Quelques livres

J'ai appris que Marcheschi présentait son dernier livre aux Cahiers de Colette.
J'y suis passée. Il était en train de lire devant quelques personnes assises en cercle. Je n'en ai reconnu aucune derrière leurs masques, ou peut-être Finkelkraut — pas sûr.
J'ai tourné dans la librairie, j'ai acheté Les Perséides et je suis partie.


J'avais pris pour venir la ligne 1. Deux jeunes hommes écoutaient de la musique sur un téléphone, musique pas désagréable mais volume fort, beaucoup trop fort. J'ai attendu d'être à une ou deux stations de ma destination pour aller demander à celui qui tenait le téléphone, moi debout, lui assis: « Vous êtes sourd?»
Pas de réaction.
Je hurle dans son oreille «Vous êtes sourd?» et je m'aperçois qu'il est en train de me filmer en contre-plongée, moi au-dessus de lui.
Je sors mon téléphone et je le prends en photo.
C'est alors que je remarque qu'il est sans masque: tel est pris qui croyait prendre, moi anonyme, lui exposé.
Il me dit qu'il est cinéaste, qu'il va sortir un film.
— Ah? Je vais vous mettre sur Twitter, c'est quoi votre nom?
— Sur Twitter, carrément? (Il paraît incrédule comme s'il n'était pas possible que je connaisse). Je m'appelle Eliott.
Un dialogue s'engage, la rame s'arrête, une place se libère, il se pousse: «Asseyez-vous si vous voulez discuter».
Mais en fait non, je ne veux pas, je m'assois, je sors mon livre (là pas de bol pour eux ou pour moi, un Balzac en Pléiade c'est vraiment intello, je me sens un peu con — mais pas sûr qu'ils se soient rendus compte que mon livre était un peu risible).
— Ah, alors on prend nos livres?
Et ils sortent chacun un livre. Eliott propose de prendre un selfie de livres, je n'arrive pas à voir le titre du sien, un poche écrit par une femme, sur la quatrième de couverture un personnage comme Mauser ou Macuder; son pote lit… L'Assommoir.

Eliott
Eliott

Le franglais ne passera pas par elle

— Lundi, il faudra revoir votre calendrier à rebours.

Simplification administrative

La simplification administrative est une volonté affichée du gouvernement. Mais si l'administration parvient à mettre en place des mesures pour les entreprises, j'ai l'impression que c'est un échec en ce qui concerne ses propres troupes.

Je m'explique:
Un décret prévoit qu'à partir de 2022, les employeurs publics rembourseront 15 euros aux "agents" (fonctionnaires et contractuels de la fonction publique) qui prouveront qu'ils cotisent à une complémentaire santé1 («mutuelle» dans le langage courant).

La DGAFP (direction générale de l'administration et de la fonction publique) a mis en ligne un modèle d'attestation (voir en bas de page). Notons en passant que l'attestation prévoit qu'on renseigne le NIR (numéro de sécurité sociale) alors que c'est une donnée sensible au sens de la RGPD, que les complémentaires évitent d'utiliser pour autre chose que le remboursement des soins. Apparemment les agents de la fonction publique n'ont pas d'autre identifiant sur leur bulletin de paie.

Mais ce qui m'assoit, c'est le «Modèle de demande de remboursement forfaitaire des cotisations de protection sociale complémentaire en santé» (je vous laisse l'ouvrir, toujours sur la même page) qui doit ou peut (ce n'est pas clair) accompagner l'attestation. Il consiste en un tableau reprenant la moitié des renseignements disponibles sur l'attestation: pourquoi? Pourquoi ce doublon?
C'est typiquement ce genre de détail que je vis comme une brimade de la part d'un type (terme asexué) assis derrière son bureau et qui se demande «Voyons, que pourrais-je bien leur demander pour remplir cette feuille?»

Mais à quoi ça SERT ?


Note
1 : remarquons au passage que depuis 2016, tous les employeurs privés ont l'obligation d'affilier leurs salariés à une complémentaire santé et à prendre en charge une partie de sa cotisation. Une fois de plus, l'Etat a imposé aux entreprises privées une obligation dont il s'exonère.

Radiateurs

Quand nous sommes arrivés dans le loft à Noël nous avons eu un coup au cœur: les radiateurs faisaient un épouvantable bruit de soufflerie. Comme d'une part nous étions dans le déni (nous venions d'arriver dans le lieu dont nous rêvions depuis six mois: tout devait être parfait), que d'autre part nous avions très peur qu'il faille changer toute la plomberie (est-ce que l'ancien propriétaire nous avait fait un coup de pute? Il paraissait si sympathique), nous avons coupé les radiateurs du rez-de-chaussée et maintenu la température grâce à l'insert; au premier étage nous avons mis les radiateurs au plus bas pour diminuer le bruit et compté sur la chaleur qui monte pour chauffer le deuxième étage.

Depuis les problèmes de plomberie se sont multipliés: plus d'eau chaude fin juin, les robinets de raccordement de la machine à laver fuient (je les ouvre et ferme à chaque utilisation, heureusement pour deux adultes elle tourne moins que pour six), la chasse d'eau de l'étage ne fonctionne plus depuis deux mois et la seule solution durable semble de découper le mur dans le dressing pour accéder au mécanisme sans démolir la salle de bain et le changer pour un neuf. Nous avons coupé l'eau et nous faisons à l'ancienne: deux bassines dans la cuvette chaque matin.

Le seul problème que nous avons réellement traité est celui de l'eau chaude (dur dur pour la vaisselle et la douche). Nous avons appelé un chauffagiste fin juin: la chaudière était restée sur mode «maintenance», d'où selon lui le bruit de cocotte-minute des radiateurs. Le fumiste s'est excusé d'avoir oublié de basculer le mode lors de sa dernière révision et nous a fait un rabais. Il paraît que notre installation est neuve et de très bonne qualité.
Durant les quelques jours chauds de l'été (si, il y en a eus), je me suis rendue compte que la température du local de la chaudière était excessive (considérant qu'il s'agit de gaz, cela me fait peur): nous avons laissé la porte ouverte et baissé la température de la chaudière, ce qui fait que celle-ci s'est mise en mode sécurité et que nous avons dû rappeler le fumiste…

Je me suis mise à surveiller la chaudière. A force d'observations (et de photos pour preuve et mesure du phénomène), je me suis rendue compte que la pression dans la chaudière diminuait: de l'eau s'évaporait (H.: «Mais comment est-ce possible? Il y a une fuite dans le circuit? Moi: Je ne sais pas et je m'en fiche puisque j'ai une solution»). Désormais je rajoute de l'eau tous les quinze jours environ. C'est peut-être dû au fait que c'est une chaudière à condensation.

Avec anxiété, nous avons rallumé le chauffage ce matin.
Les radiateurs ne font plus de bruit.

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Sortie du soir, sans doute la dernière de la saison (19h10).



Les jeudis de l'Oulipo se tiendront le mardi

Relayée par Dominique, la nouvelle était tombée il y a quelques temps déjà: les jeudis de l’Oulipo auraient lieu le mardi.

Quel plaisir de se retrouver pour la première fois depuis février 2020. Tout le monde est là, un peu plus blanc, en forme, je suis rassurée. La pizzeria est toujours ouverte, ouf, mais elle a dû changer de cuisinier — je ne mangerai sans doute plus de spaghettis cuits dans une meule de parmesan.
Nicolas a sorti un nouveau livre de poèmes sur les éléments, plus modeste, plus personnel que celui de février 2020. C’est un livre à compte d’auteur et il nous le distribue. Les contraintes de versification sont données à la fin du volume et les thèmes des poèmes sont expliqués ainsi: «Pour chaque élément, un mot ou une expression a ainsi été extrait de son étymologie (parfois incertaine, voire fantaisiste) pour inspirer le sujet du poème.»
Exemple : élément 59 praséodyme: jumeau couleur poireau

59. Destin

Deux poireaux s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux, s'ennuyant dans son champ,
Voulut entreprendre un voyage.
Il pria l'autre de l'attendre
Et fit promesse d'être sage
Pour ne point finir en potage.
Après un adieu fort touchant,
L'aventurier prit son bagage
Et s'en alla de bon matin.
Hélas! Bien avant le couchant
Il fut trouvé très alléchant
Et termina dans un gratin.

Nicolas Graner, De tout un peu
Je parle à M. de mon projet de suivre le colloque sur Balzac en août prochain à Cerisy.
— J’ai commencé un marathon Balzac, la lecture de tous les Pléiade.
— Ah oui, tu révises. (Il a un sourire amusé.) Ce qu’il y a de bien, moi, c’est que même si je révise, je ne me souviens plus de rien.
J’ai le cœur serré. Je sais de quoi il parle: vieillir, et il est trop fin pour être consolé par quelques mots creux et convenus. Je me tais.

J’évoque avec GEF mon désir d’un colloque à Cerisy avec d’Hofstadter. Il s’exclame les yeux ronds: «Mais c’est beaucoup de travail!»
Certes : il faut trouver le sujet, trouver les intervenants. Il faut avouer que je me défausse sur lui, mais d’un autre côté, moi, je ne connais pas Hofstadter.

Pour ou contre la Pléiade?
— Je déteste ce papier.
— Ah, tu pousses ton anticléricalisme jusque là?
— Tu n’aimes pas la Pléiade parce que tu as de la place. Tu en comprendrais l’intérêt si tu avais un tout petit appartement.
— J’ai un petit appartement et je croule sous les livres.

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Le lundi et le mardi, la ligne 14 s’arrête à 22 heures. Je quitte donc le restaurant dès 21h30 car je ne veux pas prendre risque.
Par ailleurs, j’avais en tête que pour cause de travaux, à partir de 23 heures les trains s'arrêtaient à Melun et qu'il fallait continuer en car jusqu'à Moret. Pour éviter cela il fallait attrapper au plus tard le train de 22h46.
J'arrive à la gare à dix heures moins dix. Je découvre ô joie qu'il existe un train de 22h16 dont je n'avais pas connaissance.
Et heureusement, car il ne fallait pas comprendre «les trains partant de la gare de Lyon à partir de 23 heures auront pour terminus Melun», mais «aucun train ne quittera Melun à partir de 23 heures», c'est-à-dire que le train de 22h46 m'aurait entraînée dans la galère du car et du trajet interminable.

Cependant, pour compenser ce coup de bonheur, le train de 22h16 est mis à quai à 22h12 et ne démarre qu'une demi-heure plus tard, ce qui fait que je commence à m'inquiéter de notre heure d'arrivée à Melun: allons-nous finalement prendre le car? Je pose la question sur Twitter à @ligneR, et miracle, on me répond que non (double miracle: qu'on me réponde, et que le train aille jusqu'à Moret).

Rentrée

En milieu de journée j'ai la confirmation que je vais ramer avec Bourges, sans doute en cinquième place (j'ai proposé d'être le relais vers l'arrière). C'est un bateau sans prétention, monté pour le plaisir et la volonté de faire la coupe des Dames: deux rameuses qui l'ont déjà couru, des rameuses qui ont quatre mois d'aviron derrière elles (!! jamais cela ne serait passé au CNF, mais c'est à peu près ce que je tenterai à Pâques si rien ne change d'ici là).

Rendez-vous LREM à Fontainebleau à 19h30. Il y a une grève de bus en Seine-et-Marne depuis la rentrée, il faut rejoindre le centre à pied. Soirée un peu lente, gaie. Nous avons chacun nos dadas (le mien c'est «Macron a été élu avec des voix de gauche, il faut se placer sur la niche «prévention» et non ressasser l'insécurité»). Le constat simple est que même si «les salaires ont été nationalisés pendant six mois» (selon l'expression d'un participant), la suppression de l'ISF reste l'arme par excellence des anti-macronistes.
Nous sommes en terrasse. Nous voyons sortir les LR, masculins, grands, visages fermés, manteaux bleu marine. Nous avons au moins la satisfaction de nous dire que nous sommes joyeux et heureux d'être ensemble.

Sous le signe de l'amitié

O. (le parrain de O.) nous a rendu visite en famille. Ça fait plaisir, les amis ne paraissent pas hésiter à faire les 80 km nécessaires à venir nous voir.
Journée gaie et détendue, facilitée par le fait qu'il a fait beau.
Comme je m'étonne que la chatte à seize ans soit si patiente avec les enfants, H. me rappelle qu'elle a grandi avec des enfants. 2005, comme cela paraît loin.
Bougie. Une. Après cinquante ans, j'ai décrété qu'on n'ajouterait pas plus de précision. (Voilà qui ne facilitera pas la datation des photos dans cinquante ans).

Au moment de me coucher je découvre un sms de Claudine: une rameuse de Bourges est blessée, le huit cherche une fille pour la remplacer, suis-je intéressée?
Je réponds aussitôt oui, mille fois oui.
Et à l'allégresse qui m'emplit, je comprends que j'étais triste.

Rhinocéros

Sortie en huit où nous travaillons plus l’endurance que la technique. Il fait un temps magnifique. L’automne n’a encore touché qu’une sorte de vigne dont les feuilles virent très tôt au rouge sombre. Sur le reste du vert c’est splendide.
Je regarde chaque fois le paysage comme si c’était la dernière fois, « Regarde de tous tes yeux, regarde. »
Malheureusement il est difficile d’arrêter le bateau pour prendre des photos.




Le soir, sortie au théâtre à Fontainebleau: un des rameurs, professeur de théâtre, joue dans Rhinocéros.
Je ne connaissais que La cantatrice chauve et je redoutais l’absurde car La cantatrice me fatigue.
Heureuse découverte. La mise en scène a choisi de mettre en avant l’incommunicabilité en traduisant une partie des dialogues en anglais. (Je me demande ce que cela aurait donné dans une langue que je n’aurais pas comprise du tout.) Finalement cela ressemble à écouter une personne au téléphone sans entendre son interlocuteur.
Beaucoup deviennent rhinocéros, mais si l’on est le dernier non-rhinocéros, quel sens à résister?

L’affiche aussi m’a plu.



6 et 7

Sixième et septième symphonies de Beethoven par Jordi Saval ce soir. H. intervient dans une AG et ne peut pas être là; j’ai invité Brigitte, administratrice de mon ancienne mutuelle et que je connais depuis 2009. Je lui ai proposé la veille pour le lendemain, elle a accepté aussitôt, ce qui fait plaisir. Je n’ose plus inviter Nicole qui doit en être à trois refus: peut-être qu’elle n’aime pas ce genre de concert, après tout, car pour Expendable, c’était oui.

Pas convaincue par la sixième: les cordes résonnent curieusement, sont-ce les violoncelles qui chevrotent? Le rythme est languissant, amolli. Je ne reconnais pas « ma » (stupide pronom possessif) symphonie. Tout cela manque d'énergie.
La septième sera plus vive, enlevée: le contraste était-il voulu, l'orchestre s'était-il échauffé, le chef a-t-il décidé de donner de la vivacité à la soirée? Quoi qu'il en soit, c'était tonique et j'ai pris beaucoup de plaisir, comme toujours dans Beethoven, à regarder le percusionniste.

Retour en voiture, quatre-vingt kilomètres jusqu'à Moret, forêt à l'approche de Fontainebleau, biches à trois reprises sur le bord de la route (embardée de la voiture devant nous jusqu'à entrevoir les silhouettes à la limite des arbres).

Pluie

Quatre sous la pluie.
Je n’ai pas eu froid sur l'eau le matin mais impossible de me réchauffer l’après-midi.

Après-midi et soirée à regarder Mytho. Ça me fait penser à l'affaire Romand.
Par ailleurs, c'est totalement irréaliste, à commencer par le jeune homme trans de quinze ans qui se promène sans problème dans son lycée. Je me demande si c'est possible en France.
Crêpes.

Très très peu envie de retrouner au boulot demain.

Car

Les problèmes de transport du week-end comptent-ils? Sans doute pas, surtout quand ils sont planifiés.

A cause des clés de voiture inopérantes, j'avais prévu ce matin de mettre mon vélo dans le train jusqu'à Fontainebleau afin d'éviter de marcher les trois derniers kilomètres entre la gare et le club d'aviron. Hier soir en me couchant j'ai donc vérifié les horaires des trains afin d'adapter mon heure de réveil.
Bien m'en a pris: pas de train. Pas de train pendant trois week-ends, mais des cars de Montargis à Lieusaint.

Quelle est la différence entre un bus et un car? Dans un car, vous ne pouvez pas mettre de vélo. J'ai donc laissé mon vélo à la gare de Moret, pris le car jusqu'à Fontainebleau, et au lieu de suivre la route principale, j'ai descendu un escalier qui paraissait mener au niveau de la Seine.

C'est ainsi que j'ai trouvé la rue Katherine Mansfield et une notice sur Gurdjieff.



Problèmes de clés variés

Rêve au creux du matin juste avant le réveil. Nuit, brume entre les piliers d’un cloître. Je sais que nous sommes en novembre et je me demande où est passé octobre. J’ai l’impression de ne pas l’avoir vécu.

Aujourd’hui je suis en congé puisque j’ai prévu d’aller boire un pot avec mes anciens collègues (plus exactement les administrateurs de l’association sportive, avec lesquels je n’ai jamais travaillé… mais bu pas mal de pots).

Cependant H. allant lui au bureau, nous sommes malgré tout partis à l’aube, visant le train de 6h33.
Sauf que la clé électronique d’H. était à bout de pile et que pour une fois — la seule fois, la première fois — je n’avais pas pris la mienne, d’où petit trot jusqu’à la maison (cinquante mètres), retour avec la mienne dont la pile n’est pas bien vaillante, cinq minutes pour aller à la gare (quand je suis seule et qu’il ne pleut pas, j’y vais à pied ou à vélo), le temps de voir partir le train précédent (6h24), de s’engueuler parce que je me gare trop loin dans le parking, de revenir pour fermer la voiture parce que la pile n’a plus beaucoup de forces et que nous sommes déjà loin, et nous voyons arriver le train de 6h33.

Ici, il faut expliquer que les trains qui viennent de Montereau (le 5h55, le 6h24) sont directement accessibles de la route, il suffit de franchir une trouée dans la clôture. En revanche, pour atteindre ceux qui viennent de Montargis, il faut remonter jusqu’aux bâtiments de la gare, descendre les escaliers, marcher dans un couloir et remonter sur le quai vers Paris.
Dernière précision, à ces heures matinales, les trains ont souvent quelques minutes d’avance et stationnent en gare deux ou trois minutes pour ne pas partir avant l’heure (ce qui est une autre façon de rater son train: non parce qu’on est en retard, mais parce qu’il est en avance).

Nous voyons donc arriver le train de 6h33 à 6h30. Je propose à H. de se dépêcher, de tenter de l’avoir (sinon, à quoi bon s’être levés si tôt?) mais il refuse: «j’ai déjà couru deux fois, à chaque fois je l’ai raté. Allons plutôt prendre un café». Nous sommes encore tout renfrognés de sommeil et de l’éclat dans le parking. Nous remontons vers la buvette, j’accélère spontanément le pas car le train est toujours stationné, je propose encore de tenter de l’avoir, nouveau refus.

Buvette, café. Le barman est très gentil. Pas sympa, gentil: serviable, accueillant, de voix égale, enjoué sans être intrusif. H. prétend qu’il n’a jamais bu de meilleur café (retenez: la buvette de la gare à Moret). De la fenêtre nous contemplons le train toujours stationné. Cela devient bizarre, il devrait être reparti. Des clients arrivent, comme nous avons le temps (le suivant est à 6h53) nous sommes servis dans des tasses en porcelaine. En ces temps de post-Covid, j’apprécie ces détails, une vie presque normale.

Nous finissons notre café; le train n’est toujours pas parti. Je propose d’aller le prendre (être assis, être au chaud), commence à descendre l’escalier quand je vois arriver un couple du quai d’en face:
— Vous venez du train? Il ne part plus? (Un seul couple, c’est étrange; un train qui ne part plus, ce sont tous les voyageurs sur le quai.)
— Le conducteur est descendu pisser et la porte est coincée.
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