Alice du fromage

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Billets qui ont 'homme' comme mot-clé.

samedi 10 juin 2023

Contrecoup

La plupart des jeunes pilotes, et notamment ceux qui pilotent les avions qui nous remorquent, ont pour ambition de devenir pilotes de ligne. J'arrive au milieu d'une conversation entre pilotes d'avion-remorqueurs, instructeurs de planeur, élèves-pilotes de planeur. Elle concerne une grande compagnie aérienne:
— Pour sept postes, ils ont pris six filles. Ils manquent de filles dans les cockpits. Pour le septième, ils ont fait évoluer un mec en interne.
Mon premier mouvement est d'être désolée pour lui (surtout que celui qui parle est mon préféré). Mais je dis seulement:
— Vous êtes en train de payer pour les dix générations précédentes.

L'histoire avec sa grande hache: être présent au mauvais moment au mauvais endroit. Je m'abstiens de leur faire remarquer que la frustration qu'ils éprouvent, c'est celle de générations de filles à qui on a dit non pour la seule raison qu'elles étaient fille. Ce n'est pas plus juste aujourd'hui qu'à l'époque. Mais je ne vais certainement pas regretter qu'on essaie de rééquilibrer la situation, même si c'est brutal et injuste au niveau individuel. Cela permettra de faire évoluer les mentalités (rendre la présence de femmes normale, ordinaire, que cela devienne un non-sujet. La guerre des sexes est plutôt ennuyeuse, vivement qu'on passe à autre chose).

Combien de temps pour que la situation s'équilibre? Avec les départs à la retraite et le remplacement générationnel, quatre ans ou cinq ans?

dimanche 5 juillet 2015

L'homme est né pour courir

— Il y a un homme à Tours qui rame encore à 86 ans. En somme, l'important, c'est de trouver quelqu'un qui t'aide à monter et descendre du bateau, c'est le plus difficile, se plier et se déplier.
— Le plus normal, c'est quand même de courir.
— Je déteste courir. Ça fait des chocs dans les articulations.
— Tu as tort. Tu sais que c'est un avantage des hommes sur les autres animaux? Il est le seul à pouvoir réguler sa température en même temps que conserver son souffle. Tous les autres animaux, au bout d'un moment assez court, sont obligés de choisir entre respirer et refroidir. Apparemment, pendant des milliers d'années, les hommes partaient en courant derrière un animal et le traquaient jusqu'à ce qu'il s'écroule.
— Ça n'a pas de sens, ils courent moins vite qu'une gazelle.
— Oui, mais la gazelle ne court pas longtemps.
— Mais le temps que tu la rattrappes, elle a récupéré.
— Non, les animaux récupèrent mal, pas très vite.
— C'est le principe de la chasse à courre, ton truc.
— Exactement. Et toute la tribu se déplaçait ensemble, car ça ne sert à rien de courir cinquante kilomètres pour ceux qui ont faim si quand tu attrappes la nourriture ceux qui ont faim sont cinquante kilomètres en arrière. Ils ont trouvé une tribu dans les canyons du Colorado qui, lorsque les Européens sont arrivés, n'a pas cherché à se battre mais est partie en courant droit devant elle. Les indigènes vivent dans les mêmes conditions qu'à l'époque, curieusement personne ne les a dérangés.

Suite à cette conversation, j'ai fait une recherche. Voir ici pour plus de renseignements (la vidéo est intéressante, même si un peu niaise dans sa façon de s'exprimer. Elle donne l'impression d'avoir cinq ans (et l'habituel constat: ce qui est destiné à vous protéger vous fragilise)).

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Agenda
Je suis retournée ramer à Melun pour la première fois depuis les crues de mai.
Il fait lourd, le temps est voilé, il fait toujours très chaud — mais peut-être un peu moins. Nous avons eu quelques gouttes de pluie.


vendredi 12 juin 2015

L'affaire Tim Hunt

Des propos du prix Nobel Tim Hunt sur les femmes scientifiques on suscité le tollé: «Vous tombez amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent» ; tant et si bien qu'il a été contraint de démissionner du University College of London où il travaillait.

Les propos de Tim Hunt ne me surprennent pas, je les ai déjà entendus. Ce qui me surprend, c’est la réponse qu’ils reçoivent.

Concernant les larmes, pourquoi pas. En tant que fille qui pleurait très facilement (au point que lorsque mon assistante m’avait demandé pourquoi je m’étais mariée (ça la torturait car elle était célibataire à vingt-six ans et j’avais trois ans de moins qu’elle) je lui avais répondu «parce qu’il a toujours des kleenex» (le pire, c’est que pendant trois secondes elle m’avait crue)) et qui recommence à pleurer facilement (les hormones?), pourquoi pas. C’est embarrassant, il faut faire avec, ne pas y accorder trop d’importance et réussir à le gérer sans avoir l’air trop con. Bon.

Ce qui manque, c’est la contrepartie masculine. Si les femmes pleurent quand on les critique, que font les hommes? C’est simple, ils ne reconnaissent JAMAIS une erreur, ils ne reconnaissent jamais leurs torts. Impossible. Au mieux ou au pire, acculés, ils se mettent en colère. Est-ce mieux et plus facilement gérable socialement que des larmes? Je n’en sais rien, mais il est sûr que c’est aux autres de gérer, car ils n’admettront pas non plus qu’ils sont en colère. Non, ils ont juste raison.
Donc j’attends simplement des hommes qu’ils soient capables d’entendre cette généralisation sans nous fournir des contre-exemples (car les hommes généralisent sur les femmes, mais si une femme leur rend la pareille, inévitablement «elle exagère». Donc s’ils reconnaissent que les hommes se mettent en colère, je reconnaîtrai que les femmes pleurent. S’ils nient, je nie aussi, je fais comme eux, je leur cite une douzaine de contre-exemples. Car pourquoi eux pourraient-ils s’en tirer ainsi et pas nous?)

Concernant la partie «les femmes mettent le bazar dans les labos par leur présence sexuelle» (et affective?), j’ai entendu cet argument entre mes treize et quinze ans, et il m’a marqué à cause des hommes qui l’ont émis: mon oncle (vétérinaire) et mon entraîneur d’aviron (ébéniste), deux hommes que j’aimais beaucoup et pour lesquels j’avais beaucoup d'admiration. Or le drame d’admirer quelqu’un, c’est que vous avez tendance à croire ce qu’il dit. Donc je prenais pour argent comptant la phrase «une fille met le bazar dans une équipe» et j’avais juste envie de supplier et de m’excuser: «mais ce n’est pas ma faute si je suis une fille. Je n’ai pas choisi, je vous assure, j’aurais préféré être un garçon, c’est tellement plus facile! Acceptez-moi quand même, je vous en prie !» (Mais bien sûr, je me taisais).

Aujourd’hui, trente ou trente-cinq ans plus tard, j’ai juste envie de répondre: «ce n’est pas mon problème. Je gère mes règles, ma contraception, mes grossesses, alors si vous avez des problèmes, gèrez-les, je ne les porterai pas pour vous, j’ai assez des miens. Vos appétits sexuels, votre problème; vos besoins affectifs, votre problème; débrouillez-vous, prenez du bromure si ça vous aide! VOS hormones, VOTRE problème.»

mercredi 16 avril 2014

Spécialité régionale

J'ai oublié de transmettre l'info quand je l'ai eue: Niort est la ville des cougars (parole de recruteur qui s'en sert comme argument auprès des jeunes hommes pressentis pour travailler dans les mutuelles niortaises).

samedi 21 décembre 2013

CQFD

Nous passons chez le marchand de fruits et légumes pour quelques commandes pour Noël. Il ferme le 24 au soir.
— Et vous rouvrez quand? demandé-je avec l'espoir que ce soit le 31.
— Jamais. Je change de vie, je pars au soleil, en Nouvelle-Calédonie.

Tandis que nous nous éloignons, je commente, un peu bitch:
— La Nouvelle-Calédonie? Bizarre, encore une histoire de femme.
— Mais pas du tout! Sa femme est de Nouvelle-Calédonie!
— …
— Je te déteste.

mercredi 16 octobre 2013

Question

— Alors, ce devoir de math ?
Mes garçons : — Ça n'a pas marché très fort, mais toute la classe s'est plantée, alors…
Ma fille : — Je me suis plantée, je suis nulle, je n'y arriverai jamais. Larmes, désespoir, drame.

Question en forme de sondage : peut-on remplacer "mes" et "ma" par "les" et "la" ?





Et sinon, rendu un livre abîmé à la bibliothèque (je pense qu'il s'est pris du café sur la tête).
— Il était déjà comme ça quand vous l'avez pris? Je ne vois pas de note sur son état.
— Oui, il était comme ça.
— Parce qu'on demande aux gens de nous rembourser les livres abîmés.
— Ecoutez, ce n'est pas moi qui ai fait ça, mais je veux bien le payer pour la collectivité. Mais dans ce cas, je le remporte avec moi!
— Ah non, on le garde, on n'a pas le droit de vendre les livres.

(Et à son avis, quelle est la différence avec le livre qu'on garde chez soi en le déclarant perdu?)

lundi 25 juin 2012

La guerre des Roses et Les femmes du bus 678

Hier.

Pour évacuer un peu de ma frustration et de ma violence, je regarde La guerre des Roses, l'un des films les plus violents que je connaisse, une histoire de divorce qui n'est pas une bluette sentimentale, malgré un début trompeur, très "Harlequin". C'est un vieux film, je spoile.
Elle s'aperçoit un jour que son mari lui téléphone des urgences en se pensant à l'article de la mort que cette annonce ne la plonge pas dans la tristesse mais dans le soulagement (ce qui est très violent, certes, mais franc, objectif). Elle décide de divorcer.
Le mari profondément blessé refuse de quitter la maison. Il en obtient le droit grâce à une loi qu'exhume son avocat. Suit une guerre des tranchées dans les pièces et les couloirs.
Chacun rivalise de mesquineries et d'humiliations pour décourager l'autre, mais avouons que la femme est bien plus salope que le mari.
Concernant le mari, ce qui est parfaitement mis en scène, c'est sa radicale incapacité à admettre que sa femme ne veut plus de lui: c'est impossible, au fond d'elle elle doit l'aimer encore, cette conviction guide tous ses actes, il ne peut admettre qu'elle veuille être seule, tranquille, débarrassée de sa présence.

Aujourd'hui.

Je vais voir Les femmes du bus 678 et je retrouve cette même lutte pour avoir la paix. Laissez-nous tranquilles, laissez-nous vivre, oubliez-nous.
Nous sommes en Egypte et le contexte est évidemment très différent, beaucoup plus physique, brutal et généralisé à la société entière (alors que La guerre des Roses illustre un cas particulier).
Trois femmes, une pauvre avec enfants, une mariée d'une famille aisée et une fiancée d'une famille plutôt aisée également, subissent ou ont subi un harcèlement sexuel ou des violences sexuelles (dans le bus, sur un stade de foot, dans la rue). Il s'agit pour elles de savoir comment se défendre alors que personne n'est prêt à les aider, que leur famille fait pression pour éviter le scandale.
(En voyant ces trois femmes, je pense à Marx et à la lutte des classes, ou plutôt au Tiers-état: comment une population aussi hétérogène, avec des contraintes et des ressources si différentes, peut-elle faire front commun? Scène dans laquelle la plus pauvre, voilée, accuse la plus riche d'être à l'origine, par sa tenue libre et ses cheveux détachés, du harcèlement universel des hommes.)
Ici, comme dans Il était une fois en Anatolie et dans une moindre mesure dans Une séparation, c'est un policier qui a le rôle du sage, celui qui comprend, se tait, mais essaie de protéger qui doit l'être et de favoriser la justice et la droiture.

Je reste émerveillée par la façon dont ces films du Proche ou Moyen-Orient (Une séparation, Les femmes du bus 678) mettent en scène les rapports homme-femme, la façon dont ils comprennent et montrent ces femmes lassées qui un jour disent non, à la présence, aux rapports sexuels, à la pression continuelle. Elles partent ou elles restent, mais elles disent non. Elles sont entendues ou pas, comprises ou pas (plutôt pas, sauf par une poignée d'hommes attentifs; c'est bien l'attention à l'autre qui est au centre du débat (dans La guerre des Roses, le manque d'attention du mari avant le divorce est caricatural)), mais elles disent non. Elles veulent être tranquilles, ne pas être dérangées dans leur corps, ne pas être surprises par l'intrusion d'un autre corps dans ou sur leur corps (car il s'agit tout simplement de cela: de la surprise d'une main étrangère ou d'une main non désirée qui se pose sur vous: insupportable, comment ne pas le comprendre?)

En Occident, ou tout au moins en France, nous sommes persuadés d'être loin de ce schéma. Or c'est faux. L'idée inconsciente de la plupart des hommes, c'est que les femmes ont beau proclamer leur désir d'indépendance, elles ne souhaitent que l'homme (cf. Rousseau et son idée d'une femme soumise à un désir irrépressible). J'en veux à toute la peinture occidentale, tous les Fragonard et tous les Watteau, à toutes les Pompadour et toutes les maîtresses royales (le tableau Mademoiselle O'Murphy me dégoûte, mais je n'ai pas tout à fait le droit de le dire: je vais faire rire, je le sais; il faut que je sois prête à supporter ces rires et ces airs supérieurs sans rien avoir à répondre: si ce que je dis n'est pas compris, qu'ajouter?), qui sont peut-être à l'origine de cette idée culturelle: la femme au fond d'elle-même, même quand elle ne le sait pas, est toujours consentante, comme Mme Rose est dans l'esprit de son mari forcément amoureuse, même inconsciemment.
C'est faux.

mercredi 25 janvier 2012

Rame

Ramé pour la première fois depuis longtemps. Beaucoup de courant. Bruine. Les oiseaux vont par deux. Beaucoup de cormorans. Courbatures. La capsulite qui rôde dans l'épaule droite (version gentille, avec des répits (visiblement je fais beaucoup plus d'efforts le week-end, en semaine, ça va) n'est pas affectée par le mouvement d'aviron. Un peu décontenancée qu'un rameur de soixante ans dise à un rameur de trente à qui je viens de faire un compliment sur son dégagé «Tu te fais draguer». Est-ce bien raisonnable, est-ce vraiment la question? Rien à faire, cela n'arrive pas à me faire rire parce que c'est vraiment trop décalé par rapport au sujet, à l'ambiance, au sport, à ce qui m'intéresse, etc. Rien à faire, le cul perpétuel m'ennuie. Comment quelque chose de si prévisible réussit-elle à me surprendre à chaque fois?

mardi 8 mars 2011

Raffiné

Au bistrot, la serveuse, la cinquantaine, cheveux très courts blond platine à un homme d'une trentaine d'années assis au bar, calvitie naissante, cheveux un peu trop longs comme en couronne:

— T'en as combien des femmes au bureau? J'espère que tu vas leur faire une bise dans le cou !
— Mmmm ???
— C'est la journée de la femme.
— Ah putain c'est vrai merde !

mardi 30 mars 2010

Billet bête (pour changer)

Le type devant moi à la bibliothèque avait cinq tomes des Cool memories de Baudrillard et deux CD audio, de Bachelard et Barthes. Est-ce que cela en fait un mec baisable?


Je sais, c'est terriblement sexiste comme question. Mais
1/ je ne sais pas quoi écrire et je veux aller me coucher ;
2/ j'en connais qui font pas beaucoup mieux à partir de filles lisant des Actes Sud.

jeudi 18 mars 2010

Hommes en entreprise - deux scènes

  • 1/
Si au début d'une réunion, alors que les participants (que vous ne connaissez pas) sont en train d'arriver et que chacun est encore debout se présentant un peu maladroitement, celui qui vient de vous serrer la main commence à discuter en descendant sa braguette, puis son pantalon, ne vous inquiétez pas: c'est tout simplement un motard.
(Ce pantalon était si peu visiblement "pantalon de motard", et lui entrait si bien dans la catégorie "cadre supérieur", que je me suis demandé un moment si j'étais bien réveillée.)
  • 2/
Conférence au siège social d'un grand cabinet de consultants. Le jardin est magnifique (j'apprends en tendant l'oreille qu'il est classé), et tandis que je bois un café en le contemplant, un homme catégorie "vieux beau" s'approche:
— Quel jardin, n'est-ce pas!
J'acquiesce. Il enchaîne:
— Vous avez vu le bassin? Je vais protester auprès de la direction: quand je suis arrivé, il y avait trois canards mâles et une seule femelle, ils étaient tous après cette pauvre cane qui n'en pouvait plus, je vais protester pour qu'ils rééquilibrent les sexes…
Pantoise. Je réponds avec prudence:
— Vous savez, la Seine n'est pas loin, je pense qu'ils vont et viennent librement. Et puis ils ne peuvent pas nicher ici, c'est trop à découvert.
Plus tard, je l'entendrai raconter l'anecdote à un jeune homme. Ce n'était donc pas une méthode de drague.


Quand je quitte le bâtiment, il ne reste qu'un canard avec la cane.



Photo prise à 10h30 ce matin.

Le syndrôme de Saint Paul

Parmi les comportements qui m'agacent chez les hommes, celui qui consiste à s'approprier les causes qu'ils viennent d'adopter : vous vous battez sur un sujet, pour une cause, depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois; ils n'y ont jamais fait très attention. Puis soudain ils l'investissent, s'en emparent (et tant mieux, le but est d'être nombreux, l'important, c'est la cause), et viennent vous expliquez ce qu'il faut faire, comment il faut s'y prendre, alors qu'il y a bien longtemps que vous avez mis les stratégies en place — sans eux, avant eux,— comme s'il fallait absolument qu'ils soient à l'origine des méthodes ou des solutions, comme s'il fallait que ce soit vocalisé par eux pour que cela devienne valable… (Mais qu'ils aillent l'expliquer à d'autres, nom d'un petit bonhomme, je ne demande même pas qu'on reconnaisse mon antériorité, je demande juste qu'on m'épargne le discours: je suis convaincue, puisque c'est moi qui vient de les convertir… Ah zut, c'est vraiment agaçant. (Inutile de le leur dire, il seront peinés ou en colère, incapables de le comprendre (et donc j'écris ici, défouloir, prévention, avertissement à tous les autres: please, arrêtez!!)))


ajout le lendemain: En attendant un contre-exemple s'impose le paradigme: Saint Paul. Agacement devant Saint Paul, la notoriété de Saint Paul, le Romain cultivé venu tard, expliquant le Christ à ceux qui l'avaient connu… (Sacré Jésus: lui s'est entouré d'hommes simples, pas pénibles, et n'a converti un pontifiant qu'après sa mort: il n'a pas eu à le supporter (Saint Paul aurait-il expliqué au Christ sa mission? Je me demande… Je l'imagine très bien essayer.))

En attendant je me recule discrètement, je me désengage. Je déteste qu'on me serine les leçons que j'ai moi-même écrites…

Je finirai par ne plus défendre que ma propre cause.

Peut-être aurais-je dû commencer par cela.

dimanche 7 février 2010

Samedi soir

Beau texte d'Oscarine Bosquet, Participe présent, mésanges et Rosa Luxembourg. J'écoute la voix dans la pénombre, douce et obstinée.

Puis Simone, qui est Simone, « C'est toi l'Arabe », sa voix rauque et chantante qui me rappelle une amie de ma mère, j'apprends que Joseph était merveilleusement beau et qu'il aurait bien pu coucher avec la femme de Putiphar, puisqu'après tout les douze commandements n'existaient pas encore (ce qui me paraît aussi magiquement absurde que d'imaginer qu'avant Newton, les pommes flottaient dans les airs). Dans une version de l'histoire, Joseph finit par prendre la femme de Putiphar en pitié, elle qui l'aura aimé toute sa vie. Ils ont cent ans tous les deux. « Comment tu veux élever des enfants avec une histoire pareille ? »

« Mon gynéco m'a dit : moi, j'ai coché la case garçon. » (C'est une bonne idée, désormais j'en ferai autant.)
« Comment ça tu es fan de TrucMuche? Il faut te défaner. »

Connais-je davantage Marie que Bernard, que dire des affinités immédiates, irraisonnées? Nous avons en commun quelques livres lues, c'est déjà ça.
La théière oblongue de Simone ressemble moitié à un char, moitié à un canard, mais nul ne l'a vue.
Elle aurait dû garder mes boucles d'oreilles, elles lui allaient très bien, et si j'avais été sûre qu'elle les portât, cela m'aurait fait plaisir.

Marie a oublié notre projet d'échange culturel. Zut alors. D'un autre côté, le titre de mon billet de septembre 2008, dont je ne me souvenais plus, montre que je ne me faisais pas beaucoup d'illusions.


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Dimanche

Pas grand chose à raconter, ou alors ma vie. Peut-être qu'un blog sert à ça, possible. Marché, jardin, rien de palpitant. M'enfin bon, s'il fallait attendre du palpitant pour écrire. Pas envie d'y retourner demain. Il faudrait réussir à écrire d'épaisses couches de rien pour pouvoir cacher quelques éclats de réel à des endroits où personne n'aurait le courage d'aller les chercher. Mais cela prendrait beaucoup de temps.
Continué les tas de feuilles. Presque plus de gazon, plus que de la mousse. Pourquoi les gens râlent-ils contre la mousse, c'est pourtant pratique, plus besoin de tondre.
Une épine dans l'index gauche, impossible de la fixer, ma vue se trouble.

lundi 2 février 2009

Sac de dame

Pour ne pas abîmer mes livres, je tends à privilégier les cartables.

Mon voisin de bus (inconnu) se penche sur mon cartable ouvert:
— Votre sac est bien rangé.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire:
— Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il a de spécial ?
— Rien. Pour un sac de femme il est bien rangé.
Je ne lui ai pas expliqué qu'il était impertinent, indiscret et pétri de préjugés.
Le plus étonnant est que la scène s'est répétée pratiquement à l'identique à quelques jours de là — à cela près que j'ai compris tout de suite.


Comme on se moquait de mon absence de "sac de dame", j'ai fini par trouver chez Loxwood le modèle idéal pour transporter des livres. Il existe en plusieurs tailles, plusieurs matières, plusieurs couleurs, qui changent à chaque saison (mais la forme reste la même).
Problème: les jours de pluie ou de neige.



2009-0203-sac-de-dame.jpg


Vendredi dernier : jour d'Eglogues.

dimanche 15 juin 2008

Quand vous vous taisez, votre mari lève le nez

Puisque cette note a été diversement interprétée, je vais donner l'arrière-plan personnel dans lequel s'inscrit ce minuscule incident.

Je me souviens très précisément d'un collègue avec lequel j'étais en train de plaisanter qui me dit : «En somme, quand vous arrêtez de parler, votre mari sort la tête de son journal pour voir ce qui se passe».
J'avais ri de bon cœur.

Rentrée à la maison, je racontai l'anecdote à H. qui à ma grande surprise se fâcha: ces clichés étaient insupportables, c'était inadmissible d'être aussi conventionnel, etc.
Je restai stupéfaite, à me demander si finalement mon collègue n'aurait pas eu au moins un peu raison (puisqu'il provoquait une telle colère), alors que j'avais pris ses mots comme une taquinerie destinée à se moquer de mon infatiguable bavardage.


PS : en recherchant le mot steampunk chez Caféine (l'endroit où je lai rencontré pour la première fois) pour savoir si je pouvais l'appliquer à Indiana Jones (non), j'avais trouvé ça, qui ne devrait pas plaire à Holly.

mardi 13 novembre 2007

Cela demande réflexion

Vendredi matin, je contemplais mélancoliquement quelques mots de la pub pour le combi volkswagen «[...] on change de femme, on change pour un homme, [...]», en me disant que décidément cette pub avait bien saisi l'air du temps, quand miraculeusement j'ai reçu un mail qui contenait quatre photos réconfortantes.









mercredi 23 mai 2007

La vie mode d'emploi

[…]
Pour Nadine, les choses de la vie sont simples : les hommes se servent de leur intelligence pour devenir — ou, dans le cas du baron Edmond, rester — riches, et les femmes se servent de leur intelligence et de leur poitrine («Sans parler de ma jolie poitrine qu'il [le peintre mondain Jean-Gabriel Domergue] est le premier à admirer en véritable esthète») pour épouser des hommes riches.

Patrick Besson, in Le Point, 10 mai 2007

mardi 4 juillet 2006

Points de vue

Feuilletant Point de vue en attendant le RER, j'apprends que Chloé Bouygues et Yannick Bolloré se sont mariés récemment. Mariage simplissime, ajoute le magazine, huit cents invités, précise-t-il.


Conversation ce week-end sur la terrasse (mes week-ends sont passionnants (je deviens de plus en plus misanthrope)).
Un ami : — Ma grand-mère est abonnée à Point de vue depuis des années. Ça me dépasse.
Moi, généralisant : — Parce que vous préférez les nanas à poil. Nous, on regarde les robes et les chapeaux.


Honnêtement, en quoi Closer ou FHM ou Interview sont-il le signe d'une plus grande évolution intellectuelle ?


mise à jour le 1er septembre 2006
Evidemment, Martin Bouygues n'a pas daigné venir au mariage de sa nièce en juin dernier. Motif? La fille de son frère Nicolas épousait le fils de Vincent Bolloré, son ennemi intime. Rien à  faire : ces deux-là , qui se connaissent depuis l'école primaire, sont irréconciliables. Il faut dire que le raid avorté de Bolloré sur Bouygues, en 1998, a laissé du sang sur les murs. L'empoignade a été d'une rare violence. Bouygues n'avait pas hésité à  embaucher des détectives de l'agence Kroll pour fouiller dans la vie privée de son assaillant. L'industriel breton avait répliqué en faisant appel à  l'ex-inspecteur Gaudino pour dénicher des jongleries comptables dans le groupe de BTP. Depuis, les escarmouches se multiplient. En septembre 2003, Bolloré a été mis en cause par TF1, dans un reportage de «Droit de savoir» sur «les dessous de Saint-Tropez», qui accusait le milliardaire d'avoir bénéficié de passe-droits pour construire sa villa. Furieux, il a porté plainte, persuadé que Bouygues avait donné des instructions aux journalistes. A l'été 2004, quand Bolloré s'est attaqué à Havas, Bouygues s'est empressé d'acheter discrètement un gros paquet d'actions, pour tenter — en vain — de voler au secours du publicitaire. Il y a laissé des plumes, mais quand on déteste, on ne compte pas…
O.D. Capital septembre 2006
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