Billets pour la catégorie Revue de presse :

Un homme en colère

Je ne sais si Charles Gave a raison ou tort (ses arguments sont convaincants mais je ne suis pas spécialiste). Ce qui me plaît, c'est la vigueur de sa colère. Il n'a pas écrit «Jean-Claude Trichet est un âne», mais on sent qu'il l'a pensé très fort.


« Je dois écrire que la gestion de la crise financière par M. Trichet a été absolument calamiteuse. »

[...]

2. Sur le moyen terme, la croissance des profits dans n'importe quel pays est égale à la croissance du PNB nominal. Dans un système économique normal, les entrepreneurs ont donc une hausse de leurs revenus égale à la croissance du PNB, tandis que les rentiers touchent les intérêts que leur versent leurs fonds de trésorerie. Si les taux d'intérêt sont supérieurs au taux de croissance - les rentiers touchent plus que les entrepreneurs -, prendre des risques ne paie plus et l'économie s'arrête brutalement, nous avons donc une récession. Depuis un an, les taux sont au-dessus de la croissance en Europe et l'économie européenne est en train de s'effondrer. Il est vrai que la croissance économique n'est pas de la responsabilité de la BCE, mais il est encore plus vrai que la BCE n'est pas non plus censée suivre une politique qui tue la croissance. C'est pourtant ce qui a été fait.

3. La crise bancaire a débuté il y a plus d'un an. Tout le monde savait que les banques dans le monde entier en général, et en Europe en particulier, étaient dans une situation difficile. Au printemps de cette année, tous les indicateurs avancés de l'économie européenne ont commencé à s'effondrer. En avril, il n'y avait plus le moindre doute que l'économie du Vieux Continent allait rentrer en récession. La quasi-totalité des banques se sont donc déclarées pour une baisse des taux courts en Europe. Patatras ! Juste après que la Fed et la Trésorerie américaine eurent sauvé Bear Stearns, trois jours après que M. Bernanke eut manifesté sa volonté de voir le dollar monter, la BCE a annoncé qu'elle allait monter ses taux en juillet. Toutes les banques commerciales furent prises à contre-pied et perdirent des milliards sur leurs positions, la courbe des taux s'inversant brutalement au lieu de se « pentifier », comme tout un chacun l'attendait. Ces milliards manquent cruellement aujourd'hui, comme chacun peut le constater. La responsabilité de la faillite de plusieurs banques européennes est donc à mettre au débit de cette décision insensée d'augmenter les taux courts en juillet. Les taux furent augmentés de 0,25 point, comme promis, et la BCE, pour faire bonne mesure, annonça qu'elle allait durcir les conditions de ses prises en pension pour certains papiers à partir de février 2009, déclenchant de ce fait un véritable effondrement des prix de ces mêmes papiers, et menant les banques à une faillite certaine compte tenu de la règle du « mark-to-market » (cf. nos précédents articles sur le sujet). On a du mal à imaginer pareille incompétence...

4. Alors même que nous sommes dans la crise financière la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, la BCE maintient ses taux à 3,75 %, à la place de les amener à toute allure à 1 %. Cela est très supérieur à la croissance du PNB nominal dans tous les pays européens aujourd'hui. Le système est lourdement endetté (sociétés, particuliers. Etats), le coût de la dette explose tandis que les recettes disparaissent, les faillites se multiplient et on va, peut-être, baisser les taux au printemps 2009 ? Maintenir les taux courts à ce niveau, c'est garantir que l'Europe va rentrer en déflation-dépression, ce qui relève maintenant d'une quasi-certitude. Un seul responsable à cet inéluctable désastre, la BCE, dont le gouverneur restera comme l'homme qui a organisé le troisième suicide de l'Europe en un siècle. Je suis absolument atterré de l'incompétence dont fait preuve la BCE, qui dépasse tout ce que je pouvais imaginer, et pourtant, je ne m'attendais pas à être « déçu en bien », comme disent nos amis suisses. Depuis que j'ai commencé à écrire ces chroniques dans Le JdF, et tout spécialement depuis ce printemps, je n'ai cessé de recommander au lecteur de sortir des pièges que constituaient l'Europe et l'euro.
La seule solution, qui sera imposée par le marché, c'est bien entendu l'effondrement de l'euro. [...]

extrait de l'éditorial de Charles Gave (charlesgave@gmail.com) dans Le Journal des Finances du 25 octobre 2008

Ignobles Nobel cuvée 2008

[...] on peut déjà se réjouir de la distinction obtenue par une chercheuse de l'École nationale vétérinaire de Toulouse, Marie-Christine Cadiergues : L'Ig Nobel de biologie pour une étude sur les sauts de puce (avec Christel Joubert et Michel Franc). Juste avant la semaine des Nobel, qui commence aujourd'hui avec la médecine, les Ig Nobel (« Ignobles Nobel ») sont remis à l'initiative de la revue scientifique humoristique « Annales de la recherche improbable ». Lors de la cérémonie à Harvard, un des vainqueurs de 2007, Dan Meyer, coauteur d'un rapport médical sur « les effets collatéraux de l'ingestion de sabre », a ouvert la soirée en avalant une épée, qui a vite été retirée par le Dr Thomas Michel, doyen de l'École de médecine. La capacité d'une amibe à sortir d'un labyrinthe, le Coca-Cola spermicide efficace ou sans effet (prix ex œquo pour les deux équipes parvenues à des résultats opposés), les faux médicaments chers qui marchent mieux que les faux médicaments bon marché (l'Ig Nobel de médecine, remporté par un économiste), la modification électronique du bruit de la chips pour dormer l'illusion du croustillant et de la fraîcheur, le principe légal de la dignité des plantes (Ig Nobel de la paix)... : les récompenses sont parodiques, mais les recherches sont sérieuses. « La recherche n'est pas forcément toujours de la grande recherche », dit à l'AFP Marie-Christine Cadiergues, dont le travail portait en fait sur la comparaison de deux espèces de puces dont l'une est en voie de disparition. « D'abord rire, puis réfléchir », dit Marc Abrahams, l'organisateur du prix. Un bon conseil ?

éditorial de Renée Carton dans Le Quotidien du médecin, le 6 octobre 2008

Nikita Nicolas, même combat !

Ça doit être en train de faire le tour du web, mais tant pis pour l'originalité:

(Précisons que j'aime bien ce slogan: je fais partie de ceux qui ont été élevés dans la religion du travail, et qui ne comprennent pas très bien qu'on puisse avoir des problèmes avec la DRH parce qu'on travaille trop.)

A l'occasion, j'essaierai de mettre un meilleur scan en ligne.

Point de vue n° 3141

Je l'achète de temps en temps, ou Gala, pour les photos et pour les articles toujours bienveillants, voire guimauve (ici se tient mon espace réservé de guimauve).
Paul Newman en couverture, j'achète donc Point de vue.

A noter :

  • Une photo étonnante réunissant Carla Bruni, la reine de Jordanie et l'épouse de Rupert Murdoch : trois femmes, trois continents, trois cultures (hum, où à grandi la femme de Murdoch? en tout cas, elle est asiatique), une identité de looks et de sourires.
  • le mariage de Julien Dassault : Proust cent ans plus tard.
  • Penélope Cruz me rappelle Marie Gillain.
  • Cinq pages d'interview de Dmitri Nabokov avec photos : «Le manuscrit forme un ensemble de 138 fiches de bristol, écrites au crayon — mon père utilisait un crayon n°2, assez fin, qui lui permettait de biffer son texte. Ces cartes sont numérotées, et un bon tiers est assemblées dans un ordre définitif. Le reste est un ensemble d'esquisses, de fragments, de disgressions qu'il est possible d'interpréter de plusieurs manières. Mon idée est de présenter la partie achevée de l'œuvre sous forme d'un livre, et le reste en fac-similé, que le lecteur pourra arranger à sa fantaisie. Il pourra battre les cartes à sa façon, se faire lui-même son petit Nabokov.»
  • En marge de l'exposition Mantegna au Louvre, la galerie G. Sarti présente 27 œuvres peintes entre 1325 et 1510 dans le nord de l'Italie. 137 rue du faubourg Saint-Honoré jusqu'au 15 novembre.
  • Le 4 octobre, la maison Tajan vend des arbres de collection. (Mais qu'est-ce que ça veut dire?)
  • Dans le cadre de la succession du comte et de la comtesse de Paris, des objets ayant appartenu aux Orléans (dont des souvenirs de Louis XVII et de sa sœur (je trouve cela lamentable de devoir se séparer de souvenirs de famille pour des raisons fiscales)) seront dispersés chez Christies le 14 octobre.

Visite privée chez Christie's, à Paris: les 10, 11 et 13 octobre à 9 heures, et le 12 octobre à 14 heures, en compagnie de Vincent Meylan. Réservation impérative au 01 40 76 83 70 les 2 et 3 octobre et sur présentation de ce numéro de Point de vue.
Donc si vous êtes intéressés, téléphonez d'abord, achetez le journal après!

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