Se comprendre à travers la barrière du langage

Je décris notre maire à Lisa. Comme je le fais en allemand, je trouve des exemples représentatifs, c'est plus facile pour dépeindre l'homme : «il veut retourner au franc.»

Il a également promis de doubler le nombre de caméras dans la ville. Commentaire sobre de H. :
— S'il le fait, nous aurons plus de caméras que la ville de Lyon.

Je crois que Lisa a compris.

Il existe un terme pour "milieu défavorisé": bildungfern. Loin de tout appui pédagogique?

Une heure de moins

Journée sur FB, qui prouve une fois de plus ses pouvoirs bizarres. Si moi je garde mes amis même si je ne les vois plus et ne leur parle plus (ou grâce à cela?), d'autres parlent jusqu'à devenir des ennemis. A quoi bon tout cela, cela ne rime à rien.

Une interruption pour aller voir Dans l'ombre de Mary, qui est un film sur l'éciture du film Mary Poppins, ce que je n'avais pas compris. Le générique de fin semble indiquer que l'incoyable revêchitude ou acâriatreté de cette femme n'est pas exagérée par le film. C'est étonnant un film de Disney qui accuse Disney de tous les maux dont les "rebelles" accusent Disney. Une lucidité qui fait elle-même partie d'un plan marketing, diront ces mêmes.

Et sinon, horaires décalés => journée qui passe trop vite.

Samedi

Je continue les emplois du temps. Au moins ça me permet plus tard de retrouver la trace de mes journées. Bizarrement, raconter des anecdotes ne permet plus plus tard de retrouver la trame des jours (je veux dire le contenu réel des heures passées à vivre).

9h30: marché avec H. (Yipeee! ça n'a l'air de rien, mais des années que je cherche à aller au marché avant midi! (la journée type, c'est plutôt se lever à huit heures et perdre absolument tout son temps dans le nothingness avant de s'apercevoir qu'il est presque midi. je déteste ça. Je déteste ne pas savoir où sont passées les heures de ma vie)).

10h30: une heure et demie de ménage. Un jour je saurai pourquoi les joints de la salle de bain deviennent rose orangé. Produit pour nettoyer le lave-linge (c'est un concept étrange, ces produits qui servent à entretenir les lave-linge et lave-vaisselle: laver ce qui lave, c'est tout de même bizarre.)

13h20: j'accompagne O. à l'école de musique et je prends le RER. Je veux voir I am Divine (cela ne passe que dans une salle UGC, il faut se dépêcher) et passer dire bonjour à Patrick Cardon aux Blancs-Manteaux.

14h15: comme la séance n'est qu'à 14h55, j'erre dans la bibliothèque musicale des Halles et emprunte Béton de Thomas Bernhard.

14h55: je suis décidément abonnée aux petites salles qu'UGC les Halles a ouvertes récemment (30 à 35). Le film est un documentaire réalisé avec soin. Je suis à la recherche de mon enfance et de ma jeunesse, j'essaie de me souvenir de ce que j'ai pu voir ou entendre, je regrette tout ce que j'aurais pu (j'aurais dû?) connaître si j'avais su. L'homme Divine est très attachant, en tout cas à travers ce film.

En sortant je passe à la librairie allemande acheter Kritik der reinen Vernunft dont nous devons lire dix pages pour samedi prochain (le prof a tant répété que c'était plus clair, syntaxiquement plus clair, en allemand). De toute façon je n'ai pas grand chose à perdre, et puis le livre est très bien relié et pas cher du tout. (Mes premières recherches hier montrent que le vocabulaire est proche de celui que je vois en allemand théologique.) J'en profite pour acheter le tome V des Harry Potter et un livre pour mon autre nièce qui est en première (c'est sans doute une erreur, perdu d'avance, elle ne lira jamais ça. Mais sait-on jamais? Moi et mon espoir inétouffable quoi que j'en dise…)

Je passe voir Patrick Cardon, lui achète quelques livres (il est spécialisé dans la réédition de textes anciens sur l'homosexualité).
(J'ai rencontré Patrick à un colloque sur le kitsch. L'une des bizarreries de la vie (et qui prouve que le monde est petit, etc) est que la co-auteur de ce livre sur l'homosexualité au XVIIIe siècle suit les mêmes cours de théologie que moi (surprise de découvrir que Patrick était notre "ami commun" lorsque nous sommes devenues "amies" sur FB. Comme quoi l'univers catholique est un peu plus bariolé qu'on pourrait le croire au premier abord (plus exactement, plus tolérant, plus ouvert: pour suivre ce cursus de théologie, il faut remplir un dossier, écrire une lettre de motivation et passer un entretien. Les "bizarres", ceux dont on penserait qu'ils ne rentreraient pas dans le cadre (les divorcés, par exemple), ne sont pas rejetés. C'est quelque chose que l'on n'expérimente qu'une fois à l'intérieur: la tolérance, la bienveillance, est grande, ou en tout cas, "trouvable", alors que l'image renvoyée vers l'extérieur est souvent celle de la rigidité.))

En parlant de petit monde, j'aperçois en arrivant aux Blancs-Manteaux un ancien collègue aujourd'hui à la retraite en train de discuter avec Patrick. Discrètement j'attends qu'il parte, je voudrais lui éviter la crise cardiaque en me voyant embrasser Patrick sur les deux joues. (Mais peut-être qu'il ne m'aurait pas reconnue, ou peut-être qu'il n'aurait pas fait de crise cardiaque: la vérité est que je ne l'appréciais pas beaucoup.)

En repartant je passe devant La Belle Hortense (librairie-boutique de vin, ce qui est sans doute moins salissant pour les livres que librairie-salon de thé), j'achète une robe, un manteau, un haut (après un véritable sketch pour faire accepter les sommes par les deux cartes bleues. Comme je sais que j'ai l'argent, j'insiste. Nous essayons plusieurs combinaisons jusqu'à parvenir à trouver la solution. Heureusement que j'ai de la participation à débloquer le 15 avril). A travers la vitrine, j'aperçois une blondinette qui est la fille d'Aymeric (elle boude).

Je rentre en vélib. Je suis fatiguée, les restes du virus. Encore un épisode de The Killing avant de se coucher.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Non. J'ai simplement eu envie de faire une galerie de photos de visages de gardiens dans un musée où ils avaient tous des "gueules" extraordinaires.

2/ Non, j'ai la conviction qu'il faut absolument éviter cela. Au mieux tout paraît beaucoup plus petit, au pire tout est saccagé.

3/ C'est compliqué. J'ai grandi dans l'idée que comme mes parents attendaient un garçon, mon prénom n'était que le transposé féminin du prénom masculin correspondant.
Puis à vingt-trois ans j'ai lu mon extrait de naissance intégral et j'ai découvert que pendant quatre mois je m'étais appelée France, qui devait donc être le prénom choisi par ma mère (puisque mon père était absent). Cela m'a paru un prénom féminin très générique, comme Marie (dans mon esprit, le plus absolu des prénoms féminins, le féminissime, c'est Marie).

4/ Non. Mais j'ai une carte astrologique, dessinée par un supérieur hiérarchique que j'ai eu pendant trois mois.

5/ Les arrivées. Je ne sais pas partir.

6/ Non.

7/ Oui. je me demande même si cela n'a pas été le cas avec mon mari (pas de blog pour le vérifier!)

8/ Non. Ou oui : la maison était prévue pour être partagée, moitié pour les ouvriers rosiéristes, moitié pour le patron. Elle est restée entière mais présente une certaine symétrie.

9/ Oui, dans les toilettes du lycée.



Réponses apportées le 3 janvier 2015.

C'est toujours ça

Notre nouveau président du comité d'audit ressemble un peu à Mark Ruffalo.

Trois tiers

Un tiers garde-malade, un tiers au bureau, un tiers en allemand.

Ce soir je suis fatiguée, plus fatiguée qu'hier soir.

Journée dans les chiffres

Absence qui tombait très mal. Ayant laissé la fièvre faire son œuvre, j'ai fini par prendre un doliprane vers six heures. Au matin plus de fièvre.

Journée dans les comptes jusqu'au cou pour préparer le comité d'audit de vendredi (vous aurez compris que je suis en train de faire de vous des experts en gouvernance des mutuelles 45).

Je calcule le fameux boni de liquidation et j'ai la surprise de voir arriver un mail de la CAC me disant qu'elle ne comprend pas ce que vient faire l'IS dans le calcul.
Trois possibilités: je n'ai rien compris (ce n'est pas si grave, après tout je ne suis ni comptable, ni fiscaliste, ni juriste, j'ai juste un diplôme vendeur) ou elle n'a rien compris (c'est plus ennuyant, elle est CAC, donc expert-comptable) ou, malgré tout le plus probable, en bonne tête de linotte qu'elle est (elle est plutôt évaporée pour une CAC, mais cela a tendance à me rassurer car je me reconnais dans le profil), elle n'a pas fait attention.

A suivre.

Le lendemain

Et donc le lendemain, je suis malade.

Journée à lire Une place à prendre, de Rowling. C'est un hasard: à l'origine je l'avais emprunté au cas où cela intéresse quelqu'un à la maison (réponse: non, il est resté deux semaines sur le meuble de l'entrée), lundi midi la bibliothèque du CE était fermée, et comme souvent, je me suis mise à le lire machinalement pendant que je l'avais à la main.

Je le finis dans la journée. C'est mauvais. Cela pourrait être un mélange de Robert Cormier (les adolescents) et d'Anne Fine (les pires sentiments qui sont en nous), mais sans atteindre l'excellence de ces deux auteurs dans leurs domaines respectifs. Trop de descriptions, trop d'explications, trop de méchanceté. Je me suis demandé si Balzac pouvait donner cette impression à ces contemporains, comment s'en rendre compte? Je ne crois pas, mais serions-nous aveuglés par l'étrangeté des mondes où nous pénétrons, les salons, les intérieurs bourgeois, les femmes de chambre, quels seraient les personnages de Balzac aujourd'hui? Plus ou moins ceux de Rowling, mais qu'en ferait-il?

"Pourquoi c'est bon?" (Par quoi est-ce bon?) restera la grande interrogation de ma vie. D'où vient cette intuition quasi immédiate?

L'article 235 ter X du CGI (code général des impôts)

Préambule comptable : l'un des principes comptables est le "cut-off", qui prévoit de rattacher les charges et les produits (plus ou moins l'équivalent des dépenses et des recettes, pour ceux qui n'ont aucune notion comptable) à l'exercice de leur survenance. C'est ainsi que si vous recevez une facture annuelle qui court du 1er mai N au 30 avril N+1, vous êtes censé calculer prorata temporis la part qui revient à l'année N et celle qui revient à l'année N+1 (en supposant que votre exercice coïncide avec l'année civile) et utiliser des comptes comme "charges constatées d'avance" ou "produits à recevoir".

Spécificité de l'assurance: en assurance de biens et de santé, l'assureur règle des sinistres et des prestations. Comme à la fin d'un exercice N il n'a pas connaissance de tous les sinistres ou prestations qu'il aura à payer (si vous avez un accident ou une grippe le 31 décembre, l'assureur ne connaîtra le montant qu'il devra débourser qu'en janvier, au mieux) au titre de cet exercice N, il constitue une provision appelée PSAP (provision pour sinistres à payer) qui repose sur une évaluation statistique de ce qu'il devra payer en N+1 pour des sinistres survenus en N.
Evidemment, comme cela vient en charge, cela diminue le résultat, donc la base imposable. La tentation serait donc de gonfler les PSAP afin de diminuer le résultat et payer moins d'impôts.

Le législateur dans sa grand sagesse a donc institué "la taxe sur les boni de liquidation": s'il se trouve à la fin de de l'année N+1 (puis N+2, etc, car certains sinistres graves ne sont "clos" que des années plus tard, après consolidation médicale) que vous avez trop provisionné par rapport aux sinistres que vous avez réellement réglés au titre de l'année N, vous êtes en "boni": il y a eu excédent de provision, vous avez trop diminué votre résultat par rapport à votre besoin réel, vous n'avez pas payé tout l'IS (impôt sur les sociétés) que vous auriez dû, vous devez donc acquitter une taxe sur les boni.

Comme 2012 était la première année où les mutuelles 45 étaient soumises à l'IS, 2013 est la première année où elles sont soumises à la taxe sur les boni — si elles constatent un boni, ce qui est notre cas (pas étonnant vu la tradition "ceinture et bretelles" de la maison, mais passons).

Je retrousse donc mes manches, cherche la méthode de calcul et la lis une première fois:
La taxe est assise sur le montant de l'impôt sur les sociétés qui aurait dû être acquitté l'année de la constitution des provisions en l'absence d'excédent. Pour le calcul de cet impôt, les excédents des provisions réintégrés sont diminués, d'une part, d'une franchise égale, pour chaque excédent, à 3 % du montant de celui-ci et des règlements de sinistres effectués au cours de l'exercice par prélèvement sur la provision correspondante, d'autre part, des dotations complémentaires constituées à la clôture du même exercice en vue de faire face à l'aggravation du coût estimé des sinistres advenus au cours d'autres exercices antérieurs. Chaque excédent de provision, après application de la franchise, et chaque dotation complémentaire sont rattachés à l'exercice au titre duquel la provision initiale a été constituée. La taxe est calculée au taux de 0,40 % par mois écoulé depuis la constitution de la provision en faisant abstraction du nombre d'années correspondant au nombre d'exercices au titre desquels il n'était pas dû d'impôt sur les sociétés.

Article 235 ter X du CGI
Je l'ai relu une deuxième fois, j'ai souri, et effrayée, j'ai éteint mon ordinateur et je suis rentrée chez moi.

Tout est perdu, fors l'honneur

Maire réélu au premier tour avec 77% (mieux que Balkany), sans doute un siège pour "notre" tête de liste.

Je vous donne une idée de l'ambiance dans le bureau de vote (où toutes les règles ont été scrupuleusement respectées: le résultat n'a rien de frauduleux, il correspond réellement à ce que veulent les habitants): conversation entre l'un des assesseurs titulaires (l'autre c'était moi) et la présidente du bureau :
— Il va y avoir de l'abstention, c'est sûr. Un ami (un très bon ami, c'était mon témoin à mon mariage) m'a dit qu'il ne voterait pas parce qu'il n'y avait pas de liste FN.

(Plus tard, cet homme m'a accusée de froideur: il n'y avait aucune discussion possible avec moi (remarquant Les Fables de La Fontaine à portée de ma main, il m'a dit tout à trac (tellement à trac que je n'ai pas compris tout de suite qu'il me parlait): «moi ce que je préfère, c'est "Le Laboureur et ses enfants"». Je lui ai lancé un regard vide et étonné: euh… oui, pourquoi pas, je suis censée répondre quelque chose à ça? (pensant que je n'avais pas de fable préférée, que ma préférée était celle que je lisais pour la première fois).
Mais de quoi voulait-il que l'on parle, franchement? (En revanche, je peux vous écrire les grandes lignes de sa vie, il nous a raconté ses études, ses enfants, ses lectures (que de la littérature contemporaine, Rouaud,…, mais c'est bien, la lecture, ça détend), son (absence de) régime (mais il a de la chance il ne grossit pas) et sa détestation du sport.))


Toutes les villes alentour semblent connaître le même sort, une droitisation inquiétante (quand on n'est pas d'accord: sinon, une merveilleuse unanimité, bien entendu).


J'ai eu très froid et je n'arrive pas à me réchauffer.

Journée

- 6h : je continue le §56 et suivants des Prolégomènes. Plus facile ce matin qu'hier soir, trop épuisée. En fait, c'est même plutôt exaltant.

- 8h : je prends la voiture. 8h10 je m'arrête dans une station essence, achète un bidon d'huile et le vide aussitôt dans le réservoir (d'huile).

- 9h : trois heures sur Kant. Très intéressant, mais pour une raison que j'ignore le prof ne fait pas de pause et je ne tiens plus la dernière demi-heure. Ce qui est rassurant dans ces textes, ce qui me donne l'impression d'atterrir, toucher le sol, retrouver le sol, c'est que j'y retrouve des intuitions, des choses que j'avais déjà pensées et que je retrouve formalisées, au sens propre: non plus informes et vagues, mais ayant pris une forme.

- 13h : chez les voisins pour un repas de fin de campagne et la préparation de l'entre-deux tours (s'il y a un deuxième tour: le maire sortant a été élu au premier tour trois mandats de suite). Interruption pour emmener O. au solfège à 13h30, puis aux scouts à 16h (week-end sous la tente, j'espère qu'il ne pleuvra pas trop).

- 17h30 : fête du printemps au club de ping-pong. Et fête du jubilé du président: cinquante ans de ping.

- 20h30 : deux épisodes de Killing. C'est lent mais pas désagréable. Ça change des Américains, pas le même style.


Demain, je suis assesseur titulaire : une journée entière en bureau de vote de 7 heures trente à 23 heures. Ça ne me réjouit pas.

Enquête

Les questions sont ici.
Répondu le dimanche 4 janvier 2015.

1/ D'abord ma collection de Fantômette, puis celle des "Etalon noir".

2/ Apprendre.

3/ Oui, mais généralement on vient avec sa propre lecture…

4/ J'en ai malheureusement une idée à cause d'une prof de gym qui s'est trompée en m'appelant au collège. La fille avec laquelle elle m'a confondue étant grosse et molle, j'en ai conçue une profonde amertume.

5/ Aucune idée. Du thé à dix-sept ans, du café bien plus récemment.

6/ Que j'ai perdu mon temps, le moral aussi fracassé que le bateau découvert coupé en deux (samedi 3 janvier 2015)

7/ Non. Je sais qu'en hypokhâgne il m'appelait Raven derrière mon dos, à cause de mon imperméable noir.

8/ A mon bureau.

9/ L'aviron, normalement.

10/ Tout ce qui grouille.



Chez l'esthéticienne

— Vous avez trois filles ?
— Oui, ça fait beaucoup de poils !

Crimée

Je croise dans le livre de C. Mauriac l'évocation de de Gaulle n'utilisant jamais le nom d'URSS, mais toujours celui de Russie. Je me surprends de plus en plus souvent à utiliser soviétique à la place de russe.

Cette histoire de Crimée me laisse perplexe. Si vraiment la population est russe à 80% (j'ai entendu 95%), il semble plus logique qu'elle soit rattachée à la Russie, et ma question serait plutôt pourquoi Khrouchtchev l'a-t-il cédée à l'Ukraine (flemme de chercher). D'un autre côté, céder à Poutine est d'une part exaspérant, d'autre part dangereux (omniprésence du souvenir des annexions d'Hitler dans les années 30).

Cela me rappelle le mari musulman il y a quelques années qui voulait casser son mariage après avoir découvert que l'épousée n'était pas vierge: comment ne pas imposer à la femme de vivre avec ce con sans donner raison au mari? Comment permettre aux habitants de Crimée de vivre dans le pays qu'ils souhaitent sans donner raison à Poutine?

Peu de choses

Depuis que le RER a changé ses horaires (interversion des trains traversant Paris avec ceux s'arrêtant à gare de Lyon), j'arrive plus tard à la Défense et je ne peux plus aller à la messe du lundi ou du vendredi. Je tente donc celle du jeudi midi.
Je n'avais jamais vu cette église (petite, presque une chapelle, la place a été surtout accordée aux lieux de rencontre plus qu'à l'église proprement dite) aussi remplie. Est-ce le midi, le Carême, la conférence qui doit avoir lieu ensuite, qui la remplit ainsi?
A La Défense, l'assistance est composée majoritairement d'hommes entre trente et soixante ans. Ça change.

Merveilleuse médiathèque de CE. J'y trouve Le Bal d'Ettore Scola. J'aime beaucoup Ettore Scola. Je voudrais revoir La Famille, aperçu un jour dans un gîte près de Narbonne (juin 2000, j'ai un repère), qui est dans ma mémoire peut-être déformante ce qui approche le plus l'étonnement de vivre dans un monde qui change tandis que nous ne changeons pas et nous nous souvenons de ce monde (de ces états successifs du monde) que nous pensions immuable. Les gens autour de nous considèrent que nous vieillissons, mais la réalité pour nous c'est que c'est eux et les lieux et les techniques qui changent.

Allemand. Compte non tenu de la langue, le sens du texte m'échappe de plus en plus. Mais qu'est-ce que Thiessen a bien pu vouloir dire? A mêler forme poétique à fond philosophique, on jette le trouble sur toute interprétation: cette formule-ci, faut-il la considérer sur le fond ou supposer que l'auteur a voulu conserver une analogie de forme pour l'euphonie? (Thiessen utilise beaucoup les refrains.)

Sombre histoire de chaussures de sport (la paire de Neuilly à la poubelle, la paire de Melun disparue, la paire "vie quotidienne" (la seule mettable, les autres étant destroy) restée au bureau (pour remplacer provisoirement la paire de Neuilly, si vous suivez)) qui fait qu'au final j'arrive en salle de sport sans chaussure dans mon sac et rentre à la maison (tant mieux).

Compensation ratée

Par politesse, je reste au bureau puisque le CAC est encore là et je rate le cours d'allemand (mais je crois qu'il est resté à cause du calme et de la tranquillité, et qu'il ne s'est pas aperçu que j'étais restée pour lui).

Qu'importe, me dis-je, je vais rentrer chez moi plus tôt et aller voir Monuments Men qui passe dans ma ville.
Eh bien, j'avais beau savoir que Clooney est un mauvais réalisateur, c'est tout de même très mauvais. Au début j'ai cru au croisement inattendu de La grande vadrouille et d'Ocean eleven (le syndrome "on est une bande de potes on fait un film") à la sauce américaine, mais c'est vraiment très vide et très lent.
Je me demande quel est le but de ce film. Une visée pédagogique à l'usage des jeunes Américains, afin qu'ils aient vu deux ou trois tableaux dans leur vie?

Fatigue

Encore du quatre sans barreur : trois fois d'affilé, Noël!

Pensées: au dégagé, renvoyer les mains, deueux troiois quaatre, descendre la main droite (babord) pour éviter de plumer, en faire autant à tribord pour éviter que le bateau ne penche, préparer sa pelle tribord de façon à la plonger sans mettre la main au fond du bateau, ce qui évite de surcompenser en relevant la main une fois dans l'eau (défaut identifié par Stéphane), appuyer sur les deux jambes en sentant la poussée se propager cuisses mollets talons (talons ou pointes de pieds? j'essaie les deux, d'un coup à l'autre), penser à tirer la main tribord horizontalement comme on ouvre un tiroir, ne pas plumer babord, et c'est reparti pour le coup suivant, deueux troiois quaatre, "recovery" disent les Anglais pour le "retour" qu'il faut ralentir sans buter sur l'avant de la coulisse en fin de course…
ou:
tenter de se détendre, regarder autour de soi, les arbres, les cormorans, oublier que l'on rame, espérer que le corps va savoir, instinctivement, si on l'oublie (et ce n'est pas si faux)
ou:
tenter l'exercice zen qui consiste à se dissoudre, ne plus faire qu'un avec la nage en cessant de penser.

En tout cas, j'avais tort la semaine dernière d'accuser le vin de ma faiblesse: c'est l'aviron qui me rend comateuse. Il faudrait que je change de jour pour ramer, mais quand? Pas le lundi, pas le mercredi. Le jeudi je fais normalement de la salle le soir en attendant O. Le vendredi? Le problème du vendredi, c'est que si je me rate, il ne reste plus de jours à la semaine pour compenser.

Le CAC est jeune, j'en profite pour l'informer et le former, lui montrer la réalité qui se cache derrière ses demandes scolaires. "Matérialiser les contrôles": oui, mettre un grigri en bas de pages qu'on ne lit pas. J'essaie de lui rappeler les finalités de ces contrôles (efficacité et lutte contre la fraude). J'espère que cela lui permettra de poser des questions sensées dans ses missions suivantes (je rêve (ce n'est pas qu'il soit bête, mais c'est qu'il n'est pas payé pour ça. Son boulot est de dérouler une liste de contrôles, de suivre une procédure.))

La philosophie de Pascal. Le moi haïssable et le même moi appelé à la grandeur.

Marie-Laure devrait me donner une méthode de calcul de la taxe sur les boni de liquidation. Ça y est, j'ai enfin un "réseau professionnel"! (Activer son réseau, ça me fait toujours doucement rigoler.)

Je ne rate plus mon train car je vais gare de Lyon en Vélib.

Journée morne

CAC (commissaires aux comptes). Mon préféré n'est plus là.

Pour mémoire : pic de pollution, circulation alternée.

Lisa. J'explique la petite couronne et le "grand Paris".
J'explique la campagne des municipales (Wahlkampf, combat du choix, campagne pour le choix?).
Elle m'explique en allemand qu'elle aime les panneaux électoraux français: en Allemagne, l'affichage n'est pas réglementé et les affiches sont partout.
Elle s'étonne que le vote pour les municipales ait lieu partout en France le même jour, ce n'est pas le cas en Allemagne.
Je lui donne le programme des films sur Berlin au forum des images.

Dimanche

Ramé à la nage du quatre barré (pour la première fois au commande de la barre au pied). Ça tangue moins que la semaine dernière, mais je me demande si ce n'est pas comme dans les voitures: les passagers seraient moins secoués à l'avant qu'à l'arrière…
J'ai accepté de participer à une randonnée au Bugey en septembre prochain — bien que j'avais décidé de ne plus participer à ce genre d'aventure: il leur manquait un rameur, je ne sais pas dire non (je ne souhaite pas dire non — quelque chose de superstitieux: si on me demande, c'est qu'il y a peut-être quelque chose qui m'attend). Je verrai bien si je m'intègre mieux à Melun qu'à Neuilly.

Dormi. Dix minutes avant le repas, cinquante après, j'ai mal aux épaules et aux cuisses, depuis que C. m'a parlé de micro-déchirures des muscles, je crois pouvoir dire que je suis "déchirée". Ce que je ne comprends pas, c'est que ces impressions ne diminuent pas: je m'entraîne trop ou pas assez? (trop pas assez souvent?)

Fini de tailler l'herbe de la pampa, largement éclairci le rosier grimpant qui n'a pas beaucoup fleuri l'année dernière. Je n'ai pas fini. Une heure et demie de jardinage par semaine… Allons, c'est mieux que rien.

Le soir, encore des bricoles. Je n'en finis plus du quotidien (et que raconter ici?): couvrir le Clausewitz, la grammaire grecque, envelopper le cadeau pour Emma, changer les draps, préparer mon sac, choisir de ne pas emmener les affaires d'aviron, etc, etc. Résister à la frustration de n'en voir jamais la fin.

Je lis Aimer de Gaulle.

Paris

Matin : visite guidée des jardins du Palais Royal en traversant la galerie Vérot-Daudat (le café du coin servait au tournage des Maigret) et en terminant par la place des Victoires. Nous apprenons qu'il est de tradition que les directeur et anciens directeurs de la Banque de France aient un appartement dans les arcades du Palais Royal.
Je repère un chapeau orange que je reviens acheter après.

Après-midi: Dallas Buyers Club. McConaughey est transformé, méconnaissable. Très bon film. Ce n'est qu'après que je découvre qu'il s'agit du réalisateur de C.R.A.Z.Y.

En sortant, longue errance dans le quartier Montorgueil. Je cherche une fringue pour l'anniversaire (14 ans) de ma filleule. Je n'ai pas l'habitude et rien ne me plaît (sachant que ce qui compte pour elle, c'est l'étiquette. Le fait que ce soit moi qui offre compte aussi.) Je continue à pied rue de Turbigo, rue des Francs-Bourgeois, rue des Rosiers, désormais il fait nuit, des boutiques ont déjà fermé.
Je trouverai in extremis mon bonheur au "Temps des cerises": je m'étais arrêtée lire sur la façade la plaque rendant hommage aux victimes de "l'attentat de la rue des Rosiers" (du moins c'est ainsi que je l'ai identifié: ce n'était pas sur la plaque, puisqu'elle est rue des Rosiers…)

Je rentre épuisée par ce shopping mais personne n'a remarqué mon retard: H. travaille à la campagne des municipales.

Enquête

Les questions sont ici.
Répondu le dimanche 4 janvier 2015.

1/ De tous : la voiture, la brosse à cheveux, etc.

2/ Non.

3/ Oui, pour penser que ce blog disparaîtra dès qu'on cessera de payer l'abonnement.

4/ Un marathonien, sans hésitation.

5/ Oui, je suis curieuse.

6/ Non, au grand désespoir de ma tante.

7/ Oui. J'aime beaucoup Rome ou Venise pour cela.

8/ Normalement non, mais c'est toujours possible.

9/ Non, je ne crois pas. Mais je crois qu'au cours d'une même nuit, un rêve revient si je n'y ai pas accordé suffisamment d'importance (il me semble que cela arrive, car il me semble avoir plusieurs versions d'un même rêve au réveil. Mais comment être sûre?)

10/ Moins souvent qu'avant : il y en a plus et ils sont plus lourds. Mais cela arrive.

L'ANI (accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la sécurisation de l'emploi)

Colloque de deux jours pour "les mutuelles à taille humaine". L'inscription était si peu chère (120 euros) que je me suis demandée où était l'arnaque.
En fait ce n'est pas une arnaque mais un montage promotionnel, une banque, un gestionnaire de produits financiers, un réassureur, etc, qui viennent faire connaître leurs produits.

"L'ANI" signé l'été dernier prévoit que toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, devront souscrire un contrat de santé collectif pour couvrir leurs salariés (autrement dit, devront fournir une mutuelle — obligatoire le plus souvent — à leurs salariés).

Un dispositif dit "ANI" existait déjà avant, il désignait le fait qu'un ex-salarié pouvait rester couvert par la mutuelle de son employeur dans les mêmes conditions que lorsqu'il était salarié (c'est-à-dire au même tarif, souvent très bas du fait de la participation de l'employeur) pour une durée ne pouvant dépasser neuf mois.
Ce dispositif est étendu à partir de 2014: il devient gratuit pour celui qui quitte l'entreprise (ce qui veut dire que le coût est mutualisé pour ceux qui restent, ne vous faites pas d'illusion: rien n'est jamais gratuit, le coût est juste réparti différemment) qui peut être couvert jusqu'à un an tant qu'il touche des allocations chômage.

Pour une mutuelle d'entreprise comme la mienne, une mutuelle "captive", cela a surtout des impacts sur l'équilibre financier: quel sera le coût de la couverture de ces personnes couvertes gratuitement, vont-elles beaucoup consommer, de combien faudra-t-il augmenter les cotisations pour financer les prestations de ces personnes qui ne paient pas? (Ce fut une grande partie des calculs de juillet puis décembre dernier).

Ce que je n'avais pas compris, c'est que cet accord signe à plus ou moins court terme la mort des mutuelles 45: comme l'a résumé un intervenant, la clientèle "historique" des mutuelles 45, c'est-à-dire les individuels (les particuliers non couverts par une mutuelle d'entreprise) va fondre, il ne va rester que les indépendants, les retraités, les chômeurs et les étudiants.
Il va donc falloir se lancer sur le marché des collectives (comprendre: «le marché des entreprises» (c'est un marché assez différent puisque vous ne connaissez pas la personne que vous assurez, c'est l'entreprise pour qui elle travaille qui est votre cliente)). Mais sur ce marché, les mutuelles 45 vont se trouver en concurrence avec de très grosses sociétés comme Axa, Generali, etc.

Un bavard

Le thème de la soirée était le Goncourt des lycéens. J'avais choisi Canines d'Anne Wiazemsky, pour rester dans la famille Mauriac, et j'y avais ajouté, parce que cela me paraissait léger, Penthésilée de Kleist traduit par Gracq, de toute beauté (le montage de la pièce est le sujet du livre d'Anne Wiazemsky).

La disposition du restaurant était ainsi faite que je me suis retrouvée à une petite table avec un vieux monsieur. J'ai pensé à Paul, et je me suis dit que la preuve que je vieillissais était que les vieux messieurs rajeunissaient: Paul était de 1921, celui-ci de 1939.

Il a été extrêmement volubile durant toute la soirée, regrettant le désengagement des jeunes face à la politique (l'abstention grandissante), s'insurgeant contre ceux autour de lui toujours en train de dénigrer la France et voulant me prouver qu'au contraire la France attirait les jeunes, etc, etc.(N'allez pas croire, j'aime bien les bavards quand ils sont intéressants, on grapille toujours des renseignements ou des anecdotes, et puis ils m'évitent de trop parler ou de faire des gaffes.)

Je suis repartie avec un livre de Carole Martinez, Du domaine des Murmures, par politesse, sans avoir vraiment l'intention de le lire.
Et puis je l'ai ouvert dans le RER.

Erreur

Ce n'était pas une bonne idée de voire un verre de vin avant mes cours — après avoir ramé le midi et presque rien mangé. Je me suis sentie mal toute la soirée.

Le présent et le médio-passif des verbes en -mi (il n'y en a que cinq —et leurs composés— utilisés dans le Nouveau Testament). «La semaine prochaine nous verrons le futur; c'est très facile, et la semaine d'après l'aoriste, c'est une horreur.»
635 mots représentent 87 % du NT. Dans un sens c'est décevant (quelle pauvreté) dans un autre c'est encourageant (il devient tout à fait possible d'apprendre cela par cœur).

Kaos

J'ai vu ce film il y a trente ans ou presque. J'ai attendu de le revoir toutes ses années, pensant qu'il y aurait, qu'il y aurait forcément, une rétrospective Taviani au Reflet un jour ou l'autre.
Las.
Il est désormais disponible en DVD, depuis 2006, et je ne le savais pas. Mais quand le paysage est l'un des héros principaux, il faut la salle de cinéma, il n'y a qu'elle pour donner de l'espace à l'espace.

«Je suis né dans le chaos, non métaphoriquement, mais réellement, près d'une forêt qui s'appelle ..., ce qui veut dire chaos.»

Impressions non triées. L'ouverture, les œufs dénichés, le corbeau moqué parce qu'il couve, le corbeau bombardé avec ses œufs faisant remonter Lacoon (cherchant des images de tragédies italiennes, ne trouvant que de la tragédies antique grecque ou classique française), le paysage râpé et la silhouette des femmes, taille serrée et jupe longue me ramenant à Sergio Leone, parenté évidente soudain des paysages et personnages de Sergio Leone (le début d'Il était une fois dans l'Ouest), la vie longue et le malheur et la cruauté et la compassion, le Pasolini de l'Evangile de Matthieu, y a-t-il une compassion spécifiquement italienne, peut-être est-ce pour cela que Tabucchi est si proche du Portugal (la saudad), et les yeux des morts, et Pirandello.

Je me souvenais de ce film en noir et blanc, il est éblouissant de lumière sur fond jaune, blanc et bleu.

Dimanche

Ramé en quatre sur un bassin magnifique. Beaucoup de problèmes d'équilibre dans le bateau, y a-t-il d'autres sports où l'on ait soudain l'impression de ne rien savoir, de ne rien avoir appris, que tout a été inutile, et que tout ne sert à rien?
Le problème, c'est que nous ramons trop souvent en yolette. Nous prenons l'habitude de la facilité, et tout retour à un bateau exigeant nous montre notre absence de progrès — je n'écris pas régression pour me laisser une lueur d'espoir.
Mais soleil et gentillesse.

Marché, une et demie de sieste, une heure et demie de jardinage (maudits escargots qui dévorent mes hortensias — vivement que nous ayons à nouveau des hérissons (ils nous avaient débarrassé des limaces) — je crois qu'il y a une taupe — j'ai mis cinq escargots en bordure de clôture de deux voisins — taillé la moitié de l'herbe de la pampa ), Un été à Osage City, un peu trop de situations sordides pour une seule famille (mais je crois que ce que l'on me reproche, c'est à peu près ce qu'on reproche à Barbara).

Divine surprise

Premier TG de philo ce matin. Je pensais avoir la même prof que l'année dernière, et par exception aujourd'hui, pour des raisons d'absence, une autre professeur ayant officié l'année dernière et s'étant fait violemment détestée par son groupe (un homme pondéré avait ainsi écrit sur la feuille d'évaluation de cette professeur: «Nous avons tous compris que Mme X. n'avait pas besoin de préparer les TG tant notre niveau était bas et que cela la dérangeait de se lever pour venir nous faire cours […]». (Plus tard quand je lui en ai reparlé, il m'a avoué que finalement il n'avait pas rendu la feuille rédigée en ces termes).
J'allais donc en TG avec un peu d'appréhension.

Je m'étais trompée, je n'avais pas compris et mal écouté: je change de groupe donc de prof cette année, ce qui fait que du même coup j'ai échappé à la remplaçante redoutée! Alleluia! Le professeur de cette année est mille fois plus intéressant que celui de l'année dernière; décidément la philosophie n'est intéressante que lorsqu'elle ressemble à une longue conversation, chaleureuse, malicieuse, tourmentée, sombre, vivante.

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Agenda
Acheté une robe et des chaussures orange. Regardé des chapeaux. Ai fait réactivé ma carte vélib qui n'était plus disponible depuis mon changement de carte Navigo.
Only Lovers Left Alive. Film lent, envoûtant. Jarmush réussit le tour de force de maintenir une tension narrative dans un récit (une diégèse) languissant. Triste, calme, nostalgique, engagé. Beaucoup d'amour pour les livres, la musique, la nature. Oui, beaucoup d'amour dans ce film.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Des posters de chevaux. En terminale j'ai tout enlevé. Il n'y a plus rien eu.

2/ Oui.

3/ Oui. En particulier une de L'Homme de Rio: «Quelle aventure!»
Sinon Les Tontons flingueurs, Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages, Shreck I et II, etc. Grosse culture geek à la maison.

4/ Non, je n'aime pas. Hélas je cède à la tentation de temps en temps, plus pour le plaisir de mettre les autres mal à l'aise que par réelles convictions. Bref, des agissements de peste, il faut que j'arrête (résolution 2015).

5/ Il me semble que oui, un peu plus qu'avant. Mais ce sont des situations dangereuses, je risque d'exploser à tout moment (encore durant les journées passées chez ma mère à Noël : failli hurler devant le visage fermé de ma sœur, je ne supporte pas cette façon délibérée de refuser la joie. Je n'ai rien dit mais je suis partie au plus vite.)

6/ Euh… intellectuelle et spirituelle. Immatérielle, I presume.

7/ Rarement

8/ Septembre octobre s'il fait beau. La lumière est merveilleuse.

9/ Oui, cela aurait fait 25 ans en décembre dernier.

10/ Sans doute. Il me semble que durant mes années Sciences-Po tout le monde croyait que je sortais avec Patrick.



Répondu le dimanche 4 janvier 2015.

Aura moderne

La lumière qui émanait du visage de la femme assise sur le siège en face de moi en diagonale n'était pas dû, comme je l'ai cru tout d'abord, au reflet de sa magnifique écharpe rose sur sa peau, mais, je l'ai découvert plus tard, à la lumière de l'iPad qu'elle lisait.

Coups bas : apprentissage

H. est sur la liste des municipales. C'est la deuxième fois. Le but serait d'obtenir qu'il y ait un second tour, notre maire étant élu au premier tour en réalisant le deuxième meilleur score de France après Balkany (je ne sais plus si ce classement est celui de 2009 ou de 2004). (Mais l'abstention est grande: élu au premier tour, mais avec 48% des personnes inscrites sur les listes, et non 75%, comme aime à le dire le maire).

Petit à petit nous apprenons les trucs et astuces.

Première démarche à accomplir: aller au commissariat déclarer un vol d'un lot d'affiches électorales. En effet, certains adversaires s'amusent à décoller des affiches adverses pour les coller ailleurs qu'aux endroits prévus par la loi pour ensuite se plaindre du non respect de la loi électorale (avec des conséquences différentes au cas par cas, visiblement).

Ensuite, il faut posséder à fond le code électoral, soit afin de faire commettre un faux pas à l'adversaire, soit reconnaître ses faux pas.

Exemple du premier cas : faire commettre un faux pas à l'adversaire.
Ceci est un extrait d'un mail que nous a envoyé vendredi dernier "notre" chef de liste:
«Ces derniers jours ont été focalisés sur le fait de finir de compléter notre liste *** pour la déposer en Préfecture cet après-midi. Nous avons évité 2 personnes, employés de mairie (qui le cachaient), envoyés par le maire en place afin de rendre nulle notre liste. Car un employé de la ville du lieu de l'élection n'a pas le droit d'être candidat sous peine de faire invalider la liste!»

(Citons pour mémoire les intimidations du maire en place pour éviter que certaines personnes nous rejoignent, la non-reconduite d'un entraîneur de foot en CDD, etc.)

Exemple du second cas : repérer les faux pas de l'adversaire.
Extrait de mail reçu ce matin:
«Le maire a organisé une conférence à la salle de spectacle du *** demain soir à 18h sur l'exposition ***. Or, en période pré-électorale, soit dans l'année qui précède l'élection (et les 6 mois), le maire de peut communiquer que sur les évènements habituels de la mairie. Il a interdiction de parler d'évènement exceptionnel. Or l'exposition "internationale" est "exceptionnelle" au sens du code électorale. J'ai donc porté réclamation à la Commission nationale des comptes de campagne avec un risque pour lui d'invalidation de ses comptes et même une annulation de l'élection en cas de score serré. En parallèle, j'ai également informé la Préfecture qui est garante du bon fonctionnement des élections. Un huissier est prévu d'intervenir demain soir afin d'en faire le constat. […] J'ai également écrit au Maire afin de l'informer de mes démarches et de lui signifier notre présence avec un huissier.»

Ambiance… On se demande comment les deux équipes pourront ensuite travailler ensemble au conseil municipal.

Descartes

Toujours en philo, au lycée, en Deug, au centre Sèvres, Descartes est le rocher, le point de départ, celui que l'on ne contourne pas mais auquel on s'arrime (en philosophie antique il n'y a pas une telle unanimité : hésitation entre Platon et Aristote).

Il reste qu'en lisant les Méditations métaphysiques (je doute de tout, mais pas de moi qui doute, car même si je suis trompé par un mauvais génie, il faut bien qu'il y ait quelqu'un à tromper, etc (j'en suis à la troisième)), la question qui me taraude à chaque fois que je recommence la philosophie revient en force: pourquoi les hommes philosophent-ils? Pour accéder à la vérité? Mais à quoi bon une vérité qui n'accroît ni le bonheur (ce qui me rend heureux) ni la bonté (le bien que j'apporte autour de moi)?

Et puis cette "vérité" me paraît manquer d'envergure. Jamais il ne me serait venu à l'idée de dire que deux plus trois fait cinq est "vrai". Je dis: «c'est juste». Juste: es stimmt, cela résiste à la vérification (on laisse ici de côté l'aspect conventionnel des mots: ce qu'on appelle deux et ce qu'on appelle trois). Ce qui valide que ce soit juste, exact, c'est que lorsque j'utilise ce résultat comme fondement d'autres raisonnements, j'arrive de proche en proche à quelque chose qui coïncide avec la réalité: si deux et trois ne faisait pas cinq, les Portugais n'auraient pas pu cartographier le monde et nous n'aurions pas atteint la lune, nous serions passés à côté.
C'est juste. De là à dire que c'est vrai… Ce n'est pas à ce genre de domaine que j'applique le mot de vrai. (Ici il faudrait que je réfléchisse. J'essaie. Processing.)

J'ai découvert récemment quelque chose qui doit paraître évident à tout le monde, je suppose: qu'à un mot correspond plusieurs contraires, que le contraire du noir n'est pas le blanc mais toutes les autres couleurs. Quelle est le contraire de la vérité? l'erreur, le mensonge, la fiction? l'erreur manque la vérité de façon involontaire, c'est sans doute le plus difficile à déceler et corriger; le mensonge sait où se trouve la vérité, mais veut tromper: le pire d'un point de vue moral, mais moins grave que l'erreur du point de vue de la Vérité; quant à la fiction, elle est ailleurs, d'un certain point de vue, elle est toujours vraie, une licorne n'est pas fausse, ce n'est ni un mensonge, ni une erreur, simplement elle n'existe pas, vous n'en rencontrerez pas (ou vous pouvez comme Russel soutenir que que jusqu'ici nous n'en avons pas rencontrée), mais cela n'a aucune importance tant que vous n'utilisez pas la licorne comme fondement concret de vos actions quotidiennes (non pas l'idée de la licorne pour vous donner du cœur à l'ouvrage, mais le besoin de crins de licorne pour jouer du violon).

Je me souviens avoir été déçue en commençant à lire Le discours de la méthode, quand j'ai découvert que ce qui me paraissait le plus intéressant, le plus digne d'intérêt, c'est-à-dire la mise au jour des principes qui permettraient de conduire sa vie droitement en toute occasion, avait été repoussé à plus tard: trop difficile, je laisse tomber pour l'instant, dit Descartes qui conseille de se conduire comme tout le monde et de ne pas faire de vagues (ce qui n'empêche pas d'avoir ses doutes): quelle déception. C'est cette partie-là qui m'intéressait.
Peut-être est-ce celle-ci qu'il faut appeler, ou qui s'appelle, "sagesse".

Donc question suivante: différence entre philosophie et sagesse? (non, les philosophes ne sont pas sages (ici pensée pour La philosophie comme manière de vivre: cela a sans doute été une ambition au début), du moins pas tous, du moins l'un n'implique pas l'autre: cela peut se trouver, mais il n'y a pas de lien de causalité entre l'un et l'autre, philosopher ne rend pas sage, c'est-à-dire apte à vivre sagement, heureux (pour soi) et bon (pour les autres).)
Alors, pourquoi les hommes s'obstinent-ils à philosopher?

Deux ans

Cette fois-ci, j'ai perdu mon pass navigo qui avait deux ans et un mois. La carte a glissé de son armature en plastique qui ne la retenait plus. Trois cartes en vingt ans (ai-je encore quelque part une carte orange à coupon annuel? Il me semble que oui, il faudra que je la photographie quand je tomberai dessus), celle-ci fait augmenter la durée de vie des deux autres.

«Vous allez avoir la nouvelle carte dessinée par Philippe Stark» m'annonce tout content l'agent RATP plutôt beau gosse dans le genre boule à zéro.
Ou comment être à la pointe d'un progrès dont on ignorait l'existence.

Melun

Retournée à Melun pour la première fois depuis longtemps. Je suis profondément touchée par l'accueil qui m'est fait là-bas, j'y trouve une douceur dont je me demande si elle est due à l'éloignement de Paris; si c'est la Défense, l'environnement de travail ou de classe sociale, qui fait qu'à Neuilly, tout est imperceptiblement agressif, dans des rapports de pouvoir, de positionnement, dans la comparaison permanente…
Est-ce que j'exagère? (non, je ne crois pas. Mais peut-être y suis-je plus sensible que d'autres.)
Mais à quoi cela est-il dû?

Sur l'eau. Toujours de nouveau l'émerveillement. Mais comment vit-on sans connaître ça, l'union de l'eau et du ciel entre les arbres?

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Agenda
- Je regarde Limitless pour endiguer mon laisser-aller. J'adore le moment où ayant pris une drogue qui déculpe ses facultés mentales, le héros… range son appartement! (Bon, pour endiguer mon laisser-aller, je ne me suis pas juste zonée devant un film de plus, j'ai pris les récurrents travaux de couture, boutons, ourlets qui se défont, accrocs, etc.)
- Passage impromptu des beaux-parents. Je ne préviens pas H. parti en réunion pré-électorale, afin de ne pas l'obiger à choisir entre sa réunion et ses parents. Mes beaux-parents font des choix qui me paraissent toujours un peu étranges, comme prendre un hôtel à Courbevoie pour faire des courses dans un magasin d'usine alors qu'ils habitent près de Châlons.
- Je télécharge le plus ancien des Wes Anderson sur l'Apple TV. Assez ennuyant durant les vingt premières minutes que j'ai regardées. (Tête brûlée. C'est drôle d'y rencontre Owen Wilson que je viens de voir dans la bande annonce de Minuit à Paris précédant Limitless. Ce n'est pourtant pas un acteur si courant).

Deux fois Wes Anderson

Nous sommes retournés voir en famille The grand Budapest Hotel (je dis retourner car j'y étais allée mercredi avec Patrick (d'ailleurs j'en profite pour lui dire deux mots du début : un écrivain, le premier narrateur, nous explique qu'il est inutile pour un écrivain d'avoir de l'imagination: dès qu'il est su qu'il raconte des histoires, les gens lui apportent leurs histoires.)

Film beau, au sens premier: beauté des images, des décors, des costumes, des paysages, des hommes, de la jeune fille.

Film drôle, ludique, allègre, Tex Avery ou Charlot dans un pays imaginaire, Zembla ou Zubrouwska ou Caronie.

Histoire simple, un amour, un meurtre, un héritage, une évasion, mais tout cela très vivement mené, avec de nombreux rebondissements, à la fois logiques et imprévisibles.

Une merveilleuse utilisation de la musique et de la poésie, une caméra fixe quand les sujets traversent (souvent) l'écran de gauche à droite et de droite à gauche, une image en travelling quand le déplacement traverse l'écran verticalement.

Et puis, devant la brochette d'acteurs de ce film, on se dit que ce doit être une joie de travailler avec Wes Anderson, que tous doivent lui dire oui, même pour un tout petit rôle.



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Agenda
Passé à la Fnac. Didier Goux sur les tables. Acheté Pereira prétend (pour le prêter), Mathématiques congolaises, L'art du zen et du tir à l'arc.
Fait l'erreur de nous éloigner des Halles pour dîner dans une brasserie =>rentrés bien trop tard, fatigués, une partie du bénéfice de la joie emmagasinée évaporée.

Enquête

Les questions sont ici.
Répondu le dimanche 4 janvier 2015.

1/ Non.

2/ Non.

3/ Un ficus, un scindapsus aureus (je viens de faire une recherche Google) et ma pseudo-bru m'a offert un mini-poinsettia à Noël (il faut que j'ajoute à mes résolutions de ne pas le faire mourir!)

4/ Non : je ne suis jamais coiffée comme je le souhaiterais, et je ne sais pas ce que je souhaite.

5/ Non.

6/ Oui. C'est un don et une chance.

7/ Les deux. Si je suis chez moi, j'y reste, si je suis sur les routes, j'y resterais volontiers.

8/ Je crois, oui.

9/ Pas à ma connaissance. Trépigner du pied en faisant trembler tous le sièges de la rangée?

10/ Je crois que oui ! (smiley)



Répondu le dimanche 4 janvier 2015.
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