Billets qui ont 'voiture' comme mot-clé.

Une grosse con***

J'ai posé ma matinée pour participer à un atelier sur l'Europe à Melun.
Je suis toujours un peu perdue dans les diverses offres autour de l'Europe; en l'occurence ce matin, il s'agissait de la communication institutionnelle du parlement européen dont le but est de faire voter, mais «de préférence pour des députés pro-européens», a fini par ajouter une des participantes, pointant les limites du parti pris apolitique.

La plupart des présents étaient professeur, préoccupés d'avoir des outils pour parler aux lycéens et aux étudiants. A été évoquée avec fierté par les jeunes organisateurs une vidéo de mauvais goût: un jeune votant et sa grand-mère, avec le slogan «c'est la première fois que je vote, c'est peut-être la dernière fois que je vote» (mais quelle horreur: eux étaient tout fiers de ce lien générationnel). Je vous mets quelques liens (s'ils sont en anglais, fouillez un peu, il est toujours possible d'obtenir du français): dans ma région, dans ma vie et quelques gros plans, série de podcasts.

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Le matin j'étais comme d'habitude en retard. En constatant que je n'avais pas de raclette pour gratter le gel sur le pare-brise, j'ai utilisé la coque de mon téléphone.
J'ai bousillé le pare-brise. Il est profondément rayé, de plusieurs grandes rayures, juste au niveau des yeux puisque c'est l'endroit qu'on gratte en premier.
Je ne comprends pas comment c'est possible. Sans doute le pare-brise n'est-il pas en verre? mais la coque est bien en plastique, comment est-ce possible?

Quoi qu'il en soit, cela met fin à notre espoir de faire réparer la fuite dans le dossier de la voiture due à une erreur du garage mandaté par l'assurance suite à l'accident de mars dernier. En effet, un nouvel expert devait passer. H a remarqué: «quand il va voir le pare-brise, il va réformer la voiture».
Nous allons devoir trouver une solution tous seuls. Je me demande combien ça va coûter.

Ce soir nous sommes déprimés.

23

Thé à la menthe à 22 heures; mal dormi; préparé les valises. Arrivés chez mes parents en avance, pour une fois. Pas de sapin, pas de guirlande, pas de décoration, strictement rien. C'est tout de même très étrange.

Dormi une partie de l'après-midi dans un fauteuil du salon, puis tenté de sécher la voiture pour découvrir qu'elle était trempée plus haut derrière le siège conducteur. Je ne comprends pas quel est le trajet de l'eau, à quel niveau elle passe. Ce n'est pas la capote qui a un défaut, c'est plutôt la structure derrière le siège conducteur qui doit être fêlée. Le compliqué, c'est qu'il faudrait ramener la voiture où elle a été réparée au printemps dernier, à 80 km de la maison, et que le garage reconnaisse qu'il a mal fait son travail, le tout avec l'aval de l'assurance afin de faire jouer la responsabilité civile du garage. C'est une bataille de longue haleine que je laisse H. mener.

Terminé The recruit. Amusant, le personnage du naïf dans un film d'espionnage.

Fuite

J'étais contente hier soir: la serviette mise chaque matin, essorée chaque soir, remplacée pour la nuit, remplacée le matin, n'était plus qu'humide, et non trempée; je me disais qu'avec un coup de sèche-cheveux dans le week-end, la voiture serait à peu près sèche.

Il a plu cette nuit, ce matin il y avait à nouveau un centimètre d'eau dans la voiture. Donc il y a une fuite. Il faut faire ré-ajuster la capote. Elle avait été mal remontée une première fois après l'accident; je suppose qu'elle s'est détendue pendant les kilomètres cet été.

Travaux d'hiver, encore.

Piscine

Hier soir j'ai laissé la fenêtre de la voiture entrouverte côté conducteur.

Avec tout ce qu'il a plu cette nuit, elle s'est littéralement remplie: cinq centimètres d'eau sous le siège et jusque sous les pédales. Nous avons écopé ce que nous avons pu, j'ai mis une serviette de toilette pour servir d'éponge toute la nuit.

Je ne sais pas comment cela va pouvoir sécher avec l'hiver qui vient.

Remords et regrets

5h20. De façon inhabituelle je consulte mes mails sur mon téléphone (normalement je me contente d'allumer la radio).
Et c'est alors que je découvre un mail de Nicolas de vendredi qui nous apprend qu'il était cas contact mardi à l'oulipo, malade jeudi.

Zut. Pourquoi n'ai-je pas regardé mes mails de près ce week-end?

Autotest. Positif aussitôt, dans la seconde où le liquide touche la bandelette.
Zut. Pourquoi n'ai-je pas fait un test samedi? J'étais tellement persuadée que c'était une rechute due à la clim, la toux et la fièvre étaient tellement les mêmes. Zut. J'ai dû contaminer la vendeuse de chaussures, j'aurais dû mettre un masque, je suis trop con. Et peut-être la jeune fille dans le train — mais peut-être pas, j'avais si froid que je m'étais recroquevillée le visage contre ma manche pour me tenir chaud avec mon souffle.
Et H.? Jamais je ne regarde un film avec lui, parce que je trouve idiot de regarder un film sur un iPad1 quand on a un grand écran à disposition — sauf que celui-ci étant au dernier étage il faisait trop chaud et que les chips et le gin devant un film sans enjeu c'était cool.

Autotest négatif pour H. Mais il tousse comme moi et m'accompagne chez l'infirmière pour lui aussi faire un test PCR. Nous portons nous-mêmes la pochette des prélèvements au laboratoire. La rue principale est jonchée de tuiles cassées, les carosseries sont bosselées, les pare-brises fendus. Des portions de trottoirs sont interdites à la circulation à cause des risques de chute de tuiles. Au retour, nous passons devant l'entrée du loft jumeau du nôtre (elle donne dans une autre rue). La propriétaire est en train de balayer, son toit est bâché, sa verrière a éclaté: «on était en dessous, j'ai juste eu le temps de tirer mon fils et de le projeter sur le canapé».

Ce matin H. est allé voir la voiture: cratères dans la carosserie, pare-brise fêlé, rétroviseur éclaté. Nous nous en tirons plutôt bien par rapport à d'autres.

pare-brise fêlé par la grêle






Note
1 : lui qui a une très mauvaise vue voit mieux sur les écrans Mac, la définition et la luminosité sont meilleures. Au fur à mesure que ma vue baisse je comprends mieux son point de vue.

Contrôle d'identité

Lumière bleue silencieuse dans le rétroviseur, je suis surprise car je ne sais pas ce que cela signifie pour une voiture de police. Longue rue qui descend avec des chicanes, je suis deux voitures sans me presser, à tout moment il faut laisser passer celles qui arrivent en face; je viens de ramer, je pense au gâteau que je vais acheter; je suis dans les nuages.

Au moment où je redémarre après une chicane, la sirène se met en route, un signe, c'est pour moi, je me gare.
Un joli jeune flic arrive à ma portière:
— Nous allons procéder à un contrôle d'identité. Vous savez pourquoi?
— Euh non.
— Vous avez glissé le stop. Très lentement, mais vous n'avez marqué aucun arrêt.
— Ah? Je ne sais pas.
— Je vous assure.
— Oh mais je vous crois, je ne conteste pas. Le problème c'est que je n'ai rien, aucun papier. Je reviens du sport (je fais un geste vers le sac sur le siège passager) et je n'ai rien, même pas mes lunettes. Attendez, je vais sortir.
— Ce n'est pas la peine.
— C'est pour la lumière (J'agite mon téléphone), sans lunettes je ne vois pas grand chose.
— Vous savez que vous devez avoir votre permis, la carte grise et le certificat d'assurance quand vous circulez?
— Oui, je suis désolée, j'habite tout près, à Moret.

Je farfouille dans mon téléphone, parviens à trouver une photo de mon permis. Ils sont trois, une fliquette et un plus âgé. Ils se passent mon téléphone, essaient de trouver des renseignements sur la voiture à partir de l'immatriculation. Le jeune papote, étonnamment amical, il est en admiration devant la voiture, un super moteur, très souple, il connaît. C'est plus fort que moi, je raconte ma passion pour cette voiture depuis les années 90: «Mais avec les enfants, ce n'était pas possible». Le plus âgé sourit compréhensif: — Ça coûte combien une voiture comme ça? — 25000. Il hoche la tête, c'est moins qu'il ne pensait. In petto je ne comprends pas bien pourquoi nous sommes en train de discuter comme si nous prenions le thé alors qu'ils m'ont arrêtée et que je n'ai pas de papier, mais c'est plus fort que moi, je continue: «si ça vous intéresse, il y a un super garage qui vend des occasions au niveau de Draveil.»

Bref, ils n'ont pas réussi à se connecter et à trouver des informations sur mon compte. Ils m'ont laissé repartir, «ça va pour cette fois, mais ne glissez plus de stop» «merci beaucoup, j'ai la tête un peu dans les nuages en sortant du sport».

Je pars, ils me suivent, je m'applique pour ne pas dépasser cinquante dans la ligne droite après la gare, je m'arrête au feu orange, je mets mon clignotant avec soin. Ils continuent sur la route principale.

Après m'être garée je vais m'acheter un baba au rhum.

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Je revenais de l'aviron : belle sortie en double avec Sandrine. Nous avons remonté la yolette et un quatre. Je manque de condition physique.

Vers Blois

Chaque fois que nous allons à Blois nous empruntons de nouveaux chemins. Je regrette de ne pas les avoir notés car il y a des lieux que j'aimerais retrouver.
Ce matin la radio annonce sept cent kilomètres de bouchon, nous choisissons un "autre" itinéraire (Waze en propose désormais trois).

Route ronde dans la forêt de Fontainebleau, château de Bellegarde (à trois quart d'heure de la maison, il faudra revenir. «Il a beaucoup changé, dit H. Quand j'étais petit il était à l'abandon, envahi d'herbes folles»), Beauce, il fait gris, c'est la bonne température pour être décapoté. Forêt d'Orléans, vingt kilomètres de quatre voies (nous évitons, nous ne prenons que des départementales), St Denis-de-l'Hôtel, il faudra un jour aller à Sully, la Loire et ces couleurs verte bleue beige un peu passées matérialisation de la lumière, arrêt traditionnel à Jargeau pour un café et une pause-pipi.

Nous nous garons un peu loin, rue de l'écho, en face de l'académie de billard. Dans cette rue un vieux monsieur est en train de travailler à la carcasse d'un break des années 70. A côté, une traction avant rutilante, au fond du garage la même à l'état d'épave, sur le pont, une volvo à la carosserie décapée. Deux ans pour refaire une voiture à neuf, nous dit-il. C'est la version française des amoureux de voitures américaines mythiques. Je regrette qu'il soit seul et pas en train de transmettre à un jeune. Je ne trouve pas trace de son activité sur internet: serait-ce purement amateur et non une activité professionnelle?

Sologne, routes droites, quelques gouttes de pluie. Chaque fois que nous traversons cette partie de la Sologne il pleut. «C'est parce que c'est la Sologne du nord». Je n'arrive pas à déterminer s'il est sérieux. La Ferté-St-Aubin. Un autre château à visiter. Nous n'entrons pas dans le domaine de Chambord mais passons par la levée de la Loire. Il y a beaucoup de vent, la Loire frise, il y a de l'écume sur les vagues, c'est autre chose que la Seine. Ce qui me frappe le plus, c'est la différence de couleur, ici tout est accordé, la terre et le ciel semble en camaïeu et non en rupture.



Pendant ce temps (ce temps gris et froid et pluvieux), terribles images de la Grèce où les incendies font rage.

Les transports du futur

Affiche à Nanterre préfecture.



En fait les deux sont vrais: la voiture sans conducteur et le conducteur sans voiture.

Ce qui est perturbant, c'est que lorsque je discute avec des jeunes et leur parle d'un monde où quasi plus personne n'aura de voiture personnelle, où les trains de courte distance auront disparu au profit de bus-navettes qui viendront vous chercher à domicile ou de ponts dont la signalisation changera entre le matin et le soir (le nombre de voies dans un sens et dans l'autre variera) en fonction des flux attendus, ils me regardent comme si j'étais folle et se détournent poliment. Cela m'est encore arrivé en juillet à jrs.
Pourtant, ce sont eux les jeunes, ce sont eux l'avenir.

Ils ont le même comportement que les vieux (comprendre: ceux de mon âge) quand je leur dis que la plupart de mes connaissances sont (ou furent) des blogueurs. Ils me donnent alors l'impression d'être une dangereuse anarchiste qui préfère la compagnie de gens qui n'existent pas à leur compagnie. (Je crois que ça les vexe).

Mystère

Reçu un PV pour un excès de vitesse le 19 avril à 18h58 sur la A11 en direction du Mans à la hauteur du village de Saint Bomer.

Il va falloir contester et demander une photo.

Retour

Voir le chirurgien, passer à la radio, s'exercer à descendre les escaliers avec la kiné («Pliez le genou, il faut que le pied gauche dépasse le pied droit»), récupérer tous les papiers (ordonnances, bulletin de sortie, bilans sanguins) auprès des infirmières : «vous pensez que je pourrai sortir à quelle heure? — Oh, en début d'après-midi. — Mon repas est prévu? — Mais oui.»

J'appelle H. pour lui dire de ne pas se presser, ça tombe bien il est en pleine livraison (le prototype du projet sur lequel il travaille depuis un an).

Je range mes affaires en clopinant, je déjeune, le téléphone sonne: «je suis en panne à Belle Epine». Exaspération de la voix, trois heures de sommeil, une voiture révisée il y a quinze jours. Exploration rapide des possibilités: il s'occupe de la voiture, du dépanneur, de son propre rapatriement; je me débrouille pour rentrer de mon côté.

Clopin-clopant jusqu'à l'ascenseur avec le gros (mais pas lourd) sac de sport, attente au secrétariat (le pied en l'air qu'ils disaient) qui m'appelle un taxi pour aller à la gare de RER (je sais que H. va m'engueuler, mais même si ce n'est pas le plus confortable, c'est tout de même le plus rationnel, le plus rapide, pour traverser diamétralement la région parisienne).

Descente des escaliers marche à marche (je n'ose pas prendre les escalators, je ne suis pas assez rapide, peur de tomber), tourniquet, quai, voiture pour Marne-la-Vallée. Changement à Nanterre Préfecture, RER pour Boissy-St-Léger, je monte. De l'autre côté du couloir, un jeune homme dort à poings fermés allongé sur trois banquettes, genre migrant à la rue, le jean fendu le long de la raie des fesses. Il est sans slip. Il sent mauvais du côté du supportable.
Plus tard, vers St-Maur, il se mettra à tousser à fendre l'âme. Nous passagers nous nous regarderons, sans savoir ce que pense chacun. Pitié, gêne, dégoût, indignation comme les deux dames qui sont descendues plus tôt «ah, c'est bien le RER»?
Je pense à R. qui expliquait que soigner les immigrés illégaux (il n'y avait pas encore de "migrants" à l'époque) était une mesure de santé publique.
Nous nous regardons, ne disons rien, ne ferons rien. Qu'a-t-il traversé, qu'a-t-il vu, quel espoir représentions-nous, qu'avons-nous déçu? Il faudrait le réveiller, le doucher, le nourrir, l'habiller.
Nous partirons. Les passagers descendent un à un de station en station, je reste la dernière. Il dort.
Je descends au terminus. La rame repart, il dort toujours.

O. arrive avec retard. Quelques minutes plus tard je suis chez moi.


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Les ruches de Notre-Dame sont saines et sauves. Je ne comprends pas comment c'est possible.
Inquiétude pour les faucons crécerelles: où vont-ils nicher?

Sécurité sociale : tous libérés délivrés


Billet technique plutôt à l'usage des vieilles générations : depuis le 1er janvier 20191, plus aucune personne majeure n'est "rattachée" à son conjoint (ou conjointe, mais c'est plus rare).
A priori les enfants majeurs ne doivent plus non plus être rattachés à leurs parents.

— Allô, ma femme a reçu une lettre qui lui dit qu'elle ne m'est plus rattachée… est-ce qu'elle est toujours couverte par ma mutuelle2?

Réponse : oui.

A faire : se créer son propre compte sur Ameli. Vérifier sous l'onglet "mes informations" que le nom de votre complémentaire apparaît dans la case "complémentaire". Cliquer et vérifier que la télétransmission est à "oui".
Si non à l'une de ces vérifications, envoyez (en pdf) une attestation sécu à votre complémentaire en demandant la mise en place de la télétransmission.
Et voilà.

J'en profite pour dire du bien des pharmaciens: heureusement qu'ils sont là, ils servent de relais administratif, de pédagogue, de psychologue, de trésorier/banquier (en acceptant d'attendre des règlements)… Ils aident aux déploiements technologiques comme la carte vitale (mise à jour dans les bornes, explications, etc) ou le dossier médical partagé; et tout ça sans se plaindre. Parfois ils téléphonent aux complémentaires pour aider les plus âgés. Il ne manque plus qu'ils vendent du pain et des timbres…
Une pharmacie par village de plus de mille habitants serait-il une bonne idée? Serait-ce viable? (Quelle taille critique pour qu'une pharmacie soit viable?)


Bref, une journée au téléphone, sans compter le message qui essaie de me mettre la pression: «vous comprenez, c'est TRÈS GRAVE, je n'ai plus de carte TP3». Si elle savait qu'elle me fait juste penser «C'est terrible ce qui vous arrive». (Je suis méchante mais ils m'agacent.)
Ou encore «il me faut ma carte TP car je suis en ALD»: ben non mon coco, ça veut dire que tu es remboursé à 100% donc c'est plutôt un contre-argument (oui, pas pour tout. C'est juste pour dire que cela ne m'impressionne pas.)



Notes
1: après trois ans de période transitoire : loi votée le 31 décembre 2015, donc sous Hollande. Non, c'est pas la faute à Macron (jdcjdr).
2: plus probablement une complémentaire santé, c'est-à-dire un contrat. Une mutuelle est une forme juridique; il y en a de moins en moins par défaut de taille suffisante pour respecter les contraintes légales extrêmement lourdes.
3: Tiers payant

La tache

Une heure et demie de voiture ce matin: la A86 extérieure par un beau soleil. But: un garage de Courbevoie, élu le garage le plus pratique pour la révision de la voiture rouge.
A pied du garage à Nanterre préfecture: Courbevoie est encore un village. En profiter avant l'arrivée d'Eole (RER E) en 2022 au niveau du stade Aréna.



Découvert avec surprise une grosse tache rouge dans mon œil gauche. Moi qui attribuais la douleur à la fatigue… Aucune idée de comment je me suis fait ça. (Ce n'est pas grave, c'est le principe d'un bleu, vaisseaux éclatés, ça passe en quelques jours.)


2018-1114-oeil-tache-rouge.jpg

Journée interminable

Marché à Yerres. Peu de commerçants, peu de clients. Une part de bûche à la crème au beurre au café (je dois être la seule personne à aimer cela).

Tempête sur la France à partir des côtes, la deuxième (Eleanor) en deux jours (après Carmen). Nous avons convaincu A. de partir tard ce soir ou tôt demain car j'imagine mal sa voiture lutter contre des vents de cent dix kilomètres-heure.

Un convoyeur (un chauffeur payé pour cela) est venu chercher la Lexus le 29 décembre (c'était une voiture de société, H. aurait dû la rendre le 20 mais son hospitalisation l'en a empêché), nous n'avons donc plus qu'une voiture deux places à la maison. (Je n'aurai jamais autant parlé de voitures que depuis six mois. Regret de la Lexus, la meilleure voiture que nous ayons jamais eue, la plus luxueuse, la plus puissante, la plus silencieuse, la plus douce, la plus sécurisée ou sécurisante, aussi).
Dans l'après-midi, nous allons essayer et acheter une Citroën C4 d'occasion à Corbeil-Essonnes. C'est un achat raisonnable de personnes raisonnables, un achat qui me rassure en attendant de savoir ce que va donner l'entreprise d'H.

Préparation d'un repas sans gluten et sans lactose pour nos amis de Franche-Comté (c'est à cela qu'on mesure l'amitié !). Curry d'agneau, taillage de bâtonnets de légume, brocciu et roquefort pour l'apéritif.
Discussions tard dans la nuit (bien trop tard, interminable, deux heures du matin, je ne tiens plus assise, je me lève et marche de long en large, je suis la seule à travailler le lendemain) et deux bouteilles de rouge à trois, nous parlons hôpital (« ils ne communiquent pas du tout entre spécialisations ») et opérations et opération râtée et douleur (« la morphine c'est bien la première heure puis pendant trois heures tu dégustes ; ces pics deviennent intolérables ; à la fin je préférais ne pas en prendre du tout ») et consultation privée ou publique (« je lui ai demandé de m'expliquer la différence : gratuit et six mois d'attente ou cent cinquante euros dans deux semaines »). Pas de doute, nous vieillissons (« je lui ai dit "jusqu'à ce que vous m'opériez j'allais très bien", il n'a pas aimé. Mais c'était lui-même qui m'avait dit que j'étais en pleine forme »).
Architecture et aménagement du territoire, aussi : vingt millions de mètres cube de terre déblayés lors du creusement des tunnels de RER autour du grand Paris : qu'en faire ? et comment la déplacer, par camions (de vingt mètres cube), péniches, trains ?
Je propose de la donner (parce qu'ils sont pauvres) à la Biélorussie (Tchernobyl) s'ils viennent la chercher ou de la vendre (parce qu'ils sont riches) aux Pays-Bas contre la montée des eaux.

La cosse

Rendez-vous à neuf heures chez le médecin généraliste, d'abord pour O. qui n'est pas convaincu de la complète guérison de son eczéma, ensuite pour H. qui avait rendez-vous avant l'épisode d'hier et en profite pour prendre quelques conseils.

Rendez-vous à dix heures avec le chirurgien urologue qui ressemble à un héros de roman-photo (toujours je pense à Rémi en train de dire drôlement à propos de X ou de Y : « il est bôôôôôôhhh »). Il nous dessine des reins au dos du scanner (des années d'entraînement) et fixe l'opération à jeudi. Si vite ? Je n'ose y croire. Bien, H. sera serein pour Noël, bonne nouvelle.

Nous rentrons. H. s'endort, terrassé par la douleur et les anti-douleurs.

Vers quatre heures, coup de fil de O. : la voiture qu'il a laissée à la gare ce matin ne démarre plus.
— Je pense que c'est la batterie : la voiture s'est allumée puis tout s'est éteint.
— Bouge pas j'arrive. En attendant regarde sur youtube comment démarrer une voiture avec des câbles.

Je passe à la station-service acheter des câbles, demande quelques conseils. Coup de bol il y a de la place devant la Mazda, je gare la Lexus tête-bêche, descends sous la pluie fine dans la nuit quasi-tombée. Nous ouvrons les capots.
Impossible de trouver la batterie de la Lexus. Elle se trouve sans doute sous un couvercle d'aluminium solidement vissé1.
Bon ben…
J'essaie de contacter un voisin, O. une amie qui n'habite pas loin, dans l'espoir de trouver une autre voiture pour nous dépanner. Personne ne répond.
Rentrons.

Appeler l'assistance de l'assurance ? Attendre le voisin ? H. réveillé a une idée inattendue : téléphoner au concessionnaire qui nous a vendu la voiture. A ma grandes surprise et confusion, le vendeur propose de passer après ses heures de travail (il habite la ville d'à côté). Est-ce pour son questionnaire de satisfaction client ou aime-t-il vraiment ses voitures ?

Il nous emmène à la gare. (Du machisme contraint : H. doit-il venir, sachant que la douleur et les médicaments lui interdisent de conduire ? « Je peux y aller toute seule, tu sais. — Oui, mais s'il sait que je suis là, je vais passer pour un cake. »)

Le vendeur n'a pas un câble mais un booster de batterie. Avant de l'utiliser, il ouvre la portière de la voiture de quelques centimètres : « quelquefois le choc électric bloque la fermeture centralisée et si vos clés sont dedans vous êtes foutu, ça m'est arrivé. Donc pour ce genre de manip prenez l'habitude d'ouvrir la portière. »
Il soulève le capot, enlève le cache en plastique du pôle positif de la batterie et… constate que la cosse est desserrée.

Il l'a resserrée à la main, la voiture a démarré, nous lui avons dit merci et nous sommes rentrés.



Note
1 : nous apprendrons plus tard que cette voiture étant une hybride, brancher nos câbles dessus aurait provoqué un gigantesque court-circuit qui aurait tout carbonisé : d'où la batterie inaccessible pour éviter une telle catastrophe.

Confusion

Le téléphone sonne à six heures : il faut aller chercher Nathan à Orly.

Des sms en pagaille envoyés pendant que nous dormions : inutile de se déplacer, il ne sera pas là, il a été bloqué à Toronto, son passeport, déclaré volé, lui a été confisqué, c'est tout juste s'il a pu retourner à Washington.

A. part, elle emmène son lapin (elle a sa nouvelle voiture depuis hier). Ça fait un vide.
Journée de désœuvrement. Vers la fin de la journée j'attaque la saison 5 de The Good Wife.

La Mercedes

Je vais finir par ne plus parler que de voitures.
Un ami/connaissance/coentrepreneur de H. a des Mercedes d'occasion à vendre (un à-côté de son métier principal). Il nous en a prêté une quelques jours et ce soir j'ai dû l'essayer (obligation conjugale).
J'ai été un peu déçue : cette voiture était-elle usée ou avait-elle un défaut? La suspension n'avait pas le moelleux dont je me souvenais.

Je le note ce soir car je n'ai rien d'autre à raconter à propos de la journée, mais la véritable anecdote se situe lundi dernier : voyant la voiture de H. garée devant le jardin quand je suis rentrée de cours vers onze heures et demie, j'ai supposé avoir toute la place et j'ai reculé franchement.
BOUM, le bruit a retenti dans le silence et la porte de la maison s'est ouverte.
J'avais heurté la Mercedes noire garée dans l'obscurité (pare-choc contre pare-choc, plus de peur que de mal.)
C'est étrange de découvrir quelque chose où l'on pensait qu'il n'y avait rien. Matérialisation de la matière.

Le vin est commandé

Passage près de chez Hardouin, achat de magnums de vin rouge que nous déposons au château.

H. rencontre M. Lépissier. Ça discute Tesla et développement durable (du jardinage pour se remettre d'un burn-out?)

J'ai peur. Je n'ai pas le nombre d'invités, je n'ai pas de traiteur, je ne sais pas qu'organiser comme "animations" (je déteste ce mot).

Mauvais temps

Beaucoup de vent : Marc a rentré son skiff et nous sommes sortis en double. Heureuse des commentaires des autres après la sortie : apparemment nous étions l'image de l'aisance et de la facilité.

Passé à la librairie Charybde pour prendre des Poésie du gérondif : un pour mon prof de philo amateur de Franquin (cité p.24) et un pour les éditions de Gruyter-Mouton. Au passage j'ai pris le dernier Le Tellier, Toutes les familles heureuses, dont mes oulipotes disent le plus grand bien (la lecture d'extraits en séance était déjà fort réjouissante, de cette réjouissance qui fait froid dans le dos).
Il pleut, il fait froid.

Pendant ce temps, H. a rendu la coccinelle dont le leasing arrivait à échéance. Nous avions dépasé le kilométrage prévu et la voiture avait des rayures, le pare-choc arrière était légèrement enfoncé (souvent cela se voit peu : les pare-chocs sont montés sur des morceaux de plastique qui cèdent au choc (et donc absorbent l'énergie) en se déformant, rendant le pare-choc inutile désormais puisque les morceaux de plastique ne pourront plus jouer leur rôle.)
Nous nous attendions donc à payer un supplément en rendant la voiture. Il n'en a rien été. H. a expliqué qu'on ne conservait pas la voiture parce que les freins se bloquaient quand le régulateur de vitesse était en place : parfois — mais pas toujours, cet aléatoire aussi était angoissant —, au moment où l'on souhaitait freiner, la pédale se durcissait énormément et il fallait l'enfoncer de toutes ses forces pour la débloquer. Plus d'une fois je me suis félicitée d'avoir gardé d'importantes distances de sécurité.
Un incident a été déclaré à Volkswagen par le garagiste qui suivait la voiture. Une pièce a été changée mais le problème n'a pas disparu. Pendant les vacances, O. n'a jamais utilisé le régulateur tant ça lui faisait peur.
H. a donné le numéro de l'incident et le concessionnaire a commencé à interroger son ordinateur. Pendant ce temps, H. est sorti avec un mécano pour faire le tour de la voiture. Celui-ci a commencé à relever toutes les éraflures sur la carosserie ; H. voyait la facture s'alourdir à chaque nouvelle anomalie quand soudain le directeur de la concession est arrivé, a dit que la voiture était reprise sans complément et a signé les papiers dans la minute.
Notre conclusion est que l'incident leur a fait peur. Il n'est pas certain que la voiture soit mise en vente d'occasion. Elle va peut-être passer à la casse. Ça me fait mal au cœur.

Retour

Pas de changement cette fois-ci: le TGV passe à La Roche-sur-Yon. Voyage tranquille mais peu sérieux, je blogue hors ligne pour tenter de rattrapper quelques billets en retard (j'ai la flemme et j'écris lentement) ; je lis Le Sacré de Rudolf Otto (j'ai la flemme et je lis lentement). J'ai une fiche de lecture à rendre le 9 septembre (septième année sur huit prévues). Je déteste les fiches de lecture car je n'ai toujours pas compris si elles étaient un outil destiné à rendre service à leur auteur (auquel cas leur formalisme devrait être adapté par chacun) ou un exercice académique du type dissertation ou résumé.

J'ai la surprise de trouver A. encore à la maison. Elle doit partir à l'instant, me dit-elle, ce qui vu la chaleur me semble très dangereux pour le lapin. Elle consent à décaler son départ.
Une fois de plus cela n'a aucun sens, elle aurait dû partir hier matin ou hier soir, à la fraîche. Mais tout est toujours compliqué, elle a toujours de très bonnes raisons à opposer à tout argument, et H. et A. se rejettent la faute de ce retard.

Clara, une cousine (née le jour de notre mariage. Une cousine et non une nièce, bizarrerie des grandes familles), arrive dans l'après-midi ; nous l'hébergeons une semaine le temps que sa location soit disponible (le premier septembre). O. rentre peu après de son camp scout. Sa barbe a poussé, elle est blonde.

Quand A. veut partir à six heures, sa voiture ne démarre pas. Les "voisins" (les seuls, les uniques) rentrés eux aussi à l'instant viennent à la rescousse, en appelle un troisième, garagiste. La voiture ne démarre toujours pas et tout cela se termine par l'apéro sur la terrasse. L'heure tourne, je m'inquiète pour Clara qui commence tôt demain sa pré-rentrée (présentation de l'académie aux professeurs stagiaires, je crois).

Entretemps, j'ai bouleversé the room of requirement pour placer le lit près de la porte et y installer A. puisque sa chambre est occupée par Clara.

MX-5 : un rêve réalisé

H. rentre vers cinq heures de je ne sais où.
— Ça te dirait d'aller essayer une MX-5?

Il n'aime pas le garage de Brie, il veut aller à Juvisy, il est déjà tard, mais après avoir hésité le vendeur nous dit de passer.
Nous emmenons O. car l'enjeu est toujours le même : tiendra-t-il dans le nouveau modèle?

Oui il tient. H. est parti faire un tour avec la voiture (inutile pour moi : je suis convaincue de base). Et nous l'avons achetée, les mensualités de prêt remplaçant celles de la coccinelle que nous devons rendre en septembre (la coccinelle était en LOA: location avec option d'achat). Nous avons quitté le garage très tard, après huit heures. J'ai vu le moment où H. ne partirait plus, j'ai dû lui rappeler que le vendeur et le patron avaient peut-être envie de rentrer chez eux (le patron en train de se plaindre que maintenant qu'il n'avait plus d'enfant à la maison, sa femme avait pris un chien; et ils avaient le chat de leur fille en garde, impossible de prendre un roadster… Et de partager (mais pourqoi? je ne sais plus) ses histoires de concession, «une entreprise, c'est une unité qui vit ensemble, une communauté. Je me souviens…»)

Nous sommes allés manger un couscous pour fêter ça. Nous aurons la voiture le 27 juin. C'est celle qui est en exposition, cinq cents kilomètres au compteur, donc vendue avec décote.

Je me souviens de mes débuts à la GMF à Levallois-Perrret, en 1991. Nous laissions la Mazda 323 dans les sous-sols toute la semaine, ça nous faisait un parking gratuit. Je me souviens qu'un jour en reprenant la voiture pour le week-end j'avais croisé avenue de la Grande Armée une MX-5 de l'époque, celle qui ressemblait à un galet poli et je m'étais dit que c'était ça que je voulais.

Maintenant il faut que je m'habitue car je n'assume pas tout à fait.

Jeudi : dans la cuisine

Au soleil qui n'a pas atteint l'angle du muret, je sais qu'il n'est pas encore sept heures. Il fait très frais et je ne tente pas de sortir, je n'ai pas emmené de pantalon.
Cette fois-ci FB est coupé. Hier matin j'ai perdu les précieuses minutes dont je disposais à tourner sur FB ce qui fait que je n'ai rien écrit ici — et rien ou presque depuis le début du voyage, puisque je n'écris pas non plus dans la voiture (elle est trop petite — et à quoi bon venir en Toscane si ce n'est pas pour regarder le paysage?) et que le soir FB me distrait de nouveau: prendre ou donner des nouvelles, dilemme (enfin, donner… plutôt conserver la trace des jours).

Je viens malgré tout de perdre du temps à lire l'article trouvé hier par H. comparant Fiat 124 et Mazda Mx5. Dans les défauts sont notés, le coffre minuscule, «un habitacle étroit avec pas assez de rangements sous la main et des remous d’air prononcés dès 100 km/h […] mais les râleurs n’ont qu’à aller rouler en Mégane CC d’occasion», ce qui est tout à fait ce que je pense (enfin, pas concernant la Mégane que je ne connais pas). Je ne roule pas en spider pour la performance sportive mais quasi pour l'inverse: pour prendre les routes les plus petites possible, prendre mon temps (le vrai luxe) et faire du 60 kmh de moyenne, ce qui est de toute façon le cas dès qu'on quitte les autoroutes: «on recherche ici un plaisir de conduite oublié par la modernité : faire corps avec la voiture, vivre avec le bruit et les vibrations, goûter à la joie d’une prise directe avec la route et les éléments.» Voilà, voilà: personne ne comprend moins que moi l'intérêt de rouler en 4x4 ou en Espace et la taille et la hauteur des voitures qui augmentent constamment ces dernières années me désarçonnent. (Mais pourquoi? (cette augmentation?) Quelqu'un m'a un jour répondu que cela permettait de ranger les poussettes, elles aussi de plus en plus massives, sans les plier. Euh… Porsche a inventé la Cayenne pour ranger une poussette?)

Tout ça pour dire qu'une fois rentrés nous irons essayer la dernière Mazda (et non la première génération, celle pour laquelle j'ai craqué quand elle est sortie en 1990, mais dans laquelle O. ou H. ne tiennent pas, en hauteur ou en largeur).

Revenons à nos moutons. J'ai une heure et quart environ pour compléter les jours précédents. C'est peu.

Samedi : Toscane

Après études et concertations l'année dernière à St-Rémy, nous étions parvenus à la conclusion que le meilleur moment pour partir ensemble en vacances était juin: après l'envoi du matériel de vote aux électeurs de la mutuelle, avant l'AG, et du côté de H., ça correspondait pas tout à fait à un creux d'activité (après les ponts de mai) mais presque. C'était une période moins chaude que l'été, moins encombrée, moins chère. Septembre aurait sans doute été mieux du point de vue de la température de la mer, mais c'est un mois ou l'activité reprend à plein (considérons qu'en France nous travaillons de septembre à avril), impossible de s'absenter à ce moment-là.
J'ai donc systématiquement refusé tout engagement pour juin (aviron, concert, invitation) et attendu que H. m'indique quand poser une semaine de vacances.
Il a fait des réservations la semaine dernière alors que je commençais à ne plus y croire. Nous partons en Toscane, il a loué un gîte et une voiture.

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Arrivée à Pise. Recherche des comptoirs de voiture de location: ils sont à cinq cents mètres, une navette tourne sans arrêt pour y emmener les touristes.
Beaucoup de monde. Nous regardons avec effarement. «It's chaos» murmure avec fatalisme un Américain accompagné de sa femme et de jumeaux de deux ou trois ans très sages qui croise mon regard.

Guichet Avis. H. a réservé une Giulietta mais nous tentons notre chance (en anglais plus ou moins maîtrisé: H. fait tout en anglais, je mets ma fierté de Latine à vouloir comprendre l'italien et supposer qu'ils comprendront le français):
— Vous n'auriez pas un cabriolet ?
L'Italienne à la peau fatiguée par le soleil (genre Valeria Bruni-Tedeschi plutôt que Claudia Cardinale) nous regarde, semble peser le pour et le contre: «Attendez une minute» et disparaît discuter dans les bureaux.
Elle revient, demande: «Vous avez beaucoup de bagages?» Nous lui montrons notre valise rouge, le cartable d'H., mon sac à main (à l'épaule).
— J'ai un spider. Une fiat spider 124.
Il était réservé, mais le client n'est ni venu la prendre ni n'a décommandé, d'où son hésitation.

Spider rouge, magnifique, taché de sable (la pluie). Neuf (4000 km).
Nous comprenons pourquoi elle a posé la question des bagages: la valise s'encastre exactement dans le coffre, nous ne glissons les deux sacs supplémentaires qu'en tassant.

Je prends le volant. Il faut me réhabituer à une boîte manuelle. Les Italiens conduisent plus lentement que dans mon souvenir: nord de l'Italie ou multiplication des radars (fixes et signalés légalement par Waze)? H. m'assure que l'Italie a un nombre de morts sur la route inférieur à la France, il faudra que je vérifie.

Gîte sur le haut d'une colline à Gambassi Terme dans une ferme qui produit de l'huile et du chianti. Deux pièces emménagées sans doute dans une dépendance de la ferme, très propres, sobres, au dos des pièces habitées par la propriétaire. Des moustiquaires aux fenêtres, des poules en contrebas, beaucoup d'oiseaux, des pins.
Wifi en panne, H. grince des dents, mais il capte la 4G: ça ira.
Comme souvent, la piscine est davantage pensée pour le bain de soleil que la baignade.
Comme il y a trois ou quatre ans à Venise, ce gîte est entièrement dépourvu de toute nourriture (c'est agaçant: pas même du sel ou du poivre. Est-ce une tradition italienne? En France, il y a toujours un "fond", parfois comique dans ses choix, de farine, condiments, pâtes.

Nous allons donc au restaurant ce premier soir. Prosecco et poisson. La vue s'étend jusqu'à la plaine, magnifique. Le soir tombe, la nuit est d'un bleu profond. Parfois une clameur monte assourdie de la ville lointaine, je suppose le stade de foot local, nous apprendrons demain que c'était le match Juventus de Turin - Real Madrid. Il s'agissait les cris devant la télé…

(Pour l'histoire : à la suite d'une mauvaise blague (fausse alerte à l'attentat), il y aura une bousculade et des blessés. C'est Madrid qui a gagné.).

Dimanche

Quand je ramais le dimanche je me levais tôt le samedi, mais depuis deux fois que je me rame le samedi, je me lève à dix heures le dimanche (ce qui n'arrive jamais). Il faut dire aussi que je suis balade et que j'ai très mal dormi.

Toni Erdmann.

Pintade aux olives vertes. Finalement, nous gardons la Coccinelle au moins un an encore : je m'étais trompée dans l'échéance du contrat de LLD.

Pas de MX-5

Arrivée tôt au club et pris quasi d'autorité un skiff. Je suis montée jusqu'au pont de Chartrettes. Fatiguée.

Je me dis en regardant les arbres que nous en sommes au même point, eux et moi: fin d'été, arbres verts et quelques roux dont on ne sait s'ils manquent d'eau ou sont d'une espèce à roussir les premiers à l'approche de l'automne.



Essayé des MX-5 : comme prévu et redouté, O. ne peut pas les conduire: ses genoux coincent le volant. (L'enjeu est véritable car nous prévoyons un road-trip en Europe l'année prochaine.)

Sugar Man

Cuite

A la suite d'un malentendu, j'ai ramé à midi (skiff) et ce soir (double canoe avec Céline débutante). Je suis fatiguée.

J'ai pris rendez-vous pour rendre la Coccinelle (nous arrivons au bout des deux ans de location longue durée). Je voudrais une Mazda MX-5, la voiture que je vise depuis que j'ai vingt-cinq ans. Mais il n'est pas sûr qu'O. tienne dedans en hauteur, le garagiste avec qui j'ai pris rendez-vous semble en douter.
H. serait plutôt pour une Mercedes SLK depuis qu'on en a loué une une semaine en Espagne. Mais je ne suis pas sûre d'assumer complètement de me promener dans cette voiture… (aller à Melun, aller faire les courses… mener une vie ordinaire en Mercedes SLK décapotable? Ce n'est pas un peu bizarre? (et j'entends automatiquement «Ça fait vingt-cinq ans que je suis directeur en hôpital psychiatrique, alors vous savez, moi, les choses bizarres…»1)
Ou garder la Coccinelle, finalement?

Le rameur avec qui je parle voiture en rentrant en métro (à partir de la question «Alors, ces vacances?») a une réaction qui m'étonne: est-ce que le coffre n'est pas petit? Voilà vraiment quelque chose à laquelle je ne pense jamais: pour moi, les valises s'adaptent à la voiture, pas l'inverse (mais ça milite pour la Coccinelle…) Quel intérêt de partir si ce n'est pas pour (presque) tout abandonner?


Note
1 : Dussolier à Richard Berry dans Tais-toi.

De Tours à Niort

Chaque fois que nous sommes ensemble, nous en profitons pour mettre à jour notre garde-robe: chaussures (quatre paires!), lingerie, casquette en cuir, chapeau cloche en paille… et antimoustique (ils sont redoutables cette année, ils se sont multipliés avec les intempéries).

Une crêpe chez Mamie Bigoude plus tard (j'ai eu le temps de lire quarante-trois pages de Fantômette brise la glace — nous n'avons pas réussi à avoir le nom de leur décorateur (vers l'Atlantique, nous disent-ils) — je me suis dis que j'allais tapisser mon salon d'affiches de cinéma, comme au bon vieux temps quand nous avions reconstitué la carte d'Europe avec des cartes Michelin sur un mur entier), et nous quittons enfin Tours. Il est quatre heures et demie, je ne sais pas ce que nous allons trouver à Richelieu à cette heure-là.

J'avais tort de m'inquiéter. C'est une ville que je ne connaissais que par une carte postale des Cruchons, et lorsque j'avais vu qu'elle était sur le chemin de La Rochelle (notre but), j'avais insisté pour qu'on s'y arrêtât.
Nous tombons sur la fête biannuelle, les habitants et des comédiens en costumes d'époque, une bonne odeur de crottin (promenades en poney) et de feu de bois (cuisson de jambonneaux à la broche) ajoute à la reconstitution. Nous parcourons les lieux avec ébahissement, je songe que les Cruchons, au moins certains, trouveraient beaucoup à redire à cette animation (dans tous les sens du terme) mais je me laisse porter par le soleil et l'ambiance de kermesse. Tout cela est gai et sbon enfant.
Richelieu en Arts, nous dépensons encore, un Turc rose et une jeune fille bleue. Bourrées sous la Halle, une dame ressemblant à Mme de Merteuil apprend les rudiments de la contredanse aux spectateurs, puis fifres et tambours.

Nous quittons Richelieu, il est sept heures et demie, je veux passer par Loudun à cause des sorcières et d'Huxley. Mais pas de trace dans la ville pour le peu que nous en avons vu.
Plus tard nous arrivons en face du château de Thouard, par delà la vallée. Magnifique vision, mais il est trop tard. Le soleil descend, Hervé s'amuse avec sa nouvelle voiture (le régulateur de visite qui ralentit de lui-même quand la voiture approche d'une autre, ou redresse quand nous ne sommes plus exactement entre les lignes sur la chaussée).

Nous avons réglé Waze pour trouver l'hôtel, avec stupéfaction nous bifurquons avant Niort pour nous enfoncer dans la zone industrielle, immeuble de la Maaf, Decathlon, ou sommes-nous? J'ai l'impression de certains soirs aux Etats-Unis dans les zones urbaines, nous tournons encore, immeuble du RSI, une allée, un hôtel "de charme" ici? (non, c'est la chambre qui est "de charme").
Nous découvrons à l'abri de murs une maison de la région transformée en hôtel, avec une jolie piscine ronde. Tranquille et inattendue.

Dîner à Niort, la place de la Brèche est transformée, Hervé ne reconnaît rien. La Villa, restaurant sympathique qui bizarrement nous oublie à partir de onze heures: il faut réclamer le dessert, réclamer l'addition, réclamer de payer… Nous perdons une demie-heure de sommeil, c'est agaçant, dommage, tout était parfait.

La vertèbre mystérieuse

J’ai choisi le garage pour la révision («Service dans 30 jours», «Service dans 10 jours», «Service dans 1 jour» (mais qu’est-ce que ça veut dire exactement?) clignote sur le tableau de bord chaque fois que nous démarrons la voiture dans la précipitation des départs à la gare. J’ai promis à O. de faire le nécessaire pendant les vacances) en fonction de la facilité à reprendre le RER ensuite, mais je suis très contente du garage ainsi trouvé: un garage de pères en fils sur trois générations et peut-être quatre (le dernier est en culottes courtes), aimables et souriants (garage Rabès, concessionnaire Volkswagen, si ça en intéresse certains).

Je passe chercher la Coccinelle. Le garagiste me tend solennellement un petit sachet en plastique contenant une vertèbre jaune, trop grosse pour une souris. Un écureuil?
— Il y en avait partout dans le moteur. Il y en a une ou deux qui sont coincées, qu’on n’a pas réussi à enlever.

Qu’est-ce que c’est? Un chat qui a abandonné un cadavre? C’est bizarre, il n’y a pas eu d’odeur de décomposition, or cela aurait pué.
Ou un rongeur venu de lui-même à cause de l’enrobage des fils à base de maïs (un classique)?

J’achète une bombe anti-rongeurs à pulvériser sur le moteur.

Dimanche calme

Une heure sur Barth. Le travail effectué en allemand il y a deux ans m'est utile, je me félicite d'avoir acheté L'Encyclopédie du protestantisme (la prof Lucie Kaennel était l'un des auteurs).

Aviron. En regardant mes photos, je me dis que nous n'avons pas eu un jour de grand soleil de l'hiver. Courant, rafales de vent, douceur de la température.
Yolette, Philippe, Véronique, Stéphane, Magali (je me suis appliquée, je ne suis pas arrivée la dernière! Il faut que je parte de la maison à 9h15 (tout cela noté ici pour moi-même, cela n'a strictement aucun intérêt pour vous)). Peu de monde, c'est les vacances. La voiture indique une fois encore "défaillance freins" pendant que je roule en régulateur de vitesse et je dois appuyer à fond sur le frein pour le décoincer et ralentir. C'est flippant, faut avouer (cela m'était déjà arrivé en revenant de Blois en janvier). Je l'emmène à la révision demain, heureusement (et chaque fois je me dis que je dois me tromper dans l'usage d'amener/apporter/emmener, mais tant pis).



Buñuel, La mort en ce jardin. Aguire ou la colère de Dieu a-t-il un lien avec ce film? (les dernières paroles de Vanel, les dernières images… et tout le reste.)

Journée agréable à ne rien faire sans avoir rien d'urgent à faire (si ne rien faire est courant, la seconde partie de la phrase est beaucoup plus rare. Quelle surprise, quelle richesse, quelle tranquillité soudain).

Première sortie de l'année

Pas sortie depuis trois semaines. Ampoule à vif à gauche, dans la pliure du pouce sur la paume (bizarre).
Double scull chaotique avec Véronique et malgré tout pas désagréable. Vent, bruine, pluie. La Seine a beaucoup monté.

2016-0110-Seine_100.jpg



Le soir, Indiana Jones I à cause de L'Homme de Rio.
C. rentre: un pneu de la coccinelle a crevé pour une raison inconnue. Zut.

Voitures

J'ai trouvé de quoi louer des cabriolets un peu partout et au passage, ce site d'enchères (la Ford Mustang cabriolet ? pas de R8 Gordini, dommage).

Mais il y a de tout, et ça me réjouit.

Trois visites

- Viry-Châtillon à deux heures.
A l'origine, H. ne voulait pas y aller: "pas à Viry-Châtillon, c'est la cité, il n'y a que des voitures volées".
Nous avions réussi à le convaincre («C'est la double peine, non seulement tu habites un endroit pourri mais en plus personne ne veut faire affaire avec toi»), mais il s'avèrera qu'il avait raison.
En arrivant devant le pavillon de banlieue surélevé de rangées de parpaings non peints, nous remarquons devant le garage une audi break elle aussi à vendre (les chiffres de prix, d'âge et de kilomètres sont inscrits en blanc sur les vitres). Un homme d'une trentaine d'années nous présente la 306 comme celle de sa grand-mère ("je n'ai pas retrouvé les factures d'entretien"). Le contrôle technique indique une fuite du moteur (en effet, il y a une coulure d'huile peu importante sur la paroi du moteur) et que le volant bouge (la gaine de caoutchouc a du jeu sur elle-même, d'avant en arrière).
Je conduis, un peu hésitante à cause de la boîte manuelle — j'ai perdu l'habitude. J'interroge le vendeur sur l'Audi, il apparaît qu'il a cinq véhicules à vendre!
Commentaire d'H quand nous repartons: «il a racheté une voiture à deux cent mille kilomètres et a changé le compteur».
Et en effet, cela correspond bien au volant "qui bouge" et au levier de vitesse aux chiffres effacés et comme fondus.

- Fresnes à six heures.
La voiture nous plaît, et nous donnerions notre accord si nous n'avions un troisième visite. Le propriétaire est un jeune homme passionné de mécanique qui fait tout lui-même. Lui aime les 306, son frère les R5 (! un jeune homme qui aime les R5?)

- Meudon à sept heures et demie.
Cette fois-ci il s'agit d'un break de 1999 avec cinquante-six mille kilomètres à deux mille euros. Meudon est un labyrinthe sur un côteau abrupt (et tout le temps que je conduirai je chercherai le lieu de résidence de San-Antonio: pas Clamart, pas Meudon,… (St-Cloud!)); le propriétaire est un homme âgé, taciturne et qui me paraît avoir du mal à parler et à marcher. Il vend sa voiture car il ne s'en sert presque plus, passant au moins quatre mois par an en Finlande.
Il sort avec difficulté le véhicule de son garage en sous-sol. Il rentre de voyage l'avant-veille et n'a fait aucun effort de présentation: la voiture est poussiéreuse à l'extérieur, l'aspirateur n'a pas été passé à l'intérieur et il me semble reconnaître des jouets de plage sous le siège.
Je pensais ne pas conduire, un peu effrayée par les montagnes russes meudonaises et les rues étroites, mais si ma fille doit conduire un break, je veux vérifier l'encombrement de la voiture par rapport à mon corps et la rue, la façon de ressentir l'espace au volant à la fois par rapport à l'intérieur et à l'extérieur de l'habitacle.
Elle est très agréable à conduire, et plus "neuve" que la précédente. Problème: moins chère, moins de km, mais break.

Nous téléphonons à A. qui choisit la break en imaginant déjà ses voyages en Angleterre avec ses camarades de classe: «au moins nous aurons de la place».
Et j'ai l'impression de voir Claire Fischer au volant de son (ex)corbillard vert pomme.

Politesse ordinaire

Deux jours de temps lourd mais beau, beau mais lourd (après une semaine de pluie et une à venir). Tant mieux pour O. parti descendre le Loing en radeau.

Samedi, j'ai expliqué à A. comment chercher des voitures sur le bon coin: «Tu choisis un prix, un kilométrage maximal, une région, tu regardes les voitures qui s'affichent, tu en choisis cinq ou six et tu téléphones pour prendre rendez-vous.
— Mais je ne connais rien aux voitures !
— Tu vas l'essayer. Il faut que tu te sentes bien au volant. Tu regardes le contrôle technique, si le moteur est propre. Tu crois vraiment que nous faisons davantage?»

Elle est trop timide pour téléphoner (pour entrer chez un coiffeur, pour trouver un médecin, pour s'acheter un vêtement: elle ne va voir personne si je ne l'ai pas accompagnée d'abord. So XVIIIe siècle. Cela m'agace prodigieusement (car m'inquiète) dans la mesure où elle habite à deux cents kilomètres).
Le soir sur la terrasse parès le barbecue, son grand-père (mon beau-père) regarde les annonces avec elle et les lui commente. Elle se décide à envoyer quelques mails (!)
C'est amusant, un type de voiture se dessine. Elle ne veut pas de twingo, pas de saxo, pas de C3. Elle a eu une 306, elle voudrait une 306. Vu sa tendance à embarquer dans sa voiture "tout ce qui pourrait servir au cas où" (ce qu'elle faisait déjà avec son cartable, emmenant tous ses livres, du fil, une aiguille, des pansements, etc), je l'imaginerais plutôt en combi volkswagen.

Elle ne veut pas non plus prendre trop de contacts: «Mais après, il va falloir que je réponde non à certains!
— Ma chérie, si tu leur réponds non, ils te seront déjà reconnaissants de les avoir tenus au courant!»
Et je lui raconte ma surprise devant les remerciements des gens quand j'avais décommandé des rendez-vous: «je vous remercie de m'avoir prévenu» (et cela m'avait fait de la peine: ces gens si reconnaissants pour une attitude normale).

Bien entendu, je ne l'avais pas convaincue.
Pendant que A. envoyait ses mails, H. a envoyé un sms pour une Ford. Le vendeur a répondu immédiatement (à onze heures passées) que nous pouvions l'appeler. Rendez-vous a été pris pour le lendemain dimanche dix heures et demie. Il devait envoyer son adresse par sms.
Le lendemain, H. et A. se lèvent et se préparent pour aller au rendez-vous, mais au moment de partir ne savent où aller car H. n'a pas reçu le sms promis.
Il ne le recevra jamais, le vendeur ne répondra ni au téléphone ni aux sms. A-t-il répondu bourré le samedi soir, dormait-il à dix heures dimanche, n'a-t-il pas eu le courage plus tard de téléphoner pour s'excuser? Sa mère a-t-elle fait une crise cardiaque dans la nuit? S'est-il fait voler son portable? Nous ne le saurons jamais, mais je suis plutôt satisfaite: voilà la démonstration par l'exemple de ce que j'expliquais hier à A.

Record de (non-)durée battu

Dimanche vers vingt-deux heures, à un quart d'heure de la fin de Sweeney Todd (brrrr…) (c'est au tour de O. de choisir le film), coup de fil de A. : elle vient d'avoir un accident à dix minutes du but (la maison de mes parents), une femme enceinte a redémarré à un stop sans la voir. Elle a réussi à freiner suffisamment pour ne pas la prendre de plein fouet, mais l'avant droit est enfoncé, la voiture ne peut plus rouler. Il faut faire un constat; nous lui conseillons d'appeler son grand-père, raccrochons et appelons mes parents pour les prévenir.
S'en suit un certain nombre d'échanges téléphoniques: les pompiers et les gendarmes se sont déplacés à cause de la dame enceinte qui se sentait mal (en fait ce point est faux: le lendemain nous apprendrons que c'est une dame de 75 ans, je ne sais pas pourquoi H. a compris de travers — ni pourquoi les pompiers se sont déplacés) mais les gendarmes ont refusé de faire un constat puisqu'il n'y avait pas de "corpo" (ce dernier point fait bouillir H. qui maudit la paresse gendarmesque: A. n'est pas en tort, le code spécifie que l'on doit s'assurer de pouvoir s'insérer dans la circulation sans danger quand on quitte un stop, mais les impacts sur la tôle ne donneront pas forcément raison à A.: je connais suffisamment les assurances pour savoir qu'elles ne vont pas perdre du temps à démêler le vrai du faux pour un cas si simple (pas de corpo), si nous ne sommes pas d'accord, ce sera cinquante-cinquante: un constat de gendarmerie aurait levé cette ambiguité (donc si cela vous arrive, insistez auprès des gendarmes, faites faire un rapport établissant les faits. C'est leur boulot, ils sont aussi payés pour cela)).

Pour sourire: lors du dernier coup de fil, nous apprenons que A. a pris le temps de vérifier que le chien de la dame n'avait rien, en recommandant une visite de contrôle dans une semaine.

Nous dînons (nous sommes terriblement décalés), et l'adrénaline nous empêchant de nous coucher, nous regardons Cannonball (simple coïncidence, nous en avions parlé la veille!)
Je suis un peu déçue, j'attendais davantage de paysages et des trucks. Bref, davantage Duel qu'American pie.
En passant sur la fiche de Farrah Fawcett après le film (impossible de me souvenir quelle célébrité était morte le même jour qu'elle (réponse: Michael Jackson, 25 juin 2009)), je découvre qu'elle est morte d'un cancer du rectum, ce qui est la preuve d'un humour particulièrement noir quand on se souvient d'un des ressorts de Cannonball.



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J'allais oublier le titre du billet : la voiture lui appartenait depuis le 4 avril.

La table de nuit

Ce qui m'a fait sourire, en fait, c'est que je n'ai pas encore quatre-vingt-dix-sept ans, et ma table de nuit est beaucoup plus petite, mais elle ressemble déjà beaucoup à ça: une lampe d'architecte bleue (pour lire au lit), un tube d'homéoplasmine (à cause de ma brûlure au doigt ou parce que je n'avais plus de Vicks? je ne sais plus), la boîte de cigarettes de couleur (pour contenir des micro-pinces à cheveux et des boules quiès en mousse), un coupe-ongles (il ne devrait pas être là (la plupart du reste non plus, remarquez)), un dessous de verre acheté à Carnac en revenant du mariage de Matoo (pour poser le thé), une bouteille de Synthol (contre les piqûres d'insectes), deux pipettes de larmes artificielles, une ouverte l'autre non (pour mes débuts d'allergie (démangeaisons) ou pour me réveiller les matins où c'est dur)), l'inhalateur en cas de menaces de crise d'asthme (quand les poumons sifflent certains soirs), un tube de lait auto-bronzant (il ne devrait pas être là — tentative de raccord de bronzage sur les pieds — ça n'a pas marché), un bocal de confiture Bonne Maman rempli de bonbons au miel (aussi pour prévenir les crises d'allergies), posé dessus un pot de Vicks (idem: tout est fait pour ne pas permettre à la crise respiratoire de se déclencher et de s'installer), la carte de bibliothèque de Yerres, une pile de petits cartons sur lesquels sont inscrites des tâches à accomplir si possible quotidiennement (si j'en fais deux ou trois c'est déjà bien — genre bloguer et faire du grec), une bouteille de spray pour la gorge, une bouteille de vernis sans doute solidifié (avec la chaleur — à vérifier), ma chaîne avec la croix en argent de Pologne et le cœur offert par la mère de Frédérique, les boucles d'oreilles achetées à Mycènes, une lime à ongle, un critérium publicitaire Mercure, une bouteille de spray pour le nez (je n'aime pas ça, c'est trop fort — mais j'étais en rupture de spray pour la gorge), un gobelet souvenir de la rando sur l'Erde rempli de stylos et de feutres (j'ai toujours besoin de stylos), un vaporisateur noir d'huile prodigieuse Nuxe (j'adore l'odeur du chèvrefeuille), un presse-papier Love d'Indiana offert par P. (je ne sais plus très bien pourquoi il a été descendu, normalement il est près du bureau), un chapelet ramené par mon grand-père de Lourdes.



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Agenda
Je rejoins Hervé, Isabelle et Olivier pour voir A Touch of Zen.
Quand je récupère ma voiture à Villeneuve-St-Georges, quelqu'un a rayé le côté conducteur. Mal dormi.

Trouver une voiture

Depuis le légendaire permis de Claude (légendaire: legenda est, qui doit être raconté), nous avions pour mission de lui trouver une voiture.
Personnellement, j'étais plutôt pressée, car elle prend son vélo pour aller à son club d'équitation en empruntant une route départementale non éclairée sur laquelle les gens roulent vite: depuis que j'avais compris cela, je n'étais pas très rassurée.

J'ai fait plusieurs erreurs. La première a été de conseiller à ma fille de chercher une voiture à Lisieux et aux alentours: en réalité, même si elle a la langue bien pendue, elle est timide (elle n'ose même pas aller chez un coiffeur qu'elle ne connaît pas, il faut que je l'accompagne la première fois). Donc elle n'a rien fait, cela a traîné durant novembre et décembre avant que je ne comprenne ce qui était en train de se passer.
Ensuite, quand j'eus compris le problème et m'apprêtais à faire les recherches moi-même, j'ai fait l'erreur de dire à Hervé que j'avais profité de janvier pour envoyer mes vœux par sms à notre ancien garagiste afin de le prévenir que nous n'avions plus de Mazda (nous continuions à lui emmener "la blanche" de temps en temps). Hervé avait trouvé cela bizarre, mais quand je lui ai montré la réponse amicale et personnelle reçue en retour (bien davantage qu'une réponse stéréotypée), il s'est exclamé: «Je sais, nous allons lui demander de chercher une voiture pour nous».

Sauf que cet homme a sa propre vie et sans doute aussi peu de temps que nous; bien qu'il eût accepté très aimablement la mission, il ne trouvait pas, cela traînait — quand j'ai constaté que c'était une fausse bonne idée il était trop tard: je ne pouvais plus par politesse chercher de mon côté. (Et je n'avais qu'une crainte, c'est que Claude ne se fît renverser par une voiture alors qu'elle aurait dû ne plus être à vélo depuis décembre. Je ne me le serais jamais pardonné.)

Le garagiste a fini par déclarer forfait et avouer à Hervé qu'il ne trouvait pas (je ne sais pas quels critères haut de gamme il avait retenus). Entretemps — jeudi dernier — Claude avait pour la première fois montré un signe d'intérêt pour une voiture en m'envoyant un message FB: «Si vous trouvez une voiture, dites-le moi, je vais être en vacances, donc je peux venir.»

Vendredi, je suis donc passée sur leboncoin.fr, j'ai choisi trois critères (moins de 3000 euros, essence, Ile de France) et sélectionné trois voitures. J'ai envoyé des sms pour prendre rendez-vous et envoyé les liens à Hervé pour lui demander son avis.
Bien entendu, aucune des voitures que j'avais sélectionnées ne lui convenait et il m'a dit qu'il s'en occupait. (J'ai l'habitude, chaque fois que je commence à avancer sur un sujet sur lequel il traîne depuis des semaines, il n'est pas d'accord avec ce que j'ai fait et s'y met enfin (c'est désagréable, mais ça fait rire les enfants tant c'est caricatural et c'est une façon comme une autre d'aboutir)). J'ai envoyé des sms pour me décommander et le soir quand je suis rentrée il avait six rendez-vous pour le week-end.
Quelqu'un a téléphoné dans la soirée, sa voiture était déposée le lendemain dans un garage, il fallait venir la voir tout de suite — à un kilomètre de chez nous à vol d'oiseau. Nous y sommes allés, peugeot 306 vert foncé, 1997, 80000 km entretenue de façon familiale par le père bougon (c'est la fille qui vendait). Nous l'avons essayée et nous l'avons achetée.

Dans la salle à manger brûlait un feu, le canapé était en velours avec de grosses fleurs, au mur un Angelus de Millet en canevas et dans la bibliothèque que j'ai explorée du coin de l'œil tandis que se remplissaient les papiers, j'ai repéré la trilogie des Flicka, une vingtaine de livres de la collection blanche "Des Femmes" (dont Crime et Châtiment en deux tomes), une Bible, un livre sur les régimes, des livres sur De Gaulle.
Cette France que je connais si bien et que j'aime d'une profonde tendresse, que je voudrais ne pas voir disparaître trop vite — et surtout sans témoin.

Le 25 février 2014

Que faisais-je et où étais-je le 25 février 2014 à 10h10? (inutile de chercher sur ce blog, c'est justement une journée où je n'ai rien écrit).

Nous avons reçu un "avis à tiers détenteur" pour un PV non payé (375 euros). Après recherche sur le site de l'Antai, il s'agit d'un feu rouge grillé "Intersection Quai Panhard et Levassor, Pont de Tolbiac" en direction " de Quai d'Ivry vers le Quai François Mauriac" valant quatre points de permis.

Or,
nous n'avons jamais reçu l'amende initiale, ni aucun rappel, ni avis de perte de points;
le certificat de non-gage de la voiture vendue le 15 juillet ne présentait aucun PV en attente;
j'ai envoyé ce jour-là un mail du bureau à 9h50.

Enquete

Les questions sont ici.

Réponses apportées le 18 décembre 2014.

1/ Oui, même si ça demande beaucoup de temps car je ne suis pas très organisée. L'obstination n'empêche pas la proscratination.

2/ Oui. J'ai facilement l'impression que la réalité m'échappe, que je me trompe de réalité: quand une personne est en retard (est-ce le bon jour, n'ai-je pas rêvé, etc), quand un train fonce dans la nuit (ai-je pris le bon train, suis-je sur les bons rails), quand personne ne s'insurge contre ce qui me paraît inacceptable (suis-je donc la seule à voir ce que je vois, entendre ce que j'entends); en un mot, une profonde impression du monde comme décor susceptible de changer sans que je sois prévenue que la pièce jouée n'est plus la même.
(Il y avait cette émission à la télévision qui consistait à changer le décor d'un appartement pendant l'absence de son propriétaire: si vous me faites ça, vous serez obligé de m'hospitaliser pour choc nerveux).

3/ Peut-être. Peut-être que oui. Ou peut-être n'est-ce qu'un retour, après une certaine extériorisation, des rencontres, un retour, donc, à la solitude. Mais bien entendu, ce n'est plus la même, ne serait-ce qu'à cause des blogs, de FB, etc.
Et sinon, avec une vingtaine de kilomètres d'aviron par semaine, je gagne en force.
Et je dors moins (je ne sais pourquoi, cela a peut-être à voir avec le point précédent).

4/ Question difficile, oui et non me semblent également vrai. Non parce que je n'attends pas grand chose et que je reçois tant (c'est incroyable la chance que j'ai); oui parce que… je ne sais pas, parce qu'on m'a menti, il n'y a ni lutin, ni fée, parce que les méchants gagnent et ne sont pas punis et que je ne m'y habitue pas.

5/ Oui s'il s'agit de rester chez soi, non si c'est pour tenir un intérieur impeccable! (J'admire Mrs Dalloway, mais l'idée de devoir accomplir ce qu'elle accomplit me panique complètement: je suis incapable de "gouverner mon intérieur", d'organiser un simple dîner… cela ne m'intéresse pas.)
Une chose est sûre : une maison est comme un enfant supplémentaire, il faut s'en occuper, sinon elle tourne au chaos, et c'est bien difficile en étant salarié.

6/ Oui, les sièges baquets de la Fiat 124 de mes parents. Jaune vif, moteur à l'avant.

7/ Pas de musique, des habitués au comptoir. Mais quel que soit le café, l'important est de devenir soi-même un habitué, avoir une tête reconnue.

8/ J'éprouve de l'admiration pour les gens qui gardent leur calme dans les situations énervantes. Donc , par exemple.

9/ Qu'est-ce que ça veut dire ? J'ai une conscience aiguë du bien commun, de l'intérêt général, donc je pense que je dois répondre oui.

10/ Il ne varie pas selon les saisons mais selon les vacances scolaires (je me traîne mollement le matin si je n'ai pas les enfants à emmener au RER), ce qui revient presqu'au même, mais pas tout à fait.

Frayeur technologique

Ma voiture démarre avec un bouton. Il suffit d'avoir la clé à proximité, dans une poche ou un sac. J'accroche donc la-dite clé à mon cartable ("ma serviette") et n'y pense plus.

Au milieu de la matinée, je me rends compte que la clé n'est pas sur mon sac. Qu'en ai-je fait? Ah oui, c'est vrai, je l'ai détachée pour aller ramer à Melun hier, et ce matin, je l'avais à la main; je l'ai tout simplement posée dans le vide-poche avant de démarrer.

Et c'est à ce moment-là que je réalise que je l'ai laissée dans la voiture garée près de la gare (impossible de fermer la voiture avec la clé à l'intérieur. La fermeture se fait par simple pression de main sur la poignée — à condition d'avoir une clé dans son sac ou sa poche — ce que je n'ai pas fait ce matin; j'ai tellement eu l'habitude de ne pas fermer ma voiture précédente…)

C'est le cœur battant que ce soir j'ai remonté la pente en cherchant des yeux ma voiture.
Elle était encore là.

Journée grise

Pas grand chose. Beaucoup de courant, comme hier. Bruine agréable (contre un ciel bleu d'hier).

Mon patron au téléphone (nous ne sommes pas sur les mêmes sites et je le vois deux fois par an environ). Il a soixante-deux ans, je redoute son départ, il me manquera. Nous discutons stratégie de pouvoir entre syndicats, pas toujours compréhensible quand on cherche simplement à être efficace.
Il me parle d'une loi qui va révolutionner le domaine de la formation: les employeurs vont être tenus de garantir "l'employabilité" de leurs salariés à partir de janvier prochain, le DIF disparaît. Je dois avouer que je n'y comprends pas grand-chose et cela ne m'intéresse pas beaucoup, la formation en entreprise m'ayant toujours paru un "machin". (Serait-il possible de faire passer une semaine à Cerisy en formation? Prené-je le risque de lui parler de ma formation en théologie? (c'est délicat, car je n'ai pas d'objectif professionnel, je ne vise rien d'autre que suivre pour suivre en attendant de découvrir quelque chose en chemin.))

Ce soir je prépare ma valise en faisant confiance aux prévisions météo: il devrait faire beau. J'hésite à emmener l'enveloppe destinée à protéger la capote rabattue : laisserons-nous celle-ci ouverte suffisamment longtemps pour utiliser l'enveloppe qui capote fermée prend de la place dans le coffre? (problème de place pour les bagages).

Nouvelle série

Réponses à ces questions.
Par ailleurs, je vais tenter de répondre à l'ensemble des questionnaires posés depuis des années.

1/ Oui, mais moins bien qu'autrefois. Désormais je m'énerve.

2/ Retenir, retenir. Ce que l'on veut oublier est la source de nos remords et notre culpabilité. Vivre avec ces souvenirs est une discipline et une bonne façon de penser à éviter les mêmes erreurs (même si ça n'empêche pas de recommencer).

3/ Compliqué. Oui, mais sans le savoir car cela m'enbarrasse, et uniquement aux gens que j'aime bien, et uniquement aux gens à qui cela fait plaisir.

4/ Immobile, je suppose. Travail de bureau. Cependant j'ai le vague soupçon que je bouge plus que beaucoup dans cette immobilité.

5/ Rarement. De temps en temps, de moins en moins souvent. Inutile.

6/ Non. C'est impossible sans aimer le pouvoir, et le pouvoir, c'est le MAL.

7/ Oui, à peu près.

8/ Euh, préférée, qu'est-ce que ça veut dire? J'ai des envies de villes, de toutes les villes, celles que j'ai vues pour y retourner, celles que je n'ai pas vues pour les voir. Habiter à Venise, oui, pour voir si je supporterais un hiver dans la brume et la contrainte du bateau et des rues étroites. Je collectionne les villes où je voudrais retourner pour ramer: Venise, Florence, Porto, Amsterdam, Philadelphie,… (et pourtant je n'aime pas Philadelphie).

9/ Ah oui: assurance. Mais si les clients se méfient de leur assureur, ils n'imaginent pas combien les assureurs sont toujours en train d'imaginer que leurs clients sont toujours en train de faire des fausses déclarations de sinistres, en train de frauder.
Ce métier est effrayant de méfiance réciproque.

10/ Oh oui, j'en ai pratiquement fait un blog qui est à l'origine de celui-ci (il a été partagé en deux en juin 2008), et le premier billet était dédicacé à la citation.


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Agenda
- J'ai ma voiture (Hiiiii!!!!)
- Trois ados à la maison pour l'anniversaire d'O. Ils ont joué toute la journée à LoL (League of Legends) en hurlant, et maintenant ils regardent Paul.
- A. est repartie à Lisieux tellement chargée qu'elle nous a laissé son chat.

Des livres

Mon ordinateur souffle comme un bœuf et je ne sais que raconter à propos d'aujourd'hui. (Ah si, ma voiture va sans doute arriver plus tôt que prévu (la semaine prochaine). Mais comme les horaires de livraison sont de 9 à 16 heures en semaine à Brie-Comte-Robert, je me demande comment je vais la récupérer. En effet je prévois de suivre des cours sur Congar qui vont m'obliger à poser des demi-journées de congé; il m'en reste tout juste assez; je ne peux pas me permettre d'en gâcher une pour aller chercher une voiture.)

P. m'a rendu des livres, et mine de rien, je contemple impressionnée ces quelques tomes qui constituent un concentré de grandeur humaine et littéraire: Carnets de guerre de Grossman, Voyage en Pologne de Döblin, auxquels il a ajouté Récits d'un jeune médecin de Boulgakov («mais il n'est pas complet par rapport à la Pléiade, je suis déçu»).

Ajoutons L'événement Vatican II de John W. O'Malley pour essayer de me mettre "naturellement" (je veux dire sans y penser, sans effort) les dates du Concile en tête et le tome I de La Patrouille des Castors qui ressort en kiosque.

Moralité je tiens mon livre en cours à la main , il ne tient plus dans mon cartable (Max Weber et Karl Marx de Löwith. Si je comprends bien la préface, Löwith a été le premier à établir ce parallèle qui a été souvent repris ensuite. (Ce n'est pas dans la bibliographie mais une tocade personnelle avant le cours de sociologie)).

Pas le courage de rattrapper des billets ce soir.

Ce sera une Coccinelle

Ecrit les 29, 30, 28 juillet. Ça n'a l'air de rien, mais avec les diversions FB et le petit déjeuner à prendre en famille, ça m'a pris la matinée.

Calcul de cote Argus et autres comparatifs, panique pour retrouver les justifs demandés pour le prêt (ah oui, c'est vrai, plus d'avis d'imposition, j'ai désormais tout sur internet. Ah zut, la facture d'eau est annuelle, trop vieille, et m***, quel le mot de passe pour le site EDF? Et l'imprimante qu'imprime pas… pourquoi imprimer d'ailleurs, l'intérêt ne devrait-il pas être de tout faire transiter par mail?)
Bref, Coccinelle décapotable noire (très salissant paraît-il, je m'imagine bien en train de la passer à la peau de chamois tous les week-ends…) livrée entre le 28 septembre et le 28 octobre. Dommage, j'aurais bien aimé l'avoir pour le 21.

Under the skin suite à l'enthousiasme d'Emmanuel. Tellement sonnés (film noir au sens littéral (mal aux yeux et à la tête) épouvantablement long. Belles images de mer et de fondrières (ça représente une minute de film). Le plus intéressant est la musique — insupportable mais intéressante)) par l'ennui et le sérieux de ce film que nous dînons sur place en terrasse au Saint Eustache, le temps de se réhabituer à la lumière.
Désormais je saurai interpréter le silence gêné de mes amis cinéphiles. (J'avais été surprise de l'absence de commentaire ce soir-là, eux habituellement si diserts.)

Pas grand chose

Matinée FB + rattrapage blog.
Après-midi essai d'une Coccinelle rouge. (La ville de Grisy est très coquette).
Soirée Le Diable par la queue.

Décapotables et pseudo barbecue

Les points forts du jour: matinée sur une traduction d'un billet hébreu lui-même traduit en anglais sur les actions du Hamas à Gaza (j'espère ne pas m'attirer toutes les haines de la terre — je suis peut-être naïve); une visite dans un garage Volkwagen pour voir une Coccinelle (à ce que j'ai compris le nom n'est plus New Beetle en France. Le modèle est assez massif. Le concessionnaire passe un long moment avec nous, sans se presser. Je suis surprise par les options luxueuses qu'H. est prêt à mettre dans cette voiture. Evidemment, tout ce que je veux c'est une décapotable (j'imaginais plutôt un vieux modèle d'occasion, c'est plus mon genre), mais si on me propose un intérieur cuir, je ne vais pas dire non! (bref, je m'oriente de plus en plus vers une voiture de vieille peau. C'est cohérent)); un passage chez l'horloger pour récupérer la comtoise (deux mois de silence); une visite dans un garage BMW pour essayer une Mini (très agréable à conduire, mais je l'assumerais encore moins que la Coccinelle. Je suis en train de me dire qu'une simple Polo ferait l'affaire); violent orage alors que nous avons organisé un barbecue avec les voisins. Cela sèche, mais des algues microscopiques rendent la terrasse gluante, terriblement glissante et dangereuse. Nous nous replions sur l'intérieur. Soirée jusque tard dans la nuit (trois heures du matin). (Cependant la viande sera cuite au barbecue: est-ce un barbecue si nous la mangeons à l'intérieur?). L'idée d'emprunter des chèvres pour tondre le gazon s'éloigne: si Monsieur est tout à fait disposé à les prêter, Madame craint que la voiture ne les traumatise (Monsieur fut sellier-bourrelier et nous raconte l'histoire de la Harley Davidson customisée en cuir orange à franges ou celle de Monsieur délaissé par Madame qui a fait recouvrir la voiture de Madame de cuir blanc, ouvrir le toit de son pavillon, placer la voiture dans son salon grâce à une grue et refermer son toit).

Mardi studieux

A la casse le matin pour vendre la voiture comme épave (impossible de faire les papiers plus tôt puisque H. n'était pas là (carte grise à son nom) puis 14 juillet). J'ai oublié de préciser l'autre jour qu'on ne met plus sa voiture à la casse, on la "dépollue". *sigh*
Dans la cour, une magnifique Ford Mustang jaune à capote noire sur la plateforme d'un camion jaune, avant et aile droite violemment enfoncés. Elle ne roulera plus.

Je songe qu'il est tout de même curieux que l'achat de la maison ait coïncidé avec la destruction de ma première voiture, et que la fin du paiement de la maison coïncide avec la destruction de la deuxième…

Après-midi studieux à lire Kant, Mounier et Ricœur. L'identité narrative… Après tout, en prenant cette hypothèse littéralement, il deviendrait possible de distinguer des fonctions de Propp dans les récits de vie, voire des tropes (ce qui aurait l'avantage de rendre prévisible la fin des histoires — ou presque, selon que l'auteur est classique ou moderne… Mais qui est l'auteur?) Cela expliquerait les régularités, les ressemblances, que l'on retrouve d'une vie à l'autre. Finalement ces destructions de voitures correspondent à un encadrement, comme il y en a tant dans les péricopes bibliques. (Je vais tout de même préciser, au cas où: ce qui précède n'est pas à lire trop sérieusement, même si, même si…)


En fin d'après-midi je fais une recherche dans mes archives. Ma fille devant faire un stage "d'observation" (prendre des notes et donner un coup de main) d'une semaine dans des écuries de courses ou sur un champ de courses (appel au peuple: si vous connaissez palfreniers, jockeys, drivers, propriétaires…), je tente de retrouver la jeune femme qui gardait les enfants il y a quinze ans: son ami de l'époque était driver. Et c'est ainsi que je découvre qu'elle a aujourd'hui un élevage de chiens en Mayenne. Connaissant son énergie et sa bonne humeur, je ne doute pas que les chiens doivent être comme des coqs en pâte. Cela m'a fait plaisir d'avoir ainsi de bonnes nouvelles de quelqu'un que nous aimions beaucoup et qui a disparu sans crier gare (elle ne travaillait plus chez nous, elle était invitée au baptême du dernier, elle n'est pas venue, nous n'avons plus jamais eu de nouvelles).
Je mets la vidéo en ligne en pensant en particulier à Didier, puisque Alice (oui, elle s'appelle Alice) élève des bouviers bernois.


Journée noire

La voiture est morte sous mes doigts sous mes pieds à la sortie de l'autoroute A5 en direction de Melun. J'ai attendu le dépanneur, j'ai appelé H. pour qu'il vienne payer (à mon habitude je n'avais ni papier ni argent) et me ramener. 1993, trois cent mille kilomètres, un enfant né sur la banquette arrière. Il pleut.

En rentrant, nous nous arrêtons pour déposer de vieux vêtements dans une benne à textile. Elle est pleine, je force, avec tant de conviction que je me coince la main si violemment qu'un instant je m'imagine que je viens de me casser trois doigts de la main droite (défilent dans ma tête L'arnaqueur, les tableaux à préparer pour le conseil d'administration, la piscine et la mer avec trois doigts plâtrés (c'est idiot, on ne plâtre pas les doigts), Mensonges d'Etat et la torture, c'est tout de même bizarre d'inventer des choses compliquées, c'est si simple de faire mal).

Bref, je n'ai rien, mais vraiment très mal, fourmis au bout des doigts quasi inutilisables. Je pense que cela doit valoir (puisque je parlais de torture) un arrachage d'ongle.


Après-midi à regarder les voitures sur internet avec H. qui finit par s'habituer à l'idée d'une décapotable même s'il trouve cela ridicule sous nos latitudes. Les sites automobiles sont vraiment mal faits, et toutes les voitures qui me plaisent ne se font plus.
Les voisins partent en vacances, ont vidé leur frigo chez nous. Nous les invitons donc à venir manger leurs restes pour leur faciliter le départ.

Vendredi 13




Normalement ce soir j'aurais dû être à Tours, mais pas de TGV (la capture d'écran a été faite plus tard, pour exemple: j'aurais dû partir vers 17 heures). Il circulait un seul train, vers 17h45, partant d'Austerlitz, pour remplacer quatre ou cinq TGV. Je n'ai même pas essayé, je déteste ces ambiances où l'on écrase les poussettes et les vieilles dames pour réussir à monter dans le train. L'aîné a embouti le pare-choc de la vieille voiture qui roule encore mais qui est bonne pour la casse. J'ai reçu un mail triste et désabusé du prof de musique du benjamin: malgré les dénégations du maire, la section CHAM va fermer (vous pouvez signer la pétition ici — d'un côté le maire n'aime pas être impopulaire, de l'autre il s'en fiche, c'est son dernier mandat (il préfèrera rester député)). La fermeture d'un service public s'effectue dans la tradition des grandes entreprises: on nie tout, mais il n'y a pas de fiche de réinscription, pas d'horaire d'affiché, pas de tarif pour l'année prochaine. La décision sera proclamée cet été, je suppose, pendant l'absence des parents.

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Agenda
Agnès au téléphone (syntagme figé).
Audit CNIL interne (ie, pour préparer un audit (éventuel) de la CNIL). Le numéro de sécu ne doit pas servir de moyen d'identification, il doit être remplacé par nom, prénom, date de naissance, adresse.
??? Mais à quoi peut bien servir d'autre le numéro de sécu, et quelle importance de s'en servir pour s'assurer de l'identité d'un client en cas d'homonymie? En quoi cela nuit-il?

Conduire une hybride

La nouvelle voiture de H. est une hybride. Boîte automatique, ça me rapelle les Etats-Unis. Mais la différence (de taille) est qu'elle démarre via le moteur électrique, donc silencieusement, et surtout, qu'elle s'arrête silencieusement: non seulement il faut se rappeler qu'une automatique ne peut pas caler, mais en plus, que ce n'est pas parce qu'on ne l'entend pas qu'elle a calé (au feu rouge, par exemple).
Pour le reste, c'est assez amusant, H. me dit qu'à la longue on se prend au jeu à tenter de ne pas faire redémarrer le moteur à explosion.
L'autre défi est de ne pas tuer de piéton: ce serait assez facile, car eux non plus ne nous entendent pas.

Plus tard :
— Sérieusement, tu veux vraiment un coupé deux places? Parce que cela ne me paraît pas très raisonnable…
— Oui je sais, avec les enfants… Mais après ce ne sera pas raisonnable à cause de nos parents, et après je serai trop vieille. Mais on peut aussi avoir un cabriolet quatre places en attendant.
(Je ne lui dis pas que je songe sérieusement à la Volvo C70 (évidemment, pour qu'elle ne soit pas trop chère il faut la prendre vieille et il s'est déjà fichu de moi la dernière fois que je l'ai évoqué en passant: «Ah mais oui, bien sûr, comme la voiture de 1993 commençait à être vieille, j'en ai pris une de 97». Rires des enfants, et il faut bien convenir que ce n'est pas d'une logique extrêmement rigoureuse. Mais il y a dans tout cela des rêves d'Amérique et de road movies, de vieux rêves, qui viennent de loin.)

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Agenda:
Grec, marché, ris de veau, et sinon vraiment perdu tout mon temps sur FB.
Pas téléphoné à A-C, pas téléphoné à ma mère, pas répondu à Aline. (Les trois tâches de la journée: fail.)
A retenir, cette jeune fille en rollers et la roue du futur (je pense).

Fin de week-end

Samedi matin : recherche frénétique d'analyses médicales dans les papiers empilés dans deux ou trois endroits. Visite médicale de routine pour le plus jeune.
=> au retour, commencé à classer les piles (le truc, c'est que le classement s'accompagne toujours de réorganisation: c'est donc toujours plus long qu'un simple classement).

Samedi soir: deux épisodes de The Wire qui se déroule à Baltimore. Exactement dans le quartier de Poe, j'en ai peur. Je me souviens exactement de la sensation que nous n'aurions pas dû être là.

Dimanche matin, aviron; dimanche après-midi je me perds en allant, puis en revenant d'Orsay; puis sieste; puis ici un peu désespérée à regarder des photos de cabriolets d'occasion, à glander sur FB et me demander comment prendre pied dans cette semaine avec la version de grecque non commencée et les papiers à classer étalés (au lieu d'être en pile: c'est plus impressionnant) dans la chambre de ma fille que je squatte durant son absence mais qui doit justement rentrer cette semaine sans que nous ayons réussi à lui faire dire quand…

Mercredi

Les journées passent trop vite. J'ai passé la voiture entre les rouleaux du lavage automatique et la peinture du coffre est partie. Vingt-et-un ans et trois cent mille kilomètres. Il va falloir se résoudre un jour à lui dire adieu.

Vu Apprenti gigolo, tout en finesse même lorsqu'il exagère. Ce film tresse plusieurs sujets, la vulnérabilité, la moralité, le fanatisme, la jalousie, l'appartenance («Je n'ai jamais vu cette femme sourire comme ça. Ce n'est pas bien ce que vous faites.») Un sentiment d'inachevé en sortant, mais aussi des pistes de réflexion ouvertes.
Sinon, Sharon Stone vieillit comme Deneuve (je veux dire que les visages vieillissent par famille, et qu'elles sont de la même). Et Woody Allen présente toujours le même amour de New York.

Allemand. Nous évoquons Heidegger un instant (à propos de Dasein, que certains traduisent par "être-le-là", que j'entends musicalement "être le la" (notre prof est contre)). En Allemagne il a été très vite reconnu qu'Heidegger avait réellement adhéré à toutes les dimensions du nazisme, alors qu'en France, un groupe s'oppose à cette reconnaissance en remarquant qu'Heidegger n'a jamais tenu de propos antisémites (cf le récent dictionnaire Heidegger de Fédier). Comme cela correspond à ce qu'écrit son élève juif Löwith qui n'a pourtant aucune raison de le ménager (il était un ami de la famille jusqu'en 1933 pour être ensuite ignoré), je demande ce qu'il en est: en fait, Heidegger n'a jamais tenu de propos vulgairement insultants envers les juifs. C'était plus subtil: il soutenait que c'est le Dasein qui fait l'homme, et que le juif n'a pas de Dasein.

Je rentre en voiture en écoutant les chants écossais de Beethoven. L'émission parle de William Blake et évoque l'un de ses poèmes sur les ramoneurs (des garçons petits qui restaient parfois coincés dans les conduits des cheminées). C'est drôle, je pensais à ce poème justement cet après-midi (un ramoneur sur le quai du RER B). Impossible de me souvenir où je l'ai lu commenté il y a peu.

Souvenirs

En quatrième, H., mécontent du retard systématique de A. le mercredi pour aller au conservatoire, lui avait fait des reproches. Défense de A.: des troisièmes l'empêchaient d'emprunter l'escalier (très long et abrupt, genre Montmartre) permettant de rejoindre rapidement la ville à partir du collège, ou au contraire la poussaient dans les marches.
H. s'était posté en voiture pour observer le manège et vérifier les éventuelles exagérations; il avait quasi littéralement attrapé par le col le meneur («Eh M'sieur, vous m'faites mal!») et l'avait traîné chez le proviseur adjoint.

Il n'y avait plus eu de problèmes malgré mes craintes de représailles; mais un soir, en avril sans doute (il faisait jour), en rentrant du travail, j'avais trouvé dans le jardin la voiture le pare-brise arrière volé en éclats comme fracassé par une batte de base-ball. Nous avions porté plainte.
Il n'y a jamais eu d'explication, mais le policier de garde nous avait dit que le plus probable, c'était «une vengeance de gamins». Toujours est-il qu'il n'était pas simple de trouver la bonne attitude: ne pas paniquer les enfants tout en prenant quelques mesures pour les protéger. Depuis cette époque, nous n'avons jamais laissé la maison vide lorsque nous partons en vacances.

Et donc lorsque A. s'est fait voler ses clés au début de la troisième, cela pouvait être tout aussi bien une blague ayant pris des proportions involontaires qu'un acte de malveillance laissant présager une suite désagréable.

Grâce à Dieu, il n'est rien arrivé et tout cela est loin, si loin qu'il a fallu que je fasse quelques recherches pour reconstituer la chronologie.

Vendredi latin

Après-midi latin (conférence). Je me dis que si j'avais eu cet ordinateur à l'époque de Compagnon, j'aurais pu taper en direct (y a-t-il du wifi au Collège de France?) Bon évidemment, je n'aurais pas pu donner les références précises des citations (le vrai plus de mes notes sur Compagnon, c'est ça: j'ai référencé toutes les citations à partir de mes Pléiades).

Le soir il commence à neiger. Bibliothèque Beaugrenelle. Je récupère un livre "pour public motivé".

En bas de la pente la voiture ne tourne pas. Elle ne freine pas non plus. Je choisis un arbre pour arrêter ma course (lente), je serre le frein à main, la voiture dérape et s'arrête. Je repars lentement dans la bonne direction.
Il y a trois centimètres de neige fraîche.

Dans l'ordre à partir de 17 heures

- Je constate en rangeant mon bureau que j'ai peut-être travaillé un peu plus que je ne le pensais. Tant mieux.

- J'ai rencontré JA au bistrot d'Eustache. J'avais reçu un mail de sa part pendant que j'étais à Amsterdam. Il était très inquiet car nous savons quelque chose sur sa vie privée qu'il ne veut pas qui se sache. Il n'a toujours pas compris que nous ne sommes pas lui et que nous ne diffusons pas des informations personnelles sur les blogueurs.
D'une part je lui ai assuré que je ne signerai pas de "paix séparée" (autrement dit je ne laisserai pas tombé JYP et Emmanuel) ; d'autre part je lui ai proposé de mettre fin à tout ça non pas en mettant les billets (hors de question) mais en les anonymisant, en remplaçant les noms par des initiales de façon à échapper à Google.
Il a refusé.

- La porte arrière gauche de la voiture ne fermant plus (le taquet gelé ne redescend pas), j'effectue le trajet de la gare à la maison en la tenant de la main gauche glissée derrière le siège du conducteur, passant les vitesses et tenant le volant de l'autre main. Il est dix heures et demie, il reste de la neige sur les trottoirs, les rues sont désertes. Au fur à mesure du voyage, la très fine couche de glace à l'intérieur de l'habitacle fond, me permettant de voir un peu de la route.
A l'arrivée, talc sur les joints des portes, eau chaude et tournevis pour descendre le taquet (fermer la porte est primordial pour ne pas décharger la batterie).

- Rentrée avec C. rencontré par hasard sur le quai du RER. H. arrive de Tours quelques minutes après nous, et O. en vélo du ping-pong quelques minutes encore plus tard. Le lendemain A. me dira: «Je ne savais pas que je devais passer la soirée seule hier». Oups.

Mardi neigeux

J'étais allée au club dans l'idée de faire de l'ergo, mais finalement nous avons sorti une yolette. Courant rapide, beaucoup d'eau, impression de ramer sur un coussin. Il a commencé à neiger cinq minutes après le début de la sortie, le temps de tester notre motivation.
Le plus dur (et le plus dangereux), c'est l'eau glacée qui rend le ponton glissant et mouille les chaussettes.
Toujours pas de douche chaude.

Coup de fil de l'assurance. Cette fois-ci c'est bon, la voiture part à la casse avant la fin de la semaine *soupir*.

Les aoristes réguliers en sa (révision).

Amsterdam, la ville où vous apprendrez à faire vos créneaux

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Je n'ai pas élucidé la façon dont le conducteur sortait de voiture. J'ai suggéré que les Amstellodamois ne conduisent que des voitures anglaises (avec le volant à droite), et je me suis fait traiter de tête de linote. Quand je disais que personne ne comprend mon humour.

Pour le reste, j'aime beaucoup cette ville: les villes avec peu de voitures sont vraiment mes favorites.

Inquiétude

La première chose que je vois en arrivant chez moi ce soir est la lunette arrière de ma voiture fracassée avec une telle force que le pare-brise est décollé de la carosserie.

Je rentre dans la maison, interpelle : «Vous êtes au courant? Vous avez entendu quelque chose?»

Personne n'a rien entendu. A priori cela s'est produit entre 18 et 20 heures. Vengeance ou vandalisme?

Nous n'avons pas les mêmes valeurs

Un jeune homme pressé, pantalon noir, chemise bleue, petit, brun et bouclé, lunettes, lourde serviette à la main, me double devant chez Hédiard un portable à l'oreille:

— Oui, il y avait un message sur le répondeur, je n'ai pas bien compris, je crois qu'ils ne veulent pas livrer la Jaguar de papa à la maison, il faut passer chez le concessionnaire…

Le reste se perd, il est déjà loin devant moi.

La dernière vidange

Titre idiot, private joke: "Un vieux pleure dans son coin, son cinéma va fermer, c'était la dernière séance,…"

Mon garagiste va fermer.

Lorsque Ka a écrit un billet sur Mazda, j'ai failli en écrire un moi aussi. Mais Ka était célèbre, je ne le connaissais pas et mon blog existait depuis deux semaines, je n'ai pas osé.

Mon garagiste va fermer, je suis triste, vendredi j'ai cru que j'allais me mettre à pleurer entre un pneu et un bidon d'huile, avec l'indécence de ceux qui font étalage de leur émotion devant qui souffre plus qu'eux.

Ma première voiture, en 1989, fut une Mazda. A l'époque nous habitions Bordeaux. Mon beau-père — qui ne l'était pas encore — m'offrit cette voiture, ce qui me toucha beaucoup (Bon évidemment, c'était pour que je puisse entretenir son fils... Mais ne soyons pas mesquine. (Dans ma famille, le style était plutôt : "Ne lui offre rien, il va partir avec". (Ma mère me le dit un jour alors que j'offrais à H.... un peignoir.)))

J'ai adoré cette voiture. Elle était moche, la pauvre, couleur doré métallisé dévitalisé par le temps, elle avait alors dix ans. C'était une 323, mais les numéros resservent éternellement chez Mazda, cela ne donne aucune indication sur sa ligne générale: elle ressemblait à une Visa.
Elle avait un atout incomparable, c'était une propulsion, légère à la main, elle se conduisait avec deux doigts, une merveille. Elle craignait le froid, toussait beaucoup, mangeait de l'huile. Combien de fois ne me suis-je pas retrouvée le matin en escarpins et jupe serrée à examiner la jauge, à la grande réprobation des voisins, qui visiblement estimaient que ce n'était pas à moi de faire cela? Lorsque j'oubliais la clé à l'intérieur (cela m'arrivait régulièrement («Mais c'est pas vrai! Encore!»)), il suffisait de se procurer une paire de ciseaux pointus, d'introduire la lame la plus fine dans la serrure et de faire levier avec l'autre, doucement, en cherchant le déclic.
On nous l'a volée une première fois en 1990. Je rêvais la nuit qu'on la retrouvait dans un tel état que H. refusait que je voie la carcasse. On l'a retrouvée un mois plus tard, intacte, sur un parking.

En 1991, nous avons déménagé et nous nous sommes installés à Aubervilliers, carrefour des Quatre-chemins. Nous avons retrouvé l'arrière de la voiture enfoncé un matin. Accident de parking. Nous n'étions pas assurés tous risques. C'était grave pour nous, H. faisait son service militaire et j'étais au chômage; on tirait le diable par la queue. La voiture était garée devant le café en bas de chez nous, nous avons cuisiné le vieil Arabe qui le tenait, nous devions avoir l'air bien démunis et bien malheureux, il a dénoncé un de ses collègues de Pantin en nous faisant promettre de ne pas dire que c'était lui qui nous avait renseignés. Je me revois dans le café de ce collègue, à boire je-ne-sais-quoi, un constat dans mon sac, à me demander avec désespoir ce que j'allais faire s'il niait tout en bloc.
Il n'a rien nié, l'air honteux il a tout signé sans rien contester. C'est ainsi que nous avons découvert le garage Idoux à la Courneuve, concessionnaire Mazda et agréé par notre société d'assurances. L'expert a accepté de réparer notre voiture (ce n'était pas évident car elle avait tout de même douze ans, mais elle était "très propre", comme ils disent dans le métier (ce qui veut dire sans défaut de carosserie, car nos voitures ne sont pas lavées bien souvent...)), faisant de nous des clients fidèles et reconnaissants, et nous n'avons plus changé de garagiste, même lorsque nous avons déménagé à Villecresnes (94).

C'était un garage hors du temps, à l'extrémité de la ligne 7. A cent mètres du carrefour, on trouvait des ateliers coincés entre de petits pavillons de banlieue qui auraient fait bonne figure chez Gustave Lerouge ou Léo Malet. Il y avait au mur une photo que j'adorais, qui représentait le "vieil Idoux" et deux mécanos torse nu devant une traction avant. Nous n'amenions pas souvent la voiture chez eux puisque nous n'avions pas beaucoup d'argent, mais toujours elle en ressortait excellement réglée, consommant moitié moins d'essence pendant deux ou trois mois.

En 1993, lorsque nous avons voulu acheter une voiture, nous nous sommes naturellement adressés à ce garage. H. a été persuadé un temps que je l'avais laissé acheter ce qu'il souhaitait, avant que je ne lui avoue que je l'avais poussé à acheter ce que je voulais, c'est-à-dire une voiture à la ligne coupée en souvenir de la Fiat 124 que mon père possédait quand j'avais six ou sept ans (Fiat aux sièges baquets, au levier de vitesse en bois et au volant cerclé de cuir, avec le moteur à l'arrière).
Cette voiture aura bientôt 300 000 km. Maintenant qu'elle ne nous sert plus que pour de courts trajets, j'espère la garder encore dix ans. Pour l'anecdote, ajoutons que mon dernier fils y est né, ce qui fait que depuis qu'il a vu le film Tournage dans un jardin anglais, il rit beaucoup de savoir qu'à la question «Où es-tu né?» il peut répondre «Ici» n'importe où à condition d'être dans cette voiture.

En 1999, on nous a volé "la vieille". Cinq ou six autres voitures de valeur aussi faible ont été volées la même nuit dans la résidence. La police municipale nous a dit fortement soupçonner les manouches installés sur le territoire de la commune mais manquer de moyens pour aller faire une perquisition, c'était trop dangereux. Ce qui me fait le plus de peine, c'est de savoir que cette voiture qui fonctionnait encore a été au mieux dépecée, au pire incendiée. J'aurais préféré qu'elle soit volée par quelqu'un qui s'en serait servi. Ainsi, c'est juste stupide et méchant.
Cependant cette voiture nous rendit un dernier service: comme elle était assurée tous risques depuis plus de cinq ans (ridicule pour une voiture de cet âge, je sais. Mais je la prêtais beaucoup et je ne voulais pas que mes amis aient de problèmes), nous touchâmes une somme importante (13000 francs à l'époque) qui tombait à pic pour payer je ne sais plus quel facture ou acte notarié au moment où nous achetions la maison. L'âme de ma voiture survit dans un petit bout de la maison, me dis-je pour me consoler.

Il y a deux ans nous avons acheté une 626 d'occasion, voiture raisonnable des gens raisonnables que nous essayons de devenir. Je ne désespère pourtant pas d'obtenir un jour une MX-5 (la Miata). Le problème, c'est que la production de la ligne que j'aimais a cessé (une voiture adoucie comme une savonnette qui aurait trop séjourné dans l'eau), remplacée par une ligne beaucoup plus agressive qui ne m'intéresse pas. Il faudra donc chercher dans les voitures de collection... mais j'ai le temps.

Jeudi j'ai appris que le garage Idoux fermait: plus assez de clients sur place, à la Courneuve, trop grande fiabilité des Mazda (je le confirme), problème de place, de modernisation, de chèques impayés. J'y suis passée vendredi, j'ai vraiment cru que j'allais me mettre à pleurer, la nostalgie m'a saisie. Je regardais les rosiers et les volets clos, que restera-t-il de nous dans ce quartier, rien, et je n'y reviendrai sans doute jamais.
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