Billets qui ont 'exégèse' comme mot-cl.

Des liens

Jobs utiles et jobs à la con : le pays tourne grâce aux smicards, mais d'une certaine façon nous le savons depuis toujours; cela a été théorisé en 2013.

Un ami m'envoie une explication de la pénurie de masques. Ça ne me fait pas franchement rire parce que j'ai connu ça.

Pour ceux qui veulent un exemple réel, voici ce que j'ai obtenu en janvier quand j'ai voulu faire une réclamation sur le site de la SNCF: "moins d'un an" n'avait pas été programmé comme "moins de treize mois" mais comme "l'année doit être identique à celle du jour de la réclamation".
Et sinon un projet en tchèque, la Bible adaptée au XXIe siècle (je vous mets le lien pour que vous puissiez vous vanter plus tard d'être dans ses premiers fans français). Rémi a traduit deux péricopes, les noces de Canaa et la résurrection de Lazare.

J’adore lire la #Parabible d'Alexandr Sasha Flek qui est une réécriture du Nouveau Testament avec notre langue de tous les jours.
En ce week-end pascal, je me suis inspiré du chapitre LÁĎO POJĎ SEM! lui-même tiré de Jean 11.
Marthe, la sœur de Marie, envoie un texto à Jésus: « ton copain Lazare est au plus mal. Viens! »
Il lui répond: « avec le confinement, c’est balèse. Thoughts & Prayers! »
Mais deux jours plus tard, il dit à sa team: « allez! on lève le camp. Faut y aller!
— T’es pas sérieux?!?!… en pleine quarantaine? On va se faire lyncher! »
Jésus leur répond: « si tu voyages de nuit, en douce, tu éveilles les soupçons de la police et tu te fais arrêter. De jour, la conscience claire et la tête haute, tu passes tous les barrages.
— et les risques d’attraper le virus? tu y’a pensé?
— Lazare s’est endormi. Allons le réveiller! »
Arrivés sur place, Marthe le tance vertement: « il est mort du Coronavirus! Tu lui as manqué dans ses derniers instants. Dans son dernier souffle, il demandait où t’étais!
- Ne t’inquiète pas, il va se relever… »
Elle l’accompagne à la morgue, pour que Jésus puisse se recueillir devant la dépouille de son ami. Mais là, à la surprise de tous ceux présents, il toque sur le cercueil et crie: « Lazare, sort de là! »
Lazare repousse alors le couvercle du cercueil. Il est tout ankylosé mais à part ça, vif comme en l’an 40.
Le problème, c’est que le fait s’ébruite.
Un membre de la team qui a filmé la scène, le poste sur Facebook.
Les médias s’en saisissent.
Gros titres: « on peut ressusciter du Coronavirus! »
Ça colle pas du tout avec la politique du premier ministre, Ponce Pilate, qui veux tirer à lui la couverture médiatique de la gestion de la pandémie.
Pâques approche, un plan est établi pour se débarrasser de ce fauteur de trouble dans une émission de télé-réalité bien sanglante.


LES NOCES À SCY-CHAZELLES
Comme Marie faisait la plonge gratis, on avait invité Jésus mais sans penser qui viendrait avec tous ses potes…
Et qu’ils picoleraient autant!…
Marie, en cuisine, s’inquiète de voir les cubis disparaître si schnell. Elle fait venir son fils & lui explique: “mir habn a problem” (*en bons Juifs du coin, ils parlent yiddish).
- Kein problem, Muti.
Il ordonne qu’on verse les cubis restants dans une grande cuve. Versez-y la salade de fruit (on a le gâteau de mariage, ça suffit comme dessert), diluez à ras-bord avec de l’eau. Vous le servirez en appelant ça "sang du Christ" ou plutôt "sangria", c’est plus « vendeur », et vous ferez cela en mémoire de moi à chaque fête.
Discrétôs, il y verse le reste de MDMA qu’il avait pas réussi à vendre à la rave de la veille.
Ça a été un mariage du feu de Dieu!
Le père de la mariée a félicité son gendre de faire servir des cocktails 🍹 aussi réussis.
C’est de là que date la réputation de Jésus comme Sauveur de situation.

Education concentrée

Bon anniversaire Tlön.


Il m'a dit un jour: «Tout ce que nous avons à apprendre à nos enfants, c'est le Décalogue. Le reste…» (Suivait un geste qui signifiait à peu près qu'avec ce bagage minimum mais indispensable, il serait toujours possible ou nécessaire de s'adapter aux circonstances).


Voici donc le Décalogue, commenté pour l'adapter à nos temps païens. Les trois premiers commandements ne parlent plus qu'à une poignée de nos contemporains. Les autres sont intemporels.

Voici le texte de l'Exode selon la traduction de Louis Segond (Ex 20,2-17) :
20.2 Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
20.3 Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi.
C'est sans doute ce qui a le plus évolué en six mille ans, et surtout depuis deux cents ans, surtout depuis soixante ans. Disons: si tu crois en un Dieu, loue-le, prie-le, mais n'oblige personne à en faire autant. Défends ton droit à continuer à croire au Dieu qui est le tien. Si tu n'y crois pas, accepte de ne pas comprendre ceux qui croient et respectent leur foi tant qu'elle n'est imposée à personne.

20.4 Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
20.5 Tu ne te prosterneras pas devant d'autres dieux que moi, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent
20.6 et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.
Là encore ça ne concerne que les croyants : sache discerner entre Dieu (ton Dieu) et les idôles (les dieux que tu te fabriques toi-même. En Europe aujourd'hui, cela pourrait constituer une mise en garde contre le matérialisme et le consumérisme.)

20.7 Tu n'invoqueras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui invoque son nom en vain.
Pas de petit jeu du genre «si Tu fais ceci, alors je croirai en Toi; si Tu ne fais pas cela, je ne croirai plus. Dieu ne se marchande pas (mais cela n'a de sens que pour ceux qui ont la foi ou la notion de ce qu'est la foi.)

20.8 Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
20.9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
20.10 Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.
20.11 Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.
Prends l'habitude de ne pas penser à ton travail ou tes préoccupations un jour par semaine. Aie conscience du temps qui passe; un jour par semaine prends le temps de regarder le ciel, de parler à ta famille, à tes amis, à des inconnus. (Ne consulte pas ton téléphone si une personne est dans la pièce.) Cela t'empêchera de te prendre trop au sérieux. Décentre-toi. Une fois par semaine au moins.

20.12 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne.
Pas sûr de ce que ça veut dire. Je me souviens de Bernard, jésuite, nous disant: «Tu honoreras, ce n'est pas tu aimeras.» Ça m'avait soufflée. Tu ne laisseras pas tes parents mourir dans la misère et l'indifférence?

20.13 Tu ne tueras point.

20.14 Tu ne commettras point d'adultère.
Au sens large : tu ne sèmeras pas la zizanie dans un couple constitué.

20.15 Tu ne déroberas point.

20.16 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
Au sens large : ne pas médire en fait partie. Tu ne nuiras pas en paroles en persiflant ou déblatérant (sachant que c'est à toi que tu nuis en te faisant une réputation de langue de vipère).

20.17 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
Pour être heureux, chasse l'envie de ton cœur: «la seule raison de regarder dans l'assiette de ton voisin, c'est de t'assurer qu'il a suffisamment à manger.»
Personnellement, en bonne républicaine, j'ajouterais à cela l'étude des fables de La Fontaine.

Lire Paul, Romains 5,12-21

«Il faut lire 4 Esdras et 2 Baruch. Vous les avez dans la TOB1. Ce sont les deux plus classiques des apocalyptiques juives, écrites vers 70, après la chute de Jérusalem. C'est indispensable pour comprendre le Nouveau Testament qui baigne dans l'apocalyptique.»

(L'épître aux Romains est écrit dans les années 50, mais il y avait d'autres apocalyptiques connues.)


Je vous mets du vrac de notes de cours, sans les extraits de nombreux textes lus entretemps, parce que tout me paraît intéressant et que le temps est court.

Homère et Hésiode : les mythes.
Les présocaratiques, les physiocrates : contre les mythes.
Donc comment continuer à lire les mythes ? Elaboration de l'allégorie.

Hésitation des anciens devant la Genèse : un mythe ou de l'histoire? Adam réel ou symbole de l'humanité ?
Adam personnage collectif : chacun est Adam pour lui-même (2 Baruch 54,15).

Les Septantes : traduisent Adam par "anthropos" dans les premiers versets (traduction de l'hébreu), puis par "Adam" quand Dieu lui parle. Mais en hébreu, toujours "homme", avec ou sans article.
En hébreu, "descendants" se dit "semence" : Adam contient toute sa descendance dans ses reins.»

La vie grecque d'Adam et Eve.
La convoitise (epithumia) est à la source de tout péché. (Nb 11)
Sans la loi, Adam n'aurait pas péché.

Paul tente de rétablir l'équilibre : schématiquement les Grecs sont du côté du péché et les Juifs du côté de la loi. Donc Paul introduit de la loi du côté grec et du péché du côté juif. Evidemment ça crée du flou.

La multitude : hébraïsme pour dire tous.

verset 19 : obéissance / désobéissance. Paul considère la vie chrétienne comme une obéissance.

verset 20 : retour de la loi. Pour que prolifère la faute. La loi est intervenue (pareisêlthev = c'est le mot utilisé pour les espions dans ??).

Le même propos que précédemment, mais à la dimension de l'histoire. Adamologie. La christologie de Paul est une christologie sapientielle et adamique. Attention à une johannisation de Paul. Il n'y a pas d'incarnation chez Paul. Sa christologie est adamique. Même dans Philippiens 2.

Note
1 : traduction œcuménique de la Bible. La branche protestante n'a retenu que les textes connus en hébreu à l'époque de Luther, la Bible catholique contient davantage de textes (les deutérocanoniques) et les orthodoxes plus encore : la dernière édition de la TOB présente tous les livres, y compris ceux retenus par les orthodoxes.

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Agenda
Reçu un doodle pour organiser les entraînements pour la course des Impressionnistes (1er mai). J'insiste donc pour faire une yolette avec Agathe puisque nous devons ramer un maximum entre nous. Vent et courant mais le niveau a encore baissé.

Grève : départ à 6h20 en voiture. ligne 14 à Grande Bibliothèque. Ligne 1. Arrivée au bureau à 8h20
RER A aux Halles à 22h36. (Pas de RER D). Boissy St Léger. Voiture. A la maison à 23h20.

Chinois

— Le copte, c'est comme le grec, sauf qu'on y comprend rien.



(Le copte utilise l'alphabet grec pour translittérer les hiéroglyphes. L'évangile de Thomas a été écrit en grec mais il ne nous en reste que la version copte.)

Samedi

Oral d'exégèse à 10h40, donc. Il s'agit d'un exposé sur un extrait (péricope) de St Jean à choisir, présenter, problématiser (le grand mot). Pas d'explication linéaire. J'ai l'impression de revenir en hypokhâgne, ce n'est pas désagréable. Ce qui est infiniment plaisant, c'est la façon dont chaque verset résonne avec des dizaines d'autres, soit dans Jean, soit dans l'Ancien Testament (point de méthode que j'ai déduit sans en comprendre véritablement la cause: éviter de rapprocher Jean des synoptiques, à moins d'être en train de travailler sur ce point).
Lever à quatre heures pour écrire cet exposé. Exposé. («Vous tenez un sujet de mémoire»: je n'en demandais pas tant.) Puis mojito. Puis Les 8 Salopards.

Je n'avais pas revu de Tarantino depuis Inglorious Bastards qui m'avait coûté ma confiance en les cinéphiles. J'avais entendu dire qu'il était lent, un peu ennuyant dans la première partie, et j'y allais en me souvenant de l'hallucinant dialogue sur le pourboire du début de Réservoir Dogs.
Le début de ce film-ci, le Christ, la miséricorde, rappelle l'ambiance de True Grit, le suspense: qui sera du côté du bien, qui du mal, qui soutiendra le faible (mais qui est le faible dans ce film de Tarantino, comment compter les huit salopards parmi les neuf personnages? C'est sans doute la seule question intéressante de ce film), un cheval blanc, sept chevaux noirs, un Noir, sept Blancs et une Blanche (ou sept Blancs et un Mexicain), pas tant la conquête de l'Ouest que la guerre de Sécession et toutes les haines que la paix n'a pas apaisées, mais aussi les morts noirs contemporains de Baltimore et d'ailleurs et «Black Lives Matter».
A l'inverse de ce que j'ai pu entendre, c'est la seconde partie qui m'a lassée. Tarantino doit avoir passé un contrat avec un vendeur d'hémoglobine. Cela en devient ridicule.

Rentrée. Dormi. Mangé des crêpes (c'est bien, les grands enfants. Ça prépare les crêpes, ça achète la confiture, ça fait cuire les crêpes). Beaucoup ri.

Un samedi

- TG sur la Samaritaine. Certains sujets font ressortir les blessures et les obsessions de certains.
- La Procure. Trois livres. Je prépare mentalement l'oral sur St Jean.
- resto italien avec A. A côté de nous, une scène pathétique, et qui dure, dure: un petit garçon de six ou sept ans muet et son père de quarante-cinq à cinquante ans qui essaie de le faire parler de façon pitoyable («Mais souris au moins… Ah c'est agréable de déjeuner avec toi. Tu veux aller où en vacances? Tu veux qu'on retourne à Bali? — Non. — On peut aller en Argentine.» etc)
- achat d'un kimono, en soie, cousue main, venue droit du Japon où va les chercher la commerçante (à l'origine nous voulions juste vérifier s'il y avait du papier pour origami. Mais comment résister au plaisir de A si peu coquette?), d'un opinel marin (pour la même), d'un kilo et demi de thé (trois thés différents), six galettes de sarrasin nature (que nous prenons dans une crêperie — j'ai été surprise qu'ils acceptent), six tranches de jambon, douze tranches d'andouille, six œufs et de trois livres d'occasion.
- sieste
- repas
- coup de fil à ma tante
- L'homme de Rio en classant des papiers. (Je suis dans une phase de rangement. J'en ai marre (du bazar, de la poussière, de l'envahissement)).

Passage de l'élagueur pour un devis : il ne touchera pas aux chênes, le voisin ne va pas être content. Mais il faut couper le châtaignier, malade.

A. dans la voiture. Cours de sciences naturelles: «Les dauphins, les baleines, gardent la trace de leur passage sur terre. Ils sont redevenus marins. Bien sûr, il faudra voir dans cinq mille ans, mais certains loups sont en train d'en faire autant: les biologistes ont repéré je ne sais plus où des poissons abandonnés sans tête. Ils se sont aperçus que c'étaient les loups qui manquaient de nourriture et les pêchaient. Normalement cela n'aurait pas dû être possible vu la température de l'eau, mais ces loups ont développé du poil plus épais et imperméable, et ils ont un pli muqueux plus important entre les orteils. Ils ne mangent que la tête car ils se sont adaptés; les poissons transmettent le ténia (je ne suis pas sûre que ce soit le ténia, un ver très long) et les loups ont "compris", si on peut dire, qu'il ne fallait manger que la tête. Les ours mangent les poissons en entier… — Ils se sont adaptés au ténia? — Non, c'est le ténia qui ne s'est pas adapté aux ours; l'ours mange du poisson avant d'hiberner, quand il hiberne, le ténia meurt. (Je ris.) L'adaptation, c'est extraordinaire. Dans un pays chaud, je ne sais plus, genre désertique, des singes pillent les poubelles pour manger. Eh bien, ils se sont alliés avec des chiens pour les protéger d'autres chiens qui les attaquent. Les chiens qui vivent avec les singes ont droit au traitement des singes, la nourriture, l'épouillage… Parfois quand une mère singe perd son petit, elle pique un chiot, et le chiot n'a pas intérêt à tenter de s'échapper. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est qu'ils font pareil aussi avec des chats.»
J'écoute. C'est passionnant. Je lui demande la prochaine fois de noter quelques références, des noms de chercheurs, etc.

Trois parts

Matinée sur Cana, Jn 19, 25-27 et Ap 12.
La professeur : «Ah oui, "spectre de fer"… Regardez dans Genèse 49, la bénédiction de Jacob, je n'y avais pas pensé».
Ces professeurs qui non seulement connaissent la Bible par cœur, mais les chapitres ou les versets, et font des associations à partir de quelques mots, scrupuleusement traduits par les mêmes mots à des pages d'écart… Comment fait-on? Suffit-il de lire beaucoup, souvent? — Mais je ne retiens pas les chapitres ou les versets.

Lire avec des yeux neufs. Quasi impossible (sauf quand je traduis. Alors tout me paraît neuf). Lire les noces de Cana et découvrir pour la première fois — grâce aux questions posées — qu'il n'y a qu'un nom propre dans la péricope. Apprendre que ce récit n'apparaît que chez Jean. Etc, etc. Apocalypse 12 fait écho à la Genèse, au moins en partie.


Suite du colloque. Des envies d'Arabie et de Moyen-Orient, une nostalgie de ce que je n'ai pas connu. Comment peut-on être nostalgique de ce qu'on n'a pas connu?
Photos de Jérusalem et autour datant d'avant 1920. Plaques de verres. Trésor des communautés religieuses.

Starbucks (pour attendre. J'adore leur café au lait de saison, au potiron, au pain d'épice…) en lisant Les aventurières du Sinaï.
Le pont aux espions. Je me souviens de notre surprise à Postdam: il est très court.
Un beau film, mais qui me donne trop cette impression de "catéchisme à l'usage des jeunes Américains". C'est un aspect que je trouve à la fois sympathique et démodé, il me manque un peu de cynisme, c'est vraiment trop gentil.
La douleur est de voir la façon dont est traité l'espion russe et de songer à Guantanamo (Essential Killing en forme de gifle).

TGs

Le TG de la semaine dernière sur le concile de Chalcédoine a été définitivement annulé — sauf celui de notre groupe puisqu'il avait été déplacé à aujourd'hui: il a donc eu lieu normalement.
Mais le TG du cours flottant prévu le 14 a, lui, été remplacé: j'ai donc passé la journée en cours.
Ce fut plutôt intéressant. Ephèse: affirmer l'union des deux natures du Christ; Chalcédoine, affirmer la non-absorption de la nature humaine par la nature divine, puis deux cents ans plus tard articuler volontés divine et humaine dans le Christ (avec en particulier le rôle de Cyrille le confesseur (confesseur de la foi)).
Cela doit paraître abscons, ç'a l'est d'un certain point de vue; mais c'est passionnant d'être un petit nombre d'étudiants à débattre sur ces textes après les avoir préparés. Nous nous retrouvons à nous disputer, ce qui donne une idée des enjeux à l'époque.

Le TG du cours flottant portait sur les codes domestiques dans les deutéro-pauliniennes et les pastorales.

Acheté des gants à pois, des petites cuillères au manche coloré, une nappe plastifiée représentant une mappemonde (assez ugly (déjà, le simple fait d'être une nappe en plastique est terriblement kitsch (il sommeille en moi une Vamp mal assumée)), mais je ne résiste pas à une mappemonde).



Agenda
Alerte attentat maximale en Belgique: métros, magasins, cinémas fermés.

Mercredi chaotique

Quatre de couple Daryl, la première que je le vois sorti par des loisirs.
Julien, Véronique, Pascal. Beaucoup de vent, mais il fait beau.
Une débutante s’est mise à l’eau en quittant le ponton en double canoë. J’espère qu’elle avait des habits de rechange pour retourner au bureau.

Un peu de fièvre.
Je quitte le bureau pour aller voir la suite du Labyrinthe (il me faut du courage pour oser l’avouer ici!) au lieu de travailler le concile de Chalcédoine… Toujours ce futur apocalyptique. Beaucoup de violence, de noir éclairé de lampes torches. L’amitié, les rebelles, la trahison.

1Co 11,10 : le sens d’exousia qui signifie toujours une autorité exercée (et non subie) a été distordu pendant des siècles jusqu’à la TOB de 2010 (Car dans ce verset de Corinthiens, ce sont des femmes qui ont l'exousia). La Bible Segond traduisait correctement mais ajoutait une paraphrase pour orienter la lecture.
Je m'endors en cours. Me rappeler: si je rame le midi, dormir vingt minutes avant le cours.

Epître aux Hébreux

— Il y a les sept proto-pauliniennes, 1 Thessaloniciens, Galates, les deux aux Corinthiens, Romains, Philippiens, Philémon; les deutéro-pauliniennes, Colossiens, Ephésiens, 2 Thessaloniciens; les pastorales, Tite et les deux à Timothée.
— Et l'épître aux Hébreux ?
— En ce qui concerne l'épître aux Hébreux, souvenez-vous simplement que ce n'est pas une épître, elle n'est pas de Paul et elle n'est pas adressée aux Hébreux.

Mes drôles de dames

Mon moral est un peu remonté hier en constatant que parmi les cours flottants qui nous sont proposés, un est professé par Yara Matta. «Figures et ministères de femmes dans le nouveau testament», le genre de sujet que j'évite spontanément: je déteste ce que je ressens comme un hochet destiné à nous expliquer que nous sommes reconnues dans l'Eglise et que notre sort n'est pas à plaindre alors que la réalité est que, quelles que soient l'opinion et la valeur des hommes d'Eglise qui nous entourent, la structure nous laisse dans les marges en préférant penser à nous comme à des mères que comme à des personnes à part entière ("citoyen de seconde zone", diraient les homos). Mais bon, si c'est Yara Matta qui est le professeur, j'y vais sans hésiter. Je regrette encore d'avoir écouté les conseils qui en première année nous avaient déconseillé de suivre son cours sur les Psaumes au prétexte qu'il valait mieux attendre d'avoir fait le cursus sur l'Ancien Testament: l'année suivante, ce cours n'existait plus et j'en ai un regret profond.

Anne-Sophie Vivier-Muresan spécialiste de l'islam (signe des temps, cette année son cours est recentré sur l'islam en France), Anne-Catherine Baudoin spécialiste de grec et Yara Matta, exégète bibliste, un trio exceptionnel. Quelle chance de les avoir comme professeurs.

Si je m'inscris en grec III (mardi soir toute l'année 19-20h), en cours flottant (mercredi jusqu'à Noël 20-22h) et en lecture grecque (un jeudi par mois, neuf jeudis au total, 19-21h), il va y avoir des semaines où je vais être en cours quasi tout les soirs (enfin, deux ou trois fois: en octobre, novembre et décembre).

Lundi : cours

Congar au centre Sèvres. Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue là. Un Allemand, un Polonais, un Indien dans les élèves.
Congar. Mon genre. 1790 titres (articles, livres, etc) recencés à ce jour.
Conseil de prof :«Je vous conseille vraiment d'avoir un théologien de référence, un compagnon de route; c'est ce qu'on nous conseillait quand j'ai commencé mes études — moi j'avais choisi Irénée».
«On est toujours un débiteur et un héritier, ça fait partie de l'expérience théologique.»

Latin. La prof est très brouillonne, elle en dit trop, elle explique trop de choses inutiles pour un début, elle perd les étudiants — elle me fait penser à moi expliquant.

Exégèse (après des lundis d'ecclésiologie et de sociologie). Saint Paul. Voilà Saint Paul. Treize lettres, sept authentiques, quatre de seconde main, deux adressées à des personnes.
Saint Paul a été lu pendant des siècles à travers le prisme de la lecture de Luther (la justification par la foi, Romains 1 à 8, on ne lisait pas la suite) lisant Augustin. Cette lecture a été remise en cause récemment, sans que de nouvelles pistes se soient vraiment dégagées. Personne n'ose se lancer. (Et je pense à Marc et «What time is it? Kairos!»).
Je ne doute pas que certains amis seront heureux ou amusés d'apprendre, ordre alphabétique oblige, qu'en haut de la bibliographie figure le Paul de Badiou.

L'oral portera sur une courte péricope. Je penche pour l'épître aux Colossiens.

Ontologie fonctionnelle

«Il y a coïncidence entre la christologie ontologique et la christologie fonctionnelle : ce qu'il dit coïncide avec ce qu'il fait.»

In petto je m'étrangle de rire : c'est la définition de la démarche qualité. Dommage que j'ai quitté le domaine, je pense que j'aurais eu du succès en annonçant que la qualité permettait à l'ontologique de coïncider avec le fonctionnel.

Deux films

J'ai feuilleté L'officiel des spectacles en me demandant ce que Marc serait allé voir. C'est fou le nombre de films que j'ai notés: Annonces, Dans un jardin je suis entré sur le Moyen-Orient, Miele sur l'euthanasie, The Way sur Compostelle, Les Conquérants sur le Graal… Est-ce toujours comme ça et mon œil a changé (il voit ce qu'il ne remarquait pas), ou se passe-t-il quelque chose en ce moment?

Annonces d'abord parce que j'ai peur qu'il ne passe pas longtemps. Où trouve-t-on, et comment, des femmes comme celles-ci, avec un telle bagage? Quatre alphabets, grec, arabe, hébreu, latin. Trois langues, hébreu, arabe, français. Le Liban: pas d'anglais. Des souvenirs de filiation. Tout tourne autour de la maternité, mais une maternité sans les pères, ce qui me met mal à l'aise. J'aurais été très malheureuse de ne pas avoir de père.
Presque à la fin apparaît Barbara Cassin. Elle dit que Lyotard lui a dit qu'elle s'occupait des Grecs pour ne pas s'occuper des Juifs. Elle redit cette phrase que j'aime tant: «En Grèce, vous pouvez croiser un dieu, c'est même assez courant». (Ou alors je viens de trouver par hasard le film qu'évoquait Marc?) Elle dit une chose qui ne m'avait jamais effleurée: que les dieux grecs mettaient les femmes enceintes tout le temps (voilà qui inscrit Marie dans une lignée, c'est bizarre de penser ça. Les dieux grecs pour moi sont tellement païens. Deux lignes qui ne se rencontrent pas). elle parle d'en-thou-siasme, être habité par un dieu, et cela me fait plaisir, parce que c'est le commentaire de mon chargé de TG l'année dernière me concernant: "enthousiaste".

Le film ne dure qu'une heure. En sortant j'étudie L'officiel et m'aperçois que j'ai juste le temps de voir Les Conquérants au Mk2 Hautefeuille.
Ce film m'a amusé, il m'a plu. Rien d'extraordinaire, il tourne autour une idée loufoque — retrouver et déplacer le graal porte malheur. De bons moments sur les terrains de foot (citation de Marcel Gauchet de l'entraîneur à son équipe, si si. Autre citation: «Vous êtes là pour créer du lien. Celui qui n'a pas compris ça n'a rien à faire ici»), des paysages basques, un beau sein (pour les amateurs). Une chose un peu étonnante, c'est que le graal est totalement déconnecté de sa dimension chrétienne. A côté du collier africain porte-bonheur, ce n'est qu'un talisman de plus, sans histoire (je veux dire sans récit). C'est étonnant d'évacuer ainsi la foi pour ne garder que la magie, comme si la magie était moins dangereuse (à évoquer) que la foi. J'y vois un retour aux superstitions, mais je suppose que la plupart des gens y voient un progrès.

Problème de RER. Je lis L'interprétation de la Bible dans l'Eglise en souriant (de surprise) d'y découvrir un exposé des différentes méthodes de lectures, dont la sémiotique greimassienne, que ma professeur d'hypokhâgne refusait de nous expliquer comme "trop compliquée". (J'ai encore dans ma bibliothèque une étude par le Groupe d'Entrevernes — jamais lu.)

Songe

«Si vous voulez lire le Targum de Babylone en araméen, il existe l'édition xxx, un peu ancienne, mais excellente.»

Ce qui soutient le rêve, c'est qu'elle est sérieuse, elle paraît réellement imaginer que deux ou trois d'entre nous allons lire le Targum en araméen.





Ce matin la chatte était là en train de réclamer, comme si de rien n'était.

Actualités

En ce moment, ça se passe ici ou ici ou encore ici.

Mes cours ont repris la semaine dernière avec Yara Matta. C'est un pur bonheur difficile à transmettre. C'est un tissu de références et de citations croisées, non plus des allusions obscures et déstabilisantes à des textes en akkadien, égyptien ou assyrien, mais une circulation rapide dans les textes du Talmud, Targum, etc. Circuler de versets en versets via un mot ou un thème lors d'un commentaire rabbinique s'appelle "faire un collier".
Et tandis que Yara Matta nous explique le contenu des offices à la synagogue et leur évolution, la similitude avec la liturgie latine éclate (deux lectures, introduction d'un psaume après 70 (concile de Yabneh), une homélie). Cela ne semble pas avoir deux mille ans mais cinquante ou dix, c'est hier ou aujourd'hui. La liturgie comme immobilisation du temps, éternité. Nos deux traditions si proches sont sœurs et la douleur de la destruction des juifs d'Europe remonte, tant de haine tant de siècles, à l'image des nombreux frères ennemis de l'Ancien Testament, et tout cela alors que nous sommes les mêmes, nés des mêmes récits.
Il y a une douleur et une joie dans ces cours, dans ce cycle de théologie, que je ressens très profondément mais que je ne sais pas exprimer. La façon dont le temps boucle, de l'an zéro aux années 1940, est pour moi une évidence. Nous vivons après la fin du monde, ou d'un cycle.

Deux références:
La traduction du Targum du Pentateuque (Torah en araméen) en français par Roger Le Déaut
et Ephraïm Urbach, Les sages d'Israël, qui, selon les termes de Yara Matta, est «à lire l'été. C'est un gros pavé mais très agréable à lire, qui couvre la période des Tanaïm jusqu'au 5e siècle».

Corinthe

Ciel très couvert ce matin. Après quatre jours de chaleur et de ciel bleu, je comprends le désarroi de mes coreligionnaires il y a une semaine: je veux du soleil!

Ce matin, notre groupe est de service: mettre les couverts à disposition, sortir le beurre et la confiture, etc.
Il y a un problème de plomberie (tuyau bouché à cause de trop de débris), il n'est pas possible de faire la vaisselle dans la cuisine.
Décision de crise une fois de plus (c'est merveilleux, cette façon sans heurt de gérer l'imprévu en continu pour un groupe de cinquante et un emploi du temps à respecter): assiettes en carton, gobelets, deux grands bacs remplis au tuyau d'arrosage sur une table, et allons-y pour une vaisselle de campagne. Grâce au soleil d'hier, l'eau est quasi tiède.

Nous partons à Corinthe sur les traces de Paul. Dans le bus nous avons une présentation de Paul et de Corinthe, la "New York" de l'époque, le carrefour de toute la Méditerranée, de l'Orient et l'Occident. C'est très intéressant mais j'aurais aimé un peu de silence, je commence à souffrir du manque de temps personnel: impossible de lire ou d'écrire tranquille plus d'un quart d'heure, dans la journée je passe mon temps à prendre des notes, le soir je m'endors sur mon livre ou sur le clavier.
Je copie-colle une partie de mes notes

Marc nous présente Paul à partir de la présentation que Paul fait de lui-même en Philippiens 3.
Paul vient de Tarse, capitale de la Cilicie. C'est un pharisien (fils de pharisiens, ajoute Luc dans les Actes): groupe extrêmement attaché à la loi avec lequel Jésus discutera souvent. Mouvement laïc (hors des prêtres) attendant un renouveau spirituel; de la tribu de Benjamin (ce qui explique le prénom rare de Saül : Paul a une gde conscience de sa généalogie. Très peu de juifs s'appellent Saül à l'époque de Jésus, car ce premier roi a mal fini.)

Un théologien américain a dit que la gde question, l'unique question que pose Paul à ses contemporains c'est : «What time is it?», changement de période, changement des temps.

Paul appartient au 1% des hommes les plus instruits de l'Empire. Connaissance littéraire et philosophique, réseau de famille dans tt bassin méditerranéen. Luc nous dit qu'il est citoyen romain. Statut extrêmement rare dans l'empire.
Comment cela est-il possible? Hypothèse: à Corinthe, Paul réside chez Aquilla et Priscille, marchands de tentes et déjà chrétiens (ce n'est pas Paul qui les convertit). Paul avait le même métier qu'eux, or un métier s'apprend en famille. Donc hypothèse : la famille de Paul (marchands juifs de Tarse) a peut-être rendu service aux armées grecques (en les fournissant en tentes et en acceptant des délais de paiement) et l'Empire en retour leur aurait accordé la nationalité romaine.

Les lettres de Paul sont les documents les plus anciens du Nouveau Testament que nous possédions. Sa première lettre date de 49-51 (1Thessalonissiens). Paul ne se déplace que dans les grandes villes de l'Empire (Ephèse, etc).
Pourquoi le voyage à Corinthe est-il capital? Parce qu'il permet la datation des voyages de Paul. Paul y est jugé par Gallion qui était là mi-51, mi-52 => cela permet de dater toute la chronologie de Paul.
Gallion était beau-frère de Sénèque (il existe une fausse correspondance Sénèque/Paul très réaliste. Malgré tout il est possible que Paul ait été en contact avec Sénèque à Rome).


Corinthe.
Ville très florissante dans l'Antiquité à cause de ses ports.
Conquise. Révolte en -150 contre les Romains qui l'ont complètement ravagée. Elle est restée vide pendant cent ans. Puis les Romains l'ont reconstruite et transformé en colonie latine pour les soldats quittant le service (dons de terre, cf Le Domaine des dieux. Ville romaine, les inscriptions retrouvées sont en latin, pas en grec.
Un port, Cenchrées, mettait en relation la Syrie, l'Egypte et toute l'Asie; un autre, Léchée, vers l'Occident.
5e port le plus important de l'empire. Donc races et origines très mélangées d'où la difficulté pour Paul de conserver la cohésion des Corinthiens.
Jeux isthmiques. Ciment pour l'identité.
Montagne en cuvette qui recueille l'eau: permet d'accueillir des garnisons importantes.

Importance pour Paul d'aller à Corinthe: pour Paul, les ports étaient importants car en évangélisant les juifs des ports, il faisait de ceux-ci des évangélistes quand ils se déplaçaient. Ce n'était pas un hasard, c'était une méthode.

Incise de Catherine. Nous sommes passés devant Eleusis. Les mystères d'Eleusis sont très mal connus. Culte à Demeter et Coré, dans lesquels les femmes avaient sans doute bcp d'importance. Cela peut peut-être expliquer pourquoi Paul dit aux femmes de se taire dans les assemblées: il fallait se distinguer des mystères d'Eleusis qui pouvaient en apparence ressembler au christianisme (grande intériorisation, peut-être ou sans doute).

Pour donner une idée de l'atmosphère du port : «il n'est pas permis à tt le monde d'aborder à Corinthe» (proverbe latin = vie de patachon.), ou "corithinsein", se prostituer.

Leonardo Vezzani nous explique le contexte des lettres aux Corinthiens. Nous possédons deux lettres. Les exégètes les plus prudents parlent de quatre, mais il y en a eu peut-être davantage.

Première lettre aux Corinthiens: nous savons qu'il y en a eu au moins une avant. Les pb de mœurs sont tjrs présents dans les lettres aux Corinthiens. La première lettre disparue était écrite contre les impudicités et a soulevé plus de pb qu'elle n'en a résolus.
=> donc qq'un a demandé à Paul de réintervenir.
1Cor: les mœurs, les rapports entre la virginité et le mariage, la communauté, la question de la viande aux idoles. Reflets d'une vie très compliquée à Corinthe.

A la suite de quoi Paul est contredit en assemblée. Il écrit alors une troisième lettre dite "la lettre des larmes" pour expliquer qu'il est blessé.
La troisième lettre serait la deuxième partie de la deuxième que nous avons. 2Cor 11-13 serait cette lettre des larmes.

On lui donne raison et le fauteur de trouble est expulsé de l'assemblée.
Paul écrit alors une quatrième lettre (le début de la 2Cor) il remercie et demande de l'argent pour les pauvres de Jérusalem. Paul cherche à montrer que les communautés païennes convertis au christianisme sont liées aux communautés.

Il fallait également combattre les "super-apôtres" qui demandaient une conversation au judaïsme avant de se convertir au christianisme.

Comme première approche de Paul, Leonardo recommandera plus tard, en petit comité, le livre un peu romancé (mais citant ses sources) de Dobraczynski L'épée de Dieu. (Ce nom me rappelait quelque chose: c'était celui de l'auteur du roman sur Jérémie).

A Corinthe, nous montons à la stèle qui présente l'hymne à l'amour de Paul en quatre langues (grec ancien, anglais, russe ou vieux slavon (je ne sais pas), français). Personnellement c'est un texte que je supporte mal car il n'apporte aucune solution: «Si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien». OK, je veux bien, mais alors, si on n'a pas l'amour, qu'est-ce qu'on fait?

J'en profite pour acheter des cartes postales (enfin: ça ne laisse plus beaucoup de temps pour les écrire) et une paire de chaussons pointure 46 (avec des pompons).

Puis site du vieux Corinthe. Endroit précis où s'est tenu Paul face à Gallion. C'est tout de même un sentiment étrange, le Nouveau Testament qui prend corps géographiquement.

Quelques explications en marchant, je rapporte un passage:
Les juifs disposaient d'un statut particulier qui les dispensaient du culte à l'empereur => cela couvrit les chrétiens tant que les chrétiens ne furent qu'une sorte particulière de juifs. Cela devint difficile à partir de 73 et de la révolte des juifs.

Ici, Maurice fait une parenthèse inattendue et émouvante (pas qu'au sens affectif, mais: mouvant, remuant, la raison): il prend la parole et évoquant le statut juridique des autochtones dans l'Empire romain, il fait un parallèle avec l'absence de statut (ou de statut clair ou de statut efficace) des populations réfugiées en Europe. Il évoque le sort des déplacés, ces derniers ayant un statut très fragile (ou pas de statut, je ne sais plus) auprès de l'ONU. Un déplacé est chassé de son village et de sa terre, mais dans son propre pays. Ce n'est pas un réfugié. Il cherche généralement à se rapprocher des camps de réfugiés, pour survivre.
Maurice a travaillé au Rwanda dans le cadre des JRS (service jésuite aux réfugiés) et milite pour qu'un déplacé trois ans durant change de statut et prenne celui d'otage, ce qui est souvent la réalité des guerres locales.

Nous reprenons le bus pour aller pique-niquer dans le jardin d'un hôtel qui nous accueille gratuitement et met sa pelouse et sa piscine à notre disposition. Nous débarquons dans un coin de paradis. Pique-nique, baignade, intervention sur Actes 17 (le discours de Paul à Athènes: décomposition des outils rhétoriques. Ce discours servi de modèle à tous les échanges à venir entre théologiens et païens dans les siècles à venir) puis sur les Upanishad (cent huit viennent d'être traduites en français, le livre est énorme).

Pour la première fois je ne prends pas de notes, je crois que je commence à saturer.

Messe sur la pelouse, les prêtres dos à la mer. C'est magnifique. Nous intriguons un peu quelques touristes qui s'approchent puis repartent. Je suis un peu gênée d'être ainsi dans l'exhibition, je songe aux prières des musulmans qui font couler tant d'encre (mais enfin, nous sommes dans un coin reculé proche de la petite chapelle dans l'enceinte de l'hôtel, les orthodoxes ont souvent cela sur leur terrain. Il paraît que cela aurait une raison fiscale.)

Plus tôt, un Grec aux allures de Picasso grandi de vingt centimètres a longuement conversé avec Maurice au milieu de la pelouse. Je pensais qu'il s'agissait du propriétaire qui nous accueille (je dois avouer que je n'en reviens pas. Je n'imagine pas un hôtelier en France accueillir qui que ce soit gratuitement pendant la haute saison sur un site aussi beau). Mais pas du tout, c'est un médecin (client?) ayant repéré que nous étions français et venu dire à Maurice que «les Grecs étaient gentils». «Mais je le sais!» a répondu Maurice.
Cet épisode me fait de la peine, les Grecs se sentent-ils tellement rejetés?

Homélie de Marc, jour de Sainte Marie-Madeleine. De mémoire, quelques phrases marquantes:
La foi est toujours une question de corps, ma grand-père, ma mère, mon curé, mon chef scout…
Le point commun de Marie-Madeleine et de Paul: ils pourraient être ce treizième apôtre dont on parle toujours sans savoir qui il est. C'est un peu comme les tribus d'Israël, le compte n'est jamais juste: onze, douze, treize, quatorze…
La remarque de Celse contre les Chrétiens: «"cette religion fondée sur les racontars d'une femme hystérique" : oui, et nous en sommes fiers». (Je note cette phrase à cause de sa folie objective. Cette folie, je l'aime.)

Nous rentrons. Je suis fatiguée, j'aurais besoin d'être un peu tranquille, de pouvoir lire, écrire, perdre du temps.

Le soir, concert de Jean-Pierre Arbon. Il nous présente sa première chanson en nous expliquant qu'elle a obtenu le prix des Jeux floraux, mais que lorsqu'il a été invité à aller le recevoir, l'organisateur lui a demandé d'en chanter une autre, parce que, a-t-il fini par avouer après moult circonvolutions, il y avait "péter" dans la chanson primée. (Le titre : "être et avoir été". Evidemment, une fois sur Google, j'ai fouillé. Le blog de l'homme vaut le détour.)

PS : le futur futur futur roi d'Angleterre est né (il devrait régner vers 2060, je ne le verrai sans doute pas. Le temps presse.)

Matin

Matinée de TG sur Genèse 1-3. Que de passions et d'emportements.

Je reste stupéfaite de découvrir que dans ce texte pourtant assez court, beaucoup de versets sont comme oubliés, occultés, dans l'imaginaire collectif: le repos du sabbat a fait passer au second plan la description d'un monde végétalien, il y a deux arbres dans l'Eden, un arbre de la connaissance et un arbre de vie (j'avais toujours pensé que c'était le même), etc., etc.

Nous finissons inévitablement par buter sur la question de la liberté et je me dis avec amusement que le péché originel, après avoir été honni pendant des siècles, est en passe d'être accueilli comme le don de la liberté: sacré XXe siècle, il aura vraiment tout retourné!

Sur le chemin du retour je prends un Vélib; de Bastille au pont d'Austerlitz dans les jardins du bord de Seine rive gauche selon mon itinéraire favori je croise le début de la manif pour tous. Je suis à deux doigts de crier aux enfants que je vois «Si on veut vous mettre devant, refusez, n'y allez pas!», mais je me retiens.

Je veux essayer de tenir un Véhesse "léger", parce qu'après tout, il est tout de même rare que je n'ai pas lu chaque jour quelques lignes de quelque chose: pas un jour sans une ligne lue, c'est ce qui pourrait s'approcher le plus de la vérité me concernant. Et je n'ai pas vraiment le temps de tenir un Véhesse "lourd", et puis je crois que cela me gonfle, je parviens à m'ennuyer moi-même.

Trois tiers

Matinée sur Römer (il ressemble un peu à Luchini (je suis contente de constater que la lecture de Dieu obscur m'avait suffi à déduire qu'il était protestant)).

Après-midi à Bois-le-Roi. Je dépose encore quelques livres dans la boîte destinés aux livres qu'on souhaite donner.
Le seul problème de la bibliothèque de Bois-le-Roi, c'est que je retombe dans ma vieille addiction pour les livres de L'école des loisirs, ça se lit vite et me repose. Simple, de Marie-Aude Murail.

The Big Bang Theory saison 2, épisodes 6 à 12.
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