Chenonceau

Très beau château, cela va sans dire, mais également d'une merveilleuse administration. Au milieu de la visite (qui s'effectue seul, avec audioguide ou fascicule si on le souhaite), je me tourne vers H. et lui dis: «ce n'est pas possible, ce château n'appartient pas aux monuments (Monuments) nationaux».

Je me renseigne à la sortie: effectivement, le château appartient à la famille Menier (le chocolat).

Comment dire? Il s'agit de détails accumulés, à commencer par le parking ombragé, agencé en places de stationnement séparées par des haies (tout est vert, et non pas blanc, comme ces terrifiants parkings de cailloux des châteaux de Chambord ou de Blois par exemple), il n'y a pas de panneaux désagréables sur les meubles (une barre vissée sur les fauteuils indique discrètement qu'il ne faut pas s'y assoir, mais le visiteur n'est pas pris pour un délinquant en puissance dans les cuisines où rien n'indique qu'il ne faut pas toucher les casseroles en cuivre), il n'y pas de gardien qui s'ennuie dans chaque pièce (s'il y a des caméras, elles sont bien cachées, et tant mieux), les bouquets de fleurs sont magnifiques, les plaquettes expliquant chaque pièce sont disponibles dans une dizaine de langues (dont asiatiques et russe, alors qu'au musée de Cluny ou à Orsay sont royalement proposés l'anglais et l'espagnol), tout est serein, non agressif. Je n'ai pas cette impression d'être l'ennemi à surveiller que j'ai dans certains endroits.

Le Cher, les barques, de magnifiques tableaux, une histoire qui croise celle des rois de France, une exposition sur les années qu'y passa Rousseau… Je ne recommanderai jamais assez chaleureusement ce château.

Sainte Chapelle

Que c'est dur de faire lever les enfants à neuf heures du matin. Des zombies.

Il faut être au lycée avant onze heures pour que A. rende ses livres de français et géographie (une fois de plus son sac pèse une tonne (au moins un pack d'eau de six bouteilles qu'elle trimballe toute la journée) car elle a tenu mordicus à emmener les livres qu'elle présente en "œuvre intégrale" pour son oral l'après-midi, bien qu'elle ait les extraits étudiés en photocopie (on ne discute pas avec A. On ne convainc pas A. Va pour le pack d'eau.)

Nous l'abandonnons. Direction la Sainte-Chapelle — à Vélib. Seul défaut, je ne peux pas commenter à Félix les rues de la ville qui défilent.

Trop de monde devant Notre-Dame que j'espérais visiter aussi: moi, je ne fais pas une heure de queue pour visiter un monument, je n'y tiens pas à ce point-là (et je suis incrédule: tous ces gens là devant moi y tiennent à ce point-là? Mais pourquoi? Qu'est-ce qui compte pour eux, qu'est-ce qui est si important pour eux dans Notre-Dame?)
J'explique à Félix que si vraiment il veut visiter Notre-Dame, il faut venir à la messe de huit heures, puis déambuler dans l'église. Alors il n'y a personne ou presque. Les journées de ces jeunes gens commencent vraiment trop tard.

Sainte Chapelle. Malgré le temps gris, toujours le même miracle. Je remarque avec amusement que la restauration dees vitraux est financée en partie par Velux (c'est idiot à dire, mais ça me touche. Je ne pensais pas que l'entreprise Velux était suffisamment importante pour faire ce type de mécénat, et je n'aurais pas imaginé une entreprise que j'associe aux constructions contemporaines de moyenne gamme investir dans la Sainte Chapelle. Oui, ça me touche.)
J'aime cet endroit. Je me souviens du choc la première fois que j'y suis entrée, les peintutres de la salle basse, les vitraux de la salle haute. Je ne savais pas que cela existait. J'en connaissais le nom, une ou deux photos. Mais je ne savais que cela ressemblerait à cela. (Dix-huit ans, interne à Versailles, ou dix-neuf, à Paris, je ne sais plus: je visite systématiquement tous les monuments, tous les musées, indiqués par un guide que j'ai perdu depuis.)

Vélib, dossier carte imagin'R àla Bourse (au Châtelet il n'y en avait plus), japonais sur un vœu exprimé par O. (le meilleur japonais de Paris (Hokkaido, 14 rue Chabanais). J'y suis venue par hasard en 1996 quand je travaillais rue Pillet-Will. J'ai l'impression qu'il est devenu très connu, il ne désemplit pas, mais il n'a pas changé: le même cuisinier, les mêmes serveurs, quelques cheveux gris en plus. En goûtant les gyozas, je me dis que non seulement ça n'a pas changé, mais leur cuisine est devenue encore meilleure), Vélib, ICP pour m'inscrire en allemand (deux heures l'année prochaine. "Université du milieu de vie", brrrr!), A. nous a prévenus qu'elle ne passait pas son oral avant 15 heures, Vélib, Décatlon près de la grande bibliothèque, tongs et t-shirts, A. a fini, nous en avons pour une heure pour rentrer, je suis rattrapée par la fatigue, pas sûre de tenir sur un vélo et je pense aux kilomètres qui m'attendent: nous prenons le bus. Je dors.

Sortie de Paris épouvantable. Nous arrivons à neuf heures à Blois. J'abandonne mon projet de rejoindre mes parents sur les bords de Loire où ils vont observer les castors.

Saint Denis

J'avais prévu aujourd'hui de visiter Chantilly et Saint Denis, puis lorsque O. m'annonça la bouche en cœur qu'il voulait aller à son cours de flûte à 15h30, place des Vosges et Saint Denis; finalement nous n'aurons eu le temps que de visiter Saint Denis.

Il faut dire que le matin nous avions une heure bloquée par une visite chez l'ophtalmo, O. et moi. La myopie d'O. augmente (l'ophtalmo: «oui, votre vision a un peu bougé, vous verrez mieux ainsi», l'opticien: «dis donc, ça a beaucoup bougé, ça va vous changer la vie!»). Quant à moi, je pensais que cette fois-ci j'aurais une nouvelle correction car je ne peux plus lire sans lunette (ou difficilement et pas longtemps, cela devient difficile par exemple de déchiffrer très rapidement une phrase dans les livres de mes voisins de transport (fondamental pour en identifier au moins le genre)), mais la conclusion de l'ophtalmo, fort logique quand on réfléchi à ce que je viens d'écrire, a été: «vous avez découvert que d'optionnelles, vos lunettes sont devenues indispensables. Mais il est encore trop tôt pour changer.» J'ai réclamé des lunettes de soleil, j'en ai profité pour prendre des verres progressifs, à la fois pour commencer à m'y habituer et parce que c'est indispensable à l'aviron. (L'opticienne aurait bien voulu me vendre des lunettes de vue, arguant que vu ma correction, je ne devais plus voir de loin. Je suis restée impassible. «Bon, alors je vais éviter de me trouver devant vous lorsque vous conduisez!» Cela m'énerve. D'abord je trouve cela impoli, mais surtout, j'ai beaucoup de mal à supporter que quelqu'un conteste par la théorie la réalité de mon expérience: si je le vis, c'est que c'est vrai, au moins pour moi, non? Sans compter que dans ce cas particulier, c'était validé par un ophtalmo.)

Saint Denis. J'aime beaucoup cette basilique, un peu désolée, un peu abandonnée au milieu des immeubles des années 1970 (mais comment a-t-on pu laisser construire de telles horreurs autour de cette église? Il fallait être tombé sur la tête (mais enfin, tout cela est réversible, rasable. L'important est de préserver l'essentiel, toujours). J'aime ce lieu où le mythe se matérialise. Le tombeau de Dagobert. Mais comment peut-il y avoir un tombeau de Dagobert? Et Du Guesclin, si petit, et Frédégonde (pensée pour Robbe-Grillet, ce doit être dans les actes du colloque de Cerisy, et Henri Martin. Enfin peut-être[1]) et ces transis, Louis XII et Anne de Bretagne, les rois nus, morts et mortels, la chair vaincue mais espérante (je n'ai jamais vu de transi ailleurs qu'à Saint-Denis, et l'humilité que représente l'idée-même de ces statues me transporte de surprise.

Et puis la Révolution, le saccage, la violence (s'attaquer à des vivants, à la rigueur, mais à des morts: cela m'est rigoureusement incompréhensible. Tout mort me devient sacré, il n'est pas un squelette exposé, momie ou marin de La Pérouse, qui ne m'emplisse de gêne), la reconstitution tant bien que mal des tombeaux, la réaffectation des restes, le cœur embaumé de Louis XVII, les listes de noms, tout me touche.

Notes

[1] Non, Robbe-Grillet parle de Brunehaut, p.312 du tome 1 des actes du colloque de 1975.

Ecole des Beaux-Arts

14 rue Bonaparte. Nous traversons la cour, nous entrons dans le bâtiment.

Nous sommes venus voir l'exposition minimaliste de Naoki : «je n'ai pas osé faire trop de pub, car c'est très pauvre, j'ai voulu que cela ressemble à des choses jetées là».

Couverture de survie, imprimée, jetée à l'envers:



I am as much connected to the world as the lizard: sitting still in a high tower, is ther someone else human I sense not, I am still a spot on the floor evident. To spot a lizard and cause a disturbance will not affect presence
I. Rid your mind of all thoughts
2. Reject all dogmas
3. Determine needs




Au centre du bâtiment, une vaste cour intérieure couverte d'une verrière (destinée à protéger les statues autrefois entreposées là). Les murs sont repeints en ocre avec des décors de feuillages ou de fruits dans le style palais italien. C'est magnifique de fraîcheur et de surprise.

La guerre des Roses et Les femmes du bus 678

Hier.

Pour évacuer un peu de ma frustration et de ma violence, je regarde La guerre des Roses, l'un des films les plus violents que je connaisse, une histoire de divorce qui n'est pas une bluette sentimentale, malgré un début trompeur, très "Harlequin". C'est un vieux film, je spoile.
Elle s'aperçoit un jour que son mari lui téléphone des urgences en se pensant à l'article de la mort que cette annonce ne la plonge pas dans la tristesse mais dans le soulagement (ce qui est très violent, certes, mais franc, objectif). Elle décide de divorcer.
Le mari profondément blessé refuse de quitter la maison. Il en obtient le droit grâce à une loi qu'exhume son avocat. Suit une guerre des tranchées dans les pièces et les couloirs.
Chacun rivalise de mesquineries et d'humiliations pour décourager l'autre, mais avouons que la femme est bien plus salope que le mari.
Concernant le mari, ce qui est parfaitement mis en scène, c'est sa radicale incapacité à admettre que sa femme ne veut plus de lui: c'est impossible, au fond d'elle elle doit l'aimer encore, cette conviction guide tous ses actes, il ne peut admettre qu'elle veuille être seule, tranquille, débarrassée de sa présence.

Aujourd'hui.

Je vais voir Les femmes du bus 678 et je retrouve cette même lutte pour avoir la paix. Laissez-nous tranquilles, laissez-nous vivre, oubliez-nous.
Nous sommes en Egypte et le contexte est évidemment très différent, beaucoup plus physique, brutal et généralisé à la société entière (alors que La guerre des Roses illustre un cas particulier).
Trois femmes, une pauvre avec enfants, une mariée d'une famille aisée et une fiancée d'une famille plutôt aisée également, subissent ou ont subi un harcèlement sexuel ou des violences sexuelles (dans le bus, sur un stade de foot, dans la rue). Il s'agit pour elles de savoir comment se défendre alors que personne n'est prêt à les aider, que leur famille fait pression pour éviter le scandale.
(En voyant ces trois femmes, je pense à Marx et à la lutte des classes, ou plutôt au Tiers-état: comment une population aussi hétérogène, avec des contraintes et des ressources si différentes, peut-elle faire front commun? Scène dans laquelle la plus pauvre, voilée, accuse la plus riche d'être à l'origine, par sa tenue libre et ses cheveux détachés, du harcèlement universel des hommes.)
Ici, comme dans Il était une fois en Anatolie et dans une moindre mesure dans Une séparation, c'est un policier qui a le rôle du sage, celui qui comprend, se tait, mais essaie de protéger qui doit l'être et de favoriser la justice et la droiture.

Je reste émerveillée par la façon dont ces films du Proche ou Moyen-Orient (Une séparation, Les femmes du bus 678) mettent en scène les rapports homme-femme, la façon dont ils comprennent et montrent ces femmes lassées qui un jour disent non, à la présence, aux rapports sexuels, à la pression continuelle. Elles partent ou elles restent, mais elles disent non. Elles sont entendues ou pas, comprises ou pas (plutôt pas, sauf par une poignée d'hommes attentifs; c'est bien l'attention à l'autre qui est au centre du débat (dans La guerre des Roses, le manque d'attention du mari avant le divorce est caricatural)), mais elles disent non. Elles veulent être tranquilles, ne pas être dérangées dans leur corps, ne pas être surprises par l'intrusion d'un autre corps dans ou sur leur corps (car il s'agit tout simplement de cela: de la surprise d'une main étrangère ou d'une main non désirée qui se pose sur vous: insupportable, comment ne pas le comprendre?)

En Occident, ou tout au moins en France, nous sommes persuadés d'être loin de ce schéma. Or c'est faux. L'idée inconsciente de la plupart des hommes, c'est que les femmes ont beau proclamer leur désir d'indépendance, elles ne souhaitent que l'homme (cf. Rousseau et son idée d'une femme soumise à un désir irrépressible). J'en veux à toute la peinture occidentale, tous les Fragonard et tous les Watteau, à toutes les Pompadour et toutes les maîtresses royales (le tableau Mademoiselle O'Murphy me dégoûte, mais je n'ai pas tout à fait le droit de le dire: je vais faire rire, je le sais; il faut que je sois prête à supporter ces rires et ces airs supérieurs sans rien avoir à répondre: si ce que je dis n'est pas compris, qu'ajouter?), qui sont peut-être à l'origine de cette idée culturelle: la femme au fond d'elle-même, même quand elle ne le sait pas, est toujours consentante, comme Mme Rose est dans l'esprit de son mari forcément amoureuse, même inconsciemment.
C'est faux.

Interprétations

Mon doigt cassé réparé reste déformé. J'ai mis mon alliance à la main droite.
— Comme les Polonais, dit ma mère;
— Comme les religieuses, dis-je;
— Comme les protestants, dit H.

Mais en fait, je ne sais pas si une seule de ces interprétations est juste.

Divers

- Dépouillé toute la journée des bulletins dans le cadre d'un scrutin de liste (fastidieux).
- K. vient de comprendre que je m'en vais. Le premier juillet.
- Vincent m'a accordé mon aviron d'argent en me faisant remarquer que je n'avais pas assez travaillé. J'ai honte.

Le rasta émacié qui a croisé mon regard sur le quai du RER gare de Lyon m'a saluée d'un «Ça va ma sœur?» J'ai souri: «Oui ça va, merci.» (Je crois que j'avais l'air bien partie après l'aviron.)

Les années 80

Porto m'a amené à lire La décennie de François Cusset. Cela me rend triste et m'écœure, même si je sais déjà tout cela.

Ce que le Centre d'étude des Revenus et des Coûts (CERC) nomme dans son rapport de 1990 «le tournant des années 80» se résume alors aisément: c'est le creusement brutal des inégalités de revenus, les «fruits de la croissance» allant pour les deux tiers aux revenus du capital au détriment des revenus du travail (l'année-charnière ici encore est 1983), si bien que «le nombre des ménages les plus pauvres s'accroît deux fois plus vite que la population».

François Cusset, La décennie - Le grand cauchemar des années 1980, p.169
- mai 1981. Jour de régate (compétition d'aviron). C'est le soir, j'attends mes parents dans le hangar à bateaux, je suis assise sur un seau. Castor arrive, m'annonce hilare: «la gauche a gagné». Je reste de bois, j'ai quatorze ans, on ne parle jamais de politique à la maison, j'ai le vague sentiment que mes parents ne seront pas ravis. Castor dégrisé me lance avec mépris: «Tu es de droite?»

- septembre 1984. J'arrive en hypokhâgne à Versailles. Sur les trottoirs, les premiers SDF font leur apparition. Moi qui m'étais demandé en 1975 ce qu'on faisait des mendiants en France… (étaient-ils parqués dans des hospices?)
(Ils n'ont jamais disparu.)

- 1996. Je travaille au Gan, mon amie à l'UAP. Ces deux entreprises sont en vente. Elles vont donc disparaître, mathématiquement. L'Etat était actionnaire majoritaire depuis leur création en 1968 par fusion de sociétés d'assurance nationalisées en 1946.

- 2012. Après que le Gan a été au cours des années coupé en trois (Gan assurance, Gan eurocourtage, Groupama Gan Vie), une partie (Gan eurocourtage) est vendue à Allianz par son racheteur de 1996 qui manque de fonds propres. (En 2008, c'est AGF, une autre nationalisée de 1982, qui a été fondue dans Allianz)1.

D'autres chemins auraient peut-être mené aux mêmes résultats, ou à des résultats voisins, ou pires. Mais j'ai une pensée pour tous ces salariés balottés d'une boîte à l'autre, en silence, dans la peur d'être virés, les moins qualifiés restant les plus fragiles, bien entendu.
(Mais bon, travailler dans l'assurance, cela fait moins pleurer que dans l'industrie automobile (et dans un sens, c'est normal, un bureau c'est moins fatiguant que la chaîne, no contest (Mais… (bref, je suis écœurée.))))



1: mise à jour en décembre 2012: Gan eurocourtage est partagé en trois, entre GGVie, Allianz et Helvétia. Dépeçage.

Encore !

Et hop, encore deux robes, dans le même magasin (je rentre, je choisis, j'essaie, je choisis, je paie, je pars).

J'expliquais l'autre jour à mon coiffeur (en réponse à une vieille dame qui se plaignait de la mode) qu'il fallait conserver ses vêtements longtemps, cela permettait de vieillir moins vite: les gens s'exclament: «Oh, tu n'as pas changée!» alors qu'en réalité, c'est votre robe qui n'a pas changé depuis dix ans. (Cette théorie a beaucoup plu à mon coiffeur.)

Mais je crois qu'il est temps que je renouvelle ma garde-robe avec des choses un peu plus sérieuses, au moins professionnellement.



Avouons que ce genre de billet est surtout destiné à être relu dans deux ans, quand je me demanderai: "Mais quand ai-je acheté ces robes?"

Yes !

- Mardi j'apprends que je reste dans le groupe (vexée je suis).
- Mercredi je repère une annonce dans le site d'annonces internes au groupe.
- Jeudi je téléphone et envoie un CV.
- Vendredi on me téléphone pour me donner rendez-vous;
- lundi je passe un entretien;
- mardi j'ai le poste.

Je suis fière de moi.

(Bon, c'est pour aller travailler dans l'une des formes les plus anciennes d'entreprises, les mutuelles de santé "45" (comprendre: 1945, issues directement des utopies de la Résistance). Que des exceptions, des trucs bizarres, ancrés dans l'histoire1, des logiciels obsolètes, des élus, etc. C'est quand je vois que j'ai envie de ça, de ce foisonnement têtu, que je mesure que je ne supporte plus "la conformité". Rien n'y est plus étranger. Et soyons lucide: le monde normatif d'aujourd'hui va tout faire pour faire disparaître ces dinosaures. Résistons. Et allons y faire un tour avant qu'il ne soit trop tard.)



1 : Le statut du retraités d'avant 2006 n'est pas le même que celui d'après 2006, le groupe a la particularité de dépendre pour partie du régime général de la Sécurité sociale, pour partie de la MSA (la sécu des agriculteurs), donc les poly-pensionnés… etc, etc.

Dimanche

Jour de fête du club. Je ne participe pas, je vais juste pique-niquer le midi, le temps de photographier un T-shirt.



Après-midi en salle de sport. Je tente de l'inédit, cardio, sauna, cardio; à ma grande surprise le cœur bat plus lentement (ou plutôt il reste stable sans monter) lors de la seconde série (après la demi-heure de sauna) alors que j'avais mis un niveau de difficulté plus élevé (c'est l'intérêt des machines: elles mesurent (ce qui me donne envie de faire des expériences, on ne se refait pas)).

Rangement (enfin).

Deux films de L'inspecteur Harry en bloguant ou mettant de l'ordre dans mon ordinateur. Cela fait un mois que j'attendais ça.

Planté des graines de volubilis. Je fais un trou, me bats contre les pierres, m'étonne qu'une pousse réussisse à percer cette terre collante et me demande quel instinct pousse les plantes "vers le haut" (Oui, je sais, la pesanteur (la pression, me dit H., qui croît au carré de de la distance: moins de pression vers le haut)), mais tout de même, c'est magique.

Thierry Roland

C'est drôle, j'avais failli écrire un billet avec ce titre cet hiver. Il était venu signer des autographes au CE, j'avais pensé à un cadeau de Noël pour mon père, ou pour ma tante qui a le défaut supplémentaire d'aimer le foot.
J'y avais renoncé, j'avais eu peur d'être trop familière, d'en quelque sorte lui sauter au cou, tant il fait partie de mes souvenirs, comme Max Meynier, par exemple. (Et le film de 18h du dimanche soir sur TF1, toujours interrompu à 19h par mon père qui regardait Stade 2. J'ai mis des années à connaître la fin du Corniaud.) Qui reste-t-il? Bouvard, bien plus que Drucker. (Comme tout cela est vieux. Obligée de googler "Jean-Pierre Pernaut" en lisant La carte et le territoire. Tenir le siècle à distance, comme c'est facile.)


Dernier TG. Une année, plus que deux cours. En neuf samedis nous avons réalisé une sorte de miracle, à se battre sur des sujets inattendus (ce n'était pas les sujets, qui étaient inattendus, non, au contraire, fort convenus (le sacré, la tolérance, les Actes des Apôtres), mais justement, le fait de se battre et débattre avec tant de passion, d'enthousiasme). Nous sommes tous vivants après avoir frôlé l'épuisement et la noyade («ravie de l'année, ravie que cela se termine» a résumé une participante: c'est tout à fait ça), un peu surpris de constater notre plaisir à être ensemble.
RK m'a dit à part quelques mots gentils sur ma façon de désamorcer les tensions dans le groupe, j'en suis surprise et réconfortée.


Trois heures de désherbage à la serfouette. J'hésite un peu à couper un chardon d'un mètre vingt, référence poétique oblige. Mais bon. Certaines plantes tissent des réseaux de racines si serrés qu'elles emmènent avec elles des nappes de terre. Il faudrait qu'il cesse de pleuvoir quelques jours, que cela sèche et se désagrège, je ne vais tout de même pas mettre de la terre à la poubelle.

Danielle craque

… et cela me fait plaisir, car cela prouve que je ne suis pas folle. Quand vous êtes la seule à protester contre des agissements et une situation qui ont lieu au sein d'un groupe, il y a toujours un moment où vous vous demandez si vous êtes folle, complètement parano, si le problème, finalement, ce ne serait pas vous, dans la mesure où vous êtes la seule à protester.

Imperturbablement, malgré la vente, mon patron aidé de son consultant unique et favori a lancé un «plan de continuité d'activité», ce qui consiste à peu près à décider comment continuer à travailler si les bâtiments brûlent ou si les deux tiers des salariés meurent dans une épidémie. Il refuse de prendre en compte le fait que les équipes vont être fondues dans une organisation plus grande tandis que nos locaux ne seront plus ceux-ci (ce qui a tout de même son importance quand on commence à compter les imprimantes et les téléphones).

Le consultant et Danielle (ma collègue) vont à cet effet interviewer les patrons de service. Je suis émerveillée par la courtoisie de tous ces managers, interloqués par l'obstination de mon patron (ils sont un niveau hiérarchique plus bas, mais n'en dépendent pas) mais aimables avec Danielle et P. [le consultant], se permettant tout au plus de faire remarquer que puisque tout cela ne servira à rien, ils vont répondre rapidement car ils ont d'autres chats à fouetter (ce qui dans un contexte de rachat peut se comprendre).
Danielle me raconte le consultant, ses questions, sa façon d'écouter un manager lui expliquer très précisément son métier et ses contraintes, et de reprendre imperturbablement après vingt minutes de discours: «Alors, je mets 50 ou 60 dans cette case?»

Danielle exaspérée en sortant d'un entretien me dit: «J'ai pensé à ma grand-mère. Elle était d'une famille bourgeoise, elle avait des domestiques. Un jour, une petite bonne, Angèle, lui demanda:" Madame, est-ce que je peux ouvert la fenêtre?" Et ma grand-mère de commencer à lui expliquer, grammaire, conjugaison, l'importance de l'éducation, etc. Au bout de vingt minutes, ma grand-mère termine, et Angèle demande: "Mais Madame, vous ne m'avez toujours pas dit si je peux l'ouvert".»
Et Danielle de conclure: «Quand je vois P. répondre à J. [le manager], qui vient de lui expliquer son boulot pendant vingt minutes, je pense à Angèle, dit-elle, prenant une petite voix sotte: mais madame, est-ce que je peux l'ouvert?»

Et moi je ris, soulagée de constater que je n'avais pas rêvé, j'avais bien vu ce que j'avais vu et mes conclusions, bien que rapides, étaient adéquates.

Salle de sport

Je m'étais promis d'y revenir dès que j'aurais davantage de temps, en amenant F. et O. à leur cours de ping-pong (les deux salles sont mitoyennes).
En fait ce que je déteste le plus dans le sport, c'est avant et après: préparer son sac (ne rien oublier), vider son sac (mettre à sécher, mettre à laver, ne rien oublier). Finalement c'est un peu ce que je déteste pour tout (la cuisine, "l'élevage" des enfants tant qu'ils sont petits): préparer, faire les courses, penser à toute l'organisation matérielle, avec l'ennui de ces tâches sans fantaisie, mais aussi la peur d'oublier quelque chose, de ''manquer'' à quelqu'un, de décevoir, de ne pas être à la hauteur. Parfois je me dis que cela devait être (ou est encore) une bonne planque, moine (sauf pour les cuisiniers), nourri logé, juste à copier, et je me souviens de mon frémissement d'horreur dans les hospices de Beaune dans les cuisines reconstituées (avec légumes en cire et mannequins), à imaginer cette vie d'épluchage de légumes et de vaisselle à l'eau qu'il fallait préalablement chauffer dans des marmites (ou laver à l'eau froide, à la scoute? Dans un hospice?) J'ai une horreur profondément ancrée des tâches ménagères répétitives (alors que j'aime les travaux d'aiguille, le jardinage, tout ce qui est "gratifiant", en un mot, dont le résultat dure quelques jours ou quelques semaines).

Bon, reprenons. Sport, donc, enfin juste les machines cardio, je ne viens que pour transpirer, pour le reste je compte sur l'aviron (encore faudrait-il y être assidue).
Puis sauna, ce que je préfère, je ne viens en salle que pour ça, autant l'avouer; j'aime sentir perler la sueur aux endroits qui ne transpirent jamais (les tibias, par exemple). Sans doute ai-je en tête deux souvenirs, un Sarsky et Hutch où ils font un concours à celui qui produira une goutte de sueur le plus vite (je me demande si ce n'est pas dans l'épisode pilote), et un voisin de mes parents qui aimait son couscous très épicé et nous disait: «il faut que la sueur perle sur le front» (qu'il avait fort dégarni).

P.A.

Petite Annonce : puisque je reste dans le groupe, je consulte les annonces internes. C'est amusant, cela ressemble aux annonces immobilières, on se projette, on rêve. (J'ai postulé ce soir pour quelque chose que je n'ai jamais fait alors que j'ai l'impression de le maîtriser parfaitement: sensation bizarre et sans doute trompeuse).
N'empêche, j'ai beau me dire que c'est à cause de mon âge et de mes diplômes, je suis vexée de devoir rester dans le groupe tandis que mes deux collègues (53 et 57 ans, formées sur le tas) vont partir à l'aventure.

Futur

Ah ben zut, je retourne à la maison mère. Ou plutôt dans une grande filiale. Bon. D'un autre côté, c'est plus cool pour tout le reste (les absences, les vacances, les cours,…)


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Je me rends compte trois ans plus tard que c'est elliptique. J'explique: mon entreprise étant vendue (à A**ianz), chaque salarié était soit "vendu" avec elle, soit réaffecté ailleurs dans le groupe. J'ai appris ce jour-là que j'étais dans le second cas.

Sujet de maîtrise

Quand K. m'a soumis un sujet dont la problématique revenait à peu près à: «Comment la directive Solvabilité 2, en voulant protéger les assurés d'une éventuelle faillite des sociétés d'assurance, précipite la faillite de celles-ci» (par les charges et contraintes qu'elle fait peser sur elles), je lui ai dit que c'était tout à fait passionnant mais tout de même dangereux.

Après réflexion, une fois que je lui ai eu démontré ce que signifiait ce qu'elle avait écrit (elle ne s'était pas rendu compte de la conclusion logique de son plan), elle a décidé de prendre quelque chose d'un peu plus conventionnel, du type "la régulation des sociétés d'assurance".

(«Avant 2000? Mais c'est beaucoup trop loin!» Je tape rapidement sur Google: «K, il va falloir t'y faire, les premières lois d'encadrement des sociétés d'assurance datent de 1938.») Je lui ai sorti l'un de ces livres que le groupe aime tant, avec des images en noir et blanc de l'après-guerre, les casiers en bois remplis de dossiers, la vie avant l'informatique. Cela l'étonne autant que si je lui montrais une plume et des parchemins. Je l'aime bien parce qu'elle m'écoute raconter ce qu'on m'a raconté (les feuilles de papier carbonne, les papiers pelure jaune et bleu, plus tard les fiches perforées, les pools de secrétaires qui codifiaient les perforations, le bruit infernal des machines à écrire dans les bureaux de vingt ou cinquante (et on se plaint des ''open space'')) sans marquer d'impatience, avec une pointe de scepticisme dans la surprise.

Tensions

Week-end très dur d'engueulades. Trop de tensions, entre les bilans comptables d'association et les disserts non rendues.

J'emmène les enfants à Sainte-Geneviève-des-Bois, je fais le marché, la cuisine, et la matinée s'est dissoute dans le thin air absolument sans trace, inutile.

Gazon à La Défense

Bon. Dans un sens c'est lamentable, dans l'autre c'est vert. Et puis il y avait du soleil, il ne faut pas bouder son plaisir.
Il y avait de la bière gratuite, je n'ai même pas bu (de la blonde, bof).

Rendez-vous

Rendez-vous avec la RH. J'allume des pare-feux. Je ne veux nuire à personne, mais je voudrais éviter qu'on me nuise. Le contexte est tout de même délicat.

Discussion à bâtons rompus qui se termine par: «Dommage que vous ne soyez pas venue plus tôt». (J'y avais songé, mais avec ma nonchalance habituelle, mélange de flemme et de fatalisme, j'y avais renoncé. Il a fallu un nouvel éclat mardi en réunion, et l'occasion de travailler avec une personne de la RH qui m'a encouragée à prendre rendez-vous, pour que je fasse la démarche).
Oui, trop tard, tout est signé aujourd'hui, je crois.

Une explication

Déjeuner avec R. J'ai imprimé quelques billets d'Alice parce que cela m'a semblé plus rapide pour lui expliquer la situation, plus dépassionné, aussi, sans doute.
Il lit (j'aime bien regarder lire les gens qui se concentrent vite, ils disparaissent littéralement devant vos yeux, ils s'effacent) et sourit.
Il fait partie d'un jury d'agrég, il me raconte les pressions qu'il subit de la part de certains pontes pour que leurs poulains réussissent le concours:

— Non mais tu te rends compte? Et il est professeur d'éthique!
— Mais comment fais-tu pour te taire, pour ne pas exploser? Je n'y arrive pas, je me dis qu'il ne faut pas réagir, mais je n'y arrive pas.
— C'est que tu n'es pas une femme de pouvoir.

Mon doigt

(Juste pour mémoire, car je n'ai pas grand chose à dire en cette journée consacrée à la lecture de Houellebecq): trois séances de rééducation par semaine pendant trois semaines.

De la rééducation pour un doigt ? (l'annulaire gauche, je le rappelle).
Et où vais-je caser cela?

Même plus besoin du RER pour perdre mon temps dans les transports

Pour avoir confondu A86 (qui officiellement doit être la A186) et la Francilienne, j'ai fait un détour d'une quarantaine de kilomètres (pour faire bonne mesure, quand j'ai voulu sortir de ce guêpier, j'ai pris l'autoroute A10 dans le mauvais sens, vers Orléans: demi-tour au péage de Dourdan, 1,60 € pour quitter l'autoroute, 1,60 € pour la reprendre) pour aller de Yerres à Massy.
Nous avons avalé du riz cantonnais en courant (15 mn tout compris) au lieu de manger calmement une pizza.
Mais tout cela n'est pas grave, nous avons quand même assisté à Un Américain à Paris.


Ah oui, et puis j'ai commencé La Carte et le territoire. Je m'amuse. C'est reposant après les lectures des dernières semaines. (Le Dictionnaire critique de théologie c'est passionnant aussi, mais pas le même genre.)
Et j'ai fini la peinture de la yolette.


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Mise à jour le 10 juin 2015
(ajout de ce que j'avais laissé hors ligne, sans doute pour ne pas paraître passer mon temps à me plaindre).

Craqué parce que JPL [le consultant] présente comme un succès ce que nous faisions il y a cinq semaines, y compris mettre dans les FDCP ce qui était déjà déposé, ce qu'il nous avait interdit de faire en mars !!

Encore disputée avec MonBoss en réunion. Je sais que j'ai tort sur la forme, cela met en cause son autorité (mais enfin, ce sont des réunions de travail, entre nous, sans personne extérieure au projet), je devrais me taire, je devrais me taire, je devrais me taire. La prochaine fois je mets deux boules quiès et non une (c'est ce que j'ai trouvé pour que les conn*** m'affectent moins (c'est utile les cheveux longs)). Il me vient le soupçon que si tout le monde reste tout le temps si calme, c'est que personne n'écoute. Les gens ont une grande capacité à se perdre dans leurs pensées, à être ailleurs en paraissant présents. Il faut que j'apprenne cela. (Pris rendez-vous avec la RH, ça ne peut plus durer. Je pense à Matoo et à ma "souffrance au travail": il ne faut pas exagérer, ce n'est pas cela, mais la situation est stupide, je veux croire encore qu'il s'agit simplement d'un malheureux concours de circonstances et j'aimerais que nous en sortions tous deux avec un minimum de casse.)

Demain

Demain je reprends ma vie en main.
Aujourd'hui j'écris juste dix pages que j'aurais dû écrire pendant les vacances de Pâques si j'avais été un peu plus organisée.

A fronts renversés (une fois de plus)

Quand je suis entrée en hypokhâgne, je venais d'un bac C, d'une famille de matheux. Un ami de mes parents s'était exclamé spontanément en apprenant ce que j'allais faire l'année suivante: «Quelle déchéance!».
Quelques semaines plus tard, je regardais muette une de mes camarades de classe (l'une des plus sottes (ce qui est peut-être une explication, je m'en avise)) dire gravement: «N'oublions pas que nous sommes l'élite de la France».

J'ai l'impression de revivre la même situation. Entourée en temps normal de philosophes m'assurant que seule la philosophie conduit à la vérité et qu'entre foi et superstition l'écart n'existe pas (cf. Leo Strauss), je me retrouve dans une salle où chacun semble persuadé que le théologien est "mieux" que le philosophe.

Bon.

(Jean-Luc Marion parle de: urgence kérygmatique // délai herméneutique. Ça me plaît.)



(Front renversé encore: débat entre un théologien et un philosophe, c'est le philosophe qui est prêtre).

Comment pourrir les vingt ans d'un jeune homme

Il y a vingt ans, ma tante (vieille fille sans enfant) ne m'avait pas parlé pendant un an parce que j'avais accouché à la maison. Peut-être que si je ne lui avais pas envoyé une carte d'anniversaire en avril suivant nous n'aurions plus eu aucun contact.

Cela lui aurait évité d'envoyer un chèque de quatre cents euros à mon fils pour ses vingt ans en lui donnant une foule de petits renseignements sur sa vie quotidienne et en glissant incidemment parmi eux «J'aimerais bien avoir un ou deux coups de fil par an; sinon je considèrerai que tu as "rompu les ponts" avec moi. Cela me fera de la peine mais tant pis.»
(Sur le fond elle n'a sans doute pas tort, à cela près que que c'est plutôt contre-productif. Il faut savoir que C. ne peut pas toucher à la télé parce qu'il a cassé la télécommande quand il avait sept ans et qu'elle lui dit quand elle le voit qu'«il lui fait peur» parce qu'il fait un mètre quatre-vingt-cinq et elle moins d'un mètre cinquante.)

Désarçonné, choqué parce qu'il ressent comme du chantage moral1 (du moins je le suppose, puisque pendant ce temps j'étais à Porto), C. montre la lettre à son père qui, fatigué par sa semaine mais aussi par vingt-six ans de ce genre de relations2 et formaté par notre vieille éducation qui veut que nous respections nos aînés, se met à chapîtrer C. sur son égoïsme et autres défauts (apparemment ce fut un panorama large et complet de tous les défauts qu'il trouve à tout le monde sauf à lui-même, dans la grande tradition proustienne3).

— Merci beaucoup, charmant anniversaire.
Désorienté par cette semaine de quatre jours, H. pensait être jeudi et l'avait oublié.


Notes
1 : C'est une vieille coutume familiale.
2 : date à laquelle nous nous sommes rencontrés
3 : «Et à la mauvaise habitude de parler de soi et de ses défauts il faut ajouter comme faisant bloc avec elle, cette autre de dénoncer chez les autres des défauts précisément analogues à ceux qu’on a. Or, c’est toujours de ces défauts-là qu’on parle, comme si c’était une manière de parler de soi, détournée, et qui joint au plaisir de s’absoudre celui d’avouer. D’ailleurs il semble que notre attention toujours attirée sur ce qui nous caractérise le remarque plus que toute autre chose chez les autres.» A l'ombre des jeunes filles en fleurs Noms de pays: le pays (Je lis Proust comme une histoire de famille.)

Porto

Journée de flâneries (la mer, le tramway, Sébastien, Henri le navigateur qui n'a peut-être jamais navigué, la numérotation des rois d'Espagne et du Portugal, les statues de gens que je ne connais pas) et surtout d'un temps incroyablement long (quatre heures?) passé à table à discuter à partir de RB par RB (beaucoup digressé, malgré tout).

Les skiffs sur le Douro, très beau fleuve, si étal, donnent envie de ramer, là, tout de suite.

Je n'ai pas les bonnes chaussures. La ville peut se faire incroyablement abrupte. Beaucoup d'immeubles sont très abîmés, mais le carrelage reste bleu. Nous avons tant discuté que les églises sont fermées. Vers le soir avec la nuit qui tombe, coup de blues.



En rentrant, un mail me sert le cœur.
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