Alice du fromage

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Billets qui ont 'théâtre' comme mot-clé.

mercredi 11 mars 2020

Le Gars

J'avais assisté à une représentation en 1997, dans la salle du bas (petite, voûtée, merveilleuse) de la Maison de la poésie. J'en conserve un souvenir ébloui.

Alors, quand j'ai vu que Le Gars (re)passait ce soir, je n'ai pas voulu manquer ça. Malgré la maladie qui rôde (cette terreur et cette tristesse à l'idée d'être porteur sain, à l'idée d'être un danger pour les autres), j'ai pris la voiture et j'y suis allée (note: cela signifie que je ne me suis pas arrêtée sur mon chemin du retour boulot-maison, mais que je suis allée expressément à Paris pour cela, ce qui prouve ma motivation.)

J'ai été extrêmement déçue. D'abord une femme (Francesca Isidori m'apprend Internet) a parlé longuement. J'ai recueilli des informations, j'ai compris en particulier pourquoi ce texte m'avait tant plu, par son rythme, sa cadence, sa diction: il a été écrit (traduit adapté) directement en français par Tsétaïeva qui pratiquait l'averbisme (je n'avais jamais entendu le terme). Elle enlevait les verbes, mais aussi les articles, les pronoms, etc. Elle n'a jamais réussi à faire publier son texte: «trop nouveau».

Ce discours m'impatientait. Mais j'ai alors appris que nous n'allions pas entendre toute la pièce mais seulement une partie: pour connaître la fin il faudrait… acheter le livre (aux éditions Des Femmes)!

Enfin Anna Mouglalis a lu son texte, alors qu'Edith Scob le jouait, le scandait, le mimait.

Bref, déception. J'aurais dû m'en douter. A l'époque où nous fréquentions beaucoup la maison de la poésie, nous avions adopté une règle: uniquement les spectacles dans la petite salle.

mardi 31 décembre 2019

Adieu à 2019 sans regret

Quelle année infernale.

Passé au bureau pour gérer les urgences (tout va bien finalement). Coiffeur, achat d'un sac de voyage pour la chatte (je le note car pour la première fois depuis ses deux ou trois mois (elle a quatorze ans) nous allons l'emmener avec nous: à son âge, je n'ose pas la laisser seule sans sa sœur).

Le rendez-vous avec la RH a été annulé. Jumandji 3. C'est poussif, en fait sans intérêt (bon, le deuxième peut-être aussi, mais j'avais bien aimé l'imitation du jeu vidéo, les personnages de jeu avec un nombre limité de répliques, etc. Le troisième film est réellement très pauvre). En revanche j'admire les sous-titres, non littéraux mais qui rendent très bien l'esprit des répliques.

Ladurée. Macarons et café viennois. J'écris des cartes de Noël. H. me rejoint. Nous allons au théâtre à neuf heures, nous n'avons rien prévu et entrons dans une brasserie parce que son nom nous plaît: "le non coupable".
Grave erreur, les serveurs sont totalement à l'ouest. Un jeune couple entre, s'installe à côté de nous. Le jeune homme se voit apporter un hamburger, il demande du sel et attend le plat de sa compagne; un serveur revient, lui prend son assiette en disant ce n'était pas pour lui (et va la donner à une autre table, sans se préoccuper de savoir si l'assiette a été touchée ou pas). Le jeune homme en reste bouche bée. Plus tard quand le couple est servi, le jeune homme redemande le sel qu'il n'a toujours pas eu; le serveur se penche vers une table voisine, sans un mot saisit la ménagère, la met sur la tabe vide entre les deux et s'en va.
Le jeune homme éberlué se tourne vers nous: «Vous voulez des frites? On peut partager, c'est le style ici». Nous sommes hilares: «moi il me reste des glaçons, si vous voulez.»

La Machine de Türing. Je connais l'histoire par cœur, l'intérêt est la mise en scène, la façon de raconter l'histoire avec deux personnages. L'accent est entièrement sur l'homophobie et l'injustice et très peu sur le décryptage du code.
Je note que comme pour le déchiffrement de l'accadien, ce sont les suscriptions qui ont permis de comprendre le langage inconnu.

Un pot au café de la Madeleine, avec des serveurs infiniment plus enjoués que les précédents.

dimanche 23 décembre 2018

Jina Djemba

Miss Nina Simone au théâtre de l'Œuvre.
Pas emballée par le texte de la pièce, trop narratif et statique à mon goût. Le récit est triste, mais c'est sans doute que la vie de Nina Simone est triste. Je pense qu'en une heure nous avons tous les éléments, son enfance, son caractère difficile, son amertume de femme noire engagée dans la lutte pour les droits civique, sa solitude à Marseille.

La surprise, ce qui donne toute sa valeur à la pièce, c'est que contrairement à ce que j'imaginais, il n'y a pas de play-back: Jina Djemba chante en scène, accompagnée par un musicien percusionniste-flûtiste-pianiste. Et c'est bon, très bon, même.
J'espère la revoir dans beaucoup d'autres pièces et films.

mercredi 8 mars 2017

Journée (des droits) des femmes

Jamais autant que cette année je n'aurai entendu la précision "des droits" des femmes.

Au petit déjeuner, France Inter me décrit les nouvelles poupées "gonflables" (non gonflables, mais c'est pour faire comprendre de quoi il s'agit) au toucher doux, dont on peut choisir le caractère grâce à l'intelligence artificielle (soumise, insolente, etc) et dont on peut changer la tête quand on est lassé (dix-huit visages possibles).
Je devrais sans doute être choquée mais devant le titre de la chronique «Et si on se passait des femmes?», je remarque surtout que ce à quoi "servent" les femmes est crûment explicite (sachant que le chroniqueur est une chroniqueuse, a-t-elle simplement voulu être provocatrice, ou avait-elle une visée accusatrice?). In petto je m'exclame: «ça nous fera des vacances».

Le soir, retour à la bibliothèque nordique pour entendre la lecture intégrale des Vraies Fremmes. Etrangement, Benoît semble surpris que je trouve ce texte déprimant. J'ai utilisé un mot en-deça de ma pensée: ces pièces suscitent exaspération et désespoir.

Plutôt que l'égalité, ce que réclame l'héroïne, c'est la réciprocité. Il ne s'agit pas d'obtenir l'égalité dans la visée des avantages, mais également dans la charge des responsabilités. Il s'agit de ne plus être infantilisée, d'être considérée comme un être humain à part entière. «Pourquoi considères-tu qu'il est normal que tu nourisses ta mère et tes sœurs et que tu ne comprends pas que je veuille en faire autant avec les miens? Parce que tu es un homme et que je suis une femme n'est pas une réponse valable.»

Réciprocité: je te respecterai dans la mesure où tu me respecteras, et mon mépris sera sans mesure avec le tien.

mardi 21 février 2017

Les vraies femmes

Moment de stupeur et d'embarras quand je rends les quatre Taniguchi et L'Arabe du futur, t.3, empruntés la semaine dernière.
— Et il faut combien de temps pour lire cela? me demande un homme à mes côtés devant le bureau de la bibliothécaire.
J'évalue, je tends la main vers les volumes: «Ces deux-là en une soirée, ces deux-là, chacun une soirée (cela correspond aux dates d'emprunt), celui-là une soirée».
L'homme fait une mimique que je ne comprends pas, la bibliothécaire qui le voit de face commente : «Y'a du niveau», je me demande si elle se moque de moi puis je me rends compte que l'homme est impressionné, ce qui m'embarrasse (si j'avais soupçonné cela, j'aurais dit autre chose) et je murmure: «c'est des BD, quand même…»
(Si je raconte cela, c'est pour illustrer ma difficulté à trouver mes repères entre les personnes que je fréquente qui trouvent déshonorant d'ouvrir une BD et celles que je croise que cela impressionne… La plupart du temps je cache ce que je lis, mais là, je ne m'y attendais pas, j'ai été prise de court.)

Je pense que j'ai dissipé le cours d'allemand (mais le prof, de retour d'une rencontre au centre orthodoxe St Serge où il avait bu de la vodka pour l'entrée en Carême (ce que je n'ai d'ailleurs pas compris: ils ont Noël plus tard que nous et le Carême plus tôt?), était déjà bien guilleret) en apprenant à la classe l'existence de Bescherelle ta mère (sur le fond, ça me paraît important qu'un philosophe et des élèves qui se destinent à devenir pasteurs aient connaissance de cela (au départ, nous parlions du Bescherelle à une élève allemande qui vient à cet atelier pour perfectionner son français)).

A 19 heures était donnée à la librairie Palimpseste une lecture d'extraits de Sauvé et des Vraies femmes. J'avais déjà entendu (en entier) la première pièce, il me restait à découvrir la seconde, horripilante comme de juste. (Et je songe à ce billet qui m'a profondément marquée : tout cela est si proche, proche à nous toucher).

Evidemment, il était machiavélique d'organiser une lecture dans une librairie. Je n'y entre plus pour ne plus acheter. Mais bast, après tout, maintenant nous avons des étagères. Je vais donc faire la liste des livres que je portais en rentrant, exercice auquel je ne me livre plus, par embarras d'être dans l'ostentation:
- Riad Sattouf, L'Arabe du futur, tome 1 et 2 empruntés à la bibliothèque du CE le midi;
- JRR Tolkien, Beowulf, que je n'en finis pas de lire, cantonné qu'il est aux heures de transport que je passe dans mon smartphone;
- le Théâtre complet d'Anne Charlotte Leffler traduit par Corinne François-Denève, qui était la raison pour laquelle j'étais ici (je songe à offrir ce livre au responsable de l'atelier théâtre de l'école alsacienne, et aussi à la jeune fille qui a monté Les mains sales l'année dernière);
- livre vu et acheté sans préméditation : A la recherche de La recherche, notes de Joseph Czapski sur Proust au camp de Griazowietz (1940-1944), sous la direction de Sabine Mainberger et Neil Stewart. Je le vois, je pense à Dominique, je le feuillette, des textes en allemand que j'ai l'impression de comprendre un peu et des photos de mind-mapping, je l'achète;
- livre vu et acheté sans préméditation : Le traité des équitations, parce qu'il cite le nom de La Guérinière dans son introduction et parce qu'il est écrit par un roi. Je le destine à A.
- livre recherché : je prends l'Arno Schmidt en rayon que je n'ai pas : Le cœur de pierre, parce que le but est d'être capable de le lire en allemand un jour.
- livre recherché : j'ai tenté de me souvenir du titre de Delbo cité par Guillaume, et dans le doute, j'ai pris les trois aux éditions de Minuit présentés sur table: Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile, Mesure de nos jours. (finalement c'était les trois, trois tomes d'Auschwitz et après. Comment expliquer la place de "la destruction des juifs" dans ma vie? Il est au cœur de l'interrogation religieuse, les Psaumes comme un gigantesque mensonge, la plus fantastique des blagues, une souffrance permanente pour qui ne peut cesser de croire sans comprendre le sens de cette trahison de Dieu— si on croit).

samedi 7 janvier 2017

Ethique et marivaudage

Les deux ne sont pas liés.

Journée de TG.
Etant arrivée en retard, je ne sais exactement quel était le thème de la journée, mais le contenu fut le cours d'un théologien moraliste rédacteur en chef à La Croix sur l'éthique (en suivant Ricœur, les chapitres 6 à 8 de Soi-même comme un autre) et la morale (comme obéissance à la norme ou aux normes).
« Le chrétien est moral, il se réfère à des normes. C'est extrêmement mal vu aujourd'hui, de respecter des normes. Cependant, la norme ne doit jamais avoir le dernier mot. Selon St Thomas (entre autres), le plus grand péché est de ne pas respecter sa conscience. »
Je cite sa définition du libéralisme économique: « offrir le plus grand choix à chacun » et celle du christianime : « répondre à un appel (une vocation) ».

Greiner a beaucoup insisté, comme désormais tous nos professeurs ou presque depuis l'année d'ecclésiologie, sur l'aspect communautaire des pratiques et surtout sur le fait qu'il n'y avait pas de foi sans praxis (pratiques : il s'agit ici de pratiques religieuses, prière, rassemblement, participation aux sacrements, et non de "bonnes actions", qui ne sont pas proprement chrétiennes, évidemment).

Curieuse discussion — à deux doigts de la dispute — à propos du permis de tuer de façon "extra-judiciaire" (traduire: illégale) de futurs terroristes. Deux élèves défendent l'obligation de se défendre au nom de la Real Politik. Greiner fait remarquer qu'au nom du Décalogue il est tout de même permis de s'interroger. Les deux élèves paraissent le tenir pour un doux rêveur.
Pour ma part, je n'étais pas au courant de cette récente polémique. Il me semble d'une part que cette pratique est évidente depuis la prise d'otage de la maternelle de Neuilly et la traque du terroriste Khaled Kelkal. Je regrette que les terroristes soient abattus systématiquement car il me semble que nous nous privons de témoignages importants.
Par ailleurs, je suis persuadée depuis l'expérience des procès de Nuremberg que le procès a une valeur cathartique (écouter, faire parler) et historique (laisser une trace autre que journalistique) fondamentale.
Quoi qu'il en soit, si un chef d'Etat décide des exécutions "extra-judiciaires", il me semble que cela devient son fardeau personnel. Cela fait partie du poids du pouvoir. En aucun cas il ne doit en faire l'étalage: qu'est-ce qu'un chef d'Etat d'un Etat constitutionnel qui se vante de ne pas respecter la loi? Que cette histoire éclate maintenant me laisse soupçonner une manipulation des bas instincts de la population: «Voyez, la gauche n'est pas si molle que vous le pensez, regardez ce que nous faisons pour vous».


Le soir, nous assistons à Villebon/Yvette à trois pièces en un acte de Marivaux au bénéfice de l'association Rétina qui aide la recherche sur les maladies de la vue.
L'ensemble est très plaisant; je suis toujours aussi ébahie à l'idée que des auteurs du XVIIIe siècle faisaient jouer de telles satires devant la noblesse: quels portraits peu flatteurs! Quels penchants féministes! Et quel recul au XIXe siècle: Balzac, Hugo ou Flaubert n'ont jamais atteint ce niveau de mordant.

La dispute : les femmes sont spontanément coquettes et égocentriques, les hommes sont fraternels tant que les femmes ne les poussent pas à la querelle. Cependant l'un et l'autre sexe est volage et inconstant, sans que la responsabilité puisse être rejetée sur l'un ou sur l'autre.
Cette pièce tient de l'expérience de laboratoire, mi-Ecole des femmes, mi-Barjavel. Un très beau jeu de miroir, au sens propre et figuré. Les acteurs masculins jouaient à merveille les benêts sautillants.

La colonie : une sorte de Lysistrata. Les femmes d'un navire échoué décident de faire sécession si le pouvoir des assemblées n'est pas partagé. La meneuse souhaite même qu'il y ait des femmes avocates!
Malheureusement le camp des femmes se dispute beaucoup, et par-dessus tout, les femmes n'ont pas appris à se battre: il leur faut compter sur les hommes pour se défendre. (Finalement, sans doute n'est-ce pas pour rien qu'en France, ce sont les guerres mondiales qui ont fait avancer la cause des femmes.)

Les acteurs de bonne foi était moins intéressante: une pièce dans une pièce, classiquement, avec des acteurs ne sachant plus où s'arrêtent leur rôle et commencent la "vraie" vie.

dimanche 1 janvier 2017

Sorties en 2017

1er janvier : William Friedkin, Killer Joe au Grand Action avec H.
4 janvier : William Forsythe, Impressing the czar, Semperoper Ballet Dresden, Aaron S. Watkin à Garnier.
7 janvier : Marivaux, La dispute; la colonie; les acteurs de bonne foi au profit de l'association Retina.
21 janvier : Jim Jarmush, Paterson à Yerres avec H.

5 février : musée des Beaux-Arts à Nancy, musée des ducs de Lorraine
9 février : Tom Ford, Nocturnal Animals, 2016
21 février : Anne Charlotte Leffler, Les vraies femmes, Alfhild Agrell Sauvé, lecture par la compagnie Benoît Lepecq à la librairie Palimpseste

4 mars : château d'Angers (tapisserie de l'Apocalypse), château d'Oiron
5 mars : église de Cunault, abbaye de Fontevraud, cathédrale de Tours
8 mars : Anne Charlotte Leffler, Les vraies femmes, lecture par la compagnie Benoît Lepecq à la bibliothèque nordique
23 mars : Aki Kaurismaki, L'autre côté de l'espoir

20 avril : Les faux-british, texte de Henry Lewis, Henry Shields, Jonathan Sayer, mise en scène Gwen Aduh
23 avril : Theodore Melfi, Les figures de l'ombre. Avec "les voisins", pour ne pas attendre le résultat des élections scotchés à la maison
29 avril : château de Fontainebleau

3 mai : Raúl Arévalo, La colère d'un homme patient, 2016
6 mai : Martin Granger à la Cave à Bananes. Générateur de critique de danse contemporaine
8 mai : James Gunn, Les gardiens de la galaxie, II, 2017
9 mai : Jordan Peele, Get out, 2017
10 mai : Terence Davies, A Quiet Passion, (Emily Dickinson), 2017. Mauvais
19 mai : Kim Seong-hoon, Tunnel, 2016. Pas mal si on ne tient pas compte d'un certain nombre d'invraissemblances
22 mai : lecture mise en scène de Ah l'amour ! d'Anne Charlotte Leffler
29 mai : Guy Ritchie, Le Roi Arthur, 2017. Bof. Histoire minimale, bcp de combats, un peu de magie. A éviter.

4 juin : Palazzo Pubblico de Sienne, basilique St François, Santa Maria della Scala de Sienne (vu que le rez-de-chaussée)
5 juin : musée étrusque Guarnacci, Palais des Prieurs de Volterra
13 juin : jardin Rodin
19 juin : Valérie Lemercier, Marie-Francine. Mignon.

1er août : musée Hergé. Nous y passons trop de temps, trop tard pour Rimbaud.

14 septembre : Charles Laughton, La nuit du chasseur.
15 septembre : Doug Liman, Barry Seal, 2017. Excellent, peut-être pas dans l'art cinématographique (mais je me tape de l'art cinématographique) mais dans le pseudo documentaire historique, à la manière de Vingt ans après et la Fronde : le Cartel de Medellin, l'Irangate, le second choc prétrolier,…
19 septembre : Barry Seal une deuxième fois, la première heure, en attendant d'aller fêter l'anniversaire d'O.
21 septembre : Tommy Wirkola, Seven sisters. Pas mal. Sans doute pas à revoir, mais au moins à voir.

5 octobre : Michel Hazanavicius, Le Redoutable, 2017. Pas vraiment mon genre, le personnage principal est trop insupportable pour que je supporte un tel film. Quelques jours plus tard j'apprendrai la mort d'Anne Wiazemski ce jour-là.
6 octobre : Eric Toledano et Olivier Nakache, Le sens de la fête, 2017. Sans grand intérêt malgré les commentaires plutôt bon sur allô ciné.

3 novembre : Ruben Östlund, The Square, 2017. Intéressant, touchant.
14 novembre : Roman Polanski, D'après une histoire vraie, 2017. Bof.
15 novembre : Andreï Zviaguintsev, Faute d'amour, 2017.
24 novembre : Janaceck, De la maison des morts,

mercredi 26 octobre 2016

Projets

Ce moment terrible où tu t'aperçois que tout ce que tu as à raconter concerne des détails de boulot… Trop fastidieux (encore un conseil d'administration étrange, genre En attendant Godot. Le problème, c'est qu'il y a des dates limites à respecter (le temps des paramétrages informatiques, mise en prod, envoi de courriers d'information) si l'on veut faire des modifications pour 2017. Sinon il faudra attendre 2018…)

Quelles nouvelles ?
- je continue Lord Jim;
- demain j'irai voir Médée mis en scène par Alexandre, le mari de Matoo;
- vendredi j'irai écouter Elisabeth au dernier colloque des Invalides;
- le 5 décembre il y aura une lecture de Sauvé d’Alfhild Agrell à la bibliothèque la Nordique (chic, une bibliothèque inconnue) 6 rue Valette.

samedi 22 octobre 2016

Samedi à Paris

"Rendez-vous pédagogique" après les trois mille kilomètres de conduite accompagnée. H. et moi y assistons tous les deux, et j'ai bien peur que nous ayons été très bavards.
Je crois que le moniteur d'auto-école s'est bien amusé en essayant de surprendre O entre Bièvres et Issy-les-Moulinaux. La façon dont des quatre voies côtoient des quasi-chemins de campagne en région parisienne est étonnante.

Commentaire du moniteur: «le travail a été fait».
Le permis se passe dans le centre de Villacoublay. Examen le 26 novembre. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'y a aucune insistance sur les manœuvres (le sacro-saint créneau a disparu des préoccupations): tout se concentre sur la façon de circuler, de se positionner dans la circulation, de changer de direction, de dépasser, etc.

Emplettes. Achat de chemises aux manches extra-longues (pas si simples à trouver : Café coton).

Moi et Mitterrand au théâtre du Rond-Point. On rit — mais ce récit est pathéthique. ("La lune est plus importante que le soleil car c'est la nuit qu'on a besoin de lumière.")

mardi 5 mai 2015

Théâtre ce soir

Comme chaque année, théâtre de l'école alsacienne.
L'impromptu de Versailles (ce serait drôle de l'adapter avec les hommes politiques et les gens de la télé aujourd'hui);
Georges Dandin, pièce cruelle ;
L'école de femmes, magnifiquement jouée par des acteurs de toute beauté;
Critique de l'école des femmes, avec la surprise de découvrir ce qui choquait à l'époque : pas du tout le mariage forcé entre une très jeune fille tenue à l'écart par un homme mûr se la "réservant", mais les sous-entendus grivois.


Pensées pour RC :
GEORGE DANDIN.— Puisqu'il faut donc parler catégoriquement, je vous dirai, Monsieur de Sotenville, que j'ai lieu de…
MONSIEUR DE SOTENVILLE.— Doucement, mon gendre. Apprenez qu'il n'est pas respectueux d'appeler les gens par leur nom, et qu'à ceux qui sont au-dessus de nous il faut dire Monsieur tout court.
GEORGE DANDIN.— Hé bien, Monsieur tout court, et non plus Monsieur de Sotenville, j'ai à vous dire que ma femme me donne…
MONSIEUR DE SOTENVILLE.— Tout beau. Apprenez aussi que vous ne devez pas dire ma femme, quand vous parlez de notre fille.
GEORGE DANDIN.— J'enrage. Comment, ma femme n'est pas ma femme?
MADAME DE SOTENVILLE.— Oui, notre gendre, elle est votre femme, mais il ne vous est pas permis de l'appeler ainsi, et c'est tout ce que vous pourriez faire, si vous aviez épousé une de vos pareilles.
ou encore, dans L'école des femmes, devant Arnolphe se faisant appeler de la Souche : RC devrait en faire autant, peut-être.

mercredi 4 février 2015

Tuteur

Les études de théologie que je suis étant réservées à des adultes ayant une vie professionnelle, elles prévoient pour nous aider à reprendre un rythme estudiantin des "tuteurs", des personnes attribuées à chacun de nous et destinées à nous aider dans la méthode et, tout au moins au début, à vérifier que nous lisons assez et que nous lisons bien (que nous savons lire, prendre des notes, comprendre des structures (à vrai dire, je suis de moins en moins sûre du dernier point. Cette année est une année de doute, je ne comprends pas, je ne saisis pas, je ne vais pas y arriver, etc (ne pas penser et s'obstiner, politique du bœuf de labour, jusqu'à ce que tout le champ y passe (parenthèse hors sujet)))).

Les deux tuteurs que j'ai eus jusqu'ici exerçaient en dilettante. J'arrivais avec une liste de livres lus, mon répertoire thématique Clairefontaine de citations et nous discutions agréablement de choses et d'autres. Les seuls conseils que j'ai eus ont été, du premier, de dater mes lectures, du second, de lire Beauchamp. Tout cela n'était pas très utile mais sympathique, surtout que je recueillais de fort bonnes notes en fin d'année.

Cette année, et pour les quatre années qui restent, m'a été attribuée une femme austère à la réputation effrayante, ayant fait sa thèse de doctorat sur la mystique de St Jean de la Croix. Lundi soir j'ai vu arriver dans ma boîte mail la demande de lui envoyer "l'ébauche du travail que j'allais lui présenter mercredi" (aujourd'hui) (nous étions convenus que cette séance de tutorat porterait sur l'oral d'exégèse ayant lieu en avril). Bien entendu je n'avais rien, n'ayant jamais travaillé ainsi avec mes tuteurs. Rentrée de cours à minuit, travail de quatre heures du matin à huit (heureusement Olivier commençait à dix heures), premier envoi mardi matin avec promesse d'un second, rebelote dans la nuit de mardi à mercredi, envoi mercredi midi du choix de ma péricope et d'une ébauche d'analyse (ayant choisi un sujet sur l'épître aux Colossiens, il m'appartenait de délimiter un extrait (péricope) de l'épître pour répondre au sujet).

J'appréhendais de la rencontrer. Elle m'a reprochée de lui avoir envoyer la péricope trop tard, qu'ainsi «il lui était difficile de m'aider». Et effectivement, elle m'a aidée. Elle avait apporté des photocopies de dictionnaire, m'a indiquée par quoi il fallait commencer, a articulé une problématique, m'a donnée des pistes («les impératifs de Paul renvoient toujours à des affirmations, trouvez lesquelles»; «quelle est la question théologique posée par Nostra Æetate?» Je balbutie quelque chose. «Non, ça, c'est la réponse»). Elle a défriché, donné des principes, je me suis sentie moins démunie face à ce truc fuyant et incompréhensible qu'est l'ecclésiologie («le corps mystique du Christ»: mais y a-t-il quelqu'un qui comprenne vraiment ce que cela veut dire?)
Elle a terminé en me disant que dans les deux mois à venir je pouvais être amenée à changer de problématique et de plan au fur à mesure de ma réflexion, qu'à la fin de mon travail mon approche du sujet aurait sans doute changé, que «j'aurai été déplacée».
Et cela m'a fait rire en me rappelant une boutade de première année. Qui avait dit que dans cette maison, le leitmotiv était «le déplacement» accompli par tout travail? (la façon dont ce qu'on pense à priori avant de commencer est transformée par le travail accompli: ce qui compte, c'est la mesure de ce déplacement, c'est d'avoir conscience de l'écart et être capable d'en rendre compte). Je l'avais totalement oublié, voilà que cela ressurgissait.

Je suis sortie de la rencontre ravigotée. Je me sens comme un pied de petit pois qui aurait trouvé sa rame.

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Agenda
Le soir The Haunting Melody avec la classe d'Olivier. Beaucoup somnolé, des bribes de musique passant dans mes songes. Je ne suis pas emballée mais cela pourrait intéresser mes amis mélomanes (ou musicologues? réflexion sur les musiques qui tissent nos vies bon gré mal gré).

dimanche 1 février 2015

Dimanche

A Melun pour rien — accès au ponton inondé, débit à 585 m3/s. (La limite pour "sortir" est à 500).
En face du club, l'eau arrive au ras de l'île sur laquelle est bâtie la prison. Le ponton n'est plus accessible.





Le Revizor au théâtre de la Tempête. Spectacle s'appuyant sur un mot de la fin, "pantin", avec une mise en scène insistant sur la farce et le grotesque.

dimanche 25 janvier 2015

Dimanche

Aviron pour la première fois depuis quinze jours. Peu de monde, yolette de trois rameurs + un barreur. Il fait doux (photo 11h46 en regardant vers l'amont. Au quatre).


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Caligula à l'Epée de Bois l'après-midi. Formidable, mise en scène à la fois sobre et baroque (les deux, oui : peu de moyens, beaucoup d'effets).

Pour le reste, découvert qu'on ne dit pas cardamone mais cardamome.

samedi 10 janvier 2015

N'empêche

Que Charlie hebdo soit l'occasion de prôner d'arborer le drapeau français (lors de la manifestation de demain) et de remercier la police et la gendarmerie et que les assassins de journalistes soient abattus dans une imprimerie ne manque pas de sel.

Et mon fils qui me dit superstitieuse quand je parle de karma…






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Agenda
Le matin cours de droit canonique. Passionnant. "Pour le salut des âmes" avant tout. Protection du "for intérieur".
Le soir Le Père Noël est une ordure au théâtre. Très drôle.

samedi 22 novembre 2014

Ce que le pouvoir fait aux hommes

Nous regardons machinalement Week-end royal. Je pensais avoir emprunté un gentil navet historico-romantique, c'est en fait un peu plus compliqué que cela: plus ennuyant (très lent, sans péripétie) et plus politique et psychologique.
En un mot, on y découvre que même paralysé, Roosevelt était un homme à femmes (a womanizer). Le personnage tel que joué par Bill Murray est tout à fait attachant.

Je ne me souviens plus de la phrase du scénario qui a provoqué la réfexion suivante d'Hervé:
— Les tentations sont nombreuses et je comprends qu'on y succombe. On est tellement détesté quand on dirige qu'on a soif de marques de tendresse.



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Agenda

Macbeth au théâtre du Soleil par Ariane Mouchkine. Je n'ose avouer que j'ai été un peu déçue. Je crois que je préfère les théâtres de bric et de broc, où le manque de moyen oblige au minimalisme, où la salle est si petite que les comédiens sont comme les frères des spectateurs.
Très bon Macbeth, guilleret, presque drôle dans sa résistance des dernières heures.
La méthode utilisée par lady Macbeth pour convaincre son loyal mari est tout à fait convaincante.

vendredi 2 mai 2014

Moins de gloire et plus de plaisir

Un peu de grec, un peu de rangement, et surtout les trois pièces de théâtre données cette année par l'école autour d'Arlequin, en reprenant la tradition de fantaisie de ce théâtre burlesque:

- Arlequin poli par l’amour de Marivaux : «Quand une femme est fidèle, on l'admire; mais il y a des femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées. Vous êtes de celles- là; moins de gloire, et plus de plaisir; à la bonne heure!»;
- Arlequin empereur dans la lune d’après Nolant de Fatouville, ou comment marier quatre jeunes filles (avec un clin d'œil aux anciens élèves qui a ravi la salle;
- Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, dans une mise en scène qui n'a pas craint de s'inspirer du plus comtemporain (allons, plus de spoil possible: le pastiche du film Titanic était à mourir de rire (et A. de dire le lendemain au petit déjeuner: «j'ai bien cru qu'ils allaient se retrouver à poil sur scène!» (oui, la salle s'est demandé ce qui se passait, sans y croire, mais en le voyant pourtant).

Bref, beaucoup ri.

samedi 25 janvier 2014

Samedi

Devoir de grec (sur table), déjeuner chez Mariage, musée d'Orsay (trop tard pour voir autre chose que la galerie des Impressionnistes), un tour (en fait trois) de grande roue à la Concorde (la moitié de la tour Eiffel disparaît dans la brume), le roi du pot au feu, Les Palmes de M. Schutz (très bien: la différence entre la physique et la chimie, l'explication de la radioactivité (enfin, très drôle, aussi, surtout)).

Retour à pied de la rue des Mathurins au théâtre de l'Odéon où est garée la voiture.

dimanche 12 janvier 2014

César doit mourir des frères Taviani

Parce que ce sont des Italiens qui jouent, la pièce semble écrite en italien et les acteurs paraissent parler de leur grand-père.

Parce que les répliques de Jules César ne nous sont pas familières et que ce sont des mafieux ou des assassins qui jouent, on ne sait plus en entendant certaines répliques si elles font partie de la pièce, des dialogues du film ou si ce sont de véritables échanges entre les prisonniers, échanges pris sur le vif qui n'auraient pas été coupés au montage.
Qu'est-ce qui est "vrai", qu'est-ce qui est faux? Rarement réalité et fiction se seront aussi étroitement mêlées (nappage, dirait RC). Et de quoi parle-t-on quand on parle de réalité? Le jeu est réellement toute la vie, puisque les acteurs n'ont pas d'autre vie que celle d'acteurs:

— On reprend, ne perdons pas de temps.
— Tu sais, ça fait vingt ans que je suis en prison, alors moi, perdre du temps…

vendredi 27 décembre 2013

Des pieds et des mains

Chaque année à Noël mon beau-père nous offre des places de théâtre à réserver via Cultival, et chaque année nous nous retrouvons vers le 20 décembre à devoir choisir une pièce en catastrophe avant la fin de validité des billets.

Nous avons donc choisi, un peu au hasard, un peu à cause des deux lignes d'introduction dans L'officiel des spectacles, Des pieds et des mains.
C'est une bonne pièce de boulevard, absurde et rythmée, avec une autruche (Clarence (c'est un mâle)), une superbe idiote (j'ai oublié son prénom: Dorothy?) et une impressionnante Miss Goebbels («Pas de lien de famille avec mon oncle le Dr Goebbels»).

Mais ce qui m'aura le plus frappée, finalement, c'est que depuis que j'ai parlé cannibalisme avec JYP (lui adoptant la thèse que l'interdiction de la viande de porc est destiné à prévenir le cannibalisme, moi rétorquant que cette thèse montre surtout les fantasmes et les peurs de ceux qui l'émettent), les histoires de cannibales pullulent autour de moi (je n'en dirai pas plus, j'ai déjà trop spoilé).

samedi 23 novembre 2013

Chapitres de la chute au Théâtre du Rond-Point (chronique des Lehman Brothers)

C'est tout simplement excellent.

L'auteur, Stefano Massini, est italien, et je ne sais qui a traduit, mais il y a un grand plaisir des mots, une structure en forme d'épopée et de contes (des refrains, des reprises), le support de la tradition yiddish voire biblique (Noé), une grande efficacité de la mise en scène qui permet de suivre sans difficulté toutes les transformations des six acteurs qui tiennent successivement tous les rôles.

L'histoire commence dans un minuscule magasin en Alabama dont la clenche de la porte coince un peu. Le magasin vend du tissu.
Incendie (je spoile: je ne crois que vous irez le voir, et si je me trompe, connaître l'histoire n'est pas handicapant). Le magasin va fournir tout ce qui a brûlé (graines, outils agricoles, etc) aux villageois — et acheter d'avance le coton brut, la prochaine récolte à venir, aux propriétaires ruinés.
Enrichissement sur fond d'esclavage. (C'est un constat, pas un jugement.)

Usines à filer le coton dans le Nord. Prospection auprès des exploitants d'Alabama. Mariage. Guerre de Sécession. Installation à New York. Chemins de fer. Canal de Panama. «Ce que nous vendons, ce n'est plus du coton, c'est de l'argent.» Emballement et cauchemars. Jeudi noir. Suicides. Les deux cousins Lehmann, le politicien et le banquier. Leçon de marketing: «Normalement, une vente est un échange équitable. Désormais, nous devons faire croire à celui qui achète qu'il y gagne, et que le vendeur est perdant.»

Le dernier Lehman meurt. Il y a longtemps que les rites de deuil juifs n'étaient plus suivis, mais maintenant il n'y a plus de Lehman pour s'en souvenir.
La pièce résume le combat entre la banque et la finance par un match de ping-pong entre un Grec (directeur de la banque) et un Hongrois (patron des tradeurs), match de ping-pong dominé par le Grec transformé alors par le Hongrois en match de squatch qu'il domine.
Dans la dernière scène, les directeurs attendent le verdict de l'Etat américain, la banque va-t-elle être renflouée? L'un d'entre eux murmure: «En 1929, nous n'avons aidé personne.»
Le verdict tombe: la banque est en faillite.

J'ai pensé à Blue Jasmine, à cette façon de pleurer sur soi-même après avoir concouru à sa propre perte.

vendredi 28 juin 2013

Un monde qui tourne peu rond

Aviron. Tee-shirts pour les quatre fils de Léopold. La Valse des caïmans de la troupe Green Paradise. Pièce déjantée et "fait maison", choix très éloigné de l'année dernière qui était lui-même très différent de celui de 2011.
Intéressant renouvellement, je me demande ce que sera leur choix l'année prochaine.

En sortant, un viet à Bellevile, à recommander (pièce minuscule, décoration inhabituelle (pour un viet), cuisine présentée avec soin).

H. revient de Tours. Il est hagard. Il me raconte sa semaine : «En fait, ce n'était pas très différent de la pièce. Je reçois un mail d'un inconnu, "J'arrive lundi, il est inutile de prévoir une voiture de fonction. Je viens avec trucmuche, il est d'accord, nous serons deux, la passation des connaissances est assurée". J'appelle Benoît, "C'est qui ce type, t'as embauché quelqu'un sans m'en parler? — Mais non pas du tout". Le type avait pété les plombs, comme nous avions racheté le produit sur lequel il travaillait, il avait décidé de venir travailler chez nous. On a reçu des mails toute la semaine; vendredi il s'est excusé comme s'il se réveillait.»

Plus tard :
— Elle nous a dit que son mari avait acheté un ballon. Nous, on a commencé à délirer, ah ouais, cool, les passes dans le salon…
— …
— mais en fait c'était un vrai ballon, un Zeppellin.

Et un collaborateur à l'hôpital, un divorce pour cause d'indiscrétion FB (le triste de l'affaire, c'est le bébé de six mois), un prototype de puce perdu, un logiciel qu'on n'arrive pas à installer («Je te jure, ils étaient trois spécialistes, pendant trois heures devant l'écran, ils ont tous, je dis bien tous, cliqué sur "non" quand la fenêtre posait la question "Voulez-vous installer ce logiciel?" Il était temps que la semaine se termine.»)

lundi 24 juin 2013

Remise des prix

Des catégories un peu inattendues (prix de l'amitié, prix du CDI, etc).

Claude a reçu le prix de la bibliothèque pour la variété de ses lectures et de ses centres d'intérêt. Cela me fait tellement plaisir pour tant de raisons différentes, à commencer par sa tendance à se dénigrer et à se comparer à ses frères.

Je suis contente, c'est la pianiste qui accompagnait la pièce de théâtre à la façon d'un film muet qui a été récompensée dans la troupe (cela a dû être difficile de choisir!).

vendredi 17 mai 2013

Engouement surprise

Tous les matins nous écoutons France Musique dix minutes, entre la maison et la gare du RER.
Ce matin, quelques secondes de Wagner, la chevauchée des Walkyries.

— J'aimerais bien voir ça, j'aime bien Wagner.
— Oui, moi aussi j'aime l'opéra.
— Comment? Ça vous intéresse? Mais j'y vais en octobre, à Dijon, la Tétralogie raccourcie sur un week-end. Vraiment, ça vous intéresse? Mais fallait prévenir!
— On ne peut pas te prévenir, tu ne dis rien.
— Ben oui, j'ai l'habitude que vous vous moquiez de moi. Bon, je vais voir s'il reste une place.
— Deux, et moi?
— Toi tu seras à Lisieux, je te rappelle. Lisieux-Dijon, on fait plus simple sur un week-end.
— Si, c'est faisable, je ne travaille pas le vendredi après-midi.
— Parce que tu as déjà ton emploi du temps de l'année prochaine?

Bref, ils viennent.

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Agenda : premiers pas dans la bibliothèque BOSEB Soulagement : ma bibliographie consiste en des articles et non des livres, c'est plus court (c'est important car les documents sont consultables sur place, et il est difficile pour moi d'être là entre 9h et 19h). J'ai l'impression que ma dissertation risque d'être un exposé des diverses thèses sur le sujet. J'ai sans doute intérêt à l'écrire avant de lire les articles, puis à l'enrichir ensuite, si je veux être un peu personnelle.

Se promener dans les rayonnages est amusant (Eléments d'écriture égyptienne sacrée). A ma table deux dames aux cheveux très blancs copient des lettres sur des feuilles à grands carreaux. De loin cela ressemble un peu à de l'arabe, en plus anguleux. J'aperçois la tranche du manuel qu'elles consultent : c'est de l'akkadien.

Dans l'autre bibliothèque, j'ai emprunté sur le présentatoirs des nouvelles acquisitions un livre au titre irrésistible: Saint Hilaire de Poitiers, théologien de la communion (ce n'est pas la seconde partie que j'aime, mais le nom. Grégoire de Naziance, Isidore de Séville, il y a une vraie jouissance du nom.)

Pot durant l'avant-dernier cours d'allemand.
Hit girls, dont la bande-annonce m'avait plu. Il y a du mou dans le récit, mais on rit. Skylar Astin a un visage sympa mais un nom impossible.
Un fil à la patte par la troupe de théâtre de l'école (sans O. parti à Jambville pour trois jours). ces lycéens sont toujours aussi extraordinaires.

Je lis le livre de Christian Delorme, prêtre en région lyonnaise : L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète.

mercredi 7 novembre 2012

Le procès de Charlotte Corday à l'Epée de Bois

Rendez-vous à Vincennes, je sors devant le château, je ne sais plus à l'angle de quel carrefour je dois les retrouver. Heureusement j'ai mon téléphone:
— Prends à l'est.
— Mais il fait nuit, comment veux-tu que je sache où est l'est?

Discussion à bâtons rompus. Pessoa en livre de voiture comme il y a des livres de chevet. De quoi avons-nous parlé dans la voiture, Prague déjà? Je ne crois pas.

Soupe, tarte salée, assiette de fromage, une bouteille pour trois. Le foyer de ce théâtre est très chaleureux, lambrissé, j'ai un coup de cœur pour cette pièce.

Nous parlons lectures. Aragon et Drieu La Rochelle, lire Gilles en même temps qu'Aurélien, histoire d'une bagarre de rue entre Aragon et ?? Cocteau??, deux folles brune et blonde, et la foule qui se met à parier (dans Gilles).
— Mais Aragon, c'était tout de même un salaud, un sacré menteur.
— J'ai eu la chance de le lire dans l'édition de ses œuvres dans les années 70; il écrivait des préfaces démesurées, c'était complètement fou, quatre cents pages de préface pour une vingtaine de pages comme Le Paysan de Paris.
— Celui que j'aime bien, c'est Breton, il ne s'est jamais compromis.

— Dans les années 70 je voyageais en Ukraine (je n'avais même pas vraiment conscience d'être en Ukraine). J'avais acheté le Monde à Varsovie. Je laisse ma voiture quelques instants, et quand je reviens, un homme me dit: «J'aimerais Le Monde».
— Vous parliez en quelle langue?
— En français, il parlait un français parfait, en Roumanie aussi, d'ailleurs. Je lui fais remarquer qu'il y a des poules sur la nationale et il me répond: «Ici, les poules sont libres.»
— C'est génial! Je me souviens quand j'ai pris le transsibérien de m'être arrêté dans un hôtel paumé de Bouriatie, et la femme qui le tenait parlait un français parfait. Nous avons raté beaucoup d'occasions il y a une dizaine d'années; c'est comme au Vietnam…
— Oui, nous étions aimés… Nous n'avons pas été à la hauteur de l'amour qu'on nous portait.

Se joue à l'Epée de Bois Cyrano de Bergerac.
— Un de nos désaccords.
Je suis surprise. Je ne m'en souvenais pas. Cyrano ne serait pas une grande œuvre? Mais quelle importance? Les trois mousquetaires non plus, et pourtant je défendrai toujours d'Artagnan. D'Artagnan ou Cyrano donnent une ardeur que ne donne pas Mallarmé, c'est important aussi. «— Et c'est? — Mon panache.»

Biographie de Casement par Vargas Llosa (Le rêve du Celte). Voyage d'étude, enquête, comment dire sans être anachronique, au Congo belge. Horreur, "le musée des mains coupées" à Bruxelles, on estime à dix millions les morts congolais («ce qui est beaucoup avec les moyens de l'époque»); c'est suite au rapport de Casement, indépendant, non-belge, que le Congo cessa d'être la propriété personnelle du roi.
— Il connaissait très bien Conrad. Sa fin fut dramatique. Il est parti en Allemagne au début de la [première] guerre mondiale et a été débarqué sur le sol irlandais juste avant le soulèvement de Pâques. Les Anglais ont fait un massacre et Casement a été condamné à mort. Conrad et Shaw ont refusé de signer la pétiton qui demandait sa grâce.

Pièce de Benoît, Le procès de Charlotte Corday. Plus tragique, plus violente, moins psychologique, moins nuancée que dans sa première mouture de 2009.

Encore un verre dans une brasserie de Vincennes. Le temps passe trop vite, beaucoup trop vite. Les serveurs commencent à ranger vers minuit, nous plaisantons avec eux, «on travaille demain» nous disent-ils. Je ne réponds pas que moi aussi, et plus tôt qu'eux.

mercredi 4 juillet 2012

Le projet Laramie

C'est une drôle d'histoire, le moment où un fait divers cesse de planer dans les hauteurs mythologiques pour redevenir réel: le reportage d'une troupe de théâtre revenu plusieurs fois dans une petite ville (26000 habitants) au milieu de rien (du vent qui rend fou) pour rencontrer des gens qui connaissaient la victime ou les meurtriers, pour rendre compte ensuite des relations existant entre les différents personnages et pour redonner une dimension incompréhensible au fait divers: comment deux jeunes hommes (deux jeunes bouseux) ont-ils pu battre à mort un troisième et surtout l'abandonner là dix-huit heures, partir continuer à vivre en sachant qu'il allait sans doute mourir (et d'abord de froid) s'il n'était pas trouvé à temps (il n'a pas été trouvé à temps). Cette question théorique devient terriblement concrète quand les interviews des habitants de la ville qui connaissaient la victime et les agresseurs, des professeurs, des amis, des serveurs de bar, lui donne corps.

Puis la troupe a monté les entretiens en une pièce en reprenant d'une part tous les points de vue sans commentaire (très important: sans commentaire. Il y a montage ET représentativité, mais pas de commentaire, de conclusion pré-pensée. Au spectateur de réfléchir, même si bien sûr il est prévenu (sans cela il ne viendrait pas voir cette pièce)) et d'autre part des éléments tirés des procès. Le tout donne une impression de reportage télé.
Par la magie du théâtre la parole reprend corps et tout redevient étrange. Vingt-six mille habitants, c'est la taille de ma ville, à peu près. Tout est bizarre: pourquoi ce fait divers-là a-t-il pris tant d'importance, alors qu'il n'était pas le premier? La taille de la ville? L'âge des protagonistes? Le lieu géographique? Ou peut-être la radicale gentillesse et inoffensivité de Matthew Shepard, décrit comme petit et souriant, face aux bouseux mal dégrossis?

Qu'est-ce qu'un crime "haineux"? Ou plutôt, qu'est-ce qu'un crime non haineux? Veut-on dire que lorsque qu'on tue pour voler, ce n'est pas par haine? Veut-on parler de crime gratuit par opposition à un crime non gratuit? (et donc? l'un serait plus justifiable que l'autre? dangereuse idée). Je suppose qu'il doit s'agir de combler un vide juridique ne permettant pas de poursuivre avec suffisamment de sévérité certains actes sur lesquels on ne sait pas mettre de mots. (Du droit comme la nécessité des définitions).

Pensé à Six feet under (un épisode me semble directement inspiré par Shepard), à Mangez-le si vous voulez ou à Brokeback Mountain.

C'est jusqu'à samedi, au théâtre Confluences par la troupe Green Paradise qui à neuf acteurs jouent un nombre impressionnant de personnages en changeant de casquette ou la place des chaises, en présentant chacun en voix off, comme le ferait un sous-titre sur un écran télé. Efficace mise en scène. Dépêchez-vous, c'est jusqu'à samedi.

dimanche 6 mai 2012

Hamlet

Vendredi soir, représentation d'Hamlet. Après Le Misanthrope de l'année dernière, je ne l'aurais manqué pour rien au monde.

Hamlet était joué par une jeune fille dont le style et l'allure me rappellent Inès de la Fressange. Excellents Hamlet, Claudio et Ophélie.

J'écoute le texte, je m'étonne toujours autant du succès de cette pièce si décousue, je me demande dans quelle mesure Shakespeare n'a pas profité de ce prétexte pour nous servir ses thèses sur la vie (en prétextant la folie…), mais aussi de quelle troupe d'acteurs il se moquait, et quelles étaient ses opinions ou croyances religieuses en ces temps troublés; je reconnais au passage l'exergue de L'Aleph, «un espace infini dans une coquille de noix». (Et l'importance du songe, toujours. Est-ce que tout cela n'est pas un rêve d'Hamlet, un cauchemar?)

Je pense à Pierre Bayard qui m'a fait découvrir l'histoire de John Dover Wilson qui me donne envie de pleurer chaque fois que je la lis. (En 2006, en 2006, je ne pouvais pas savoir que ce nom était si églogal).

mardi 10 avril 2012

Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Le spectacle m'a beaucoup plu, et le théâtre en lui-même aussi: j'ignorais que la Comédie française était en travaux, le chalet en bois de pin qui la remplace est plein de charme, je ne me lassais pas de caresser les poutres poncées.

Je suis sortie de la pièce emplie d'admiration pour Beaumarchais. Je comprends de moins en moins ce qui s'est passé au XIXe siècle. Quelle chute. Quel courage au XVIIIe siècle pour donner des droits à ceux qui n'en avaient pas. Je trouve cela bouleversant. Qu'attend-on pour faire une chaîne classique, une chaîne des Lumières, en arabe, à l'intention du Maghreb ou de l'Arabie, une anti-Aljezirah, quelque chose qui souffle la voix de la liberté de penser par soi-même et d'être heureux?

jeudi 30 juin 2011

Manque de Sarah Kane

Vite vite, j'écris ce billet bien que je sois en retard, parce qu'il ne reste que trois représentations.

Parce que j'avais lu rapidement quelques mots sur Sarah Kane, je m'attendais à un texte difficile. Je n'ai pas été déçue : pas "d'histoire" (de diégèse dirait Ricardou dirait Camus), des bribes, de la douleur, de l'amour qui se croise, des corps qui ne se croisent pas.
La mise en scène très sobre et très simple (chacun sur ses rails dans sa couleur) ordonne du mieux qu'elle peut le texte et lui donne littéralement un sens, une direction, et déjà en faisant le choix de dialogues contre des monologues.

Allez-y, c'est très intéressant. (Si le lien ci-dessus n'est pas rétabli, voici l'adresse : Comédie de la passerelle, 102 rue Orfila, métro Gambetta ou Pelleport, à 21 heures, le 30 juin, les 1er et 2 juillet)

lundi 23 mai 2011

Hitch

Hitch, encore cette semaine au Lucernaire. La pièce représente l'interview légendaire de Hitchcock par Truffaut. Elle intervient au moment du montage des Oiseaux.

J'attendais quelque chose de didactique, un poil ennuyeux mais riche d'enseignements, et ce n'est pas du tout cela. C'est un jeu sur les langues et les accents (c'est à la fois agréable, naturel et fatigant), avec des acteurs prenant la peine de ressembler à leurs personnages. J'ai découvert une Madame Hitchcock (je ne savais même pas qu'il y avait une madamde Hitchcok) drôle, fine et intelligente, un Hitch farceur fuyant le sérieux comme tout Anglais qui se respecte, et un Truffaut emprunté au point d'être raide, et cependant non dénué d'impolitesse.

La pièce met en scène un jeu entre la vérité et le mensonge, l'être et le paraître; bref, elle prend la peine d'être la démonstration de ce qu'elle évoque par instants, entre une réplique potache de Hitch et une question sérieuse de Truffaut.

Invraisemblance: vous refuseriez, vous, de dîner avec Hitchcock s'il vous invitait?

J'ai retrouvé quelques phrases célèbres, la qualité du film et la qualité du méchant, Marylin Monroe sans mystère, son sexe sur le visage… (je ne vois pas très bien la différence qu'il semble établir avec BB: BB, le sexe sur la peau tout entière?)

jeudi 12 mai 2011

Le Fou, de et par Benoit Lepecq

Benoît encore, à une heure ingrate (15 heures); il avait de la chance j'étais en réunion à deux pas du théâtre de la Pépinière, je suis partie au milieu des conférences sur la CNIL…

Spectacle en deux dimensions, sans le son et la lumière, et m'a frappée cette fois un aspect Charlie Chaplin, s'ajoutant à Rimbaud et Artaud qui viennent spontanément à l'esprit.

Ce spectacle est une merveille d'intelligence (et donc de poésie), tant du point de vue du texte que de l'interprétation.

dimanche 1 mai 2011

Bilan de la semaine

- Mardi Ulysses (de Joyce) et la musique, les dernières découvertes à ce sujet, la pointe de la recherche due à la découverte d'une source il y a deux ans environ.
Puis Guinness.

- Jeudi Oulipo : nous avons dit beaucoup de bien de La Syllabe et l'écho d'Alain Chevrier. Et pour répondre à une question que nous nous posions, oui, le livre est réimprimé (éclats de rire à apprendre que Chevrier est classé parmi les auteurs pornographiques à cause du Sexe des rimes).

- Vendredi Marcheschi, une lecture de Camille morte et une projection du très intéressant Vers la flamme.
Plaisir de voir Rémi en pleine forme. Donc (pour ne pas oublier) enterrer la sculpture marcheschienne avec les cendres de Rémi, en Grèce (lieu à repréciser), et boire une bouteille de rosé à sa santé (l'enterrer elle aussi ayant semblé dommage)).
Le reste du temps nous avons parlé culture et civilisation, bien sûr.

- Samedi Le Misanthrope (admirablement joué à un tarif défiant toute concurrence), avec un plaisir très vif, à la fois à cause de la jeunesse, de la beauté, du professionnalisme de ces acteurs en herbe, et à cause de l'impression de découvrir Molière, la profondeur de Molière (frappée par les résonnances avec La Fontaine: il faudra que je vérifie la chronologie, les influences possibles, et dans quel sens.)

dimanche 30 janvier 2011

Andromaque

Magnifique Andromaque cette après-midi, avec une mention spéciale à Léonie Simaga en Hermione.
Je ne me rends pas exactement compte de la part qui reveint à la mise en scène, à l'interprétation ou au texte, mais il s'agit bien plus des tourments d'Hermione déchirée entre son amour et son amour-propre que de ceux d'Andromaque entre l'amour pour son fils et sa fidélité à Hector.

Fils d'Achille, fils d'Agamemnon, fille d'Hélène, tous disparaîtront, dans la mort ou la folie. Il ne restera, ô paradoxe, que le fils d'Hector.

dimanche 21 novembre 2010

La Flûte enchantée

Une version courte, vive et enjouée, pour le théâtre, en partie en français ce qui permet de tout comprendre sans sous-titre.
Je n'étais pas très inquiète, connaissant la compagnie Ecla-théâtre depuis plusieurs années: jamais déçue.
Cela s'est confirmé.
Côté théâtre, plaisir des yeux, entre le décor, les costumes, les combats, les tours de magie, le feu, la fumée, etc.
Côté musique, cinq instrumentistes s'accordant du regard et jouant par ailleurs des personnages, une reine de la nuit parfaite (Julie Mathevet) et Sophie Albert en Pamina délurée heureuse d'être sur scène.
Et pour tous ceux que je n'ai pas cités.

L'aspect shakespearien de l'intrigue est magnifiquement mis en valeur, l'alternance de tragédie et de farce, de raison et de volubilité, ce doute qui plane longtemps: qui est le "véritable" méchant, la reine ou Sarastro? (ce doute ne sera jamais véritablement levé: nous sommes dans un cas de «chacun a ses raisons»). Je suppose que le rapprochement de cet opéra avec La Tempête est une tarte à la crème.


Il doit être possible d'y aller sans enfant, personne ne vous remarquera.

vendredi 8 janvier 2010

Désiré, de Sacha Guitry

Doux amer. La voix de Marianne Basler. Les toilettes monochromes. Réminiscences proustiennes. Décor dans son rôle de décor. Le plaidoyer initial de Désiré pour être embauché m'a rappelé Mlle Julie. La sourde/godiche. La pièce déjoue les attentes, plus proche de la tragédie (le sacrifice) que de la farce (la paillardise à la française); appel des corps qui ne peuvent se rejoindre, par respect de la parole. La mélancolie et la perte, les choix.

Une très bonne soirée.

mardi 10 novembre 2009

Mademoiselle Julie, de Strindberg, au théâtre du Nord-Ouest

Je l'ai déjà écrit, le charme du théâtre du Nord-Ouest, ce sont ses salles toutes noires, l'absence de décor, la proximité des acteurs. Mademoiselle Julie se joue dans la petite salle, l'espace de la scène est donc bordé de sièges sur trois côtés.

La pièce commence lentement, sur un constat: «Mademoiselle Julie est complètement folle!»
Repas du domestique servi par sa promise, exposition de la situation, apparaît Mademoiselle Julie, scène de séduction (de drague) effrontée, malaise du domestique qui souhaite protéger sa maîtresse de la déchéance, sociale et humaine, qu'il sait fatale, sans pour autant désobéir aux ordres qui se font humiliants et impudiques...
Puis la chair reprend ses droits et tout bascule.

Pièce à voir absolument, magnifiquement jouée par Audrey Sourdive, Jean Tom et Nathalie Lucas.
On en sort passablement secoué par la violence du texte et de la situation: pas d'issue, pas d'issue, pour celui ou celle qui ne saura pas tenir sa place, que ce soit une place attribuée par la nature ou par la société.

Pour une critique plus élaborée, voir ce blog consacré au théâtre.

dimanche 8 novembre 2009

A venir : Le procès de Charlotte Corday

Benoît récidive et nous propose un nouveau spectacle, le temps d'une soirée:



«C'est à une lecture que nous vous proposons d'assister, autour d'un verre, afin de découvrir le texte mettant en scène Charlotte Corday et son accusateur public, Fouquier-Tinville, au palais de justice. En assassinant Marat dans sa baignoire le 13 juillet 1793, Charlotte Corday signe l'entrée de la révolution dans « La Terreur ». Deux caractères s'affrontent alors : l'un légitimant son acte d'un point de vue politique, l'autre le jugeant inflexiblement. Cette guerre des nerfs alimentera le fanatisme révolutionnaire de part et d'autre.»

Si vous y allez, envoyez par précaution un mail à info@chateau-de-villiers.com .

mardi 20 janvier 2009

FB IRL

Dimanche. Nous avons rendez-vous avec Patrick au Chat noir (rue Jean-Pierre Timbaud), mais finalement nous nous installons en face, dans un café vide.

Cette journée sera l'occasion d'apprendre bien des choses sur Patrick, en particulier qu'il est le traducteur-réviseur d'une biographie de Melville1 et le webmaster du site consacré à Claude Mauriac.
Nous discutons agréablement; nous faisons connaissance: après tout, je ne le connais que comme commentateur de mon blog et participant des lectures de L'Amour l'Automne chez Rémi, nous n'avons jamais eu l'occasion de nous parler plus de cinq minutes d'affilé.

Nous assistons à La Légende du grand Inquisiteur.

A la fin de la représentation, moment d'hésitation. Avec mon célèbre sens des relations sociales, j'hésite à aller me présenter, je sais (via FB) qu'une amie de Benoît est dans la salle, j'ai peur de déranger, de m'imposer. Seul le fait de savoir qu'il me sera impossible d'expliquer ensuite pourquoi je ne suis pas allée me présenter me décide à y aller. Je balbutie quelques mots à genou en aidant à éteindre les bougies.

On s'est bien amusé.

Nous avons évoqué la mémoire comme muscle, le costume d'inquisiteur taillé sur mesure (et le nombre de boutons), la tricherie au niveau du chapeau (les deux pompons remplacés par une ganse 2, la possibilité que Benoît prenne feu (le bûcher grandeur nature, la vengeance de Jésus, «Il revient et il n'est pas content»); le théâtre aujourd'hui qui ne «ne sent plus assez le cul», Cécile Sorel qui jouait au Français puis terminait sa soirée en descendant les marches des Folies Bergères, les danseuses des Folies Bergères (danseuses ou pas? (Sajani, danseuse, faisait la moue)), la possibilité de jouer la suite du Grand inquisiteur ou une adaptation des Discussions obstinées 3 dans un filet façon Théâtre des deux boules 4, l'organisation d'un happening à Bruxelles pour surprendre Jean-Yves en tee-shirt "Pranchère lovers" (j'ai songé confier cette organisation à Naoki),…

Benoît était le premier contact "pur FB" que je rencontrais.

Patrick, C. et moi déambulons aux Halles afin de s'acquitter d'une vieille promesse: boire une Guinness ensemble. Cela prend un peu de temps et nous finissons par échouer au Hall's Beer que je vais de ce pas ajouter à ma liste.


Note
1 : Herman Melville par Lewis Mumford, première biographie écrite lors de la redécouverte de Melville dans les années 20.

2 : Mais finalement, peut-être n'avions-nous pas les idées mal placées: Paul m'a appris hier que l'une des questions qu'on pose au pape lors de son intronisation est à peu près: "en avez-vous deux bien descendues?" (mais en latin, c'est tout de suite plus classe.) Est-ce une conséquence de la papesse Jeanne ?

3 : C.: — C'est quoi "Discussions obstinées"? Moi: — Un débat sur la pornographie. C.: — Ça ne m'étonne pas.

4 : C.: — C'est quoi le théâtre des deux boules? Moi: — Un cabaret porno où les ébats avaient lieu dans un filet au-dessus des spectateurs. On recevait de la sueur et autres… Benoît, mort de rire: — Ah tu connais?

dimanche 18 novembre 2007

Les classiques sont increvables

Lorsqu'une pièce s'intitule Tout Shakespeare en une soirée et qu'elle dure une heure, moi, naïvement, je m'attends à un condensé humoristique des pièces de Shakespeare — peut-être pas de toutes mais au moins des plus célèbres — reprenant leurs lignes de force et les personnages principaux. J'espère une espèce d'article Wikipedia sur scène, quelque chose de drôle et de vivant qui joue comme un aide-mémoire.

Nous nous sommes retrouvés devant un tilleul (très beau, d'ailleurs, un magnifique poster scolaire) et deux acteurs auxquels je m'empresse de préciser qu'il n'y a rien à reprocher.
Je retiens "les classiques sont increvables"; le pape baise la terre d'Autriche; l'archevêque de Vienne s'entend très bien avec le pape, après les répétitions ils boivent ensemble un demi-coca frappé (ayant décidé d'envoyer l'autre moitié aux assoiffés d'Ethiopie). Vienne n'est pas une bonne idée pour un Allemand, surtout le Burgtheather. "Nous avons sous-estimé la culture et la haine viennoises".

Je retiendrai de cette heure pendant laquelle j'ai failli m'endormir (ce qui est très gênant dans une salle si petite) que décidément je n'aime pas le théâtre absurde, l'absurde ne me fait rire que "dans la vraie vie".
Ici j'ai attendu Godot, et je me suis beaucoup ennuyée.


Tout Shakespeare en une soirée de Thomas Bernhard au Théâtre du Nord-Est.

dimanche 19 août 2007

Les Joyeuses Commères de Windsor

Mercredi 15 août, soirée.

Songe d'une nuit d'été nous ayant convaincu, nous retournons au théâtre du Nord-Ouest, cette fois dans la petite salle. Enfin, je suppose: en réalité il n'y a pas beaucoup de différence, les sièges sont plus mous, plus avachis, on dirait de vieux canapés, ils entourent la scène sur trois côtés.
La grande faiblesse de cette représentation sera la chaleur et une persistante odeur de sueur. En effet, il est sans doute très difficile d'aérer cette salle, et l'air stagnant restitue les remugles de la représentation de l'après-midi.

La pièce est plaisante, les acteurs convaincants, il s'agit d'une farce traditionnelle sur le thème du joueur joué. La troupe est plus âgée, ce qui convient bien aux personnages. Je suis inquiète les dix premières minutes, c'est très brouillon, je me dis que cette fois je ne vais rien comprendre (ma grande angoisse dès qu'il ne s'agit pas de livre, où l'on peut toujours remonter de quelques pages quand on n'a pas fait attention à un détail ou qu'on l'a oublié).
Et puis non, comme souvent il suffisait d'attendre que l'intrigue se mette en place.
Une fois encore le décor est minimal, une table, un banc, des verres, apportés et emportés par les acteurs. Entre les tableaux, un ou deux acteurs défilent avec une banderole pour indiquer le lieu de la scène à venir (en effet, les lieux changent continuellement), ils pourraient s'éviter cette peine, cela n'a pas grande importance, mais c'est amusant ces banderolles, "auberge de la jarretière" ou "maison de Gué" ou "jardin de Gué", etc. J'aime beaucoup cette abscence de décor, les décors qui veulent "signifier" m'effraient.

La pièce est amusante mais moins surprenante que Songe d'une nuit d'été.
Je note au passage que Shakespeare semble avoir une prédilection pour les pièces jouées dans les pièces, la mise en abyme de la représentation: je connais peu de pièces et je peux déjà citer trois cas, Hamlet, Songe d'une nuit d'été, et maintenant Les Joyeuses Commères de Windsor, sous une forme un peu différente. Ici, il ne s'agit pas d'une pièce de théâtre dans la pièce de théâtre, mais d'une représentation à huis clos, à l'usage d'un seul, Falstaff, caché derrière un pilier. C'est un moment intéressant car les actrices dédoublent alors leur jeu, de façon remarquable, pour jouer le fait qu'elles jouent.
Jouer en effaçant la marque du jeu (à notre usage) et chercher l'illusion de la réalité, jouer en accentuant les marques du jeu (à l'attention de Falstaff mais bien sûr à la nôtre, puisqu'il s'agit que nous comprenions le double jeu) et montrer l'illusion du théâtre, ce double registre paraît une préoccupation de Shakespeare (conclué-je imprudemment après avoir vu cinq ou six pièces shakespeariennes dans ma vie).

mercredi 15 août 2007

Songe d'une nuit d'été

Lundi soir.

Cette pièce m'intriguait à cause du réseau d'allusions dont elle paraît le centre : Les Celtiques (Corto Maltese), Sourires d'une nuit d'été d'Ingmar Bergman, Comédie érotique d'une nuit d'été de Woody Allen, Le cercle des poètes disparus, etc.

Je connaissais Obéron, Puck, j'avais vu la tête d'âne.
Je ne m'attendais pas à rire autant et à sortir la tête aussi légère.

Comment écrire sans rien dévoiler?

Commençons par des renseignements généraux : le théâtre du Nord-Ouest présente l'intégrale de Shakespeare (34 pièces) jusqu'en mars 2008. Il a inventé la carte UGC du théâtre: pour 90 euros, on peut assister à autant de représentations qu'on le souhaite. Le programme est ici.
Il propose également d'acheter une pierre du théâtre, pour garantir l'indépendance de la troupe. Malheureusement la part est chère, mille euros. L'initiative de la souscription est soutenue par l'association Miroir du Monde, qui semble tout à fait sérieuse.

Nous entrons dans la salle par la scène. La salle est entièrement noire, le sol semble d'ardoise (je l'ai touché en partant, c'est une sorte de linoléum ressemblant aux sols des activités pour enfants), la scène descend lentement en marches basses d'environ un mètre cinquante de large. Il est sans doute possible d'y mettre quelques accessoires, mais visiblement elle n'est pas prévue pour cela. Les acteurs joueront sans décor, et je m'amuserai à composer un décor mental, celui des théâtres itinérants du Capitaine Fracasse.
Bonne nouvelle, contrairement à la plupart des salles parisiennes, il y a de la place pour les jambes.

La pièce commence. Les acteurs sont inégaux, jeunes, leur voix mettra un peu de temps à se chauffer. Ensuite, ce sera du pur plaisir, entre le texte, le jeu des acteurs, la mise en scène, vive, loufoque, qui représente avec un rare bonheur la lubricité, la folie, le désespoir, l'amour, et se moque gentiment des simplets et sans aucun doute des spectateurs: comment comprendre autrement que Shakespeare prévoit d'expliquer que le lion sur scène n'est pas un vrai lion (et autres fadaises, je ne veux pas en dire trop pour ceux qui ne connaîtraient pas), et qu'il aille jusqu'à expliquer trois fois la même chose, une fois en prévoyant un prologue (prologue au prologue), ensuite en faisant jouer le prologue (sorte de résumé de l'intrigue remplacé aujourd'hui par la feuille A4 fournie à l'entrée de la salle), puis la pièce racontée par le prologue...

Les enchâssements et les jeux de miroir sont multiples, la traduction est vive et enjouée (bien meilleure pour la scène que celle donnée par mon édition Bouquins), les acteurs totalement imprégnés de leur texte et des mouvements de scène.
Puck/Robin surtout est magnifique, à la fois comme homme et comme acteur, il a sans nul doute une formation de danseur, et son jeu comme son corps sont remarquables. Il vaut le déplacement à lui seul. Mais des rôles plus effacés sont également très bien tenus, et je vous recommande Thisbée, sans compter le mur...

Il s'agit vraiment d'une pièce pour rien, au prétexte ténu, sans leçon ou moralité, absolument invraissemblable et s'en moquant, une vraie réjouissance. Incidemment, elle donne l'explication du déréglement des saisons en Europe et des inondations que connaît l'Angleterre: Obéron et Titania se disputent, seule leur réconciliation rendra sa régularité à la ronde des saisons:

Pures inventions que crée la jalousie.
Jamais depuis le temps du solstice d'été
Je ne t'ai rencontré par bois, vaux ou collines,
Par sources empierrées, ruisseaux bordés de joncs,
Ou rivages marins, qui déroulent leurs plages
Pour nos rondes rythmées par la chanson des vents,
Que tu n'aies dérangé nos jeux par tes querelles.
Alors les vents, lassés de leurs vains chants de flûte,
Comme pour se venger ont sucé dans la mer
Des brouillards contagieux qui, tombant sur le sol,
Ont réveillé l'orgueil des plus minces rivières
De sorte qu'elles ont débordé de leur lit.
Aussi le bœuf a-t-il en vain tiré son joug
Le laboureur sué our rien, et le blé vert
A pourri sans que son enfance ait eu de barbe.
Dans les prés inondés l'enclos demeure vide,
Les troupeaux décimés engraissent les corbeaux,
La boue vient envahir le terrain de marelle;
Les sentiers du dédale entre les herbes hautes
N'étant plus parcourus deviennent indistincts.
Les mortels sont privés des plaisirs de l'hiver.
Plus d'hymnes, de chansons qui sanctifient la nuit.
Aussi la Lune, qui préside à tous les flux,
Pâle de rage, rend humide l'atmosphère,
De sorte que partout le rhumatisme abonde
Et ce climat brouillé dérange les saisons.
Les frimas à tête blanche se répandent
Jusque dans le sein frais des roses cramoisies.
A son front dégarni et glacé, le vieux Hiems
Reçoit, pour se moquer, l'odorant chapelet
Des beaux boutons de l'été. Et l'été, le printemps,
Et l'automne fécond et le hargneux hiver
Echangent leur livrée, et le monde ébahi
A leurs effets dès lors ne peut les reconnaître;
Or tout l'engendrement de ces maux est produit
Par nos dissentiments à nous, par nos querelles.
Nous sommes leurs parents, c'est nous leur origine.

Titania dans la scène 1 de l'acte II. Traduction Jean Malapate dans les Œuvres complètes de la collection Bouquins, tome "Comédies I" p.683
voir le texte original


Parce que je ne la trouve pas sur le net, et pour remercier les acteurs de cette excellente soirée, je copie ici la distribution:
Traduction : Jean-Michel Déprats
Mise en scène : Nicolas Luquin
Assistantes : Maïlis Dupont et Chloé Bernadoux
Création lumière : Valentin Fraisse et Florent Enjalbert
Costumes : Tatiana Hasan
Scénographie : John Bercq
Musique : Andréa Parias et Julien Gauthier
Création maquillage et masque : Adeline Kœger

Thésée / Obéron : Alexandre Texier
Hyppolyta / Titania : Stéphanie Crame
Puck / Philostrate : Julien Alluguette
Egée : Marc Esterez
Lysandre : Aurélien Bédéneau
Démétrius : Nicolas Luquin
Hermia : Nastassia auf des Mauer
Héléna : Alice Dumont / N. Van Tongelen (je ne sais laquelle nous avons vue: une petite blonde au nez retroussé jouant très bien la colère et l'exaspération)
Fleur des pois : Tatiana Hassan / Annabelle Boussaud
Toile d'araignée : Florence Pasquier
Phalène : Sandie Bassard
Graine de moutarde : Béatrice Guiraud
Nick Bottom : Nicolas Siouffi
Francis Flute : Jean-Loïc François / Mickaël Viaud
Peter Quince : Vincent Bramoullé
Tom Snout : Alexandre Morand / Sébastien Coënt
Snug : Christopher Garcia-Alvarez
Robin Starveling : Claude Dos Santos
Le chien : Chanel

jeudi 1 mars 2007

L'importance d'être Constant

J'avais envie d'aller voir cette pièce: il y a plus de vingt ans un ami m'avait tenu un discours enthousiaste sur l'intelligence de la traduction: «The importance of being earnest, L'importance d'être constant, ah, que c'est bien trouvé!», etc. Cet ami ne s'enthousiasmait pas souvent et je l'aimais beaucoup, j'en avais gardé une certaine curiosité pour la pièce, sans compter mon goût pour Oscar Wilde.

J'étais malgré tout un peu inquiète. Je prévins H.:
— Tu sais, la pièce ?
— Oui ?
— Il faut que je te dise... il y a la cruche de Taxi qui joue dedans...
— Emilien ?
— Oui, c'est ça.
H. a fait une drôle de tête et a conclu charitablement : «Qui sait, c'est peut-être un rôle de composition».

C'est un rôle de composition. Frédéric Diefentalh est très bon. (Et cela n'a rien à voir, il ressemblait étonnamment ce soir-là à Daniel Auteuil. J'ai appris à cette occasion que Gwendoline Hamon est sa femme. Finalement, lorsque Diefenthal baisa furtivement le poignet de Gwendoline Hamon au moment des rappels, il ne fit que perpétrer ce qui choque Oscar Wilde dans la pièce: «Le nombre de femmes à Londres qui flirtent avec leur propre mari est absolument scandaleux.»)
Celui qui joue le moins bien est sans doute Lorant Deutsch. Nous n'avions jamais entendu parler de Marie-Julie Baup: elle est excellente. Elle ferait une merveilleuse Elisa dans Pygmalion de Bernard Shaw.

Je n'ose plus rien dire sur les décors de théâtre depuis que j'ai appris qu'aimer les décors du style Au théâtre ce soir est horriblement ringard. Personnellement, je trouve cela reposant, de même que les costumes d'époque (ou à peu près d'époque, enfin bref, pas de notre époque): un canapé est un canapé et le mousquetaire n'est pas habillé en martien, oui, c'est reposant.
Toujours est-il que j'ai un faible pour les pièces en costumes d'époque parce que les robes sont très jolies.

Donc le décor est reposant, les acteurs jouent bien, dans ce style à peine forcé des pièces de boulevard, et le texte d'Oscar Wilde est immoral: il faut aller voir cette pièce.

ALGERNON: En réalité, je ne suis pas du tout dépravé, cousine Cecily. N'allez pas croire que je suis dépravé.
CECILY: Si vous ne l'êtes pas, alors vous nous avez tous trompés d'une façon vraiment inexcusable. Vous avez fait croire à l'oncle Jack que vous étiez entièrement corrompu. J'espère que vous ne menez pas une double vie, faisant semblant d'être dépravé, alors qu'en fait, vous êtes parfaitement vertueux. Ce serait de l'hypocrisie.
ALGERNON, la regardant avec étonnement: Oh, naturellement je me suis conduit de façon plutôt irréfléchie.
CECILY: Je suis heureuse de l'apprendre.
ALGERNON: En fait, maintenant que vous soulevez la question, je me suis très mal conduit dans la mesure de mes modestes moyens.
CECILY: Vous ne devriez peut-être pas vous en vanter, même si je ne doute pas que cela ait été fort agréable.

Acte II, p 1467 dans la Pléiade
En sortant, C. constate: «Finalement, le titre est à prendre vraiment au pied de la lettre».

dimanche 25 février 2007

La Vie des autres

Zvezdo, Phersu, Matoo, avaient écrit sur ce film… Seul le billet de Matoo est encore accessible huit ans plus tard.

Je m'attendais donc à ce que ce soit bien, mais cela m'a plu au-delà de mes attentes, je suis vraiment contente d'avoir pu voir ce film en salle. Bien sûr qu'on peut l'accuser d'être idéaliste, mais c'est justement ce qui fait du bien. Ce film réussit le tour de force d'être triste (tout le monde a les yeux rouges en sortant de la salle) et de vous laisser réconfortés. C'est une rare performance.

Le reste du billet tient du spoiler.
(Visiblement la fonction qui permet de cacher la suite du billet en mettant un lien "Lire la suite..." a dû être désactivée la dernière fois que le code de ce blog a été bidouillé. Tant pis).

Mon moment préféré est sans doute le dialogue avec le petit garçon dans l'ascenseur:
— C'est vrai que tu es de la Stasi?
— Tu sais ce que c'est, la Stasi?
— C'est des méchants qui mettent les gens en prison.
— Je vois. Qui t'a dit ça?
— C'est mon papa.
— Ah. Et comment s'appelle... euh...
— Comment s'appelle qui?
— Ton ballon. Comment s'appelle ton ballon.
— T'es drôle, toi. Ça n'a pas de nom, un ballon.
Pour moi c'est le tournant du film, la fêlure. Et ce petit garçon joue très bien.

J'ai envié le décorateur qui a eu en charge le décor de la chambre d'Albert Jerska.

1984 fait bien sûr penser à 1984. J'ai été frappée que la structure du chantage exercé sur Christa-Maria Sieland soit exactement la même que celui exercé dans 1984: amener à trahir l'être aimé en mettant à jour la peur la plus profonde du sujet. Dans 1984, il s'agit de la peur des rats, dans La Vie des autres, il s'agit de la peur de ne pas remonter sur scène.

Note huit ans après: chez Phersu, de mémoire, quelqu'un avait fait remarquer dans les commentaires que si l'agent de la Stasi avait correctement fait son travail au lieu de chercher à protéger les déserteurs (le mot exact m'échappe), ceux-ci auraient su qu'ils étaient écoutés lorsqu'ils firent un test et rien ne serait arrivé (ou: l'enfer est pavé de bonnes intentions).

J'ai beaucoup aimé les fins successives qui s'emboîtent, donnant une couleur différente au film à chaque fois.
- Si le film s'était arrêté au moment de l'accident de l'actrice ou au moment où Grubitz promet à Wiesler qu'il ouvrira le courrier le reste de sa carrière, il se serait agi d'un film classique dénonçant un régime politique et plus généralement illustrant l'implacabilité du destin, le peu de poids d'un homme face à l'Histoire.
- S'il s'était arrêté sur le visage de Gorbatchev ou au moment où Wiesler apprend la chute du mur, il aurait illustré que «les méchants meurent aussi» et qu'«il y a tout de même une justice, il suffit d'attendre».
- Lorsque le film nous montre Dreyman lisant son dossier, il se fait documentaire, illustrant la façon dont l'Allemagne a choisi vivre avec passé. (Et j'ai pensé à ce vitrail de la cathédrale d'Ulm consacré aux Juifs, montrant tout en bas les déportés destinés à être assassinés).
- En se terminant comme il se termine, il donne une place prépondérante à l'art, mais aussi aussi à la gratitude et à la reconnaissance. C'est sans doute pour cela qu'on se sent aussi bien en sortant, un peu consolés, un peu rassurés.
La dernière réplique est excellente.

En faisant quelques recherches en écrivant ce billet, j'ai découvert le blog eurotopics.
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