Pont

Troisième jours de suite sans aller travailler : des vacances, quoi.

Un peu de rangement, un peu de ménage, un peu d'allemand. La jardinier (super Mariola pour les intimes) est passée et a confirmé mes soupçons: certains arbustres en fleurs ne devraient pas l'être.
Il y a même des papillons.

Soleil

Sortie en double avec Armelle sous un soleil glorieux (short et tee-shirt). C'est comme si nous avions ramé ensemble toute notre vie. Voilà qui me console de ma sortie brutale avec Peter jeudi dernier.

Déjeuner dans le jardin (fin octobre: je le note car nous sommes fin octobre).

Coup de fil de mon beau-père, trente-huit mille grues au lac du Der.
— Il y a assez de poissons pour nourrir tout ça?
— Elles ne mangent pas de poissons, elles dévastent le maïs, les agriculteurs sont indemnisés mais ils ne sont pas contents.
— De toute façon je n'ai jamais vu un agriculteur content.

D'autres grues au-dessus des Landes.

Fausse grasse mat'

O. a un partiel ce matin. Heureusement que je me suis réveillée spontanément car son réveil n'a pas sonné. Décidément, leurs examens m'angoissent plus qu'eux.
En rentrant de la gare, je glandouille un peu puis me recouche. Journée de lecture régressive.

15/365 - écran rouge aux Halles

Matin: RAS
RER D à 7h43. Ligne 14, puis 12 puis 8 (Invalides).


Vers 17h45 : ligne 8 puis ligne 1. Je sors station Louvre.

Soir.
19:10. Quai du RER D aux Halles. Annonce sur fond rouge: «Prévoir un allongement temps de parcours de 15-20 minutes sur votre ligne et ce jusqu'à 21h. La cause des personnes dans les voies et une panne alimentation électrique à Paris Nord.»



Il existe deux types de RER D pour rentrer chez moi: des rames qui traversent Paris et effectuent un trajet nord-sud (zaco), et des rames qui partent de gare de Lyon (zico - ajoutés aux zaco aux heures de pointe).
Cette annonce signifie qu'il y a des problèmes sur les RER qui viennent du nord. L'inquiétant, c'est qu'aucun train n'est indiqué à l'écran. Je décide donc d'aller gare de Lyon pour tenter de prendre un zico s'il y en a encore à cette heure-là.

Donc RER A aux Halles, descente gare de Lyon, accès au quai du RER D (très rapide, juste un étage au dessus).
Il y a bien une rame à quai, elle part dans trois minutes (19h23). Elle est si pleine que je pense ne pas pouvoir y monter. Je réfléchis que je ne sais pas quand passera la suivante: je suis fatiguée, il faut que je monte dans ce train. J'observe alors qu'il paraît y avoir de la place de l'escalier (ce sont des double-deck, voiture à étage), monte, explique que je veux atteindre l'escalier, avance, ce n'est pas si serré…
En fait il y a encore de la place, le couloir central est vide, il y a même deux places assises!
Je me retourne, regarde vers le bas, dis: «Vous exagérez, il y a encore plein de places». J'encourage les gens sur le quai: «Venez, il y a de la place». Je m'attends à des protestations, personne ne dit rien, la foule silencieuse s'écarte (elle ne choisit pas de monter, ce qui est pour moi incompréhensible, car on est mieux en haut) pour laisser passer de nouveaux voyageurs.

Retour sans problème (je veux dire dans les temps, sans durée excessive).

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PS : Question à un mal-voyant :
— Mais comment fais-tu pour t'y retrouver dans les correspondances?
— Je demande aux gens. A Paris il y a toujours du monde, ce n'est pas comme dans ma banlieue où j'attends parfois vingt minutes tout seul… Il y a un site super bien fait qui décrit tout précisément, métro connexion, je l'étudie avant de partir.

Dernier colloque des Invalides

sur le thème «Dernières RàB» (Rubriques à Brac, ça tombe bien, tout le monde connaît parmi les gens rencontrés aujourd'hui): Jean-Jacques Lefrère, l'organisateur "sur place", est mort sans remplaçant à ce jour (tandis que Michel Pierssens est au Canada et Jean-Paul Goujon à Séville… cela ne simplifie pas l'organisation); d'autre part nous apprenons que le centre culturel canadien ferme pour deux ans et rouvrira ses portes dans le VIIIe: plus d'organisateur et plus de site parisiens, la fin d'un époque.

Colloque des Invalides, Blitz-discours, de cinq minutes: c'est la troisième fois que j'y assiste, toujours pour écouter Elisabeth, et cette année, Tlön était également dans l'assistance.

Je résume les interventions sur l'autre blog (celles où je n'étais pas en train de digérer, deux ou trois m'ont échappé) et me contente de quelques bribes relevées au cours du déjeuner:
— Le problème de Guillemin, c'est qu'il veut tout le temps avoir raison.
— C'est le cas de tout le monde, non?
— Tu as raison.

Alain Chrevrier a présenté une couronne de sonnets haïtiens d'Emile Roumer, c'est l'occasion de parler d'Haïti et d'un illustre ancêtre de Tlön, tandis que le professeur Lassalle évoque Saint-Céré qui semble être le Berditchev français (tout le monde vient de Saint-Céré, est passé par Saint-Céré…). Le professeur se souvient de ses années de provincial, quand sa vie tenait à sa correspondance échangée avec les surréalistes… Il regrette qu'un Roubaud, par exemple, ne réponde pas aux lettres, quasi par principe.

Il faut lire Stello.
Cocteau prince des poètes, puis Maurice Carême!
Plus de poètes à l'agrégation: «L'année où il y a eu Gracq… Les élèves ont eu les pires problèmes.»

A ma droite, deux jeunes professeurs spécialistes de Lautréamont, doctorants, enseignent en Bretagne. Le grand poète de l'entre deux-guerres? Desnos. Un poète contemporain? Guy Goffette.


En fin de journée, je passe à la librairie sino-japonaise Le Phénix pour acheter une méthode pour écrire le japonais (c'est pour offrir).
En revenant prendre le métro aux Halles, je passe à la bibliothèque de la Canopée. Je suis un peu déçue, elle est toute petite (enfin, plus que ne le laissaient penser les photos). je découvre sur un présentoir des livres pour apprendre le français et s'entraîner au TCF, «test de connaissance du français pour acquérir la nationalité française». Je ne savais pas que cela existât:
Proposé depuis janvier 2012, le TCF pour l’accès à la nationalité française (TCF ANF) a été spécifiquement conçu pour répondre aux nouvelles dispositions introduites par le ministère français de l’intérieur (décret 2011-1265 du 11 octobre 2011) fixant au niveau B1 oral (épreuves de compréhension et d’expression orales) le niveau requis en français pour les postulants à la nationalité française.
A côté de la bibliothèque se tient un café de hip-hop et une salle pour danser.
Les escaliers qui descendent au métro forment comme un vaste amphithéâtre (mais les mesures de surveillance anti-terrorisme ne permettent sans doute pas l'ample circulation qui devait être prévue par l'architecte). Tandis que je traverse ces lieux mille fois empruntés, je reconstitue le fantôme de leur disposition disparue.

13/365 - affichage faux, informations non informées

Le panneau d'informations lumineux érigé sur le quai dirigé vers la rue qu'il surplombe a été réparé. Il était en panne depuis août. Il nous manquait, car selon ce qu'il affiche (train dans cinq minutes, à l'approche, à quai (non, un train "à quai" n'est pas immédiatement visible, il est à "l'approche rapprochée"), nous passons en mode voltige (O. descend de la voiture, éventuellement, si c'est lui qui conduit, en me laissant le volant, pour aller prendre le train précipitamment pour être à l'heure en cours) ou nous allons calmement nous garer ensemble.
(Réussirai-je à rendre compte des multiples incidents et décisions qui émaillent le quotidien banal des transiliens-franciliens?)

Matin: RAS
RER D de 8h13. RER A, ligne 1.

Soir:
Ligne 1, RER A.
En arrivant gare de Lyon, je me dis que je ne vais rien avoir à raconter (tant mieux).
Mais non. Innovation, nouveauté: 19h57, message sur fond violet (d'habitude c'est sur fond orange, il doit y avoir un code de couleur). «Une maintenance sur vos écrans en gares peuvent afficher des mentions erronées. Nos équipes techniques sont sur place. Soyez attentifs aux annonces en gares».
C'est la première fois que je vois un message sur ce thème. Si les informations sont fausses, ils feraient mieux d'éteindre les panneaux.
Là où ça devient quelque peu angoissant, c'est que la voix "des annonces en gare" nous annonce… qu'elle ne peut rien nous dire, car les écrans dont elle dispose sont également fautifs.
J'espère malgré tout que quelqu'un sait où sont les trains… que le système qui régule le trafic n'est pas sur le même circuit que les écrans (c'est totalement improbable, voire impossible, mais c'est déstabilisant, cet affichage qui nous dit que les panneaux sont faux, qu'il faut écouter les annonces, et les annonces qui nous disent qu'elles n'ont rien de mieux à nous offrir que ces mêmes informations fausses.)

Le train passera à 20h13 après avoir été affiché à 20h10. C'est tout à fait acceptable. En résumé, des trajets corrects matin et soir, mais une communication étrange.

Projets

Ce moment terrible où tu t'aperçois que tout ce que tu as à raconter concerne des détails de boulot… Trop fastidieux (encore un conseil d'administration étrange, genre En attendant Godot. Le problème, c'est qu'il y a des dates limites à respecter (le temps des paramétrages informatiques, mise en prod, envoi de courriers d'information) si l'on veut faire des modifications pour 2017. Sinon il faudra attendre 2018…)

Quelles nouvelles ?
- je continue Lord Jim;
- demain j'irai voir Médée mis en scène par Alexandre, le mari de Matoo;
- vendredi j'irai écouter Elisabeth au dernier colloque des Invalides;
- le 5 décembre il y aura une lecture de Sauvé d’Alfhild Agrell à la bibliothèque la Nordique (chic, une bibliothèque inconnue) 6 rue Valette.

12/365 - retard minime, message incompréhensible

Matin. RER D 8h57. "Vide" (comprendre : places assises en quantité suffisante).

Retour. ligne 1. Des retards annoncés mais sans conséquence concrète.
RER A.
RER D de 19h35 annoncé à 19h39. Passe à 19h43.
Ce qui est incompréhensible, c'est le message sur l'écran: «Prévoir un allongement du temps de parcours de 10-15 minutes au passage de Saint Denis et ce jusqu'à 18h30. La cause une personne suicidaire dans le secteur de Saint Denis».
Or:
- Saint Denis est dans l'autre sens, nous ne le traverserons pas, nous lui tournons le dos;
- il est 19h30;
- qu'avaient-ils l'intention de faire? Faire la chasse au suicidaire?

A part ça, rentrée sans problème.

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Par ailleurs une amie enceinte de sept mois m'a raconté que l'autre jour sur le quai de la ligne 13 vers dix heures elle désespérait après avoir laissé passer trois rames bondées sans pouvoir y monter. C'est alors qu'une quatrième est entrée en station. Le conducteur a vu mon amie et lui a fait signe, l'a fait monter dans la cabine à côté de lui: «parce que je les connais, ces cocos, jamais y vous laisseront monter».
Il lui a dit qu'il passait tous les jours à cette heure-là; hélas, pas elle, c'était exceptionnel qu'elle soit là.

Expérience

Après quelques semaines (combien? depuis la dernière mise à jour de mon téléphone qui m'a proposé de suivre mon sommeil en me levant tous les jours à la même heure avec un minimum de sept heures par nuit), il faut se rendre à l'évidence: si je dors sept heures par nuit, je n'ai plus le temps de rien faire.

Donc retour au n'importe quoi géré n'importe comment. C'est plus simple.

11/365 - voiture décorée

RAS. (Vacances de la Toussaint : moins de voyageurs?)

8h30. RER D, puis A. ligne 1. Le wagon de la D est joliment décoré, sur le thème de films dont le titre contient le nom de Paris. Je voudrais plus de voitures (pas "wagon", je vais encore avoir des remarques) décorées, c'est joli, pimpant, ça capte l'attention, détourne les pensées moroses (mais je n'en avais pas).
18h20. ligne 1 puis 12
22h20. ligne 4 puis RER D

Memento mori

22 heures 30, arrivée à Yerres. Trois blackettes descendent devant moi sur le quai. L'air est chargé d'humidité mais il ne fait pas froid. La discussion est animée, j'aperçois sur un portable un visage noir genre Diana Ross et une épaule dénudée.
— Mais elle a quel âge ?
— Comme nous, elle est de 89.
— Y peuvent dire tout s'qu'i veulent, nous on sort mais nous on f'rait jamais ça.
— C'est des gens y z'ont pas peur de Dieu.
— Oui, y pensent pas à la mort.

Je passe, étonnée.

Dimanche bleu et gris

Matin magnifique, à l'égal de la semaine dernière. Arbres plus flamboyants. Je suis arrivée tard, presque à dix heures, mais les habitués m'ont encouragée à sortir en skiff, sans ressentiment. Mes deux clubs sont vraiment différents, entre celui où le skiff est considéré comme une occasion à ne pas manquer et celui où il est considéré comme un risque à éviter.
Je rame. Je divague. Je convertis l'année en durée de vie: neuf ans pour un mois, en commençant par avril, printemps jusqu'à vingt-sept ans, été jusqu'à cinquante quatre, automne jusqu'à quatre-vint-un. Il faut bien s'occuper (c'est le feuillage des arbres qui m'intrigue, cette flamboyance qui met en relief leur personnalité vers la fin comme jamais auparavant).

Après-midi pluvieux.

Messe. Pas de haussement de sourcil mais une question:
— Mais tu crois vraiment en Dieu?
— Oui.
— Ça paraît tellement absurde...
— Je sais. Je comprends. Il est beaucoup plus facile de comprendre ta position que la mienne.

A la sortie de la messe, trois policiers nous font une haie d'honneur. Cela surprend. (Vraiment, à quoi serviraient-ils, que se passerait-il, si vraiment il se passait quelque chose? C'est curieux, de se poser cette question.)
Je me fais rattraper par l'histoire: longtemps j'ai dit pour embêter H. que lorsque je serai vieille je serai "dame du catéchisme". Il faisait semblant de grommeler pour ne pas me décevoir car il n'y croyait pas vraiment — et moi non plus, car cela transporte sa petite image vieillote qui m'amuse et me repousse tout à la fois.
… sauf qu'on vient de me demander d'aider des parents un peu dépassés, un groupe de dix familles.
Je n'ai pas osé l'avouer à H. Je l'ai dit à Olivier.
— Et tu as dit oui ?
— Bien sûr.
Il réfléchit, évalue la future guerre froide dans la paix familiale.
Bast, on verra bien.

Taxi

— Tu aurais vu la tête du client à l'arrière… Trôôôômatisé !!
— Ah ouais, t'as raison, matisé à l'excès il était.

Samedi à Paris

"Rendez-vous pédagogique" après les trois mille kilomètres de conduite accompagnée. H. et moi y assistons tous les deux, et j'ai bien peur que nous ayons été très bavards.
Je crois que le moniteur d'auto-école s'est bien amusé en essayant de surprendre O entre Bièvres et Issy-les-Moulinaux. La façon dont des quatre voies côtoient des quasi-chemins de campagne en région parisienne est étonnante.

Commentaire du moniteur: «le travail a été fait».
Le permis se passe dans le centre de Villacoublay. Examen le 26 novembre. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'y a aucune insistance sur les manœuvres (le sacro-saint créneau a disparu des préoccupations): tout se concentre sur la façon de circuler, de se positionner dans la circulation, de changer de direction, de dépasser, etc.

Emplettes. Achat de chemises aux manches extra-longues (pas si simples à trouver : Café coton).

Moi et Mitterrand au théâtre du Rond-Point. On rit — mais ce récit est pathéthique. ("La lune est plus importante que le soleil car c'est la nuit qu'on a besoin de lumière.")

Le fils prodigue

Le thème de cette année est "De l'avantage de lire en grec" : il s'agit de se rapprocher des mots et de leurs racines (sous-entendu: de s'éloigner des traductions auxquelles nous sommes habitués — c'est tout l'enjeu de traduire des textes que nous connaissons par cœur : leur redonner une fraîcheur perdue).

Aujourd'hui nous avons étudié "Le fils prodigue" (Luc 15, 11-32). Je vous livre quelques remarques de cours (sans utiliser l'alphabet grec que mon blog ne permet pas).

(Auparavant, un commentaire sur Luc 15, 8-10, "la drachme perdue": c'est le seul endroit du nouveau testament où cette unité de valeur, la drachme, est utilisée. C'est sans doute un reste du passage des Grecs, un mot qui date de l'époque de Jésus. A l'époque de la rédaction des évangiles, on utilisait "denier" (on trouve aussi talents)).

Luc 15, 15. kollao : traduit ici par "s'engager auprès de" (trouver un emploi). Vient de coller, glu, verbe très fort. Certains exégètes contemporains en ont tiré parti pour émettre des hypothèses sur les relations entre le fils prodigue et son employeur.

Luc 15, 16. to keration : la graine de caroube : a donné carat.

Luc 15, 18. amartano : littéralement, rater sa cible; d'où moralement, rater son but; d'où pécher.

Luc 15, 20. splagcvizomai : remuer par les sentiments. Pour les Grecs, splagxa, c'est les entrailles. Dans Homère, ce sont les entrailles des bœufs du soleil que font rôtir les compagnons d'Ulysse. Alors que pour les Hébreux, le ventre, c'est plutôt celui de l'amour, la mère, la terre. Ici, il a fallu trouver un terme grec pour traduire une notion hébreue.

Luc 15, 23. thuo : sacrifier. Le sens a glissé pour devenir tuer. On sait que ce mot avait un contexte sacré car thus, c'est l'encens.

Ajoutons que Diogène ne vivait pas dans un tonneau («car le tonneau, c'est grec») mais dans une amphore.


Ces quelques notes pour essayer de rendre compte de l'atmosphère de ces deux heures mensuelles, qui sont une source de joie renouvelée.

5/365 - train court après un train supprimé

Matin.
8h10. Un train supprimé. Le suivant est un train court.
Comment expliquer la situation aux lecteurs qui n'ont jamais attendu de RER? Si vous n'avez pas repéré que le train était court, vous attendez sur une partie du quai où aucune voiture ne s'arrêtera devant vous. Donc il vous faudra courir vers les premières voitures. Tous les passagers sur la partie de quai inutilisée vont courir avec vous pour tenter de monter dans la première voiture qu'ils vont atteindre (car le RER ne va pas tarder à repartir, vous avez au plus deux minutes pour monter dans une voiture). Celle-ci sera mécaniquement bondée. Mais si le train précédent a été supprimé, non seulement il y a plus de voyageurs sur le quai, mais la voiture est déjà pleine de tous les voyageurs montés aux arrêts précédents. Donc la masse de voyaguers courants arrivera devant des portes saturées.
Bref, le train court après un train supprimé à une heure de pointe est l'une des grandes inventions sadiques de la SNCF (le RER D appartient à la SNCF et non à la RATP).

Je laisse O. tenter sa chance (il a cours) et j'attends le RER suivant. Il est si plein que je ne monte pas dedans. Je prendrai le suivant.
J'arrive au bureau deux heures plus tard.

14 h. Ligne 1, ligne 6 (métro St Jacques). (J'ai oublié mon pass Navigo, j'utilise des tickets de métro, donc pas de Vélib aujourd'hui (pas de regrets: il pleut)).

18h30. Retour. Ligne 6 puis ligne 4 parce que des ralentissements sont annoncés sur la B à cause d'un colis suspect.
La station Denfert-Rochereau de la ligne 4 est décapée jusqu'à la roche, on dirait une caverne. Ce n'est pas désagréable. (J'apprendrai plus tard qu'elle va être vitrée (comme l'est la ligne 1) pour régulariser le trafic et empêcher les suicides.)
Comme je me suis trompée de sens, il faut que je change de quai. J'ai la flemme et vais prendre le RER B malgré tout. Les ralentissements annoncés ne se font pas sentir.
Le retour se passe sans anicroche.

Déplacé

Nous continuons à traduire le premier discours de Schleiermacher.
Je note deux ou trois remarques.

Les deux bêtes noires de la théologie libérale sont les juifs et les catholiques: les juifs parce qu'ils ont rejeté le Christ, les catholiques parce qu'ils ont travesti son message. Rome et Jérusalem.
La conséquence est que les deux sont souvent mêlés dans les comparaisons négatives et les accusations de Schleiermacher. Mais aujourd'hui, au début du XXIe, les traducteurs de l'allemand n'osent plus traduire «juifs» par «juifs» mais utilisent «hébraïques». «Alors que la théologie libérale n'était pas antisémite. L'antésimitisme n'est apparu qu'à la fin du XIXe.»

A un moment je me moque de la catho (comprendre "l'institut catholique de Paris") en disant que le grand mot des professeurs est "déplacé", l'important, c'est le déplacement: «comment ce texte vous a-t-il déplacé?», «est-ce que vous avez été déplacé?». Je pensais faire rire mes congénères protestants avec cette remarque, mais à ma grande surprise, ils m'avouent qu'ici aussi, à l'IPT, le même mot est utilisé. Le prof suppose que ce vocabulaire remonte à l'époque de la grande vogue de l'école de Palo Alto.

Dimanche radieux

Ramer le samedi ne semble pas s'insérer naturellement dans mes semaines. Hier, encore un empêchement. Ce matin, un doute, y aller ou pas? Mais il faut y aller chaque fois que c'est possible puisque je ne peux prévoir ce qui surgira à la fin de la semaine suivante. Prendre ce qui peut être pris. Le héron. (La Fontaine)

J'arrive vers neuf heures moins le quart. Déjà le quatre de pointe vétérans est en train de rentrer, mais à quelle heure sont-ils sortis?

Nous sommes quatre, Bruno ne peut pas ramer, une rameuse préfère l'ergo (drôle d'idée), Philippe et moi sortons en skiff.

Le temps est magnifique. je n'ai pas vu passer septembre, les arbres commencent à se différencier, quelques rouges éclatants (une sorte de vigne), des jaunes, les verts foncent. Jambes nues encore, manches longues. Au retour, je regrette de ne pas avoir pris de casquette, quand la lumière se reflétant sur l'eau éblouit de face. Philippe et moi ramons à la même vitesse. Je le soupçonne de ne pas être très à l'aise (il plume) mais avoir préféré cela à monter en double avec moi dont il ne connaissait pas le niveau. Tant mieux, j'ai vraiment envie de faire un maximum de kilomètres en skiff avant l'hiver, le courant trop fort, le gel, le brouillard…
Encore cet ennui d'avoir abandonné "ceux de dix heures", je leur en veux de ne pas avoir davantage d'ambitions techniques, de désir de progresser, mais je sais que ce n'est que le reflet de mon sentiment de trahison: leur en vouloir est plus simple.

Cela me permet d'arriver à la messe de onze heures et demie. C'est un nouvel horaire proposé depuis deux ou trois ans, je n'en reviens pas du nombre de messes à Yerres : quatre chaque week-end. Le prêtre vient d'Amérique latine. J'avoue ici que cela me permet d'aller à la messe "invisiblement": je suis partie à l'aviron alors que tout le monde dormait, je reviens à midi passé comme avant; le fait que je sois partie bien plus tôt n'est pas vraiment perçu.
L'harmonie familiale y gagne (j'échappe au froncement de sourcil ou au haussement d'épaules, plus ou moins exaspéré selon les semaines), l'inconvénient est de ne pas affirmer ma foi (mais cela n'a jamais été ma pente. Pour moi la foi relève de l'intime, cela ne s'étale pas, comme tout ce qui est précieux.)
Par ailleurs, cette messe à cet horaire fait écho à celle que je suivais à la basilique de Blois, le dimanche après un cours de tennis. Il y a dans cet enchaînement du physique et du spirituel un lien naturel, logique, de l'ordre de l'exultation.

Vers le soir, ménage et rangement en écoutant Andromaque sur France Culture. Il est prévu que tout Racine soit diffusé. Quels beaux dimanches en perspective.

L'anaphore de St Jacques

TG sur la prière eucharistique. Etude de l'anaphore (offrande) de saint Jacques. (Il faut bien avouer que j'adore tous ces mots : anaphore, épiclèse, euchologie, scrutin,…)

Cette anaphore est une prière eucharistique orientale des premières siècles chrétiens. Le dossier que nous avions à préparer l'étudiait à la fois par rapport aux autres prières contemporaines, au catéchisme de Cyrille de Jérusalem, mais aussi à la prière juive du vendredi soir: différences et ressemblances.

Je reste stupéfaite de voir à quel point cette prière a traversé les siècles inchangée (juqu'à Vatican II, l'Eglise utilisait une prière fixée… par Ambroise de Milan). Rendre vivante la tradition, adapter pour conserver, la tension est permanente (j'avais aimé ces mots de JH Newman cités en cours et dont je n'ai pas la référence exacte: «il faut beaucoup changer pour rester fidèle».)

Il est sidérant de constater à quel point chaque mot compte, est pesé, renvoie à un geste ou une histoire (la lutte contre les arianistes, les marcionistes, etc.) Rien n'est là au hasard ou pour remplir les blancs, tout signifie.
Qu'est-ce que ces études ont changé? A cette question qui me laisse coite, je peux peut-être avancer aujourd'hui: elle a redonné du poids aux mots, moi qui après ma (dé)formation à Sciences-Po ne croyais plus au sens, persuadée que tout était tordable à volonté, entre politique et marketing, pour démontrer n'importe quoi (et même les chiffres se manipulaient): non, il reste des lieux où et des gens pour qui le monde et les mots ont un sens, qui utilisent les mots pour dire quelque chose de précis qui coïncide avec une foi. Cela a fait, cela fait, reculer le cynisme.

1/365 - plan B un jour d'examen

Allez, moi aussi je tente un défi à base de 365 ou 366.

Un an de transports en commun, à titre statistique : cela est-il aussi chaotique que je le ressens, ou n'est-ce qu'une illusion due au fait que les anomalies et incidents marquent davantage?

Autre raison : je suis agacée par les discours moralisateurs de ceux qui ne prennent jamais les transports en commun. Ce n'est pas l'enfer parce que dans l'ensemble, à l'heure où je les emprunte, il y a une bonne ambiance, de fatigue, de lassitude, d'exaspération partagée et résignée — donc ce n'est pas l'enfer parce que nous vivons ensemble dans une certaine fraternité de gens malmenés partageant le même sort, mais ce n'est pas fiable et c'est très fatigant.

Trajet quotidien de base (référence de travail pour les stats):
Yerres (RER D) - Paris VII (métro Bibliothèque ligne 14) pour O. Durée attendue: 45 minutes à partir du moment où il monte dans le RER D.
Yerres - La Défense (esplanade de la Défense) pour moi. Durée attendue: une heure à partir du même moment.

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Matin :
Problème sur le RER D ce matin à huit heures.
Heureusement, comme O. a un examen, il avait prévu de partir plus tôt. Nous décidons d'aller prendre le RER A à Boissy (ce qui nous permet d'évoquer la vie de Beethoven en écoutant France Musique. O. me dit qu'il [Beethoven] se serait laissé mourir de faim. C'est la première fois que j'entends ça.)
O. aura dix minutes de retard. Départ de la maison 8 heures, arrivée en cours à Paris VII 9h40 (donc 1h40 contre 45 mn attendues).

Pour moi : RER A puis ligne 1 le matin.
J'arrive à dix heures passées (j'ai pris un RER plus tard le temps de garer la voiture et je vais plus loin. Deux heures de trajet au lieu d'une.)

Soir :
Ligne 1, ligne 7 pour aller au pot vers 19h30.
Vélib pour la gare de Lyon, ligne A pour rentrer (23h).
La ligne A est plus longue (pas en trajet, en durée: omnibus) et le temps de trajet gare-maison est également plus long.

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Je me demande vraiment si cela peut être compréhensible pour un non-parisien. Est-il important de comprendre le détail pour relever l'esprit?

Un pot de retraite

Retrouvé tous les potes de l'Oulipo… Amusant, personne n'en avait parlé hier: parce que nous ne savions pas qui était invité ou parce qu'il était inutile d'anticiper?

Une bonne soirée (elles le sont toujours, ce n'est pas une surprise) à parler de morphine (ceux que ça rend malades et ceux qui adorent les hallucinations), de marijuana bio (cultivée dans le jardin), d'opium (marcher littéralement à côté de ses pompes, cela paraissait très yogi comme expérience).
Hommage appuyé aux équipes de l'hôpital Beaujon, aux professeurs magiciens, qui travaillent dans des bâtiments qui se délabrent de jour en jour…

(Bon, nous avons parlé d'autres choses, mais toujours pas de Dylan.)



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Passé à Neuilly pour acheter du papier cadeau. La petite librairie-papeterie a fermé, remplacé par un restaurant japonais. J'y avais acheté L'Ultime Auberge, un peu par hasard.
J'ai enveloppé mon cadeau dans du papier kraft. Tant pis. Je suis heureuse d'avoir sans doute trouvé la bonne personne à qui offrir La Vie immortelle d'Henrietta Lacks.

Oulipo

Je sèche la séance (je suis en retard) et m'installe à la BN dans une salle en libre accès pour trois quarts d'heure d'allemand (reprise du Schleiermacher de mardi. Structure paulinienne (vous n'êtes pas mais je suis… ; mais si je ne suis pas alors vous êtes…; cependant si je suis vous êtes…; etc) et rhétorique: c'est si étrange de consacrer deux pages à interpeller ses lecteurs, sans entrer dans le vif du sujet. Aujourd'hui nous sommes davantage Cut the crap et tant pis pour la captatio benevolentiae.

(Tant pis, tant pis: la faute à Guillaume.)

Conversations à la volée:
— … L'Art d'avoir toujours raison, c'est très intéressant.
— Mon mari, enfin ex, aurait pu l'écrire. Moi, j'aurais pu écrire l'art d'avoir toujours tort, j'ai eu tort pendant trente ans.
— Evidemment, quelle idée, tu as eu tout faux dès le début. Dire oui a été la première erreur.

— La procratination pour les nuls : il l'a enfin écrit !

— Parfois c'est difficile à comprendre: j'ai lu dans un groupe FB "tu sais que tu fais de l'aviron quand…" un jeune rameur qui racontait qu'il avait été attaqué par un signe. Il m'a fallu un moment pour comprendre que ce n'était pas Derrida qui avait encore frappé.
— Ma mère qui était prof de dessin au collège est revenue un jour très émue: elle avait lu un graffiti sur une table «j'aime les verts». Elle avait trouvé ça si beau de la part d'un enfant si jeune, pas «j'aime le vert», mais «les verts»… Il lui a fallu une nuit pour comprendre qu'il s'agissait de foot.

— Je vais aller en Russie en décembre. C'est compliqué d'obtenir un visa. Je suis invitée dans la famille de ma belle-fille, mais si je dis que je vais chez eux, il faut qu'ils fournissent deux ans de justificatifs de revenus pour prouver qu'ils peuvent me nourrir… alors j'essaie de trouver un hôtel fictif, j'étudie internet.
[…] Non, ils ne parlent pas anglais. Apparemment c'était très politiquement incorrect de suggérer qu'ils puissent apprendre un peu d'anglais.

(Mais toutes les raisons de rire, si nombreuses, m'échappent.)

D'Obama à Donald Trump

Guillaume et moi lisions le même article de Courrier international. Mais tandis que lui relevait un point de traduction, j'obtenais enfin l'explication d'un mystère: comme pouvait-on passer d'Obama à Trump, comment la même population pouvait-elle faire un tel grand écart?

La réponse était pourtant évidente: il ne s'agit pas de la même population. Ceux qui plébiscitent Trump sont les Blancs qui ne supportent pas qu'un Noir puisse être meilleur qu'eux.
[…] On peut difficilement interpréter l'histoire des Etats-Unis — ou décoder l'élection présidentielle de 2016 — sans se référer à la lutte entre les Blancs pauvres et les descendants des premiers esclaves. Lyndon B. Johnson, qui est arrivé à la Maison-Blanche un siècle après la guerre de Sécession [en 1963], en a saisi les conséquences politiques de manière frappante. "Si vous pouvez convaincre l'homme blanc le plus médiocre qu'il vaut mieux que l'homme de couleur le plus talentueux, il ne s'apercevra pas que vous lui faites les poches, a déclaré le trente-sixième président américain. Diable, si vous lui mettez sous le nez quelqu'un à mépriser, il videra même ses poches pour vous." […]

«La revanche des "white trash"» dans Courrier international HS septembre-octobre-novembre 2016. Traduction d'un article d'Edward Luce paru dans le Financial Times le 15 juillet 2016
J'aurais dû m'en douter. C'est un problème courant en entreprise pour une femme : ce que ne supportent pas certains hommes, c'est qu'une femme soit aussi, ou (horreur) plus intelligente qu'eux.
(Cela peut déborder l'intelligence et se placer sur d'autres plans: je sais par exemple qu'il y a peu de chances que je convainc mes collègues de venir ramer. Vu ma position étrange dans l'organigramme, où je ne côtoie que des directeurs sans en être un, je sais qu'aucun n'acceptera de, ne songera même à, venir débuter dans un domaine que je maîtrise. J'ai évoqué cette situation une fois dans le vestiaire: toutes les femmes présentes, de tous âges, ont toutes très bien compris ce que je voulais dire.)

Bref.

Si Hillary Clinton est élue… Nathan songeait pour le futur à Michelle Obama. Si cela devait se réaliser, je me demande quelle monstruosité pire que Trump l'Amérique exhumerait ensuite.



PS: deux jours plus tard, un discours de Michelle Obama.

Déjà octobre

Je me rends compte en faisant quelques recherches (pour retrouver la date du type incompétent de décembre dernier: le 18 décembre, donc) que j'ai beaucoup de billets dont je me suis dit «je les complèterai plus tard». Selon les cas je les ai alors publiés en l'état, avec des mots-clés incompréhensibes (voir décembre dernier par exemple) ou je les ai laissés à l'état de brouillon hors ligne avec quelques points rapidement notés.

J'avais l'intention de les reprendre plus tard, mais je ne sais plus vraiment à quoi ils se rapportaient. (Oublieuse mémoire).

Ciel

Un jeune homme de la plateforme d'assistance de Lille nous a installé proprement le logiciel (version client-serveur) et sa dernière version en environ trois quart d'heure.
C'est mieux que le précédent qui a passé trois jours à ronchonner pour nous l'installer de gingois, sans même songer à mettre à jour les adresses IP de nos ordinateurs qui avaient été changés. (Quand le jeune homme s'en est aperçu, il n'a pas fait de commentaire).

Blague à part, je suis soulagée. Maintenant il reste à trouver une personne qui soit désignée officiellement pour ce travail: sinon ce sera le même cirque à chaque fois.

Révolutions

Huit heures du matin. O. est parti, H. dort.
Cuisine, ciel bleu, thé. Je devrais aller ramer, il fait vraiment beau. Je suis malade. Ciel bleu, arbres verts, j'imagine les rames plongeant dans la Seine, le bruit, les couleurs, le froid, à peine. Je regrette de ne pas sentir la terre tourner sous mes pieds, tourner sur elle-même, tourner autour du soleil. Ciel bleu. Je regrette de savoir que le système solaire tourne dans la Voie lactée et de ne pas le voir ni le sentir. Je pense souvent à la place du système solaire dans la Voie lactée, un peu sur le côté, un peu à l'écart, pris dans le grand mouvement général, sur fond noir. Et pourtant le ciel est bleu.

Malade

Au lit toute la journée. Je laisse mon Harry Potter en allemand, le prend en anglais (car il faut en finir, demain c'est Schillebeeckx pour l'oral de janvier).
Je somnole, je bois de la verveine. Rien ne fait passer mon mal de tête.

Fight club.

Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

Mecmiye Alpay et Asli Erdogan

Je me pose et lis cinq jours de fils RSS (591 billets, heureusement que les blogs sont morts).

Suivant une alerte de Guillaume et suivant la méthode d'Amnesty international, je vous propose d'envoyer des cartes postales à Mecmiye Alpay et Asli Erdogan.

L'adresse est la même pour les deux:
Bakırköy Kadın Kapalı Tutukevi
C-9 Koğuşu
34147 Bakırköy Istanbul
TURQUIE


Ici, on vous propose de prendre vos cartes postales en photo pour les poster sur les réseaux sociaux avec le hastag #yazarimadokuma


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Annonce : c'est officiel, nous déménageons à Nanterre préfecture dans neuf mois à un an.

Retard

Je passe rendre le livre que j'aurais dû rendre lundi. Lundi, mardi, mercredi: ça fait deux jours ou trois jours de blocage? Je peux réemprunter vendredi ou samedi? Ou lundi?

Je quitte à regret le calme de la bibliothèque. Ouverte jusqu'à huit et demie: j'y serais bien restée. Mais H. part demain matin, je veux rentrer.

J'aurai le temps de regretter mon sérieux: pas de train aux Halles, premier train annoncé à 20h21, puis 27, puis 31, puis 37, gare de Lyon. Problème de sécurité dans le nord de la ligne, nous dit-on. Je traduis terrorisme. Mais plus tard cela devient "personne sur les voies".
Retour infernal tel que je n'en ai jamais connu à cette heure-là: aussi serrés qu'un jour de grève à huit heures du matin, et surtout, des rames qui ne se vident pas au fur à mesure de l'avancée du RER vers la banlieue, mais qui se remplissent.
Heureusement, sur la plateforme sur laquelle je me suis hissée l'ambiance est bon enfant. Un homme protège son gâteau, nous réussissons à faire assoir une jeune femme enceinte qui cherchait à s'appuyer au mur. Une femme s'endort debout sur l'épaule d'un inconnu.
Il y a tant de monde que les passagers n'arrivent plus à descendre (ça, je ne l'avais jamais vu, généralement nous sommes si contents de voir les gens descendre qu'ils arrivent toujours à se frayer un passage); une gare avant la mienne nous avons l'impression d'entendre se battre sur le quai, quelqu'un tire un système d'alarme. Quinze, vingt minutes d'attente. L'homme à côté de moi me confie qu'avant il habitait Amiens, que les voyages étaient plus faciles…
J'arrive chez moi à dix heures. Dîner, se coucher.

Chauffage

Ah non, je me suis trompée : chauffage rallumé ce matin au petit déjeuner, et non dimanche.

Après-midi de congé (tous les mardis après-midi pour l'allemand). Je rends Conrad à Malraux, je ne prends pas Les veines ouvertes de l'Amérique du Sud car j'ai prévu d'emprunter des Schillebeeckx (à l'ICP) et ça ne tiendra pas dans mon sac (mais je ne les emprunterai pas car j'ai un livre en retard ce que je ne savais pas. Je suis agacée: un retard, c'est autant de jours d'interdiction d'emprunter que de jours de retard. Zut.)

Allemand (à l'IPT), traduction de Schleiermacher. Complet contresens sur les deux phrases que je devais traduire du fait de mon absence la semaine dernière. Les contresens me donnent toujours l'impression de frôler la folie. Un contresens, c'est très effrayant.

J'ai fini Janouch. Je prends sans vraiment y penser, parce que c'est un livre de poche et donc dans l'étagère devant la cuisine, Harry Potter 5 en allemand.

Lunettes

Ophtalmo. Ma vue s'est dégradée mais à peine, toujours (encore) des "verres de proximité", ce qui me convient très bien.
Il va falloir que je trouve le temps de passer chez un opticien, ça m'ennuie.
Je voudrais des lunettes qui se coupent entre les deux verres, réunis par un aimant (lunettes à clipser, me dit google), afin de ne plus déformer mes montures à force de les enlever et les remettre. Mais j'ai peur que cela fasse affreusement ringard. Mais ça me fait rire. Mais je n'ai pas le temps. (A suivre…)


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A midi, j'ai refusé de monter en double avec JP parce que je voulais faire du skiff. Toujours un pang de remords devant les yeux tristes de JP. Impression d'avoir été mufle. Et j'ai à peine pu faire du skiff car Tristan m'a donné un skiff à la barre de pieds inréglable et j'ai dû rentrer après cent mètres. Si rageuse que j'ai rentrée mon skiff toute seule (c'était la première fois que je tentais l'expérience). Enfin bref.

Aviron

Je n'y suis pas allée samedi, je n'y suis pas allée tôt, je redoutais de sortir en yolette de débutants (je n'en peux plus), je suis sortie en double avec un jeune homme, ex-rameur universitaire, Joseph (prénom délicieusement suranné). Il rame un peu brutalement au prétexte "de venir pour se dépenser", dommage. Et risqué: deux ou trois magnifiques fausses pelles (note: la pelle qui ne sort pas de l'eau fait bras de levier. Le risque est de retourner le bateau comme une crêpe).
Pas de photo, encore oublié. Je crois que j'ai fait assez de photos.

J'ai parlé de mon découragement face au matériel qui se dégrade, la réponse que j'ai eu m'a fait comprendre qu'il y avait davantage de bateaux courts que je ne pensais. Il faut simplement que je ne rame plus avec les mêmes, qui préfèrent sortir cool que progresser. Cela m'embarrasse, sentiment de trahison.

Déménagement

C. déménage, emménage, un camion de douze ou quinze mètre cubes (je ne sais plus, je n'ai pas fait attention). J'ai signé la caution du bail, ça parlait d'immeuble, c'est en réalité le rez-de chaussée d'une petite maison, quatre pièces comme quatre feuilles de trèfle (le bonheur). Curieusement il s'installe à l'autre bout de la ligne de métro qui l'a vu naître, vingt-quatre ans et quatre mois plus tôt.
Voilà, ils sont seuls — et nous aussi; je n'ai jamais compris qu'ils n'aient pas été plus pressés de partir étant en couple.

Qu'avons-nous fait ce premier soir seuls tous les trois?
J'écris cela une semaine plus tard et je ne le sais plus.

Avant de partir, C. a aidé son frère à monter un bureau dans sa chambre désormais vide: O. a maintenant un meuble à sa taille, un plan de travail — et je devrais d'ici peu de temps avoir des étagères: il est temps, les livres s'empilent sur le plancher dans quelques coins.
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