Billets qui ont 'geek' comme mot-clé.

Recette

La base de données a été basculée, les tables ont été testées les unes après les autres et rechargées une à une.
Je ne dois pas créer de catégorie de plus de deux cent cinquante caractères, ce qui me paraît une contrainte facile à respecter.

Il n'est pas sûr que ça fonctionne en modification.

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Ç ù & @ $ %

Ça paraît OK. Il reste des anomalies ça et là, mais pas dans le corps de texte.

UTF8 ou le Suédois m'emmerde

Hier je me connecte : signes cabalistiques partout (plus exactement, signes diacritiques remplacés par des signes cabalistiques).

Apparemment il s'agit d'un problème de mise à jour de MySQL par OVH ou quelque chose du genre. Ce sera réparé dans quelques jours.

En attendant, pour ceux qui savent et se souviennent, vous pouvez aller lire Gvgvsse.

Carte bleue

Il y a une quinzaine de jours, j'ai reçu une nouvelle carte bleue, alors que la précédente avait une date d'expiration en octobre. (mon conseiller bancaire ne connaît pas la raison de ce renouvellement anticipé). Pour valider cette nouvelle carte, il fallait faire un retrait. Je me suis dit que cela pouvait attendre, puisque la précédente allait jusqu'à l'automne.

Cependant, mes achats du week-end ont été contrariés à plusieurs reprises: ma carte bleue était refusée. Je me suis donc décidée à faire le retrait fatidique aujourd'hui.
Ce soir j'ai mis à jour ma carte bleue sur Amazon. Je m'apprêtais à en faire autant dans mon téléphone (cela fait des mois que je ne paie plus qu'avec mon iPhone — ce qui me vaut parfois des réactions à peine polies, du type «vous êtes moderne pour votre âge» ou mieux «je connais des jeunes moins modernes que vous» (mais ta gueule petit con) quand je me suis rendue compte que… cela s'était fait tout seul, la carte actuellement utilisée par mon smartphone était la nouvelle, avant même le retrait effectué aujourd'hui.

Cependant il a fallu que j'enregistre ce soir cette nouvelle carte dans ApplePay sur mon ordinateur. Donc c'était à jour sur mon smartphone mais pas sur mon ordinateur.
Je ne comprends pas comment la mise à jour s'est faite sur mon smartphone. Un accord avec ma banque? le GIE carte bleue? mais pourquoi sur mon iPhone et pas sur mon Macbook?

Faux départ

Le projet initial, c'était de dîner ce soir à Châlons-en-Champagne avec les parents de H puis de partir demain matin pour être à la frontière polonaise le soir, la frontière lituanienne le surlendemain soir et Tallin le troisième soir. Pourquoi cette hâte? C'est que nous sommes si nuls en voyage, si incapables de nous dépêcher et de nous tenir à un plan qu'il nous a semblé que c'était la seule façon d'être sûrs (sûrs, aux aléas politiques et militaires près; sûrs, à la carte d'identité d'H. près) d'atteindre Tallin: si nous prenions notre temps nous n'y arriverions jamais.

Matin studieux pour H. qui débuggue pendant que je repasse (Down by law, Permanent vacation (le long traveling arrière parfaitement stable sur Manhattan qui s'éloigne, présence des deux tours. Mais comment a-il annulé les mouvements du bateau?); Jarmusch me rappelle l'une des rares règles de cinéma que j'ai fini par dégager: pas de grand film sans une bande-son impeccable), puis ma valise, puis déjeuner. H. remonte travailler, je range le rez-de-chaussée, lave les vitres de la voiture, fait la vaisselle. H. survient, découragé: «je n'aurai pas fini ce soir, je vais emmener mon ordinateur, je travaillerai ce soir…».
Pour une fois je refuse: «pas question. Il te faut combien de temps? Appelle ton père, décale le repas à demain, retourne travailler. Je ne veux pas de vacances où tu passes toutes tes soirées sur l'ordi, autant rester ici.»
Il va vraiment falloir qu'il change de boulot. Il a tant de mal à se motiver que cela devient infernal.

Je me mets à la partie théorique du brevet SPL (Sail Plane Licence) en attendant. Cours sur l'oreille interne, la cochlée, les otolytes.

Cinq heures et demie: «c'est bon, il me reste deux petits bugs, on peut y aller, je terminerai ce soir à l'hôtel, je laisserai mon ordinateur demain chez mes parents.»
Ce n'est pas tout à fait satisfaisant — j'aurais préféré que tout soit fini avant de partir et qu'il n'emmène pas son ordinateur, mais c'est mieux que rien. Cela fait descendre la tension d'un cran, je parle d'expérience.

Nous chargeons la voiture, bagages ajustés au coffre. Habituel problème des médicaments, glaçons, glacière; chaque fois je pense au journal de Viktor Klemperer, lorsqu'il voit un de ses voisins déporté partir sans son traitement contre le diabète et l'inquiétude de ses proches. Evidemment je ne peux pas le dire, c'est trop bizarre; mais cette histoire de médicament (et des risques de l'oublier) me mine.

Départ finalement; nous ne nous sommes pas si mal débrouillés. J'aime prendre la route, trois kilomètres au compteur et un objectif quelque part tout droit trois mille kilomètres plus loin (peut-être qu'en plissant les yeux vraiment fort on pourrait l'apercevoir?); cette fois je me souviens du début du Seigneur des Anneaux, ou plutôt de Bilbo le hobbit: «tous les chemins commencent devant ta porte».

Campagne décapottée, restaurant le Mange-disque à Villenauxe-la-Grande, arrivée à l'hôtel à presque onze heures… et maintenant H. débuggue et je blogue. Je tombe de sommeil. Au lit !

Orage et MI5

Orage donc pas de planeur, journée «bâchée». Aussitôt s'ouvre une éternité de temps devant soi qu'on s'imagine remplir de mille trucs en retard — pour finalement avoir classé ses mails, répondu à un ou deux d'entre eux en regardant Princesse malgré elle (bof. Je préfère les trucs pour ados plus musclés, genre Trinkets ou One of us is lying.)

Mission Impossible 5 à Dammarie-les-Lys (mais pourquoi si loin? Pourquoi ce film ne passe-t-il pas à Montereau ou Fontainebleau?). Les vingt dernières minutes de cascade sont parfaites, mais la première heure est verbeuse, avec des courses poursuites convenues qui pourraient être écourtées.
MI4 parlait de surpopulation et de virus, MI5 nous parle d'une IA en quête avancée d'autonomie, entre Terminator et ChatGPT.
Sachant que le film a forcément été tourné avant que ChatGPT ne soit rendu public, cette conscience de l'air du temps est à souligner.

Commentaire de H. : «tout le monde savait que Windows travaillait dessus [commentaire pour dire que ce n'est pas si extraordinaire que MI5 paraisse s'en inspirer]; mais je ne pensais pas qu'il le mettrait à disposition du grand public.»

Entre deux chaises

Nous avons lancé un appel d'offres pour un développement informatique (ou quatre, ou quatre en un). C'est toujours extrêmement embarrassant pour moi: j'ai toute la compétence à domicile (via H.) pour savoir quelles questions poser; mais lorsque je suis au bureau, je n'ai aucune compétence personnelle pour juger des réponses.

Et décider en une semaine1 d'un engagement de 700 000 euros HT sur cinq ans (sachant qu'en assurance on ne récupère pas la TVA) me semble vraiment léger (le développement est urgent et les décideurs partent en vacances).

Bref, cette situation est inconfortable et frustrante.



Note
1 : ce n'est pas moi qui décide, je me contente de mettre des grains de sable dans les engrenages, ce qui est une autre source d'embarras : celle qui conteste sans apporter de réelles solutions.

Déco geek

Il y a quasi un an, H. avait vu passer un projet de coussins sur KissKissBankBank.
Nous avons cru un moment que le projet ne se réaliserait jamais, mais aujourd'hui j'ai reçu un coup de fil excité: les coussins étaient arrivés.



Les coussins ne sont pas sponsorisés par Apple, et le logo est remplacé par un carré.

Désillusion

Ce matin huit brinquebalant, par un temps gris et doux.

A la pause café qui suit, j'essaie de comprendre la composition des huit à Angers (la Coupe des dames mi-octobre). De l'enthousiasme post-Creusot il ne reste rien. Au départ on avait parlé de deux mixtes de pointe le dimanche, ce qui logiquement donnait un huit de femmes le samedi. Mais le pass sanitaire est passé par là, certaines ne se sont pas réinscrites au club.

Je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait pas d'entraînement en huit d'organisé, je découvre qu'il y a un huit furtif dont on ne parle pas, qui a piqué les quatre filles les meilleures (pincement au cœur de ne pas en être). L'autre huit est le regroupement des rameurs qui restent. Nous ne sommes plus que deux filles dedans, ce qui fait que le bateau sera classé en "hommes" et non en mixte.
Ce bateau ne s'est encore jamais entraîné ensemble. Quand on sait qu'à notre niveau et notre âge, 90% de la réussite dépend de notre capacité à être parfaitement synchrone…

Je suis très déçue, mais surtout je ne comprends pas ce qui s'est passé. Comment est-on passé d'une situation où on a fait le forcing pour que j'aille au Creusot à une situation où il n'y a pas de huit femmes pour la Coupe des dames et où je ne suis pas dans le "bon" huit? Est-ce parce que j'ai été absente deux semaines, parce que j'agace Micheline (du moins je crois que je l'agace. Je suis peut-être paranoïaque, mais en général j'ai un bon feeling de ce genre de chose), ou tout simplement parce que je n’ai pas le niveau? (les explications les plus simples sont souvent les meilleures).

Je termine Mes funérailles qui a l'inconvénient d'être en islandais et donc d'obliger à lire les sous-titres plutôt que d'écouter d'une oreille.
Tard le soir je me mets à Wordpress, télécharge une fois de plus Divi et me met à paramétrer et à traduire une extension de gestion de cookies pour le site de mon ancien boulot.
Je me couche bien trop tard.

Journée peu glorieuse

Abominablement traîné sur Twitter toute la journée, tout ça parce que je ne sais pas trop comment présenter des résultats pour une réunion lundi matin.

Bref, je vais devoir travailler ce week-end. Quelle malédiction me pousse ainsi à ne pas travailler au bureau pour travailler sur mon temps libre? (Si au. moins j’avais blogué… mais même pas.)


J’écris cela dans le train du retour, sur l’ancien iPod pro de H., que H. m’a équipé d’un clavier. Il me prédit que cela va remplacer mon MacbookAir dans mon cœur mais j’ai du mal à y croire, d’une par parce que j’aime les ordinateurs (et pas les tablettes), d’autre part parce que l’ensemble tablette+clavier est lourd.

On pourra épiloguer sur la nécessité d’avoir les deux: aucune et j’ai vaguement honte de cette débauche de moyens. H. s’est acheté le nouvel iPad Pro (il l’attendait avec impatience) et m’a donné son ancien, tout en recyclant mon ancien (qui déjà était un ancien à lui) auprès de mon père. La famille applique à ses Mac la stratégie des dominos.
Il est impossible de dire non puisque ça part d'un bon mouvement, que H. est heureux de me donner le meilleur matériel — même si je n'en ai pas besoin.

Nouveau départ

«Leur Jésus est un autre.» J'adore.

Ça me rappelle ce passage de Proust:
Il fallut pourtant une circonstance exceptionnelle pour qu'un jour [le directeur] découpât lui-même les dindonneaux. J'étais sorti mais j'ai su qu'il l'avait fait avec une majesté sacerdotale, entouré, à distance respectueuse du dressoir, d'un cercle de garçons qui cherchaient par là moins à apprendre qu'à se faire bien voir, et avaient un air béat d'admiration. Vus d'ailleurs par le directeur (plongeant d'un geste lent dans le flanc des victimes et n'en détachant pas plus ses yeux pénétrés de sa haute fonction que s'il avait dû y lire quelque augure), ils ne le furent nullement. Le sacrificateur ne s'aperçut même pas de mon absence. Quand il l'apprit, elle le désola. «Comment, vous ne m'avez pas vu découper moi-même les dindonneaux?» Je lui répondis que n'ayant pu voir jusqu'ici Rome, Venise, Sienne, le Prado, le musée de Dresde, les Indes, Sarah dans Phèdre, je connaissais la résignation et que j'ajouterais son découpage des dindonneaux à ma liste. La comparaison avec l'art dramatique (Sarah dans Phèdre) fut la seule qu'il parut comprendre, car il savait par moi que, les jours de grandes représentations, Coquelin aîné avait accepté des rôles de débutant, celui même d'un personnage qui ne dit qu'un mot ou ne dit rien. «C'est égal, je suis désolé pour vous. Quand est-ce que je découperai de nouveau? Il faudrait un événement, il faudrait une guerre.» (Il fallut en effet l'armistice.) Depuis ce jour-là le calendrier fut changé, on compta ainsi: «C'est le lendemain du jour où j'ai découpé moi-même les dindonneaux.» «C'est juste huit jours après que le directeur a découpé lui-même les dindonneaux.» Ainsi cette prosectomie donna-t-elle, comme la naissance du Christ ou l'Hégire, le point de départ d'un calendrier différent des autres, mais qui ne prit pas leur extension et n'égala pas leur durée.

Proust, Sodome et Gomorrhe
Ceci me permet d'un même élan de donner à Matoo ce lien vers La Recherche en ligne.

Cuisine virtuelle

J'ai parfois parlé de nos conversations dans la cuisine, sans espoir dans donner une idée exacte ou même approchante.

Voici, roulements de tambour, une transcription d'une discussion WhatApps entre les deux frères et la sœur qui donne une approximation du nawak familial.

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[16:36, 6/18/2021] C: [A: Mais Jesus aurait-il eu autant d'impact sur l'histoire s'il n'avait pas été trahi et mis sur la croix ?]
Non, c'est pour ça qu'il a demandé à Judas de le trahir.

[16:37, 6/18/2021] C: Malin le Jésus

[16:37, 6/18/2021] A: Quelqu'un a vu DaVinci Code ici ?

[16:37, 6/18/2021] C: Je l'ai lu et je l'ai promptement effacé de ma mémoire. Je me souviens juste que j'ai vraiment pas aimé.

[16:38, 6/18/2021] A: [C: Non, c'est pour ça qu'il a demandé à Judas de le trahir.]
Autrement dit si on est treize à table, ça veut juste dire que l'un d'entre nous est le personnage qui fera avancé le protagoniste.
Donc….
Qui est qui ?

[16:38, 6/18/2021] A: Le film est fun.

[16:45, 6/18/2021] Cam: [A:Autrement dit si on est treize à table, ça veut juste dire que l'un d'entre nous est le personnage qui fera avancé le protagoniste. Donc…. Qui est qui ?]
Je suis Philippe. Ca veut dire j'aime le cheval.

[16:45, 6/18/2021] C: L'apôtre Phillipe est une nouveauté pour moi 🤔

[16:46, 6/18/2021] Cam: Je crois en Wikipédia.

[16:48, 6/18/2021] C: Moi aussi, je ne connais pas les noms des apôtres par coeur.

[16:50, 6/18/2021] A: J'ai des trucs plus intéressant à apprendre 🤣

[16:52, 6/18/2021] C: Je dis pas que c'est pas vrai, je dis juste que t'es sans doute la personne que j'appellerais si j'avais besoin de quelqu'un pour réciter les 751 pokémons dans l'ordre...

[16:53, 6/18/2021] A: Pour la g1 [première génération] sans doute. Après tu m'en demande trop pour l'ordre. Ça et je n'ai toujours pas eu l'occasion de jouer à un nouveau jeu pokemon depuis XY...

[16:55, 6/18/2021] A: Je les ai mais je n'y ai pas encore joué. J'ai rubis omega mais pas saphir Alpha. Et je n'ai rien après ça. De toute façon il me faut la switch pour jouer au dernier donc ça attendra. Enfin bref, tout ca pour dire que je connais un peu les nouvelles génération grâce au cartes mais je suis à la traine...

[16:59, 6/18/2021] O: [C: Je dis pas que c'est pas vrai, je dis juste que t'es sans doute la personne que j'appellerais si j'avais besoin de quelqu'un pour réciter les 751 pokémons dans l'ordre…]
Français ou anglais ?

[17:00, 6/18/2021] A: J'ai une certaine connaissance des deux mais rien d'extraordinaire.

[17:00, 6/18/2021] O: Je commence à être bon aux noms anglais à force de regarder des vidéos anglaise.

[17:00, 6/18/2021] O: Mais bon rien de Folichon.

[17:01, 6/18/2021] C: Same.

[17:01, 6/18/2021] C: Je pense que je connais les deux premières génération. Après c'est même pas la peine.

[17:01, 6/18/2021] A: Tu regardes des vidéos pkmn en anglais ?

[17:01, 6/18/2021] O: Vi.

[17:01, 6/18/2021] A: Pas moi 🤣

[17:01, 6/18/2021] O: Je regarde des challenges débiles et des speedruns.

[17:02, 6/18/2021] C: Pareil, ça me sert de fond quand je travaille à préparer mes jeux de rôles.

[17:02, 6/18/2021] A: Je fais à peu près tout en anglais mais les animés sont dans leur langue d'origine. J'ai eu un peu de mal à m'habituer au chinois

[17:03, 6/18/2021] O: [C: Pareil, ça me sert de fond quand je travaille à préparer mes jeux de rôles.]
Je t'ai vu t'abonner une fois sur le stream de Keizaron ça m'a fait rigoler (c'était y'a très très longtemps).

[17:03, 6/18/2021] O: [A: Je fais à peu près tout en anglais mais les animés sont dans leur langue d'origine. J'ai eu un peu de mal à m'habituer au chinois]
Les animés pokémons sur chinois ?

[17:03, 6/18/2021] A: Lol

[17:03, 6/18/2021] O: sont*

[17:03, 6/18/2021] C: J'aime bien Keiz. Je le regarde encore de temps en temps. Les cinqo bingo race sont vraiment cools.

[17:03, 6/18/2021] A: Non. Mis à part les films je ne regarde quasiment pas de pokemon

[17:04, 6/18/2021] A: Je suis plus dans les jeux et les cartes

[17:04, 6/18/2021] O: [C: J'aime bien Keiz. Je le regarde encore de temps en temps. Les cinqo bingo race sont vraiment cools.]
Yep.

[17:04, 6/18/2021] O: Y'a des animés de carte pokémons ?

[17:05, 6/18/2021] A: ?

[17:05, 6/18/2021] O: Bah c'est ce que je comprends de ce que tu me dis. 😅

[17:06, 6/18/2021]
affiche pokemon shojo


C: Tu savais qu'il y avait un manga shojo pokémon, qui a genre une quinzaine d'année ? Fuel à cauchemars.

[17:06, 6/18/2021] A: Je vois pas où ça bug. Je ne regarde pas pokemon mis à part les films. Je suis plus dans les cartes et les jeux. Autrement dis pas les animés.

[17:06, 6/18/2021] O: Je ne savais pas. Je sais pas si je suis content de le savoir.

[17:06, 6/18/2021] O: Bah qu'est-ce que tu regardes en chinois tout simple.

[17:06, 6/18/2021] O: simplement*

[17:07, 6/18/2021] A: Et aujourd'hui, quoi que je regarde je privilégie la langue d'origine. Donc quand les animé sont d'origine chinoise, c'est en chinois

[17:07, 6/18/2021] A: Genre Quanzhi Fashi

[17:07, 6/18/2021] O: [A: Je fais à peu près tout en anglais mais les animés sont dans leur langue d'origine. J'ai eu un peu de mal à m'habituer au chinois]
Animés sont en langues d'origine, j'ai du mal avec le chinois.

[17:07, 6/18/2021] C: [A: Genre Quanzhi Fashi]
Ah bah oui, tout à fait, je sais exactement ce que c'est, bien sûr, tout à fait.

[17:07, 6/18/2021] O: D'accord. Je croyais que tu parlais de pokémont.

[17:07, 6/18/2021] O: -t

[17:07, 6/18/2021] A: Versatile mage

[17:07, 6/18/2021] C: Ah !

[17:07, 6/18/2021] O: Ah ça.

[17:08, 6/18/2021] O: J'ai essayé 50 chapitres j'ai décroché.

[17:08, 6/18/2021] C: /me retourne travailler.

[17:08, 6/18/2021] O: Bon travail 🙋‍♂️

[17:08, 6/18/2021] A: Le manga est dur à lire car dispersé. Mais je suis les light novels. Et l'anime est sympa.

"Mon" site

Journée à mettre à jour le site de mon ancienne boîte. Travail officiel puisque la contrepartie d'avoir écourté mon préavis était de pouvoir intervenir quelques journées sur mon précédent poste.

C'est un site que j'ai construit de toutes pièces et en cachette en août 2018, d'une part par curiosité et parce que ça m'amusait, d'autre part parce que répéter et expliquer sans arrêt la même chose devenait peu à peu au dessus de mes forces.
Il a ensuite fallu que je le fasse accepter par les administrateurs. Le trésorier a fait un déni («Mais qu'est-ce qui t'a pris de faire ça?» puis il a fait comme si le site n'existait pas), le président a apprécié, notre vie en a été transformée: à la longue nous avons très nettement diminué les appels téléphoniques.

Evidemment, le problème qui se pose maintenant est la survie de ce site puisque je suis partie et que personne ne sait le maintenir. J'avais prévu de former J. en 2020, mais le confinement m'en a empêché.
Donc lorsque j'ai démissionné j'ai pris l'engagement de le maintenir.

C'est un site très austère, sans photo. C'est un site à la fonction de mode d'emploi, rempli de procédures. Il n'a aucune vocation commerciale puisque la condition pour adhérer à la mutuelle est d'être salarié du groupe.

Depuis ma formation Wordpress je l'ai mis aux normes SEO en hiérarchisant les pages, en ajoutant des titres et des sous-titres, ce que je n'aime pas car cela surcharge les pages de gros caractères gras.

Bref, autant j'en étais fière au début (mon premier site construit toute seule), autant je ne le supporte plus vraiment, tout en aimant toujours autant le bidouiller. C'est sans doute pour cela (pour que vous me disiez «mais non, il est très bien ton site» (mais je sais bien qu'il est tristoune)) mais surtout parce que j'ai quitté le groupe, que je vous en donne le lien.

C'est si étrange. Ai-je bien compris?

Dans les mentions légales du site Tartempion je trouve la phrase «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site www.tartempion.fr sans l’autorisation expresse et préalable de Tartempion».

J'éclate de rire: cela faisait partie des mentions qu'on tournait en ridicule circa 2003, pour illustrer les webmestres qui n'avaient pas compris que le buzz, la publicité naturelle, les liens vers leur site étaient une bénédiction, la manne que nul n'osait espérer, et qu'interdire les liens vers leur site était absurde et contreproductif.

Par curiosité, je fais une recherche google avec les mots «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site xxx sans l’autorisation expresse et préalable de».

A ma grande surprise remonte un nombre respectable de sites, dont des sites gouvernementaux ou culturels. Parfois, plus raffiné, c'est l'interdiction d'un lien vers une autre page que la page d'accueil, (exemple d'un restaurant), le lien devant alors s'ouvrir dans une autre fenêtre.

Il y a encore des progrès à faire sur la compréhension du référencement naturel. Ou la crainte de l'utilisation malveillante des liens est-elle si forte qu'elle en est venue à justifier ce genre de phrase qui ne paraît(rait) plus ridicule?

H. tolstoïen

Mark Hamill a twitté le visage des trois présidents Obama, Trump, Biden en reprenant les titres des trois StarWars originaux


Mark Hamill (mauvais acteur mais twittos parfait) a twitté le visage des trois présidents Obama, Trump, Biden, en reprenant les titres des trois StarWars originaux.
Cela enchante H. quand je le lui montre. Je l'interroge :
— Et après, qu'est-ce qui se passe?
— Comment ça, après?
— Il n'y a pas de films qui se passent après, qui racontent la suite?
— Ah oui… Ça se passe mal.
Et comme je fais la moue:
— Qu'est-ce que tu veux, sinon il n'y a pas de film.

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J'ai oublié de noter (c'est sans doute important pour la suite, donc je le note) que mardi Apple a présenté un microprocesseur révolutionnaire (H., ravi et estomaqué: «ils sont revenus aux sources de l'informatique!») qui embarque sa propre mémoire et sa propre carte graphique (si j'ai bien compris). C'est beaucoup plus puissant en consommant trois fois moins.
Il est possible que les expérimentations aient été menés depuis des années à l'intérieur des iPhones dont les puces sont quasi inconnues. En fait, j'en suis à me demander pourquoi on ne se sert pas de nos téléphones comme ordinateurs : on plugguerait un clavier, un écran, une souris, et roule Mimile.

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J'ai craqué : je suis allée me commander de nouvelles lunettes. Suite au vol du 1er octobre, j'utilisais celles d'il y a trois ans mais je fatigue beaucoup trop.
Une semaine d'attente.

Traces du temps

Du premier au sept novembre. J'ai oublié mercredi. La première est plus terne parce qu'il n'y avait pas de soleil.

arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre
arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre


J'espère ne pas oublier les semaines à venir. Dernières photos.

Mis à jour la version de PHP sur OVH toute seule comme une grande. (Il faut dire que d'habitude je me repose sur H.)

Si vous voulez vous amuser, vous pouvez passer ce test, plus large qu'un test de personnalité. Attention, soyez au calme, la dernière partie porte sur de la logique. Le tout doit faire entre vingt et trente minutes.

Simulation pandémique

Ma fille me signale une vidéo de DirtyBiology du 3 août 2014. C'est génial, regardez-la jusqu'au bout (même si l'aspect over-pédagogique peut vous agacer un instant).

Teaser : Word of Warcraft avait développé pour les niveaux de jeu les plus avancés une nouvelle difficulté: une maladie. Ce que les concepteurs n'avaient pas prévu, c'est qu'il y aurait un bug dans le programme qui a permis à la maladie de s'échapper vers les autres niveaux de jeu. Et comme (spoiler alert) les joueurs sont des humains, ils ont joué en appliquant tous leurs travers humains de bêtise et de curiosité. (Evidemment, si les résultats sont aussi intéressants, c'est que les joueurs sont très nombreux et répartis sur toute la planète: donc ils représentent tous les modes de pensées, à la fois individuels et culturels.)

Et si on relançait le jeu en simulant une fin de confinement, afin d'observer les comportements humains?


Remarque : les youtubeurs ont joué un rôle important auprès des jeunes pour les convaincre de rester confinés. Ce sont des relayeurs sérieux de la pensée rationnelle. Je regarde de temps en temps une de leurs vidéos conseillée par les enfants: cela me rassure de savoir qu'il y a des anti-complotistes pour informer la jeune génération.

Journée de reprise en main

Après une semaine de boîtes de conserve et de ramen je suis allée en fin de matinée à vélo chercher des salades et autres pamplemousses.
Surprise au retour: les voisins de la rue (c'est presque une impasse, une boucle à partir de la rue principale: ma rue ramène à son point de départ) sont tous sortis sur le trottoir, le cul sur une chaise, le verre sur un tabouret, et ils papotent à dix ou quinze mètres de distance dans le soleil printanier.

J'ai insisté pour que nous sortions la table de jardin et mangions au soleil — H. s'est si bien cloîtré depuis trois semaines qu'hier il a peiné à terminer sa première promenade d'une heure hors les murs. Retour au soleil, à l'air, au vent, aux oiseaux.

J'ai planté mes deux clous, la carte d'Australie est suspendue; j'ai scié la vigne, attaché le rosier grimpant. J'ai commencé à trier des papiers dans le grenier, jeté l'ensemble des documents de cours reçus en 2015-2016 (christologie, liturgie). Ces documents me paraissent lunaires, je ne comprends plus du tout pourquoi je me suis lancée là-dedans. Mais bon, je ne savais pas ce que c'était, maintenant je sais.

H. proteste qu'il y a trop de livres dans la maison, je rétorque qu'il y a beaucoup de fils un peu partout.
Photos prises à travers la maison dimanche dernier.





Depuis il trie et regroupe. Il ouvre des ordinateurs, change des cartes (aquand c'est possible car il n'a jamais la bonne sous la main), fait des sauvegardes. Ça m'amuse de le voir faire, j'ai l'impression de rajeunir.

La loi de Brandolini

J'ai désactivé mon compte FB perso parce que FB a désactivé d'autorité un second compte que j'avais créé dans un but plus formel. Il paraît que je dois prouver mon identité... Cela fait au moins vingt ou trente mails que j'envoie avec les justificatifs demandés, rien ne bouge.
Ce sera donc tout ou rien (comme je fais partie des utilisateurs bienveillants vis-à-vis de la pub, il est possible que cela les ennuie un peu. Au pire ça me fera des vacances. Si cela se prolonge, je risque de prendre l'habitude de m'en passer et de détruire le compte. On verra bien.)

J'ai donc soudain beaucoup de temps (le problème de FB, c'est qu'on flâne. C'est un art de la flânerie poussé à l'extrême. On clique, on reclique, paresseusement, on rit, on prend des coups de sang, on fait des associations d'idées, on va chercher des choses dans les coins…). Et donc en ouvrant Twitter, je tombe, via Tristan Kamin, sur la loi de Brandolini (article de Laurent Vercueil):
"La quantité d'énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer";

avec la précision suivante :
la somme énergétique (E) nécessaire au dégonflage est fonction du caractère alarmiste de la prétendue information (A), du crédit attribué à celui qui la diffuse (C), et, not the least, du caractère "occulté", "secret", que le dévoilement courageux a permis de rendre visible (S). La quantité d'énergie nécessaire à la production de cette information (e) est généralement suffisamment nulle pour pouvoir être négligée (e tend vers 0). E sera d'autant plus important (E tend vers KOLOSSAL), que A, C et S sont significatifs.
Baratin pour pipeau ou pipo, pour fake news ou bullshit.
Cela me rappelle le jour où j'ai entendu Happy Potter («Mais qu'est-ce que tu veux dire?») à la place d'«un pipoteur»… (Nous étions à New York, d'où l'oreille déformée vers l'anglais).

Article de décembre 2016, après l'élection de Trump.

Google régresse

Il y a bien longtemps j'ai été formée à la recherche google et j'utilise la syntaxe de recherche avancée: un + devant un mot pour que ce mot soit obligatoirement dans les réponses ramenées par google, un - pour exclure un mot, des guillemets autour des expressions, site:tartempion.fr pour forcer la recherche dans le site tartempion.fr et filetype:pdf pour rechercher des pdf (par exemple: ou docx, xlsx, pptx, etc).

Je suis en train de classer des photos et de les nommer selon la règle suivante: date puis mots clé (les mots que j'utiliserai le jour où je chercherai la photo). Parfois je ne connais pas la date (j'ai la date où la photo m'a été transmise et non celle où elle a été créée) et je fais des recherches dans ce blog pour dater la photo.

C'est ainsi que j'ai découvert à mon grand effarement que la recherche avancée google ne fonctionnait plus : elle ne fonctionne que sur la première page; dès qu'on passe en seconde page, les réponses ne tiennent plus compte de la syntaxe de la question, mieux même, la syntaxe est effacée.

Exemple de recherche avancée (dans la barre de recherche Google): +facebook +france +organigramme filetype:pdf (tentative de trouver l'organigramme de FB en France (on peut rêver. Il arrive que cela fonctionne, quand le document a été déposé par une personne inexpérimentée sur un intranet mal protégé.))
La première page de réponses Google conserve les termes de cette recherche. On remarque cependant que puisque rien ne répond à la question, Google remonte des réponses approchantes que je qualifierais de fausses, dans la mesure où les + devant les mots signifient qu'ils devraient se trouver dans la réponse. Avant (il y a longtemps, six mois, un an? davantage?) Google ne présentait rien quand il n'avait rien. Maintenant il propose au petit bonheur la chance.
La deuxième page transforme la recherche en [facebook france organigramme filetype pdf]. Ce n'est plus du tout la même recherche. Les réponses n'ont plus grand chose à voir avec la demande de l'utilisateur.

En résumé, lors de recherches un peu tricky sur Google, il n'y a plus qu'une seule page de réponses respectant les termes de la recherche .

Commentaire de H. : Normal, comment tu veux qu'il te vende de la pub en rapport avec leur contenu si tu restreins trop la recherche.

Test terminé

Problèmes de php résolu (version de php d'ovh non compatible) et retour au rose car je n'en pouvais plus du jaune.
Toutes les photos depuis l'origine sont rétablies (elles n'étaient plus disponibles depuis un ou deux ans et j'en mettais à jour de temps en temps.)

Vous pouvez tester le rss.



Test d'image :

Une mère has been

O. était parti vendredi après-midi pour Poitiers avec des copains:
— Baptiste m'a dit de prendre mon clavier, mon sac est tout rigide! (trémolo dans la voix genre je suis très malheureux)
— Ah bon, vous allez faire de la musique?
Regard d'incompréhension interloqué.
— Ah non, ce clavier, excuse-moi! (clavier d'ordinateur, pour jouer aux jeux vidéo.)

Il est rentré hier après-midi.
— Alors c'était bien? T'as bronzé?
— Euh non. Pourquoi bronzer?
— T'étais pas dehors? Vous n'êtes pas allés au Futuroscope?
— Mais non. On est allé à la LAN, un concours de Gamers, Baptiste était concurrent.
— LAN? C'est un acronyme?
— Euh non. Euh je ne sais pas.
— Il s'est bien classé?
— Ils sont arrivés en huitième de finale (de LoL, League of Legends).

Clavier = musique, Poitiers = Futuroscope. J'ai des réflexes old fashion. Heureusement que la jeune génération me sert de mise à jour.



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Nuançons : je suis quand même un peu moderne : je suis en train de lui envoyer des sms pour le faire sortir de son lit à… 12h34. (Je ne vais pas ouvrir sa porte car j'ai la flemme de mettre ma chaussure Barouk à trois velcros pour faire cinq mètres).

Free sans illusion

Pour une fois j'ai demandé un accusé de réception lors de l'envoi d'un mail. Free m'a envoyé le message suivant lorsque mon message a été ouvert :
Le mail envoyé le xxx 2019 10:03:05 GMT+01:00 au destinatairexxx@free.fr avec l’objet "xxx" a été affiché. Cela ne signifie aucunement que ce mail ait été lu (ou compris). Reporting-UA: 88.178.2xx.xxx

Vendredi compliqué

Autant il est facile de travailler quand H. travaille (silence de mort, concentration maximale, heures qui s'allongent, repas oubliés), autant cela devient très compliqué quand il n'est pas en train de programmer ou en réunion téléphonique: il bouge, s'agite, passe, interroge, coupe l'électricité (il remonte des prises),…
Quand vous êtes en train de faire quelque chose que vous n'avez pas envie de faire, cela fait beaucoup de raisons d'arrêter.

Cependant, grâce à cette agitation, ce soir j'ai à nouveau un endroit "à moi" (une chambre à soi) pour poser mon ordinateur connecté à "mon" écran (cadeau d'anniversaire), un écran si beau que mon ordi pro ne peut pas le piloter (problème de thunderbolt 3, paraît-il. Je ne lui dis pas que pour moi, cela évoque avant tout un cheval).

Jeudi ordinaire

Voiture (bleue) le matin. Partis tard, flemme.

Temps splendide. Barré le huit (entraînement Bruges). Agathe très appliquée à la nage. Rencontré Laura dans les vestiaires (quelle émotion).

Conf call avec les zozos. Silence de mort quand je décris les bizarreries du paramétrage, quand je prédis le bordel jusqu'en septembre s'ils ne font pas appel à nous (nous tous entreprises connaissant nos adhérents), jusqu'en mai sinon.
Eux nous promettent le 15 mars. (Dans leurs rêves. En plus il va y avoir les vacances, moins de monde plus de jambes cassées.)

Dîner au "Temps des cerises".

En rentrant, vidé une étagère encore.

Photo de l'arrière-cuisine : le tuyau noir passe par l'un des trous percés par Darek dimanche. Dans le tuyau, trois fils internet en fibre optique (je ne connais pas le vocabulaire) montent à l'étage. Le boîtier blanc permet d'installer des prises RJ45.

2019-0213-fibre-cuisine.jpg

Bricolage

Fait le marché sous une pluie battante. Il y a de moins en moins de commerçants.
Lu deux Langelot (Langelot et les crocodiles, Langelot chez les Pa-Pous).
Darek a percé le mur porteur de la cuisine en deux endroits près du compteur électrique. Poids de la perceuse: près de 50 kg.
H. a passé la fibre jusqu'à l'étage, a installé des prises internet propres (tout cela éloigne le moment de quitter cette maison).
Monté paresseusement une armoire (c'est-à-dire qu'elle n'est pas fini de monter).

Le sapin est démonté.

2018, l'année de la déliquescence

2017 avait été l'année de la folie (au sens psychiatrique du terme).
Cette année est celle de l'effritement.

Déménagement de la Défense à Nanterre préfecture, (fin de l'aviron facile), instalation en open-space, GC a perdu pied jusqu'à nouvel ordre, dissertation non rendue en juin, diplôme raté de A. et inscription obligatoire à la CNOV, grève officielle du RER D d'avril à juin mais en réalité ça n'a plus jamais fonctionné normalement (normalement: être à l'heure au moins trois fois sur quatre), des amis qui défendent les zadistes (??!!), pas de RER A cet été, Vincent qui me claque dans les doigts à propos de la course des dames, les émeutes de fin d'année.

Le seul point de lumière aura été les 50 ans de mariage de mes parents : un temps magnifique et des gens heureux d'être là. Je me félicite de l'avoir organisé, heureusement que je l'ai organisé.

Je ne suis pas optimiste pour 2019.




Notons par ailleurs, pour mémoire et sans aucun rapport, pour ne pas perdre cette précieuse référence, ce diagramme destiné à permettre de dater une carte (après une discussion sur le thème "mon diplôme n'existe plus (DEA, DESS), mon école a changé de nom, je viens d'une ville qui n'existe plus dans un pays qui n'existe plus").




ajout le 16 janvier 2019
Count your blessings : 2018 est l'année où j'aurais compris qui je suis (je veux dire : ni un clône de mon père taciturne, ni de ma mère angoissée). Ça m'a libérée au niveau ambition professionnelle. J'espère juste que cela n'arrive pas trop tard.

Jour tranquille

O absent.
Journée dans le salon (à cause des travaux à venir) à faire des tests informatiques (enfin pas moi…). Le test du nouveau serveur a pris 18 heures. Il ronronne sur le tapis. J'aime bien ce bruit.

Les nouveaux écrans sont sortis des cartons, entourés d'emballages anti électricité statique. H. est heureux, tout est conforme à ses attentes voire les excède.

Je suis installée au dos des écrans :


2018-1230-ecrans.jpg



Tandis qu'H. transvase les données de l'ancien serveur sur le nouveau, il retombe sur des archives données par son père: deux mariages filmés en 1980 ou 81 dans sa famille en Croatie. Chose curieuse et intéressante, son père a également filmé trente ans plus tard (2011) la partie française de la famille en train de regarder le film initial (les plus petits n'ayant pas de souvenirs, les plus grands ayant oublié), ce qui permet d'avoir du son, et donc le nom des personnes et l'explication des situations.
Mon beau-père a inventé les notes de bas de page cinématographiques.


Le tweet du jour.


2018-1230-Lego-SM.png

Twitter, entre rire et abjection

Encore une journée perdue dans Candy Crush.

Une fantastique histoire de crickets qui m'a permis de rire dans la matinée. Commentaire : «Nous vivons une époque formidable où l'une des dix plaies d'Egypte peut nous être livrée à domicile».
Je la traduirai peut-être.

Utilisation des données personnelles : observation. H. a acheté du papier peint chez Bricorama vendredi. Il n'a pas de compte FB. Samedi après-midi j'ai vu apparaître une pub pour papier peint dans ma TL FB. Il avait utilisé la carte bancaire du compte joint. Nos adresses mail sont sur un serveur perso commun. Pour FB j'utilise un compte mail qui n'utilise pas notre nom de famille.
Coïncidence ?

Je ne sais plus comment dire mon dégoût. Une du Monde, en toute innocence, sur le mode «on ne pensait pas, on ne l'a pas fait exprès».
(Je cite cette twitteuse parce qu'elle connaît bien l'Allemagne et a souvent des analyses intéressantes.)


2018-1229-Macron-nazi-couv-du-Monde.png
source : Nain Portekoi

Futur habillage

Cela fait un moment que je voudrais changer l'aspect de ce site (dix ans déjà: je suis fatiguée de son look sapin de Noël) mais H. n'a pas le temps.

Il y a quelques jours il m'a dit: «Trouve un site full responsive html5 et css3 et je te l'installerai».

J'ai fait des recherches. Difficile d'éviter les sites Wordpress. La différence entre sites et blogs n'existent plus vraiment, tout à l'air destiné au bizness, blog de coiffeur, de photographe, template pour CV… Je me creuse la tête pour trouver des mots-clés, personal, writer (et je trouve des templates pour mettre des livres en ligne), text only…
Tout cela est très éloigné de ce que j'ai aujourd'hui et là plupart prévoit des photos, beaucoup de photos: règle marketing, attirer les lecteurs par des photos, des dessins. Le texte fait peur (définition d'un intellectuel quand j'avais vingt ans: quelqu'un qui lit des gros livres sans image).

Donc un jour ou l'autre (ça peut prendre six mois), ce blog va disparaître plusieurs jours et renaîtra comme ça, ça ou ça (lisible sur tablette et téléphone).


Comme il faudra sans doute mettre des images par défaut avant que j'aille patiemment mettre des photos pertinentes sur dix années de billets, j'ai fait des recherches: Alice, des oiseaux, le calendrier révolutionnaire.

Et donc je vais essayer dorénavant de mettre davantage de photos dans mes billets (même si elles sont toujours un peu floues car dégradées pour s'afficher rapidement).

13 pouces

Nouvel ordinateur, MacBookAir 13 pouces, gris foncé. Magnifique écran rétina, douceur des touches neuves sous les doigts. Triste de quitter le 11 pouces, d’une part pour des raisons écologiques (H. a beau m’assurer que tout est recyclé, j’ai toujours un doute. Mais bon, nous allons le conserver comme ordinateur de voyage); d’autre part parce qu’il m’a accompagné partout depuis l’été aux Etats-Unis et notamment durant mes années d’études (avouons que c’est sans doute à cause du fait que mon ordinateur devienne portable que j’ai cessé d’écrire régulièrement sur mes blogs: le fait d’avoir le portable partout avec soi incite davantage à traîner sur FB qu’à écrire… Il me faut un cadre formel pour travailler).

Le 11 pouces est bien fatigué, la batterie est à bout de souffle et il ne supporte plus les dernières évolutions du système d’exploitation: risques de failles de sécurité, me dit H. (ce qui ne m’effraie guère, mais enfin).

Platamonas

Aujourd'hui O. a vingt ans. La semaine dernière, sur le quai du RER, j'avais commencé à lui demander s'il voulait organiser quelque chose, inviter des copains au restau. Devant son manque d'enthousiasme, j'avais réfléchi trois secondes: «Ah mais non, c'est un mercredi, tu préfères être devant ton écran, c'est une soirée avec ta guilde!» Soulagement visible de O., j'avais compris sans qu'il ait eu à m'expliquer, à s'expliquer. «Tu sais, ça irait plus vite si tu me le disais, ce serait plus simple. Ce n'est pas comme si j'allais te faire la morale ou te reprocher quelque chose.» Il avait hésité puis s'était lancé: «C'est juste que… ça me paraît une telle perte de temps…»
Sous-entendu: fêter ses vingt ans. J'ai les enfants les plus pragmatiques du monde.

Vers treize heures, départ pour Orly. Nous prenons l'avions entre quatre et cinq heures. Arrivée après sept heures, une heure de décalage avec Paris. Pas de jolie voiture cette fois-ci, il n'y en a plus, mais une Skoda Octavia bleu roi.
Nous roulons dans la nuit noire sur des autoroutes sans défaut. Plusieurs péages, quelques pièces à chaque fois; cela ressemble à l'autoroute de l'Est (vers Reims) autrefois.

Platamonas, remparts sur la colline, descente raide, hôtel au ras des vagues, chambre itou (bruit pénétrant, impossible de dormir la fenêtre ouverte), restaurant très fréquenté. Nous dînons.

Je suis, nous sommes, en vacances.

Construction d'un site

Journée (à la maison, télétravail) sur "mon" site. Bien progressé. J'espère que cela permettra de moins répéter toujours la même chose: il suffira de donner un lien (je n'en peux plus de répéter tout le temps la même chose).

C'est aussi à destination des RH qui ont beaucoup perdu en expertise en quelques années (la législation évolue et elles ne se mettent pas à jour). Leur incompétence condescendante m'agace.

Mon ordinateur perso (mon MacBook air 11 pouces de février 2012) est inutilisable car le chargeur a rendu l'âme (sans doute une rupture dans le câble).

Regardé les premiers épisodes de la saison 3 de Homeland tard dans la nuit. Un début sous le signe de la folie.
Je pensais cet après-midi à "la Cinq" lors de sa création dans les années 80, avant qu'elle ne devienne Arte. Elle ne diffusait que des séries, souvent américaines et souvent en boucle, et je m'étais dit à l'époque qu'il était heureux que je n'ai pas la télé, que j'aurais passé tout mon temps devant en tricotant.
On y est, sauf que je ne tricote pas car je ne sais pas où est mon catalogue dans tout ce bazar.

Piments

Télétravail. Indien à midi (pakistanais, nous dira demain le charcutier qui a son laboratoire en face et nous a vus entrer).

H. et le serveur parlent épices. Explication surprenante du serveur: «Je suis ici depuis 2003, je ne peux plus manger des piments comme chez moi, ça me rend malade. Ici, il ne fait pas assez chaud, on ne transpire pas assez.»

Je retiens qu'il ne peut pas manger aussi épicé sous nos latitudes mais je me demande si son explication est la bonne.



Nous rachetons des cigarettes. Assis sur un banc, H. regarde mon début de site sur son téléphone: «Mais il n'est pas full responsive!» s'exclame-t-il.
Dans l'après-midi je télécharge Divi d'Elegantthemes et je transforme l'ensemble. (Ce n'est pas difficile, c'est tout de même magique cette dissociation de la forme et du fond.)

Sept sites et un film

J'ai enfin vu la Révolution silencieuse, tirée d'une histoire vraie. Une histoire d'amitié et de trahison, une ambiance Signe de piste, pour ceux qui connaissent.
Au niveau personnel, cela pourrait être une réflexion sur la répercussion de nos actes. L'intermède du début, la noisette lancée sur les soldats soviétiques, ajuste (rend juste) la façon de voir ce film. (On s'en rend compte après coup, vous le dire vous permettra de le faire de façon consciente).
A un niveau politique, historique, philosophique, cela ouvre un abîme de réflexions: qu'est-ce que c'était qu'avoir dix-huit ans en Allemagne de l'Est en 1956? Etre né en 1938, avoir grandi sous les bombes puis dans les ruines puis sous occupation étrangère… Que vous racontaient vos parents, quels silences, quelles vérités? «Tout le monde a ses raisons» prend une fois de plus tout son sens. Finalement la seule vérité reste celle qui nous unit à notre entourage direct: mentir (pour protéger: bonne ou mauvaise idée?), trahir, rester fidèle, accepter ou pas ce que subissent les gens qu'on aime — ou qu'on aime moins.


Assisté à la remise des prix "créateurs de confiance" :
- Pour vendre ses céréales au meilleur prix.
(Je n'ai pas bien compris à qui cela servait: qui achète directement des céréales? J'ai posé la question à un céréalier de Champagne:
— C'est réservé à de très gros acheteurs. Le prix n'est pas un prix brut, mais un prix qui intègre le transport, «le prix rendu Rouen», par exemple. Cela permet de connaître l'état du marché.
— Ah. Merci. Et pendant que je vous ai sous la main, que pensez-vous du glyphosate? C'est une question sans piège, je voudrais connaître l'avis de quelqu'un du métier.
— C'est un faux problème en France. Le glyphosate tue tout ce qui est organique. Aux Etats-Unis, ils utilisent des OGM résistants au glyphosate. Donc ils balancent du glyphosate, deux fois, trois fois, sur les cultures. En France les OGM sont interdits. Si je fais ça, je tue ma récolte, je n'ai plus rien. Donc j'en utilise très peu, un petit coup sur les sols en inter-culture entre l'ensemençage en avoine puis en colza, par exemple. On peut tester mes céréales : on ne trouvera pas trace de glyphosate dedans.
(NB : je n'oublie pas les abeilles, les vers de terre, le ruissellement, le labour trop ou pas assez profond, etc. Mais je trouve intéressant le point de vue d'un agriculteur qui cultive. Remarque d'H. à qui je rapporte cette réponse: «je m'étais toujours demandé comment ils utilisaient le glyphosate puisque ça tue tout.))

- Partager ses dépenses effectuées en carte bleue (Sharepay): à l'origine conçu pour les potes qui partent en vacances ensemble, à l'usage beaucoup utilisé par les couples (sans compte joint, je suppose).

- Echange de maisons entre particuliers: l'idée est non seulement d'échanger les maisons pour les vacances, mais d'introduire de la souplesse dans cet échange: parce que vous n'avez pas forcément envie d'aller chez celui qui a envie de venir chez vous. Donc si un Napolitain veut venir à Paris mais que vous voulez aller à Montevideo, cela vous permet de le faire par un système de points.
La beauté de la chose est que c'est non monétaire, plutôt de l'ordre du troc.

- Faciliter la location de locaux professionnels en mettant en rapport des entreprises ayant des locaux inoccupées et des entrepreneurs ayant de petits besoins.

- Un feu de freinage pour les motard qui fait aussi balise de détresse. Commercialisé dans les semaines à venir. Va exister pour les cyclistes, les skieurs. Réflexions pour le BTP (les ouvriers sur les échafaudages, etc).

- Récupérer et partager les médicaments entre hôpitaux: c'est l'idée qui m'a le plus enthousiasmée (le genre de chose qu'on ne pensait pas qu'elle ne pouvait pas ne pas exister). Il s'agit de ne pas laisser perdre des médicaments qui pourraient être utiles à d'autres, ailleurs. 50 millions d'euros de médicaments périmés perdus en France par an.
L'autre application (hospiville) est destinée à permettre à tous les professionnels de santé interagissant avec un malade d'être au courant de l'ensemble de son traitement. (Et pour avoir vu les conséquences d'un diabète en hospitalisation (quels médicaments prendre si on est à jeun? Faut-il les prendre?) je vois bien l'intérêt de cette appli. Comme dirait Jaddo: «si vous voulez sauver votre grand-mère, mettez dans son porte-monnaie la liste des médicaments qu'elle prend tous les jours.»)

- Une appli pour les aphasiques (plus de cordes vocales suite à un cancer, plus de voix suite à un AVC, certains autismes, etc). Ma surprise aura été que cela soit nécessaire, j'aurais pensé que "l'accessibilité" des ordinateurs permettait cela depuis longtemps.
Apparemment on peut se créer son propre clavier en fonction de ses besoins et habitudes, pour retourner acheter le pain, aller chez le coiffeur, etc (et soudain je me demande si cela pourrait être utilisé dans un contexte de pays dont on ne parle pas la langue).


Au cours de la soirée j'apprends que demain Groupama SA (re)devient Groupama Mutuelle. Cela me fait profondément plaisir. J'aime l'utopie mutualiste, l'idée qu'il est possible de s'entraider plutôt que s'entretuer.

Transhumanisme

— Je n'ai pas compris le rapport avec la théologie.
— Que devient ta foi si nous ne mourrons plus ?
— Bah, déjà que je trouve bizarre de ressusciter...

Je donne juste quelques noms entendus ce soir. "L'homme augmenté" a été employé pour la première fois par le comité olympique en réponse à Oscar Pistorius. "Transhumanisme" est une création de Julian Huxley (le frère de) dans un article de 1957.

FM-2030, Fereidoun Esfandiary
L'Extropy Institute
Max O'Connor se fait appeler Max More en référence directe à l'utopie.
Ray Kurzweil étudie l'immortalisme. Embauché par Google qui lui fournit des fonds et un laboratoire. Il semble avoir tenté avec la mémoire de son père quelque chose qui ressemble furieusement à L'Invention de Morel.
En Europe, Nick Böstron.

Au passage je trouve cette sympathique horloge décomptant les minutes nous séparant de la fin du monde (en 1995 nous avons pu respirer).

Oubli

Au moment de prendre mes notes de cours, je me rends compte que je n'ai pas mon ordinateur.
Je le revoie sur mon bureau, sous une chemise. J'ai oublié mon ordinateur (my precious) sur mon bureau dans un openspace.

Sera-t-il là demain ?
Et je pense aux données que je n'ai nulle part ailleurs et qui ne sont pas sauvegardées.

Pâques

— Mais tu es là ! Tu n'es ni en cours, ni au caté, ni à l'aviron, ni à la messe …

J'ai fait sauter les plombs en branchant mon ordinateur. Ça m'inquiète.

«Ce n'est pas en nous que ça tourne pas rond. C'est autour de nous.» (Un papillon sur l'épaule)

Vu sur Twitter (excusez-moi : habituellement je mets cela sur FB, mais je me suis déconnectée depuis une dizaine de jours pour protester contre l'affaire Cambridge Analatyca) :


Tweets 1 et 2

2018-0401-vert-pomme-fourrure.jpg   2018-0401-heron.jpg



3

2018-0401-cravache-decathlon.jpg






Le dossier noir : extraordinaire scénario.

Noël

Et de nouveau dans la cuisine : un chapon farci aux pommes et poires poêlées (le secret c'est l'humidité de la poire).

O. me confie tandis que nous essuyons les verres (car la jolie vaisselle ne passe pas au lave-vaisselle) : « j'ai l'impression d'avoir passé les vacances dans la cuisine».
Et en effet, s'il n'y a pas plus de travaux que d'habitude, il y a nettement moins de participants. (J'aime beaucoup les scouts qui appellent « services » ce que je nomme « corvées ».)

C. repart avec mon iPad : il me le rendra en juin, après la remise de ma dissertation d'anthropologie chrétienne (à moins que je ne choisisse un oral ? Mais la professeur m'impressionne tant que je pense choisir un écrit.)

Un informaticien à l'hôpital

Vers midi, H. au téléphone, enflammé : « Non mais tu te rends compte, leur système informatique… Incroyable ! »

Et de me raconter en s'échauffant les deux systèmes informatiques qui ne communiquent pas entre les urgences et l'hôpital "ordinaire", l'obligation de tout ressaisir entre les deux services, le logiciel qui a compté trois injections d'antibiotique alors qu'il n'en a reçu qu'une (« l'infirmière a l'habitude, elle a tout revérifié avec moi »), les données de l'examen biologique dissimulé six écrans plus loin, l'ergonomie de l'application sans lien avec les besoins réels du métier (« elle m'a dit que 80% des gens qui viennent ici arrivent à cause de problèmes d'hypertension : ça devrait être la chose la plus facile à saisir, apparaissant immédiatement sur l'écran, immanquable : eh bien non, les champs à saisir sont cachés je ne sais trop où… »), etc.

Pendant qu'il fait ainsi l'audit du système informatique et des process il pense moins à la douleur et je préfère cela, mais j'ai le cœur serré quand il prononce son jugement final : « je vois se mettre en place ce que j'ai vu dans les [lieux où il vend ses logiciels] : un circuit parallèle d'informations pour contourner l'informatique. Et le garant de ce circuit parallèle, c'est le patient lui-même, ce qui implique qu'il soit en état de répondre, qu'il ne soit ni bête, ni trop âgé, ni trop malade.»



H. est opéré dans l'après-midi : pose d'une sonde entre la vessie et le rein pour éviter l'engorgement de celui-ci.
Je suis dans sa chambre quand il remonte du bloc vers sept heures du soir. Un instant guilleret, il déchante vite. Le chirurgien passe, hésite à le laisser sortir : qu'en pensons-nous ? J'interviens : « Vous avez des protocoles ? Suivons-les.»
H. reste à l'hôpital pour la nuit. Cela me rassure.

Quel futur pour mes blogs ?

H. a passé ces derniers jours a cherché des solutions pour transférer mes blogs. Je suis embarrassée qu’il y consacre temps de temps, surtout pour VS : que faire de ce blog ? Le continuer, le mettre hors ligne ? Continuerai-je jamais l’analyse de l’oeuvre de RC, est-ce que cela en vaut la peine ? Ai-je perdu dix, douze, quinze ans de ma vie à lire RC ?
Non, non, ce n’est pas perdu, la plupart de mes relations proches sont une conséquence de ma lecture de RC. Et j’ai tant appris en littérature, peinture, musique, voyages… Non, non, ce ne fut pas inutile.
Et cependant… ai-je négligé les enfants pendant toutes ces années ? Sans doute que oui.

J’essaie d’expliquer à H. qu’il ne faut pas la même chose pour VS et Alice : un blog pour Alice mais plutôt un site pour VS. Je farfouille, je lui montre les billets sur L’Amour l’Automne : comment les rendre plus lisible en ligne (sous réserve que j’y travaille, bien sûr). Surtout je lui montre l’affreux carphanaüm que cela est devenu, un quart peut-être des billets indexés (pas eu le temps de faire les autres), des logiques de catégories qui ont changé avec le temps sans que les transferts de logique soient totalement menés à bien (la disparition de la catégorie Citation au profit de catégories par auteur (« — Mais pourquoi ? c’est moins lisible. — Oui, mais les gens ne cliquent pas sur l’index. L’expérience prouve que très peu de gens cliquent, très peu sont curieux, surtout depuis FB »), la même transformation attendue de la catégorie Livres mais pas encore terminée, la coexistence de billets en wiki et en html : « — mais pourquoi tu le fais à la main ? L’informatique le fera beaucoup mieux que toi.» Comment lui répondre que je le fais moi-même car je ne sais pas quand il sera disponible pour travailler sur mes blogs ? D’autre part ça me permet de relire et corriger mes billets (c’est difficile car je n’aime pas mon ton, le style instituteur de certains billets)), l’existence de deux types de photos, certaines hébergées dans dotclear et d’autres dans dropbox (désormais introuvables…)

Je suis embarrassée de le voir consacrer autant de temps à reprendre quelque chose que je ne suis pas sûre de continuer, dont je ne suis pas sûre de voir encore l'intérêt. Il me répond gentiment de ne pas m'inquiéter : c'est l'occasion pour lui de faire des recherches sur des technologies qu'il a besoin de connaître.

*****

Par ailleurs, date fatidique, H. a cassé l'anse de la tasse d'un demi-litre que j'ai acheté à Versailles en janvier 1986. J'ai bu des litres et des litres de thé dans cette tasse. Mon premier réflexe a été de dire : « tant pis, l'anse ce n'est pas très important » mais j'ai essayé plus tard : c'est tout de même très gênant (je ne le lui ai pas dit).

*****

Pendant ce temps, il y a eu un mort à Charlottesville durant des manifestations et anti-manifestations de « suprémacistes » (nazillons) américains. Trump a déclaré qu’il y avait des « gens biens » des deux côtés. Soupir.
Est-ce pire que les années maccarthistes, est-ce pire que la chasse aux sorcières, est-ce pire que l'ambiance contre la lutte des noirs américains pour les droits civiques dans les années 50 et 60 ?
N’en est-ce que la prolongation ou s’agit-il d’un paradigme différent, héritier des théories raciales nazies ?
Je n’aurais jamais imaginé vivre cela.

Génétique ascendante

— (Minaudant comme une vieille dame imaginaire :) « Oh mais c'est normal, ces jeunes, l'informatique ils ont ça dans le sang ! » (Prenant un ton catégorique : ) Tu es ma mère ! Si c'était dans le sang, tu l'aurais eu avant moi ! »

En compagnie des nuages

Trois heures du matin le 25 juillet. Est-ce avoir écouté vers le soir une tranche de bifteck et la biographie de Jules Verne ou être dans un hôtel confortable, sympatique, infiniment silencieux et avec wifi ou la perspective de bientôt rentrer qui vient de me réveiller ? Nous avons fini notre voyage vers l'ouest, il va falloir plonger vers le sud, fermer la boucle, rentrer, et je n'en ai pas du tout envie.

Longue journée de conduite aujourd'hui.

Nous quittons l'auberge de jeunesse sans autre péripétie, direction Bargfeld, la maison d'Arno Schmidt (c'est la raison pour laquelle nous nous sommes arrêtés à Celle : le plus gros bourg alentour de Bargfeld). A Bargfeld, quelques minutes d'hésitation : le village est petit mais il y a malgré tout deux ou trois rues ou routes bordées de maison en briques rouges foncées. Les photos sur internet n'indiquent pas vraiment d'adresse. Je ne suis pas parvenue à comprendre si la fondation Arno Schmidt était installée dans la maison de l'écrivain ou ailleurs.
Nous trouvons facilement la fondation, au bout de l'une des rues de Bargfeld. Une plaque de cuivre précise que pour visiter il faut prendre rendez-vous et donne un numéro de téléphone, mais je ne me vois pas téléphoner en allemand pour demander à visiter une exposition sur l'Allemand le plus difficile à lire du XXe siècle alors que je n'en maîtrise pas la langue.
Le portillon est ouvert, nous décidons d'entrer, en tongs dans la rosée du jardin net et entretenu. Nous tournons l'angle de la maison. C'est alors que j'aperçois par la porte-fenêtre un homme en train de travailler sur un ordinateur. Nous rebroussons précipitamment chemin.

Nous logeons la clôture. La maison bleue est là, derrière, à travers les pins, le toit rongé de mousse. Elle est petite et haute. Le portail délabré est fermé par un canedas, au fond du jardin se trouve un cabanon gris presque aussi grand que la maison mais sans étage. Il n'y a rien après la propriété, un champ, des vaches (barrière électrifiée : aucune chance d'entrer par là).
Sans doute aurait-il suffit de sonner puisqu'il y avait quelqu'un. Je n'y ai pas vraiment pensé, je n'en ai pas vraiment eu envie. Je voulais voir la maison, les champs, le village, la région, la hauteur du ciel. Schmidt a été très pauvre toute sa vie, une vie bien plus difficile que celle de ce râleur de Thomas Bernhard, et sa maison est discrète, timide, derrière celle pimpante de la fondation. Ici nous sommes très loin du monde même si le village est actif, vivant, net. Comment était-il entre 1950 et 1970 ? Peut-être différent d'allure mais sans doute dans le même esprit.

Nous reprenons la route, Waze annonce huit heures de trajet jusqu'à Amsterdam si nous ne prenons pas l'autoroute. Il fait beau, frais, le paysage est à la fois homogène (bouleaux, champs, maisons de briques rouges) et varié. Nous écoutons la suite des aventures de Jack London. La pluie se met à tomber drue, le reste de la journée sera sous les averses. Kebab à Sulinger. Un instant je songe à pousser jusqu'à Brême mais la pluie m'en dissuade : le cœur n'y est pas.

La journée se poursuit, fatigante à rouler sans interruption. Bruit sec, caillou dans le pare-brise, éclat. Zut. Vaut-il mieux changer le pare-brise avant de rendre la voiture ou rendre la voiture ainsi et laisser le concessionnaire le changer à moindre prix (puisqu'il est concessionnaire) mais cependant nous le facturer au prix fort ? Nous écoutons quelques «pages arrachées à Chantal Thomas » pour m'apercevoir que je déteste ce genre, le genre libertinage XVIIIe siècle, qui me paraît toujours du Gérard de Villiers pour dîners en ville (autrement dit, du cul que les intellectuels peuvent reconnaître qu'ils lisent, alors qu'ils ne reconnaîtront pas lire Gérard de Villiers). Ça m'ennuie et me dégoûte, sans compter que lorsque c'est écrit par une femme, ces histoires de dépucelage par Louis XV (Le testament d'Olympe) me font penser à la collaboration des kapos à la garde de leurs pairs. Bref, au milieu du troisième épisode, nous abandonnons (à l'origine, si j'avais sélectionné ces podcasts, c'est que je connaissais Chantal Thomas par Comment supporter sa liberté).

Nous écoutons ensuite Thierry Frémaux expliquer la sélection du festival de Cannes 2016. C'est un peu difficile à suivre pour nous : nous ne connaissons pas tous les noms et certains titres sont donnés en anglais alors qu'un autre titre a été donné au film lors de sa sortie en France. J'explique à O. que les cinéphiles sont des extrémistes prêts à tuer. Je découvre que Frémaux vit la même expérience (par exemple les réactions de son équipe au visionnage de The Neon Demon : « ridicule » ou « magnifique ») : ainsi donc ce serait toujours ainsi, par nature ? Frémaux ne paraît pas le vivre mal. Mais pourquoi diable un film déclenche-t-il une telle volonté d'être le seul à posséder l'interprétation juste, d'être celui qui voit et comprend exactement ? Quel est ce besoin de voir ses goûts confirmés ? Ou ne s'agit-il pas de goûts mais de vision du monde ?
Je note en passant que Frémaux considère que l'interprétation d'Isabelle Huppert dans Elle possède une force comique. Si c'est le cas, la bande-annonce a vraiment été mal construite.

Nous sommes entrés aux Pays-Bas. Les maisons sont toujours en brique mais les toits ont changé (beaucoup de chaume), les jardins aussi, plus grands, plus nets. Il y a beaucoup de moutons et des vaches. Les bouleaux se sont fait rares. Pendant quelques kilomètres je guide O. à la carte pour tenter de suivre un canal, de passer par du « pitto » (Reeze, Ommen) puis j'abandonne, les routes font la largeur d'une voiture et demie, en cas de croisement il est prévu que l'on morde sur la piste cyclable et même sur l'accottement renforcé par des briques de ciment ajourées, il y a quelques cyclistes malgré la pluie, tout cela paraît dangereux.
Arrêt à Raalte après avoir échoué à trouver un café ou une station essence en bord de route même. Nous sommes épuisés et faisons des erreurs de débutant : un quart d'heure d'errance dans la zone industrielle avant de trouver le centre ville. Il est près de six heures. Café, gâteaux, changement de conducteur. Nous réglons Waze sur "le plus rapide sans autoroute". Je prends le volant après avoir préparé une nouvelle liste de podcasts.

Une tranche de bifteck de Jack London. Quarante minutes de combat de boxe.
N344, 221, 415, 201.
Il pleut par intermittence. Nous décapotons dès que possible. Les nuages sont magnifiques. Depuis longtemps, depuis Melk au moins, le ciel nous présente des paysages de tableaux, une véritable invitation ou initiation à la peinture. Ce soir, à la faveur des orages et du soleil qui tombe lentement devant nous, les nuages d'une consistance épaisse et ferme présentent sur la largeur de l'horizon, vaste aux Pays-Bas, toutes les lumières, du plus sombre au plus lumineux, sans oublier les traits filtés du soleil contre les dernières parcelles de bleu.
Canaux, lacs (salés ou eau douce ?), bateaux, un pair oar, une yolette, enchantement. Nous enchaînons sur une biographie étincelante de Jules Verne en vingt minutes qui fait rire O. aux éclats (arrêt du podcast le temps de reprendre son souffle afin de ne pas perdre un mot du récit).
Si vous ne devez écouter qu'une émission, que cela soit celle-ci.

Arrivée à Amsterdam, hôtel au sud, à deux pas du tramway. Accueil chaleureux sur un mode logique c'est-à-dire informatisé, wifi gratuit (sans mot de passe) et efficace, la civilisation, enfin ! (J'assume de juger un pays, une ville, un hôtel, à sa capacité à utiliser l'informatique et à mettre de l'internet à disposition. C'est pour moi bien plus que de la technologie : c'est un état d'esprit, celui qui consiste à faciliter sa vie et celle de ses contemporains.)
La chambre nous fait rire : douche et WC chacun dans une colonne de verre dépoli dont les portes coulissent en demi-cercle. Tout est blanc, desaïgné à l'excès. Nous descendons profiter de notre cocktail de bienvenue et dînons sur place, le moral remonté au beau fixe.

Législatives, fin

Il fait très beau le matin. Je gratte la mousse à la paille de fer sur la cabane.
J'ai essayé de joindre GC qui n'a pas répondu. Il s'est contenté plus tard de m'envoyer un mail en forme d'ultimatum. « Ce ne sont pas de bonnes manières. »
J'ai rangé deux piles de livres.
J'ai mis en favori Le Seigneur des Anneaux en jeu de rôle ou plus exactement le livre du Dungeon Master, le meneur de jeu, avec l'intention de lire l'ensemble. Je ne connais les jeux de rôle que par des amis et mes enfants, je n'ai jamais vu le film sur lequel s'appuie le montage photo, mais je connais très bien Le Seigneur des Anneaux, qui a sans doute joué dans mon enfance le rôle qu'a joué Harry Potter pour les générations actuelles (ou d'il y a dix ans, plutôt) — d'où sans doute ma facilité à entrer dans Harry Potter (attention, les deux n'ont rien à voir en termes de difficulté de lecture).

Assesseur suppléante (je suis vexée!) ce qui fait que je ne passe que l'après-midi en bureau. Le président est une présidente, et c'est la plus gaie et la plus décontractée parmi ceux que j'ai connus jusqu'ici.

Nicolas Dupont-Aignan est réélu. Les gens ont une très faible capacité à la colère, ils ont tout de même été traités «d'idiots utiles». (NDA avait confié au Parisien qu'il comptait sur les électeurs de Mélenchon pour être élu. No comment.)
Daphné a perdu, 41-59 je crois. Je suis navrée pour elle.

La victoire du camp Macron est moins importante que prévu, tant mieux. Mélenchon est toujours aussi fou, il me fait penser à un taureau furieux. L'abstention est très importante, les bulletins blancs aussi.

Prêt-à-manger

Ce soir O. m'a rejoint gare de Lyon pour dîner dans mon fast-food préféré. J'aime tout chez eux, les sandwichs, les salades, les soupes, les boissons (le "shot gingembre"), et surtout leur gentillesse, leur empressement: le seul endroit où j'ai l'impression que je leur fais plaisir quand je viens. (C'est vrai pour toute la chaîne je suppose, en tout cas c'est aussi vrai à La Défense que gare de Lyon).

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Agenda
Gouvernement Macron.
C'est bien la première fois que je m'intéresse aux noms des ministres, au titre des ministères. Mais il faut dire que c'est bien la première fois que j'ai l'impression d'avoir un président qui vit dans le même monde que le mien, où les gens parlent au moins une langue étrangère et sont nés la souris à la main (ce ras-le-bol devant les décisions informatiques sans queue ni tête, ce désir d'internet, de fibre, de modernisation… Ce souvenir halluciné de la "biscotte" à l'heure des start-ups des années 1990 (éclatement de la bulle internet en 2000) — les start-ups, la bête noire des anti-Macron qui me paraissent avoir vingt ans de retard: les start-ups, ça date des années 1990, ce n'est pas comme si c'était la pointe extrême de la nouveauté.)

Ah tiens j'y pense, un ancien blogueur (Virgile pour ceux qui connaissent, j'ai oublié le nom de son blog, il me semble qu'il sonnait latin) m'a expliqué sur twitter (à ma demande) pourquoi Hulot paraissait incompatible avec ce ministère. Je copie-colle mes réponses et la sienne :
Virgile : Macron et le PM sont pro-nucléaires, Hulot veut en sortir et il ne pourra pas. Je ne voulais rien dire de plus que ça.

Moi : On sortira du nucléaire ms lentement. Tu es ingénieur, tu sais les pb de démantèlement + pb politiques: dépendre du gaz russe et de l'Arabie

Moi : Les gens ne veulent pas de nucléaire, mais qu'ils aient froid une semaine un hiver et tu verras leur tête. Ce n'est pas yaka focon

Moi : En fait c'est ce que je veux dire par "il y a du boulot".

Moi : Je t'ai connu blogueur, je crois que tu es un peu plus jeune que moi.

Moi : Je me souviens des chocs pétroliers comme d'un cauchemar, j'étais petite. Au lycée on apprenait nucléaire = indépendance. Ça compte aussi.

Virgile : Je suis très d’accord avec ça, je m’étais fait pourrir sur mon blog il y a 8 ans pour l’avoir écrit…

Virgile : Mais le temps politique est beaucoup plus court. En fait c’est peut-être pas un problème d’étiquette mais de com, de pédagogie.
Et c'est ainsi que j'apprends que Virgile, blogueur respecté bien plus à gauche que moi, s'est fait pourrir sur ce thème quand il a essayé d'être rationnel. Je n'en peux plus des gens qui n'acceptent pas quelques vérités scientifiques, des ordres de grandeur, etc. Non non non: sortir tout de suite, mais surtout ne rien changer à nos habitudes, nos outils électroniques, nos vacances en avion, les douches chaudes de vingt minutes, les terrasses chauffées, la climatisation des voitures…

Ça m'agace.

Dimanche

Messe d'abord, puis une heure de catéchisme après.
Messe "des familles" : un genre qui ne me correspond pas, du bruit en permanence, un fond de chuchotement et de papiers froissés. J'aime le silence et le recueillement. Tant pis.

Le plus gênant dans cette histoire de caté, ce sont les parents qui restent: non seulement je ne peux pas dire ce que je veux (enfin, dans la forme!) mais c'est agaçant cette mère qui reste auprès de sa fille pour lui souffler les réponses. Comme si le problème était d'avoir des réponses. Moi j'aime les questions, surtout avec les enfants : il arrive toujours qu'ils vous désarçonnent, qu'ils vous présentent un angle de vue inattendu.
Les enjeux: comment les marquer, comment leur donner quelques fondamentaux qui pourront leur servir pour vivre ? (Ou pour croire, mais je ne sépare pas véritablement les deux.) D'autre part, comment les détacher de cette obsession de la "bonne" réponse pour les pousser à réfléchir et dire ce qu'ils pensent, même si ce n'est pas "orthodoxe" ? : comment leur donner confiance dans ce qui se joue ici? Ce n'est pas l'école.

Notes pour la prochaine fois : mieux préparer le minutage, m'asseoir du côté du tableau, installer les tables en rectangle et non en carré et m'installer à un petit côté de façon à embrasser tout le monde d'un coup d'œil.

C'est petit, un CM1 (neuf ans). J'avais oublié.


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Agenda H. et O. passent deux heures à remettre le réseau d'équerre. Réadressage des différents appareils connectés.
Fou rire mémorable dans la cuisine quand nous faisons découvrir à H. la légendaire vidéo de Winnie l'Ourson.
Le soir, The OA 2 et 3.

Troisième jour après Noël

H. arrive dans la cuisine. Il fait une drôle de tête, il est blanc.
— Ça va ?
— Non.
(Mon cœur se serre: ses parents? sa famille? Les décès sont brutaux, inattendus, de son côté.)
— J'ai eu un coup de fil de Grégory. B. a disparu. Il s'est disputé avec son frère et il a disparu. Les gendarmes le recherchent.

Je tente de le rassurer comme je peux, de rationaliser. Je ne comprends pas comment il est possible de lancer un avis de recherche sur une personne majeure disparue depuis quelques heures seulement (cela m'inquiète mais je ne le dis pas). Je souligne à quel point cela n'est rien par rapport à un problème de santé dans la famille. Mais il pense à la fois à leur propre dispute de vendredi dernier et aux projets en cours, aux Etats-Unis, etc.: comment prendre des décisions légales avec un patron disparu? Le côté feuilleton américain est si prégnant qu'il en est irréel: est-il possible que cela soit vraiment en train de se passer?

Je classe des papiers, range un peu, non plus les pièces de la maison, mais les documents, autre sorte de pièces. Il fait un temps magnifique, nous pensons aller visiter le château de Fontainebleau mais il est déjà trop tard (il est 15 heures pour une fermeture à 17), je déroute les projets vers le club de Melun et nous suivons (à pied) la Seine rive gauche à Chartrettes. Il fait beau, froid, un skiff, un pair-oar, un double: les "compèts". La route cycliste dont l'indice quand je rame sont les vélos suit apparemment un conduit d'hydrocarbure (puits de pétrole en Brie, péniches et réservoirs à la sortie de Melun). O. et H. discutent de la nature des fils électriques: fibre ou pas fibre?
Il faudrait fibrer la France tout entière pour mieux répartir la population. C'est un argument de choc pour un village: «nous avons la fibre».

Coup de fil, B. est retrouvé, il a fallu cinq équipages de gendarmerie (dix gendarmes) pour le maîtriser (je pense à la colère de Valérie Trierweiler), il est à l'hôpital: ouf, il n'est pas mort d'hypothermie dans un fossé. Risque-t-il d'être déclaré irresponsable? Et dans ce cas, que se passera-t-il? un juge de tutelle, un conseil de famille? Comme nous sommes peu préparés à ce qui ne devrait arriver que dans les films. Comme nous oublions que la fiction s'inspire de la réalité et ne constitue pas un monde en soi.

Cahier des charges pour le film vespéral: «quelque chose de gai». J'ai repéré Ciel d'octobre il y a quelques jours. Ce n'est pas gai mais encourageant, plein d'espoir: un garçon fils de mineur veut sortir de son trou et se passionne pour les fusées. Le ciel d'octobre est celui du Spoutnick. Le jeune garçon, c'est Jake Gyllenhaal.

Episode 11 de Sense8 saison 1.

Applications pour téléphone

Ça m'agace et me pertube, ces applis pour téléphone qui semblent ne pas utiliser les mêmes bases de données que le site web correspondant, ce qui fait que lorsque vous changez le mot de passe sur l'un, il n'est pas changé sur l'autre. (Exemple: le loueur de voiture SiXt)
C'est la pagaille.

Le pire, c'est quand même ce site où je ne peux plus me connecter du tout, ni sur l'application ni via le web car les adresses mail et les mots de passe sont mélangés; et où je ne peux pas non plus créer un troisième compte (en abandonnant les deux autres qui devraient n'être qu'un) au prétexte qu'il connaît déjà l'adresse mail que je donne: certes, il la connaît, mais il refuse de l'utiliser pour m'envoyer une mise à jour de mot de passe!
Bref, c'est programmé avec les doigts de pieds.

Dimanche

Je retourne à Melun pour la première fois depuis trois semaines. Quelle flemme, pas envie d'avoir froid.

J'arrive juste à temps pour entendre «Qui veut faire un quatre?», je dis «Moi» et je me retrouve avec des rameurs de niveau plutôt faible: je vais ramer à la nage d'un bateau pas désagréable dans l'esprit mais cahotique. Il n'y a pas de vent, il ne fait pas froid, mais il y a énormément de courant.

Pour changer, je vous mets une image du ponton. Chaussures de compétiteurs pour la plupart: les bateaux de compétition ont des chaussures intégrées, ce qui pose parfois des problèmes de pointure quand les filles empruntent des bateaux de mecs (le contraire n'arrive jamais).



A midi nous sommes trois, A. est retournée à Lisieux hier soir après une semaine de mauvaise humeur (elle s'est disputée avec une amie et c'est nous qui en avons payé les conséquences) et les grands fêtent la St Valentin à Paris. Je m'habitue à l'idée que l'année prochaine je serai sans doute seule la plupart du temps. Silence de la grande maison vide.
— Peut-être qu'il va devenir rationnel de vendre cette maison?
— Pas avant deux ou trois ans, il faut la remettre en état si nous ne voulons pas perdre de l'argent.


Le soir violente dispute: H. apprend alors que nous sommes en train de goûter (mais oui, cela arrive: nous goûtons!) que j'ai embauché un jardinier. Il m'accuse de l'avoir fait sans lui en avoir parlé: «Mais enfin, tu étais d'accord, c'est toi qui m'a donné son nom! — Oui, mais je croyais que tu voulais qu'il vienne une fois, pas de façon permanente.»
Mais à quoi sert un jardinier une fois quand la végétation pousse tous les jours?

(L'origine du débat était le ménage: prendre une femme de ménage. J'ai répondu qu'entre la femme de ménage et le jardinier, il me semblait que nous pouvions nous charger du ménage. Le problème, c'est que si nous ne nous y mettons pas tous ensemble, je n'y arrive pas, je ne suis pas motivée, après tout je ne suis pas la seule à vivre ici1, il n'y a pas de raison que je le fasse seule (ou alors j'ai besoin d'être vraiment seule, sans personne à la maison, ce qui n'arrive jamais): en une heure, à cinq, nous abattons du boulot! Mais je n'ai jamais réussi à instaurer cette routine.)
Bref, violente dispute un peu ridicule qui nous laisse comme chaque fois honteux et désemparés.

Ménage et rangement car nous accueillons deux amis trois jours. Bénéfice inattendu pour O.: il récupère un ordinateur dans sa chambre (pour faire de la place sur le bureau de H.). Il est heureux.


Note
1 : peut-être aussi que si je l'oublie, mon corps se souvient que les produits ménagers et la poussière le rendent malade. Ce soir encore, ventoline. Raison de plus pour prendre une femme de ménage, me direz-vous. Sauf que je nie le problème, j'espère toujours qu'il va passer, que c'est une illusion. A vrai dire, je pensais prendre jardinier et femme de ménage, je n'imaginais pas que ça coûtait si cher: j'ai réduit mes ambitions de dépenses.

Cabinets d'audit, agences de notation et vieille rancune

The Big Short à La Défense. J'avais préféré Margin Call, à voir avant Inside Job. En fait, j'avais compris très tôt le mécanisme de la crise grâce à mes "petits déjeuners de la finance" expliqués par des banquiers (je retrouverai la date dans ce blog: en 2008, sans doute, quand je travaillais encore à la doc).

J'attendrai le reste de ma vie la chute d'une agence de notation, n'importe laquelle. Et ce jour-là j'arroserai ça à rouler sous la table.
Ça peut arriver. Après tout, Andersen est bien tombé. (Comme il est difficile d'expliquer à quelqu'un qui n'est pas de ce monde-là la haine que suscite, que suscitait, en moi ceux qu'on appelait les "big six" (Arthur Andersen, KPMG, Ernst and Young, Coopers and Lybrand, DTTI (ex-Touche Ross), Price Waterhouse), ceux qui nous courtisaient à la sortie de Sciences-Po, et que, rien qu'à voir quels étudiants ils attiraient — les plus prétentieux, les plus méprisants, les plus imbus de leur personne — je savais qu'ils étaient, qu'ils seraient (dans mes années professionnelles à venir) mes ennemis héréditaires. (Et cette intuition s'est confirmée: gens inutiles pleins de morgue payés très cher brassant beaucoup de vent — il aura fallu attendre V., élève dans ma promo à l'ICP et associé de l'un de ces grands cabinets, V. si réservé, aimable, prévenant, (le prince de la gougère au fromage) pour que je me dise que peut-être, il y avait quelque chose à sauver dans ce monde que je méprise (quelle est la phrase, déjà? «Certains rêvent de penthouses, de grosses voitures et de strip-teaseuses, d'autres de chalets isolés qui leur permettront de ne jamais croiser les premiers»)).

Phrase à retenir du film: «Ils ne sont pas stupides, ils s'en moquent. Ils savaient que les contribuables paieraient les pots cassés.»


Sans rapport et sans transition:
Ce matin, j'ai cherché quelques auteurs à télécharger sur mon téléphone, des auteurs pour la plupart libres de droits (je choisis des œuvres complètes entre un et trois euros, parce que tout travail mérite salaire). C'est amusant de constater ce qui m'est venu à l'esprit (en choisissant les langues que je lis: français, anglais, péniblement allemand):
- Berlin Alexander Platz (en allemand)
- Derrida par Peeters (lors d'une recherche sur Derrida)
- Tristam Shandy
- The Golden Bough
- De l'origine des espèces (Darwin en français)
- Tout Dickens, tout Swift, tout Carroll, toute la poésie de TS Eliot, Ulysses, Don Quichotte dans la traduction récente, les Mémoires de St Simon en deux tomes, tout James, tout Wilde, tout Poe, tout Baudelaire, tout Rimbaud, tout Chateaubriand, tout Proust (ou presque: pas Jean Santeuil et deux œuvres non libres de droits), tout Flaubert.

C'est un vertige que tout cela prenne si peu de place. Mon téléphone me devient très précieux, je le contemple avec respect: ce n'est pas possible (trois ans plus tard, elle comprit ce qu'était un iPhone… (mais enfin, qui ici a vu en 1989 un informaticien excité comme un pou à l'idée de posséder un disque de 60 Mo? J'ai quelques excuses à ne pas m'habituer. L'évolution a été proprement phénoménale.))

J'avais déjà téléchargé tout Hugo et tout Verne, Moby Dick, tout Kafka, Apologia pro Vita Sua et Balzac au compte-goutte (je le lis sur mon téléphone dans la journée, et le soir je lis les introductions et les notes dans la Pléiade.)

Vivrai-je assez longtemps? Curieusement, il me semble que je dois pouvoir tout lire. Pour la première fois, ça me paraît possible. (J'ai oublié Homère.)

Il me manque les Russes, des Russes. Mais je ne lis pas le russe. Et Tabucchi.

New York sous la pluie

H. a très mal dormi («Il ramasse les poubelles à trois heures du matin avec un camion antédiluvien, c'est comme si on dormait dans la rue») et moi comme une masse (aidée de ma boule quiès fétiche). Petit déjeuner à deux pas, chez Pax. Cinq pancakes, j'ai mangé pour la journée.

Nous avons le choix entre retourner au Met ou suivre la High Line. Evidemment, toujours logiques, comme il bruine, nous avons choisi la High Line. C'est au bout de la rue ou presque, nous sommes sur la W 35th st, ça commence au bout de la 34th.

Je repère le nom de Richelieu sur un immense bâtiment qui paraît être une ou la poste. Mais pourquoi?


(Nous achetons des timbres au passage.)
Tout le quartier vers les docks est en travaux, les hommes en bleu de travail et casques de chantier vont déjeuner (il est presque midi), un building est quasi fini, un autre sorti de terre, deux autres n'en sont qu'aux fondations. Cette ville dégage une énergie folle.


Près de l'Hudson se trouvent les parkings de bus et les voies de garage de Penn Station. Il bruine.
Comme de juste, de détours en diverticules nous arrivons par la 33th et non la 34th. H. refuse de faire demi-tour («il y a des escaliers, je les ai vus sur le plan») et nous suivons la High Line… d'en bas, ce qui me fait rire (une atmosphère de casses automobiles et de monde qui se dissout dans la brume de l'Hudson).
Sur la photo, le but, c'est la voie suspendue, interdite, inaccessible.


(Nous finirons par trouver des escaliers.) Grâce au mauvais temps il n'y a pas beaucoup de monde. Evidemment, ce doit être beaucoup plus joli au printemps ou à l'automne, mais même ainsi, cela me plaît beaucoup. J'aime les bancs, les rails désafectés, les herbes jaunies, les immeubles, les rideaux noirs de suie, le ciel…

A deux cent mètres de la fin se trouve cette maquette de Manhattan taillée dans la pierre. J'ai beau savoir que cela ne rendra rien avec mon iPhone, je la prends en photo: une vue d'ensemble, Central Park et Wall street.



Soupe et latte au café Kava du coin, retour en passant par Penn Station pour acheter nos billets et reconnaître notre chemin dans ce dédale. Il pleut de plus en plus.
Deux heures avant le départ. Nous allons perdre du temps chez Macy's, puis récupérer nos bagages à l'hôtel et nous tremper comme des soupes en allant à la gare.

J'écris du train (arrivée à Boston à 20h30). Vive la 3G et la technologie! (Depuis le début du voyage je rends grâce à mon iPhone. C'est tout de même une invention incroyable (bon d'accord, ça fait deux ans que je l'ai. Mais je commence tout juste à m'en servir réellement. Et puis il faut que je m'habitue aux bonheurs du jour (Depuis combien de temps n'ai-je pas dit à quelqu'un que l'une des choses qui m'a le plus marquée dans les blogs, c'est ça?))

Bâtons rompus

— Maman, il va lui falloir une stèle, tellement il y a de choses à écrire sur sa tombe.
— Mais non, on fera un écran qui défile.
— Dans ce cas, il ne faut pas qu'on meurt en même temps, il n'y a que papa pour développer ça.
— Et moi j'irai hacker le système.
— Gravehacker, c'est pas mal comme nom…


— Mais si, tu te souviens, ce film pas possible, on en a regardé un quart d'heure et j'ai craqué… Avec l'ex de Demi Moore… Kushner, quelque chose comme ça…
— Sex Friends, avec Nathalie Portman!
— Oui, sans doute… Franchement, je ne comprends pas, comment peut-on passer de Bruce Willis à ça? Il a du lait qui lui sort par le nez quand on presse…
— Cherche pas maman, il a une grosse teube.
— Je veux bien, mais qu'est-ce que tu fais le reste du temps quand tu te croises?
— Ça n'arrive pas. Tu l'enfermes dans sa chambre avec sa playstation.


Et sinon, il y a ça: on s'inscrit et le système vous alloue une personne à qui envoyer un cadeau anonymement. Par ailleurs vous êtes le destinataire du cadeau de quelqu'un de la liste. C'est ainsi que C. a reçu du chocolat biélorusse et une poudre à la cerise qu'il faudra délayer pour obtenir une sauce. (Je sens que je vais être la seule à oser essayer.)
Il est trop tard pour recevoir des cadeaux cette année (il fallait s'inscrire en novembre, je pense), mais vous pouvez servir de voiture-balai à un laisser-pour-compte, ie envoyer un cadeau à quelqu'un qui devait recevoir un cadeau et n'en a pas reçu. Tenir une promesse à la place de quelqu'un qui ne l'a pas tenue.
C'est un peu compliqué, il faut s'inscrire sur reddit, puis sur redditgift, puis attendre un peu (six heures, douze heures? j'étais si impatiente que j'ai cru que ça ne marchait pas et que j'ai abandonné. Deux jours plus tard C. a vérifié: le site m'avait alloué un destinataire (une destinatrice) aux Pays-Bas).

Aller sans retour

Dîner d'adieu: c'est le grand départ à Boston. Je me rends compte que je ne l'ai vraiment compris que lorsque K. nous a expliqué qu'ils passaient par Reykjavík parce que c'était le moins cher pour un billet aller simple.
(Et j'ai pensé aux colons débarquant en Nouvelle Angleterre).


En rentrant nous déballons les derniers sacs qui nous ont été légués. H. y retrouvent des notes de service d'il y a vingt ans et deux licences Openstep sous blister, une utilisateur et une développeur. Sous blister: so Sheldon!

La fibre

Quand je rentre de la banque (pour un chèque de banque: «C'est pourquoi, ce chèque? — Vous avez besoin de connaître le motif pour l'établir? — Oui.» Qu'est-ce que ça m'énerve. Non seulement nous sommes obligés de déposer nos salaires sur un compte, mais nous ne pouvons pas le retirer entièrement à volonté (à la poste, affiche: prévenir 72 heures à l'avance pour un retrait de 1500 euros. 72 heures?!! Trois jours, et ouvrés, je suppose?) et voilà que je dois expliquer ce que je vais faire de mon argent. C'est mon argent, je l'ai gagné, s'il est véritablement à moi je peux en faire ce que je veux (de légal, je veux bien, mais c'est ma responsabilité de rester dans la légalité: pourquoi instituer ma banque comme mon tuteur officieux?). On dirait toujours que c'est de l'argent à moi alloué par ma banque dans sa grande bienveillance. Zut!) et de la poste (où je découvre avec stupeur que les 225 francs oubliés depuis juin 1999 sur mon livret A sont devenus (à peu près, de mémoire) 187 euros), H. m'attend tout excité:
— J'ai imité ta signature, on va avoir la fibre!
— Quoi? Quel rapport avec ma signature?
— Le contrat de téléphone est à ton nom.

Il me donne des détails techniques. Il est heureux.
Il faut dire que nous pensions que la fibre ne descendrait pas dans notre quasi-impasse (et nous avions déjà élaboré des plans alambiqués pour l'avoir malgré tout). En réalité, elle a été installée physiquement quand les compteurs d'eau ont été changés il y a plus d'un an. Mais pourquoi Orange ne nous a-t-il pas prévenus? Ce n'est que maintenant qu'un commercial démarche les habitants. Nos voisins, qui viennent de s'engager chez Free il y a une semaine, sont verts.

Une partie de golf




Ce dessin m'a rappelé une vieille plaisanterie (7 octobre 1999, me dit mon fichier. C'était les début des mails et tout le monde envoyait la moindre blague à l'ensemble de son carnet d'adresses. Agaçant à la longue, mais j'ai conservé quelques plaisanteries en format .rtf) :


Moïse prend son club de golf et d'un swing élégant frappe sa balle. Elle monte en l'air d'un superbe mouvement parabolique et tombe directement… dans le lac !
Sans montrer la moindre contrariété, Moïse lève son club et les eaux s'ouvrent, lui laissant le passage pour frapper le coup suivant.

C'est maintenant au tour de Jésus. Il prend son club et, également d'une parabole parfaite, (rappelez-vous : la parabole c'est sa spécialité !), il envoie la balle dans… le lac, où elle tombe sur une feuille de nénuphar. Sans s'énerver, Jésus marche sur l'eau jusqu'à la balle et frappe le coup suivant.

Le petit vieux qui les accompagne prend son club et, d'un geste affreux de qui n'a jamais joué au golf de sa vie, envoie sa balle dans un arbre. La balle rebondit sur un camion puis à nouveau dans un arbre. De là, elle tombe sur le toit d'une maison, roule dans la gouttière, descend le tuyau, tombe dans l'égout d'où elle se trouve lancée dans un canal qui l'envoie… dans le lac mentionné ci-dessus.
Mais en arrivant dans le lac elle rebondit sur une pierre et tombe finalement sur la berge où elle s'arrête. Un gros crapaud l'avale et du ciel, un épervier fond sur le crapaud et le saisit. Il vole au-dessus du terrain de golf et le crapaud, pris de vertige, vomit la balle… dans le trou!







Moïse se tourne alors vers Jésus et lui dit:
— J'ai horreur de jouer avec ton père !

Alan Turing

Ayant reçu à vingt ans le surnom de «bonne vieille machine de Turing» (ne vous faites pas d'illusions, il ne s'agissait pas de qualifier mon génie mais ma propension à ne traiter qu'une tâche à la fois et à ne passer à la suivante qu'une fois la précédente achevée (tandis qu'un ordinateur moderne avance aussi loin qu'il le peut sur une tâche puis travaille à autre chose en attendant vos prochaines données ou instructions — un ordinateur passe énormément de temps à attendre (d'où la possibilité d'allouer ces temps morts à des programmes nécessitant d'énormes puissances de calcul)) — mais il me semblait avoir déjà parlé de ce surnom — mais je n'en ai pas retrouvé la trace ici.)

Je suis allée voir The Imitation Game en me demandant avec curiosité comment il était possible de faire une heure et demie de film sur de la cryptographie.
Les ficelles narratives sont classiques (je ne me pose pas la question de la "véracité" de la biographie, forcément ténue, styliséee): non pas le poète maudit mais le génie incompris à la limite de l'autisme, tressage de trois unités de temps, tensions dues au secret, information et désinformation, bêtise du militaire contre intelligence de l'Intelligence Service. (Je ne dis rien de l'homosexualité de Turing qui causa sa condamnation et sa mort, car que dire?)
Cela fait un film didactique qui permet de comprendre (pour ceux que cela intéresse) que le titre fait référence à l'une des premières séquences de Blade Runner.

Concernant la machine de Turing, vous trouverez ici une vidéo longue que j'aime bien (il en existe des versions courtes, de deux à six minutes).
Concernant Enigma, des explications ici et ici en pdf.

S'instruire au petit déjeuner, suite

— On a beau dire, j'aime bien Macron.
— Je ne peux pas répondre sur ce sujet: comme il a été le dernier assistant de Ricœur, je ne suis pas objective.
— C'est bien, d'avoir été le dernier assistant de Ricœur ?
— Euh… si tu aimes Ricœur, tu peux difficilement imaginer mieux.
— Ah oui, je vois… C'est comme en math, avoir travaillé avec Erdös… Il existe un Erdös number, le nombre de degrés qui te sépare d'Erdös, ça se calcule à partir de tes publications dans des journaux scientifiques. Il y a la même chose avec un groupe de métal, Black Sabbath, et un acteur, je ne sais plus lequel, un qui a tellement tourné que si tu es acteur américain, tu as forcément un nombre avec lui… Le top du top, c'est d'avoir les trois, c'est le cas de Nicole Kidman.

L'anecdote m'ayant intriguée, j'ai fait quelques recherches : voir ici, ici et ici les billets de l'inventeur du Erdos-Bacon-Sabbath Numbers.

Je n'ai pas trouvé Nicole Kidman parmi les happy few, mais bien Mayim Bialik (Dr Amy Farrah Fowler) de The Big Bang Theory.
L'amusant, c'est tout de même le Sabbath number d'Einstein.



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15 janvier - Comme je suis malade et que je reste à la maison, je traduis les articles de blog "à la volée" (ça me permettra d'en avoir une copie s'ils disparaissent). Evidemment, beaucoup de noms cités relèvent de la mythologie américaine et ne nous disent pas grand chose. Cependant je reprends les liens des billets originaux en mémoire de Roland Barthes qui admirait la façon dont les Américains créaient des mythes..

Les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath: les personnes au centre de l'univers. Partie I.

Il y a quelques années, j'ai inventé un petit jeu appelé les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath, ce qui est sans doute, voyons, à mi-hauteur dans la liste des choses les plus nerd1 que j'ai jamais faites. En un mot, cela combine les six degrés à Kevin Bacon (dont vous avez sans doute entendu parler) avec le nombre d'Erdös (qui vous dit peut-être quelque chose si vous êtes mathématicien) et le nombre de Sabbath (même principe, avec le groupe Black Sabbath). Si vous avez les trois, vous êtes un BADASS2 CERTIFIÉ, et vous appartenez au groupe extrêmement fermé des gens possédant un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath!

J'ai inventé le concept du nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath en 1906 pendant mes loisirs, mais l'idée n'a vraiment décollé qu'avec la naissance de Kevin Bacon en 1958. Plus récemment, Ross Churchley (lui-même un badass en train de terminer un doctorat en mathématiques) est tombé sur ma définition théorique des EBS et commença aussitôt à chercher les premières personnes dont on pouvait certifier les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. En quelques semaines, son travail sur les nombres EBS a attiré l'attention de quelques célébrités de la liste, dont le docteur Brian Cox, Phil Plait (the Bad Astronomer) et Richard Vranch.

Et donc à présent Ross et moi, debouts à l'avant-garde de la recherche EBS, resplendissants dans nos blouses de laboratoire et nos heaumes de scientifiques, sommes fiers de vous présenter la liste officielle des nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. Ross tient à jour la liste officielle avec toutes les mises à jour venues de son blog tandis que je fournis quelques commentaires caustiques sur les membres de la liste les plus intéressants. Allez voir la liste officielle sur le site de Ross, voyez si vous trouvez quelques nouveaux liens et faites nous connaître vos progrès.

Cliquez ici pour consulter la page officielle du projet Erdös-Bacon-Sabbath.

Bref, qu'est-ce qu'un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath? Et qui est Erdös? Une fois que vous connaîtrez Paul Erdös, l'un des plus célèbre et des plus prolifiques mathématiciens du XXe siècle, vous comprendrez pourquoi ce jeu spécial a tout à fait un sens. Il est dit avoir publié plus d'authentiques pages de mathématiques que n'importe qui excepté Euler. Sa renommée s'étend si loin et si largement qu'avoir collaboré à l'un de ses articles est considéré comme une preuve d'excellence dans le monde des mathématiciens. A un moment donné, quelqu'un commença à retracer la manière dont, de fils en aiguilles, les collaborations permettaient de relier un chercheur à Erdös, et c'est ainsi que naquit le fameux nombre d'Erdös.

Lire (en anglais) à propos de Paul Erdös, le Kevin Bacon des maths.

Bien sûr, un jeu semblable a surgi à propos de Kevin Bacon, dont le nez fend-la-bise semble apparaître dans un film sur deux des années 90. Vous avez sans doute entendu parler des "Six degrés à Kevin Bacon", un jeu formidable à jouer dans les univers adjacents où le smartphone n'existe pas. Il ne fallut pas longtemps avant que quelqu'un vérifie s'il existait des personnes possédant à la fois un nombre d'Erdös et de Bacon…

Lire (en anglais) à propos des nombres d'Erdös et de Bacon (Partie II traduite plus bas).

Finalement, il fallut un génie de mon rayonnement pour accomplir le bond déductif gigantesque connectant les nombres d'Erdös et de Bacon avec un autre jeu semblable, le jeu de Black Sabbath. Oui, il existe une poignée de gens dans le monde qui possèdent les trois — qui ont atteint de telles hauteurs dans ces trois domaines qu'ils sont vraiment, vraiment, des modèles jalousés.

Lire (en anglais) à propos des nombres d'Erdos-Bacon-Sabbath (Partie III traduite plus bas).

Je ne traduis pas la suite qui est la liste des personnes EBS avec des liens vers quelques noms qui mènent à des billets plus détaillés. (Voir en bas de billet).
Si vous trouvez quelques cas (en particulier des Français, ça me ferait plaisir!), vous pouvez laisser vos trouvailles ici ou ici.



Nombres d'Erdös et nombres de Bacon. Partie II

Pour remercier Paul Erdös de son impact inégalé sur les mathématiques, ses centaines de collaborateurs lui ont rendu un hommage adéquat qui a pris son essor de façon indépendante. L'hommage? "Les nombres d'Erdös". Dans le principe, c'est la même idée que "les six degrés à Kevin Bacon", et dans les faits elle a existé bien avant le jeu de Bacon. L'idée est la suivante: si vous avez publié un article avec Paul Erdös (c'est le cas, n'est-ce pas?), votre nombre d'Erdös est de 1. Sinon, vous avez peut-être collaboré avec quelqu'un qui avait un nombre d'Erdös de 1, vous donnant un nombre d'Erdös de 2. Et ainsi de suite — si vous avez un nombre d'Erdös de 5 (comme c'est mon cas [note prétentieuse]), cela signifie qu'une chaîne de cinq collaborateurs vous sépare d'un article écrit par Paul Erdös. Saugrenu, certes, mais parmi les mathématiciens (et plus tard les scientifiques en général) c'est devenu une source de vantardises légitime d'avoir un petit nombre d'Erdös. Les gens avec un nombre d'Erdös de 1 sont célèbres au sens propre dans les cercles matheux. Et si vous ne pouvez vous trouver une connection parmi les auteurs d'articles, vous avez alors un nombre d'Erdös infini, pauvre andouille.

Puisque ce zig a tant publié, sans doute dix fois plus d'articles que les plus prolifiques scientifiques, il est en réalité assez facile d'établir une connection. Il est dit que si vous pouvez en trouver une quelconque (et c'est le cas de la plupart des personnes qui publient dans des revues de mathématiques), votre nombre d'Erdös sera inférieur à dix. Juste pour vous donner une idée, mon nombre d'Erdös de cinq provient d'un article mineur dans une revue de neuroscience moyenne. C'est comme une toile interconnectée géante de publications mathématiques geek, avec Erdös assis au centre. Bien plus, on peut compter sur des gens de cette intelligence pour ne pas laisser les choses évoluer d'elles-mêmes — certains mathématiciens étudient désormais les propriétés mathémathiques de la toile des collaborateurs d'Erdös, au point d'encourager de nouvelles collaborations parmi les habitants de la toile afin de compléter celle-ci.

Accrochez-vous au pinceau: voici les nombres d'Erdös-Bacon

Il n'a pas fallu longtemps pour que la folie déploie ses métastases jusqu'à infecter le jeu des Six Degrés à Kevin Bacon. Le jeu de Bacon, si vous ne le connaissez pas, est exactement la même idée appliquée aux stars de cinéma. Si vous avez un nombre de Bacon de 1, vous avez tourné dans un film avec Kevin Bacon. Si votre nombre est de 2, quelqu'un avec qui vous avez tourné a tourné avec Bacon. C'est un jeu de société amusant de choisir une célébrité au hasard et d'essayer de trouver une chaîne de films jusqu'à Kevin Bacon — pour tout dire il existe maintenant un site qui le fera pour vous. Eh bien, il arrive de temps en temps qu'un mathématicien d'appoint surgisse ça et là dans un film, le plus souvent dans un documentaire, parfois pour apporter sa caution dans un film ayant besoin d'une crédilitié mathématicienne, comme pour Will Hunting. Vous pouvez aussi tomber sur un acteur d'appoint travaillant au noir dans les mathématique, l'exemple le plus connu étant Danica McKellar (Winnie de l'émission The Wonder Years) qui est une mathématicienne honnête-tendance-bonne, et Nathalie Portman qui possède un nombre d'Erdös grâce à un article de neuropsychologie. Il y a donc une poignée de gens qui ont à la fois un nombre d'Erdös et un nombre de Bacon. Les accros au jeu repèrent le petit nombre d'élus qui ont un nombre d'Erdös-Bacon non infini, c'est-à-dire la somme des deux nombres — le nombre d'Erdös-Bacon de Danica McKellar est de 6, celui de Nathalie Portman de 7, ce qui signifie qu'il faut que je tourne dans un film avec Kevin Bacon pour rester à leur hauteur.

L'actuel premier du jeu des nombres d'Erdös-Bacon est un gars appelé Daniel Kleitman, un mathématicien qui a écrit un article avec Erdös (donc nombre d'Erdös de 1) et fut consulté pour et apparut dans le film Will Hunting (lui donnant un nombre de Bacon de 2 par l'intermédiaire de Minnie Driver). Cet homme heureux possède par conséquent un nombre d'Erdös-Bacon de 1+ 2 = 3. Paul Erdös lui-même a un nombre de Bacon, par une apparition dans un documentaire — la comptabilisation semble faire débat, mais selon qui vous croyez, Erdös pourrait avoir un nombre d'Erdös-Bacon aussi petit que trois, par l'intermédiaire de Kleitman. Carl Sagan a un nombre d'Erdös-Bacon de 9 (Erdös 6 et Bacon 3). Dès que nous aurons tourné TimeBlimp3 — le film — je pourrais faire descendre mon nombre d'Erdös-Bacon de l'infini à 20 environ. (Quelqu'un a-t-il le numéro de téléphone de Bacon?)


Nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. Partie III
Mais attendez, de pire en pire : les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath

Arrivés à ce point, vous avez remarqué la tendance des mathématiciens à prendre une idée intelligente et à l'user jusqu'à la corde, dans toutes sortes d'abominables extensions et variations saugrenues. Et je ne suis pas meilleur qu'eux (en réalité je suis bien pire, comme vous l'allez voir). Comment extraire de ce sujet une idée plus saugrenue? Eh bien, il se trouve que le jeu équivalent dans le domaine de la musique de variété est le nombre de Black Sabbath, qui vous indique combien de musiciens relient votre groupe favori foireux aux Dieux du Métal, Black Sabbath. La connection entre deux personnes peut être soit l'appartenance à un même groupe, une collaboration, un musicien invité ou s'étant produit ensemble à un moment quelconque. Par exemple, Faith No More, l'un de mes groupes favoris, comprend le batteur Mike Bordin, qui joua de la batterie pour Black Sabbath il y a quelques année. Mike a donc un nombre de Sabbath de 1, et tous les autres participants de Faith No More de 2. Cela inclut Courtney Love qui, ce qui est plutôt intéressant, fut il y a bien bien longtemps chanteuse de Faith No More. Kool Moe Dee, pour prendre un autre musicien au hasard, a un nombre de Sabbath de 5, par sa collaboration avec Chuck D de Public Enemy, dont le nombre de Sabbath est de 4 selon le site du nombre de Sabbath.

Le nombre de Sabbath paraît avoir moins bien pris que ceux d'Erdös et de Bacon (de fait le site hébergeur paraît ne plus être actif), mais j'aimerais proposer ici, pour la première fois, une extension du système Erdös-Bacon au nombre de Sabbath. Peut-on fondre les trois réseaux en apparence disjoints (nerds, stars de cinéma et musiciens) en un seul réseau géant? Oui, si nous pouvons trouver quelqu'un qui 1/ a publié dans un journal de recherche, 2/ déchire en guitare (ou, s'il faut en passer par là, en synthé) et 3/ est suffisamment non moche pour apparaître dans un film.

Relier Bacon et Sabbath devrait être assez facile — beaucoup de stars de cinéma ont commencé des carrières de musiciens avec des succès variés. Kevin Bacon en est l'un des meilleurs exemples — à ma connaissance, il a un nombre de Sabbath de quatre. De façon plus courante, des musiciens célèbres apparaissent très souvent dans des films. Voici quelques exemples des deux cas, juste pour ouvrir le bal:

  • Steven Seagal. Imaginez ma surprise quand je me suis retrouvé battant la mesure sur une plaisante petite chansonnette bluesy contemporaine à la radio, et que le musicien s'est avéré être Steven Seagal. Oui, le Steven Seagal. Le mec blanc qui louche (comme s'il imitait les dépliants publicitaires antiques et héroïques de la crédibilité des arts martiaux) avec une longue queue de cheval et des gestes d'aïkido dans des successions de films d'action de série B dont les titres ont tous trois syllables (vérifiez, c'est vrai). Il a sorti quelques albums comme chanteur et guitariste qui ont été descendu par la critique (Allmusic.com dit d'un de ses solos de guitare qu'il est "risible"). Mais personne n'a inclus le talent dans le système des nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath, à commencer par moi (cf. l'aveu de moi battant la mesure ci-dessus). Sa "carrière" au cinéma et l'ensemble de son "Å“uvre" musicale lui attribue un nombre de Bacon de 2 et un nombre de Sabbath de 5 pour un nombre de Bacon-Sabbath de 7.

  • Sting. Voilà qui est mieux! Aucune honte à discuter du talent colossal de Sting. (Bien qu'il se pourrait que je me repasse du Seagal avant de réécouter volontairement du Police massivement trop entendu…) Le nombre de Bacon de Sting est 2, par la star John Goodman, et son nombre de Sabbath est également 2, grâce à son partenaire B.J. Cole (qui a joué dans un groupe avec l'ancien membre de Sabbath Glen Hughes). Comme de juste, il surpasse largement Seagal avec un nombre combiné de Bacon-Sabbath de quatre.

  • Mos Def. Le rapper-devenu-acteur Mos Def tourna avec Kevin Bacon dans The Woodsman, lui attribuant le nombre de Bacon convoité de 1, et il possède un nombre de Sabbath de 7, par l'intermédiaire d'une chaîne qui passe par George Clinton et Joe Satriani. Mos Saugrenu.
Et la liste s'allonge, j'en suis sûr — Keanu Reeves, Juliette Lewis, M. Russel Crowe le-lanceur-de-téléphone-énervé, il y a pléthore d'acteurs qui ont enregistré un disque, autant que de musiciens célèbres qui se sont frayés un chemin jusqu'au grand écran.

Cependant relier Sabbath à Erdös pourrait être un peu plus difficile. Qui sur la planête pourrait réunir suffisamment de talent pour 1/ enregistrer un album 2/ apparaître dans un film 3/ être publié dans un journal de recherche? Et bien plus, aurait des connections attestées avec Paul Erdös, Kevin Bacon, et Black Sabbath? J'ai la conviction profonde qu'une personne avec un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath non-infini est ipso facto au centre de l'univers. La chose étonnante est qu'il existe quelques esprits aux talents multiples ici-bas ayant atteint un niveau suffisamment élevé dans les trois domaines pour être des détenteurs potentiels de nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. […] Beaucoup de gens se sont lancés dans la fun entreprise d'allonger la liste des nombres d'EBS, et si vous pensez pouvoir y contribuer, faites-nous le savoir.


1 : bizarre, avec une touche scientifique. Evoque souvent une personnalité introvertie vivant dans son monde.

2 : preux, vaillant, héroïque, formidable, extraordinaire. Bien, quoi.

3 : le nom du blog que je traduis.

Résumé

- le 24 : finalement messe à 23 heures (seule).
- le 25 : chez mes parents. Très beau soleil. Scrabble (je suis nulle) et triomino (un peu mieux).
(Ah si, très important : j'apprends que ma fille souhaite hériter de TOUS mes livres et que le petit dernier lui disputera les Pléiade.)
- le 26 : chez ma tante. Elle se pose à peu près les mêmes questions que moi sur ses cheveux blancs (mais elle est née en 1941).
- le 27 : retour. Le soir Les mondes de Ralph, très bon.
- le 28 : je ne sais plus. Pas ramé, sommeil, trop froid. Rangement et ménage, un peu. Hervé passe mon Mac sur Yosemite. Dur, dur. Je finis Le détroit de Behring et continue la mise en note de L'Eglise de Congar. Fastidieux.
- le 29 : Hubert le matin. Sous tension.

Progrès

J'ai réussi à mettre des listes de lecture sur mon iPod. Dieu que tout cela demande du temps et de la patience. Je suis la personne la moins faite pour ce genre de choses, rien ne m'est intuitif.

Marchandage

— Papa, est-ce qu'il serait possible que tu m'ouvres internet demain soir, ma guilde fait un raid.
— Demain, alors que tu as passé toutes tes vacances à jouer !!… Et puis il y a école jeudi.

Hésitations. Silence. Faire plaisir ou être strict, sachant que nous avons toujours eu l'occasion de regretter d'avoir dérogé à nos principes. L'exception est diabolique, parole d'expérience.

— Bon. Marchandage time. Qu'est-ce que me lis en échange?
— Madame Bovary?
— Tu triches, tu ne l'as pas comme lecture obligatoire?
— Non, il fallait choisir, j'ai lu Une vie.

Et c'est ainsi qu'un raid sur WoW fut échangé contre la lecture de Flaubert.

N'empêche, Olivier est le premier de nos enfants à toujours essayer de nous convaincre. Perso, je n'aurais pas parié trois kopeks sur son succès. Comme quoi, il faut toujours essayer.

Mardi 23

Quatre Impromptu à midi. Des problèmes d'équilibre (cette compensation du corps à tribord pour une pelle qui plume à babord: m'en déferai-je jamais?) mais une belle sortie. Première fraîcheur d'automne sous un soleil resplendissant.
Il me reste des traces d'oppression dans la poitrine, mais elles sont en train de disparaître — lentement.

Journées de bureau très calmes en ce moment: aucune réponse des administrateurs à mes mails, aucune décision de prise. Je sais déjà que nous allons avoir une fin d'année épouvantable, quand tout sera décidé et urgent — et je ne peux rien y faire, sauf avancer sur le fond (il y a toujours du travail de fond à avancer — heureusement).

Hervé revient de Mulhouse après avoir inauguré le Wifilib (l'équivalent de trois ou quatre lignes ADSL, dans la rue et gratuites, bien mieux que la 3 ou 4G, me dit-il) et me propose d'aller voir "une comédie anglaise", Pride.
Anglaise je veux bien, mais certainement pas une comédie. Le pendant anglais et optimiste de Dallas Buyers Club, une histoire que je n'aurais pas cru possible si elle n'était avérée. Surprenant et émouvant, parfois proche de la caricature ou du cliché, mais la vraie vie concernant ces sujets (grève des mineurs et lutte LGBT) est elle-même caricaturale.
Même si ce n'est pas son sujet principal, ce film montre bien le grain de folie et de joie que les gays sont susceptibles d'apporter au quotidien, joie et gaieté si attirantes quand, sans connaissance de ce milieu-là, on cherche juste à échapper à la grisaille ou à résister au désespoir. Le merveilleux est que cela ne réside qu'en une façon de se comporter et d'envisager la vie, la grisaille de l'existence n'a rien d'ontologique.
Rappel des années Thatcher, du début du sida, mesure du chemin parcouru par les LGBT depuis 1984 — et du chemin restant à parcourir.

Candy crush

Deux hommes d'une cinquantaine d'années bavardent à côté de moi dans le RER.
— Et ton fils ?
— Ah, il doit partir en Suède… Tu connais Candy Crush? Eh bien, ils ont trois centres, Barcelone, Londres et Stockholm; il est pris à Stockholm. Il va faire de l'analyse de bases de données. Tu sais, quand tu joues, tout est envoyé à de super-ordinateurs, ils décortiquent comment tu joues pour améliorer le jeu, pour repérer les tricheries… C'est de l'analyse statistique de comportement.



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Agenda
Le soir, dîner avec les drôles de dames de H.

Une journée de surf

J'espérais bloguer, rattraper les billets en retard à travers les années (juillet 2010, août 2012, octobre 2013).
Et puis… matin sur FB, marché, déjeuner très tard, leçon sur le fonctionnement de l'iPhone…

H. a constaté avec étonnement que l'intégralité de mes podcasts en littérature ne tenaient pas sur l'iPhone. Il a également mieux compris pourquoi iTunes m'avait découragée circa 2007: tout est en vrac, mal regroupé. Dès qu'il ne s'agit plus de musique, iTunes perd tout repère. (Et en musique, c'est énervant cette façon qu'il a de confondre "artiste" (compositeur) et interprète.)

Passé un très (très très) long moment à choisir une coque de téléphone sur Redbubble. J'en ai profité pour acheter le cadeau d'anniversaire de H.

Le soir, impression d'avoir perdu ma journée (par rapport à mes ambitions du matin, c'est certain).

Le fils prodigue

Deux figures me retiennent dans la Bible : celle du frère du fils prodigue qui ne se réjouit pas, celle de Jonas qui ne veut pas aller à Ninive car il désapprouve la mansuétude divine et ne veut pas se fatiguer à prêcher alors que Dieu est prompt au pardon.

Autre figure: le père du fils prodigue.
Il n'y a pas à tortiller, je suis plus rancunière.
Ou : j'ai la mémoire plus longue, la méfiance à fleur de peau, d'autant plus à fleur de peau que je combats ma naturelle tendance à faire confiance.
Ou : le fils prodigue ne paraît pas avoir fait montre de beaucoup de repentir.


C. est accepté à 42. Cela ne parvient pas à me réjouir. Je l'ai vu abandonner trop de cursus aux environs de février-mars. Je commencerai à y croire un peu en juillet prochain.

Miscellanées geek

- Fierté : quand il s'est agi d'attribuer un personnage de la Guerre des étoiles à chaque membre de la famille, je me suis vue identifiée… à R2D2. (Dans les sept nains je suis Atchoum.)

- Inquiétude : j'ai enfin compris ce qui me déplaît dans la piscine de 42: elle me fait furieusement songer à On achève bien les chevaux, ce film qui hante mes cauchemars.

Actualités

En ce moment, ça se passe ici ou ici ou encore ici.

Mes cours ont repris la semaine dernière avec Yara Matta. C'est un pur bonheur difficile à transmettre. C'est un tissu de références et de citations croisées, non plus des allusions obscures et déstabilisantes à des textes en akkadien, égyptien ou assyrien, mais une circulation rapide dans les textes du Talmud, Targum, etc. Circuler de versets en versets via un mot ou un thème lors d'un commentaire rabbinique s'appelle "faire un collier".
Et tandis que Yara Matta nous explique le contenu des offices à la synagogue et leur évolution, la similitude avec la liturgie latine éclate (deux lectures, introduction d'un psaume après 70 (concile de Yabneh), une homélie). Cela ne semble pas avoir deux mille ans mais cinquante ou dix, c'est hier ou aujourd'hui. La liturgie comme immobilisation du temps, éternité. Nos deux traditions si proches sont sœurs et la douleur de la destruction des juifs d'Europe remonte, tant de haine tant de siècles, à l'image des nombreux frères ennemis de l'Ancien Testament, et tout cela alors que nous sommes les mêmes, nés des mêmes récits.
Il y a une douleur et une joie dans ces cours, dans ce cycle de théologie, que je ressens très profondément mais que je ne sais pas exprimer. La façon dont le temps boucle, de l'an zéro aux années 1940, est pour moi une évidence. Nous vivons après la fin du monde, ou d'un cycle.

Deux références:
La traduction du Targum du Pentateuque (Torah en araméen) en français par Roger Le Déaut
et Ephraïm Urbach, Les sages d'Israël, qui, selon les termes de Yara Matta, est «à lire l'été. C'est un gros pavé mais très agréable à lire, qui couvre la période des Tanaïm jusqu'au 5e siècle».

Trois jours

- dimanche
Journée bizarrement active : je sais que nous avons avancé sur un certain nombre de points, mais je ne saurais pas dire lesquels et j'ai l'impression de n'avoir rien fait.
(Ah si, je me souviens: le gros du week-end a consisté à remettre d'aplomb l'ordinateur des enfants (copie de disques durs, tripes à l'air etc) et à récupérer les données du serveur qui devait être débranché depuis Pâques ou mai. (Ordinateur en panne une semaine avant les grandes vacances, O. à son habitude n'a rien laissé paraître mais je le savais affreusement déçu: à quoi bon des vacances si ce n'est pour jouer à WoW douze heures par jour?)) Commencé le repassage devant Laura dont je gardais un souvenir émerveillé.
Ma fille me fait rire à dévaliser mentalement la maison "pour s'installer" (comprendre: meubler son studio). Il y a du regroupement de livres en perspective puisque qu'elle veut me piquer deux étagères (bon bon bon).

- lundi
A force de ne rien demander pour ne pas donner de faux espoir j'ai tout compris de travers et nous sommes arrivés en retard à Cloyes (dire en retard est un euphémisme: tout était fini).
Malgré tout, nous avons vu la maison du notaire que Zola décrit au début de La terre. Cette sensation de la littérature qui devient quotidienne, qui s'incarne dans le quotidien, je l'aurai vraiment découvert tard dans ma vie. Ça change tout, quelque chose gagne en épaisseur, atterrit dans le réel (mais qu'est-ce que le réel? Non non, je ne vais pas m'embarquer là-dedans (je lis Valensin et le passage (ou pas) de l'idéalisme à l'existentialisme)).
Je suis reconnaissante aux enfants de m'avoir accompagnée sans protester.
Repassage tard dans la nuit (disons: jusqu'à l'aube). Mes beaux-parents prennent possession de la maison vendredi prochain et j'aimerais qu'elle soit présentable, ce qui n'est pas un mince défi. (Tant pis pour le jardin, à l'impossible nul n'est tenu).
Je continue le grec et l'allemand, doucement.

- mardi
Un pastis en écrivant ces lignes. Après une semaine à cinq, nous sommes de nouveau trois depuis lundi.
J'ai vu Danielle à midi, ma collègue de galère en 2012. Elle avait un tee-shirt blanc, c'était la première fois que je la voyais avec autre chose que du noir (elle est veuve depuis cinq ans, après avoir accompagné son mari le long d'une maladie interminable). Elle fait des projets, elle va mieux, cela m'a fait plaisir (et m'a rendue jalouse, car ce n'est pas moi qui suis là pour constater qu'elle va mieux, ce sont d'autres collègues qui l'accompagnent désormais. L'être humain est bizarre).

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Paul Rivière.

Quarantaine

En rentrant samedi m'attendait un tout petit livre, En quarantaine de Jacqueline Harpman, accompagné d'une carte postale: «je voulais te donner ce petit texte qui me semble fait pour toi».

Je l'ai lu ce soir en rentrant sur le quai du RER. L'auteur raconte comment elle fut mise en quarantaine au lycée (personne, élèves ou professeurs, n'avait le droit de lui parler pendant quarante jours) après avoir démontré son illogisme à une amie capable simultanément de faire pleurer le lycée sur ses angoisses de sœur d'un soldat au front (nous sommes en 1942) et de défendre dans une dissertation Péguy louant la beauté de mourir pour la patrie («Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés»). L'amie vexée alla se plaindre à la directrice en déformant les propos et l'auteur fut mise en quarantaine après avoir ressenti physiquement l'impossibilité de s'excuser, puisqu'elle était dans la vérité.
A la fin de la quarantaine, ses camarades de classe ne comprirent pas pourquoi désormais c'était elle qui ne leur parlait plus.

Qu'on m'envoie ce texte avec les mots "il me semble fait pour toi" est assez mélancolique mais plutôt rassurant: non je ne suis pas folle, ce que je vois et ce que je vis est vu par mon entourage.

Je m'interroge parfois sur mon effrayante capacité à me disputer ou simplement à me détacher des gens. J'ai l'impression d'être un serpent qui avance en laissant ses mues derrière lui: pourquoi ? Trop brutale, trop franche, pas assez gentille? (Oui.)
D'un autre côté, je sais aussi que n'importe laquelle de ces personnes pourraient venir me demander un service: si c'était dans mes capacités, je le rendrais sans même réfléchir, cela me paraîtrait totalement normal (d'où d'ailleurs ma difficulté à envisager que cette sensation de normalité, "chose qui va de soi", ne soit pas universellement partagée).

J'ai cessé de m'interroger sur tout cela. Il y a eu plusieurs étapes dans cette acceptation de la solitude. Il y a eu le jour où une amie m'a dit (nous parlions de nos années de collège): «Ce que les autres n'acceptent pas, c'est que nous n'ayons pas besoin d'eux». Et cela m'a paru très vrai: avec nos livres, nos passions, nous sommes autonomes, perdus dans nos pensées, ailleurs.

Et puis il y a eu ce texte de Paul Graham:
Alors si l'intelligence elle-même n'est pas un facteur de popularité, pourquoi les enfants intelligents sont-ils toujours impopulaires? La réponse, je crois, c'est qu'ils ne veulent pas vraiment l'être.
Si quelqu'un m'avait dit ça à l'époque, je lui aurais ri au nez. Etre impopulaire à l'école ça rend les enfants malheureux, certains au point de se suicider. Me dire que je ne voulais pas être populaire, ç'aurait été comme dire à quelqu'un mourant de soif dans un désert qu'il ne veut pas d'un verre d'eau. Bien sûr que je voulais être populaire.
Mais en fait non, pas assez. Il y avait quelque chose que je voulais plus: être intelligent. Pas seulement pour avoir des bons résultats à l'école, même si ça comptait, mais pour concevoir des fusées, ou pour bien écrire, ou pour comprendre comment programmer un ordinateur. D'une façon générale, pour faire des grandes choses.
A l'époque, je n'ai jamais essayé de séparer mes désirs et de les peser l'un vis-à-vis de l'autre. Si je l'avais fait, j'aurais vu qu'être intelligent était le plus important pour moi. Si quelqu'un m'avait offert la possibilité d'être le gosse le plus populaire de l'école, mais au prix d'être d'une intelligence moyenne (laissez-moi croire que je ne l'étais pas, voulez-vous), je ne l'aurais pas saisie.
Ce texte, que j'ai découvert en 2009, a été une révélation: tout cela n'était finalement qu'une question de hiérarchies dans ce qui comptait le plus pour moi, l'important pour ne pas être malheureux était d'en avoir conscience.
(Lisez la fin du texte : c'est une analyse dévastatrice de la fonction de l'école jusqu'au bac comme une gigantesque garderie.)

La carte postale se termine par cette phrase que j'aime beaucoup: «les Mille et une Nuits ne semblent pas faits pour traverser les siècles».

Le pont de la rivière Kwaï

Matinée sur des sites de… teeshirts : spreadshirt, redbubble, I' m voting tea party, woot, 80stees, ça me fait rire (un rien m'amuse).

Commencé à écrire sur Tamar (je me suis aperçue que j'avais perdu ma dissert de l'année dernière sur tradition et révélation. Il faudra que je fouille dans ma clé USB sur laquelle je sauvegarde de temps en temps en vrac, générant quantité de doublons qui font que je n'ose plus l'ouvrir).
Cette deuxième année représente de grands progrès sur la maîtrise du temps, avec plus de rigueur et de discipline, à tel point que j'ai entendu H. regretter le temps où je perdais mon temps sur internet!!! (comme quoi tout est possible, même l'incroyable. Contexte: je me plains de tout perdre et de tout oublier. Il me répond: «Normal, tu fais trop de choses. Moi: —Tu plaisantes, j'en fais beaucoup moins, plus de blogs, plus de FB, j'ai beaucoup concentré mes activités. H: —Justement, surfer et glander, ce n'est pas fatigant.»)

Le pont de la rivière Kwaï. Je ne l'avais vu qu'une fois en cassette vidéo, j'en gardais un souvenir flou (deux images, "le four" du camp et le jardin paradisiaque du commandement britannique). Quelle perfection dans la construction narrative, tout le nécessaire, rien que le nécessaire, au moment qui convient.

Dîner chez Jaffar. Nous sommes clients depuis longtemps. Lorsqu'il avait fermé en 2010, j'avais cru que les charges avaient tué un petit restaurant de plus: j'ai la surprise de découvrir qu'il est recommandé par un journal de Chicago!

Vendredi latin

Après-midi latin (conférence). Je me dis que si j'avais eu cet ordinateur à l'époque de Compagnon, j'aurais pu taper en direct (y a-t-il du wifi au Collège de France?) Bon évidemment, je n'aurais pas pu donner les références précises des citations (le vrai plus de mes notes sur Compagnon, c'est ça: j'ai référencé toutes les citations à partir de mes Pléiades).

Le soir il commence à neiger. Bibliothèque Beaugrenelle. Je récupère un livre "pour public motivé".

En bas de la pente la voiture ne tourne pas. Elle ne freine pas non plus. Je choisis un arbre pour arrêter ma course (lente), je serre le frein à main, la voiture dérape et s'arrête. Je repars lentement dans la bonne direction.
Il y a trois centimètres de neige fraîche.

La vie IRL pour les nuls

— Il faut que je me mette à faire dans la vraie vie ce que j'ai fait sur internet: il faut que j'arrête de plaisanter. Comme personne ne comprend mon humour, j'écris mais je ne valide pas, j'écris et j'efface. Avant je mettais des smileys, mais comment met-on un smiley dans la vraie vie?
— Maman! Un smiley dans la vraie vie, ça s'appelle un sourire !!!



(Mais bon, quel intérêt de raconter une grosse bêtise ou une fine plaisanterie en souriant? Ne pas sourire, c'est faire confiance à vos interlocuteurs, savoir (croire) qu'ils vont comprendre que c'est une grosse bêtise ou une fine plaisanterie; et même penser qu'il est impossible que vos interlocuteurs ne s'en rendent pas compte; et il est toujours un peu décevant, pour ce que vous pensez d'eux et ce que vous découvrez qu'ils pensent de vous, de s'apercevoir qu'ils ne voient pas la grosse bêtise ou la fine plaisanterie, ou n'y croient pas, qu'ils ne vous en pensaient ou ne vous en pensent pas capable, en un mot, qu'ils ne vous font pas crédit.)

Des liens

Un vrai pub pour hobbits (merci Caféine)

un jeu sur amiga (je me demande ce que nous avons fait du nôtre — aucun souvenir)

le pétrole du Kazakhstan (cela doit concerner Zvezdo)

un film de zombies tourné dans les locaux du Cern

une ode au mariage

le divorce homosexuel en Israël fait avancer "la cause" du divorce pour tous

Grothendieck, génie des maths

un blog de pharmacien

architecture soviétique et sciences-fiction

remontez (ou descendez) jusqu'à trouver le tweet qui commence par 1 : l'Iliade en 140 tweets

et last but not least, ne ratez pas les aventures du Pape sur Twitter.

Si vous avez des minutes de votre vie à perdre

Le web inutile (mais pas sans intérêt. Enfin, un certain intérêt.)

Encore

Encore un changement d'ordinateur. Depuis mars je travaillais sur deux portables, ayant reçu en cadeau un MacBook Air auquel je me suis beaucoup attachée: exactement la bonne taille pour mes mains, le bon poids pour mon sac, les bonnes dimensions pour la discrétion, le rêve. J'ai pris l'habitude de l'emmener partout, alors que l'autre a toujours été beaucoup plus fixe car plus lourd.
Les fichiers sur lesquels je travaillais étaient dans deux dropboxes synchronisées avec le portable principal qui conservait également mes photos et iTunes.

C'est fini, tout a été rapatrié sur le "petit" (dit bien évidemment "my precious") et le grand va être vendu. Il va falloir que je m'habitue à Lion. Je perds le compte des ordinateurs que j'ai eus, mais j'espère que celui-ci va durer (Je les use. Ils paraissent inusables, juste suceptibles d'obsolescence, mais je sais que je les use. Je les sens s'essouffler progressivement sous mes doigts, se mettre à souffler et perdre souffle.)

(Dans l'autre sens nous venons de remplacer le téléphone de la maison par un téléphone filaire: fatigués de courir après les récepteurs abandonnés dans les étages, fatigués des batteries déchargées, fatigués de mal entendre. J'ai réussi à trouver un câble RJ9 de cinq mètres, fil en spirale.)

Configuration inédite

Seule avec les deux garçons, tous les trois dans le salon. L'un mange du gâteau au chocolat en faisant beaucoup de bruit, la pendule fait tictac, le dernier se concentre devant un jeu sur l'iPad oublié par son père. Je bois mon thé.

Québec, Afrique, bande dessinée, latin, quatrains : quelques blogs.

Embruns suit les événements au Québec.

Ici, des nouvelles du monde avec analyses et cartes (voir la montée de l'extrême-droite en Europe).

Plus gai, des nouvelles de la bande dessinée (enfin, deux morts récents, tout de même (Moebius et Sendak)) et plus largement de livres aimés.

Un blog pour —apprendre? — réviser? le latin ou tout simplement lire des traductions d'Horace.

Enfin, un quatrain quotidien donnant une forme fixe à l'air du temps («contrainte molle dure à tenir», l'esprit du blog est donné).




Encore plus tard:
Et un peu d'études de jeux video via Very Serious Geek

Towel day

Programme du jour de la serviette vendredi 25 mai 2012 (des explications ici).

Cette année j'ai commandé ma serviette.



ajout le soir: vu Babycall. Film fantastique. On en sort secoué, mais aussi avec l'impression vague d'avoir été floué: la tentative de démêler ce qu'on vient de voir ne donne pas satisfaction. Visage mobile de l'actrice aussi contrasté que le ciel, du sourire à l'angoisse.

Qui sont ces gens ?

Hier, H. s'est fait voler son iPhone par un pickpockett. Comme c'était un téléphone d'entreprise, il a aussitôt été remplacé par un autre, plus avancé, à qui l'on peut parler et qui vous répond (chaque fois je pense aux lois robotiques d'Asimov):
— Tu te rends compte? Je lui demande le temps qu'il va faire demain, il me répond «Il va pleuvoir demain». Et après-demain? «Le temps pour après-demain n'est pas sûr.» Tu te rends compte? Il a rapproché la deuxième question de la première, il a fait un raccourci sémantique pas du tout évident, ça c'est de la technologie, on n'est plus dans de l'informatique de gestion…

Sa curiosité le console un peu de sa perte (parce que malgré tout, il est malheureux de ce vol, comme chaque fois que nous sommes confrontés à la méchanceté du monde). Il fait des tests:
— Appeler ma femme.
— Je ne sais pas qui est votre épouse. (La voix est un peu mécanique. Elle continue:) d'ailleurs, je ne sais pas qui vous êtes.

Si vous êtes geek, votez Bayrou

J'allais voter tranquillement Bayrou sans faire suer personne, parce que c'est celui qui m'agace le moins; celui qui me paraît le plus raisonnable et le plus sensé.

Et puis mon fils a trouvé ça (enfin, je ne sais qui lui a dit que) : allez sur le site http://bayrou.fr/. Avec les flèches de déplacement, tapez deux fois la flèche haut, deux fois la fèche bas, puis gauche droite gauche droite, puis les touches b puis a.
Attendre quelques secondes.

Et donc la raison n'empêche pas le farfelu (si tant est que Bayrou soit au courant). En tout cas, avec un entourage pareil, il est probable qu'il ne conconctera pas un Hadopi 3 ou 4.
Bref, si vous êtes geek, que vous croyez en 42, votez Bayrou !

Le service après-vente de l'Apple Store, quelque chose du trombone de Microsoft Office

Le Trombone, pour mémoire.


Applestore du Carroussel du Louvre.

— Vous avez un rendez-vous?
— Euh non, pourquoi, il faut un rendez-vous?
— Ah oui, c'est comme chez le médecin, il faut prendre un rendez-vous.
— Ah je ne savais pas, mon problème est tout simple.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Le chargeur ne marche pas. C'est bien le chargeur, j'ai testé la batterie à la maison avec d'autres chargeurs.
— Il va falloir prendre un rendez-vous.
— Mais vous ne pouvez pas au moins vérifier que c'est bien ça qui ne va pas?
Il hésite.
— Oui bon d'accord.

Il s'en va. Le temps passe. Je n'ose prendre un livre, car je crois que si je ne croise pas ses yeux de temps en temps je vais disparaître de sa mémoire. De loin je le vois discuter avec un grand black à propos de ce qui paraît être un iPhone. Est-ce qu'il a pris un rendez-vous? je suis à deux doigts d'aller poser la question mais je me dis que ce ne serait pas de la plus haute diplomatie. Un autre vendeur passe, je lui fais part de ma peur d'être oubliée, il va se renseigner, revient, je ne dois pas m'inquiéter.
J'attends.
Le premier vendeur revient
.
— Alors qu'est-ce qu'il y a?
— C'est un ordinateur tout neuf acheté il y a une semaine, et le chargeur ne marche pas.
— Il va falloir prendre un rendez-vous.
— Mais vous ne vérifiez pas mon diagnostic? Vous voulez la facture?
Je commence à farfouiller dans mon sac, il m'arrête, grand seigneur:
— Non non, on ne travaille pas comme ça.

Il branche le chargeur, essaie le connecteur, tâtonne, vérifie l'absence de faux contact, prend un autre chargeur, vérifie qu'il s'allume aussitôt.

— Ah oui, c'est le chargeur, il va falloir prendre un rendez-vous.
— Mais vous ne pouvez pas le changer tout de suite? Comment je fais sans chargeur?
— Vous en achetez un, vous prenez rendez-vous, et on vous le remboursera.
— Vous plaisantez.
— Non, il faut prendre un rendez-vous.
— Mais je ne veux pas acheter de chargeur; je n'ai pas confiance.
— Alors il faut prendre un rendez-vous.
Je commence à trouver cela vraiment drôle à force d'être stupide.
— Bon, allons-y.
— Votre nom? dit-il en s'emparant de son iPad.
— Euh... Vous ne m'avez pas proposé d'horaires. Vous avez besoin de mon nom pour accéder aux plages horaires? Elles dépendent de mon nom?
— Non, chez Apple on ne fonctionne pas comme ça. J'ai besoin de votre nom pour prendre un rendez-vous.
Je m'empare de l'iPad, je tape mon nom. Nous sommes lundi, les premiers rendez-vous sont dans une semaine. Il note quelque chose dans la zone de texte libre, je lis.
— Vous n'avez pas précisé que c'est un MacBook Air, si vous voulez préparer la pièce — car j'essaie comprendre, et la seule explication sensée que je vois à ce délire, c'est qu'il y ait gestion de stock, préparation de la pièce pour échange standard, etc.
— Non, c'est inutile, on a la pièce en stock, vous savez.
— Mais alors, pourquoi on ne l'échange pas tout de suite?
— Parce qu'il faut prendre rendez-vous.
— Et vous trouvez normal de déranger quelqu'un deux fois pour un échange de pièces qui prend dix minutes?

Je n'ajoute pas que nous sommes en train de dépasser les dix minutes et que s'il m'avait échangé le chargeur tout de suite, je serais partie depuis longtemps. C'est trop difficile à expliquer à quelqu'un qui veut absolument me faire revenir alors qu'il pourrait règler mon problème immédiatement. Mais je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas.

— Ah, je ne sais pas pourquoi on vous a fait venir la première fois…
— La première fois, c'est celle-là. La deuxième, ce sera lundi prochain. Qu'est-ce que vous allez faire lundi prochain, pourquoi me faites-vous revenir?
— Ne vous inquiétez pas, on ne fera rien, on changera le chargeur.
— Mais alors…

Je pars, ahurie.

PS. Apple a confirmé mon rendez-vous. Youpi.

mise à jour le 8 avril : problème résolu en passant hier à l'Applestore de Carré Sénart. Sans rendez-vous.

Quelques liens

Ça ne s'arrange pas : plusieurs jours sans même pouvoir arriver devant cet écran. Voici quelques liens thésaurisés avant de compléter les jours précédents (de dimanche à ce soir):

l'odeur des livres en bouteille

quelques pas de danse au ralenti

des raisons d'être optimiste

des portraits d'artistes, de savants, de chanteurs…

450 films libres d'accès (Wells, Lang, Tarkovsky, le premier court-métrage de Lynch, etc)

un projet obsessionnel en blanc (dédié à Guillaume) qui aime les obsessions (je le comprends)

le dessin technique d'une brique de lego

des ordres de grandeur démographiques: équivalence entre la population de mégalopoles et celle de quelques Etats d'Amérique

un peu de bisounours israëlo-iranien (irénisme, dirais-je à ma collègue en manque de gros mots)

l'histoire de la page de Google (conte pas du tout moral, l'incompétence récompensée)

le hashtag #jenaipasportéplainte : contre le silence qui suit un viol

un jeune blog qui raconte des histoires d'enfance, et qui m'intrigue, parce que les histoires sont assez longue: va-t-il tenir le rythme?

trajet de la Comté au Mordor (ne faites pas comme mon fils, regardez les lieux traversés)

écouter des auteurs (anglais) morts (pastiche en anglais).

Mon precious

H. m'a offert le plus petit des Macbook Air. A priori je vais pouvoir abandonner papier et crayon. Et si vraiment je peux avoir du wifi partout, je crains que H. ne tarde pas à le regretter?
(C'est très amusant de mettre au point la synchronisation de deux ordinateurs à base de dropbox et d'evernote. Il va falloir que je me perfectionne. Le ménage sur le grand frère devient plus que jamais urgent.

Steve Jobs (1955-2011)

C'est bizarre, tout le monde le connaît à présent, à cause (ou grâce) à l'iPod et l'iPhone. Quand l'iPod avait connu le succès, j'avais ressenti la même impression que lorsque Umberto Eco était tombé dans le domaine public avec Le Nom de la rose.

Mes souvenirs de Steve Jobs, c'est le Newton et le lancement de NeXT. Je devrais sans doute le mettre dans l'autre sens, d'ailleurs, NeXT France ayant précédé le Newton. Mais si l'on excepte le lancement de NeXT à la Défense , cela n'a compté qu'après (dans ma vie, je veux dire).

Le Newton, ce sont des week-ends de solitude avec C. qui savait à peine marcher, pendant que H. allait développer des "applis" chez et avec un ami. Evidemment, vu les ventes du Newton en France, cela ne nous a pas rendu «rêches et célibres», selon notre expression de l'époque. (Je me souviens d'un dessin, d'une pomme en train de tomber sur la tête de Newton, avec une bulle: «Soit je rebondis, soit c'est le grand splash.» La pomme n'avait pas l'air très rassurée.)
Sans doute cette solitude m'a-t-elle fait souffrir davantage que je ne le pensais (en fait je n'avais pas conscience de souffrir, je considérais tout cela avec bienveillance, amusée d'être perpétuellement trompée avec l'informatique (je n'ai jamais accepté un portable dans mon lit, comme quoi la symbolique doit être plus profondément enracinée que la boutade pourrait le laisser croire)), car lorsque l'iPhone a commencé à connaître le succès que l'on sait et que H. a évoqué l'idée de "développer des applis" pour lui, j'ai explosé. J'ai dit non, surprise moi-même par la violence des sentiments qui remontaient, et que j'ignorais jusque alors (entre les deux dates, il y a douze à quinze ans).

NeXT, c'est différent. Nous n'avions pas les moyens d'en acheter, et pourtant, je ne sais combien de NeXT il y a eu à la maison, plus ou moins en pièces détachées, les uns servant de donneurs d'organe aux autres. H. était en extase devant leur système d'exploitation, régulièrement je l'entends soupirer «l'informatique n'a fait aucun progrès depuis le NeXT, quand on l'allume, on voit que tout y était». Je n'ai jamais compris pourquoi il ne s'était pas lancé à corps perdu dans l'aventure. La peur de réussir ou la peur d'échouer ou la peur d'être déçu par ce qu'il aimait profondément? (et le savoir aigu que Steve Jobs avait un caractère impossible, dictatorial). J'aurais dû lui poser la question à l'époque, je regrette de ne pas l'avoir fait.
J'ai été heureuse d'apprendre un jour que NeXT était le père d'internet (enfin, ne disons tout de même pas trop de bêtises dans un domaine que je ne maîtrise pas: la machine qui a porté le premier réseau internet, cf. le lien donné plus haut).

Il me reste aussi un T-shirt. Je ne l'ai pas jeté, même si franchement il est dans un état lamentable.




J'ai pensé à «Roll the dice. Mourning will commence at dawn».

Révérence

Steve Jobs s'en va. Ce n'est pas la première fois. Mais j'ai l'impression que ce sera la dernière.





Il y a 555 ans : première Bible imprimée.

Conversation entre nanas

— On a acheté des fringues, puis on est allé manger une flameküche chez O'Neill en attendant l'heure de la pièce.
— Je vois, une discussion entre nanas…
— Tout à fait. Elle m'a expliqué la courbe de von Koch. «Tu sais ce que c'est que le Flocon de von Koch? Javais compris le Faucon de Folcor et je croyais à de la SF…
— Non.
— C'est une figure au périmètre infini mais à l'aire finie. J'ai un triangle équilatéral, et sur chaque côté j'ajoute des triangles équilatéraux dont la hauteur fait un tiers de la hauteur du grand triangle. J'ai appelé SO l'aire du grand triangle et (etc…). Et quand je suis allée voir ma prof, elle a détruit cinq heures de calcul en trois minutes: «alors tu sais que l'aire des petits triangles est égale à un neuvième du grand… — Mais pourquoi madame? — Mais si, tu as vu l'année dernière que s'il existe un rapport k entre les hauteurs de deux triangles, le rapport entre leurs aires est de k au carré, donc l'aire de ta figure totale…» (etc).


J'ai fait un tour dans l'un de mes blogs préférés.
Billets citant la courbe de Koch.
La construction du Flocon est disponible sur wikipédia.

Towel day : rendez-vous aux arènes de Lutèce

Pour les 10 ans du Towel Day le Grand Ordre de la Serviette organise un événement inoubliable sur Paris.

LE PROGRAMME COMPLET :

1- Combat de serviette

2- Lancer de serviette

3- Course à la serviette

4- Tir à la Serviette

Entracte — défilé de belles serviettes

Pièce "La Serviette" du fameux poète latin Plaute (254-184 av JC)

Remise des coupes, médailles, diplômes (enfin ce qu'on trouvera!) aux grands vainqueurs des susdites compétitions.

Rendez vous à 19h30 aux Arènes de Lutèce (dans le quartier latin), un somptueux endroit, idéal pour un towel day ensoleillé. Après on ira finir la soirée dans un pub du coin à boire des cacahuètes et manger des bières (ou l'inverse - à voir).

liens

  • Japon
Semaine Japonaise à l'ENS du 26 au 29 avril 2011. (Attention, certains ateliers nécessitent de s'inscrire au préalable.)




- des bateaux
- une analyse des risques de catastrophes naturelles au Japon publiées en mars 2010. (Traditionnellement quand il s'agit de prospectives je recommande les analyses des sociétés de réassurance (l'assurance cherche à ne pas perdre d'argent, et non à en gagner: elle n'a pas la même vision du risque)).
- la fission.

  • un lien geek
histoire et actualité des jeux vidéos.

  • divers
- un rapport sur la prostitution
- un récapitulatif des meilleurs blogs économiques (anglais)
- Isidore, plateforme des sciences humaines et sociales du CNRS
- des documents sur Lacan
- les Cantos de Pound.

*dessins
œuf dur, la disparition des télécommandes, addict au feutre, fromage bleu, cœur.

Paul

J'ai étouffé des sanglots durant le générique de fin, ce qui paraîtra absolument invraisemblable à ceux qui verront le film. C'est cet invraisemblable même qui m'a submergée, ce sentiment aigu, que j'éprouve de plus en plus souvent, de l'incommunicabilité du monde, ou plutôt du ressenti du monde. Ce film n'a rien d'extraordinaire mais reprend et fond trente ans de mythes geek, les doux dingues nés des comics et de Stars War et de Spielberg et de Tolkien et de D&D et d'internet… Il y a trente ans, les geeks n'existaient pas. Point d'étape, synthèse provisoire.

Enfin bon. En attendant c'est très drôle, raisonnablement vulgaire et sentimental (je veux dire pas trop, sans aller jusqu'à l'écœurement), et les yeux et la peau de Paul sont admirables. Admirables aussi les routes de l'Ouest américain, un côté Duel plus que Men in black, à mon sens, avec toujours ce léger vide, ce certain vertige, devant ces routes si droites dans ces paysages austères.

No spoiler.

Les taupes de Facebook

Ce billet sera peut-être un peu difficile à comprendre pour ceux qui n'ont pas de compte FB, d'un autre côté ils ne sont pas très concernés, donc ce n'est pas grave.

Je vais expliquer la technique de la taupe sur FB.
Un inconnu vous demande en "ami", et comme ses centres d'intérêt vous paraissent proches des vôtres, ou qu'il "partage" des amis avec vous, vous l'acceptez. Dès lors, il accède à l'ensemble des messages que vous publiez sur votre mur même si votre profil est très verrouillé (ie, inaccessible) pour les gens qui ne sont pas vos "amis".
Puis il désactive son compte FB, qui devient dès lors invisible, comme détruit (mais il n'est pas détruit: il suffit d'indiquer à FB qu'on veut récupérer son compte pour pouvoir le rouvrir, exactement dans l'état où on l'a laissé).

La taupe réactive son ou ses profils quelques minutes de temps en temps pour venir espionner les dialogues et activités des personnes qu'elle surveille. Entretemps, comme elle est la plupart du temps hors ligne, les personnes ont oublié qu'elles l'ont en ami. Il est très difficile de se débarrasser de la taupe, car il faut être en ligne au moment où elle réactive son compte et profiter de ces quelques instants pour la "supprimer de ses amis".

Taupes recensées à ce jour (je mets des * pour éviter les rechercherches Google) : S*eintisse P*ierre (avec usurpation du nom de Ludivine Cissé en adresse mail), H*éléna R*ibeiri, J*ules S*oerwein. Si vous avez ces noms-là en amis, faites des copies de la liste de leurs amis (pour prévenir ceux que vous connaissez), puis essayer de vérifier qu'il s'agit de véritables personnes (on ne sais jamais ;-) avant de les supprimer de vos amis.

Yu-Gi-Oh

— Il ne faut pas se faire avoir : parfois ils vendent des éditions spéciales, on croit que c'est des decks, en fait c'est juste trois boosters.

Quelques liens

Des jeunes en colère pillent un magasin Damart;

Günther, encore et toujours (je mets le lien vers un billet sur Bill Brandt. J'aime beaucoup ses photos de corps déformés par la perspective);

LE site sur l'Iran (en anglais, désolée);

comment peindre des pointes de sein à sa Barbie (même si vous ne lisez pas l'anglais il y a des photos);

une vente de photos de Richard Avedon chez Christies le 20 novembre;

les manuscrits de la Mer morte bientôt disponibles en ligne;

le virus Stuxnet dans la guerre cybernétique;

une histoire de la typographie

et la mort de Mandelbrot.

The Social Network

L'intérêt d'être à La Défense et de ne pas être trop occupée, c'est de pouvoir aller au cinéma. Et non pas de critique, plus jamais, que des associations d'idées.

The Social Network. Grosse bouffée de nostalgie. Et encore, 2003, c'est déjà très tard dans l'histoire de l'informatique. Hier, je trainais à relire une fois encore les histoire de Dave Small. Ce qui me manque, ce sont les conversations auxquelles je ne comprenais rien mais qui vibraient de passion, les projets terminés à l'arrache à quatre heures du matin, les matins blêmes, le café noir, tout ce qu'on ne voit qu'à peine dans le film, mais que je déduis de quelques secondes du film (marrant, pas de cigarette: ça fume, ça fumait, un informaticien).
Les gens vont retenir les filles faciles, le soleil et la Californie. De ce point de vue, le film est glaçant: filles prêtes à tout pour approcher le pouvoir et l'argent, mecs prêts à tout pour avoir les filles et donc... Au moins c'est simplement expliqué, pas difficile à comprendre.

Mais le plaisir (ou la douleur) de pisser de la ligne, l'importance de l'idée, l'importance de croiser les bonnes personnes... Un succès technologique est rarement né d'une seule personne (est-ce Gilles de Gennes qui le rappelait dans son cours inaugural au Collège de France?), même si l'on ne retient qu'un nom.


Pour ceux que ça intéresserait, les frères Winklevoss rament en pair-oar, le prince des bateaux: deux rameurs en pointe (une seule rame par rameur) sans barreur.
La course à Oxford est bien sûr en huit, le bateau le plus rapide (l'aviron n'est pas très rapide, il y a beaucoup trop de frottements).


En Bosnie ils n'ont pas de route mais ils ont Facebook. Ça m'a rappelé un reportage radio sur la guerre en Tchétchénie: des réfugiés dans un wagon regardaient Santa Barbara...


Contrairement à ce que je lis ça et là, je n'ai pas trouvé que l'image de Zuckerberg soit spécialement négative. Elle est crédible, c'est tout. Les programmeurs ne sont jamais loin de l'autisme du joueur d'échecs. (J'ai pensé au Jeu de la dame.) Il me semblait même possible que Zuckerman ait donné son accord pour le scénario, mais visiblement non. Cependant les scènes-clé sont dites véridiques, ce qui est fort possible dans la mesure où il y a eu procès et témoignages (mais sont-ce des archives accessibles?).

En passant...

L'informaticien qui a donné le nom de bug au bug est une informaticienne. Elle s'appelle Grace Hopper, soit grasshopper (un bug!), le nom anglais de Petit Scarabée...

Foudroyée

Plus d'internet à la maison. La foudre a détruit la freebox. J'écris ces lignes avant de rentrer. De toute façon j'avais si peu le temps d'y passer le soir. Mais le matin, ça va me manquer.

Lausanne

Premier jour de vacances. Aller-retour à Lausanne dans la journée (6 heures - 2 heures du matin (billet écrit quatre jours plus tard)). Ciel gris en région parisienne, soleil sitôt franchie la ligne de la Loire, brumeux dans le Morvan. En Suisse il ne pleut pas.


Dans le (très) long couloir central de l'EPFL, un Cray XMP-48 a été transformé en fauteuil.





Deux autres ordinateurs dans le couloir : un Cray 2 et un Cray T3d MC 256-8 (j'ai pris des notes dans le "brouillon" de mes sms.)

Vocabulaire

— Je n'ai plus que deux frags à finir.
— Viens manger, deux frags, ça peut prendre un quart d'heure.

Il paraît que je ressemble à un zougoumfritien.

Un point sur les réseaux sociaux (enfin, surtout sur FB)

Depuis quelques jours, les touitteux et blogueurs que je suis expliquent les derniers méfaits de FB et proposent des astuces pour s'en défendre.
Je mets dans ce billet un peu tout ce que j'ai vu dernièrement (tout est disponible en français, c'est exceptionnel et souligne sans doute que l'inquiétude gagne):

D'abord, pourquoi nous avons besoin de réseaux sociaux: un magnifique récapitulatif de l'évolution en cinq ans de la politique de Facebook concernant les données privées.

Ensuite, les derniers développements de FB :
- Comment FB partage ce qu'il sait de nous (un peu technique, mais cela amusera bien un ou deux lecteurs);
- comment bloquer le bouton "j'aime" dans les sites hors FB afin d'éviter qu'ils n'aient accès à vos données FB (l'autre solution est peut-être de ne jamais cliquer sur "j'aime", mais je n'en suis pas si sûre. Pas bien compris ce point); ou à l'inverse pourquoi ne pas l'installer ou pourquoi le désinstaller de son site;
- comment effacer son mur FB en quelques minutes (à mon avis, plus efficace que fermer ou demander une suppression de compte: on peut supposer que le dernier état de votre compte FB est celui qui finit par primer sur toutes les sauvegardes précédentes conservées dans les coulisses de FB. Si vous effacez votre mur, ce qui sera sauvegardé sera un mur vide (un peu comme lorsqu'on écrase un billet par un autre dans un blog: ce que conserve Google, c'est le dernier état du billet).

Enfin, il faut savoir qu'il existe des réseaux pour à peu près tout (même si je ne sais pas trop comment les trouver). Voici dix exemples, ceux-là en anglais (se faire pousser des moustaches, aimer les vampires ou lire l'avenir, se retrouver entre baby-boomers (comprendre "aînés" pour ne pas dire "retraités"), entre génies, entre futurs divorcés, etc).

Wow, suite

— Alors il y a un mort-vivant qui m'a demandé si je jouais souvent aux RPG. Je lui ai dit oui, mais que mon BG était un peu faible. Beau Gosse, il m'a demandé? Non, je lui ai dit, BackGround.

— Parce que tu comprends, pour Pâques, tu peux devenir un lapin; et ça dure une heure. Moi je croyais qu'on enfilait juste un costume de lapin, mais non, tu deviens un lapin...

Exprime la féminité qui est en toi.

Il y a deux ans, j'ai suivi une formation pour apprendre à interroger les bases SQL. Le formateur free-lance avait appris l'informatique avec grand-papa, ne cachait pas son mépris pour les utilisateurs (que nous étions) et ses clients (pour lesquels il travaillait par ailleurs et qu'il citait en exemple). Bref, un type désagréable.

Pour le déjeuner, nous nous sommes tous retrouvés à la même table, formateur et formés. Les conversations roulant bon train, nous nous retrouvâmes vite à parler Playstation, internet, blogs, WoW, etc., sauf une ou deux minettes larguées et le formateur, considérant ces jeux d'enfants avec le mépris qu'ils méritaient (mais en fait, largué aussi).
Comme à l'époque je faisais quelques expériences sur WoW, je demandais à mon vis-à-vis combien il avait d'avatars (personnages), et sous quelle forme. Il hésita un peu avant d'avouer qu'il avait deux personnages masculins et une elfe. Je compris son hésitation en voyant un sourire goguenard se dessiner sur les lèvres du formateur, prêt à se lancer dans diverses variations sur les tendances efféminées que révélait ce choix. Je coupai court d'une ou deux phrases le remettant gentiment à sa place.

Aujourd'hui, Caféine m'offre un nouveau point de vue sur la question (ce doit être ça, la pragmatique du discours): «Vous connaissez l'adage des joueurs de MMO non ? "Quitte à regarder un cul pendant des heures, autant qu'il soit sexy…"»
Voilà qui me fait regretter de ne plus avoir mon formateur sous la main.

Pour Elisabeth

Pour Elisabeth : nous étions six, Nicolas, GEF, Alain, Dominique, Sophie, moi. Sauras-tu attribuer à chacun ses propos ?

(Vrac et désordre, la conversation par bribes dans mes souvenirs. Je garantis que ce sont mes souvenirs, je ne garantis pas leur exactitude. Ce qui est sût, c'est que les sujets n'ont pas été abordés dans cet ordre).





— Même si je ne lis pas l'anglais, j'ai la version américaine de Laura, il sort en mars. Les cartes sont reproduites en fac-similés et peuvent être découpées à l'attention des lecteurs inventifs qui veulent écrire leur propre roman. — Et qu'est-ce que vous pensez d'Eric Rohmer ?
— Vous saviez que c'était le frère de René Schérer ?
— Ah oui, un autre grand malade… Mais c'était les années 68, et puis il était fouriériste… Lui c'était les petits garçons, il allait se fournir dans les secteurs para-psychiatriques, tandis que Rohmer ?
— Quoi, Rohmer ?
— Il aimait les très jeunes filles, ses actrices passaient toutes à la casserole. Mais elles étaient volontaires, c'est comme Woody Allen : il fait tourner ses actifs au tarif syndical, et ils le savent, mais ils sont tous volontaires…
— Perceval m'a beaucoup marqué.
— Mais ce fut un flop. A l'époque, si tu ne faisais pas quatre semaines sur les Champs-Elysées… Maintenant il y a les produits dérivés. Alors il a refait des films caméra sur l'épaule avec du papier Canson pour la lumière ?
— ??
— Tu ne savais pas ? Un jour un journaliste lui a demandé comment il faisait sa lumière, Rohmer a ouvert un tiroir de son bureau, a sorti une feuille de papier et a dit « Voilà, je mets la feuille derrière l'acteur, j'attrape le soleil, et je tourne. »
— Et le dernier ? Daphnis et Chloé ?
— David Hamilton revisité.
X. rit.

— Mais quand on est sur scène on dit souvent n'importe quoi. J'adore Vila-Matas, j'ai tout lu de lui. Dans ses livres il parle d'Achille Campanile ( ?? à confirmer), il dit que c'est un grand méconnu et qu'il l'adore, alors j'ai trouvé et acheté les livre de cet Achille Campanile, il n'y en a pas beaucoup, et quand j'ai rencontré Vila-Matas, je lui ai montré les livres d'Achille Campanile, et il m'a dit qu'il ne savait pas qui c'était ?

— Il y a des coupes dans les traductions. Le premier paragraphe du Crime du golf, d'Agatha Christie, est plein de termes techniques de golf, il n'a pas été traduit.
— Les Proust en ligne au Québec sont ceux de la collection blanche. On peut passer des heures à chercher une tournure qui n'y est pas (puisque tout le monde se sert des Pléiade comme référence).
— Certains se targuent d'être de vrais proustiens parce qu'ils possèdent l'édition Clarac de la Pléiade. Cela veut juste dire qu'ils ont eu vingt ans avant la parution de l'édition Tadié…
— Est-ce que l'édition du Borgès sera identique à la précédente, ou les notes vont-elles être revues ?
— Identique, je crois.
— La veuve s'était plainte parce qu'on avait utilisé des interviews de Borgès alors que celui-ci ne savait pas qu'il était enregistré. Elle criait à la manipulation.
— Mais tout le monde le manipulait, même elle…

— Mais alors, puisqu'on en parle, c'est quoi un mariage gris, ou noir ? Je n'ai pas suivi…
— C'est quand l'un des deux était sincère mais pas l'autre, pour l'un des deux ce n'était pas un mariage d'amour.
— Mais depuis quand faut-il s'aimer pour se marier ?
— Je me souviens d'un témoignage indien qui disait : « Chez vous on s'aime pour se marier, chez nous on se marie pour s'aimer ».
— Ça ne marche pas si mal d'ailleurs…
— Je ne suis pas sûre que l'Inde soit le meilleur endroit pour juger de cela.
— J'avais un ami tibétain qui devait venir se marier en France; sa famille l'a retenu au Tibet pour le marier de force. Il n'était pas heureux (et la jeune fille non plus d'ailleurs).
[reprise]
— Un mariage gris, c'est quand l'un des deux dit: «Je me suis fait baiser».

— Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif ?
— Moi j'ai écrit : « je t'ai reconnue! »
— Mais ce n'était pas moi !
— Comment, ce n'était pas toi?! [se tournant vers nous]. Il faut que je vous explique. J'ai eu une discussion avec X. sur "en vélo" et " à vélo". Elle me disait que seul "à vélo" était correct.
— Je lui ai donné comme exemple "Julie et Cécile vont à bateau".
— Et cette phrase, exactement celle-là, est sortie dans la liste Oulipo. Alors j'ai écrit: « je t'ai reconnue ! »
— Mais ce n'était pas moi! C'est vraiment incroyable. Il y a des choses comme ça, dans l'air… Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif?

— Chandler vendait des voitures sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il avait tout, il vivait très confortablement; il était fou amoureux de sa femme qui avait trente ans de plus que lui, la femme parfaite, épouse et mère… Et puis elle est morte, il a été inconsolable et s'est mis à boire… il écrivait bourrée. Il y a sa correspondance, c'est surtout ses échanges avec ses éditeurs qu'il engueule, c'est extraordinaire…
— Ah oui, je l'ai vu il y a moins d'une semaine, ça donne des phrases du genre : « Veuillez considérer que j'écris en patois suisse, mais si je décide d'agrémenter mon style velouté d'un néologisme argotique, vos ânes bâtés de correcteurs n'ont pas à y toucher » !!
[Et moi je crois à des conjonctions dans le temps et l'espace, malgré tout : avoir rencontré Chandler par hasard une semaine avant chez des amis.]

Tu sais que je conserve tous les exemplaires du Monde…?
— Mais alors… tu vas pouvoir me servir, je cherche un article de Camus au moment de la mort de Malraux.
— Mais (chœur à la voix indécise) ce n'est pas possible…
Moi, réalisant ? Mais non, pas ton Camus, mon Camus! En 1976.
— 1976… Hum, ce sont les cartons du fond, il va falloir tout déplacer…
— Tu sais que tout est en ligne ?
— Oui mais c'est payant, je me sers du moteur de recherche pour savoir quel journal consulter. Enfin, ce sont les suppléments littéraires que je conserve…1

— Quand j'étais petit je lisais une bande dessinée qui s'appelait Pierrot. Et puis l'air du temps est devenu anti-BD, et du jour au lendemain on a arrêté de me l'acheter. J'ai été très malheureux parce dans le dernier magazine le héros, Pierrot, courait dans des galeries à l'intérieur d'une falaise, et l'épisode se terminait il était arrivé au bout de la galerie et elle débouchait à flanc de falaise, directement sur la mer, et la légende disait « Il regarda l'abîme sans fond ». Et moi j'étais petit, j'avais huit ans, et bien, j'imaginais vraiment un abîme sans fond, c'était vertigineux. Et il il y a deux ou trois ans, en passant devant un bouquiniste, j'ai trouvé la suite de l'histoire…
— Et alors ?
— Eh bien en fait, Pierrot regarde vers le haut, et il s'aperçoit que le sommet de la falais est tout proche, et il grimpe et il s'échappe comme ça.
— Et vous avez acheté la revue ?
— Non, même pas…

— Vous savez mon outil a transformé les sites, le baraguoin2, eh bien, durant les vacances, il a commencé à prendre le contrôle d'internet…
— Hein? Qu'est-ce que tu dis ?
— Eh oui. Je ne sais pas comment ça se fait, Google a commencé à indexer des pages, et de plus en plus, naturellement; j'ai commencé à recevoir des mails d'universités, de municipalités, pour me dire d'arrêter… Je pense que c'est parce que Jean Véronis m'a fait de la pub cet été… Nicolas m'a aidé à arrêter le monstre, j'étais en train de prendre le contrôle de la Toile…
— Terminator 3, quoi!!


Note
1 : Vérification faite, il semble que l'article de Camus n'est pas paru dans un Monde des livres. Tant pis.
2 : free marche si mal que désormais le baragweb es

Tumbr et Flickr, dernièrement

Je ne comprends pas bien comment fonctionne tumblr. Ça m'agace, surtout quand je laisserais volontiers un commentaire, quelques mots ("Killroy was here"). Mais apparemment cette forme de blog est destinée à relayer ce qu'on aime sans commentaire, entreglose tentaculaire de photographies (principalement).

- Des photos et des citations. J'aime beaucoup car on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
- Marilyn Monroe (ce qui m'émeut ici, c'est la folie que représente ce site, cette collectionnite aigüe qui pousse le blogueur à trouver chaque jour quatre à vingt nouvelles photos… alors que j'aurais pensé que les photos de Marilyn existaient en nombre fini et recensé).
- Starwars
- Des livres et des citations

Et sur flickr :
- une collection de pin-ups
- des écureuils jouant dans Starwars

Les Sims (version décousue)

Conversation (si on peut dire) de dîner: on m'a fait entrevoir les Sims. (Et toujours, sous ces artefacts, je cherche à saisir ce monde, que je ne comprends pas, qui ne m'intéresse pas et me fascine: que peut-on appréhender du présent et du futur à partir de ce qui est donné dans les jeux?)

— Moi la fille était un peu plate alors j'ai installé un plug-in pour lui faire gonfler les seins.
— ???!!
— Mais non, c'est pas dans la version de base, c'est des geeks qu'ont développé ça!

— Non, mais si tu le laves pas, le besoin hygiène i tombe à zéro et y devient tout vert, il moisit et il meurt. La mort vient avec sa grande faux et spflatch!

— Tu peux faire crac-crac ou tu peux faire des enfants (faire crac-crac, c'est avec préservatif, les enfants c'est sans).
— Oui, et pour faire crac-crac, il ne faut pas dormir!
— Oui, les deux sont sur le lit, et il faut inscrire "détente" sur chacun, et alors tu as le choix "crac-crac" qui apparaît.
— Et si les deux sont sur le canapé et qu'il y a "détente" sur les deux, il peuvent s'embrasser.

— La mort peut devenir ton amie. Moi je l'ai draguée, et j'ai baisé avec la mort.

— Tu as des objectifs de vie, ce qu'on appelle des objectifs à long terme. Parmi les objectifs, il y a "briser le cœurs de dix sims". Moi j'adore, je suis "malveillant, charismatique et baiseur magnifique".
— Baiseur? Embrasseur?
— Oui.
— Et pour briser les cœurs, tu convoques tous tes amis à la même heure, ils se disputent et ils s'en vont. Lol.

— Je voulais que mes enfants pirates un ordinateur. C'était des jumeaux de dix ans, normalement tu as des objectifs de vie quand tu deviens ado; ils ont piraté l'ordinateur et après l'un des deux avait "PDG" comme objectif de vie possible, et l'autre "voleur". J'ai pas compris...

— Je n'ai pas beaucoup d'amis, mais je n'ai pas compris, je suis allée dans un cimetière, j'ai parlé avec des fantômes, et depuis j'ai pleins d'amis nouveaux...

Twitter, ça sert à ce qu'on en fait.

Ah, que c'est reposant, quelqu'un qui explique ce que vous n'avez jamais pris la peine d'expliquer (c'est plus fort que moi: quand on commence par me dire «C'est nul!» ou «Faut vraiment avoir du temps à perdre» ou «C'est quoi ces gens qui se regardent le nombril» ou «J'ai autre chose à faire de ma vie»1, qu'il s'agisse de blogs ou de Facebook ou de Twitter ou de wiki, etc, l'envie d'expliquer quoi que ce soit disparaît totalement: il est hors de question que je justifie mes goûts et mes plaisirs à des personnes qui (me) jugent sans prendre de risques, sans avoir pris de risques. Juste envie de m'isoler et d'être tranquille avec ceux qui partagent sans juger.)

Donc allez lire la liste (non limitative) de ce qu'on fait sur twitter. J'y ajouterais une dimension plus affective: on peut aussi y veiller sur ses amis et s'en servir comme d'un baromètre à moral.

PS1: Ceci n'est pas un appel à vous servir de twitter. Chacun fait ce qu'il veut. Mais justement, chacun fait ce qu'il veut.
PS2: Cependant, je remets un lien vers un mode d'emploi en français.

Notes

1 Nous sommes six ou sept milliards sur la planète: que faisons-nous d'autre que vivre?

Idéogramme

Lorsque j'écris quelque chose comme

euh...?? Mais bon, lol !!

j'ai l'impression de revenir aux signes égyptiens ou chinois.

Le jour de la serviette : hommage à Douglas Adams

Le 25 mai, tous les amoureux du Guide galactique1 se promèneront avec une serviette: c'est towelday. Les fans de [Douglas Adams| célèbrent ainsi sa mort, survenue le 11 mai 2001: le temps de se donner le mot, et quinze jours plus tard naissait le premier towel day.

Lundi, les Parisiens et banlieusards les plus accros pourront se retrouver gare du Nord à 20h30. Pourquoi une serviette? Parce que c'est l'objet le plus important quand vous faites du stop à travers la galaxie. Par cet objet vous renvoyez une image de sérieux, d'auto-stoppeur à qui l'on peut faire confiance.





La serviette … est sans doute l'objet le plus vastement utile que puisse posséder le routard interstellaire. D'abord par son aspect pratique : vous pouvez vous draper dedans pour traverser les lunes glaciales de Jagran Bêta ; vous pouvez vous allonger dessus pour bronzer sur les sables marbrés de ces plages irisées de Santraginus V où l'on respire d'entêtants embruns ; vous pouvez vous glisser dessous pour dormir sous les étoiles, si rouges, qui embrasent le monde désert de Karafon; vous en servir pour gréer un mini-radeau sur les eaux lourdes et lentes du fleuve Mite; une fois enfilée, l'utiliser en combat à mains nues ; vous encapuchonner la tête avec afin de vous protéger des vapeurs toxiques ou bien pour éviter le regard du hanneton glouton de Tron (un animal d'une atterrante stupidité: il est persuadé que si vous ne le voyez pas, il ne vous voit pas non plus — con comme un balai, mais très très très glouton) ; en cas d'urgence, vous pouvez agiter votre serviette pour faire des signaux de détresse et, bien entendu vous pouvez toujours vous essuyer avec si elle vous paraît encore assez propre.

Plus important, la serviette revêt une considérable valeur psychologique: si pour quelque raison, un rampant (= non routard) découvre qu'un routard a sur lui une serviette, il en déduira illico que ce dernier possède également brosse à dents, gants de toilette, savonette, boîte de biscuits, gourde, boussole, carte, pelote de ficelle, crème à moustiques, imperméable, scaphandre spatial, etc. Mieux encore, le rampant sera même heureux de prêter alors au routard l'un ou l'autre des susdits articles (voire une douzaine d'autres) que ledit routard aurait accidentellement pu "oublier"; son raisonnement étant que tout homme ainsi capable de sillonner de long en large la galaxie en vivant à la dure, de zoner en affrontant de terribles épreuves et de s'en tirer sans avoir perdu sa serviette ne peut être assurément qu'un homme digne d'estime.

Douglas Adams, Le Guide galactique, p.40-41
Alors à vos serviettes!


Note
1: Philippe Gloaguen, le fondateur du Guide du routard, a interdit que le livre s'appelle en français le Guide du Routard intergalactique, ce qui devrait être son titre.

Infime geekerie

Les deux trains qui me ramènent chez moi s'appellent Zyck ou Zuck.
Les Zyck viennent de la gare du Nord ou de plus loin, il sont déjà bondés quand ils arrivent gare de Lyon, c'est pourquoi je préfère prendre un Zuck. Les Zuck partent de la gare de Lyon. Ils sont mis à quai vides, dix minutes avant de partir, ce qui permet de monter, de s'asseoir, de choisir sa place — près d'une fenêtre, pour pouvoir dormir, sous un néon lumineux, pour pouvoir lire —, d'attendre au chaud, et non sur les quais.

Quand j'arrive sur le quai du Zuck, le train entre en gare, il vient vers moi à petite vitesse avant de s'arrêter, à quinze mètres environ. Je lève les yeux pour vérifier qu'il s'agit bien du Zuck attendu. Je lis en lettres lumineuses : Yoda.
Yoda.
Je baisse les yeux, je croise le regard du conducteur. Il m'a vue voir. Il a vu mon incrédulité et mon amusement. Nous échangeons un sourire complice, je dépasse la machine, je monte dans un wagon.

Hommage à François Caradec

Raté l'anniversaire d'Agnès. Pourtant la carte était sur mon bureau depuis une semaine.

C'est drôle, ces gens qui ne veulent pas aller sur FB sous prétexte que leurs enfants y sont. Comme si on ne pouvait pas ne jamais se croiser.

Ai-je convaincu Sophie de commencer par Twitter plutôt que FB, "parce que c'est plus facile"? (mais ça ne sert pas à la même chose). De toute façon, tout cela est très lent quand on ne dispose pas de nombreux amis inscrits sur FB au moment de s'y inscrire soi-même: il faut se faire accepter par de purs contacts internautiques, il faut commenter, être discret, cela dure des semaines voire des mois.

Rencontré Saint_Glinglin, que j'avais découvert cette après-midi sur Twitter. Sans doute l'écart le plus court entre une rencontre internautique et une rencontre IRL.

Soirée Oulipo à la TGB. Je suis la dernière à entrer, la salle est pleine. Hommage à François Caradec. Beaucoup de tendresse, beaucoup de retenue. Je suis émue de voir ces gens, ses amis, venir ainsi rendre hommage à un homme par des lectures, des poèmes, des chansons, du rire. J'éprouve le manque qu'ils n'évoquent pas. La grande affaire de la soirée est que le parler chien supérieur (Jacques Roubaud in La princesse Hoppy), indéchiffré à ce jour, sera révélé la prochaine fois ? dans deux semaines.

La chair nous pèse au père Lachaise.

Soirée pizzeria. Trop parlé, beaucoup ri, un peu bu. Le fontainebleau est le meilleur des desserts que je connaisse.

Rentrée. C. nous a encore fait un sale coup aujourd'hui ? le jeudi ne lui réussit pas.

Un peu de surf se terminant en parabole

Tout a commencé avec une recherche sur del.icio.us (dès que c'est technique, j'utilise peu Google directement) : j'ai tapé SQL.
Dans la liste qui est apparue, j'ai choisi évidemment coding horror, au nom irrésistible.

Bref, quelques clics plus tard, j'arrive sur ce billet au titre révoltant: "la quantité triomphe toujours de la qualité".

Je parcours le billet d'un œil distrait en me demandant sur quel triste et banal constat je vais encore tomber. Le début est proprement révoltant (je résume pour les non-anglophones): un professeur en cours de poterie (je simplifie, le billet original a une tonalité plus artistique) divise arbitrairement sa classe en deux en début d'année. Ceux de gauche seront notés sur la quantité (la meilleure note ira à celui qui aura fait le plus de pots), ceux de droite sur la qualité (la meilleure note au pot le plus parfait).

Mon sang de sans-culotte ne fait qu'un tour: voilà qui est tout à fait injuste, tout le monde sait qu'il est plus facile de faire beaucoup de pots que de beaux pots. Quel tyran, ce prof!

Depuis, je ris en méditant la conclusion:
Où étaient les plus beaux pots à la fin du trimestre? Du côté de ceux qui avaient fait beaucoup de pots, parce qu'ils avaient appris à faire de beaux pots en faisant des pots.

Semaine 17

Samedi 19 avril

Levée état caoutchouteux. Tellement à la bourre qu'on a fini au chinois. Après-midi dans un gymnase de Ste-Geneviève-des-Bois. Dans les tribunes, un canapé et un fauteuil en velours râpé. Je m'endors dans le fauteuil. Il n'y a pas de micro, l'atmosphère est étrangement calme malgré le poc obsédant des balles, je dors. Plus tard, un père et son fils de huit ans jouent à la DS sur le canapé. Le père refuse de jouer en réseau, il ne veut pas se prendre une tôle, avoue-t-il en riant.
Il fait beau, la municipalité de Sainte-Geneviève a dû recevoir une dotation en tulipes. Elles sont magnifiques.

Dimanche 20 avril

On m'a laissé dormir. Je ne me souviens de rien.

Lundi 21 avril

Bêche et pioche. Ampoules. Chaque fois je pense à Martine, qui m'avait dit que l'un des passages qui l'avait le plus impressionnée dans Autant en emporte le vent (le film) était celui où Rhett saisit les mains de Scarlett venue lui rendre visite en prison et s'aperçoit aussitôt qu'elle a travaillé la terre et comprend qu'elle est dans la misère: les mains d'une vraie dame sont blanches et douces.

Mardi 22 avril

Je range l'étage en laissant tourner Out of Africa. Je connais si bien ce film que les dialogues me suffisent à voir les images. J'aime profondément la voix de Meryl Streep qui intervient en off dans la bande-son.
Mail de Thessalonique: c'est oui !
Corvée de pluches. Gratin dauphinois (du lait des pommes de terre de la crème, jamais de fromage). Beaux-parents.
Lorsque je fais remarquer à H. que nous avons dix-huit ans de mariage depuis la veille, il s'exclame avec conviction: «Putain!!!». Parfois j'aimerais avoir droit à des réponses de roman-photos (mais résisterais-je alors à la tentation de me moquer?)

Mercredi 23 avril

Dans le RER, malendus agaçants avec notre voisine de banquette qui veut à toute force faire la conversation. Elle suppose: «? Journée à Paris pour une sortie culturelle?» Euh non, pas exactement: j'abandonne les monstres qui vont voir Bienvenue chez les Ch'tis pour ensuite manger au MacDo puis lire des mangas à la Fnac jusqu'à six heures du soir. Je me tais, je ne veux pas l'horrifier. Me font rire et m'agacent, ces gens qui veulent construire des enfances parfaites à leur progéniture. Je veux lui donner du n'importe quoi et de la liberté, afin qu'elle se fabrique des souvenirs.
Le coiffeur me trouve une ressemblance avec Adeline, je ris, et encore plus en tapant ces lignes après avoir cherché une photo. Je regarde des photos de Gilardi dans Gala, et d'autres de J-Lo et de ses jumeaux (Rien de plus faux que ces photos, une mère de jumeaux ne ressemble pas à ça, et si elle y ressemble, c'est dommage). Je viens dans ce salon parce que les coiffeurs sont adorables. La shampouineuse est une jeune grosse blonde à la poitrine abondante, pas du tout 8e arrondissement, du genre à mettre en toute inconscience un soutien-gorge noir sous un haut rose trop transparent qui la boudine. Elle aussi est très gentille. J'aime les gens gentils, ils me rassurent, je peux traverser tout Paris uniquement pour retrouver des commerçants gentils (et puis il faut boycotter les cons).
Je passe à la librairie, mes livres sont arrivés, je commence dans Vie politiques le chapitre sur Isak Dinesen, l'écriture d'Hannah Arendt est toujours aussi concise. (Et ce soir, en vérifiant l'orthographe de "Meryl Streep", je tombe sur cette phrase extraordinaire de Wikipédia à propos de Karen Blixen: «Sa syphilis semble avoir été guérie de son vivant mais pourrait avoir été une cause de sa mort.»)
Vélib. Il fait beau. Arrêtée au feu devant l'Assemblée nationale, je contemple la Seine et les toits gris du Louvre qui flottent au-dessus des frondaisons des arbres le long des quais. Paris.
Trois livres dans les bacs de Gibert, je confonds Le Ranch de Flicka et L'herbe verte du Wyoming (zut) et je trouve Le Jeu de la dame en grand format. T. le connaît, ça me fait plaisir.
Cantine, rires, peine d'amour, vélos, côte, librairies, il faudrait sans doute que je recharge mon compte Vélib, ma carte ne me permet plus de retirer de vélo. J'arrive en retard chez Mariage.
Ma mère arrive ce soir, stress. Ne pas y penser.

Jeudi 24 avril

Journée dans le jardin. Epuisée à midi par une matinée de piochage, j'ai honte. Jardiner une journée n'est pas qu'une utopie d'emploi du temps, c'est également une utopie physique: je n'en suis pas capable.
Sieste. Je commence L'Aliéniste.
Je tonds malgré tout la pelouse l'après-midi. Peu de temps après, il pleut. Je coupe mes ongles très courts pour me débarrasser de la terre et des traces d'herbe (je découvre sur wikipedia des précisions kâmasûtriennes sur l'usage des ongles... (mdr)).

Vendredi 25 avril

Nous ne sommes pas retournées travailler au jardin. Perdu la matinée je ne sais comment, en parlant avec ma mère, je suppose (ou en l'écoutant). Nous ne nous sommes pas disputées, nous ne nous sommes pas disputées, elle n'a pas pleuré, tralala...
L'après-midi, maman veut rendre visite à une amie opérée à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, elle craint de se perdre dans le RER, je l'accompagne. L'opération est impressionnante, ouverture de la boîte cranienne pour atteindre l'arrière de l'?il, un énorme bandage entoure la tête de l'opérée, on se croirait dans un film. Délicatement, la panseuse a laissé une oreille accessible. L'amie de maman n'a pas perdu son humour (assez remarquable vu les tribulations de sa vie par ailleurs). J'apprends que c'est elle qui m'a portée sur les fonts baptismaux en l'absence de ma marraine.
Nous rentrons de la gare à pied. Soleil. Maman part. Deux jours sans se disputer. Elle a même paru apprécier les périodes de délire que sont (souvent) les repas. A retenir des conversations du déjeuner: dans l'hémisphère sud, le soleil se trouve de l'autre côté de l'écliptique, il convient d'en tenir compte lorsque qu'on essaie de planter sa tente au mieux pour la sieste (souvenir d'un voyage de ma mère au Bostwana).
H. est rentré furieux d'un passage chez les revendeurs Apple rue du Renard: son écran 30 pouces vire au vert depuis deux ou trois semaines, en anglais le bug s'appelle "dancing pixels". Verdict: le défaut est connu, cet écran n'est pas réparé, les revendeurs en font l'échange standard, s'il n'est plus sous garantie, cela revient à en acheter un neuf... Une petite fortune. Quelques recherches sur Internet plus tard, nous trouvons la cause du problème et sa solution (c'est si bizarre que je l'écris ici, dans l'espoir de rendre service à quelques geeks égarés): l'écran chauffe trop, il convient donc d'en régler la luminosité et la bande passante (voir la réponse de Richard Jacobson ici (le 27 octobre 2005)), le logiciel de contrôle de l'écran se télécharge ici.
Je ramasse Le Jeu de la dame qui traîne sur la table du salon, H. l'a relu hier, je l'ouvre, je m'y plonge, je prépare du thé.
Je me demande si je vais bloguer ce soir, moins on blogue, moins on blogue, je ne sais plus si j'ai envie/le courage d'être sérieuse ou pas, par instants je voudrais ne connaître aucun de mes lecteurs pour me sentir libre de pondre soit des posts à mourir d'ennui, soit des posts total délire, mais je sais bien que les quelques personnes avec qui j'ai "naturellement" envie de discuter désormais sont toutes des blogueurs ? ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes avec toutes les autres (je m'ennuuuiiiie. Rien à leur dire).
Je décide de me plonger dans cette recension lacunaire, temps qui passe. Il s'agit d'écrire ou de cesser d'écrire. Il n'y aura pas, as usual, de juste milieu ("le sens de la mesure", dirait le psychiatre dans Mrs Dalloway).
Pendant que je tape ces lignes, H. et C. hurlent de rire en lisant les commentaires de ce post (si vous m'offrez le T-shirt trollesque des commentaires, je jure de le porter). C'est très geek, ce soir.

semaine 10

samedi 1 mars
Je passe un quart d'heure au rayon des savons à chercher un produit pour la douche qui fasse aussi shampooing, en vain, jusqu'à ce que je me souvienne que ces produits ont pour nom "marine" ou "fraîcheur eucalyptus". Je me dirige vers le rayon des déodorants masculins: bingo. Une femme est visiblement censée se déplacer avec deux produits. Je suis agacée.

dimanche 2 mars
M. le Maudit à 11 heures à L'Arlequin. Je reste stupéfaite de l'exacte coïncidence avec la (non-?)réflexion actuelle sur la responsabilité juridique des assassins obéissant à une pulsion meurtrière.
Après le film est prévu une séance de questions. Le premier intervenant me fait rire, qui veut absolument interpréter la foule des hors-la-loi comme la population allemande des années trente aux sympathies nazies. Il me semble plutôt que c'est nous, la foule informe de toutes les époques, que représente cette assemblée de repris de justice. Une phrase du film sur la loi et l'Etat destinés à protéger l'individu de l'arbitraire me fait frissonner: dans l'Allemagne des années trente, ce ne sera plus vrai longtemps.
Après-midi, piscine.

lundi 3 mars
No country for old men.
Il faudrait tout de même que les cinéastes français apprennent à faire une bande-annonce. Elles sont beaucoup trop longues. Je n'irai pas voir L'heure d'été, les acteurs sonnent faux dès la bande-annonce, ni Modern love, ni MR73, car j'ai bien peur d'avoir vu le meilleur, images et sons, dans les quelques minutes de la BA. Ninja panda ou Panda ninja a l'air déjanté.

mardi 4 mars
C. me réveille à 4 heures du matin. Il a une otite.
Un entretien d'embauche près de la grande bibliothèque à 11 heures. Il fait froid, il y a du vent. Le quartier est agréable. Je remonte ensuite jusque dans le XVIIIe arrondissement pour rendre le Pléiade Contre Sainte-Beuve que j'avais emprunté. (Comme une idiote, je n'ai réalisé que trop tard qu'il contenait aussi les pastiches). C'est une mauvaise idée d'emprunter des livres aussi loin de mes traces habituelles, cela fait perdre trop de temps. Guinness et beignets de brie. Compagnon s'est coupé les cheveux; son cours tient mieux la route. L'intervenante est une petite femme en pull gris portant un énorme cartable rouge qu'on s'étonne qu'elle réussisse à porter.
H. rentre ce soir.

mercredi 5 mars
Un entretien à 11 heures, cette fois-ci à Vincennes. Il fait magnifiquement beau. Paul, près de la Madeleine, puis Cyril (ami de Guillaume, pour lui remettre Journal de Travers de sa part), trois minutes, à Vincennes.

jeudi 6 mars
4 minutes. A la vue de la bande-annonce, j'avais peur d'un film larmoyant, en fait, c'est très bien. Quelques maladresses ou invraisemblances sont compensées par les actrices, et la bande-son est, bien entendu, irrésistible.

vendredi 7 mars
C. m'installe ''Eyes in the sky'' comme sonnerie de portable.
Hervé cherche des idées d'applications à développer pour l'iphone. Je m'écroule en larmes. Je réalise que j'ai détesté l'époque Newton. Je ne veux pas que ça recommence. Je suis impressionnée par la violence de ma détestation, de mon refus de revivre cette période.

samedi 8 mars
Je trie des papiers en regardant successivement Get shorty, La Mort dans la peau et La Mémoire dans la peau. (Ça fait beaucoup de papiers, et de livres (liste des livres en cours retrouvés et mis en pile (le suivant étant généralement commencé parce que je ne sais plus où j'ai posé le précédent): Conférences de Borges (par besoin d'une citation), Les Essais de Montaigne (à cause de Compagnon), Don Juan et son double (commencé cet été, je ne sais plus pour quel livre urgent je l'ai abandonné), Théâtre ce soir, Viles Bodies (enfin retrouvé, je l'avais perdu depuis une semaine), Notes achriennes (presque fini, et comme il ne me restait que vingt pages, j'en ai emporté un autre pour les trajets en RER et je ne l'ai jamais terminé), Mrs Dalloways (emporté à la place de Viles bodies parce que je ne voulais pas paraître snob en lisant en anglais dans je ne sais plus quelle circonstance) et The Looming tower (interrompu pour reprendre des forces: il me déprime car je connais la fin) et de cartes postales. Lorsque j'aurai fini (cette nuit?), j'aurai terminé une tâche en cours depuis 1994 (date de l'avant-dernier déménagement)).
Demain, je suis coincée de 8 heures à 23 heures dans un bureau de vote. Quand vais-je transcrire Proust?

Un bal de têtes

Fêté les 40 ans de O.
Constaté une fois de plus que les visages et les corps sont le plus sûr signe du temps qui passe, puisque nous avons revu beaucoup d'inconnus rencontrés pour la dernière fois lors des 30 ans de O.

Il y a dix ans, nous étions les seuls à avoir des enfants et nous n'en parlions pas, parce que ce n'est pas un sujet de conversation et que nous voulions avant tout oublier les soucis quotidiens lorsque nous étions en soirée. Dix ans plus tard, tous les autres ont des enfants entre zéro et cinq ans, qu'ils amènent en soirée et qui deviennent l'unique point de polarisation. Forts de notre expérience, nous repérons d'un coup d'œil les trois ou quatre solutions qui règleraient quelques dysfonctionnements mais prudents nous nous taisons.

Nous rions avec effroi lorsque O. déclare à un blondinet de cinq ans pendu à son cou: «Quand tu auras quarante ans, c'est toi qui me porteras.»

Appris incidemment que j'écrivais probablement en LISP sans le savoir: lot of insipide and stupid parenthesis (ce qui ne fera rire que les geeks, mais comme il ne doit pas en traîner ici, ceci est une parenthèse stupide de plus (CQFD)).

Et pour Didier the Banished, une devinette: si les garçons jouent à Dongeons et dragons, à quoi jouent les filles ?

Un Otaku m'a interdit de devenir un Kévin

Depuis cette vidéo que j'écoute presque chaque jour (ça met de bonne humeur au petit déjeuner), j'ai un désir secret:

— J'aimerais bien jouer à WoW, pour voir ce que c'est.
— Ah non, tu ne vas pas devenir un Kévin!
— Gné ?[1]
C. m'explique, pas trop vite pour que je comprenne (les notes de bas de page représentent mes interruptions (j'ai ajouté des liens pour les quelques lecteurs qui en sauraient encore moins que moi)) :
— Un Kévin, c'est un joueur qui veut se faire passer pour un hard gamer[2] mais tandis que le hard gamer baigne dedans depuis toujours, le Kévin n'a que six mois d'ancienneté. Il parle en SMS, sur les forums il écrit sans arrêt «GG, mec»[3], il insulte les noobs[4] alors qu'il en est un et dit des trucs comme «Yo, j'ai upgradé de level en gagnant six PO et deux XP»[5]

J' ai ressenti une certaine fierté à l'idée de pouvoir passer pour un Kévin. GG, mec.



PS : Pour Matoo.

Notes

[1] cf. ici

[2] un fan de jeux de vidéo

[3] Good Game, mec

[4] nouveaux

[5] je suis monté de niveau en gagnant six pièces d'or et deux (points?) d'expérience.»

Expériences

Depuis vendredi je fais des expériences. J'ai ouvert un compte chez Netvibes et suivi les conseils de Zvezdo concernant les flux RSS (et je reperds le temps gagné à d'autres explorations), un compte chez Ziki que j'ai aussitôt détruit, un compte chez LybrariThing en me promettant de le remplir très lentement, et un twitter.

J'en suis à essayer de comprendre Technorati Profile (c'est pour cela que j'écris ce post: pour faire un claim (yes!)). Ce week-end, ou plutôt lundi, il faudra que j'essaie d'exporter mes flux RSS de Netvibes. Dès qu'on aborde l'internet américain on a l'impression de passer de la campagne à l'océan. J'entends les mouettes (et je lis trop de geeks)).



edit: comme je planque ce post dans les profondeurs dans la mesure où il n'est pas d'un intérêt grandissime, le vendredi dont je parle est le 6 juillet, c'est-à-dire demain par rapport à ce post…

Mon pismo prend sa retraite

Ce billet N'est PAS de la publicité pour Apple. :-)


Je n'arrive pas à me souvenir du moment où j'ai hérité du pismo. Je l'utilisais déjà en septembre 2002, j'en suis sûre. C'était un ordinateur de récup: à partir du moment où nous sommes sortis des perpétuelles fins de mois difficiles, H. a acheté un nouvel ordinateur (un nouveau Mac) quasiment tous les ans en trouvant à chaque fois un prétexte (s'il me lit il va être furieux), des gens prêts à lui racheter le précédent, quelqu'un de la famille intéressé par un ordinateur gratuit (assez rarement, en fait, car la famille est anti-Apple), la nécessité d'acheter un portable, etc.
En 2002, je fus donc la personne qui héritai du pismo, avec un clavier et une souris extérieurs pour m'en servir en ordinateur fixe (je ne m'en suis pratiquement jamais servi comme d'ordinateur portable).

Je n'arrive plus à démêler les années. Il y eut la fois où je provoquai un court-circuit en tirant sur le câble d'alimentation: une carte grilla, je me retrouvai sans ordinateur. Une carte fut commandée, installée, l'ordinateur démarrait mais le son ne fonctionnait plus. Quelques bidouilles plus tard, le son sortait à nouveau, mais uniquement sur des hauts-parleurs externes qu'il fallait brancher sur le portable.
Le pismo avait été promis à C.; entretemps était sorti l'iMac, le coma de mon pismo avait été l'occasion de se procurer cette bête de course: un ordinateur neuf rien que pour moi (septembre ou octobre 2004, puisque par la même occasion H. m'offrit un iPod, le dernier joujou à la mode. Je n'en voulais pas (mon snobisme consiste à mépriser ce qui est à la mode), je m'y habituai très vite. J'espère qu'il va vivre encore longtemps.)
Je ne me suis jamais vraiment entendu avec mon iMac, je ne sais pas pourquoi. Trop beau, trop neuf, le syndrome de «C'est beaucoup trop beau pour un chien». En tout cas, nous n'étions pas destinés à vieillir ensemble. Pour une raison inexplicable, il a grillé sous mes doigts en janvier ou février 2006. Il paraît que c'est rarissime. Est-ce parce que j'ai éternué du thé sur le clavier? J'ai un don avec les ordinateurs et les programmes. Je trouve toujours le défaut.

Chance pour H., cela correspondait à la sortie du Mac mini. Il m'avait déjà annoncé qu'il fallait absolument que nous en eussions un à la maison, qu'il fallait qu'il le teste, que l'idée était géniale (et c'est vrai que...), que c'était destiné aux gens qui avaient déjà un écran et un portable, etc. Je ne voulais pas, toujours pas, de quelque chose bien trop beau (trop grand, trop puisssant, disproportionné par rapport à mes besoins) pour moi. Le Mac mini fut installé dans le salon pour les enfants et je récupérai mon pismo chéri, qu'il fallut faire passer sous Tiger ou Leopard ou Panter, je ne sais. C'était un peu lourd pour lui, mais toujours compatible.

Il y a quelques mois, H. s'est offert le plus grand écran que propose Apple, un 30 pouces (taquinerie à part, il faut tout de même que j'écrive ici que vu ce qu'il programme, c'est justifié). J'ai alors hérité de son 23 pouces. Le pismo a eu du mal. Il a fallu lui rajouter une carte vidéo. Il mettait plusieurs secondes pour passer en veille, il en sortait en affichant un voile rouge. Il fallait le ménager, je pris l'habitude de ne jamais laisser plus de trois applications ouvertes à la fois (le mail, internet, et une troisième). C'était une contrainte. Peu à peu j'avais l'impression de voir vieillir une personne âgée, une personne pouvant de moins en moins se permettre de bouger. Son état se dégradait.
Le pismo est devenu muet. La dernière vidéo que j'ai vue et entendue, c'est celle de la quinte juste. Je n'ai jamais osé avouer à Zvezdo que je n'avais pas écouté les illustrations de ses billets que je lis avec beaucoup d'attention et de plaisir (et maintenant, je vais aller écouter le billet sur Peter Grimes. C'était frustrant, tout de même.).
Mais pas simplement muet, aveugle, aussi. Impossible depuis l'été de regarder les vidéos de Tlön ou de Matoo.
Mon pismo était également asmathique, et j'aimais bien. Je l'entendais souffler quand je lui demandais quelque chose qui demandait de la ressource. Je n'aime pas abandonner les choses usées qui m'ont beaucoup servie. Il me semble que je leur dois quelque chose (Objets inanimés,...), avec eux disparaît un peu de nous-mêmes, aussi. Je ne disais rien à H., mais je savais que le pismo était en train de mourir.

La prochaine version du système d'exploitation ne sera pas supportée par le pismo. H. a acheté le dernier Mac mini (le premier a été vendu pour être évidemment remplacé par le dernier iMac Core duo, vous vous en seriez douté) et a remplacé mon pismo jeudi, sans rien me dire. Le plus étrange est que je ne m'en suis pas aperçue (je dois expliquer que le pismo était invisible, posé sous le bureau). Il m'a envoyé une vidéo, m'a demandé de la regarder. J'ai protesté qu'il y avait longtemps que je ne pouvais plus regarder de vidéo. Puis j'ai essayé. Ça a marché, je me suis réjouie, sans m'étonner. Je ne me suis pas étonnée non plus de ne plus entendre le bruit de l'ordinateur, pas étonnée que la carte-son fonctionne à nouveau. Je me suis dit que j'avais de la chance. Je suis absolument disposée à croire aux miracles, aux fées et aux trois vœux.
Je n'aurais toujours rien vu si H. n'avait pas fini par me le dire.
Cet aveuglement, lui, m'étonne à chaque fois, cette inaptitude à voir ce qu'on ne veut pas voir, cette aptitude à considérer le réel comme figé tant que rien n'indique formellement qu'il a été modifié...

Je suis soulagée. J'avais peur que mon portable s'éteigne un jour, un jour sans sauvegarde bien entendu. J'étais arrivée aux limites de l'exercice, même si je ne voulais pas l'avouer.
Je suis contente de pouvoir aller regarder les vidéos chez les uns et les autres, de pouvoir faire des recherches sur Youtube comme tout le monde, de lancer les radioblogs de Zvezdo. Je vais pouvoir rapatrier ma bibliothèque iTunes qui était sur un autre ordinateur car trop lourde pour le pismo.
J'espère que cet ordinateur-là me durera plus longtemps que l'iMac.


Ça fait un peu étalage, tant pis, ou plutôt tant mieux, ce billet était un billet d'adieu, mais aussi une recension. Je sais que nous avons toujours les derniers produits Apple à la maison, H. dit que c'est faux, en écrivant ce billet j'ai réalisé à quel point c'était vrai (et je n'ai pas parlé de l'ordinateur qui supporte le réseau, ni des deux titanium successifs, ni des iPod mini, nano, shuffle, offerts aux anniversaires et Noëls des uns et des autres, je n'ai parlé que de ce qui me concerne directement.)

Les statistiques

L'une des raisons pour laquelle je n'ai fait aucune publicité à ce blog à ses débuts, c'est que je voulais faire une expérience grandeur nature: comment l'information se diffuse-t-elle?

Il a fallu environ cinq jours pour que Google me repère; ce n'est qu'ensuite que j'ai donné l'adresse aux parrains du blog (qui en ont assuré la promotion à eux tous seuls, à mon grand effarement (comme quoi le plus important, c'est la qualité des annonceurs)) et à deux ou trois camusiens. Depuis, il faut environ deux à trois jours pour qu'un billet soit indexé, ce qui n'est pas mal du tout pour un blog comme le mien, c'est-à-dire un blog vers lequel pointe très peu de liens. Google m'impressionne. Exalead.com met à jour ses index sous huitaine (ne pas généraliser, il s'agit de mon blog, un site sans grand trafic).
Comme outil de statistiques, je dispose par défaut des analyses de "webalizer" fournies par free. Mes statistiques sont mises à jour tous les cinq jours; de temps en temps la cadence passe à trois jours, sans que je sache pourquoi.

Depuis le début, j'ai entre 70 et 75% de visites d'origine française, et 17 à 20% de visites américaines : est-ce mécanique, partage ordinaire qui reflète le nombre des internautes américains croisé à l'utilisation de la langue française, est-ce beaucoup, peu, est-ce lié au fait que je parle de Renaud Camus (et je me dis qu'il faut que j'écrive de temps en temps son nom en entier plutôt qu'utiliser "RC")?

Ce qui m'intrigue particulièrement, c'est la montée chinoise depuis un mois : j'ai eu jusqu'à 7 % de visiteurs chinois début octobre, je stagne maintenant autour de 2%, mais tout de même : qui sont-ils, et pourquoi ? (Jules, y es-tu pour quelque chose?) Sont-ce des Chinois chinois, ou des Français en Chine, ou des francophones en Chine, ou des Chinois francophones?
Et pourquoi n'y a-t-il pas d'Indiens? Ils sont aussi nombreux que les Chinois, pourtant.

Pour le reste, c'est assez classique, prédominance de la sphère francophone, Suisse, Belgique, Canada, un peu d'Afrique,…
Apparemment, si je ne fais pas de contresens, un peu plus d'un accès sur trois à mon blog se fait via Google, ce qui me fait plaisir : deux personnes sur trois ne viennent pas ici par hasard… Les recherches Google (ou autres) sont très sages (naturellement, je ne suis pas celle que vous croyez). Webalyser ne donne que le "Top 20" des groupes de mots clé ayant permis d'accéder au blog, les questions bougent très peu d'une fois à l'autre. Je ne sais comment interpréter cet immobilisme : est-ce que cela veut dire que ce sont toujours les mêmes questions qui sont posées?
J'aimerais bien connaître les questions par pays d'origine : qu'est-ce qui intéresse qui? Et j'aimerais bien savoir quel est le billet (quels sont les billets) qu'on a fait passer à la moulinette traductrice de Google : de quoi avait-on à ce point besoin qu'on ait pris la peine de mal le traduire?

Et je rêve devant le camembert coloré des pays, en me demandant qui, et pourquoi D'où venez-vous, que venez-vous chercher ici, le trouvez-vous?

Nostalgie geekeste

En juillet, des fourmis se sont installées sous le toit. H. a vidé le grenier pour les déloger et ce faisant a redécouvert sous les combles ses ordinateurs NeXT, un cube, une "pizza", trois écrans. Il les a redescendus d'un étage.
Aujourd'hui, sous prétexte de faire du rangement, il a décidé de les rebrancher. Il a fallu retrouver les claviers, les souris, ouvrir les capots, passer les cartes électroniques à l'aspirateur pour les débarrasser des araignées et des cadavres de fourmis (bugs!).
La station, puis le cube, ont redémarré du premier coup. H. est heureux.

J'aime beaucoup ses articles. De temps en temps je vais les relire. Il me semble que celui qui voudrait comprendre dans quelle ambiance j'ai vécu entre vingt et trente ans, vingt et trente-cinq, peut-être vingt et quarante, n'aurait qu'à lire ça. Je ne suis pas informaticienne, je n'ai jamais programmé une seule ligne, mais j'étais là. Je me souviens des galères, des diagnostics incompréhensibles. J'attendais en silence, j'avais un livre ou j'allais jouer au tarot. J'avais appris à multiplier par trois ou par cinq tous les temps qu'on me donnait : "j'en ai pour une demi-heure" signifiait que j'avais deux heures devant moi, peut-être trois. Et les nuits, toutes les nuits blanches, sous prétexte que la communication avec les Etats-Unis marchait mieux la nuit… Un court récit de ce type me remplit de nostalgie :
Ce terminal était rapide : dix caractères par seconde. Je l'avais monté à onze, ce que l'ASR-33 supportait, même s'il faisait un drôle de bruit (mais impossible d'aller jusqu'à douze). Cette vitesse correspondait à une transmission de 110 bauds, ce qui est la raison pour laquelle tous les programmes de télécommunication du monde doivent encore supporter cette vitesse lamentablement lente : quelque pauvre hère pourrait encore avoir, quelque part, un télétype. L'ordinateur disposait de disques durs d'environ 20 mégaoctets. Les trois quarts de ces disques étaient interdits pour une raison purement politique l'administrateur essayait d'obtenir un disque plus gros, et tentait d'appuyer sa demande par des plaintes d'utilisateurs mécontents, plaintes qui, il l'espérait, se multiplieraient à cause de l'espace disque insuffisant et l'aideraient à faire aboutir sa demande. Ma mémoire de masse personnelle consistait en bandes de papier perforé. Elles offraient une inépuisable source d'amusement : à la fin de la journée, on ramassait les minuscules confettis dans le perforateur et on les jetait dans les cheveux de quelqu'un. Quoi qu'on fit, l'électricité statique les maintenait dans la chevelure jusqu'à la fin du semestre. Même aujourd'hui, j'ai de ces bandes de papier dans ma boîte à souvenirs, et les regarder me fait chaud au coeur. Ma femme Sandy veut que je les jette. Argh j'avais aussi acheté une bande magnétique (!) et avais demandé aux opérateurs système d'enregistrer mes fichiers dessus. Ce qui avait probablement occupé deux mètres sur les 800 de la bande, mais quelle sensation !
Ce que je préfère, c'est cet éditorial, qui théorise un certain nombre de mes observations, y compris hors du monde de l'informatique :
Deuxieme Loi De Small (dite "Loi du chaos grandissant") :
"Dans un ensemble de données informatiques, le désordre va toujours en augmentant. Toute tentative de réparation ne fait qu'augmenter encore le désordre."

Je vous donne des conseils, je vous dis que ma Seconde loi est intuitivement évidente, que je l'ai toujours su… En fait, en un instant d'égarement et de naïveté, j'ai tenté de la violer, avec le brillant succès qu'on imagine. Que je vous raconte.

Il y a quelque temps, j'ai décidé que les différentes versions de la vingtaine de fichiers de Spectre 3. 1 commençaient à devenir ingérables. L'horodatage des fichiers par l'horloge interne du ST ne marche pas très bien pour moi (pour une raison que j'ai mis un bon bout de temps à découvrir). Et souvent, il me fallait aller compulser les différentes versions d'un fichier pour savoir laquelle était la bonne, la dernière! J'ai alors décidé, bêtement, sans réfléchir, de créer le disque dur parfait bien propre. J'ai donc pris un disque neuf mais déjà rôdé, qui avait assez tourné pour avoir dépassé le stade de la mortalité infantile. Et j'ai commencé à mettre chaque fichier à l'endroit approprié, accompagné de commentaires et de documentations. J'ai créé des dossiers, un par version de Spectre: "1.51", "1 .75","1.9F","2. 3K", "2.65", "2.65C", "3. O", "3.1Dev", plus toutes les versions intermédiaires que seuls ont vues les bétatesteurs. (Chaque saut de numéro de version constitue autant de sueur et de larmes passées en test et en débogage).

Pendant des jours et des jours, j'ai fouillé dans mes disquettes et mes cartouches Syquest. J'ai exhumé de vieilles versions, les ai vérifiées, copiées dans les bons dossiers. Un boulot fastidieux et rébarbatif où j'ai dépensé beaucoup d'énergie et de Pepsi.

Dans chaque dossier, j'ai tout vérifié en assemblant les fichiers et en recréant la version correspondante de Spectre, que j'ai ensuite comparée aux disques de productions, dont Sandy a été assez maligne pour garder un exemplaire pour chaque version, en me menaçant des pires châtiments si je ne les lui rendais pas promptement. Et chaque dossier a ensuite reçu un fichier de documentation.

Etais-je sot : j'ai même poussé le vice jusqu'à inclure sur ce disque les 19 versions bêta de Spectre 3. O. Puisque j'étais en train de faire LE disque parfait, autant les y mettre, n'est-ce pas ? Après tout, certaines applications Apple avaient montré une fâcheuse propension à tourner sur une version bêta mais pas sur la suivante (comme Pagemaker qui s'était mis à planter sur l'avant-dernière version bêta de Spectre 3. 0 ? un mauvais souvenir, il nous a fallu supprimer ce bogue en un temps record).

J'ai aussi récupéré ici et là des fichiers divers, comme des docs sur le clavier du Macintosh et les codes qu'il émettait. Comme les autres, il aboutirent dans des dossiers soigneusement documentés. Inutile de dire que tout cela a pris un grand nombre de mégaoctets.

Pour être sûr d'éviter les corruptions spontanées de fichiers, j'ai passé les fichiers à l'utitaire ARC. ARC compresse les fichiers, mais surtout, il calcule un CRC (Cyclic Reduncant Check, somme de contrôle redondant cyclique) pour chaque fichier. Il s'agit d'une sorte de signature du fichier, obtenue en calculant un polynôme avec chaque octet du fichier. Modifier un simple bit ou intervertir deux octet modifie le CRC, et il est presque impossible de modifier accidentellement le fichier en conservant le même CRC. J'ai donc fait une liste de tous les fichiers avec leur CRC. En cas de doute sur l'intégrité d'un fichier, je pouvais recalculer son CRC et voir s'il correspondait à celui de la liste.

Enfin, j'ai relancé un programme qui recalculait le CRC pour chacun des 1500 fichiers et le revérifiait par rapport à la liste. J'ai imprimé les fichiers de documentation pour en conserver une version sur papier.

Poussant un soupir satisfait, je me suis étiré, empli de la béatitude du devoir accompli. Je savais où se trouvait chaque fichier à cette seconde précise, et était certain de son intégrité. Il ne restait plus qu'à faire une sauvegarde de ce petit bijou d'ordre et de rigueur, qu'il m'avait fallu un bon mois pour fignoler… >En organisant ainsi tant de données, j'avais naturellement rempli mon barrage à ras bord, créant une situation d'entropie minimale et d'organisation maximale. J'avais défié les lois du chaos et violé la seconde loi de la thermodynamique appliquée à l'informatique. J'avais construit un château de cartes de vingt mètres de haut.

L'univers n'attendait que l'occasion de m'apprendre à vivre. Notez bien qu'avec l'astuce des CRC, le coup classique de la corruption sournoise des fichiers devenait impossible, car j'aurais pu le détecter. Il ne restait plus qu'une possibilité.

Comme vous le savez si vous avez lu mon article précédent, les lois de l'univers qui le vouent au chaos se mirent en oeuvre par l'intermédiaire de la mécanique quantique, et engendrèrent un continuum spatio-temporel dans lequel était inscrit mon tragique destin. Le destin en question consistant bien sûr à recevoir le fameux château de cartes sur la tête afin de niveler cet arrogant delta de haute organisation.

Innocemment, j'ai éteint le système pour y connecter un lecteur de bande magnétique. J'ai mis le lecteur et j'ai rallumé.

Le disque dur n'a pas réagi à l'allumage.

Mes cheveux se sont dressés sur ma tête et j'ai été pris de sueurs froides.

Pendant une semaine, j'ai tout essayé pour ressusciter ce disque. J'ai remplacé son circuit imprimé interne, son alimentation, je l'ai fait tourner à la main, je l'ai secoué pour décoller les têtes, enfin tout. En vain. Il était mort. Et je n'avais pas de sauvegarde. C'était la seule possibilité, elle s'était réalisée. Le delta avait été nivelé d'un coup. Paf.

Meuh non, dites-vous, j'ai malencontreusement envoyé une décharge d'électricité statique a ce pauvre disque, ou alors c'est le câble SCSI qui n'était pas bon, ou encore l'alimentation qui a claqué a l'allumage et a bousillé le disque… Ben voyons. Non, désolé, ça ne prend plus, les coïncidences, j'en ai trop vues. C'étaient les lois inexorables de l'univers qui venaient de frapper.

Depuis lors, j'ai pris l'habitude de ne jamais faire d'effort pour organiser mon disque dur. Oh, certes, je sais plus ou moins où sont mes fichiers, mais je me garde bien de trop augmenter mon niveau d'organisation, et d'attirer l'attention des implacables gardiens des lois de l'entropie. En outre, je laisse toujours une partition a l'état de chaos complet sur mon disque. Ce sacrifice aux dieux du désordre m'a jusqu'à présent évité leurs foudres.

Je sais, je sais, ça a l'air idiot. Mais en tout cas, ça marche. Mon taux de pannes de disques est a son niveau historique le plus bas. Un de mes lecteurs, un Syquest souffrant d'un problème de moteur de rotation, a même eu l'extrême obligeance d'avoir une embellie finale et de se remettre à fonctionner, ce qui m'a permis d'y récupérer des mégaoctets de données prises sur des serveurs télématiques, au prix d'innombrables heures de téléchargement. Le Syquest a ensuite définitivement rendu l'âme, cinq minutes après que j'y ai récupéré le dernier fichier. De quoi se poser des questions, non ?
J'adore cette histoire. D'abord elle est vraie, vérifiée, avérée. Je ne lui connais pas de contre-exemple, même hors informatique : le moment où l'on se dit : "C'est parfait" est toujours le moment où il vous arrive une tuile, le moment où l'on a enfin l'impression de maîtriser sa vie est toujours celui où elle vous échappe.
«je me garde […] d'attirer l'attention des implacables gardiens des lois de l'entropie. En outre, je laisse toujours une partition a l'état de chaos complet sur mon disque. Ce sacrifice aux dieux du désordre m'a jusqu'à présent évité leurs foudres.»
Il y a quelque chose de grec dans tout cela. Eviter d'attirer l'attention des dieux, règle de base. Personne ne se méfie autant que moi de l'ubris.
Et puis cela fait une excuse en béton pour que la maison ne soit jamais parfaitement en ordre.
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