J'avais pour première langue allemand, c'était à l'époque le moyen de reconstituer les classes de niveau supprimées par la réforme Haby qui était en place depuis cette rentrée (je n'ai pas eu de chance. J'aurais aimé être au collège avant la réforme Haby. Oui j'étais et je suis élitiste.)
La conséquence, c'est que nous avons été la même classe composée des mêmes élèves pendant les quatre années de collège.

C'est ainsi que je suis devenue amie avec Martine, que sans doute je n'aurais jamais fréquentée sans cela (nous n'avions pas grand chose en commun). J'étais mise à part en tant que grosse tête, elle faisait partie de ses filles mal dans leur peau qui n'étaient pas effrayées à l'idée de fréquenter d'autres mises à part.

Elle était passionnée de vélo. C'est grâce à elle que je sais qu'un vélo de course n'a rien à voir avec un vélo ordinaire (étant montée sur le sien et ayant failli me casser la figure).
Elle jouait au foot, aussi, ce qui était une rareté à l'époque (et c'est ainsi que je sais qu'un terrain de foot, c'est très très grand. Respect.)
Je lui dois Renaud, Balavoine, les sketchs de Roland Magdane (je m'en serais passée), mais aussi, plus étrangement, Martin Gray. Et les imitations du Collaro show (à partir d'octobre 1979, me dit Google).

Et si je place ici ces quelques mots en son souvenir, c'est qu'elle est arrivé dévastée par la mort de Claude François.
Je n'aimais pas Claude François, je ne l'aime toujours pas: ni sa musique, ni sa tête, ni ses costumes, ni ce qu'on racontait sur les Claudettes (je n'ai pas attendu MeToo pour avoir un instinct très sûr).
Mais même sans cela, même si je l'avais apprécié, il m'était incompréhensible d'être dévastée à ce point par la mort d'un chanteur, d'une star, d'un étranger en somme.

Quarante-deux ans plus tard, je me souviens de ce chagrin, de ses larmes en récréation.