était une monnaie d'échange et qu'on ne tuait pas une monnaie d'échange. Je ne m'y intéressais pas et d'une certaine façon, je ne m'y suis jamais intéressée.
Cependant, en décembre ou janvier dernier, pour la première fois, j'ai eu peur et pitié pour elle: que se passait-il? Pourquoi cette photo d'Ingrid Bettancourt blême et défaite? Voulait-on nous préparer à l'annonce prochaine de sa mort? Pour la première fois, j'ai eu peur pour elle, j'ai pensé qu'elle allait mourir ou qu'elle était peut-être déjà morte, j'ai espéré que "tout irait bien" et qu'elle s'en sortirait — non parce que c'était elle, mais parce que c'est à peu près ce que je souhaite à chacun.

Et voilà. Elle est libre. Elle va bien. Je suis heureuse pour elle, mais plus que ça: lorsqu'on a comme moi une conception globale du bien-être et du mal-être de l'humanité, lorsqu'on se demande dans quelle mesure il est possible de faire reculer le mal (le mal et le bien sont-ils un jeu à somme nulle, ne peut-on faire croître l'un sans faire croître l'autre, ou est-il possible d'obtenir un total positif? (ou négatif...)), toute libération, tout acte positif, est un point gagné contre le malheur.

J'entends dans les conversations et je lis sur les blogs des inepties: ceux qui pensent qu'elle n'est pas assez maigre, ceux qui la trouvent bête, ceux qui la trouvent intelligente, ceux qui jugent ses enfants, ceux qui font des calculs compliqués pour savoir si elle a été libérée au bon moment par les bonnes personnes pour la bonne cause..., ceux qui finalement se demandent, à voix haute ou à voix basse, si elle en valait la peine, si elle valait la peine de tant de mobilisation et d'attention, et se faisant, exposent seulement leur unique préoccupation: faire les malins, se faire remarquer, ne pensant pas plus aujourd'hui ce qu'ils écrivent que ce qu'ils écrivaient hier...

Dimanche, je cherchais dans La Prédominance du crétin une référence aux «intellectuels pouf-pouf» (les marxistes fumeurs de pipe). Je suis tombée sur ce passage (il s'agit d'éditoriaux italiens écrits dans les années 70):

Une guerre de larmes, déchirante, serpente à travers les milieux les plus illuminés d'Europe.
«Pourquoi ne pleurez-vous pas sur le Cambodge?» «Personne ne peut nous accuser de ne pas avoir pleuré sur le Viêt-nam!» «Ceux qui n'ont pas pleuré sur Prague n'ont pas le droit de pleurer sur le Liban!» «Si vous avez pleuré pour les Biafrais, vous devez pleurer pour les Afghans!» «Faisons honnêtement notre autocritique: nos pleurs pour l'Iran sont moins copieux que nos pleurs pour le Chili.»
Fruttero & Lucentini, La prédominance du crétin, p.126

Il me fait penser a contrario au "cas" Bettancourt. Il est stupide de larmoyer sur commande pour exposer son bon cœur et ses convictions politiques.
Il est abject de regretter d'avoir pleuré pour jouer les esprits forts.


Notes

[1] Non, vérification faite, les noms ne correspondent pas: c'est cet ami qui avait été enlevé par le Polisario, peu après, presque au même moment. Cette prise d'otage-là a duré beaucoup moins longtemps que celle de Françoise Claustre. Mes souvenirs ont confondu les deux enlèvements.

vendredi 4 juillet 2008

Domenech sauvé par Ingrid

Caricature dans L'Equipe de ce jour :

La foule, de dos, se presse pour apercevoir quelqu'un ou quelque chose. Au premier plan, deux hommes s'en détachent et s'apprêtent à sortir du cadre. Celui qui parle a la main sur l'épaule de l'autre:
— Viens Raymond, on va s'éclipser discrètement pendant l'arrivée d'Ingrid et tu reviendras délicatement en septembre.


(citation de mémoire. Je n'ai pas réussi à déchiffer le nom du dessinateur sur la feuille tremblante tenue par mon voisin de métro.)

jeudi 31 janvier 2008

Parfois je flippe

Ne cliquez pas si vous avez beaucoup d'imagination. (Aux autres, je recommande de cliquer sur le bouton "Now").

mardi 29 janvier 2008

L'adolescent de l'Elysée

Dans un article plus drôle que méchant, Jean-Louis Bourlanges assène des petites phrases dont la teneur en vérité reste à évaluer.
[…] On s'étonne que le général en chef vive en sous-lieutenant.
La Love story élyséenne a ceci de redoutable qu'elle figure au plan intime une double tendance à la fragmentation et à la discontinuité qui envahit l'action publique.
[…] Le désordre commence, disait Bergson, quand je range mes livres par ordre alphabétique et que ma femme de ménage les range par ordre de taille. Nous y sommes !

Jean-Louis Bourlanges, L'Expansion, numéro 727, février 2008

jeudi 24 janvier 2008

Sacré Patrick

Je feuillette Le Point avant tout pour la chronique de Patrick Besson. Cette semaine, il propose «24 conseils au président de la République en vue de ses noces avec Mademoiselle Bruni».

En voici quelques-uns :
4/ Eloigner votre fils aîné de votre nouveau couple.
5/ A la réflexion, le cadet aussi.
…
9/ En cas d'échec à la prochaine élection présidentielle, vous attendre à redevenir célibataire.
…
13/ En cas de chute de votre popularité, ne pas renoncer à votre voyage de noces sur le yatch ou dans la propriété d'un multimilliardaire français ou étranger: on n'a qu'une vie.
14/ Ne pas avoir peur d'inviter Christian Clavier à vos dîners de couples, Carla a le rire facile, comme beaucoup de grande séductrices qui ont compris que les hommes se croient drôles.
etc…

Patrick Besson, Le Point, 17 janvier 2008
J'aime bien Carla Bruni. Elle est suffisamment jolie, suffisamment silencieuse, suffisamment riche et assume suffisamment tranquillement son passé (et sans doute futur) de croqueuse d'hommes qu'aucun journaliste n'ose se moquer d'elle: elle laisse peu de prises (et certains doivent espérer avoir leur chance; après tout, Jean-Paul Enthoven faisait partie de la corporation).

Continue, ma belle.

Je tiens à proclamer que je trouve la couverture de Closer de cette semaine absolument indigne.




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Dix ans plus tard, j'explicite : Closer montrait d'une part Cécilia Sarkozy non photoshopée, en maillot de bain avec cellulite, d'autre part Carla Bruni sous son aspect de mannequin.

jeudi 19 avril 2007

Les infos du matin

Je me souviens parfaitement du moment où j'ai arrêté de m'intéresser à «l'actualité ». En septembre 1985, suite au tremblement de terre de Mexico, nous avons eu droit en direct pendant plusieurs jours à l'agonie d'une petite fille happée par la boue. Dans Paris, l'image de la fillette s'affichait sur les colonnes Morris et à la devanture des kiosques, il était impossible d'y échapper. Le traitement journalistique de cette tragédie, le goût du sensationnalisme, m'ont dégoûtée de «l'info». J'y songeais ce matin en écoutant, exceptionnellement et parce que je n'étais pas seule, France Inter, qui diffusait quelques secondes de la cassette envoyée par Cho Seung Hui1 à NBC. NBC devait-elle diffuser cette cassette, cela apporte-t-il quelque chose ? Non, mais cela permet de faire de l'audience.

J'ai appris également la réouverture (ou la poursuite) de l'enquête sur la mort de Robert Boulin. A-t-il été tué et si oui, pourquoi, Robert Boulin avait-il menacé de rendre public des dossiers compromettants?
Aussitôt j'ai pensé à Pierre Bérégovoy. Je ne pardonnerai jamais sa mort à François Mitterrand. Je ne peux voter pour une personne venue de l'entourage de Mitterrand. Viscéralement impossible. Seuls ses « ennemis » socialistes trouveraient éventuellement grâce à mes yeux.



Note
1 : Cho Seung-hui, est le tueur responsable de la fusillade de l'Université Virginia Tech du 16 avril 2007, dans laquelle 32 personnes sont mortes. Il s'est suicidé.
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