Alice du fromage

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Billets qui ont 'santé' comme mot-clé.

lundi 22 juillet 2024

Peace and love

J'ai fini par prendre de la codéine au milieu de la nuit. Depuis qu'une masseuse thaï m'a écrabouillé (terme de l'ostéopathe) le nerf sciatique en avril, ça ne se remet pas. La douleur me réveille la nuit, que je dorme sur le côté gauche (dans ce cas j'appuie dessus) ou droit (dans ce cas le poids du genou fait levier). J'ai essayé de dormir avec un oreiller entre les jambes mais je n'y arrive pas vraiment.
Il reste à plat ventre — mais je ne tiens pas longtemps — ou à plat dos mais je m'étouffe.
Le matin je me lève lentement, la douleur passe dans la journée quand les muscles sont chauds. Il ne reste qu'une présence — mais je fais attention lorsque je me lève après une longue posture assise: parfois la douleur inattendue me fait crier. Ça fait désordre.

En faisant des recherches, j'ai trouvé Peace & Love qui m'a fait rire.

Je recopie pour le jour où le lien deviendra inactif :
P : PROTECTION - Cesser toutes activités provoquant de la douleur lors des premiers jours.
E: ÉLÉVATION - Soulever le membre atteint le plus souvent possible, de sorte qu'il soit plus haut que le cœur.
A : ANTI-INFLAMMATOIRES À ÉVITER - S'abstenir de prendre des anti-inflammatoires et d'appliquer de la glace.
C : COMPRESSION - Installer un bandage élastique, ou encore mieux un taping compressif, pour réduire le gonflement initial.
E : ÉDUCATION - Enseigner les bonnes pratiques afin d'éviter la surinvestigation médicale, la surmédication et les modalités passives inutiles.
&
L : LOAD - Quantifier son stress mécanique en intégrant de la mise en charge et du mouvement, sans occasionner de douleur.
O : OPTIMISME - Etre confiant et positif; conditionner son cerveau en vue d'une guérison optimale.
V : VASCULARISATION - Faire des activités cardiovasculaires pour irriguer les tissus endommagés et augmenter leur métabolisme.
E : EXERCICES - Favoriser un retour à la normale de la mobilité, de la force et de la proprioception en adoptant une approche active

C'est plutôt pour les entorses, et à bien y regarder c'est du bon sens : de l'exercice mais pas trop, en se laissant guider par la douleur, un optimisme mesuré, pas de surmédication ni de radios IRM scanners à foison.

Tant pis. Trois mois que ça dure. Je me souviens qu'en 2017, ce qui avait guéri mon dos, c'était l'ibuprofène.
Tant pis pour Peace & Love, je passe aux anti-inflammatoires une petite semaine.
On va bien voir.

mardi 21 mai 2024

Pointage

Normalement, nous devions être en vacances ensemble cette semaine (une semaine seule à Sisteron, une semaine à deux à Prague: H. m'avait fait un sale coup en s'apercevant tardivement qu'il lui restait une semaine de vacances; j'avais dû poser une semaine en catastrophe pour être avec lui, ce qui tombait très mal au bureau, au milieu de deux appels d'offre).
Et puis voilà.

Donc aujourd'hui, nous sommes à la maison, et nous tâchons de reprendre souffle. Il y aurait beaucoup à faire, entre le linge à laver ou repasser et le suivi des comptes de différentes associations. Je passe la journée à faire le point sur des obligations de déclaration de meeting dans le cadre de la campagne des européennes en associant les factures correspondantes. Par moments je m'y perds, mais il faut dire que je regarde en même temps la saison 3 des Bridgerton (comment peut-on être fasciné par quelque chose d'aussi mauvais?).
En revanche, une excellente série française sans prétention: Fiasco.

Passage chez l'ostéo pour nous deux. Depuis le dernier massage thaï j'ai le nerf sciatique douloureux à gauche, surtout quand je me remets à marcher après de l'immobilité. Cela me réveille aussi la nuit. Apparemment il n'y a rien à faire, simplement attendre. Pour le reste tout est en ordre.
H en revanche à le dos en vrac, et c'est encore pire après la séance, quand tous les équilibres de compensation ont été bousculés.

Resto coréen à Fontainebleau (L'escale). Il est discret, avec seulement six plats au menu, et excellent.

vendredi 12 avril 2024

Mauvaise nouvelle

Cette année, comme j'espère être lâchée solo (en fin de saison, peut-être en septembre), j'ai décidé de passer la visite médicale de "classe 2". Il a d'abord fallu trouver un médecin habilité qui soit sur Doctolib et qui ne coûte pas une fortune (en fait ça coûte une fortune car ce n'est pas pris en charge par la sécurité sociale: ce n'est pas une visite médicale mais une expertise, ai-je appris).

J'ai choisi un médecin à St Maur-des-Fossés. Rendez-vous à 17h30. Je pensais être large mais il m'a fallu quitter une réunion avant la fin.
Balade dans St-Maur. Il fait beau. Le médecin est sympa, très encourageant : «dans quelques mois, quand vous serez pilote de ligne…»
Il paraît sérieusement l'envisager.
— Vous savez, à mon âge, le temps de la formation… ça ne vaut pas la peine.
Il en convient. Lui-même, après avoir fait du planeur, est pilote: «les vélivoles sont mauvais à la radio mais ils ont le sens du pilotage». Avoir son propre avion n'a de sens que si l'on vole beaucoup: sinon, l'entretien prend trop de temps pour le plaisir qu'on en retire.

Bonne pour le service. Le cœur et les yeux, OK, l'oreille droite OK, une perte d'audition légère sur la gauche.

En rentrant je m'arrête prendre un cocktail à la pizzeria Gemma. C'est sans doute la dernière fois que je le fais: ils ont acheté une boutique en face qui sert de bistro pour grignoter vite fait et boire, la recette du coktail que j'aimais est définitivement perdue, la magie a disparu.


Melun 20h12


Tout cela m'a mise en retard et quand j'arrive, H. m'attend depuis longtemps. Il est bouleversé: son père est à l'hôpital depuis mercredi (et donc sa mère à peine autonome seule chez elle), pleurésie. Sans doute une suite du covid d'octobre.
Son père est très faible, il mange très peu. Les médecins ont prévu de le garder une dizaine de jours. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est pour l'obliger à se reposer : il s'occupe beaucoup de sa femme et souffre de l'épuisement des aidants.

mercredi 1 novembre 2023

Aller-retour Blois

J'ai le projet de voir mes parents plus souvent — parce que le temps passe et que j'ai peur de les perdre — que j'ai la douloureuse et terrifiante certitude que je vais les perdre. J'espère qu'ils ne le voient pas trop, mais ils s'en doutent forcément — on ne passe pas impunément de presque jamais à quelques fois.

Journée tranquille à regarder les montages de papa sur leurs derniers voyages. C'est amusant de constater la façon dont ils se sont mis à visiter les villes, eux qui ne baroudaient que dans les jungles ou les savanes. Salzburg, Milan, Varsovie… et toujours au moment où on ne s'y attend pas, un oiseau à tête noire, un bison, un lynx.

Un tout petit monde: «Lui, il avait été notre guide en Espagne, et on l'a rencontré en Pologne.»

«Il y avait un Français, il est spécialiste des lynx. Il prend l'affût; dans le Jura, en dix ans, il en a vu trois, alors en Espagne, il était content. Les lynx hispaniques avaient quasi disparu jusqu'à ce qu'une propriétaire terrienne en réintroduise sur ses terres — avec des lapins. Les lynx sont petits, ils ne mangent que des lapins.»

Le gibier en France appelle ce commentaire: «Il n'y en avait plus du tout après la guerre, ça a pris cinquante ans, les premières biches qu'on a vues en Sologne, ça devait être en 80».

Maman s'est fait mal au genou, il est très enflé, et ça dure (et empire) depuis l'été. Elle se plaint du manque de médecins, de la durée pour avoir un rendez-vous. Les gouttes de papa pour son glaucome: «la boîte ne contient qu'un mois de traitement: pourquoi pas trois ou six?»
Ça l'exaspère. Je ne sais que dire, je sais le nombre de fois où je ne vais pas chez le médecin par flemme (juste en ce moment, j'aurais sans doute besoin d'un traitement antibiotique pour couper court à l'infection, mais je ne sais pas où aller, et il faudrait poser une journée de congé. Ça finira sans doute comme ça si ça continue à faire mal). Ils sont plus âgés, il est nécessaire qu'ils soient suivis.

Papa ne dit rien, mais je l'ai vu grimacer dans la cuisine. Ses vertèbres lombaires se calcifient et pincent le nerf des jambes, parfois il ne sent plus ses pieds. Un chirurgien propose de l'opérer. Il réfléchit.

Je leur montre le dossier de naturalisation des parents de papa. A ma surprise, cela les intéresse. Je n'aurais pas cru.

Nous rentrons dans la nuit. Maman nous a donné un trèfle rouge (oxalis) en pot, de la confiture de figues et de questches. Il ne pleut pas. Il est prévu une tempête demain.

lundi 27 décembre 2021

Enfin une carte vitale

Cela aura pris un an. En décembre 2020, j'ai enregistré mon changement d'adresse sur ameli.fr. Il a fallu une ou deux relances pour qu'il soit pris en compte. J'ai été correctement enregistrée à la CPAM de Seine-et-Marne.
Impossible cependant de télécharger une attestation pdf: je n'ai pas pu en fournir une à mon nouvel employeur en mars dernier. Néanmoins (va comprendre Charles), la télétransmission s'est correctement établie entre ma nouvelle mutuelle et ma nouvelle CPAM.
Impossible cependant de mettre à jour ma carte vitale: «anomalie», affichaient les lecteurs.
Alors je l'ai déclarée comme dysfonctionnelle et j'ai voulu en commander une autre (en ligne, sur le site ameli.fr).
Mais impossible également (message d'erreur).

J'ai laissé un message pour dire que je voulais une attestation ameli. On m'a répondu en m'expliquant comment appuyer sur un bouton pour l'obtenir. J'ai réécrit pour tenter d'expliquer que je SAVAIS comment obtenir cette attestation, mais que c'était le site qui ne me la fournissait pas.
Après deux ou trois échanges absurdes de ce genre, j'ai laissé tomber. C'était en mai. Je me suis dit que cela se règlerait tout seul, qu'il fallait leur laisser le temps de rebrancher quelques fils pour que tout refonctionne.

Mais en septembre, cela fonctionnait toujours aussi mal.
Alors, parce que je me suis dit que si je me retrouvais à l'hôpital, ce serait H. qui devrait gérer tous les problèmes d'affiliation, j'ai écrit au médiateur de la caisse de la sécu en lui fournissant les copies de mes mails et des réponses obtenues. Le problème s'est débloqué en octobre: j'ai obtenu mon attestation. Le 21 octobre j'ai alors commandé une carte vitale.
Rien n'est arrivé.
Là encore, j'ai attendu en me disant qu'il fallait laisser du temps aux institutions.

Puis le samedi 11 décembre je me suis cassé le doigt. J'ai pris rendez-vous pour passer une radio sans passer par les urgences. Le rendez-vous possible le plus proche était à Vincennes le jeudi suivant, rendez-vous que j'ai annulé pour le prendre le lendemain à Fontainebleau.
J'ai alors vérifié où en était la fabrication de ma carte vitale sur le site d'ameli.fr. Réponse: «elle devrait être arrivée depuis longtemps».
Aucune explication.
Alors j'en ai recommandé une.
J'avais une visite chez un généraliste (inconnu, choisi sur Doctolib comme étant le premier créneau libre) le 22 décembre, mais le médecin a annulé au dernier moment. La visite suivante était aujourd'hui (avec un autre médecin).

Celui-ci m'a sans doute prise pour une folle: je suis arrivée deux doigts bandés l'un servant d'attelle à l'autre, avec une radio datant de dix jours pour une fracture datant de quinze jours. Il a juste commenté qu'à l'hôpital on aurait sans doute mieux fait le bandage. J'ai parlé de ma tension (concernant la fracture, j'avais failli annuler le rendez-vous à cause du ridicule de se présenter quinze jours après), il m'a parlé des exagérations des laboratoires dans les années 70 et m'a prescrit une analyse d'urine pour savoir si mes reins fatigaient (je ne vois pas le rapport, mais qu'importe).

J'ai sortie ma carte vitale toute neuve. Elle a fonctionné du premier coup.

vendredi 17 décembre 2021

C cassé

Le titre est un hommage à Jaddo.

fracture de l'annulaire



Samedi dernier, je me suis fait écraser la dernière phalange entre un portant et le ponton. En sortant du bateau, une débutante a failli tomber à l'eau, et en la rattrappant comme je pouvais, mon doigt s'est retrouvé coincé.

Pas envie de perdre mon samedi après-midi aux urgences. Première disponibilité d'un radiologue cet après-midi.
Pas de carte vitale car elle est toujours en fabrication après avoir obtenu mon attestation ameli en octobre en ayant fait appel au médiateur de la sécurité sociale. Pas d'ordonnance car je me souviens que le radiologue est un docteur et peut faire des radios sans prescription médicale.
Cependant le cabinet de radiologie a été charmant.

Visite chez un généraliste mercredi prochain. En attendant j'ai fait comme lundi dernier: j'ai attaché l'annulaire au majeur.

La semaine est finie. C'est pas trop tôt.

jeudi 23 septembre 2021

Brrr

Quand H. fait du "présentiel" (quel mot correct devrait-on utiliser? A situation nouvelle mot nouveau, je n'ai jamais su traduire IRL (in real live) autrement que par "en chair et en os", à la fois désuet et légèrement emphatique: «Viens, on se verra enfin en chair et en os» sonne malgré tout étrange) — quand H. fait du présentiel, donc, nous partons ensemble.

Le choix est le suivant : soit je m'adapte à son horaire et pars une heure plus tard, et donc arrive une heure plus tard; soit il s'adapte à mon horaire et arrive beaucoup trop tôt (son bureau ouvre à une heure décente, c'est-à-dire neuf heures), temps qu'il passe à petit-déjeuner au Terminus en face de la gare de Lyon, un bistrot ouvert dès cinq heures avec cuisine opérationnelle (le nombre de fois où à sept heures et demie il est impossible d'avoir une omelette) qui sert des toasts au saumon à six heures du matin.

Ce matin nous avons choisi le pire des deux mondes: il est parti avec moi et j'ai petit déjeuné avec lui — hagards de sommeil, n'échangeant pas un mot — nous aurions mieux fait de dormir une heure de plus.

Journée toujours aussi speed et décousue, je suis frustrée de ne rien réussir de propre, de ne jamais réellement traiter un sujet à fond. Je suppose que ça viendra — dans un, deux, ou trois ans. Comme s'est exclamé l'un des jeunes de l'équipe: «la patience est une vertu». (Non, ce n'était pas à moi qu'il s'adressait.)

Présentation des futurs locaux à l'équipe. Au printemps nous passerons de Vincennes actuellement à rue Picpus. J'ai cru comprendre que j'allais y perdre un quart d'heure… il sera temps de faire deux jours de télétravail.

Je papote avec Dominique, la responsable compta finance. Son père est mort d'Alzheimer («On ne meurt pas d'Alzheimer mais des conséquences d'Alzheimer. — Qu'est-ce que tu veux dire? — Lui faisait beaucoup de fausses routes, d'où des pneumonies à répétition. Il est mort de cela.»), sa mère a une maladie neuro-dégénérative qui n'est pas Alzheimer («nous, on ne voit pas la différence»), elle suit les infos sur le sujet, me parle des deux hippocampes, de la mémoire, de la musique qui passe outre l'hippocampe (et donc échappe en partie à la perte de mémoire).
Je lui raconte mes troubles de langage depuis que j'ai été très fatiguée lors de ma première grossesse (et les dix ans qui ont suivi), ma façon de dire «tu sortiras la boîte aux lettres» quand je veux parler de la poubelle (par exemple) ou d'avoir des blancs de plusieurs secondes quand soudain un mot m'échappe, non que je l'ai sur le bout de la langue, mais que mon cerveau se transforme en lande brumeuse dans lequel je ne vois plus rien. Je suis aphasique quelques instants.
— Tu as peut-être fait un micro-AVC. La seule façon de le savoir c'est de passer un scanner.
— A vingt-quatre ans?

Moi qui me disais que ça me faisait un point commun avec Mallarmé, qui aurait vécu après la mort de son fils une période d'aphasie ou équivalent. (Il me semble que ça correspond à une période d'absence d'écriture.) Un micro-AVC, c'est moins glamour.
Ce que ne sait pas Dominique, ce qu'elle ne peut pas savoir, c'est qu'elle me ramène à la mort de Jacqueline, ma coéquipière d'aviron à quatorze ans, morte d'un AVC à trente-sept ans.
Ne nous affolons pas (en fait cela me fait sourire mi-figue mi-raisin). N'empêche que le soir j'ai mesuré ma tension, qui forcément avec la frustration de la journée n'est pas mirobolante.
La doctoresse l'autre jour a regardé mes diverses mesures et a été rassurée: ma tension fait des pics, mais redescend en vacances ou le week-end après l'aviron. Apparemment c'est ce qui compte. Une vraie tension haute ne cède pas (si j'ai bien compris).

Le soir A. nous ramène le chat. Dîner d'une flameküche. Elle a l'air en forme. Elle raconte qu'elle se fait mal voir de ses collègues car elle a accepté de faire deux tournées: sa hiérarchie directe la remercie (parce que le travail est fait, je suppose), sa hiérarchie N+1 n'est pas enchantée car cela fausse leurs arguments à l'appui d'un recrutement pour remplacer un facteur qui vient de partir à la retraite.
Je ne sais qu'en penser. Les deux positions ont leurs avantages et leurs inconvénients.
— Tu veux dire que le jour où tu pars ils perdent deux postes?
— Pas vraiment, parce que lorsque je fais deux tournées, je ne fais que l'urgent, les paquets, les lettres urgentes. Pas la publicité, pas les lettres vertes.
— Mais c'est distribué quand alors ? Tu connais le cas du facteur qui repostait tout le courrier? (Histoire vraie. Elle rit.)
— Le titulaire le fait le lendemain.

Le soir je termine Alexandre le bienheureux, commencé hier et que je n'avais jamais vu.

vendredi 5 mars 2021

Turning point

Le 18 février a été publiée au Journal officiel une ordonnance qui réforme la protection sociale complémentaire (PSC) des fonctionnaires (des trois fonctions publiques: Etat, collectivités territoriales, hôpital). Elle prévoit une participation des employeurs à hauteur de 50% de leur cotisation de complémentaire santé.

L'idée est de copier ce qui existe dans le privé. Cela pose de nombreuses questions, à commencer par la définition d'"employeur" (est-ce qu'un ministère est un employeur, par exemple?).
Une chose est sûre: s'il s'agit de contrat collectif obligatoire (ce qui est flou dans la lettre du texte, mais me semble dans son esprit), il est possible que je sois entrée dans une petite structure condamnée à être absorbée par une plus grosse d'ici un à deux ans.
Fatalité?


Je pense beaucoup à Conrad en ce moment. J'ai l'impression d'avoir abandonné un paquebot paresseux qui amortissait la houle et où l'on s'ennuyait à mourir pour un petit navire à voile au moment de la conversion vers la vapeur.

jeudi 29 octobre 2020

Courbes de mortalité sur cinquante ans

Un twittos a tenté de comparer les chiffres de mortalité en tenant compte, par exemple, de la hausse de la population. Il explique sa méthode ici (déroulez le thread).



Bleu pétrole le covid, violet la canicule de 2003, rouge la grippe de Hong-Kong de 1969.


En regardant ces courbes, je me dis que ce serait une bonne façon d'introduire la notion d'intégrale en mathématique.


Quant au podcast sur la grippe de Hong-Kong, il me rappelle la blague:
— Comment va ta mère ?
— Elle est morte.
— Oh je suis désolé. Et de quoi?
— De la grippe.
— La grippe? Oh mais c'est pas grave!

vendredi 23 octobre 2020

La France qui se lève tôt

Levés à cinq heures et quart, départ à jeun à six heures, arrivée à Antony à sept heures moins le quart. Dormi vingt minutes dans la voiture, rendez-vous chez le cardiologue à sept heures et demie, le tout organisé par l'assurance du Crédit Mutuel qui nous propose de réaliser ainsi gratuitement l'ensemble des examens qu'elle exige pour notre prêt immobilier, analyses de sang comprises.

Nous sortons à huit et demie pour un petit déjeuner bien gagné.
Café Les Sports à Antony. Jolie façade en briques vernissées. Est-il ouvert? Ce n'est pas clair. Le patron est en train de s'agiter parmi les chaises. Il nous voit:
— C'est fermé, j'ouvre à neuf heures.
Nous le regardons: — Hein?
— Ne vous plaigniez pas, avant c'était dix heures.
Nous rions: — On ne se plaint pas, on s'en va.


Mine de rien, nous n'avons rien trouvé d'ouvert à Antony. Nous avons bu un café et mangé un croissant dans une boulangerie.

mercredi 1 juillet 2020

Préparation de la saison prochaine

Les certificats de sport se demandent désormais tous les deux ou trois ans. Je devais renouveler le mien, j'ai pris rendez-vous pour une téléconsultation.
«Une téléconsultation pour un certificat de sport? On arrive aux limites de l'exercice» a commenté mon médecin.

Entraînement calamiteux en salle: une minute à cadence de référence, une minute à cadence de récupération, huit fois, huit minutes de récupération et de nouveau une série de seize minutes : la deuxième fois je n'ai pas du tout tenu les temps.

vendredi 10 avril 2020

Allergie

Ce n'est pas le pollen, c'est la poussière. #rangementdugrenier

J'éternue beaucoup; dans le jardin ça résonne dans tout le quartier (dans la cuisine j'entre en résonnance résonance avec le radiateur).
Je vais être malade, c'est sûr : un médecin m'avait expliqué que l'irritation causée par l'allergie rendait les muqueuses plus réceptives au moindre virus, bactérie, microbe, qui passait.

mercredi 18 mars 2020

Fréquence cardiaque

Comme les salles de sport sont fermées et que je ne vais pas acheter un rameur (c'est cher, c'est laid, ça prend de la place, c'est pour deux mois. Et c'est comme le cinéma: j'aime aller en salle de sport, j'aime partager l'effort ou l'émotion avec des gens que je ne connais pas), je me replie sur la course ou le vélo. Plutôt le vélo, ma paire de running a dix-huit ans (le plastique-caoutchouc a durci).

Une compétitrice a partagé le programme que leur a donné leur entraîneur: «Pour calculer la fréquence max théorique: 220 - ton âge. Moi ça fait 170 par exemple donc 80% de ça ça donne 150 donc l'entraînement de mardi je vais me mettre à 150 sur de la CAP.»

Je ne lui ai pas dit que je ne savais pas ce que voulait dire CAP.

Certains entraînements se font à 40% de cette fréquence max. Mon problème, c'est que 40% de ma fréquence max, c'est moins que ma fréquence au repos.


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Hier H. va chercher son médicament contre le diabète (les ordonnances pour maladie chronique sont automatiquement renouvelées par les pharmaciens jusqu'au 31 mai).
— Les gens sortaient avec des sacs Cora pleins, du savon, des boîtes de Doliprane… Ils sont fous.
Entendu aux infos ce matin : désormais achat limité à une boîte par personne.

jeudi 26 septembre 2019

Fièvre

Aller en RER (bus, RER D, RER A).

Beau huit à midi, intéressant. Deux nouvelles rameuses, deux Marie, brune et blonde. La blonde râle et conteste. Nous avons des problèmes de cox (le micro qui permet de parler dans le bateau en étant entendu de toutes). Ça coûte une fortune à remplacer.
Beaucoup de vent.

J'ai innové à midi: avant de partir ramer, je suis passée au self pour prendre des lentilles et deux œufs durs. J'ai englouti les lentilles et enveloppé les œufs au fond de mon sac.
Je les ai mangés de retour au bureau.
Je ne sais pas s'ils sont responsables, mais la faiblesse m'a gagnée. Le soir 38°3. Intoxication?

Rentrée en voiture. Une dizaine de chefs scouts à la maison. Je suis allée dormir à part, au cas où cela soit contagieux (ça ressemble à une grippe intestinale, mais je n'y crois pas).

lundi 23 septembre 2019

Gnon

Je suis tombée ce matin. Je suis tombée en descendant d'une chaise: j'ai mis le pied sur un oreiller (non le lit n'était pas fait), la plume a glissé sous mon poids et je suis tombée de tout mon long. J'avais les bras chargés, je ne me suis pas protégée, le menton, à gauche, a porté avec un bruit sec contre le plancher. (Rien aux cervicales, ouf, pensée pour Jean.)

Un bleu très noir dépare la pointe gauche de mon menton. Femme battue, trace de charbon (dit le scout), trace de cambouis (dit la rameuse).

J'étais à la recherche de mon carnet de santé: rendez-vous chez le médecin pour me faire vacciner contre la rougeole, après une remarque de ma mère: «mais au fait, tu n'as jamais eu la rougeole. Tu es vaccinée?»
Or nous allons à Val Thorens à Noël, il y a eu une épidémie de rougeole là-bas l'année dernière.

Le médecin a ri : « Votre mère ? J'adore ! »
Il a feuilleté le carnet: «Mais si, vous avez été vaccinée en 1973, par le Ronvax. Une seule injection, on va en refaire une par précaution.»
Il a déchiffré le cachet du médecin vaccinateur : docteur Ponnou-Delaffon Louis de la faculté de Montpellier, Inezgane - Prévention rurale.

mardi 8 janvier 2019

Pas de titre

On a transfusé à ma coiffeuse florentine si menue neuf litres de sang.

jeudi 22 novembre 2018

E-santé, théologie, grec

1/ Colloque sur l’e-santé à la Mutualité française.
Pas de journée réussie sans commencer par des problèmes de transport: j’ai eu beau m’appliquer, prévoir un RER plus tôt, je me retrouve coincée à la Madeleine (RER D puis ligne 14 puis ligne 12) par une panne de signalisation. J’essaie la 8 qui ne va pas mieux. Je prends un Mobike, six kilomètres, heureusement qu’il ne pleut pas.

Intervention très intéressante d’un anthropologue, Sylvain Flender. A la demande de la Mutualité, il a enquêté sur ce qu’était la santé pour nos contemporains (donc nous-mêmes).
Il commence par une remarque de base: personne ne sait définir la santé. La santé se définit par ce qu’elle n’est pas: ni maladie ni douleur (comme je suis déformée je pense aussitôt théologie négative).

Il a travaillé par des questionnaires approfondis proposés à soixante personnes choisies selon des méthodes statistiques. Les réponses ainsi que des recherches en fonction des pistes ainsi ouvertes (j’ai demandé comment il était possible de proposer une analyse aussi large à partir de soixante personnes seulement) l’ont amené à définir quatre imaginaires de la santé:
1/ la santé sensation. Etre bien dans son corps, ralentir pour résister au stress contemporain. Vocabulaire de l’élimination, de la transpiration: éliminer les toxines de la vie contemporaine.
2/ la santé compétence (à résonnance esthétique: avoir la forme et être en forme). Bouger, faire et surtout être capable de faire. Potentiel.
3/ la santé capital. Prendre soin de soi pour préparer l’avenir, avec quatre sous-types: le déni (inutile de faire des efforts; tout est dans les gènes; regardez Churchill); le fatalisme (il faudrait que j’arrête telle ou telle addiction mais je n’y arrive pas, tant pis); le funambule (compense les excès d’un soir sur la semaine); l’orthodoxe (une forme d’ascétisme).
4/ la santé émotion. A la recherche du bon, du bien. Centripète (vers l’extérieur) plutôt que centrifuge (égocentré). Trois sous-types: le rédempté (a souvent vécu un burn-out); le carpe diem (attentifs aux petits bonheurs); le méditatif (conscience aaugmentée, vision holistique, en accord avec l’univers).

Je n’aurais jamais imaginé de mettre cette dernière catégorie dans la santé. Pour moi c’étaient des spirituels, voire des mystiques pour les plus allumés d’entre eux.
Donc Nerdfitness est dans la santé compétence, Zen habits dans la santé émotion.


2/ Théologie
En sortant je passe chez une camarade d’atelier qui m’a proposé de me prêter des livres. Neusch et les Mélanges offerts à Mgr Doré. Ce dernier est un très gros et beau livre. Je le commence (dans le désordre puisqu’il est composé d’articles. J’ai rencontré deux des auteurs à Cerisy) en mangeant un œuf mayonnaise dans une sympathique brasserie, La Marquise. Mes voisines se plaignent des fautes de français sur France Culture (émoticône yeux qui pleurent bouche qui rit).


3/ Grec
Je salue la prof de la part de la camarade que je viens de quitter: à ma surprise vite transformée en évidence, celle-ci connaissait Anne-Catherine B. Je suppose qu’elle doit sortir de l’ENS, spécialité allemand ou langues classiques. Après tout, elle fait son mémoire sur les noms du fils dans une homélie (non traduite à ce jour) de Grégoire de Nysse.

Jean 11. Résurrection de Lazare. L’héroïne est davantage Marthe que Marie.
— Mélo, se préoccuper, se faire du souci. Voyez-vous un prénom qui vient de cette racine?
Nous séchons.
— Amélie, celle qui est sans souci.

lundi 12 novembre 2018

Vaccinée

contre la grippe.

Dans le même temps, j'apprends que la vaccination contre la rougeole est à son plus bas en Indonésie, suite à une rumeur de porc dans le vaccin. (Est-ce plus ou moins con que redouter l'alluminium?)


J'en profite pour saluer la cascadeuse Kitty O'Neil, morte le 2 novembre et sourde à cause d'une ou des maladies enfantiles.

Elle doublait Wonder Woman, ce qui m'amène à saluer également Stan Lee, mort aujourd'hui (davantage connu de H. que de moi (en fait je le connais surtout à travers The Big Bang Theory)).

PS: sur une suggestion d'Aymeric j'ajoute ce billet. J'aime beaucoup le nom du blog.

mardi 24 juillet 2018

Inquiétant

Journée de rattrapage de blog. Il faut bien avouer que le visionnage de séries entières ne favorise pas le blogage. Encadrement à l'aviron le soir avec Camille. Bataille d'eau avec Grégoire.

Pizzeria. H. quasi aveuglé de l'œil droit suite à un passage chez l'ophtalmo. Sa vue a beaucoup baissé de ce côté-là, sans explication.



Aller et retour en voiture — je conduis au retour (habituellement je laisse toujours O et H conduire quand nous sommes ensemble car la place passager est plus étroite). Le retour le long de la Seine rive droite est pure merveille par ce temps. J'aime passer à Ivry, Vitry, Villeneuve. J'aime les quartiers populaires.

jeudi 28 juin 2018

Mon bon coeur

Test cardiaque ce matin à l'aube (8 heures, ce n'est pas si tôt, mais à Nanterre Préfecture un jour de grève, cela demande de l'organisation).
Tout va bien (je m'en doutais). C'est beaucoup moins dur que ce que je redoutais (je suis la génération traumatisée par Goscinny), bien moins dur que n'importe quelle séance en salle de sport.

Tout cela n'est pas gratuit : il y a un projet en vue. J'en reparlerai le moment venu.

J'ai ensuite testé les douches des nouveaux immeubles : mazette, ils n'ont pas lésiné. C'est mieux que ma salle de sport. Carrelage peut-être un peu glissant.

A midi j'ai découvert un accès au toit (j'explore). Cette porte ne devrait pas être ouverte, ne devrait pas rester ouverte.

mercredi 16 mai 2018

ostéopathie

— Elle t'a tiré l'orteil 1 ?




Note
1 : référence subtile à «You are pulling my leg» dans Langelot et les saboteurs.

mardi 24 avril 2018

Sortie du soir, espoir

La Seine a beaucoup baissé mais le courant est encore rapide. Les sorties vespérales (à partir de 18h) reprenaient aujourd'hui.

Trois tours d'île de la Jatte (13 km). Agathe (qui peut ramer une fois par semaine et pas le jour de la compétition, d'après son médecin), Anne, Anne-Sophie, Amandine et moi. Beaucoup d'insectes (je pense aux oiseaux), il fait frais.

Il se confirme que j'ai mal au dos, une barre au niveau des lombaires. Je veux croire que ce sont les muscles qui travaillent; je redoute que ce soit le même problème que l'année dernière (« une sorte d'entorse », avait dit le radiologue en regardant le scan de mes lombaires, ce qui avait fait tordre le nez au kiné).
J'avais justement encore quelques séances de kiné sur mon ordonnance, mais ont-elles moins d'un an? Quoi qu'il en soit, je suppose que le kiné n'aura pas de place.
Tenir jusqu'à la course. Après, tant pis.



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Agenda
H. a récupéré les clés de Tours cette après-midi et assisté à la première assemblée de copro ce soir. Le voilà élu.

mardi 19 décembre 2017

Un informaticien à l'hôpital

Vers midi, H. au téléphone, enflammé : « Non mais tu te rends compte, leur système informatique… Incroyable ! »

Et de me raconter en s'échauffant les deux systèmes informatiques qui ne communiquent pas entre les urgences et l'hôpital "ordinaire", l'obligation de tout ressaisir entre les deux services, le logiciel qui a compté trois injections d'antibiotique alors qu'il n'en a reçu qu'une (« l'infirmière a l'habitude, elle a tout revérifié avec moi »), les données de l'examen biologique dissimulé six écrans plus loin, l'ergonomie de l'application sans lien avec les besoins réels du métier (« elle m'a dit que 80% des gens qui viennent ici arrivent à cause de problèmes d'hypertension : ça devrait être la chose la plus facile à saisir, apparaissant immédiatement sur l'écran, immanquable : eh bien non, les champs à saisir sont cachés je ne sais trop où… »), etc.

Pendant qu'il fait ainsi l'audit du système informatique et des process il pense moins à la douleur et je préfère cela, mais j'ai le cœur serré quand il prononce son jugement final : « je vois se mettre en place ce que j'ai vu dans les [lieux où il vend ses logiciels] : un circuit parallèle d'informations pour contourner l'informatique. Et le garant de ce circuit parallèle, c'est le patient lui-même, ce qui implique qu'il soit en état de répondre, qu'il ne soit ni bête, ni trop âgé, ni trop malade.»



H. est opéré dans l'après-midi : pose d'une sonde entre la vessie et le rein pour éviter l'engorgement de celui-ci.
Je suis dans sa chambre quand il remonte du bloc vers sept heures du soir. Un instant guilleret, il déchante vite. Le chirurgien passe, hésite à le laisser sortir : qu'en pensons-nous ? J'interviens : « Vous avez des protocoles ? Suivons-les.»
H. reste à l'hôpital pour la nuit. Cela me rassure.

samedi 2 septembre 2017

Samedi de pré-rentrée

Rendez-vous chez le médecin pour un certificat médical. « Quel sport ? … De l’aviron ? Ah c’est bien, ça me change.»
Plus tard :
— Vous devriez faire un test d’effort pour être tranquille trois ou quatre ans.
— Ah, ça va venir : il est probable que mon père m’offre un tour en Mirage, les avions supersoniques. Un test cardiaque est obligatoire.

Nous avons emmené Clara à son appartement, ou plutôt sa chambre : une pièce avec douche individuelle dans une maison de maître à Créteil. Six colocataires à cinq cents euros mensuels chacun (hors charge), ça rapporte davantage que de louer à une famille.
Elle revient avec nous et repart en vélo, avec le vélo de mes onze ans qui roule toujours parfaitement. Si réellement elle s'en sert (je n'en reviens pas qu'une "jeune" de vingt-sept ans accepte de rouler sur mon vieux clou taché de rouille donc j'attends de voir si son enthousiasme a hérité d'un vélo gratuit persiste) si réellement elle s'en sert je le ferais repeindre (et de repasser mentalement les couleurs possibles : blanc, mauve, rose, violet, orange ? Pas bleu ou noir, non, quelque chose qui ne donne pas envie de le voler.)

Le soir, O. m'accompagne à la cinémathèque voir L'Atalante. Il a été restauré grâce au travail de Bernard Eisenschitz, ce qui est l'occasion de penser à Marie et Jérémy (il faut que je leur envoie un mot. Que s'est-il passé avec Marie ? Elle a été choquée que je proteste devant la vague de suicides à France Telecom, que je proclame qu'il fallait arrêter de leur faire de la publicité, qu'il y avait d'autres façons de résister. Elle a coupé les ponts. Est-ce irréversible ?)
Restauration argentique, montage à partir de la comparaison de plusieurs versions, et notamment une version anglaise. O. est surpris et un poil narquois devant la ferveur des présentateurs et des spectateurs, qu'il comprendra d'autant moins après vision : quoi, ce film un peu crachotant, cette histoire simplissime, c'est cela qui les enthousiasme ?
— Mais tu te rends compte, juste après le muet… tu as vu la diversité des plans, l'endroit où il a fallu réussir à mettre la caméra ? le cadrage de la caissière et le jeu des vitres, la façon dont tout est expliqué dès le cortège de la noce, la jeune fille qui quitte son village, qui n'a jamais rien vu,…
Devant l'admiration de tous, il veut bien convenir qu'il doit y avoir quelque chose, même s'il ne saisit pas exactement quoi (mais moi non plus, moi non plus : comment saisir les difficultés d'un montage, de la durée exacte d'une scène pour que tout soit montré et rien de trop ? A quel moment devient-on poétique au-delà de réaliste, à partir de quand la réalité bascule-t-elle dans la poésie ? A moins que la réalité soit toujours poésie et que l'art consiste justement à saisir celle-ci, la rendre visible.)

Nicolas Seydoux, de Gaumont, nous a promis une dernière restauration, celle qui saura nous rendre un son audible : en effet, il est aujourd'hui par moment si criard qu'il en devient inaudible.

lundi 28 août 2017

Coup de geule hospitalier

Je reprends comme je l'ai déjà fait plusieurs fois une suite de tweets "à dérouler", comme on dit.
Bien sûr, entre autres causes : on commence par les abrutis qui ont déclaré que la santé devait être un secteur "rentable", rentabilité

parfaitement artificialisée par les tarifs de l'AM (assurance maladie) complètement déconnectés des coûts réels, de la course au cost-killing à tout crin

qui va en face de cette rentabilité illusoire. Comme dit un copain patron de clinique "si tu veux faire un truc rentable, t'ouvres un club de

strip-tease ou une pizzeria, pas un établissement de soins"
A quel moment c'est tolérable que des actionnaires se fassent du beurre sur la

santé de nos concitoyens?
On continue avec le dogme du "il y a trop de fonctionnaires" qui nous pousse à externaliser au maximum sur des

fonctions qui seraient "pas notre coeur de métier", en exploitant encore plus les personnes qui réalisent les prestations pendant que des

actionnaires se font encore plus de fric sur leur dos (coucou Onet Nettoyage, bande d'esclavagistes!) tout en cassant complètement la notion

de travail en équipe. Je vous épargne tous les fournisseurs et prestataires fumistes qui se foutent complètement de la qualité des

prestations qu'ils délivrent, et donc du service au patient qu'ils fournissent, du moment qu'ils se font encore plus de pognon sur le dos du

contribuable, du patient et du cotisant.
Tiens les cotisations sociales on en parle? Il est où le pognon qui finance la sécu à force de

baisser les charges sociales parce que les "salariés coûtent trop cher" pendant que les actionnaires défiscalisent dans tous les paradis

possibles et imaginables? Oui, la santé publique a un coût, et il n'y a pas que ceux qui tondent la laine sur le dos des autres qui ont le

droit d'être soignés dans les meilleures conditions possibles!
Quant à vos propos sur "l'hôpital est en situation monopolistique", vous

n'avez pas honte de raconter des conneries pareilles? Vous aussi vous avez pris le nouveau Levothyrox? Bien sûr qu'on est sur un foutu

secteur concurrentiel, partout : on est en concurrence avec le secteur privé, et même entre hôpitaux depuis que l'ARS surveille l'évolution

des parts de marché entre établissements. C'est exactement pour cette raison qu'on ne fait RIEN pour limiter l'afflux dans les services

d'urgence, parce que le but de cette course à l'échalote toxique, c'est de faire toujours plus de chiffre que le voisin. On est en

concurrence sur nos services supports, parce qu'on doit défendre jusqu'à la légitimité de nos cuisines et blanchisseries hospitalières

en faisant toujours moins cher que le concurrent d'à côté. Et après on s'étonne que les patients mangent mal...
On est en concurrence sur le

marché des professionnels de santé, d'abord sur les médecins : merci au crétin qui a décidé, en vertu de la loi du marché, qu'en limitant

l'offre de soins on limiterait la dépense de soins, et donc qu'il fallait bloquer les numerus clausus, on est ds une belle merde maintenant

On est aussi en concurrence sur d'autres secteur pros comme les kinés ou les orthophonistes, on est en concurrence de partout

D'ailleurs nos décideurs le savent bien, puisque ce sont les premiers à aller se faire soigner dans le privé à l'Hôpital Américain

Le seul truc sur lequel on a le monopole c'est justement sur tout ce qui n'est pas rentable et susceptible de rapporter du fric à court

terme. PARCE QUE C'EST CA LE SERVICE PUBLIC

samedi 13 mai 2017

Un anniversaire assourdissant

TG sur la bioéthique. GPA, PMA : en théorie je suis contre, pour des raisons féministes (l'utilisation du corps des femmes et les dangers de la stimulation ovarienne). Je lis sur le sujet depuis très longtemps, depuis 1990 environ: Geneviève Delaisi de Parseval ou Jacques Testart, le père de la FIVette qui a changé d'avis sur le sujet (trop tard, trop tard. Comme Einstein, trop tard, trop tard). Parmi les bizarreries soulignées dans Le magasin des enfants (collectif dirigé par J Testart), il y a celle du couple considéré comme un seul corps, alors que, fait remarquer l'intervenant, il y a une chance sur deux que le couple se sépare dans les dix ans et que les partenaires soient fertiles chacun de leur côté (songez à Napoléon et Joséphine).
Evidemment Le magasin des enfants date de 1990, avant la reconnaissance des couples homosexuels par la société et l'émergence de leur désir d'enfant. Cela ne m'empêche pas d'être contre la PMA et GPA, mais il faut devenir très délicat dans la façon de l'exprimer: car si on les refuse au nom du bien de l'enfant à naître («ne pas créer un préjudice (l'abandon) en vue de la réparation d'un autre (la stérilité)»), au nom du bien de l'enfant né il serait pertinent que celui-ci n'entende pas la société lui dire qu'il est une anormalité et qu'il n'aurait pas dû naître.

Je passe à la librairie polonaise pour acheter deux Poésie du gérondif que je veux offrir (et que je n'ai pas trouvés), je ressors avec quelques livres (ne jamais, jamais, entrer dans une librairie: j'achète avec bonne conscience, en me disant que je l'aide à survivre, à se maintenir):
Malaparte : Le bonhomme Lénine
Catherine Sayn-Wittgenstein : La fin de ma Russie
Albert Londres : Le Juif errant est arrivé
Robert D. Kaplan : La revanche de la géographie
et une nouvelle pour H: A voté d'Asimov.

J'avais prévu de participer au vernissage de l'exposition d'Hervé Lassïnce mais un anniversaire m'en a empêchée. (A la place je suis allée en salle de gym transpirer les futurs gâteaux apéro.) Terrible anniversaire: une invitée bavarde impénitente a tenu le crachoir toute la soirée en nous parlant exclusivement de ses voisins. Je n'ai pas le choix, je suis obligée d'écouter, sinon je m'endors. Dès que je me désintéresse, je m'endors (déjà que cela m'arrive quand je m'intéresse)… Mais quel ennui. Les fumeurs avaient au moins la ressource de pouvoir s'échapper sur la terrasse. Cela a confirmé mon racisme personnel: les pieds-noirs1 (et leurs descendants).



1 : Merci de prendre ce genre d'assertion catégorique pour ce qu'elle est: une vérité toute relative dont le dogmatisme ridicule est destiné avant tout à me moquer de mes préjugés.

lundi 1 mai 2017

Dan

Comme à chaque fois que Kwa vient en France il sonne le rappel, ce qui fait que nous nous voyons plus souvent maintenant qu'il est à Boston que lorsqu'il était à Brétigny (mais il paraît qu'il ne faut pas le dire).

Rendez-vous donc Chez Marianne, le célèbre restaurant juif dans le Marais. Dan et son ami sont là, nous ne les avons pas vus depuis 2001 ou 2002. A l'époque c'était la fin de la bulle internet, Dan nous avait raconté avec beaucoup d'humour comment il avait failli devenir très riche (et puis finalement non, à un cheveu: c'était tombé sur un autre) (ah les start-up, l'horreur des start-up: comment raconter les rêves et les mythes autour de ce mot pour ceux qui vivent dans ce monde, quelque chose de l'ordre de la recherche de l'Eldorado au XIXe siècle, quelque chose que l'on atteind jamais mais qui vous anime… quelle importance tant que l'on sait que c'est davantage un mythe fondateur qu'une réalité concrète (concrètement, travailler dans une start-up, c'est travailler!))

Nous ne l'avions pas revu depuis cette époque, je ne me souvenais pas qu'il avait une aussi belle voix. Il a travaillé cinq ou six ans dans une autre start-up, à installer du réseau au Pakistan («Je suis arrivé le premier jour du ramadan, j'ai fait mon premier ramadan là-bas: ils m'offraient de manger, mais c'était gênant devant eux, alors j'ai fait comme eux. Mes parents m'ont dit "comment, tu ne fête pas Pourim avec nous, et tu fais le Ramadan!"»), Inde, Cameroun… Il a des souvenirs ancrés dans la géographie et s'ennuie un peu maintenant qu'il est rentré dans le rang (la holding de la start-up a arrêté de financer les investissements pour se contenter d'exploiter ce qui était déployé).

Dan et Patrick se sont fait opérer de la myopie à l'âge où l'on devient presbyte. Ils nous expliquent qu'en fait on devient double borgne: un œil pour voir de loin, un œil pour voir de près, c'est au cerveau à apprendre à gérer cela. Il est possible de choisir de "régler" les deux yeux pour voir de loin, si par exemple on fait du tir à l'arc, en acceptant de porter des lunettes pour voir de près, ou l'inverse. L'opération prend quinze secondes, «dix minutes si tu comptes le temps de t'asseoir, de préparer le champ opératoire». Ils nous ont donné un nom: le professeur Gatinel, à Rothschild. H. est tenté.

Nous parlons des vacances, Dan raconte un ouragan en Australie: «J'avais bien lu "n'allez pas au nord du tropique du Capricorne, il y a des ouragans" mais je m'étais dit que ça irait. Les palmiers étaient horizontaux, la pluie ne tombait pas, elle volait.»

Eux partent à Ibiza dimanche prochain après avoir voté et rentrent dix jours plus tard: «si ça se passe mal, nous ne rentrerons pas», disent-ils en riant. «Mais ça se passera bien», ajoute Dan confiant, tandis que Patrick paraît beaucoup plus proche de mon inquiétude: lui est sur les réseaux sociaux, il voit l'abstention et les discours délirants.


Par ailleurs je me suis inscrite pour être assesseur dimanche. J'ai besoin de faire quelque chose, de servir, au sens fort.
A Marseille, le soir du premier tour, un président de bureau est rentré chez lui en oubliant de donner le procès verbal de fin de vote: fatigue et manque d'expérience. Moralité, l'ensemble de la publication des résultats a été bloqué. Il manque des assesseurs pour le second tour.

mardi 21 mars 2017

Abandon

Je suis allée travailler, par flemme d'aller chez le médecin et par conscience professionnelle: la période de clôture du bilan n'est pas le meilleur moment pour s'arrêter.
La difficulté, c'est surtout les transports en commun. La position assise et toutes les transitions, debout assis, assis debout, sont douloureuses. Il ne faut pas que je sois bousculée, je ne suis pas sûre de ne pas tomber.

Dès le lever, j'ai su que c'était fichu, j'avais encore trop mal: dans l'après-midi, j'ai envoyé un sms à Gwenaële pour dire que je ne pourrai pas faire la course samedi. La famille pousse un ouf de soulagement, ils n'ont pas compris je pense que je vise le week-end d'aviron du 1er avril… (pourvu que je puisse y aller). Je m'économise dans l'espoir d'avoir récupéré d'ici là. Dix jours. Cela sera-t-il suffisant?

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J. : accident de voiture.

lundi 20 mars 2017

Décoincée

L'ostéopathe est minuscule. Elle me pose beaucoup, beaucoup, de questions, et avant la lecture du livre de Jaddo, cela m'aurait prodigieusement agacée. Maintenant je sais que les réponses négatives sont aussi importantes que les réponses positives, en particulier le fait que je n'ai pas mal à la tête et que je n'ai pas perdu de sensibilité dans les jambes: points favorables.

Elle remet en place des cervicales (j'ai la tête toute légère) et rend sa mobilité au sacrum. Elle me conseille d'aller voir mon médecin pour passer une radio et vérifier l'état des lombaires (allons bon, il ne manquait plus que ça. Est-ce l'ergo qui m'a ainsi abîmée?)
Je sors, un peu déçue d'avoir encore mal (je suis puérile, je sais): toute la zone est endolorie, il est difficile de faire la part de ce qui est de la douleur et du souvenir de la douleur.

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Ce matin, lorsque j'ai envoyé un sms à J. pour la prévenir de mon absence, elle m'a répondu "je ne serai pas là mardi ou jeudi: enterrement d'un beau-frère". Voilà qui relative un grand coup mes malheurs. Je ne sais s'il s'agit d'une maladie (elle n'en a jamais parlé) ou d'un accident.

dimanche 19 mars 2017

Coincée

En double avec Gwenaële. Nous n'aurons pas beaucoup préparé notre yolette.

J'ai de plus en plus mal au dos. De retour de Melun, je mets quelques minutes à sortir de la voiture, me hissant avec les bras, assurant mon équilibre sur mes pieds qui ne sentent plus mon poids.
Dans l'après-midi, la douleur se confirme. Je ne peux plus me plier, pas m'essuyer les jambes en sortant de la douche, pas enfiler de chaussettes. Toutes les transitions entre debout et assise me font mal, sont insupportables.
La famille se ligue contre moi pour me convaincre d'abandonner l'idée d'une compétition dans une semaine. Mais comment oser annoncer à mon équipage que je déclare forfait et bousiller le bateau?

Gentiment, A. me décoince les cervicales et confirme que j'ai le sacrum bloqué.
Sur doctolib nous réservons une séance d'ostéopathie pour le lendemain (je ne pensais pas en trouver dans un délai si court).

Je somnole toute l'après-midi. Impossible de toute façon de faire du ménage, et pas le courage de bloguer.

lundi 13 mars 2017

Je ne fais plus que ramer

Petit moral ce soir. Je me force à aller en cours en quittant le bureau trop tard. J'essaie d'ajuster les effectifs (population 2015-sorties+entrées = population 2016. Hélas, il y a des doublons, des changements de catégories, des chevauchements de dates, cela ne tombe jamais juste (il y a la date de travail et la date d'effet: comment retrouver la personne saisie en mars 2016 avec une date d'embauche de novembre 2015? etc.)), une CAC (commissaire aux comptes) est là, je reste trop tard, pas le temps de grignoter un bout.

J'écris cela en cours. St Thomas est passionnant, mais l'idée-même d'un cours sur la morale engendre la méfiance: cela sent sa propagande (pour l'instant, ça va).

J'ai fini le premier Delbo, Aucun de nous ne reviendra, je suis à la moitié du suivant, Une connaissance inutile. Peut-être est-ce la source de ma fatigue. Je comprends l'admiration de Guillaume pour la capacité à transmettre le désordre des pensées, le corps qui submerge la raison, la décomposition de l'identité quand ne restent que le froid et la soif.

Yolette dans le petit bras. La Seine a perdu vingt centimètres. Azem, India, François-Xavier, Florent. Je rame bras nus. J'ai mal au bas du dos, au niveau du sacrum. Cela fait mal comme une courbature ou un bleu, je plie les genoux, je ne peux plus me pencher, j'ai du mal à porter un poids lourd (comme le bateau). Je me relève avec difficulté, en me tenant à ce que je peux.
Je suis terrifiée à l'idée de souffrir (un jour) d'une hernie. Dans le vestiaire, une amie prof de gym rit: «mais non, c'est musculaire, pas de hernie au niveau du sacrum, c'est soudé».
Me voilà rassurée.

J'ai tant de retard dans ce blog que je me demande ce que je vais pouvoir rattraper.

vendredi 30 décembre 2016

Sagesse un peu pénible

Très mal dormi encore. J'arrive à l'âge où les conseils pour bien dormir (pas d'alcool pas de thé pas de café pas de nourriture riche) ne sont plus des conseils de santé mais des choix de vie: dans quel état souhaité-je être le lendemain, qu'est-ce qui compte le plus pour moi?
On pourrait arguer que c'est toujours le cas, mais si c'est vrai objectivement, cela ne l'est pas subjectivement. Plus tôt, on ne se projette pas le lendemain, on a moins le souci d'une économie générale de ses forces dans le but de les consacrer à ce qui compte vraiment (soit désormais pour moi commencer la journée dans une certaine allégresse et non complètement abattue par une nuit de combat dans les cauchemars et contre le chat) ou peut-être que ce qui compte vraiment s'est transformé (le plaisir ponctuel d'un spritz contre le plaisir allègre de la plénitude de ses moyens). Est-ce l'âge ou l'aviron qui a changé la donne?

(Ce billet plaintif et moralisateur parce que j'ai bu un spritz hier soir et mal dormi cette nuit).

vendredi 16 décembre 2016

Une soirée

Sortie en double avec William. Un peu mieux que mes dernières sorties. Encore en tee-shirt, c'est magique.
Pourquoi ai-je tant de problèmes en double à Neuilly (problèmes d'équilibre) tandis qu'à Melun ça se passe bien? La largeur de la Seine, le fait de ramer avec des femmes un peu massives (ça stabilise le bateau) ou des bateaux plus lourds, plus anciens, plus stables?
Je crois que les bateaux de Neuilly sont plus techniques. C'est ce qu'il faut pour progresser. Mais il me suffit de deux sorties ratées pour avoir l'impression que je ne saurai jamais ramer.

Repas chez D. Quelle jolie déco. Ça me fait envie, mais je n'aurai jamais le courage de m'en occuper. Combien cela prend-il de temps?
Son mari ne jure plus que par le régime sans gluten. Comme dirait mon cousin médecin, «si on ne comprend pas mais que ça marche, pourquoi s'en priver?» Si seulement les personnes qui adoptent ces régimes particuliers pouvaient éviter d'en parler. Après tout, il va de soi que l'on sert ce que l'on juge le plus approprié à ses invités, y compris pour leur santé, alors à quoi bon le leur répéter à tout moment?
Entre les rhumes, les allergies alimentaires et un burn-out, ma santé avait quelque chose d'incongru.

mercredi 18 mai 2016

Reprise

Retournée ramer pour la première fois depuis le stage dans le Jura. Le genou va mieux.

Double canoe avec Peter, configuration inédite qui nous laisse tous les deux surpris. Bonne sortie, courant, vent, péniches, mais bonne sortie sous un ciel gris.
Il ne pleuvra que l'après-midi.

Civil War le soir. Antigone revisitée et simplifiée.

La grève est bénigne dans le RER D.
Les policiers manifestent aujourd'hui (sur leur temps de repos), ils sont fatigués des insultes. Le paradoxe est que leurs outils de riposte sont si puissants qu'ils hésitent à s'en servir (émission le matin sur France Inter, O. rentre plus tard en classe cette semaine).
Cependant, ce que je lis sur le net, ce que j'entends, ce que j'ai vu avenue de Breteuil jeudi dernier, me laisse une étrange impression. "Nuit debout" n'était pas un mouvement agressif, et d'ailleurs leur point faible est de ne pas avoir de revendications. Que se passe-t-il? Certains parlent de provocation de policiers d'extrême-droite… D'autres déplorent la disparition des services d'ordre des syndicats, notamment de la CGT, aptes à contenir les excès et isoler les casseurs (que j'appelerais pilleurs).

mardi 19 avril 2016

Ostéo

A. avait parlé d'un tendon à déplacer sur le boulet des chevaux pour guérir plus vite certaines tendinites, Aymeric de blessure de l'essuie-glace, j'ai donc pris rendez-vous chez l'ostéo, des fois qu'il y ait quelque chose à remettre en place derrière mon genou.
Evidemment, trois semaines plus tard, j'ai beaucoup moins mal (heureusement). Je pourrais presque retourner ramer (et raviver la douleur), mais un oral et une dissert sont de bons prétextes pour être raisonnable.
Quoi qu'il en soit, il a tout tripoté mais presque pas le genou (il a commencé par la nuque). Il a beaucoup insisté sur les étirements, mais pas aussitôt après l'effort, un peu plus tard sur muscles apaisés. Sans forcer, en prenant son temps.
Et au lieu de musique de daube genre chant de baleines zen, consultation sur fond de quelque chose de cubain assez entraînant.

Je n'arrive pas à me remettre à bosser. J'ai pas le moral. J'ai désinstallé Candycrush une fois encore, mais cette fois-ci, pour la dernière fois. Ça m'énerve de perdre mon temps. Mais je ne sais pas ce que je veux. Il faut que je prépare Grégoire de Nysse. Fini deux Maigret en deux jours.

mercredi 30 mars 2016

Remords

Déjeuner avec Dominique. Il y a des gens qu'on ne souhaite pas croiser tant ils sont une source de remords. (Celui qui pense qu'il vaut mieux des remords que des regrets n'a pas dû goûter aux deux.)
Le temps passe. Deux petits-enfants de plus. Apéritif ET vin : ce n'est plus de mon âge. Mal au crâne pour l'après-midi.

Quand j'arrive gare de Lyon où H. m'attend pour rentrer ensemble en voiture, il me dit que P. vient de lui envoyer un SMS: il est à l'hôpital pour passer un scanner, dos douloureux, son marathon des sables dans une semaine pour lequel il s'entraîne intensivement est une folie (c'est un sujet de conversation depuis quelques jours: course en autonomie dans laquelle on porte son ravitaillement; "chameau balai": tous ceux qui sont rattrapés par les chameaux sont éliminés, jugés trop épuisés (enfin, c'est peut-être un hoax1, ou une tradition en désuétude, car je ne retrouve pas ce point dans le règlement (pour rire, voir l'article 27: un plâtre entraînera deux heures de pénalité)).
Vers vingt-et-une heure, la nouvelle tombe: sans doute un AVC. H. est rongé d'inquiétude, j'essaie de le rassurer: «c'est arrivé à l'hôpital, c'est sous contrôle, tout va bien se passer». Même analyse de sa femme: «Heureusement que c'est arrivé ici et pas dans le désert». Oui, c'est le moins que l'on puisse dire.
N'empêche, quelle série en quelques jours.

Impossible de dormir. Nous regardons un film qui n'est pas fait pour nous apaiser: une histoire d'enfant disparue, de réseau pédophile et de sadisme psychologique, Captives (un choix fait par hasard, nous écrémons depuis quelques jours le filmographie de Ryan Reynolds, un acteur que je n'aime pas (c'est bizarre, les goûts: pourquoi la tête d'Edward Burns "me revient", et pas celle de Ryan Reynolds? Un problème de mollesse des traits, d'énergie transmise, sans doute)).


Note
1: deux jours plus tard: Non, on m'a précisé depuis que P. a montré des photos des chameaux. (Il va mieux. Pas vraiment un AVC, mais on ne sait pas de quoi il s'agit. Visage paralysé. Les médecins lui ont interdit le marathon.)

samedi 26 mars 2016

Genou

Ramé quinze kilomètres. A la nage du quatre (Sylvie, Gilles, Gwenaelle. Personne en ce week-end de Pâques). Franz a donné quelques conseils, dont un que je n'avais jamais entendu: la main gauche reste toujours devant la main droite, même au dégagé. Ainsi le bateau devrait cesser de gîter à babord. La correction de ce défaut me fait-elle appuyer différemment sur ma jambe droite (babord est à droite puisque nous reculons)? Est-ce pour cela que mon genou me fait mal? (Aimablement, les enfants soulignent qu'à mon âge, le corps s'adapte moins bien aux changements de posture.) La douleur est revenue. De l'avis général, ce serait les ligaments croisés du genou: deux à trois mois de repos. Zut alors. Et ma masse grasse?

La photo n'a pas été prise sur l'eau mais devant la piscine. Elle représente bien cette journée: les saules pleureurs annonciateurs du printemps, le désordre des branches matérialisant le vent et le ciel gris, toujours.

2016-0326-saules-Melun-printemps.jpg


La photo suivante est prise à la tête de mon lit. Si vous regardez bien, vous verrez qu'il y a un coffre sous les piles de l'arrière-plan. L'emplâtre de Voltaren est dedans. Bonne raison de ranger.

2016-0326.bordel.jpg



Le titre du billet est une référence au cri des profs de muscu sur fond sonore de techno (indiquant qu'il faut lever haut le genou).
Et j'ajoute ce genou que je viens de découvrir (en retard, en retard).

dimanche 20 mars 2016

Retour

J’ai été trop légère sur la pharmacie. Liste pour la prochaine fois :
- Casquette quelle que soit la saison
- Crème solaire (idem)
- Lunettes (idem)
- Dafalgan codéïné
- Doliprane
- Lotion de Foucaud (pour détendre les muscles, désinfecter les ampoules, vivifier par son odeur)
- Synthol en crème
- Emplâtre Voltaren 1% autocollant
- Homéoplasmine (pour les ampoules et petits bobos)
- Sparadrah micropore (idem)
- Vicks et boule quiès (de base)

Et donc je n’ai pas ramé ce matin. Je pense que j’aurais pu faire la moitié de la distance, mais il faut ensuite rentrer et nous sommes quatre dans un bateau. Je n’ai pas pris le risque de ne plus pouvoir ramer. (D’ailleurs ça n’existe pas de ne plus pouvoir ramer. On rame, on rentre. Ensuite on paie. C’est ce que j’ai voulu éviter.)

Je passe la matinée entre le ponton à donner un coup de mains aux uns et aux autres et la terrasse au soleil.
J’apprends que la vice-présidente du club, une femme de cinq ou dix ans de moins que moi à la silhouette juvénile, est à l’hôpital. rupture d'anévrisme? Personne ne sait exactement, la phrase est : «elle va mieux, on peut l’appeler, elle recommence à parler».
J’apprendrai que son ami en voyage à l’autre bout du monde avait trouvé qu’elle « disait des choses bizarres » au téléphone. Quelques heures plus tard, comme elle ne lui répondait pas, il a téléphoné aux pompiers qui ont défoncé la porte et l’ont trouvée recroquevillée en fœtus dans un coin de l’appartement.
Je ne parle pas de Jacqueline. Je ne dis rien. Je fais le vide, je me chauffe au soleil.

Repas, valise. Démontage des bateaux, amarrage sur la remorque.

Comme la camionnette et la remorque vont plus lentement que nous, nous arrivons à Dole les premiers et partons à la recherche d’un café ouvert. Il y en a deux, au-delà de la cathédrale.
Fête foraine au bord du Doubs. Il doit y avoir un club d'amateurs de Terre-Neuves, nous en voyons passer une dizaine, une quinzaine, au loin. C’est très impressionnant.

Remontage des bateaux, rangement de la remorque. Jacky nous offre un café au club qui utilise des tasses en porcelaine (don de rameurs qui se débarrassent de vieux services) : c’est joli. Achat de casquette. Retour en voiture.

Dans l'obscurité de la voiture je fais discrètement une attaque de chagrin: la nouvelle de l'anévrisme de L. liée au fait que j'ai ramé en double deux jours de suite… Et ces trois jours qui m'ont tant rappelé le stage à Cholet pour préparer la coupe de France, logées à quatre en caravane et cette horrible entraîneur… Je sais que j'espère voir Nathalie en allant ramer à Marseille en septembre, je sais aussi que je le redoute. Cette peur de me mettre à pleurer en disant: «Elle me manque tant» (ce qui est idiot: que signifie «manquer tant» alors que je ne la voyais jamais? j'ai parfois l'impression de faire du sur-place dans l'enfance. Qu'attends-je?)

J’ai presque mis autant de temps à faire Neuilly-Yerres que Dole-Paris (j'exagère, mais pas tant que ça): les RER ne s'arrêtaient pas entre Villeneuve-St-Georges et Melun mais ce n'était pas annoncé (et donc au lieu de prendre le premier train pour Villeneuve j'ai attendu le troisième qui allait à Melun…); j'ai réussi à prévenir Hervé alors que je n'avais quasi plus de batterie et lui a été bloqué par une intervention de pompiers sur la route entre Yerres et Villeneuve.

samedi 27 février 2016

Un vaccin

Un DT-Polio attend dans le frigo depuis septembre (ce qui me vaut quelques moqueries du type "c'est comme le yaourt, ça ne se périme pas"), je prends le temps de me faire vacciner avant le stage d'aviron (je suis prudente face au risque de tétanos). La remplaçante (qui succède à une remplaçante) qui travaille le samedi est encore plus blonde et plus menue avec des yeux d'un bleu plus pâle (genre Sylphide dans Albator) et je me demande comment elle a résisté en internat qu'on dit si dur (ce qui est bien sûr une question complètement stupide: les grands costauds ne sont pas les plus solides, leur métabolisme de base est trop élevé; mais cela me fait prendre conscience de mes préjugés).

Déjeuner au restaurant avec seulement H. et A. J'évoque la possibilité de demander à Red (un contact FB dont j'admire les poèmes) s'il pourrait trouver un ami pour l'accueillir en ranch et elle a les yeux qui pétillent.

Je vais récupérer O. gare de Lyon. Excellente semaine de ski, ce qui me fait plaisir pour sa dernière colo.

mercredi 17 février 2016

Santé

Ce matin ostéo, les voyages en avion ne m'ont pas fait du bien. Je suis stupéfaite qu'il se souvienne si bien de moi, bien que «je n'ai pas retrouvé votre fiche, elle devait être manuscrite et je ne l'avais pas rentrée sur ordinateur, je la chercherai plus tard». Y a-t-il une mémoire qui s'inscrit dans les mains, par le corps? (de même le kiné croisé ce matin, qui avait rééduqué mon doigt cassé (été 2012), qui me salue comme si nous nous étions quitté la veille).
J'ai toujours la même surprise, la même reconnaissance, quand on me soigne, quand on s'occupe de moi. Chaque fois je suis gênée de découvrir ce mouvement en moi. Suis-je à ce point assoiffée de soins?

A midi à la cafétéria je m'échauffe avec quelqu'un que je connais à peine, le collègue d'une rameuse, à qui j'explique le déremboursement des spécialistes de secteur 2 qui n'ont pas signé de contrat d'accès aux soins (voir ici p.12 et 13 pour les courageux: si votre mutuelle vous rembourse moins bien pour les spécialistes non CAS depuis janvier, ce n'est pas qu'elle ne veut pas vous rembourser mieux, c'est qu'elle ne peut pas, à moins d'accepter de payer 7 à 8% de taxe en plus).
«Oui, me dit-il, et en plus mon spécialiste me dit que bientôt nous ne serons plus libres d'aller voir qui nous voulons, il faudra aller dans des centres de soins choisis par les mutuelles.»
Mon sang ne fait qu'un tour. Je ne sais pas exactement de quoi il parle, y a-t-il vraiment des velléités de rendre une telle organisation obligatoire (il existe des réseaux ressemblant à cela, mais facultatifs), je pense à jaddo et à tous les blogueurs médecins généralistes qui appellent de leurs vœux des maisons de soins réunissant divers spécialistes…
— Oui enfin, ce qu'il est surtout en train de vous dire, c'est que pendant des années les spécialistes se sont alignés sur les remboursements des mutuelles («votre mutuelle vous rembourse 400€? Bon, je vous fais 400€ de dépassement. Ah, elle rembourse 600? Bon, alors ce sera 600») et maintenant ce temps-là est fini et c'est bien fait pour eux. Ce qui me fait m'étrangler dans mon café le matin, c'est quand j'entends à la radio que c'est la faute des mutuelles si la santé augmente. Autre chose: maintenant la loi oblige à présenter les remboursements des contrats de santé en "tout compris", sans distinguer la part de la sécu et la part du contrat, et vous savez quoi? Ça prépare simplement le désengagement de la sécurité sociale, elle va réduire sa part, les mutuelles seront obligées de compenser et d'augmenter leur tarif, et tout le monde va encore dire que les mutuelles se font du gras sur le dos des gens.
— Dites donc, ça vous énerve!
— Oui. Ce n'est pas tant que la sécu se désengage, mais qu'on ne soit pas clair, que l'Etat cache ces tours de passe-passe en faisant porter le chapeau aux mutuelles. Regardez par exemple: qui sait qu'elles paient une taxe pour que les généralistes aient pu passer à 23€? C'est elles qui portent ce poids-là, et personne ne le sait, c'est passé comme un succès des négociations professionnelles et une bonté de la sécurité sociale. En réalité, les mutuelles financent directement cette mesure et elles sont trop bêtes pour l'expliquer.

(Etc, etc. C'est vrai que ça m'énerve. Qu'on fasse ce qu'on veut, il faut bien trouver l'argent quelque part, mais qu'on dise la vérité, c'est agaçant à la fin.)

vendredi 24 juillet 2015

Agacement

O. est opéré des dents de sagesse mercredi prochain.

Je passe à la pharmacie pour acheter les anti-douleur et les antibiotiques prescrits par le dentiste.
Je repars bredouille : mon ordonnance a une semaine de trop, elle doit avoir moins de trois mois pour être remboursée par la sécurité sociale.

J'en suis quitte pour téléphoner, qu'on m'en maile une autre. Heureusement que pour une fois je m'y suis prise un peu à l'avance, certains traitements doivent être commencés la veille de l'opération.

vendredi 3 juillet 2015

La prégnance des émotions

Un 20 minutes qui traînait dans la rame m'a émue:
«Dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion mais il ne peut pas changer d’équipe de football» disait le célèbre écrivain Eduardo Galeano, décédé tout récemment. Il aurait pu ajouter qu’un homme peut tout oublier, sauf les émotions liées au football. C’est, en tout cas, le sens louable d’une expérience menée en partenariat par la fondation «Santé et vieillissement» de l’Université autonome de Barcelone et la revue espagnole Libero, dénichée grâce à une traduction publiée sur le site des Cahiers du foot.

L’idée de départ est simple: il s’agit, pour des patients victimes d’Alzheimer, d’inclure dans les exercices de travail de la mémoire des émotions liées à des événements sportifs marquants. Une approche testée avec succès aux Etats-Unis, où le club de baseball des Saint-Louis Cardinals a créé une association, la Cardinals Reminiscence League, qui permet à ses supporters touchés par la maladie d’échanger autour du passé du club deux fois par mois, dans l’enceinte même de l’équipe actuelle. «On a voulu faire la même chose ici avec le football, explique Diego Barcala, le directeur de la revue Libero. L’initiative est venue des médecins, qui ont fait venir des anciens joueurs du Barça pour générer une conversation autour du foot et essayer de mobiliser des souvenirs».

C’est là que Libero, une revue très centrée sur l’utilité sociale du football, intervient, en proposant gratuitement des numéros spéciaux adaptés aux époques recherchées, avec Suarez, Pelé, ou Cruyff en couverture. «Alzheimer efface la mémoire mais elle n’efface pas la passion pour le football, ni les émotions, et c’est cela que nous souhaitons récupérer par le biais de cette thérapie de la réminiscence», détaille Laura Coll, le médecin responsable du projet. Les résultats sont assez bluffants. On y voit des malades parfaitement capables d’identifier une action précise, comme le fameux but du talon de Cruyff, et même, parfois, de se souvenir de certains noms, quand ils ont oublié celui de leur enfant.[…]

20 minutes, le 30 juin.
Ça doit être étrange pour un fils de constater que son père ne se souvient plus de lui mais se souvient d'un joueur de foot… D'un autre côté, ça ne me paraît pas si étonnant que ça.

Peut-être parce que je suis en train de lire La norme et la règle, un dialogue entre Jean-Pierre Changeux et Paul Ricœur, l'idée que la mémoire et les émotions ne soient pas codées exactement de la même façon ou aux mêmes endroits du cerveau me paraît fascinant.

jeudi 29 janvier 2015

Zut

Je crois que je me suis fêlé le coin de l'incisive droite en tombant du tabouret de bar (pour l'instant ça ne se voit pas vraiment mais ça risque de mal vieillir, va falloir faire quelque chose).

jeudi 15 janvier 2015

Donneurs de sang

Et tandis que j'attendais qu'une place se libère (environ trois quart d'heure d'attente) pour donner mon sang, ma pensée vagabondait. Quelle chose étonnante que les groupes sanguins, le nombre de personnes qui ont dû mourir sans qu'on parvienne à comprendre pourquoi ça se passait bien dans certains cas et pas dans d'autres… Impossible de deviner un groupe sanguin sur des signes physiques extérieurs… et avec cette politique d'anonymat, ça doit bien arriver, qu'un musulman donne à un juif, un noir à un facho, et inversement… Quelle bonne blague… Y a-t-il des réseaux privés de donneurs pour éviter ce genre de mélanges?


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Agenda
Chez le médecin. Arrêté deux jours. Ventoline.

samedi 13 septembre 2014

Samedi

- Réveil en sursaut à 5h20: je n'ai pas entendu O. se lever (il aide un vendeur de fruits et légumes au marché). Je le réveille et me recouche. Rebelote à 8h10, je viens de me souvenir qu'A. a dit qu'elle allait à Grosbois ce matin, or nous avons rendez-vous à 11 heures chez le médecin, est-elle partie, je ne l'ai pas entendue (Réponse: oui. Mais elle a laissé un mot pour dire qu'elle reviendrait à temps. Qui aurait dit que j'aurais un jour des enfants si matinaux?)
Ainsi donc, les enfants petits me réveillaient parce qu'ils faisaient du bruit, les enfants grands parce qu'ils n'en font pas. Je ne sortirai jamais de mon qui-vive.

- Médecin. Trois personnes, trois rendez-vous, j'ai bien retenu les leçons de Jaddo et du Dr Borée (de l'influence des blogs sur la vie quotidienne). Trois consultations pour des certificats de sport (fini le temps où je faisais ça en envoyant un chèque par la poste à notre médecin: j'ai trop regretté en décembre dernier de n'avoir aucun suivi "banal" sur le carnet de santé d'O., pas trace de son poids ni de sa taille, rien, alors qu'il a grandi si vite) et pour déclarer un nouveau médecin référent, le nôtre étant parti à la retraite.
Le samedi c'est la remplaçante («Je ne peux pas être référente, mais je vais sans doute reprendre bientôt le cabinet» dit-elle en remplissant les imprimés du nom de la titulaire), je l'aime bien, elle est petite, blonde, un diamant dans (sur?) le nez, elle respire l'énergie, j'ai l'impression que nous allons partir faire un jogging ensemble. Je l'ai trouvée dans la liste des lecteurs de Prescrire.
J'avais un peu peur qu'elle m'envoie passer un test d'effort pour l'aviron, mais non. Elle a l'air toute heureuse que je fasse ce sport. Je monte sur la balance.
— Votre balance est gentille, lui dis-je.
— Ah?
Elle s'approche soupçonneuse, enlève ses claquettes et monte dessus:
— Non, elle n'est pas gentille.
N'empêche que sur la sienne je pèse autant avec mon jean en ayant mangé une brioche familiale qu'à poil à jeun sur la mienne. (En réalité, ce qui compte, c'est de pouvoir remettre mon tailleur Mugler acheté en 1987. Les cuisses coincent encore.)

- Je lis Boulgakov. O. dort, épuisé. A cinq heures, passage chez le bijoutier pour acheter un cadeau pour les trente ans d'une salariée des premières heures (cadeau personnel de H. qui me demande de signer avec lui la carte d'accompagnement: sa boîte commère beaucoup). Ce bijoutier a un look étonnant, petite moustache et costume à rayures, on dirait un maquereau dans un film des années 60. A six heures nous récupérons cent dix baguettes pour les cinquante ans du groupe scout.

- Le soir, barbecue scout. Nous ne resterons pas longtemps, notre apparition fut symbolique.
J'entends O. rentrer à minuit passé.

mardi 29 juillet 2014

Le pied

Quand O. avait vu un ostéopathe en novembre dernier, celui-ci lui avait dit qu'il avait une jambe plus courte que l'autre et qu'il lui faudrait sans doute des semelles. Mon beau-frère nous a donné en mars l'adresse de son kiné, qui travaille pour de grands clubs de sport et l'INSEP: «il a changé ma vie, depuis je n'ai plus mal au dos».
Nous avions rendez-vous à midi. «Mais pourquoi vous vous habillez? — Parce que c'est dans le 17e.»
En voyant la salle d'attente, O. commente en souriant: «Ah oui, je comprends pourquoi vous vous êtes habillés».

Un examen sur une planche électronique mesurant les appuis des pieds au sol montre que O. fait porter 75% de son poids sur le pied gauche, et cela sur deux orteils (au total cinq orteils supportent son mètre quatre-vingt-dix: les deux plus gros de chaque pied et un petit isolé à droite).
Le rendu à l'écran de ces mesures est impressionnant. Les semelles sont moulées aussitôt (bonne odeur de colle et de résine) et O. ressort transformé: «je ne tombe plus!» (Quand un grand dadais de quinze ans vous dit qu'il tombe quand il s'appuie sur sa seule jambe droite, vous ne le prenez pas tout à fait au sérieux. Vous pensez non pas qu'il exagère (pas le genre de O.), mais qu'il décrit mal ses sensations. Parents de peu de foi… (Je suis soulagée d'avoir fait quelque chose à temps: à qarante ans, le frère de H. vient de découvrir qu'il n'a plus de cartilages aux genoux, usés par une mauvaise position des appuis au sol.))

Pour info : si vous songez à ce genre d'examen, faites-vous prescrire une ordonnance pour des semelles orthopédiques (au pluriel) par un médecin pour se faire rembourser par la sécurité sociale (ce que nous ignorions).

Nous déjeunons dans une bonne brasserie de quartier (O Sud Ouest Café), passons à la Fnac m'acheter un écran (depuis que j'ai mon portable j'ai beaucoup de mal à écrire quoi que ce soit de long, l'écran est petit lorsque j'ai besoin de nombreuses fenêtres ouvertes) et allons voir Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu? que O. et H. n'ont pas vu. C'est fou le nombre de films que je vois deux fois, une fois pour ne pas prendre le risque qu'ils disparaissent des écrans avant que nous nous décidions à y aller et une fois parce que les autres veulent le voir.

Vers minuit je passe sur FB pour découvrir que Laurent m'invite à aller voir une exposition à Rouen jeudi ou vendredi. C'est un court préavis pour H. Bon, on verra demain.

samedi 5 juillet 2014

Quelques articles médicaux

* Celui de Sophie, sage-femme. Je mets un lien vers un billet qui m'a rappelé le commentaire du jésuite grec devant nous, les Français en vacances: «ça fait du bien de voir des gens qui vont bien».

* Ce billet sur les neurosciences, pour nous souvenir que "la liberté" n'est pas si simple (et que tout cela incite à la réflexion. Nous ne sommes pas ce que nous croyons être, mais que sommes-nous? Voir tout ce blog (en anglais)).

* pas un blog mais un article, toujours en anglais, sur la façon dont nous avons perdu nos repères par rapport à une vieillesse "normale" (sachant que j'ai plutôt le problème inverse: je considère trop vite qu'on ne peut rien faire, et je découvre sans cesse à nouveau combien nous savons traiter de dysfonctionnements. C'est merveilleux).

mardi 3 juin 2014

Jouons avec Ameli

Au moment où j'allais quitter le bureau, une stagiaire qui étudie les impacts des décrets à venir en santé (les paniers de soins) m'appelle pour savoir où trouver la base de remboursement des différents actes médicaux, et notamment celle des lunettes. Je me souviens de quelques liens sauvegardés en favoris. Les voici pour ceux que cela fascine (c'est effectivement fascinant).

Trouver un acte par mot-clé ou code. (Je n'ai pas réussi à trouver la consultation du médecin généraliste. Sans doute n'est-ce pas un "acte". Je recommande la consultation par chapitres).

La NGAP (Nomenclature générale des actes professionnels) à télécharger en pdf en bas de page. Aussi précis que la notice pour la déclaration d'impôts.

Et enfin la réponse à la question sur la base de remboursement (BR) des lunettes. N'hésitez pas à fouiller dans la colonne de gauche, par curiosité.

samedi 5 avril 2014

Samedi

TG sur Kant dans la matinée. Sur quoi fonder les vérités transcendantales?

En attendant H., je passe à la Procure. Je finis par avoir honte de tous les livres que j'achète et me dépêche de payer avant qu'il n'arrive.

- Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche. J'aime bien Michéa depuis son livre sur Orwell.
- Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?
- Charles Taylor, Les sources du moi, pour la dissert de philo, en remerciant Compagnon qui me l'a fait connaître.
- Emmanuel Lévinas, Difficile liberté. Parce que lorsqu'on a un prof lévinassien, il faut au moins citer Lévinas en conclusion, même s'il ne l'a pas donné dans la bibliographie.

Je retourne voir Dallas Buyers Club avec H. qui veut le voir.
— Dieu, aide-moi.
— Mais Il t'aide. J'ai le Sida, papa.
Plus frappée encore que la première fois par l'illogisme absolu qui consiste d'interdire à des gens condamnés à court terme de prendre des médicaments au prétexte que ceux-ci sont mauvais pour leur santé!

Encore une robe. Pas celle que je préférais au niveau couleur, mais la mieux au niveau forme. Or il faut toujours choisir la forme.

mardi 14 janvier 2014

Décompte d'hospitalisation suisse

Pour un accident de ski qui a nécessité une radio et le soin d'une plaie.
  • Forfaits d'admission en urgence, service reconnu - quantité 1 - 58,92 CHF
  • Consultation, première période de 5 mn (consultation de base) - Q=1 - 33,74 CHF
  • Consultation, par période de 5 mn en plus (supplément de consultation) - Q=4 - total 134,97 CHF
  • Consultation, dernière période de 5 mn (supplément de consultation) - Q=1 - 16,87 CHF
  • Instruction du patient par le spécialiste pour lui apprendre à effectuer lui-même des mesures ou des soins, par période de 5mn - Q=1 - 35,93 CHF
  • Prestation médicale en l'absence du patient (y compris étude du dossier), par période de 5 mn - Q=2 - total 67,49 CHF
  • Anesthésie locale par injonction dans la peau, le tissu sous-cutanée ou la muqueuse: visage, cou, nuque ou mains jusqu'à 20 cm3 - Q=1 - 21,55 CHF
  • Traitement de plaie sans atteinte de structure complexes, visage, coup, mains (nuque et cuir chevelu non compris), premiers 3 cm - Q=1 - 154 CHF
  • Prise en charge non médicale de patients ambulatoires en dehors de la clinique de jour, patient ambulatoire, première heure - Q=1 - 46,72 CHF
  • Consultation de base/unité d'exploitation Institut de radiologie à l'hôpital - Q=1 - 119,50 CHF
  • Radiologie: crâne, vue d'ensemble ou partielle, premier cliché - Q=1 - 68,88 CHF
  • Radiologie: crâne, incidence spéciale, premier cliché - Q=1 - 154,49 CHF
  • Prestation de base technique O, salle de radiologie III, patient ambulatoire - Q=1 - 46,72 CHF
Ma première réaction a été de rire : une telle précision dans les minutes et les centimètres, on dirait une facture d'avocat ou d'expert comptable. (J'aime bien le principe des minutes dégressives en coût: une appréciation fine de la mobilisation des connaissance nécessaire dans les premières minutes d'observation.)
Ma deuxième a été de me dire qu'après tout, nous ne savons pas ce que nous payons en France: tout est codifié de façon a être incompréhensible: au moins ici c'est clair.

mercredi 18 décembre 2013

Inéluctable

J'ai appris hier soir que mon père avait des soucis de santé — et donc, inévitablement, j'ai rêvé de la ferme de mes grands-parents. Cette fois-ci j'ai rêvé qu'il fallait qu'on la vide: découragement devant le capharnaüm des greniers.

Au réveil, je me suis souvenue avec soulagement que c'était déjà fait.

jeudi 18 juillet 2013

Thème : les mythes

En me penchant sur mon balcon, j'aperçois à contre-jour deux jeunes chouettes perchées sur un pilier. Elles m'observent avec une curiosité égale à la mienne. Je pensais que les chouettes étaient nocturnes, que font-elles là?


2013_0718_chouettes.jpg


Mais je sui contente, j'ai vu deux jeunes chouettes de Minerve sur mon balcon.

Il fait meilleur, 23°.
Nous prenons notre petit déjeuner au centre, il y a un quart d'heure de route à partir de l'hôtel.

Matinée sur l'Odyssée (l'intervenante chante littéralement le début, je n'avais jamais entendu cela, c'est magnifique et enchanté (pour la petite histoire, la traduction utilisée par Astérix est celle de Bérard. Belle remarque sur la tendresse physique que permettent les corps soulignée lors de la rencontre d'Ulysse avec l'âme de sa mère)); sur le rapport de la Bible aux mythes (grecs de préférence) et sur le Mahabharata (au-delà de la non-violence, au plus haut est la compassion).

Pas de plage (je me suis trompée dans l'heure du rendez-vous). Sieste puis lecture. Je continue le Mahabharata.
Célébration.

Dîner glaçant à la table d'un cancérologue jamais à cours de conseils pour ne pas attraper (est-ce le mot) de cancer (j'ai une résistance pathologique à l'idée que nous sommes responsables de notre cancer. J'ai l'idée que cela "arrive", et qu'il est possible, parfois ou souvent, de l'expliquer. Mais il y a aussi des cas incompréhensibles, je ne vois pas l'intérêt de culpabiliser les gens en leur disant qu'ils l'auraient évité en faisant ceci ou cela). Heureusement (pour mon moral) nous avons à table un jeune jésuite italien un peu malicieux qui sourit parfois sans intervenir.

Soirée musicale (épitaphe en grec ancien chantée en chœur, musique indienne, influence de la musique indienne sur la musique occidentale: Maurice Delage, Messiaen, Steve Reich, musique répétitive, chansons de Jean-Pierre Arbon).
Albert Roussel a voyagé en Inde, le voilà encore plus églogal que prévu.

jeudi 27 juin 2013

Matinée déroutée

Comme l'école du plus jeune est en travaux, il doit passer le brevet des collèges dans un établissement inconnu, près de République. Je l'accompagne mais ne peux juger de la dalle mouillée de la nouvelle place puiqu'il pleut.

(Révision deux jours avant au cours du dîner:
Moi: — Tu dois te relire trois fois, en te consacrant à chaque fois sur un contrôle particulier, lesquels?
O. — L'accord du sujet et des verbes
Moi: — Oui
O. — L'accord des groupes nominaux
Moi: — Qu'est-ce que tu veux dire?
O. — Le féminin, le pluriel, les adjectifs
Moi: — Oui. Et?
O: — Euh…
Moi: — les é "é" et les é "er". Quel le truc?
O: — On remplace par dormir ou endormir.
Moi: — OK.
Moi: — Et j'en ajoute un dernier, contrôler futur et conditionnel. Comment tu fais ça?
O. — …
Moi: — En changeant de personne: il fera, il ferait.
C. — Ou alors, tu vérifies si tu peux mettre un subjonctif imparfait derrière. Si oui, c'est du conditionnel.)

Je m'inscris à l'ICP pour l'année prochaine. Soudain j'ai peur, l'année me fait peur, le programme m'effraie, j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Je demande à m'inscrire également en allemand théologique à l'institut protestant (il existe un partenariat), je ne suis pas sûre qu'ils me prennent et s'ils acceptent, je ne suis pas sûre d'avoir le niveau.

Deux examens médicaux, tout est normal, je n'en ai jamais douté (je suis venue ici il y a un mois avec une question, j'ai écopé de trois examens sans rapport avec ma question mais leur permettant de m'inscrire dans leur foutues petites cases "prévention", et je repars avec ma question à laquelle personne n'a essayé de répondre. Je ne pense pas revenir avant six ans, à quoi bon? Ils n'écoutent pas, leurs préoccupations ne recoupent pas les miennes.)

Bibliothèque. Beauchamp. Le soir La marque des anges.

vendredi 7 juin 2013

Doc gyneco

Bon. Bizarrement parler de tuyauterie intime me gêne davantage que "montrer mes fesses sur internet".

Comme je suis profondément convaincue que notre santé est d'abord de notre responsabilité (et que ce n'est que lorsqu'elle devient hors contrôle qu'il est urgent de consulter), je n'ai pas tendance à la confier à une personne extérieure mais plutôt à suivre quelques repères, mon poids, la chute des cheveux, la fatigue, etc. Comme nous avons le même médecin depuis dix-huit ans, il établit les certificats pour le sport en me voyant un an sur trois en faisant confiance à mon appréciation entretemps.

Bref, tout cela pour dire que cela faisait cinq ans que je n'avais pas vu de gynéco et que je me suis fait engeuler (enfin, décembre 2008: quatre ans et demie).

Comme je rencontrais un nouveau médecin (j'ai laissé tomber la précédente dont le manque d'écoute était la cause de mon manque d'assiduité), il a fallu constituer un dossier: antécédents médicaux, grossesses, accouchements… (Il paraît que je suis «très nature». Je dirais plutôt: non-interventionniste. Ne pertubons pas ce qui marche (en croisant les doigts: «pourvou que ça doure».))

Les questions m'ont amenée de fil en aiguille à raconter que du côté maternel, ma mère, une tante et ma grand-mère se sont fait enlever l'utérus pour cause de fibrome. Je l'avais plus ou moins oublié, c'était un souvenir auquel je ne pense jamais.
Et j'ai brutalement pris conscience que ma mère avait deux ans de moins que moi aujourd'hui quand elle a été opérée.
Cela m'a fait un choc.

vendredi 15 mars 2013

Anxiété

J'y suis confrontée quotidiennement. Evidemment, ce sont souvent les personnes à la retraite qui appellent, elles ont avant tout envie de parler à quelqu'un, et comme je suis bavarde, elles tombent bien.

Mais parfois les gens m'interloquent: est-il vraiment si important de prendre une mutuelle du 1er janvier au 1er septembre pour le fils de 22 ans afin de ne pas avoir de "trou dans la couverture" entre la fin du précédent contrat et la possibilité de revenir "chez nous"?
— Ecoutez, quelle est la différence entre payer cinq cents euros pour une mutuelle de façon certaine et payer cinq cents euros pour une hospitalisation qui n'aura sans doute pas lieu? Le reste, les six ou sept euros d'une consultation pour une grippe, vous coûtera beaucoup moins cher qu'une mutuelle.

On dirait que plus personne n'envisage de payer directement ses soins de santé (et que plus personne n'envisage de ne pas être malade).

Mais pourquoi les salariés sont-ils si inquiets? Pourquoi ne se réjouissent-ils pas de cette invention merveilleuse qui est la sécurité sociale, et de notre niveau de vie, notre alimentation, l'eau potable au robinet (quel luxe: laver la voiture à l'eau potable)?
Les dents, les lunettes, une chambre seule: une mutuelle sert à ça, essentiellement. Les dents, les lunettes : ça peut bien attendre quelques mois, ça peut bien attendre le 1er septembre.

Ou alors, ou alors… Peut-être que nous sommes dans la superstition: prendre une mutuelle pour ne pas être malade comme on prend un parapluie pour ne pas qu'il pleuve. Cela revient cher de la superstition.







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Ajout le 14 mars 2015 : l'anxiété comme mode de domination politique et sociale.

mercredi 16 janvier 2013

Un peu de pub à destination des anxieux et tendus

J'ai envoyé A. chez David pour une séance de shiatsu. La connaissant, je me dis ou disais que ce serait sans doute plus utile ou efficace que le psy, avec le même résultat: dénouer des tensions, des résistances.

(Je testerais bien aussi, mais je suis timide. Il a conseillé, paraît-il, une séance à chaque changement de saison. Bon, je verrai en mars ou en avril.)

jeudi 27 décembre 2012

Bonne pour le service

Visite médicale au travail.

J'ai trop parlé, dit ce que j'avais sur le cœur quand elle m'a parlé de "prévention" (cette façon des médecins de se réfugier derrière ce qu'ils connaissent pour vous faire peur tandis qu'ils s'effacent quand vous avez besoin d'eux). Je n'aurais pas dû, il m'en est resté comme un goût de gueule de bois pour la journée.

Vaccin contre la grippe, un peu tard dans la saison, mais j'avais raté la vaccination en son temps (un peu compliqué avec mon statut à cheval sur trois entreprises). Fièvre ce soir, en regardant la saison 2 de The Big bang theory.

mardi 3 janvier 2012

Bathmologie malsaine

Donc

1/ Les blogueurs & twitteux & Facebookeux se moquent : "… et surtout la santé".
2/ Ça me donne envie de protester, parce qu'il n'y a pas de quoi se moquer, pour avoir vu H. très malade, je me souviens du moment où le futur se ferme, impossible de travailler, plus d'argent, plus de projet, la peur ?
3/ Puis je me rends compte, à mon ébahissement, QUE TOUT LE MONDE au bureau dit "et surtout la santé", du même ton que mes blogueurs, mais très sérieusement.
4/ Je commence à comprendre les moqueries et l'agacement.
5/ Sauf que dans le même temps, la mère d'une collègue (ma collègue préférée) et le frère d'un ami très cher sont en train de mourir.
6/ et donc ?

dimanche 2 octobre 2011

Tri

Jeté le carton de ramettes de papier qui nous servait d'armoire à pharmacie depuis une quinzaine d'années (l'anté-pénultième déménagement, je crois). Jeté une poubelle de médicaments périmés, avec des dates de péremption oscillant de 2004 à 2008.
Maintenant notre stock tient dans une boîte à chaussures (Smecta, Vick, aspirine et doliprane. Et des pommades contre les piqûres de moustiques, les coups de soleil, les courbatures).

Je fanfaronne, mais c'est que j'ai la perception aiguë de la fin de ma vie (au sens long du terme, en années et non en jours), quand les pilules et cachets seront devenus mes compagnons quotidiens. Alors pour le moment? profitons-en, profitons-en.

mardi 20 septembre 2011

Bonne pour le service

Mon médecin a eu un accident. Je ne sais pas lequel, le répondeur indique un retour prévu en octobre. (J'espère que ce n'est pas grave. Bon exemple de ces attachements/inconnaissance: au bout de seize ans de visites régulières plus ou moins semestrielles, peut-on prétendre connaître son médecin?)

J'avais besoin d'un certificat médical pour l'aviron.
J'ai choisi un médecin 1/ sur son nom 2/ chez qui il soit simple d'aller à partir de mon bureau.

Conversation courtoise et brève qui se termine par:
— Vous ne me semblez pas très médecin, vous !
Large sourire: — Moins j'en vois, mieux je me porte, par définition.
— Deux entraînements par semaine… Vous êtes en pleine forme.
— Oui!



PS: dimanche, je serai sur l'eau à six heures du matin pour la traversée de Paris.

samedi 26 mars 2011

L'amiante

Bon j'avoue, je travaille le week-end. Mais c'est passionnant.

En effet, en France, l'Etat a tardé à prendre en compte les questions de santé et de sécurité au travail. La silicose n'a été reconnue comme maladie professionnelle qu'en 1947 alors que l'Organisation internationale du travail dans la foulée de grands pays industrialisés (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne?) l'avait inscrite dès 1934. Il en a été de même concernant l'amiante. Ainsi, les juridictions administratives du fond ont établi que la première description des lésions de fibrose pulmonaire chez les travailleurs de l'amiante date de 1906. Dès 1931 la Grande-Bretagne avait pris des mesures tendant à réduire l'exposition professionnelle à ce minéral tandis qu'en 1946 des recommandations avaient été faites aux Etats-Unis par l'American College of Governemental Industrial Hygienists visant à limiter l'inhalation. En France, si un décret du 31 août 1950 a classé l'asbestose au tableau 30 des maladies professionnelles, il a fallu attendre un décret du 17 août 1977 pour que la concentration moyenne en fibres d'amiante de l'atmosphère inhalée pendant une journée de travail par un salarié soit limitée à deux fibres par millilitre. Par ailleurs, une directive communautaire du 19 septembre 1983 qui réduisait de plus de la moitié le taux de concentration autorisé n'a été transposée que le 27 mars 1987, tandis qu'une seconde directive communautaire du 25 juin 1991 qui réduisait encore le taux de concentration autorisé n'a été transposée que par le décret du 6 juillet 1992.

La France utilisait ainsi encore au début des années 1990 autant d'amiante que les Etats-Unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne réunis. Il a fallu attendre le décret n°96-1133 du 24 décembre 1996 pour que soient interdits à quelques exceptions près (tenues ignifugées des pompiers, garnitures de freins automobiles), la fabrication, la transformation, la mise en vente et l'importation de l'amiante.

Le juge administratif a donc condamné l'Etat du fait de ses carences dans la prévention des risques liés à l'exposition des travailleurs aux poussières d'amiante. (CE, Assemblée, 3 mars 2003, Ministre de l'emploi et de la solidarité c/ Consorts Bo, et CE, Ass. 4 mars 2004, Ministre de l'emploi et de la solidarité c / consorts Bourdignon, Botella, Thomas, Xuereff (quatre espèces).
Et quelques pages plus loin :
Comme on le sait, la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789 proclame non seulement que « La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration. » (article 15) mais également que « Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. » (article 14).
Et là, je crois rêver :
On peut observer enfin que la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 a consacré le principe de la sincérité des comptes publics.
Et avant 2008 ? o_O

lundi 21 mars 2011

Vieillissement de la population et idées fausses

Il est fréquent d'expliquer la croissance des dépenses de santé par le vieillissement des populations européennes mais le récent rapport du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) constate que
de la double vérité que les personnes âgées ont une consommation individuelle de soins plus élevée que la moyenne, et que leur nombre relatif augmente dans la population française (la part des «plus de 75 ans» va, par exemple, presque doubler d'ici à 2050), on tire souvent la déduction que le vieillissement de la population est un facteur important, voire dominant, de l'évolution des dépenses de santé.

Cette déduction est inexacte.

Car la cause strictement «démographique» de l'évolution des dépenses — au demeurant aisément mesurable compte tenu de la relative sûreté des prévisions démographiques — ne pèse que pour une fraction très minoritaire de l'évolution des dépenses. Tout simplement parce que le vieillissement moyen d'une population est un phénomène forcément très lent : l'âge moyen de la population française, aujourd'hui un peu plus de 40 ans, ne s'accroît que d'environ 2 mois par an.

Les différentes études disponibles convergent donc vers un effet démographique de quelque 0,7 points de croissance moyenne par an des dépenses de santé dans les vingt prochaines années, au sein duquel la déformation de la pyramide des âges — c'est-à-dire le « vieillissement » proprement dit — pèse pour 0,4 à 0,5 points : soit de l'ordre du dixième de la hausse moyenne annuelle de la consommation de soins et de biens médicaux.

[…] C'est bien la hausse individuelle de la dépense de santé à tout âge, et pour toute la population, qui est le principal facteur de la croissance des dépenses dans le temps.
sachant que le HCAAM constate qu'il ne peut répondre à la question de savoir si l'âge est ou non «un facteur aggravant de cette croissance».

avis du HCAAM adopté le 22 avril 2010, ''Vieillissement, longévité et assurance maladie''

vendredi 11 mars 2011

Stable

Quand je suis fatiguée je vais chez l'ophtalmo. Il me dit que ma vue n'a pas changé alors je me dis que je suis fatiguée.

lundi 20 septembre 2010

Soir

Appris qu'un blogueur très aimé est diabétique. Ça fait un choc. On a beau savoir que cette maladie est connue et maîtrisée, ça fait un choc.

Passé à la Fnac de la Défense pour acheter un livre de classe (un "cahier d'activité"). Comme l'attente à la caisse était longue, pris l'un des livres à proximité, Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez.
Je n'aurais pas dû. Le titre est à prendre au sens littéral, terrible histoire d'un village devenu fou un après-midi de défaite, de sécheresse et de beuverie. Envie de vomir, pas tant de dégoût que de désespoir.

Encore une journée étrange, solitaire et lente. Je réfléchissais hier tandis que notre hôtesse évoquait la foule parisienne qu'il m'arrive souvent de passer la journée sans parler à personne, si l'on excepte les sourires, inclinaisons de tête et salutations lors des croisements dans les couloirs.

dimanche 19 septembre 2010

Retour

Petit déjeuner. Nous restons mystérieux, nous ne disons rien ni de la veille, ni de la journée, juste au moment de partir:
— Nous ne pouvons pas tarder, nous avons un rendez-vous.
— Ah, vous avez un rendez-vous… (Il ne s'agit que de la messe, nous sommes méchants.)

Nous prenons la route. Je dors.

Malagar, la terrasse, la charmille, je contemple un paysage très peu abîmé (certes il y a des bâtiments neufs ou modernes, mais aucun d'un blanc éclatant, pas de route, pas de poteau électrique remarquable1). Je cueille une figue.
Verdelais, apparemment célèbre par son pélerinage, que je ne connais pas. Eglise baroque roccoco, surchargée. Un père marianiste, Roger Geysse, fête ses soixante-dix ans de sacerdoce. Il a prononcé ses premiers voeux en 1940 en Belgique et évoque la fuite des séminaristes devant les Allemands. L'épopée prend des allures de miracle.

Retour à Malagar. Selon le précepte de Patrick «Quand tu hésites à acheter un livre, achète-le» (je pourrais peut-être le faire graver sur ma tombe pour les passants), je cède à la tentation et prend la thèse de Natalie Mauriac-Dyers, Proust inachevé. Et trois bouteilles du domaine.

Nous reprenons la route. Jean Allemand revient sur la structure du Temps immobile. Il a établi un relevé des entrées quotidiennes du journal collées et montées dans le Temps immobile, qui est un journal reconstitué en jeu de miroirs, bouleversant l'ordre chronologique, par fragments réfléchissants rapprochant les mois et les années. J. Allemand a établi un index qui permet de savoir si et où et comment (partiellement ou intégralement) telle entrée du journal quotidien a été utilisée, index que Patrick met progressivement en ligne.

Ce qui n'a pas été repris est essentiellement d'ordre sentimental, et quoi qu'il en soit, Claude Mauriac est toujours resté très discret, même dans son journal quotidien. Ce qu'a surtout coupé Claude Mauriac, ce sont ses notations malveillantes (je ne peux croire qu'il y en avait beaucoup. La lecture du début du Temps immobile montre un homme si peu prompt à juger, à condamner... (voir les passages sur la prison des femmes après la Libération (p.163 dans l'édition Grasset), ou sur cette femme veuve d'un homme fusillé pour collaboration (p.297), ou encore sa condamnation de la méchanceté de Gide lisant sa préface à Armance devant un impuissant notoire (p.295))).

Vers déclamés, Hugo, Claudel, Péguy, Mallarmé...
Je colle des bribes, mais elles n'ont pas été prononcées dans cet ordre.
— Il faut retrouver le premier vers et ensuite tout vient... Je connaissais toute la Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres. Hugo c'est facile, ce sont des procédés réthoriques... Ce qui est difficile avec Péguy, c'est que cela change à peine, c'est cela qui est difficile. Quand j'étais à l'hôpital après mon opération j'occupais mes après-midis à reconstituer les poèmes que j'avais appris.

— Ce toit tranquille, où marchent des colombes, / Entre les pins palpite, entre les tombes; / Midi le juste y compose de feux (et je pense à une erreur que je fis autrefois en copiant du RC)... Les mots se cherchent, tremblants, hésitent, parfois coulent librement: Ouvrages purs d'une éternelle cause. Il faut dire "Ouvrages | purs d'une éternelle cause"; "Ouvrages purs | d'une éternelle cause", ça ne voudrait rien dire... Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée! / M'as-tu percé de cette flèche ailée / Qui vibre, vole, et qui ne vole pas! / Le son m'enfante et la flèche me tue! / Ah! le soleil . . . / Quelle ombre de tortue / Pour l'âme, Achille immobile à grands pas! (Oserai-je avouer que je connaissais ces vers sans en connaître la source?) Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre! / L'air immense ouvre et referme mon livre, / La vague en poudre ose jaillir des rocs! / Envolez-vous, pages tout éblouies! / Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies / Ce toit tranquille où picoraient des focs!
Jean se tourne vers moi et précise: "Foc, f-o-c, pas p-h", et j'ai envie de rire.

— Les trois dernières semaines de mon service militaire j'ai lu La Recherche et j'essayais d'apprendre les poèmes de Mallarmé... A la fin je n'étais pas bien vaillant, je devais peser cinquante-trois kilos.

— La Vendée aurait dû s'appelait les deux-Lays comme il y a les deux-Sèvres, mais les députés du lieu étaient très laids et l'on a craint qu'ils y voient une allusion, alors le département a pris le nom de Vendée, ce qui crée une confusion avec la Vendée historique, celle de la révolte royaliste. Mais je ne crois pas qu'il ait jamais existé de région de ce nom, c'était le Poitou, la Marche.

Que choisir pour sa vieillesse, où s'établir, région de France et mode de vie. Question sans réponse. J'entends cette remarque qui m'enchante par sa spontanéité: «Ma mère était très heureuse en maison de retraite. Elle disait: "Moi qui ai servi les autres toute ma vie, maintenant on me sert!"»
Je n'y aurais jamais pensé.

Je dors.

Nantes, un café, une caisse de livres, je feuillette religieusement la transcription du cahier 54 de Proust.
Retour, il y a énormément de monde sur l'autoroute, la conversation prend un tour plus familial. Qu'est-ce qu'une vie, que faire, jusqu'où pouvons-nous ou devons-nous intervenir dans la formation (au sens large) et dans la vie de nos enfants?
Chartres, une dernière cigarette, je reprends la route, rock métal sur France-Musique, un dimanche soir ah bon, mais ce n'est pas désagréable. Dommage, beaucoup trop de noms, je confonds tout inévitablement, à la fin d'un morceau je ne sais plus si le présentateur parle du chanteur précédent ou du suivant.
Note mentale concernant un livre écrit par un rockeur («Pour ceux qui savent l'anglais, très intéressant, très fin, très drôle, ça nous change des habituels livres des rockeurs d'un ennui infini» se lâche le présentateur): Things the Grandchildren Should Know de Mark Oliver Everett.

Je me perds dans Tigery.
Je suis rentrée.



1 : Note à Demeures de l'esprit France Sud-Ouest.

lundi 13 septembre 2010

Lundi

Midi : Louvre, les acquisitions du département d’Arts graphiques. Un William Blake (qui illustre l’affiche de l’exposition), un Füssli, une magnifique miniature/enluminure dont je ne me souviens plus si les séraphins sont d’un rouge ou d’un bleu profond. Etrangement mon esprit a enregistré les deux. En sortant, je passe devant mon deuxième tableau préféré (le premier restant La Solana de Goya), une Circoncision du Baroche, qui me rappelle les couleurs du Greco ou de Marie Laurencin (oui je sais, c’est un peu contradictoire, peut-être).
A quoi servent les tableaux ? A me perdre. Plaisir onirique pur.

Soir. R. Problèmes de santé, problèmes vitaux, erreur médicale. Je glâne quelques explications qui alimentent ma culture générale et ma compréhension du monde.
Le parc immobilier suisse est la propriété des banques, ce qui explique qu’il soit si difficile d’y acheter un appartement ou une maison. Les loyers garantissent les retraites (ceci très rapidement résumé).
Autre résumé rapide : si les Américains attaquent si souvent les médecins, c’est que les assurances santé ne couvrent qu’une partie des frais d’hospitalisation. Avoir un membre de la famille en soins intensifs, c’est être ruiné. Attaquer en justice est l’une des manières d’espérer pouvoir subvenir aux besoins de la personne dépendante.

Un très bon restaurant, et des gens charmants : L'Assiette aveyronnaise, à côté du Pied de cochon

mardi 6 juillet 2010

Choix I

— Ça fait drôle de penser que je vais mourir à soixante ans.
— Si tu ne veux pas mourir, maigris. Reprenant, pensive: Enfin, ce n'est pas une garantie, c'est mettre les probabilités de ton côté.
— Je ne sais pas si je tiens à la vie à ce point-là.

lundi 14 juin 2010

Ni oui ni non

Contexte:
Une orthodontiste a posé un appareil à ma fille en octobre 2008. Neuf cent quatre vingts euros par semestre (comme la mutuelle rembourse (après une avance des fonds de six mois tout de même), je n'ai pas refusé l'appareil transparent que préférait ma fille), une visite tous les trois mois (de dix minutes), quatre cent quatre vingt dix euros à chaque fois "par facilité de paiement".

Nous nous sommes rencontrées ce soir pour mettre les points sur quelques i car les dates ont dérapé, nous sommes loin des semestres initiaux, et elle essaie de recoller aux dates prévues, y compris en rapprochant les dates des visites de façon absurde (deux visites à un mois d'intervalle, parce que les précédentes avaient cinq mois d'écart, est-ce que cela a un sens?) L'atmosphère est tendue.

L'orthondiste m'assure que les semestres sont des forfaits à 980 euros. Elle insiste sur les mots "forfait semestriel", imposé par la Sécurité sociale. Je reformule : «Vous voulez dire que même si ma fille ne vient pas, je vous dois 980 euros?»

Elle ne répond pas franchement, ni oui, ni non, mais par une phrase: «Ce sont des forfaits accordés par la Sécurité sociale. Vous êtes couverts jusqu'aux dix-huit ans de l'enfant, je vais continuer à contrôler sa dentition pour m'assurer de la stabilisation des soins.»
Je reformule:
— Vous voulez dire qu'une fois que j'aurai payé le dernier semestre indiqué sur l'échéancier, en février 2011, vous continuerez à la soigner gratuitement jusqu'à ses dix-huit ans? Mais ça change tout, je n'avais pas du tout compris ça.
— Evidemment, vous n'écoutez rien.

Je m'empare de l'échéancier: «Eh bien, je vais le préciser clairement, vous allez signer, et je vous laisse votre chèque de 980 euros». Je commence à écrire.
Elle m'arrache la feuille: «N'écrivez pas sur mes originaux. Nous ne pouvons pas travailler dans la défiance; je vais vous faire signer une décharge et je vous rends votre dossier.»

Tant mieux, c'est ce que je souhaitais. Mais tout de même, je m'interroge: est-ce qu'elle était en train de me raconter n'importe quoi, est-ce que j'ai mal compris ou est-ce que c'était vrai? Est-ce que les 980 euros sont dûs même en absence de visite, est-ce que les cinq semestres qu'il était prévu que je paie auraient couvert l'ensemble des suites du traitement jusqu'aux dix-huit ans de ma fille? (Je ne le crois pas, je pense qu'elle racontait n'importe quoi pour m'enfumer, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il en est.)

lundi 8 mars 2010

La différence entre assurance et solidarité

Ce soir à 18h30, je serai là.
Je sais, c'est un peu tard pour prévenir, mais je doute que cela intéresse qui que ce soit. Et non, ce n'est pas professionnel, c'est ma façon de gagner du temps, d'apprendre en deux heures (enfin, d'apprendre: d'obtenir une première teinture) ce qui me demanderait des heures de lectures (que je ne ferais pas) et ce que les médias ne m'expliqueront jamais.
Autre curiosité: découvrir la Cour de cassation et les ors de la République... (si vous désirez venir, n'oubliez pas de vous inscrire en ligne: il s'agit de mesures de sécurité).


Cycle Assurance et protection sociale - Les risques marchands et non marchands : quelles clefs de répartition?
Késako?
Il s'agit dans le cadre de la directive européenne sur les services ("ex-Bolkestein", profondément remaniée) de croiser deux axes de réflexion:

1/ Dans le cadre de la directive sur les services, que va devenir le secteur social, qui couvre «l'économie sociale, l'éducation populaire, le soutien aux familles, la politique de la petite enfance», financé par les prélèvements sociaux? Ce secteur devra-t-il être soumis intégralement à la concurrence pour obéir à la directive européenne?

Définition du secteur non marchand : aucune définition n'est donnée à priori au niveau de l'Union européenne, il s'agit d'une appréciation au cas par cas, selon les pays, selon les équilibres nationaux, au fur à mesure des affaires jugées par la Cour de Justice des Communautés européennes. (Rappel en gros: vous payez votre femme de ménage, c'est du secteur marchand, elle est payée par les allocations familiales ou la sécurité sociale, c'est un service non marchand).

Débat entre ceux qui pensent que l'Union européenne participe de la pensée libérale — ce qui est à peu près ce qu'on entend tous les jours dans les discours politiques, relayés et amplifiés par les médias — et ceux qui constatent, de facto, que l'étude de la jurisprudence de la CJCE montre que « la solidarité a progressivement acquis la valeur d'un principe juridique en Droit communautaire» tandis que «les systèmes de solidarité ont fait preuve d'une remarquable robustesse, du moins dans la vieille Europe»1.


2/ Quelle différence entre l'assurance et la solidarité?
Cette différence est fondamentale pour comprendre les choix de société que nous avons à faire, que nous allons devoir faire, mais elle est rarement expliquée.

Je vais faire un détour dans mes explications en développant un exemple.
Il existe en assurance la notion de "zonier". Le zonier pévoit des tarifs différents en fonction des risques que présente chaque zone géographique (la zone peut être la commune, le département, un pays (le risque de terrorisme, le risque politique, etc.),...)
Pour donner un exemple s'appliquant à un particulier, s'il existe un zonier, vous ne paierez pas la même prime d'assurance contre le vol pour la même surface d'appartement protégée par les mêmes serrures à Tulle ou à Paris. Il peut ne pas avoir de zonier, ou sa maille peut-être plus ou moins fine: il s'agit de choix que font les assureurs quand ils construisent leur tarif (algorithme basé sur des statistiques). Par exemple, la Maif, mutuelle des instituteurs et des professeurs, a longtemps tarifé sans zonier, ce qui voulait dire que l'habitant de Tulle payait un peu pour l'habitant de Paris. C'était un système fondé sur la solidarité, typique d'un véritable esprit mutualiste (Juste ou pas juste? On peut considérer que l'habitant de Tulle payait le fait de courir moins de risques, on peut répondre que l'habitant de Paris n'avait qu'à choisir d'habiter Tulle... Etc.)
S'il n'existe pas d'autre mutuelle ou assurance que la Maif, la situation est figée. Mais si le secteur est concurrentiel, l'assuré habitant Tulle choisira peut-être un jour une assurance ayant un tarif basé sur un zonier correspondant au niveau de risque que représente Tulle, c'est-à-dire faible. Il fera le choix de l'assurance contre celui de la solidarité.

Question: jusqu'où peut-on mutualiser, jusqu'à quand peut-on faire payer ceux qui présentent le moins de risques pour ceux qui en présentent davantage?
Réponse: tant que ceux qui présentent le moins de risques acceptent de payer pour les autres, tant qu'ils ne résilient pas leur contrat pour passer à la concurrence.

Problème: la concentration des mauvais risques.
Exemple encore: à la fin des années 90, la Macif avait entrepris de résilier tous les contrats habitation situés en zone inondable dans la vallée du Rhône2. Cela lui permettait de baisser ses primes et devenir très attractive pour les bons risques... tandis que les assureurs qui acceptaient les maisons à risques étaient logiquement obligés d'ajuster leur prime à la hausse et de devenir moins concurrentiels...3.

C'est ce qui se passe dans un secteur de la santé fonctionnant librement: très vite, les meilleurs risques paient de moins en moins chers, tandis que les plus "mauvais" (cigarette, antécédents familiaux, métiers à risque, etc) n'ont plus les moyens de payer leur prime alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.

Or un pays ne peut jamais s'abstenir totalement de soigner les plus démunis, non par humanité, mais par rationalité: car il y aura dans ce cas des risques d'épidémie (cf. la malaria, le sida, etc.). D'autre part, les soigner trop tard n'est pas une solution non plus: il coûte moins cher à la collectivité de soigner une bronchite qu'une pneumonie ou une tuberculose...

Les pays (européens) (l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas) qui laissent le choix de leur assurance à leurs concitoyens ont dû mettre en place des systèmes de compensation obligeant les sociétés d'assurance attirant les meilleurs risques à reverser une quote-part à ceux prenant en charge les plus mauvais, péréquation compliquée à calculer et à rendre efficace.
En France, la Sécurité sociale obligatoire permet la solidarité entrel les bons et les mauvais risques. Une législation fiscale plus favorable pour les complémentaires de santé qui ne font pas remplir de questionnaires de santé incite également à une répartition équilibrée des "bons" et "mauvais" risques.

Vers quoi va-t-on aujourd'hui? Une privatisation de l'hôpital public (la crainte sous un gouvernement de droite... sachant que du fait d'une gestion défaillante, les hôpitaux publics coûtent bien plus chers que les hôpitaux privés à soins égaux fournis) ou une étatisation de la médecine privée (multiplication des contraintes pour les médecins afin de contrôler les dépenses de santé)? A la lecture des textes, les juristes eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux.

Je vais donc aller écouter quelques interventions sur ces sujets ce soir.


P.S.: Cette présentation est une présentation"d'amateur". Il est possible que j'y expose des partis pris dont je n'ai pas conscience, étant loin de maîtriser toutes les finesses du sujet.
Mes partis pris conscients: je suis pour la Sécurité sociale "à la française" qui organise la solidarité (ce qui n'empêche pas souhaiter de la rendre plus efficace et moins coûteuse) et pour l'Union européenne qui, quoi qu'on en dise, ne l'interdit pas et aurait même tendance à la défendre. (Pourquoi ne dit-on pas davantage que l'Europe est souvent un recours pour les citoyens contre leur propre Etat?)





Notes
1 : Alain Supiot, M. E. Casas, J. de Munck, P. Hanau, Au-delà de l'emploi : transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe : rapport pour la Commission des Communautés européennes, Flammarion, coll. «Flammarion Documents et Essais», Paris, 1999. (Notons pour ne pas donner une image contraire de l'opinion d'Alain Supiot par une citation isolée, qu'Alain Supiot pense justement que la CJCE vide le champ social de son contenu.)
2 : Le contrat d'assurance est un contrat; il faut l'accord des deux parties, on ne peut parler d'un refus de vente.
3 : En France, quand une telle situation dégénère, on assiste généralement à l'intervention du législateur. Exemple: la Corse.

jeudi 4 mars 2010

Marre

Fait suer, encore et toujours des séquelles de ce médicament. (Non, plus des coups de blues, mais ce sont les séquelles qui me dépriment (ou plutôt me mettent en rogne: pourquoi ai-je accepté ce que je savais ne pas me convenir? On se dit «Bah je ne vais pas faire d'histoires», et on se retrouve quinze mois plus tard à se dire que décidément, il vaut mieux avoir la réputation d'une emm*** que de dire oui)).

vendredi 28 août 2009

Les mains sales

L'année dernière, j'avais ri en voyant arriver l'annonce d'une journée nationale pour l'hygiène des mains . Cela m'avait paru grotesque à côté dela journée sans tabac, journée sans voiture, journée de la femme et un peu découragée par l'absurdité du monde, je n'en avais pas parlé.
J'avais pensé à ma tante vétérinaire nous expliquant que nous étions en train de perdre ce qui nous avait fait faire tant de progrès au début du siècle: la propreté. Selon elle, si les maladies, la mortalité à la naissance, avaient tant reculé, c'était dû au moins pour moitié à des gestes simples: lavage des mains et désinfection des instruments médicaux.

Durant l'été, j'ai vu apparaître les affiches à placarder dans les entreprises.
Finalement, c'était prophétique.

Grâce au blog de Charlotte, je rajoute un tableau de Linnea Strid :


jeudi 13 août 2009

Trois liens (en anglais, sorry)

  • un blog entièrement consacré à la pandémie de grippe à travers le monde, avec de précieux liens et ressources en marge
  • un blog dont j'ai souvent envie de traduire des morceaux (chunks), dont l'obsession, encore plus que simplifier, est de réduire le désordre (mais il me semble que réduire le désordre prend beaucoup trop de temps quand cela devient si obsessionnel. Et il me semble que de grandes pièces vides ne nourrissent plus assez l'âme, ne lui tiennent plus assez chaud. Ainsi, nous avons dû réduire l'âtre trop large de notre cheminée: le feu avait froid et ne prenait pas. Même le feu a besoin de chaleur.) Cependant, j'aime ce blog.

jeudi 15 janvier 2009

La nausée

Résumé de l'éditorial de Renée Carton dans le Quotidien du médecin du 12 janvier 2009:

Un chirurgien new-yorkais, Richard Batista, rencontre une infirmière; ils se marient en 1990, ont trois enfants. L'épouse souffre d'une grave insuffisance rénale. Après l'échec de deux greffes, le mari apprend qu'il est donneur compatible (une chance sur 700 000). En 2001 la greffe est effectuée avec succès.

Aujourd'hui le couple est en instance de divorce. Le mari, qui se plaint de ne plus voir ses filles, rend la chose publique en réclamant la restitution de son rein qu'il estime à 1,5 million de dollars.
Les juristes et les bioéthiciens se contentent de rappeler que le rein n'a aucune valeur puisque le commerce des organes est interdit aux Etats-Unis.

vendredi 28 novembre 2008

Blues (artificiel)

Je savais que prendre ce médicament me déprimerait et ça n'a pas raté (on ne me croit jamais).
Y a plus qu'à attendre que l'équilibre se rétablisse, mais ça m'agace d'avoir le moral dans les chaussettes pour une raison aussi facilement évitable.


En attendant la maison se transforme en tripot, tout le monde sait jouer à la belote. J'ai découvert un blog qui me paraît faire écho au Doigt coupé de la rue du bison.
Cet été nous passerons au tarot (à cinq).

mercredi 26 novembre 2008

Le portrait de l'homme idéal

Le profil idéal1 pour échapper à toutes les maladies a d'ailleurs de quoi faire réfléchir.

L'homme sans risque est
« un employé municipal ou par exemple un embaumeur, efféminé, totalement dénué de vivacité physique ou mentale, sans ambition et sans esprit de compétition. Il n'aurait jamais tenté de se fixer ni d'atteindre le moindre but. Il aurait peu d'appétit, se sustenterait de fruits et de légumes, de maïs et d'huile de baleine, détesterait le tabac, refuserait avec mépris radio, télévision ou automobile. Sa chevelure serait abondante, son allure efflanquée et non athlétique, bien qu'il exerce sans cesse ses frêles muscles. Ses revenus, sa tension artérielle, son taux de sucre, d'acide urique et de cholestérol seraient faibles. Il aurait pris de l'acide nicotinique, de la pyridoxine et un traitement anticoagulant de longue durée sans interruption depuis sa castration prophylactique ».

Son pendant féminin serait
« un nain au chômage, faisant de la bicyclette, maigre, en pré-ménopause, hypolipidique et hypobéta-protéinémique, vivant dans une pièce surpeuplée de l'île de Crète avant 1925 et se nourrissant de céréales entières, d'huile de tournesol et d'eau ».

Il est donc recommandé à tous ceux qui ne correspondent pas exactement à ces profils de tout faire pour s'en rapprocher…

extrait de Si nous ne faisons rien, nous ne pourrons plus nous soigner demain ! de Mathias Matallah


Note
1 : Cité dans Idées Folles, idées fausses en médecine de Petr Skrabanek et James McCormick, éditions Odile Jacob, 1992

lundi 13 octobre 2008

Ignobles Nobel cuvée 2008

[...] on peut déjà se réjouir de la distinction obtenue par une chercheuse de l'École nationale vétérinaire de Toulouse, Marie-Christine Cadiergues : L'Ig Nobel de biologie pour une étude sur les sauts de puce (avec Christel Joubert et Michel Franc). Juste avant la semaine des Nobel, qui commence aujourd'hui avec la médecine, les Ig Nobel (« Ignobles Nobel Â») sont remis à l'initiative de la revue scientifique humoristique « Annales de la recherche improbable Â». Lors de la cérémonie à Harvard, un des vainqueurs de 2007, Dan Meyer, coauteur d'un rapport médical sur « les effets collatéraux de l'ingestion de sabre Â», a ouvert la soirée en avalant une épée, qui a vite été retirée par le Dr Thomas Michel, doyen de l'École de médecine. La capacité d'une amibe à sortir d'un labyrinthe, le Coca-Cola spermicide efficace ou sans effet (prix ex œquo pour les deux équipes parvenues à des résultats opposés), les faux médicaments chers qui marchent mieux que les faux médicaments bon marché (l'Ig Nobel de médecine, remporté par un économiste), la modification électronique du bruit de la chips pour dormer l'illusion du croustillant et de la fraîcheur, le principe légal de la dignité des plantes (Ig Nobel de la paix)... : les récompenses sont parodiques, mais les recherches sont sérieuses. « La recherche n'est pas forcément toujours de la grande recherche Â», dit à l'AFP Marie-Christine Cadiergues, dont le travail portait en fait sur la comparaison de deux espèces de puces dont l'une est en voie de disparition. « D'abord rire, puis réfléchir Â», dit Marc Abrahams, l'organisateur du prix. Un bon conseil ?

éditorial de Renée Carton dans Le Quotidien du médecin, le 6 octobre 2008

mercredi 14 novembre 2007

Ethique, finances publiques et solidarité

Grâce à ce site dont je ne chanterai jamais assez les louanges (un travail indépendant et d'une telle qualité, poursuivi aussi longtemps : comment est-ce possible?), je découvre que la question «Peut-on éthiquement limiter l'offre de soins à un malade nécessitant des traitements coûteux pour des raisons budgétaires ?» (ainsi que l'Angleterre avait envisagé un temps de le faire: plus de dialyse au-delà d'un certain âge, pas de traitement du cancer du poumon si vous étiez fumeur, etc) a été très officiellement posée en France, et que le Comité consultatif national d'éthique y a très sérieusement répondu.

Je vous laisse savourer le résumé de Gérard Bieth:

[La] question [a été] posée en 2004 par l'ex-directrice générale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris au Comité consultatif national d'éthique. Ce dernier a rendu un avis très prudent après trois ans de réflexion.
Le CCNE émet un certain nombre de recommandations, notamment :
- de réintégrer la dimension éthique et humaine dans les dépenses de santé, afin de permettre à l'hôpital de remplir de manière équilibrée l'ensemble de ses missions, et pas uniquement les plus techniques ou les plus spectaculaires.
- d'adapter les échelles d'évaluation des activités en vue de traiter de manière appropriée les différentes missions de l'hôpital.
- de se réinterroger sur la mission primaire essentielle de l'hôpital qui a dérivé vers un service public, industriel et commercial débouchant sur un primat absolu donné à la rentabilité économique.
- d'ouvrir l'hôpital à une dimension réunissant le "sanitaire" et le "social" (dépendance, adolescence, précarité etc.), en promouvant autour de la personne une meilleure coopération de l'hôpital avec des structures extérieures (soins de longue durée, HAD, ...)
- de s'assurer du maintien du lien social pour éviter que la personne ne sombre dans l'exclusion une fois le diagnostic fait et le traitement entrepris.
- ou encore de rendre aux arbitrages leur dimension politique, sans les déléguer aux seuls responsables hospitaliers.
En conclusion, le CCNE estime que "la garantie d'un accès juste aux soins de qualité n'est pas en contradiction avec une rigueur économique. L'adaptation permanente de l'offre de soins aux besoins démographiques, aux modifications épidémiologiques, aux progrès technologiques justifient plus que dans n'importe quelle activité humaine des choix clairs, courageux, explicites aux yeux des citoyens, et en même temps susceptibles d'être sans cesse remis en question en gardant comme objectif central le service rendu aux plus vulnérables".

L'Avis n° 101 - Santé, éthique et argent : les enjeux éthiques de la contrainte budgétaire sur les dépenses de santé en milieu hospitalier est disponible ici.

(Si je comprends bien, la réponse est non, malgré tout.)

jeudi 1 novembre 2007

L'Afrique au présent

Entre le président qui pense que l'Africain n'est pas entré dans l'histoire et les bonnes âmes de gauche convaincues que les campagnes africaines se vident parce qu'on y meurt de faim, c'est le même discours. La gauche pense que l'Afrique végète et qu'il faut faire un effort de générosité; la droite part du même constat pour prôner des solutions libérales. Tous nous trouvent nuls. La réalité est que l'Afrique atteint 5% ou 6% de croissance pendant que la France est à 1,8%.
En jetant ce regard misérabiliste et compassionnel sur l'Afrique, la France se rassure elle-même. Elle a besoin de penser que l'Afrique ne va pas bien. Pendant ce temps, les gens de Dubaï, les Indiens et les Chinois ne nous disent pas que nous ne sommes pas entrés dans l'histoire, ils commercent avec nous.

Lionel Zinsou, Associé-gérant à la banque Rothschild dans Le Monde, cité par Le Nouvel économiste du 4 octobre 2007.


A la décharge de la France, une carte mondiale du nombre de médecins par habitants.
Dans un genre un peu différent mais intéressant car méconnu, voir cette enquête sur les relations des universités (françaises) avec les pays en développement.

jeudi 25 janvier 2007

Taches suspectes

En novembre dernier, lorsque j'ai sorti ma carte de groupe sanguin pour répondre à la demande de l'anesthésiste, il a contemplé avec incrédulité l'espèce de torchon que j'ai sorti de mon portefeuille. (Et pourtant j'avais essayé d'amortir le choc: «Euh oui, j'en ai une, euh, elle est un peu bizarre…»)

Ma carte avec la première détermination de groupe date de 1991. Comme il faut deux déterminations, j'en ai fait faire une seconde en 1994, mais pas dans le même laboratoire, qui a refusé de noter les résultats de son analyse sur ma carte de 1991. J'étais furieuse, j'ai donc découpé la partie utile de la carte de 1994 que j'ai agraffée sur la carte de 1991. J'ai rangé la carte rapiécée dans mon portefeuille.
Quelques mois plus tard, j'ai emmené le chat chez le vétérinaire, et par facilité, j'ai mis mon portefeuille dans le panier à chat. Le chat, angoissé, a pissé dans le panier, trempant mes papiers que j'ai alors soigneusement fait sécher. Il leur en est resté quelques auréoles jaunâtres, notamment au niveau des plis, et pendant longtemps (c'est fini), une odeur bizarre…

— Vous avez eu trois enfants avec ça? a demandé l'anesthésiste incrédule.
Il n'a pas fait d'autre commentaire, mais la première chose qu'ont faite les infirmières mercredi dernier lorsque je suis entrée en clinique pour quelques jours (rien de grave), c'est une prise de sang à chaque bras.
— Qu'est-ce que vous faites?
— L'anesthésiste a demandé une détermination de groupe sanguin.
— Ah. (Quel sournois.) Pourquoi aux deux bras?
— Il faut une double détermination, effectuée par le même laboratoire.

J'ai maintenant une carte neuve. Ça m'ennuie de jeter l'ancienne.

mardi 20 août 1974

Opération

Date retrouvée dans mon carnet de santé. Ablation des végétations à Bourges, pendant que nous sommes en France pour les vacances d'été. J'ai sept ans.
Je suis dans mon lit d'hôpital, on m'a offert Fantômette et le géant et Fantômette et la maison hantée (deux dessinateurs différents, le second utilisant des formes plus rondes, plus vagues).
Je lis. A côté de moi, une poupée également offerte, un baigneur, chauve (cheveux moulés), une robe vichy rouge.

Pendant l'opération je me réveille. Je suis assise, un peu penchée en arrière. On me rendort au masque. J'aime l'odeur du chloroforme.

Plus tard ma tante dira: «quand je suis arrivée dans sa chambre, elle était en train de lire, j'ai cru qu'on ne l'avait pas encore opérée. Mais si, c'était fini, et elle était exactement dans la même position que quand je l'avais quittée.»

J'ai lu trop vite les deux Fantômette. Pendant les jours suivants j'ai été gavée de glace.

Ce jour-là, ma mère a acheté pour mon père un porte-clé St-Christophe dont je voudrais "hériter" (c'est une semi-plaisanterie, c'est l'attachement aux objets toujours connus, en particulier ceux qui ont fait "la campagne du Maroc"). Aujourd'hui (janvier 2016) il est fondu à la manière dont le pied de St Pierre à Rome est fondu.
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