Billets qui ont 'vêtement' comme mot-clé.

Une question d'essayage

Je réveille H. à huit heures. L'objectif de la journée est d'acheter une veste sombre à H. pour l'enterrement. Nous prenons notre temps, ce qui fait que lorsque nous vérifions sur CityMapper l'heure du prochain train, il est trop tard pour avoir celui de 9h55. Par bizarrerie le train suivant est une heure plus tard (et non une demie-heure). Une heure de perdue par négligence, que j'occupe en déballant mes affaires.

Gare de Moret. Et là, patatras: problème d'aiguillage. Nous l'aurions vu si nous avions revérifié CityMapper avant de quitter la maison, mais qui revérifie les horaires à trente minutes d'intervalle?
Des gens attendent depuis vingt minutes sur le quai.
— Café chez Toufik? propose Hervé.
— Non, il est en vacances.
— Décidément, tout va bien.

Combien de temps attendre? C'est le «piège abscons», théorisé il y a bien longtemps dans Petit manuel de manipulation à l'usage des honnêtes gens: emporté par le besoin d'avoir raison, plus on attend, plus on attend.
— On prend la voiture?
— Si ça repart dans un quart d'heure comme ils l'annoncent, ça ne vaut pas la peine.

Bref, un train finit par passer.
Pont de Melun, 11h49.

La Seine vue du pont SNCF à Melun


Repas au «Goût du sablé» dans le douxième, que je voulais faire découvrir à H. depuis longtemps.
Essayages, veste bleu sombre et pantalon anthracite, la base. Chapelle expiatoire dans le huitième à la recherche d'un endroit calme pour téléphoner (raté). Le quartier a changé, mon coiffeur n'existe plus. Nous sommes fatigués, nous rentrons.


Le titre de ce billet fait référence à la mort de la dernière grand-mère d'Hervé.

Pull de Noël

Après des années d'hésitation, je me suis offert un pull de Noël.

pull avec père Noël - site sur Lorealwear


Rentrés à la nuit tombante. Nous travaillons tous les deux cette semaine.

Des tongs et un bob

Durant la nuit je me rends compte que j'ai mal à l'avant-bras au raccordement du coude: hier je me suis tant crispée sur le manche que je me suis fait une tendinite — ou même plus puisque j'ai des douleurs jusque dans l'épaule.

Briefing de 10 heures: trop instable, trop d'orages, on ne volera pas aujourd'hui. Il fait lourd, j'ai mis une chemise à manches longues pour protéger mes coups de soleil (hier par SMS «— J'ai attrapé des coups de soleil. — Ça change de l'aviron de mer.»)

Courses, j'achète des tongs (je ne supporte pas de rester en chaussures le soir, j'ai besoin d'avoir les pieds à l'air dès qu'il fait beau, dès le printemps), un short (pour bronzer des jambes: comment je vais faire sans l'aviron?) et un bob d'une très jolie couleur vert d'eau (malheureusement je ne pourrai sans doute pas le porter en planeur: sa couleur trop claire va se refléter dans la verrière et gêner le deuxième pilote — ou alors quand je serai lâchée seule (croisons les doigts: dans un an, deux? combien d'heures de vol?))

Déjeuner ensemble, j'ai failli cramer la poêle du club house, puis temps libre. Je regarde le dernier épisode en date de Mrs Maisel, puis je blogue. Je m'endors sur place, je retourne au club house (le Pegasus, c'est le nom d'un planeur) dans l'espoir de trouver un canapé. Café et petits écoliers avec DB. Il retourne à ses copies et je m'endors sur le canapé même s'il fait un peu froid à l'intérieur.

Les recherches pour tenter d'illustrer ces billets m'ont fait trouver un site de géologie et un article de… Charles-Pierre Péguy. Serres met en ligne une carte très utile des barres et montagnes utiles en planeur. Les points verts correspondent aux champs vachables.

Pluie et orage vers cinq heures.

Le soir repas au Pegasus. Champagne amené par AB pour fêter son (re)lâcher. (Je suppose qu'il n'avait pas volé depuis longtemps et qu'il a dû reprendre des cours d'instruction).
J'apprends qu'il est possible de voler au-dessus des nuages à condition de continuer à voir le sol. Si ça se solidifie et qu'il n'est plus possible de savoir où on est ni de traverser les nuages, il est possible (voire recommandé, voire indispensable) d'appeler les militaires d'Istres qui vous accompagneront jusqu'au sol, par radio ou même en envoyant un avion. Mais attention: il faudra avoir une bonne excuse pour s'être retrouvé dans cette situation, sinon c'est le conseil de discipline et le risque d'être interdit de vol à vie.

Pendant ce temps H et les deux plus jeunes se rendaient à la première cousinade annuelle depuis 2019. Tristoune, me dit H, les oncles et tantes ont vieilli.

Coupe des dames en pointe

Réveillée vers sept heures. Veronica Mars saison 3. Je descends vers neuf heures et m'empiffre de corn flakes au prétexte que je vais ramer cet après-midi.

Je sors après avoir longuement hésité sur la façon de m'habiller: collant ou pas, manches longues ou courtes? Il fait chaud dans la chambre, moins dans la rue. Je remonte et me change.

J'ai rendez-vous à midi pour remonter les bateaux. Hier j'ai repéré des magasins qui me plaisent, en particulier cette belle poire d'un mètre trente. Je me demande si elle résisterait à l'extérieur.

statue de poire à Angers


J'achète des chaussettes "Berthe aux grands pieds" (une petite fortune mais elles ne m'irritent pas la plante des pieds), des bodys Petit Bateau (cadeau de naissance), un sac à dos et un bol à céréales Pokémon (cadeau d'anniversaire), deux pulls aux manches chauve-souris (j'essaie d'acquérir une garde-robe plus cool pour les weeks-ends).

Remontage des huits. Je pense que le nôtre est mal monté (mauvaise hauteur des portants) mais comme je n'ai pas la légimité pour me faire entendre, je ne dis rien. C'est à cela que je sais que vieillis: e ne dis rien et ça me pèse à peine, je m'en moque. Je regarde les gens se planter, j'attends le moment où ils s'en rendent compe. C'est curieux à observer. Je pense à O.: «il fallait réfléchir, ils ont préféré me tuer».
Peut-être que cinq ans de folie Gilets Jaunes et antivax jouent aussi: regarder les gens se planter. Le seul enjeu qui reste est de trouver l'énergie de résister pour éviter les catastrophes qu'ils provoqueraient dans leur inconscience autosatisfaite — et pourtant la tentation est forte de les laisser faire, dans une sorte de preuve par l'absurde (et maintenant je rencontre ce même enchaînement au boulot).
(Heureusement Sibylle fera tout remonter comme il faut quand elle arrivera une heure plus tard.)

A midi j'essaie de retrouver le Cube où nous avions déjeuné l'année dernière avec H, mais il est fermé. Cela ne m'étonne pas, c'était un endroit trop joli pour vendre des hamburgers bio (je veux dire que le potentiel de loyers possible était trop élevé pour la rentabilité d'un salon de thé alternatif).
Déjeuner agréable avec Jean-Paul et Madeleine au Barbecue Party. Je mange un peu trop d'ailleurs: vague envie de vomir pendant la course. Cadence 26-28, vent, on se prend une bouée qui nous fait facilement perdre trente seconde, mais dans l'ensemble, ça se passe bien, même si nous ramons moins bien qu'à l'entraînement.

Voilà, j'ai enfin couru la Coupe des Dames avec mon club. En 2018 j'étais à Annecy (car Vincent m'avait dit non, avant de dire oui, mais trop tard pour moi puisque j'avais pris un autre entraînement); en 2019, il n'y avait pas assez d'eau; en 2020 il y avait le covid, en 2021 Fontainebleau n'avait pas de huit de filles et j'avais couru avec Bourges.
Eh bien voilà, c'est fait.

Enfin bon, si l'on voulait chipoter, on dirait que ce n'est pas tout à fait la "vraie" Coupe des Dames: du fait du manque d'eau de la Sarthe, nous n'avons pas accompli le parcours traditionnel de quinze kilomètres autour de l'île St-Aubin, mais nous sommes restées sur la Maine pour neuf kilomètres, avec deux demi-tours et le passage d'un pont aux arches si étroites que le chronomètre était interrompu pour nous permettre de passer en toute sécurité, sans précipitation.
Mais je ne vais pas chipoter.

huit de pointe à la Coupe des Dames 2022


Le soir remise des prix au palais des Congrès. Nous sommes cinquième au général (sur vingt-deux ou vingt-quatre, je ne sais plus), deuxième des coques de pointe (les bateaux de couple sont plus rapides).
Je me gave de soupe angevine, j'adore ça.

La cravate solidaire

H. a perdu deux tailles lors de sa première infection au covid. Il a trié sa garde-robe et nous avions quatre ou cinq vestes, deux ou trois pantalons à donner.
Depuis que j'ai vu un reportage sur les vêtements européens au Ghana, je ne sais plus s'il faut utiliser les bennes à vêtements. J'aurais pu aussi les donner à la Croix Rouge ou au Secours catholique. Mais j'ai cru comprendre qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de très grandes tailles.

J'ai googlé et j'ai trouvé La cravate solidaire. Il s'agit d'une association qui ne récupère que des vêtements qui puissent être portés en entretien d'embauche. Pour Paris, les vêtements peuvent être déposés les lundi, vendredi et samedi après-midi de 13h à 17h au 134, rue Nationale à Paris.
J'y suis donc passée cet après-midi.

Puis velib, quartier St Germain, j'achète un pantalon blanc pour aller avec mes chemises et pour soulager mon pantalon noir reprisé.

Puis librairie polonaise parce qu'elle est toute proche. Et donc j'ai acheté des livres1.
Bibliophore :
Malgorzata Smorag-Golberg, Marek Tomaszewski, Mémoire(s) des lieux dans la prose centre-européenne après 1989
Dario Pontuale, La malle de Joseph Conrad
Stéphane Mosès, Exégèse d'une légende
Alexeï Varlamov, Mikhaïl Boulgakov
Jean-Luc Sochacki, Dictionnaire insolite de la Pologne

Ça m'a fait plaisir.

Le soir H. regarde la dernière vidéo de Xavier Tytelman qui est la référence sur la guerre d'Ukraine.
Les Ukrainiens ont bombardé et fragilisé le pont vers Kherson. Maintenant, il ne peut être emprunté qu'à pied ou en véhicule léger. Les Russes peuvent quitter la zone, mais sans leurs blindés.
Selon la diplomatie occidentale, l'enjeu maintenant est de ne pas humilier Poutine de façon flagrante, de peur que celui-ci réagisse par un missile nucléaire. Comme dit un participant sur la vidéo (Sergueï quelque chose, qui était à l'école de guerre avec Poutine: «nous réfléchissons comme si Poutine était rationnel, mais il ne l'est pas»).

Seine : deux photos vers l'aval, matin 6h57 et soir 19h44. Le train est proche le matin, sur des voies plus lointaines le soir.

Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h57 le 29 juillet 2022 Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 19h44 le 29 juillet 2022






Note
1: reçu une carte de Patrick qui m'a bien fait rire. Je cite: «J'ai lu un livre».

Yentl

Aviron le matin, tajine le midi, achat de deux chemises, rouge et violette (Ma ptite chemise à Fontainebleau: j'aime beaucoup la vendeuse). H. passe dans un magasin Orange pour se renseigner sur un abonnement à la fibre. Fatalitas!: notre adresse n'existe pas.
Je le savais déjà, le cadastre ne reconnaît que le 3 et pas le 3T, il est tout proche de nous domicilier dans une rue parallèle dans la mesure où notre loft appartenait à une ferme dont le portail s'ouvre sur cette rue. Je l'avais signalé aux impôts lors de la réception de notre premier avis d'impôts fonciers, sans résultat. Je n'avais pas réussi à intéresser H. au sujet à l'époque; j'ai soudain l'impression qu'il va s'en occuper. Il m'apprend qu'il faut s'adresser à la mairie, responsable du cadastre, et non aux impôts. Il aurait dû me le dire, maintenant je lui abandonne le sujet.

Le soir, festival Rosa Bonheur.
(Pour les fans il y a Juliette qui y passe le 28 août).



Concert autour des musiques de Yentl. Robert Fienga a fait les arrangements. Le Sextet Héméra est composé de femmes. La chanteuse Marie Oppert est étonnante.

Après le concert, nous attendons la nuit afin d'assister à la projection de Yentl.
C'est un film que je n'ai jamais vu mais que je rêvais de voir en 1984, à sa sortie. Tout ce qu'en disaient les médias, la petite fille qui étudiait le Talmuld en cachette avec son père, l'émancipation des femmes, j'étais si curieuse de voir ça.

En fait ce n'est pas du tout ça.
C'est une daube plus ou moins romantique, avec une reconstitution plus ou moins fiable de la Pologne de 1903. Je ne peux pas croire que Barbara Streisand n'ait pas fait de recherches sur son sujet, mais Lublin si propre, une jeune fille juive en cheveux devant des étrangers... Tout cela me paraît pour le moins improbable.
Sans compter l'invraisemblance du mariage blanc.
N'importe quoi.
Et à la fin, bien entendu, l'Amérique comme terre de toutes les promesses: pfff… (quoiqu'en 1903, personne ne pouvait savoir à quel point cela allait être vrai pour un juif européen.)
Bref, je me serais beaucoup ennuyée si je n'avais eu H. pour rire sous cape ensemble.

J'ai fait les soldes

Sortie en huit de pointe (une rame par personne, le huit officiel des compétitions internationales (le huit de couple est un huit de loisirs)), je suis au cinq, à bâbord (rame de droite). Sybille est absente, son fils a le covid. Coup de soleil. Les couleurs sur l'eau sont merveilleuses, bleu et vert profonds. Je peine encore après la maladie; en début de sortie j'ai l'impression que je n'y arriverai pas c'est long, nous n'avons pas encore atteint le virage, nous n'avons pas encore atteint la folie du château... puis je me demande quand nous allons passer le château lui-même et je m'aperçois que nous l'avons dépassé de cinq cent mètres: c'est bon, j'ai trouvé mon second souffle.

Quand je rentre, le jardinier a passé le motoculteur dans le jardin. C'était prévu; je m'attendais à un champ de labour, je découvre de la terre tamisée façon semoule que nous n'avons pas le droit de piétiner: le jardinier installe des planches entre le portail et la terrasse.



Après-midi : achat d'un pot de menthe et d'un parasol pour O. et Y. que nous voyons demain. C'est un test: réussirons-nous à le faire tenir dans la voiture? (Réponse oui, mais ça dépasse d'un mètre).

Puis virée à Fontainebleau: j'ai perdu une veste entre sweat et poncho achetée à Prague et il me manque quelque chose de chaud pour lutter contre le froid de la clim (c'est tout de même choquant d'en être là en pleine crise de l'énergie mais je n'y peux pas grand chose: j'arrête la clim qui redémarre d'elle-même. Le soir, je quitte le bureau en disjonctant les lumières car il n'y a pas d'interrupteur. Tout est bizarre et hors de tout bon sens.)

Je n'avais pas pensé que c'était les soldes. Je fais des essayages rouge écrevisse (c'est difficile à supporter car pendant des essayages on voit beaucoup sa tête). Je repars avec trois pièces qui me plaisent beaucoup (oui je le précise: car combien de fois on achète des pièces qui ne plaisent que moyennement. Maintenant que je n'ai plus d'espace de stockage, je ne peux conserver que des vêtements que je suis sûre de porter. Je vais donner deux chemises et une combinaison en jean. J'ai deux robes habillées et trois vestes en soie que je ne voudrais pas abandonner au hasard. Il faudrait que je les propose aux rameuses mais je n'ose pas.)
C'est drôle cette envie de fringues. Est-ce parce que je n'achète plus de livres?

Un pantalon en lin

Anne avait du chic. Elle avait un style, elle portait des pantalons en lin. Nous étions en première, et certes elle était redoublante, mais tout de même, c'était impressionnant qu'elle vécût en couple.

J'admirais son style, sa gentillesse, son aisance.
Pour l'imiter, j'ai essayé dans mon adolescence rondouillette un pantalon en lin. C'était atroce.

Il est normal que je pense à elle ce soir puisque je viens d'acheter un ensemble en lin.
(Toute une vie comme une revanche sur l'enfance, ou comme un accomplissement de l'enfance. Deux façons si différentes de le dire pour renvoyer aux mêmes actes.)

La disparition des cadres

Matinée au cercle des Pyramides, un cabinet d’experts dans la législation sociale qui organise régulièrement des petits déjeuners de formation et d’information.

Très intéressant comme toujours. J’avais entendu parler de la fusion Agirc-Arrco, mais je n’en avais pas compris la conséquence: la disparition du statut de cadre, «un statut qui n’existe pratiquement qu’en France», «devenu inadéquat à une époque où l’expertise compte davantage que les capacités d’encadrement».

Beaucoup de contrats de prévoyance qui faisaient référence au statut de cadres (créé en 1947) vont devoir être réécrits. Les cotisations sont harmonisées, certains vont y perdre, d'autres y gagner.

L’avocat fait également allusion au projet de Macron de fondre les quarante-deux régimes de retraite en un seul… et évoque le problème des réserves : certains régimes ont de quoi couvrir dix ans de pension, alors que les réserves de tous les régimes représentent 160 milliards d’euros, soit six mois de pension pour tous les régimes confondus.
Je ne suis pas sûre qu’avec les émeutes actuelles ce soit vraiment le moment d’évoquer cela.

Autre sujet ambivalent : afin d’inciter les personnes à partir plus tard à la retraite, ceux qui auront acquis le droit à une retraite à taux plein en 2019 se verront appliquer une décote de 10% pendant trois ans sur leur retraite complémentaire s’ils partent aussitôt. S’ils partent huit trimestres plus tard, ils auront une surprime de 10%, et ainsi de dix en dix pour douze et seize trimestres.
Evidemment, ce n’est incitatif que si l’on en parle, et le moment ne me paraît pas extrêmement favorable. Donc cela va se faire en catimini, les gens vont partir et se retrouver avec la décote de 10% sans avoir été prévenus, ce qui va générer du mécontentement, etc, etc.


Je passe aux Galeries Lafayettes m’acheter une veste car je suis partie si vite ce matin que j’ai oublié d’en prendre une. Dans l'après-midi, entretien en interne pour un poste de chargée de mission auprès d’un directeur. Je crains d’avoir paru trop indépendante.


Puis allemand. J’ai failli ne pas y aller en me disant que j’étais trop en retard, mais le prof l’était plus que moi: bloqué dans le RER B, grand foutoir tout l’après-midi car un train s’est retrouvé, d’une façon que je m’explique mal, sur les lignes du RER, et il n’était pas évident de le dégager. (L’inventivité en termes d’incidents techniques serait une source d’admiration si elle n’était une source d’agacement).

Uniforme

Renouvellement de ma garde-robe sur un mode que je n'avais pas appliqué depuis mes vingt-deux ans: j'avais alors passé un entretien, puis j'étais allée m'acheter les mêmes vêtements que la personne que je venais de rencontrer (j'ai été embauchée).
Là je fais dans l'anticipation, mais j'ai bien étudié les tenues de Homeland et The good Wife… *smiley* (J'ai acheté mes premiers pantalons depuis vingt ans (à l'exception de deux jeans, en 2001 et 2014).)


Dîner à la grande crèmerie. Bon mais cher, cher mais bon.

Gris

Pas grand chose. Croisé Skot, pris à peine le temps de ralentir. Je suis allée acheter une robe de plus (après un week-end de réflexion) qui est en réalité une sorte de manteau ou veste sans manche que je vais porter en robe. Cela me fait cinq robes grises. Je commence à travailler mon look de vieille dame à la Jacqueline de Romilly. (Je ne m'habillerai pas en blanc à la Emily Dickinson, trop exigeant).
Toujours pas de verre de lunette en vue (ha ha). J'ai terriblement mal aux yeux avec la paire précédente.
Depuis que C. m'a dit qu'il voulait des t-shirts à Noël, je perds un temps dingue sur les sites de t-shirts.
H. a été recontacté par l'administration du Delawaere. Ça me fait plaisir. J'avais tellement cru, il y a un an exactement j'étais tellement en train de croire, que nous nous installerions à Wilmington.

Le conseil méthodo du jour : «Mgr Joseph Doré disait : il faut apprendre des tables des matières par cœur.»
De façon générale, tout penche dans la même direction : il faut que j'apprenne beaucoup plus (infiniment plus) par cœur. Il faut que je prenne le temps d'apprendre par cœur.

Que font les théologiens ?

Je ne sais plus très bien comment rédiger ces billets : ne reprendre qu'un thème, une anecdote, courtement, ou en faire davantage un journal, des pierres de Petit Poucet pour se souvenir, ce qui complique le titre à donner au billet.

Ce matin, TG sur Gaudium et Spes. J'ai très peu travaillé, je l'ai très peu travaillé. Overdose de Vatican II, overdose d'émerveillement devant le miracle qu'a constitué ce concile. Je suis fatiguée de ce que je ressens comme de la propagande ecclésiologique alors que toute ma pente va à la christologie (en termes ordinaires : ma foi s'enracine dans les évangiles, pas dans les actes du magistère).

Il se passe quelque chose d'étrange avec la professeur. Il est évident que mon mode de pensée, mes interventions et mes interrogations la dérangent, à tort ou à raison1 — et elle recentre le débat. Soit. Ce qui est embarrassant, c'est qu'elle culpabilise et me demande ensuite si je boude ! (non je ne boude pas. Simplement je me demande in petto si l'on peut s'interroger librement (puisque nous sommes entre nous, croyants de bonne volonté) ou s'il faut s'autocensurer.)

Des exemples : l'une des questions porte sur l'Incarnation : sans la chute, le Christ aurait-il eu "besoin" de s'incarner, se serait-il incarné ? Dun Scott penche pour oui, Thomas d'Aquin pour non.
Une autre question porte sur le péché : pensons-nous (chacun de nous, dans la salle) le péché comme constitutif de l'homme, ou pensons-nous la création (Création) comme essentiellement bonne, et l'homme fondamentalement bon, ensuite seulement corrompu par le péché ?
Depuis Vatican II la deuxième position prime mais pendant longtemps l'Eglise adoptait plutôt la première. Sur les deux questions, les deux positions sont possibles, acceptées par l'Eglise, ce qui amène mon interrogation de fond : que font les théologiens ? (de quelle nature est leur réflexion ?) : s'enferment-ils dans leur chambre pour prier et ensuite écrire, dans une inspiration tels les prophètes, ou nous livrent-ils leur opinion (étayée par la prière et l'étude des textes et de la tradition, bien sûr) qui dépend en grande partie de leur personnalité plus ou moins optimiste ?
Cette question-là n'a pas plu.
Suis-je la seule à ressentir du malaise devant le travail des théologiens, devant cette façon de vouloir expliquer l'incompréhensible et de le réduire à dimension humaine ?
Mais y a-t-il moyen de faire autrement si l'on veut se servir de sa raison ?

En sortant, shopping. Ça fait quelques semaines que j'y songeais, j'ai froid et je n'ai rien qui me corresponde vraiment dans ma garde-robe pour les jours froids.
Deux robes grises en laine chez Max Mara. La vendeuse est charmante.


Note
1 : autrement dit, il est fort possible que je sois hors sujet

Samedi à Paris

"Rendez-vous pédagogique" après les trois mille kilomètres de conduite accompagnée. H. et moi y assistons tous les deux, et j'ai bien peur que nous ayons été très bavards.
Je crois que le moniteur d'auto-école s'est bien amusé en essayant de surprendre O entre Bièvres et Issy-les-Moulinaux. La façon dont des quatre voies côtoient des quasi-chemins de campagne en région parisienne est étonnante.

Commentaire du moniteur: «le travail a été fait».
Le permis se passe dans le centre de Villacoublay. Examen le 26 novembre. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'y a aucune insistance sur les manœuvres (le sacro-saint créneau a disparu des préoccupations): tout se concentre sur la façon de circuler, de se positionner dans la circulation, de changer de direction, de dépasser, etc.

Emplettes. Achat de chemises aux manches extra-longues (pas si simples à trouver : Café coton).

Moi et Mitterrand au théâtre du Rond-Point. On rit — mais ce récit est pathéthique. ("La lune est plus importante que le soleil car c'est la nuit qu'on a besoin de lumière.")

Tristan à l'ICP

En attendant le début du colloque, je m'installe au café et je surfe. Je découvre une vidéo de Guillaume Cingal qui traduit sur le vif Red Shuttleworth, un poète américain qui finira un jour par être connu en France (il est difficile à traduire car il écrit de façon extrêmement condensé. Il me pose souvent le problème de savoir s'il invente une expression ou s'il en utilise une très connue aux US, mais non écrite (pas toujours politiquement correcte) — inconnue en France).
En écoutant Guillaume, je remarque à ma courte honte (tant pis) qu'il fait attention à la forme du poème, tandis que toujours je me précipite vers le sens, sans m'arrêter à l'objet posé sur la page.

Neuf heures et quart est l'heure officielle du début de la journée d'étude sur "Crise(s) et critiques de la démocratie libérale, de l'entre-deux-guerre à la crise du XXIe siècle" à l'ICP. J'y vais pour écouter Tristan Storme, spécialiste de Carl Schmidt. J'ai beaucoup perdu de mes réflexes depuis l'époque où je lisais Taubes, Schmidt, Storme sur Schmidt, Pranchère sur Maistre, en 2011 ou 2012. Il est difficile (en fait impossible) de suivre tous ses amis dans leurs différents centres d'intérêt, entre les philosophes, les mélomanes, les littéraires, les amateurs d'expositions et d'architecture, les historiens, les psychanalystes… Entre théologie et aviron, j'ai un peu décroché.

J'en suis à attendre la fin de ces huit ans (j'en suis à cinq) comme une libération, la possibilité de faire ce que je souhaite sans entrave.
Je résume cela par: «Vivement que cela soit fini, que je puisse enfin travailler», voulant dire: lire un seul auteur, mais correctement, au lieu de les survoler tous bien trop vite (c'est une fausse excuse. Je pourrais commencer en juin). Parfois je me demande si c'était une bonne idée d'abandonner un domaine où je commençais à saisir deux ou trois notions (la littérature) pour m'aventurer dans un domaine où je ne connais rien (la théologie). Il faudrait que je travaille plus sérieusement, cette phrase est un mantra, un leitmotiv, un regret. (Sur la tombe d'O. on écrira "c'est pas très grave", sur la mienne "j'aurais dû travailler plus sérieusement".)

A midi je m'éclipse, toujours cette peur de m'imposer, d'embarrasser (ce qui fait qu'ensuite je me demanderai si je n'ai pas été impolie en partant trop vite. Le scrupule est un rongeur.)

Mojito bien tassé au café du Métro , ce qui fait que j'arriverai un peu partie au comité financier de l'après-midi. (Mon actuaire préféré nous présente le gérant de notre portefeuille qui doit être davantage habitué aux chiffres qu'aux gens: j'ai rarement vu de telles plaques rouges dans l'échancrure d'une chemise (de l'utilité de la cravate), il doit être terriblement timide.)

En passant devant la boutique St-James à Madeleine, j'achète une casquette rouge (pour le CNF. Jean-Pierre m'en promet une depuis longtemps mais je n'y crois plus).

Un samedi

- TG sur la Samaritaine. Certains sujets font ressortir les blessures et les obsessions de certains.
- La Procure. Trois livres. Je prépare mentalement l'oral sur St Jean.
- resto italien avec A. A côté de nous, une scène pathétique, et qui dure, dure: un petit garçon de six ou sept ans muet et son père de quarante-cinq à cinquante ans qui essaie de le faire parler de façon pitoyable («Mais souris au moins… Ah c'est agréable de déjeuner avec toi. Tu veux aller où en vacances? Tu veux qu'on retourne à Bali? — Non. — On peut aller en Argentine.» etc)
- achat d'un kimono, en soie, cousue main, venue droit du Japon où va les chercher la commerçante (à l'origine nous voulions juste vérifier s'il y avait du papier pour origami. Mais comment résister au plaisir de A si peu coquette?), d'un opinel marin (pour la même), d'un kilo et demi de thé (trois thés différents), six galettes de sarrasin nature (que nous prenons dans une crêperie — j'ai été surprise qu'ils acceptent), six tranches de jambon, douze tranches d'andouille, six œufs et de trois livres d'occasion.
- sieste
- repas
- coup de fil à ma tante
- L'homme de Rio en classant des papiers. (Je suis dans une phase de rangement. J'en ai marre (du bazar, de la poussière, de l'envahissement)).

Passage de l'élagueur pour un devis : il ne touchera pas aux chênes, le voisin ne va pas être content. Mais il faut couper le châtaignier, malade.

A. dans la voiture. Cours de sciences naturelles: «Les dauphins, les baleines, gardent la trace de leur passage sur terre. Ils sont redevenus marins. Bien sûr, il faudra voir dans cinq mille ans, mais certains loups sont en train d'en faire autant: les biologistes ont repéré je ne sais plus où des poissons abandonnés sans tête. Ils se sont aperçus que c'étaient les loups qui manquaient de nourriture et les pêchaient. Normalement cela n'aurait pas dû être possible vu la température de l'eau, mais ces loups ont développé du poil plus épais et imperméable, et ils ont un pli muqueux plus important entre les orteils. Ils ne mangent que la tête car ils se sont adaptés; les poissons transmettent le ténia (je ne suis pas sûre que ce soit le ténia, un ver très long) et les loups ont "compris", si on peut dire, qu'il ne fallait manger que la tête. Les ours mangent les poissons en entier… — Ils se sont adaptés au ténia? — Non, c'est le ténia qui ne s'est pas adapté aux ours; l'ours mange du poisson avant d'hiberner, quand il hiberne, le ténia meurt. (Je ris.) L'adaptation, c'est extraordinaire. Dans un pays chaud, je ne sais plus, genre désertique, des singes pillent les poubelles pour manger. Eh bien, ils se sont alliés avec des chiens pour les protéger d'autres chiens qui les attaquent. Les chiens qui vivent avec les singes ont droit au traitement des singes, la nourriture, l'épouillage… Parfois quand une mère singe perd son petit, elle pique un chiot, et le chiot n'a pas intérêt à tenter de s'échapper. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est qu'ils font pareil aussi avec des chats.»
J'écoute. C'est passionnant. Je lui demande la prochaine fois de noter quelques références, des noms de chercheurs, etc.

Un petit mot

Un petit mot de Gilda m'apprend que Rien où poser sa tête se vend bien. (Bizarre, je n'ai pas pensé à l'offrir à Noël. Trop timide, je pense. Ou réservée. Ou tous ces mots auxquels on ne pense pas quand on pense à moi (smiley)).


Dans un autre genre, encore un cadeau de Noël dans la boîte aux lettres: je découvre que le cadeau de ma sœur était un cadeau à triple détente. Ça c'est une surprise! (Soupeser le paquet et se dire: «ce n'est pas un livre».)

Vendredi varié

Deux heures de travail à la bilbiothèque de Sciences-Po (de 8 à 10). J'ai fini le "résumé" de Cerisy (je me demande bien s'il servira à quoi que ce soit) et commencé le grec pour jeudi.

Failli arriver en retard au Caroussel du Louvre (fermeture des portes à 10h30) pour le grand raout de la boîte. Apparemment nous fêtions l'anniversaire d'une ancêtre de l'entreprise actuelle, la société d'assurance la Royale créée en 1816. Quoi qu'il en soit, c'était très réussi. Nous avons si peu l'occasion de nous voir tous — et le champagne était très bon (Demoiselle (What? le site demande si nous avons l'âge légal pour le visiter?!!)

A 16h45, rendez-vous chez un psy pour A. Apparemment le courant a eu l'air de passer et elles projettent de se revoir. A suivre (de loin: d'une certaine façon, cela ne nous regarde pas vraiment).
En sortant, nous croisons une brocante près des Invalides et nous trouvons des œuvres complètes d'Agatha Christie dans la collection Rombaldi (un peu jaunie) qui est un souvenir d'enfance. Nous l'emportons.
Et pour finir, profitant que pour une fois nous sommes ensemble à Paris, H. propose de faire les boutiques et je renouvelle une partie de ma garde-robe : j'ai de plus en plus froid, adieu les robes sans manche. (Maintenant il va falloir que je me débarrasse de ce que je ne mets plus, et j'ai vraiment du mal à faire cela. C'est comme si j'abandonnais de vieux amis. Je vais peut-être stocker dans un carton en attendant de me décider).

Rentrée

H. nous dépose à la gare. Coiffeur à neuf et demie (mais rien de neuf dans Elle et Gala, je suis déçue. Charlotte de Monaco ressemble à sa mère de façon frappante. Une photo la montre avec sa plus jeune sœur et une cousine (fille de Stéphanie), elles ont toutes les trois la même taille, tout cela ne nous rajeunit pas. J'apprends que Johnny Depp a du sang cherokee), achat de deux robes (en passant devant une boutique qui s'avère d'origine suédoise: un style qui me fait penser aux Japonais, j'aime beaucoup), déjeuner avec O. et un de ses amis. C'est sa dernière rentrée au lycée, la dernière rentrée de mon dernier fils, snif (bientôt la quille).
(Je suis très concernée par son emploi du temps: cette année, ce sera huit heures tous les jours. Ce n'est pas plus mal).

Train pour Carantilly. Je lis Un tout petit monde, ce qui n'est peut-être pas la meilleure préparation à une semaine à Cerisy.
En réalité j'ai le trac: une semaine autour de Jean Greisch, l'herméneutique et la phénoménologie, je ne suis absolument pas sûre de suivre.

Ondée à Lison, arrivée au soleil, chambre magnifique à l'Orangerie donnant plein ouest.





Repas (cidre). J'entends dans le bruit une blague en allemand d'un théologien luxembourgeois que je retranscrits comme je peux en comptant sur votre bienveillance. C'est un homme qui interroge l'écho:
— Wohin sind die Philosophen?
— Offen, offen, offen…
— Was machen die Theologen?
— logen, logen, logen…

Présentations dans la bibliothèque. J'ai changé de statut, je ne suis plus une simple auditrice, je suis étudiante puisqu'un de mes professeurs organise le colloque. Il y a toujours quelques mots qui me frappent. Cette fois, c'est: «il n'y a pas d'horloge dans le château, en tout cas pas d'horloge qui donne l'heure.»
Ce sont les cloches qui battent le rappel à l'heure des repas. Elles sont impératives.

Au moment du coucher, j'entends à travers les parois quelques protestations contre les douches et toilettes communes. Les chambres ne comportent que de simples lavabos. C'est étonnant finalement que rien ne filtre sur l'archaïsme de la vie à Cerisy, les escaliers étroits et inégaux, l'absence de wifi dans les bâtiments sauf un, le téléphone qui est inutilisable en fonction des opérateurs. Conseils pour votre premier séjour: apportez du savon et prévoyez un pyjama ou un peignoir qui vous permettent de traverser le couloir entre votre chambre et la douche.

Pas grand chose

Décapoté la voiture pour la première fois depuis l'achat du sapin de Noël.
Giboulées de mars. Nous avons ramé sous l'éclaircie.
Acheté un "gilet technique" et un tee-shirt manches longues aux couleurs du club. Plaisir enfantin.

J'ai pris une photo plus rapprochée. Pas de bourgeons. Plus tard, un rayon de soleil a fait jouer les différentes couleurs d'écorce et de branches, mais je ne pouvais pas décemment demander d'arrêter le bateau pour faire une photo!
Ici il s'agit d'une pause pour enlever les blousons — j'étais à la barre. Vous voyez les derniers "bouillons" des derniers coups de rame avant l'arrêt.





La chienne tient le coup. Je téléphone tous les soirs à ma tante pour qu'elle aussi tienne le coup. Elle se projette trop dans le temps, elle anticipe trop de catastrophes, elle a du mal à ne penser qu'à la journée en cours. Un peu contrôle-freak, défaut de la branche maternelle que je partage facilement.

Récupéré le benjamin fatigué mais content. Demain retour aux horaires contraints. Je n'aime pas ça.

Deauville - Honfleur

Week-end à Lisieux pour l'anniversaire Claude. Le studio est envahi par les origamis, c'est impressionnant. Elle est douée.

Dimanche sur la côte, temps splendide, pluie au crépuscule. Je regrette de ne pas y être allé en décapotable, mais nous étions trop chargés.
Peut-être un peu trop de cidre.
Pas trouvé de camembert (à ramener, veux-je dire) (levés un peu tard).

Dans une vitrine au bord de la plage, un tee-shirt proclamait (en anglais): «Tout ce qui m'intéresse dans le prince charmant, c'est son cheval».

Enquête

Les questions sont ici.

1/ J'attends d'elle qu'elle me fournisse de jolies choses. Je la précède un peu, souvent : j'ai dans mes armoires des objets "mainstream" aujourd'hui qui étaient audacieux quand je les ai achetés, comme des talons très hauts ou des bottes montant au-dessus du genou (2001).
La mode est jolie depuis quelques années, fleurs et dentelles; malheureusement elle ne peut s'empêcher de mettre du mauvais goût (paillettes et clinquant et vernis bleu) dans cette joliesse, comme si elle avait peur de l'élégance.
Voilà : j'attends de la mode qu'elle soit élégante, et elle ne l'est pas toujours (je prédis un retour aux lignes des années 50, j'ai quelques robes ainsi, les passants dans la rue aiment beaucoup).
Ou alors amusante, en clin d'œil. J'attends qu'elle rappelle des souvenirs tout en faisant attendre l'été.
Finalement je compte beaucoup sur la mode (quand elle vous laisse tomber, qu'elle est moche à pleurer, vous ne trouvez plus rien en magasin.)
Je suis émerveillée par l'évolution des matières, la soie et le lin devenus grand public, les jeans qui ne rétrécissent plus,...
La mode masculine est un refuge quand la féminine délire trop, ses lignes et ses matières restent toujours sobres.
Mon idéal, c'est Swann («je ne trouve pas mes chapeaux, je les garde!») et Odette sortant au Bois (l'intérieur du poignet ou du col de son chemisier, je ne sais plus, une couleur mauve ou violette, l'élégance de ce qui n'est pas destiné à être vu mais ressenti. Il faut croire au rayonnement des objets inanimés (avez-vous une… etc))
Bref, j'aime bien la mode, pas pour la suivre, mais pour la surveiller et en profiter.

2/ Rarement. J'aime surtout les voir changer sous l'effet du vent. Je me rappelle nettement du jour où j'ai compris qu'ils bougeaient.

3/ Non, certainement pas. Si ce n'est pas du charlatanisme, c'est terrifiant.

4/ Oui, très facilement. Trop. Cela s'était arrangé après la naissance des enfants (modifications hormonales?), cela revient maintenant (ménopause?) Je peux me mettre à pleurer en voyant une mendiante dans le métro. C'est très embarrassant (heureusement personne ne remarque rien).

5/ Non.

6/ Bloguer. Lire. Apprendre des langues. Voyager.

7/ Euh... Séduire qui ? (on va dire des échecs potentiels: je n'imagine tellement pas que je pourrais réussir que je n'essaie même pas. De toute façon je ne sais pas comment on fait. Et puis je me rappelle une phrase d'Autant en emporte le vent: «Vous, une O'Hara, vous jeter à la tête d'un homme!» Voilà: on ne se jette pas à la tête des hommes.)

8/ Le tricot. Le point de croix.

9/ Oui puisque j'arrive à écrire quelque chose presque tous les jours.

10/ Avec schizophrénie: celui qui permet de dormir plus fait se coucher le soleil plus tôt, et inversement: donc je les espère en les redoutant.

Ménage

En fait, il s'agit davantage de tri et de rangement que de ménage. Journée décevante, je n'avance pas aussi vite que je l'espérais.
Vidé l'armoire et jeté une pile de vieux tee-shirts. C'est toujours la même chose, les souvenirs qui remontent avec chaque vêtement, ce tee-shirt offert par l'ex d'un copain dans une maison aujourd'hui vendue…

Vers le soir, j'empile ce qui reste au grenier. Il faudra le trier plus tard, et je ne sais pas quand.

Killing saison 2. Je m'endors, ça ne va pas assez vite.

Samedi

TG sur Kant dans la matinée. Sur quoi fonder les vérités transcendantales?

En attendant H., je passe à la Procure. Je finis par avoir honte de tous les livres que j'achète et me dépêche de payer avant qu'il n'arrive.

- Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche. J'aime bien Michéa depuis son livre sur Orwell.
- Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?
- Charles Taylor, Les sources du moi, pour la dissert de philo, en remerciant Compagnon qui me l'a fait connaître.
- Emmanuel Lévinas, Difficile liberté. Parce que lorsqu'on a un prof lévinassien, il faut au moins citer Lévinas en conclusion, même s'il ne l'a pas donné dans la bibliographie.

Je retourne voir Dallas Buyers Club avec H. qui veut le voir.
— Dieu, aide-moi.
— Mais Il t'aide. J'ai le Sida, papa.
Plus frappée encore que la première fois par l'illogisme absolu qui consiste d'interdire à des gens condamnés à court terme de prendre des médicaments au prétexte que ceux-ci sont mauvais pour leur santé!

Encore une robe. Pas celle que je préférais au niveau couleur, mais la mieux au niveau forme. Or il faut toujours choisir la forme.

Samedi

Je continue les emplois du temps. Au moins ça me permet plus tard de retrouver la trace de mes journées. Bizarrement, raconter des anecdotes ne permet plus plus tard de retrouver la trame des jours (je veux dire le contenu réel des heures passées à vivre).

9h30: marché avec H. (Yipeee! ça n'a l'air de rien, mais des années que je cherche à aller au marché avant midi! (la journée type, c'est plutôt se lever à huit heures et perdre absolument tout son temps dans le nothingness avant de s'apercevoir qu'il est presque midi. je déteste ça. Je déteste ne pas savoir où sont passées les heures de ma vie)).

10h30: une heure et demie de ménage. Un jour je saurai pourquoi les joints de la salle de bain deviennent rose orangé. Produit pour nettoyer le lave-linge (c'est un concept étrange, ces produits qui servent à entretenir les lave-linge et lave-vaisselle: laver ce qui lave, c'est tout de même bizarre.)

13h20: j'accompagne O. à l'école de musique et je prends le RER. Je veux voir I am Divine (cela ne passe que dans une salle UGC, il faut se dépêcher) et passer dire bonjour à Patrick Cardon aux Blancs-Manteaux.

14h15: comme la séance n'est qu'à 14h55, j'erre dans la bibliothèque musicale des Halles et emprunte Béton de Thomas Bernhard.

14h55: je suis décidément abonnée aux petites salles qu'UGC les Halles a ouvertes récemment (30 à 35). Le film est un documentaire réalisé avec soin. Je suis à la recherche de mon enfance et de ma jeunesse, j'essaie de me souvenir de ce que j'ai pu voir ou entendre, je regrette tout ce que j'aurais pu (j'aurais dû?) connaître si j'avais su. L'homme Divine est très attachant, en tout cas à travers ce film.

En sortant je passe à la librairie allemande acheter Kritik der reinen Vernunft dont nous devons lire dix pages pour samedi prochain (le prof a tant répété que c'était plus clair, syntaxiquement plus clair, en allemand). De toute façon je n'ai pas grand chose à perdre, et puis le livre est très bien relié et pas cher du tout. (Mes premières recherches hier montrent que le vocabulaire est proche de celui que je vois en allemand théologique.) J'en profite pour acheter le tome V des Harry Potter et un livre pour mon autre nièce qui est en première (c'est sans doute une erreur, perdu d'avance, elle ne lira jamais ça. Mais sait-on jamais? Moi et mon espoir inétouffable quoi que j'en dise…)

Je passe voir Patrick Cardon, lui achète quelques livres (il est spécialisé dans la réédition de textes anciens sur l'homosexualité).
(J'ai rencontré Patrick à un colloque sur le kitsch. L'une des bizarreries de la vie (et qui prouve que le monde est petit, etc) est que la co-auteur de ce livre sur l'homosexualité au XVIIIe siècle suit les mêmes cours de théologie que moi (surprise de découvrir que Patrick était notre "ami commun" lorsque nous sommes devenues "amies" sur FB. Comme quoi l'univers catholique est un peu plus bariolé qu'on pourrait le croire au premier abord (plus exactement, plus tolérant, plus ouvert: pour suivre ce cursus de théologie, il faut remplir un dossier, écrire une lettre de motivation et passer un entretien. Les "bizarres", ceux dont on penserait qu'ils ne rentreraient pas dans le cadre (les divorcés, par exemple), ne sont pas rejetés. C'est quelque chose que l'on n'expérimente qu'une fois à l'intérieur: la tolérance, la bienveillance, est grande, ou en tout cas, "trouvable", alors que l'image renvoyée vers l'extérieur est souvent celle de la rigidité.))

En parlant de petit monde, j'aperçois en arrivant aux Blancs-Manteaux un ancien collègue aujourd'hui à la retraite en train de discuter avec Patrick. Discrètement j'attends qu'il parte, je voudrais lui éviter la crise cardiaque en me voyant embrasser Patrick sur les deux joues. (Mais peut-être qu'il ne m'aurait pas reconnue, ou peut-être qu'il n'aurait pas fait de crise cardiaque: la vérité est que je ne l'appréciais pas beaucoup.)

En repartant je passe devant La Belle Hortense (librairie-boutique de vin, ce qui est sans doute moins salissant pour les livres que librairie-salon de thé), j'achète une robe, un manteau, un haut (après un véritable sketch pour faire accepter les sommes par les deux cartes bleues. Comme je sais que j'ai l'argent, j'insiste. Nous essayons plusieurs combinaisons jusqu'à parvenir à trouver la solution. Heureusement que j'ai de la participation à débloquer le 15 avril). A travers la vitrine, j'aperçois une blondinette qui est la fille d'Aymeric (elle boude).

Je rentre en vélib. Je suis fatiguée, les restes du virus. Encore un épisode de The Killing avant de se coucher.

Paris

Matin : visite guidée des jardins du Palais Royal en traversant la galerie Vérot-Daudat (le café du coin servait au tournage des Maigret) et en terminant par la place des Victoires. Nous apprenons qu'il est de tradition que les directeur et anciens directeurs de la Banque de France aient un appartement dans les arcades du Palais Royal.
Je repère un chapeau orange que je reviens acheter après.

Après-midi: Dallas Buyers Club. McConaughey est transformé, méconnaissable. Très bon film. Ce n'est qu'après que je découvre qu'il s'agit du réalisateur de C.R.A.Z.Y.

En sortant, longue errance dans le quartier Montorgueil. Je cherche une fringue pour l'anniversaire (14 ans) de ma filleule. Je n'ai pas l'habitude et rien ne me plaît (sachant que ce qui compte pour elle, c'est l'étiquette. Le fait que ce soit moi qui offre compte aussi.) Je continue à pied rue de Turbigo, rue des Francs-Bourgeois, rue des Rosiers, désormais il fait nuit, des boutiques ont déjà fermé.
Je trouverai in extremis mon bonheur au "Temps des cerises": je m'étais arrêtée lire sur la façade la plaque rendant hommage aux victimes de "l'attentat de la rue des Rosiers" (du moins c'est ainsi que je l'ai identifié: ce n'était pas sur la plaque, puisqu'elle est rue des Rosiers…)

Je rentre épuisée par ce shopping mais personne n'a remarqué mon retard: H. travaille à la campagne des municipales.

Divine surprise

Premier TG de philo ce matin. Je pensais avoir la même prof que l'année dernière, et par exception aujourd'hui, pour des raisons d'absence, une autre professeur ayant officié l'année dernière et s'étant fait violemment détestée par son groupe (un homme pondéré avait ainsi écrit sur la feuille d'évaluation de cette professeur: «Nous avons tous compris que Mme X. n'avait pas besoin de préparer les TG tant notre niveau était bas et que cela la dérangeait de se lever pour venir nous faire cours […]». (Plus tard quand je lui en ai reparlé, il m'a avoué que finalement il n'avait pas rendu la feuille rédigée en ces termes).
J'allais donc en TG avec un peu d'appréhension.

Je m'étais trompée, je n'avais pas compris et mal écouté: je change de groupe donc de prof cette année, ce qui fait que du même coup j'ai échappé à la remplaçante redoutée! Alleluia! Le professeur de cette année est mille fois plus intéressant que celui de l'année dernière; décidément la philosophie n'est intéressante que lorsqu'elle ressemble à une longue conversation, chaleureuse, malicieuse, tourmentée, sombre, vivante.

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Agenda
Acheté une robe et des chaussures orange. Regardé des chapeaux. Ai fait réactivé ma carte vélib qui n'était plus disponible depuis mon changement de carte Navigo.
Only Lovers Left Alive. Film lent, envoûtant. Jarmush réussit le tour de force de maintenir une tension narrative dans un récit (une diégèse) languissant. Triste, calme, nostalgique, engagé. Beaucoup d'amour pour les livres, la musique, la nature. Oui, beaucoup d'amour dans ce film.

En ville

Train à Austerlitz, brume, Blois, une toque avec de la fausse fourrure et une tortue cale-porte, anniversaire de maman, Sleepy Hollow (en français car nous avons cru à un défaut de sous-titrage: en fait il fallait cadrer l'image), Blois, quatre jeans, des cartes de vœux («Comment, trente euros de cartes de vœux?» Ça me fait rire quand je vois l'argent dépensé en films nuls qu'on pourrait emprunter), un Montblanc pour un anniversaire en avril.

Blois s'améliore, un bar avec de la Guinness, un magasin Arthur pour les pyjamas, un magasin de chapeaux, un magasin d'antiquités fermé depuis le 31/12/2004 (neuf ans de poussière sur les objets exposés en vitrine)…

Je vais louper la journée d'introduction à la philosophie demain, mais le titre porte sur l'herméneutique, et j'ai dans l'idée que je sais à peu près de quoi il s'agit. Pas grave. En revanche il faudrait que je commence à me préoccuper de mon oral du 23 janvier et de l'écrit de grec du 25 (ça va être sanglant, je suis dans les choux).

Dernier jour

Je trouve une infirmière à l'institut Vernes pour enlever les fils. Je suis contente, ce n'était pas gagné entre Noël et le Nouvel An.
Je déjeune d'une palombe au réglisse à l'Antre deux rue Mézière (très bon le réglisse, un peu coriace la palombe). J'achète des gants oranges pour moi et des collants à paillettes pour A.

Partie un peu tard du bureau, je ne sais plus pourquoi.

Réveillon chez les voisins, H. a passé la journée aux fourneaux. Bavardage agréable, je ne sens pas la fatigue.

Toussaint

Comme A bout de souffle m'a beaucoup plu, je vais voir La Chinoise dont j'ai appris hier qu'il passait au Forum des Images.
Très impressionnée par le montage, le miroir tendu aux spectateurs, le potentiel dévastateur de la moquerie qui a pourtant pu passer invisible (je suppose, je ne sais pas).
Evidemment, Yvonne me fait penser à ma mère. La France dont elle parle, c'est celle dans laquelle j'ai grandi, années 60 et 70 gommées, inexistantes (comme le bol du café et les tartines du jeune homme "exclu" du mouvement à l'unanimité (tiens, ça me rappelle quelque chose (non rien)), ce bol jaune, ou la toile cirée jaune… (Je ne sais déjà plus.)
Je regarde les travaux à Nanterre en me disant qu'il est dommage que personne ne filme les actuels travaux pour faire un parallèle.
Ce qui me frappe, c'est l'autisme affectif de ces jeunes gens, leur totale insensibilité (ou: la façon dont Godard met en scène une totale insensibilité, poussée jusqu'à l'absurde dans la scène de l'assassinat). Cet autisme m'en rappelle un autre, vu récemment, mais je n'arrive pas à cerner cette sensation, à retrouver le lieu de l'association d'idée.

J'achète un jean, car outre ma carte bleue, ma carte d'identité, un chapeau, j'ai perdu mon jean. (Comment est-ce possible? l'ai-je laissé dans les vestiaires de Melun? (J'y ai retrouvé mon tee-shirt «Savoir orthographier Kirkegaard san se tromper» la dernière fois. Commentaire de H.: «c'est pratique d'avoir des affaires dont personne ne veut»).
Enfin, il (le jean) avait été acheté en 2001 ou 2002, à Blois. Il peut être considéré comme amorti.
J'essaie donc le jean que me tend la vendeuse. Ça ne va pas. Je ressors, me dirige non vers les piles mais les cintres:
— Et ça, qu'est-ce que c'est?
— Ça? c'est un 501 coupé pour fille. (??!)
J'essaie. Adopté aussitôt. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu un jean à boutons, depuis la terminale, je pense. Pour la peine je prends un gros ceinturon, en réalité importable tant il fait une bosse énorme au niveau du nombril (je le porterai quand même).

Seul défaut, le jean est vendu élimé.
Qu'importe, je le reprise le soir-même en regardant Sherlock 2.

Rentrée (bis)

Rendez-vous chez le dentiste, pour moi et pour O. Je ne suis pas venue depuis au moins sept ans, date de l'informatisation du cabinet. Le dentiste sort des morceaux de tartre de mes gencives, j'ai l'impression d'être un vieux lavabo encrassé.

J'accompagne O. qui entre en seconde (mon dernier entre au lycée. Les années heureuses, le lycée, à venir). Nous déjeunons rituellement chez Wajda découvert il y a quelques années grâce à PZ. Je ne sais pas si c'est un effet de crise, mais c'est vide.

J'ai rendez-vous avec lui à la sortie des cours pour qu'il choisisse des lunettes et un chapeau. En attendant, je vais au cinéma, profiter du festival Lino Ventura au Despérado.

Et en attendant le début de la séance, j'explore l'étal du bouquiniste mitoyen.
- Kafka, Le procès
- Kafka, Le Château (il manque des pages à mon poche)
- John Cooper Powys, Autobiographie, parce que c'est un auteur favorie de Patrick
- Esprit, décembre 1962: mort de Louis Massignon, un article sur le mur de Berlin, un article d'Althusser, la crise de Cuba, la guerre d'Algérie, un article sur Char, un autre sur Godard
- Mercure de France, avril 1965, Michel Butor, Denis Roche, "le parti pris des mots" par Genette et et et… "Dix poèmes de Mao Tsö-tong"
- Petite Chronique d'Anna Magdalena Bach
- Albert Simonet, Touchez pas au grisbi (à cause des Tontons flingueurs)
- Limonov, Histoire de son serviteur, parce que cet auteur est étrange, mais pas désagréable.

Dernier domicile connu: Paris des années 70, rue des couronnes, Marlène Jobert qui court, qui volète, derrière Lino Ventura durant tout le film, le malaise d'une société toute entière face aux puissants (la police qui devrait protéger la société n'est elle-même pas à l'abri des puissants), la fin sans espoir, pas d'issue.

Petite digression à propos de la première mission de Marlène Jobert, appât à pervers dans les cinémas. La première fois que j'ai connu ça, c'était dans ces cinémas permanents des boulevards qui n'existent plus (1985?). C'était Il était une fois la Révolution. Je ne sais plus ce que j'ai fait, mais je sais que je n'ai jamais fui (quitté la salle) devant ce genre d'attitude.
Cela m'est arrivé à nouveau lors d'Essential Killing et deux films plus récents. Ça me fait rire, je n'ai plus l'âge, on voit bien que les salles sont obscures. C'est étrange, on comprend tout de suite que l'attitude de notre voisin n'est pas saine, mais cette compréhension est intuitive, instinctive, très difficile à étayer sur des faits matériels. Généralement c'est un homme qui s'assied dans le siège à côté de vous alors qu'il y a de la place ailleurs — en tout cas suffisamment pour laisser une place d'écart, comme il est coutume. Puis le coude prend trop de place. Mais est-ce qu'il prend vraiment trop de place, ou est-ce une illusion, de la paranoïa? Qu'est-ce qu'un coude normal? On ne se souvient plus, on n'a jamais fait attention.
Désormais je simplifie: soit je demande «Pourriez-vous me laisser un peu de place? votre coude me gêne», soit si mon sac le permet (sil est souple), je le mets sur l'accoudoir en tampon et je m'installe. L'homme met entre trente secondes et trois minutes à changer de place. Généralement il quitte la salle, me confortant dans mon diagnostic: je n'étais pas paranoïaque, le film ne l'intéressait pas.

Je récupère O.
Vélib. Choix de lunettes, d'un chapeau, de chaussures. Les deux premières emplettes prennent une heure chacune (confusion devant le choix), la dernière dix minutes (le magasin ferme).

Nous rentrons en restant sur la rive gauche de la Seine. Mon idée était de montrer à O les quartiers que j'aime tant, les friches industrielles que j'ai tant suivis durant les grèves de 2009 avec C. Mais tout s'est beaucoup construit. Pont du Port à l'anglais. Je dis à O: «Tu vois, il y a quelque part un idéal de vie qui consiste à habiter ces maisons [meulières minuscules] en allant prendre son café tous les matins au café», je songe à San-Antonio ou Auguste Pichenet, il répond «je comprends» et je sais que c'est vrai.

Dans les petites rues de Villeneuve-Saint-Georges je manque d'écraser un chat roux. Je pile, je cale. Un Arabe hilare me félicite pouce levé, un autre me dit «fallait l'écraser». A la maison, H est furieux, le camion est chargé, A n'avait pas préparé grand chose.

Journée ensoleillée

Il fait très beau, avec un peu de vent. Après avoir cherché un médecin, notre ami décide d'aller aux urgences à l'hôpital afin de faire au plus simple (à ma question: «Crois-tu avoir besoin d'autres médicaments que ce que nous pouvons acheter librement en pharmacie?» il a répondu oui, ce qui rendait légitime la démarche). Il en ressort que l'on peut librement circuler dans l'hôpital, qui est très vaste et ressemble au reste de Venise (je veux parler des maisons ocres et des volets verts et de l'herbe haute). Ce serait une façon d'aller très vite des Fondamenta Nuove à San Giovanni et Paolo, mais évidemment guère civique.
Dans les jardins de l'hôpital, une fontaine rassemble une colonie de tortues de Floride. C'est curieux.





(Il apparaîtra, mais nous n'en doutions guère, que notre ami avait paniqué un peu vite.)

Pendant qu'il est à l'hôpital avec sa femme, H. et moi retournons chez Gianni Basso. Comme il nous dira en riant «les gens reviennent pour vérifier que je n'ai pas disparu». J'ai un peu honte car il a raison (mais je suis rassurée, son fils est plus souriant, plus détendu: peut-être a-t-il constaté en quatre ans que les idées bizarres de son père (pas de fax, pas d'internet) constituent le meilleur marketing pour son activité d'imprimeur traditionnel. Quoi qu'il en soit, les commandes continuent d'affluer du monde entier.)

J'en profite pour entraîner H. vers magasin repéré lors de mon passage pour la Vogalonga. Il s'agit de vêtements fabriqués par des détenues et la vitrine est de toute beauté.
En fait j'étais persuadée que rien ne m'irait (habits fait à la main, je n'ai pas la taille mannequin, etc.) mais il s'avère que la vendeuse a le jugement sûr (cela m'impressionne toujours, ces vendeuses qui vous jaugent au premier coup d'œil et paraissent avoir un mètre-ruban dans le cerveau) et que deux clientes charmantes sont dans le magasin, dont l'une parlant très bien français: pour faire court, je ressors avec une robe et une veste.

Porter une robe fabriquée par une détenue ne me laisse pas entièrement tranquille: suis-je en train d'aider quelqu'un ou en train de profiter de sa faiblesse? Et qu'a-t-elle fait pour être en prison? (Oui, oui, je sais que cela n'a aucune importance, j'ai la robe. Mais si on ne peut plus rêver sur les objets, à quoi bon?)

Cette capacité à rêver à partir de rien finit d'ailleurs par me paraître essentiel pour visiter Venise: après déjeuner, nous entraînons nos amis à San Pietro. C'est l'un de mes endroits préférés à Venise, même si je sais que c'est trop venteux pour que je puisse jamais y vivre. Peut-être sommes-nous entrés un peu trop vite dans l'église saint Pierre, peut-être n'aurions-nous pas dû y entrer (derrière moi, un ado d'une quinzaine d'années est en train de dire à ses parents: «Vous allez payer pour ÇA? Mais on a déjà vu la même chose dix fois!» Impavides, les parents paient et entrent avec lui. A leur place, je l'aurais laissé dehors).
Toujours est-il que lorsqu'on ne rêve pas, lorsqu'on ne se projette pas dans le passé, lorsqu'on ne se laisse pas émerveiller par l'idée que c'était la cathédrale de Venise avant Saint Marc, ou que l'on ne regarde pas le trône de Saint Pierre à Antioche en songeant aux Actes des apôtres ou à Corto Maltese ou en philosophant que c'est étrange, cette sourate du Coran sur un trône de Saint Pierre, eh bien oui, ce n'est pas grand chose, cette église, une église de plus, et c'est ce que paraissent penser nos amis.
Je suis déçue de leur manque d'enthousiasme. Je regrette de les avoir fait payer pour entrer là, à quoi bon?

Une glace plus tard, nous rentrons. Les places sont envahies d'enfants qui jouent au ballon, l'école doit être finie, il y a des poussettes et des petites filles. Je me glisse très vite dans l'église qui a vu le baptême de Vivaldi, pour une fois ouverte alors qu'elle est toujours fermée. Les autres m'attendent devant, sans curiosité.
Comme elle est toujours fermée, je pensais qu'elle était délabrée, mais ce n'est pas le cas. Elle paraît simplement "très fouillie", elle est petite et semble liée à un saint russe qui m'a paru Jean-Baptiste, s'agit-il d'un jumelage avec une église russe? Je n'ai pas osé passer trop de temps à chercher à comprendre; la différence d'alphabets était un obstacle de taille.

Je n'ai même plus envie de forcer (un peu) nos amis à entrer à Saint-Georges des esclavons alors que nous passons devant. J'aime trop Carpaccio, je préfère venir le voir seule ou avec H.; vu la taille des deux pièces, cela me prendra trois quart d'heure n'importe quand dans la journée.

Ils rentrent se reposer à l'appartement, H. et moi prenons le vaporetto et allons nous installer en terrasse place sainte Marguerite. Cartes postales, lecture et soleil, deux spritz bitter plus tard je suis un peu ronde. Il y a quelque chose de fétichiste dans notre façon d'envisager cette ville, nous passons notre temps à revenir aux endroits aimés. Il y a un quartier que nous ne connaissons pas, que nous n'avons jamais exploré: S. Croce. Nous l'avons toujours évité, il faudra un jour combler cette lacune.

Le pont de la rivière Kwaï

Matinée sur des sites de… teeshirts : spreadshirt, redbubble, I' m voting tea party, woot, 80stees, ça me fait rire (un rien m'amuse).

Commencé à écrire sur Tamar (je me suis aperçue que j'avais perdu ma dissert de l'année dernière sur tradition et révélation. Il faudra que je fouille dans ma clé USB sur laquelle je sauvegarde de temps en temps en vrac, générant quantité de doublons qui font que je n'ose plus l'ouvrir).
Cette deuxième année représente de grands progrès sur la maîtrise du temps, avec plus de rigueur et de discipline, à tel point que j'ai entendu H. regretter le temps où je perdais mon temps sur internet!!! (comme quoi tout est possible, même l'incroyable. Contexte: je me plains de tout perdre et de tout oublier. Il me répond: «Normal, tu fais trop de choses. Moi: —Tu plaisantes, j'en fais beaucoup moins, plus de blogs, plus de FB, j'ai beaucoup concentré mes activités. H: —Justement, surfer et glander, ce n'est pas fatigant.»)

Le pont de la rivière Kwaï. Je ne l'avais vu qu'une fois en cassette vidéo, j'en gardais un souvenir flou (deux images, "le four" du camp et le jardin paradisiaque du commandement britannique). Quelle perfection dans la construction narrative, tout le nécessaire, rien que le nécessaire, au moment qui convient.

Dîner chez Jaffar. Nous sommes clients depuis longtemps. Lorsqu'il avait fermé en 2010, j'avais cru que les charges avaient tué un petit restaurant de plus: j'ai la surprise de découvrir qu'il est recommandé par un journal de Chicago!

Contretemps

Vu sur un pull en vitrine :

Do Winter
Do Spring
Do Summer
Donot Fall


Journée très speed, dont un aller/retour cauchemardesque à Roissy sous la pluie et un avion raté à cause de soixante centimètres d'eau dans un creux sur une bretelle d'accès d'autoroute (une demi-heure de bouchon à quatre kilomètres de l'aéroport. Embarquement clôturé quarante minutes avant le décollage pour cause de navette vous emmenant à l'autre bout des pistes. Nous sommes arrivés quinze minutes trop tard.)
On recommence demain pour un avion à sept heures vingt. Quand je pense que je me disais que j'allais me détendre et dormir après le décollage de cet avion…

Par ailleurs l'hiver sera rouge.

Première neige

8h, messe à Notre-Dame (l'église est bien chauffée); 9h, bibliothèque rue d'Assas (Platon, Phèdre, le père Caffarel sur la prière); 10h30 achat de Dc Martens aux Halles; 11h15, chapeau à la Cerise sur le chapeau; 12h, allemand (raté la première heure. Préparé aucun devoir à la maison); 14h, vingt-deux siècles de littérature grecque en trois heures et quart (professeurs qui ne lisent pas leurs notes, alleluia); 18h, bibliothèque Mouffetard (trois livres en retard); 18h45, salon du livre à l'EA.


Dans mon sac, le matin :
Platon, Le Banquet et Phèdre, GF 1964 (traduction Emile Chambry)
Léo Strauss, Sur une nouvelle interprétation de la philosophie de Platon (à rendre à Mouffetard)
Friedrich Nietzsche, Introduction à la lecture des dialogues de Platon (à rendre à Mouffetard)
Auguste Diès, Autour de Platon (à rendre à Mouffetard)

Le soir :
Platon, Le Banquet et Phèdre, GF 1964 (traduction Emile Chambry)
Henri Caffarel, La prière, rencontre avec Dieu
Platon,Phèdre, GF 1989 (traduction Luc Brisson)
Jacob Taubes, En divergent accord : à propos de Carl Schmitt (rendu par Patrick)
Michel Rocard, Mes points sur les i : Propos sur la présidentielle et la crise (pour H.)

La carte vitale du centenaire

Il nous téléphone parce qu'il ne fait pas bien la différence entre la sécurité sociale et sa mutuelle. Sa carte vitale est désorientée depuis qu'il a eu cent ans en juillet, elle ne fonctionne plus.
Je lui dis d'appeler le 3646. Il comprend mal, il entend 3648.
«Il va tomber sur un disque», me dit ma collègue. Je lui conseille de se faire assister par quelqu'un, son pharmacien par exemple. Mais son pharmacien est déjà celui qui s'en est débarrassé en le renvoyant vers nous. J'ai le cœur serré. Je ne comprends pas comment une société qui n'a que le mot "vieillissement" et "seniors" à la bouche peut avoir entièrement basculé du côté du téléphone. Avec l'âge, la plupart d'entre nous deviennent sourds, le téléphone, ce n'est pas le plus pratique. Et la touche étoile et le code confidentiel, c'est déjà agaçant à trente ans, alors à quatre-vingts ou cent…
Ça m'agace et ça me peine.



Acheté des boutons pour le manteau rouge à L'entrée des fournisseurs et pris un goûter au Loir dans la théière avec A. On dirait que les patrons ont changé. La tarte meringuée est monstrueuse.

Deux artisans

Je suis en train de dépenser avec très peu de remords l'argent du ménage à des futilités.
  • et samedi, vieux rêve, des (enfin une) reliures.
    Un peu étonnée de me trouver tant de points communs avec la relieuse. Discussion à bâtons rompus sur la peau de chèvre, les bibliothèques en trompe l'œil, Le Contrat de Westlake, les charges qui étouffent l'artisanat (avec ce maudit calcul de charges sur les années N-2 qui condamne toute personne faisant une "bonne année" à mourir de faim les deux années suivantes: du travail indépendant comme bénévolat), la couleur du papier («vous choisissez le cuir, je choisis le papier» (ça m'a fait rire)), l'obsession de laisser les choses en ordre pour le cas où l'on viendrait à mourir brutalement afin de ne pas pénaliser ceux qui resteraient? (Cela ne m'a pas réussi de me faire passer pour organisée. Sûre comme la mort, j'ai oublié dans la boutique ma pochette contenant mes papiers et ma carte bancaire. J'y retourne ce soir.)>*

Petit plaisir

J'avais repéré un imperméable il y a une semaine (bon d'accord: un trench (kaki, pas noir)).
Je l'ai acheté.
J'espère qu'il va pleuvoir.

C'est bon

La jupe rose a tenu, malgré les trois ou quatre kilos de différence avec 1990.

Manifeste anti-bretelles

Je n'aime pas les bretelles de soutien-gorge qui dépassent. Remarquez, mon observation est inexacte, elles ne dépassent pas, elles sont carrément exposées.

Mesdames, mesdemoiselles, si vous ne supportez pas de ne pas porter de soutien-gorge ou de porter un soutien-gorge sans bretelle sous un débardeur à fines bretelles, prenez au moins la peine d'assortir la couleur du-dit soutien-gorge, prenez la peine d'au moins un vague rappel de couleur : oui, une bretelle noire sous un haut blanc ou rouge est vulgaire, quelles que soient votre élégance et votre recherche vestimentaire par ailleurs. (Je suis également contre les bretelles transparentes, qui brillent et attirent l'œil).

Il faut savoir renoncer ou investir : si vous savez que vous n'avez pas la bonne couleur de soutien-gorge au moment de l'achat du débardeur de vos rêves, n'achetez pas. Ou achetez le soutien-gorge assorti.
Sachez renoncer, c'est un premier pas vers la distinction : à quoi rime un soutien-gorge sous des emmenchures américaines ou sous un dos nu se nouant autour du cou? All the point est de dégager les épaules et le dos, comme le nom "dos nu" l'indique, le port d'un soutien-gorge à bretelles devient ici un non-sens. Alors sachez renoncer à cette si jolie pièce de tissu si vous n'êtes pas capable de la mettre en valeur : elle est peut-être jolie, mais vous la rendrez moche.

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Pendant que j'y suis, une brève :
D'après un article du Figaro du 16 juin reprenant un sondage de FHM, Ségolène R. est sixième au classement des cent femmes les plus sexy de la planète, et deuxième des Françaises derrière Adriana Karembeu.
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