Malaise

Je crois que j'ai perdu un livre. Je ne le retrouve plus, le plus probable est que je l'ai laissé au kiosque à journaux en achetant le journal ce soir. Ou alors, plus grave, je l'aurais laissé sur un mur où je l'aurais posé pendant que je lisais le journal en terminant une cigarette. Ou je l'ai laissé sur le siège dans le train. Je n'arrive pas à me souvenir: en face de moi un jeune homme qui regardait un film, à côté de moi un homme qui ressemblait à un pasteur… ai-je dormi? Je ne sais plus, je n'arrive pas à me souvenir.

On verra demain.

Mais je me sens mal. C'est un livre de bibliothèque. Je n'ai perdu qu'un livre dans ma vie, c'était Récits de la Kolyma, tome 1, je crois, en livre de poche. C'était déjà un livre de bibliothèque, et à l'époque (1995, je pense), irremplaçable, car il était épuisé.

J'espère que je vais retrouver ce livre. Lui aussi est épuisé. Ou alors j'espère que celui qui le retrouvera le rendra à la bibliothèque (cela m'est arrivé une fois, avec Le comte de Monte-Cristo: je m'apprêtais à expliquer que je l'avais perdu et à offrir de le rembourser, on me répondit qu'il était de retour en rayon. Soulagement.)

Je pose mes livres n'importe où, j'erre dans la maison en psalmodiant «J'ai perdu mon livre», on me répond «Prends-en un autre» — ce que je fais, le plus souvent, tranquille, car je sais qu'il est quelque part dans la maison.

Mais pas ce soir. Pour une fois la maison est rangée, le livre n'y est pas.
Je ne supporte pas de ne pas savoir où j'ai mis ce livre.

Projet professionnel (et Clément)

Cette fois-ci, Clément a dépassé les bornes. Je laisse tomber. Qu'il se débrouille. Et si tout lui pète dans les mains, tant pis.

Encore un entretien, hier. Et tout ce qu'ils voient, c'est ma vacuité, mon manque de désir, la futilité de tout cela. Peuvent-ils réellement croire qu'on puisse être enthousiaste à l'idée de paramétrer des logiciels ou de faire de la comptabilité IFRS?

Je vais faire autrement. Je vais m'investir dans l'A*BS, et aller me promener dans le groupe pour faire de la formation : je me fixe un objectif d'une demi-journée par semaine. Il faut également que je lise la presse professionnelle (en documentation) et sans doute que je me forme un peu au web. Je pourrais peut-être trouver quelque chose au CNAM sur ce sujet.

Prendre soudain conscience que le temps passe

— Mère Teresa, oui, je crois que je connais, ça me dit quelque chose…
— Eh mais t'es ouf, t'avais deux ans quand elle est morte !

Bêtes à manger du foin

Slogan imprimé sur des gâteaux 1er prix dans la famille des Prince et des BN: «Riche en fourrage».

Semaine 21

  • Lundi 19 mai 2008
Paul Rivière m'a invité à l'Ambassade d'Irlande pour la parution d'un livre sur John Law publié par un neveu. Puis dîner avec Claude X (de la BNF) et Paul.
On me recommandre chaleureusement l'exposition Marie-Antoinette, apparemment très émouvante. J'apprends que le roi et la reine portaient le deuil de leur fils aîné quand éclata la Révolution.
  • Mardi
Impeccable: désormais les enfants préparent le dîner. H. est déjà parti quand je rentre à 20 heures; je repars une demi-heure plus tard après avoir avalé deux Knacki Herta (l'inventeur de la Knaki est un bienfaiteur de l'humanité).
  • Mercredi
Repas "littéraire" (réunion d'anciens élèves de tous âges pour un book-crossing autour d'un thème. Inévitable ce soir-là: 1968. J'en ai profité pour lire les deux Arendt publiés cette année-là en France, ''La crise de la culture'' et ''Vies politiques'', titres qui m'ont paru particulièrement révélateurs de l'atmosphère de l'époque (étant entendu qu'un livre paru en 1968 date d'avant 1968)).
  • Jeudi
«L'impressionnisme est le mouvement le plus connu en France à cause des boîtes de chocolat. Il faudrait faire campagne pour qu'on mette Jasper Jones sur les couvercles de boîtes de chocolat; les Français découvriraient enfin l'art contemporain. (Picasso, ça va un peu mieux depuis la Xsara Picasso).»
  • Vendredi
Librairie or not librairie? (fonds de commerce à acheter dans le 5e à deux pas de la Sorbonne) C'est tentant, mais je me demande bien avec quel argent. D'un autre côté, en janvier, mon horoscope me promettait de grands bouleversements cette année. On est déjà fin mai et je ne vois rien venir.
  • Samedi
A défaut de beurrer des sandwiches, j'aurai enfilé des chamallows sur des brochettes (et réussi à en manger deux).
  • Dimanche
J'ai passé le week-end avec cinq blackettes qui m'ont appris un peu de vocabulaire «Comment qu'è t'as r'calée!» (— Ça veut dire quoi, recalé? — Ça vous choque qu'on parle comme ça, Madame? — Pas spécialement tant qu'y a pas de gros mots. J'enrichis mon vocabulaire. Alors, ça veut dire quoi? — Repoussé, elle a voulu l'embrasser, l'autre l'a repoussée. (Je raconte l'anecdote à C. qui traduit (le vocabulaire est très régionalisé): — ah oui, elle lui a mis un vent.)

Dieu est grand, nous sommes passés entre les gouttes.

Café du matin, chagrin

La semaine dernière, j'ai mis de l'eau dans le réservoir de la machine à café, j'ai appuyé sur le bouton.
J'avais oublié de mettre un filtre et du café.

Ce matin, je me suis appliquée: j'ai fait pivoter sur le côté le compartiment de la cafetière destiné au café, j'ai mis un filtre dans le compartiment, du café dans le filtre, puis je suis allée chercher de l'eau en laissant le compartiment ouvert, désaxé par rapport au corps de la cafetière.
En revenant, absorbée dans mes pensées, j'ai versé directement l'eau froide sur le café. Le ploc des gouttes tombant sur les prises électriques le long du meuble m'a brusquement réveillée.


PS1 : Sur la folie des femmes.
Dans L'aliéniste, celui-ci juge sa femme folle quand elle se relève la nuit pour comparer l'éclat de deux colliers de couleurs différentes et tenter de choisir celui qui lui va le mieux. Pas un instant l'aliéniste n'entrevoit que s'il avait répondu à la question de sa femme («Lequel dois-je mettre?»), celle-ci ne serait pas devenue folle d'indécision.
Faut-il en conclure qu'observer sa folie était plus intéressant que la regarder et répondre à sa question?

PS2 : Je deviens totalement paranoïaque. Cela m'inquiète.

Est-il temps de (re)devenir sérieuse?

C'est fou ce que les gens ne vous croient pas.

J'ai remis mon CV en ligne. En fait je déteste ça, je ne suis contactée que pour faire ce que j'ai déjà fait (normal), or je voudrais changer, au moins à la marge. J'ai remis mon CV en ligne simplement pour rassurer (peut-être) les boîtes chez lesquelles je postule (avec circonspection).

Inévitablement, je me fais à nouveau contacter par des sociétés de consulting: je confirme, le marché du travail est tendu dans certains métiers.

— C'est pour du consulting? Hmm, je ne voudrais pas vous décevoir, mais nous sommes parvenus à la conclusion que je n'étais pas faite pour ça.
— Que voulez-vous dire? Vous savez, j'entends beaucoup de choses sur ce métier, il n'est pas forcément ce qu'on croit.
— Eh bien, j'ai passé quelques entretiens où l'on m'a fait comprendre que j'étais sans doute un peu trop carrée pour ce métier, un peu trop abrupte. J'ai souvent trouvé que les prestataires qui travaillaient chez nous étaient trop "mous", j'ai compris que c'était une condition du métier, il fallait une certaine rondeur. Et quand j'ai fait un debriefing auprès de mes amis ou en famille, ils m'ont fait remarquer que l'aspect commercial du métier n'était pas pour moi1. Je serais mieux "en face", en entreprise, pour cadrer des prestataires.
— Je commence à voir, une certaine franchise... Mon rôle est donc de vous convaincre de l'intérêt de passer un entretien chez nous.
— Vous ne m'avez pas comprise. Je vous ai résumé ce que je sais pour vous éviter de vous faire perdre votre temps. Mais si vous voulez me voir, je viendrai.

Et à ma grande surprise, je sentais que plus je lui exposais pourquoi je serai un recrutement impossible, plus il avait envie de me recruter.

L'ennui, c'est que si tout ce que je lui ai dit est vrai, sa boîte me fait malgré tout envie: elle est extrêment spécialisée sur une seule fonction dans un seul secteur. J'aime ce qui est très technique.
Mais bon. Je n'ai même pas un tailleur sérieux pour cet entretien.
Un métier vaut-il une garde-robe? Oui, je suppose que oui. Je l'ai fait une fois à vingt-trois ans, je dois pouvoir le refaire.
Mais quel ennui.


1 : En réalité, JM a éclaté de rire en disant «Laisse tomber, Valérie, un consultant, c'est un commerçant à plus de cinquante pour cent, tu ne seras jamais capable de vendre de la merde!» (J'espère ne vexer aucun consultant qui lirait ces lignes. Pour illustrer mon propos, je me souviens avoir provoqué quelques blancs dans la conversation en faisant remarquer à des recruteurs que le bon prestataire, c'était celui qui quittait l'entreprise cliente: sa mission était terminée, il avait mené à bien son projet (ce qui n'empêche pas qu'il puisse revenir pour une autre mission. Mais j'en ai soupé de ses prestataires à demeure dont on sait pertinemment qu'ils coûtent plus cher que deux ou trois salariés (mais ce n'est pas la même ligne comptable))).$$

Extrêmement fondue

Décidé de l'avenir de ce blog.

Tandis que je suggérais un nouveau nom, une recherche google nous fit découvrir le site extremefondue.

Je musai derechef autour du nom "extrêmement fondue" :
— Pas fondue, maman, complètement fêlée, oui !

Pierre (saint)

— Pierre, c'est l'homme du gag, celui dont on peut être sûr qu'il mettra le pied dans la flaque : s'il y a une chose à ne pas dire, il la dit, s'il y a une chose à ne pas faire, il la fait; mais il est toujours là, avec son enthousiasme et ses défauts.

Matin

Je reprochais à H. de ne pas lire mon blog.
— Ton blog me fait de la peine, m'a-t-il répondu.
Il a raison, mon blog lui fait sans doute de la peine, de ce que j'écris qu'il ne sait pas ou de ce qu'il sait qu'il préfèrerait que je n'écrivisse pas.

H. me fait de la peine.
Il me fait de la peine quand lisant un article que j'ai écrit pour une revue universitaire il me dit avec chaleur :«Je ne savais pas que tu écrivais aussi bien» (1/ envie de meurtre (car qui sinon lui devrait le savoir?) 2/ a-t-il vraiment les moyens (le niveau) d'en juger? 3/ l'aurait-il pensé/dit si je n'avais reçu les éloges des lecteurs chargés de sélectionner les articles pour leur revue?)

Il me fait de la peine quand découvrant avec émerveillement le dernier Camus je le lui donne à feuilleter («Regarde!») et que je m'aperçois trois jours plus tard qu'il a bien regardé les photos comme je le lui enjoignais, mais sans même avoir la curiosité de regarder qui était l'auteur ni s'apercevoir qu'il s'agissait de la Grande-Bretagne. Comment mieux témoigner son indifférence?

Je m'en fous, je me suis inscrite à Cerisy.

Mai glorieux

Avis relatif à un appel au mécénat d'entreprise pour l'acquisition par l'Etat d'un trésor national

Au JO du jour AVIS DIVERS
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
NOR : MCCF0810806V

La ministre de la culture et de la communication informe les entreprises imposées à l?impôt sur les sociétés d'après leur bénéfice réel qu'elles peuvent bénéficier de la réduction d'impôt sur les sociétés prévue à l'article 238 bis 0 A du code général des impôts égale à 90 % des versements qu'elles pourraient effectuer en participant à l'acquisition par l'Etat pour la Bibliothèque nationale de France du trésor national suivant : un ensemble de 26 affiches conçues par Henri de Toulouse-Lautrec, réunissant des pièces absolument uniques, demeurées dans un état de conservation remarquable, se composant notamment d'épreuves d'essais de couleurs, généralement vouées à la destruction, ainsi que d'épreuves d'état avec des remarques, type de documents d'une grande rareté en raison de leur tirage réduit. Cet ensemble extrêmement précieux permet de retracer les étapes de la genèse d'œuvres très célèbres, telles Ambassadeurs, Aristide Bruant dans son cabaret ou Le Divan japonais. Ces exemplaires rarissimes constituent des documents essentiels pour approfondir la connaissance d'un aspect capital de l'œuvre de Toulouse-Lautrec, qui a donné à l'art de l'affiche ses lettres de noblesse, ainsi que pour l'histoire de l'estampe en France.

Sa valeur d'achat est fixée à 1 000 000 euros.

Les offres de versement, établies selon le modèle prévu par l'instruction de la direction générale des impôts 4-C-6-02 no 184 du 24 octobre 2002, doivent être adressées à la direction des musées de France, 6, rue des Pyramides, 75041 Paris Cedex 01, où les dossiers relatifs aux trésors nationaux et oeuvres d'intérêt patrimonial majeur peuvent être consultés par les entreprises intéressées.

Mon cousin norvégien

L'un des oncles de H. a épousé une Martiniquaise enceinte d'un militaire américain noir. Il a adopté l'enfant qui est maintenant un beau jeune homme chocolat d'une trentaine d'années vivant à Béziers.

Ce cousin nous a raconté ce week-end qu'il se fait passer pour norvégien. J'ai cru un instant que les gens supposaient simplement que l'Afrique avait immigré jusqu'au cercle polaire, mais pas du tout:
— Parfois certains s'étonnent, ils me demandent si je ne suis pas un peu foncé pour un Norvégien. Je réponds que non, parce que je suis un Norvégien du sud, et qu'ils sont plus bronzés. Et comme j'ai voyagé en Norvège, je donne des détails qui sonnent vrai, et on me croit. Ils m'appellent Sven pendant des mois.

semaine 19

lundi 5 mai
Cours de step. J'adore ça, je suis d'un ridicule achevé et ça me fait rire (mon côté maso). Il doit y avoir peu de personnes manquant autant de coordination que moi. Et je suis incapable de me souvenir de trois pas de chorégraphie. Et je suis incapable de suivre un rythme (H. était d'abord incrédule, désormais il est mort de rire quand il me voit taper dans les mains à contretemps d'une salle entière: «mais enfin, tu n'entends pas la batterie? Bom, bom bom?») Ben non. Enfin si, mais je ne parviens pas à me caler sur un rythme. Une des explications possibles serait que je pense trop (mais pas assez vite): au lieu de taper dans mes mains, je pense "il faut que je tape dans mes mains", et c'est déjà trop tard, j'ai pris du retard…

PS. Merci, Jim, vraiment.

mardi 6 mai
''Tea & tattered pages'' rue Mayet était ouvert. J'erre dans les rayons. Voyons… Il y a deux livres de Woolf, j'hésite devant un beau Capitaine Blood relié (édition Vintage 1922). Je cherche… je cherche quoi? quelque chose qui commence par un W… le titre c'est W… et l'auteur… un P ou un M, les deux je crois, puisque je ne savais pas où chercher chez WH Smith… (Je me demande si beaucoup de personnes se mettent à chercher un livre précis dont ils viennent d'oublier le titre et l'auteur parmi des milliers de livres dans une minuscule librairie). Ah si, Wolf solent. (Mais l'auteur m'échappe toujours et mon blogueur arrive).

Restaurant coréen. Très jolies tuniques aux murs. Très bon, copieux, un peux gênée de manger copieux dans un restaurant coréen (à quoi certains répondraient que décidément, ma mauvaise conscience de gauche ne m'abandonne pas. Mais bon. C'est vrai que je suis un peu gênée, et gênée par l'indécence-même de cette gêne (on fait ou ne fait pas, on ne se paie pas le luxe de faire en étant gêné).) Le thé à la jujube sent la grenadine. Discussion sans même dire du mal des absents. On est bien. A faire plus souvent.

mercredi 7 mai
— Mettez-vous en avant, parlez de ce que vous avez à apporter, et ne dites rien de vos défauts si on ne vous pose pas la question, il sera toujours temps de les découvrir.

(J'aime beaucoup dans la pub pour la clio "signe extérieur de richesse intérieure", l'homme qui commence: «Je ne fais pas la vaisselle» puis qui précise «mais je l'essuie».)

jeudi 8 mai
Ne rien faire à ce point… J'aime.
Il fait beau, fenêtres ouvertes, velux sur ciel bleu, chants d'oiseaux.
Grasse matinée, blog (non ça ne se voit pas), une heure au téléphone avec Agnès (je ne savais pas qu'il y a une différence entre les aubes masculines et les aubes féminines), barbecue, Pierre qui brûle de Donald Westlake, sieste, Oz saison 3 deux premiers épisodes.

vendredi 9 mai
Départ de H. et C. à 7h30 (championnat FSGT de tennis de table), sport, cigarette, glace plombière, Saint-Félicien, glace au chocolat, place nette sur la mezzanine, sieste de dix minutes, décidément il ne pleut pas, tonte de la pelouse, ampoules, pâtes fraîches, douche, lit.

samedi 10 mai
Vautrée toute la journée devant Oz saison 1 (puisque je ne veux pas terminer la saison 3 sans H.) en fumant un demi paquet. Manquait que la bière. Rien préparé pour demain.

dimanche 11 mai
Sport oblige, H. est à Tarbes avec C.
Réunion de la famille de H. dans l'est de la France. J'emmène les deux plus jeunes.
— Mais enfin, maman, pourquoi on y va? Tu n'as aucun lien avec eux.
Je suis un peu choquée qu'il fasse une déjà une différence si nette entre les deux branches de la famille.
— Mais vous? C'est vous le lien, vous appartenez autant à cette famille-là qu'à l'autre.

Mouais. Ils voudraient surtout échapper aux trois heures de voiture et pouvoir jouer à l'ordinateur toute la journée. C'est toujours pareil, chaque fois qu'ils ont du temps libre, on leur occupe de façon inepte.

Du blog comme instrument d'auto-discipline

Parfois il me vient comme une paresse d'écrire.

Ce n'est pas le célèbre "à quoi bon?", parce que, que nous l'avouions ou non, nous connaissons tous la réponse à cette question: on écrit que pour soi, pour le plaisir ou le besoin d'écrire. Toutes les autres raisons, de l'exhibitionnisme au désir de partage ou de diffusion des connaissances en passant par la prétention, sont secondaires. À "à quoi bon?", la réponse est "moi" (en d'autres termes, "parce que je le vaux bien"). Il me semble d'ailleurs que beaucoup de blogueurs arrêtent de bloguer ou ralentissent nettement quand ils ont tissés suffisamment de liens dans la vraie vie, quand leur recherche (inconsciente, sans doute, car qui aurait pu prédire il y a deux ou trois ans que les blogs seraient un moyen si efficace de rencontrer des gens et de se faire des amis (je me souviens de cette presse catastrophiste et ignorante parlant d'une génération qui ne vivrait que dans un monde virtuel "c'était terrible, qu'allait devenir la société?")) de contacts a été satisfaite: ils ont moins besoin d'écrire, ils ont trouvé autre chose qui les satisfait davantage que l'écriture.

Ce n'est pas non plus le manque de sujets. Souvent il est vrai il me manque le type de sujets que j'aime tant chez les autres blogueurs, l'anecdote cocasse: un peu de mise en scène, un peu d'habillage, et hop, un billet court (parfois long, ce n'est pas un critère, mais j'envie de savoir faire court), drôle, bien enlevé. C'est ce que préfère chez les autres, c'est ce que je ne sais pas faire. Ma vie manque d'anecdotes cocasses isolées, elles ne sont souvent cocasses que suite à trois pages d'explications maladroites.
Laissons tomber.

Il reste deux types de sujets: les introspections (mais je crains d'écrire comme la blogueuse X.) ou les revues de livres (mais je crains que Y. ne se moque de moi (in petto, mais quand même)).
Ce ne sont pas de véritables raisons pour ne pas écrire. Dès qu'on se met à écrire publiquement, on sait qu'on est ridicule, forcément ridicule, aux yeux d'un certain nombre de lecteurs (heureusement inconnus pour la plupart. C'est plus dur de savoir que c'est aux yeux de lecteurs qu'on connaît, encore plus aux yeux de lecteurs qu'on estime).
Mais finalement ce n'est pas si grave. D'une certaine façon, on s'en fiche un peu malgré tout. Plaire n'est pas un bon critère d'action, notre époque semble même s'attacher à prouver que c'est un très mauvais critère (déplaire systématiquement aussi, d'ailleurs, comme ne le comprennent pas certains). (Alors quoi? "Rester soi-même"? Non, continuer à se chercher, continuer à élaborer les critères de son action: que veux-je faire? que voulais-je écrire? (pour un éloge du tâtonnement)).

Non, il me vient une véritable paresse d'écrire: aligner un mot après l'autre, écrire le mot suivant si évident que j'ai envie de ne plus écrire qu'un mot sur trois ou quatre, de sauter les étapes intermédiaires entre le début et la fin du paragraphe, tant il me semble que la fin se déduit du début et qu'il est inutile de dérouler les étapes de la pensée. Mais sans cheminement, la pensée devient obscure, il faut tout écrire entre deux points, tracer la courbe. Je me sens paresseuse.
Et pendant que j'écris, je ne fais pas autre chose, je ne lis pas, je ne regarde pas ou ne re-regarde pas la saison 1 de Oz, mais pendant que je re-regarde la saison 1 de Oz je n'écris pas; or il n'y a qu'écrire qui oblige à penser, à obtenir un certain affûtage du raisonnement. C'est un détour nécessaire qui oblige à poser devant soi les mots, les idées, les images, à trier, à ordonner, à jeter. C'est le moment où l'on ne peut plus tricher avec l'informe, l'à-peu-près.
Est-ce si important d'affûter sa pensée?
Pour moi, oui.
Il reste que le blog n'est sans doute pas le meilleur lieu pour cela, ou même le lieu pour cela. Son intérêt, c'est qu'en étant public, il devient une sorte d'obligation morale: si je n'écris pas, il sera public que je n'écris pas.
Et si j'écris sans publier?
J'ai essayé: je ne m'y tiens pas.

Dernière cigarette

« Je ne veux pas mourir sans avoir revu une queue.»

Oz saison 3, une prisonnière dans le couloir de la mort

A contre temps

Une autre chose qui fait rire les enfants, c'est que lorsque je rentre du sport, je n'ai même plus assez de force pour couper un steack haché. Avec gentillesse le grand ouvre mon yaourt.

Iron Man

En regardant ce film, je pensais à cette pub devenue célèbre (la définition sur Youtube est pourrie, mais le chargement est rapide).

Iron Man est le film qu'il faut monter aux enfants (10-15 ans) pour les convaincre de devenir ingénieurs ou chercheurs.

Pour le reste… c'est bien fait, Pepper est très jolie, c'est simpliste comme un Comics mais pas trop manichéen… Enfin bon, il y a d'autres urgences malgré tout.

(On va encore m'engu*** parce que je vais voir n'importe quoi. Ça m'amuse, en fait. On a les provocations qu'on peut (parce qu'après tout, je pourrais ne pas en parler).)
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