Cavalcade
Par Alice, lundi 9 février 2009 à 22:11 :: 2009 :: rss
67/ Je regrette de ne pas avoir fait plus attention le 20 février 2002 à 20 heures 02.
68/ Ce jeu est addictif.
69/ La moitié de mes cheveux au naturel seraient blancs, ou gris. J'aimerais voir ça, je suis curieuse des corps, de leur vraie évolution, du travail de la nature en nous, et en premier lieu, en moi.
70/ La mort des autres me dévaste, mais la mienne m'intrigue. Je dirais bien ''«j'aimerais bien essayer»'', si ça ne paraissait pas aussi stupide.
71/ Je m'imagine un jour avec de courts cheveux bouclés aux reflets mauves (ou bleus? je n'ai pas encore totalement décidé).
72/ J'admire l'élégance de Jacqueline de Romilly, le rose de ses toilettes. C'est mon modèle pour plus tard.
73/ Qu'Edwige Feuillère était belle dans De Mayerling à Sarajevo.
74/ Slothorp m'a bien fait rire en déclarant qu'un jour, chirurgie aidant, il n'y aurait plus d'actrices pour jouer les vieilles dames, ou les vieilles femmes.
75/ Un monde sans visage de vieux me paraît sans sel.
76/ La jeunesse est belle.
77/ Nous ne savons plus la perdre.
78/ Nous ne voulons plus rien perdre.
79/ Qu'y gagnons-nous?
80/ Je n'ai jamais joué à un jeu plus égocentrique. C'est sans doute pour cela qu'il est si facile.
81/ Ce matin j'ai vu un bas opaque filé. Je ne savais pas que c'était possible.
82/ Je porte des Dim-up depuis que ça existe. La technologie a fait beaucoup de progès, ils ne serrent pas, ils accrochent.
83/ Il y a bien longtemps, j'ai changé de tenue dans un confessionnal de Saint-Leu, rue Saint-Denis. Je ne sais plus à quelle occasion.
84/ Deux ans pour vingt centimètres de cheveux. C'est long. Pouvait-on réellement constituer une dot en vendant les cheveux des filles?
85/ Imaginer que les perruques poudrées des vieux magistrats étaient constituées de cheveux de jeunes filles ou de nonnes. Impression de perversité ou de sacrilège.
86/ J'ai fini Sobrarbre.
87/ J'utilise comme marque-pages les cartes postales de Zvezdo. Celles que je préfère viennent de Russie.
88/ Je viens de râler et je suis embarrassée, j'ai des remords.
89/ J'ai été en colère de façon quasi-continue entre 2005 et 2007. Les raisons en sont obscures et multiples. Le parti de l'In-nocence de RC est l'une des raisons les plus constantes de cette colère.
90/ Je ne peux pas lire sans une table, et de préférence avec un crayon (exemple de construction foireuse).
91/ J'aime les constructions syntaxiques foireuses.
92/ Je n'aime pas la vulgarité.
93/ J'aime le mauvais goût, à condition qu'il soit outrancier.
94/ Je peux donner la date et les circonstances d'achat d'à peu près tous mes vêtements. Ma garde-robe doit avoir un âge moyen de cinq ou six ans. Peu de choses, beaucoup aimées, portées longtemps, jusqu'à tomber en lambeaux (littéralement: tissus atteignant la transparence à force d'usure, déchirures spontanées).
95/ Je pense à la phrase de Swann : «Je ne trouve pas mes chapeaux, je les garde ! »
96/ Dernière cigarette ce matin. Combien de temps?
97/ Les taches de bleueur de Doris dans Le monde de Nemo.
98/ Il y a une cadence dans ce jeu qui m'évoque les roues d'un train, les syllables martelant le souvenir. Blaise sommes-nous loin de New York, mais tu m'ennuies Jeanne et le fer à repasser ces soirées passées à repasser en écoutant des livres-cassettes j'ai commencé avec Cendrars sommes-nous loin de Montmartre il reste les samovars dans la plaine russe et les échoppes juives de New York et la lumière du salon l'odeur du linge la solitude et la lecture de Fado Alexandrino mais c'était bien avant huit ans environ les souvenirs sont toujours immédiats sans profondeur il n'y a pas de recul tout est là en ronde il n'y a qu'à fermer les yeux.
99/ Quand je ferme les yeux je suis immédiatement ailleurs. Quand je rouvre les yeux il faut un centième de secondes pour me souvenir d'où je suis (mais je ne sais pas où je suis quand je ferme les yeux).
100/ J'ai des remords concernant mon père. Je sais maintenant qu'il essayait réellement de m'aider quand j'avais seize ans. Mais ne pas vouloir d'aide et ne pas reconnaître l'aide proposée faisaient partie de mon mal.
101/ Est-ce que Madame Aubert est morte? Voilà quatre ans que je devrais lui écrire. Chaque heure perdue est grave.
102/ J'aime Marie Borel.
103/ C'est beaucoup plus facile à écrire qu'un billet. Je pourrais garder cela pour en faire une cinquantaine de billets. Mais l'épaisseur permet d'espérer que les gens ne liront pas tout (je ne devrais pas sauter de ligne).
104/ Je conduis le plus souvent pieds nus (pour ne pas abîmer mes chaussures) et d'une seule main (parce que mes voitures sont légères à la mains).
105/ Intérieusement, j'utilise souvent un langage équestre pour désigner certaines sensations (un cheval franc, une bouche légère, des postérieurs engagés sous la masse).
106/ J'ai remarqué avec amusement que je tiens les anses de mon sac comme des rênes, le pouce assurant le cuir sur l'index passé entre les deux anses.
107/ Je pense à ce jeu tout le temps, c'est devenu une manie.
108/ En cinquième, un sergent recruteur de l'armée (il n'était peut-être pas sergent) est venu au collège nous expliquer les carrières militaires. Pouvais-je devenir pilote de chasse? Non, pas les filles. Après le bac, je suis retournée poser la question. On me proposait de piloter des avions-cargos. Non, mais ils m'avaient bien regardée ?
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir posé la question concernant les hélicoptères.
De toute façon, je ne crois pas que j'aurais supporté l'armée plus de quatre secondes et demie.
109/ Où est-ce que j'ai mis mon caddie?
110/ La première fois que j'ai fait de la moto, c'était en stop en sortant du terrain de parachutisme de Royan. Il était inutile de tant se presser, c'était un dimanche de changement d'horaire, je ne le savais pas, j'avais une heure d'avance à la gare.
111/ J'aime la vitesse et la mécanique. J'aime le kart.
112/ Je regrette d'avoir vendu dans un dépôt-vente le pull que j'avais tricoté durant cette semaine à Royan. Je n'arrive pas à décider si sa couleur, mandarine légèrement scintillante, était hideuse ou layette.
113/ Malgré le froid et la neige, de nouvelles pousses commencent à apparaître sur le rosier grimpant.
114/ J'aimerais avoir un beau jardin, même une jungle plutôt que le terrain vague actuel. Si j'avais le temps, prendrais-je la peine de m'occuper du jardin?
116/ Les roses anciennes.
117/ Il est exclu qu'on touche au sapin derrière la maison.
118/ Jack London, Fenimore Cooper, James Olivier Curwood.
119/ Certains hommes semblent avoir une vision castratrice du jardinage: tout ce qui dépasse doit être coupé. Et même ce qui ne dépasse pas, car ça finira bien par dépasser un jour.
120/ Nos thuyas sont si énormes, débordent tant, que toute entreprise d'élagage passant dans la rue s'arrête inévitablement.
121/ Il faut revoir la décoration du salon. J'ai des idées. H. a peur. Il a souvent peur quand j'ai des idées.
122/ Je n'ai peur de rien. J'ai peur des gens. Je me fais peur.
123/ J'aime bien les hommes.
124/ Je me dis parfois que la vie serait plus simple avec deux planètes séparées, hommes/femmes.
125/ Ou encore plus simple, avec une planète pour moi seule, façon Petit Prince.
126/ J'aime pas les gens.
127/ Le Petit Prince m'ennuie, mais il faut bien reconnaître que je pense souvent à certaines de ses phrases.
128/ Ne compter que sur soi, et encore pas beaucoup. (Alphonse Allais?)
129/ Je fais la sieste à des heures bizarres, dès que j'en ai l'occasion: dix ou vingt minutes ou une heure et demie (pour tomber sur des cycles entiers de sommeil). (J'y vais).
130/ Je lis la Grevisse comme un roman.
131/ Mon téléphone portable me sert de minuteur, de réveil, d'appareil photo. J'envoie des SMS. Parfois, en désespoir de cause, je téléphone.
132/ La lettre de Frédéric me donne des remords.
133/ Il faut que je copie le CD de Bruno Coli pour Michel.
134/ Bureau toujours pas rangé. Il faudrait poser une journée de congé pour cela. Mais je la passerais à autre chose qu'à ranger mon bureau.
135/ Aller passer quelques jours chez D. dans le Jura en février me paraît une drôle d'idée.
136/ Je bois mon thé dans une tasse d'un demi-litre achetée en 1985 à Versailles.
137/ La soucoupe en est brisée et recollée, un éclat de porcelaine a sauté sur le bord où l'on pose les lèvres.
138/ Elle est décorée d'un vélo à la Perec.
139/ Galopent, galopent les chevaux du souvenir.
140/ Est-ce que Roland a trouvé un éditeur ?
141/ Je n'arrive plus à m'habiller le matin pour aller travailler.
142/ Je ne sais pas traire les vaches. Ma grand-mère a essayé de m'apprendre à traire les chèvres. Je n'ai pas été assez appliquée. Je le regrette.
143/ J'ai appris à monter à cheval au Maroc, sur des étalons. Mes jambes ne dépassaient pas les quartiers de la selle. J'ai pris des mauvaises habitudes.
144/ Quand on tombait, il ne fallait pas lâcher son cheval qui ne rêvait que d'aller se battre. Rentrée en France, je me suis fait gronder parce que je ne lâchais jamais les rênes, quitte à me faire traîner dans tout le manège.
145/ Les voisines, infirmières à la retraite, allaient se baigner dans la mer tous les jours, en toute saison. M. Lolmed, qui avait peur que le ciel ne lui tombe sur la tête, ou plutôt que la terre ne l'engloutisse (mais ça revenait au même) dormait dans le jardin sous une tente. Mme Bosc apprenait une fable de La Fontaine par semaine pour entretenir sa mémoire.
146/ Qui se souviendra d'eux quand je ne m'en souviendrai plus ?
147/ M. Bosc avait deux chiens deux chasse qui obéissaient au doigt et à l'œil. Quand il ordonnait down, les chiens s'applatissaient comme des carpettes et ne se relevaient que sur son ordre. C'était fascinant.
148/ Je me souviens du jour où j'ai découvert que les nuages bougeaient.
149/ Je me souviens des étoiles quand la nuit était encore noire.
150/ La poutre de ma chambre chez ma grand-mère avait un défaut qui formait une tête de chien. Quand la chambre a été refaite, ce motif a été effacé. Mais de toute façon, j'ai changé de chambre.
151/ J'ai rêvé que les châtaigniers de la ferme avaient été abattus.
152/ J'ai passé beaucoup de temps à essayer de trouver des salamandres ou des tritons dans les trous d'eau en bas de la ferme. En vain.
153/ Je regrette de ne pas avoir fait de planeur avec Paul quand il était encore temps.
154/ Il ne faut pas attendre.
155/ La première fois que je suis allée à Venise, c'était en cachette. C'était le 1er mai, les Italiens portaient des œillets rouges.
156/ J'avais emmené Fable de Venise pour tout guide. J'ai beaucoup marché, beaucoup rêvé, rien visité.
157/ Je n'ai pas aimé être enceinte (encombrant et voyant). J'ai aimé accoucher (mystérieux et incompréhensible).
158/ Les gants ne réchauffent pas les mains. Ils gardent au chaud des mains chaudes (parole de gantier).
159/ Les dames qui s'occupaient de notre blanchissage à l'internat étaient adorables. Elles reprisaient et recousaient de leur propre chef, sans se contenter de repasser.
160/ Par manque de fil, au cours d'un stage d'aviron à Cholet, j'ai reprisé des collants de sport avec deux couleurs différentes, chaîne sur trame. Cela a beaucoup plu à mes compagnes de chambrée.
161/ Quand j'entends Francis Cabrel, je pense à cette semaine de stage (une semaine de Francis Cabrel, et en particulier cette chanson que je n'ai jamais réentendue: La femme sur le trottoir d'à-côté (ou d'en face ? Je ne sais plus)).
162/ Hemingway, Thomas Mann, Saül Bellow. BU de Nanterre.
163/ Automne 1989. Périgueux et Strasbourg. Deux rivières, un même nom: L'Isle.
164/ J'ai froid aux mains.
165/ Blogguer est une drôle d'idée. Bizarrement, j'y arrive plus facilement quand j'écris beaucoup à côté, comme si cela faisait moins peur.
166/ J'aime les R8 Gordini. Sur FB, si l'on cherche "R8", on trouve des floppées de groupes célébrant l'Audi R8 (que je ne connais pas).
167/ Personne n'imagine comme sont jolis les poussins de pintade.
168/ Quand le sort voulait que des animaux orphelins grandissent dans la cuisine (poussins, lapereaux, canetons), ils avaient la vie sauve. Ma grand-mère ne tuait pas un animal élevé dans la maison.
169/ Parmi les deux mensonges de mon enfance, celui qui me cachait que les chevreaux étaient destinés à la boucherie (l'autre concernait le père Noël).
170/ Il est probable que les boules de Noël rapportées par papa de Pologne pour sa mère ont été données à ma tante, depuis divorcée et sortie de la famille. En tout cas, on ne les a pas retrouvées. (J'y tenais beaucoup.)
171/ Cette tante tenait des fonctions à la direction vétérinaire de l'Aveyron. Son service devait goûter (pour approbation) le roquefort. Elle nous en ramenait des quarts de meule. Pendant des années, j'ai mangé des tartines de roquefort au petit déjeuner, trempées dans du chocolat.
172/ Elle possédait une règle en plastique avec des petits cœurs. Elle disait que c'était le compte de ses amants.
173/ C'était peut-être vrai.
174/ Le vêtement idéal est une djellabah.
175/ Je ne porte pratiquement que des robes.
176/ Nostalgie n'est pas assez grand pour ce qui m'étreint.
177/ Il y a peu de temps que j'envisage la possibilité que l'avenir puisse être plus intéressant que le passé (janvier 2007 ? juin 2008 ? juillet 2008 ?)
178/ Le premier prêtre que j'ai vu portait un tee-shirt avec une chauve-souris. Je me suis précipitée sur lui en m'exclamant : « Oh, une chauve-souris ! » et ma mère m'a grondée.
179/ Les frères proposaient des ateliers après le catéchisme, et notamment la possibilité de construire des abats-jours en pots de yaourt qui me faisaient rêver. Egalement des inclusion en résine qui me paraissaient le top du top.
180/ J'ai conservé des vibrisses de ma première chatte en me disant qu'un jour peut-être… je les inclurai dans de la résine (**shame**). La boîte qui contient les vibrisses contient également des tickets de métro jaunes (« t'as le ticket chic ») et une série de sucres illustrés par des visages de clowns naïfs.
181/ J'ai admiré l'imagination d'une amie qui s'est déguisée en ticket de métro lors d'un bal costumé (c'était d'autant plus improbable qu'elle devait dépasser les soixante-dix kilos).
182/ J'ai arrêté d'écrire à cette amie, agacée 1/ qu'elle ne donne des nouvelles que lorsqu'elle était en vacances dans des endroits exotiques 2/ qu'elle remercie l'ensemble de son carnet d'adresses par un mail circulaire alors que nous lui avions apporté une aide circonstanciée lors d'une recherche d'emploi.
183/ J'ai continué à écrire quelques années à une amie après avoir quitté le Maroc. A douze ans, elle m'a dit que son livre préféré était La brute de Guy des Cars. J'ai emprunté un Guy des Cars, ai commencé à le lire, arrêté d'écrire à cette amie.
184/ J'ai usé une paire de chaussures en deux mois en travaillant chez Mollat.
185/ J'ai trois "amis" FB que je virerais bien: un parce que nous n'avons aucune affinité, le deuxième parce qu'il est lourd, le troisième parce qu'il devrait être plus présent.
186/ Mon personnage WoW est un toren chamane. (Je ne m'en sers jamais, les enfants le font évoluer pour moi.)
187/ J'aime le graphisme de WoW, mais c'est un jeu trop lent pour moi, il ne correspond pas à ma nervosité.
188/ J'entends encore dans mes rêves le sabot des ânes sur la piste cyclable,
189/ et les grillons, et l'appel à la prière du muezzin, et le coassement des crapauds.
190/ Je revois le cheval de mon père s'enfoncer dans la mer droit vers le large. J'ai eu peur. J'en rêve encore.
191/ C'était un cheval gris pommelé qui s'appelait Tempête.
192/ Je suis tombée de Bébé Mistral qui s'était emballé, affolé par l'espace vide devant lui. Tandis que je ne me souviens de pratiquement aucun de mes camarades de classe en primaire et au collège, je me souviens du nom de tous les chevaux d'avant mes huit ans. Je peux même dessiner le plan des boxes.
193/ L'odeur des graines de caroube dans le hangar empli jusqu'au plafond.
194/ Je contemple souvent les balustrades de fer forgé de l'immeuble en face de mon bureau. Elles sont magnifiques.
195/ Il faut que je retrouve la définition du traditionalisme. Pour cela, je dois ranger mon bureau. Je n'ai plus assez de place pour ranger, plus exactement, il faut que je change de méthode de classement pour contenir le flot croissant d'articles que j'imprime et conserve.
196/ Pourquoi deux cents? Parce que cent était court. C'est le prochain nombre rond franchement rond.
197/ J'espère que personne n'aura le courage de lire tout ça.
198/ A qui reviendra ma bibliothèque ? Que va-t-elle devenir ?
199/ Mon livre le plus précieux dans tous les sens du terme est la thèse de Clémence Ramnoux.
200/ J'aurais aimé connaître Clémence Ramnoux.
68/ Ce jeu est addictif.
69/ La moitié de mes cheveux au naturel seraient blancs, ou gris. J'aimerais voir ça, je suis curieuse des corps, de leur vraie évolution, du travail de la nature en nous, et en premier lieu, en moi.
70/ La mort des autres me dévaste, mais la mienne m'intrigue. Je dirais bien ''«j'aimerais bien essayer»'', si ça ne paraissait pas aussi stupide.
71/ Je m'imagine un jour avec de courts cheveux bouclés aux reflets mauves (ou bleus? je n'ai pas encore totalement décidé).
72/ J'admire l'élégance de Jacqueline de Romilly, le rose de ses toilettes. C'est mon modèle pour plus tard.
73/ Qu'Edwige Feuillère était belle dans De Mayerling à Sarajevo.
74/ Slothorp m'a bien fait rire en déclarant qu'un jour, chirurgie aidant, il n'y aurait plus d'actrices pour jouer les vieilles dames, ou les vieilles femmes.
75/ Un monde sans visage de vieux me paraît sans sel.
76/ La jeunesse est belle.
77/ Nous ne savons plus la perdre.
78/ Nous ne voulons plus rien perdre.
79/ Qu'y gagnons-nous?
80/ Je n'ai jamais joué à un jeu plus égocentrique. C'est sans doute pour cela qu'il est si facile.
81/ Ce matin j'ai vu un bas opaque filé. Je ne savais pas que c'était possible.
82/ Je porte des Dim-up depuis que ça existe. La technologie a fait beaucoup de progès, ils ne serrent pas, ils accrochent.
83/ Il y a bien longtemps, j'ai changé de tenue dans un confessionnal de Saint-Leu, rue Saint-Denis. Je ne sais plus à quelle occasion.
84/ Deux ans pour vingt centimètres de cheveux. C'est long. Pouvait-on réellement constituer une dot en vendant les cheveux des filles?
85/ Imaginer que les perruques poudrées des vieux magistrats étaient constituées de cheveux de jeunes filles ou de nonnes. Impression de perversité ou de sacrilège.
86/ J'ai fini Sobrarbre.
87/ J'utilise comme marque-pages les cartes postales de Zvezdo. Celles que je préfère viennent de Russie.
88/ Je viens de râler et je suis embarrassée, j'ai des remords.
89/ J'ai été en colère de façon quasi-continue entre 2005 et 2007. Les raisons en sont obscures et multiples. Le parti de l'In-nocence de RC est l'une des raisons les plus constantes de cette colère.
90/ Je ne peux pas lire sans une table, et de préférence avec un crayon (exemple de construction foireuse).
91/ J'aime les constructions syntaxiques foireuses.
92/ Je n'aime pas la vulgarité.
93/ J'aime le mauvais goût, à condition qu'il soit outrancier.
94/ Je peux donner la date et les circonstances d'achat d'à peu près tous mes vêtements. Ma garde-robe doit avoir un âge moyen de cinq ou six ans. Peu de choses, beaucoup aimées, portées longtemps, jusqu'à tomber en lambeaux (littéralement: tissus atteignant la transparence à force d'usure, déchirures spontanées).
95/ Je pense à la phrase de Swann : «Je ne trouve pas mes chapeaux, je les garde ! »
96/ Dernière cigarette ce matin. Combien de temps?
97/ Les taches de bleueur de Doris dans Le monde de Nemo.
98/ Il y a une cadence dans ce jeu qui m'évoque les roues d'un train, les syllables martelant le souvenir. Blaise sommes-nous loin de New York, mais tu m'ennuies Jeanne et le fer à repasser ces soirées passées à repasser en écoutant des livres-cassettes j'ai commencé avec Cendrars sommes-nous loin de Montmartre il reste les samovars dans la plaine russe et les échoppes juives de New York et la lumière du salon l'odeur du linge la solitude et la lecture de Fado Alexandrino mais c'était bien avant huit ans environ les souvenirs sont toujours immédiats sans profondeur il n'y a pas de recul tout est là en ronde il n'y a qu'à fermer les yeux.
99/ Quand je ferme les yeux je suis immédiatement ailleurs. Quand je rouvre les yeux il faut un centième de secondes pour me souvenir d'où je suis (mais je ne sais pas où je suis quand je ferme les yeux).
100/ J'ai des remords concernant mon père. Je sais maintenant qu'il essayait réellement de m'aider quand j'avais seize ans. Mais ne pas vouloir d'aide et ne pas reconnaître l'aide proposée faisaient partie de mon mal.
101/ Est-ce que Madame Aubert est morte? Voilà quatre ans que je devrais lui écrire. Chaque heure perdue est grave.
102/ J'aime Marie Borel.
103/ C'est beaucoup plus facile à écrire qu'un billet. Je pourrais garder cela pour en faire une cinquantaine de billets. Mais l'épaisseur permet d'espérer que les gens ne liront pas tout (je ne devrais pas sauter de ligne).
104/ Je conduis le plus souvent pieds nus (pour ne pas abîmer mes chaussures) et d'une seule main (parce que mes voitures sont légères à la mains).
105/ Intérieusement, j'utilise souvent un langage équestre pour désigner certaines sensations (un cheval franc, une bouche légère, des postérieurs engagés sous la masse).
106/ J'ai remarqué avec amusement que je tiens les anses de mon sac comme des rênes, le pouce assurant le cuir sur l'index passé entre les deux anses.
107/ Je pense à ce jeu tout le temps, c'est devenu une manie.
108/ En cinquième, un sergent recruteur de l'armée (il n'était peut-être pas sergent) est venu au collège nous expliquer les carrières militaires. Pouvais-je devenir pilote de chasse? Non, pas les filles. Après le bac, je suis retournée poser la question. On me proposait de piloter des avions-cargos. Non, mais ils m'avaient bien regardée ?
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir posé la question concernant les hélicoptères.
De toute façon, je ne crois pas que j'aurais supporté l'armée plus de quatre secondes et demie.
109/ Où est-ce que j'ai mis mon caddie?
110/ La première fois que j'ai fait de la moto, c'était en stop en sortant du terrain de parachutisme de Royan. Il était inutile de tant se presser, c'était un dimanche de changement d'horaire, je ne le savais pas, j'avais une heure d'avance à la gare.
111/ J'aime la vitesse et la mécanique. J'aime le kart.
112/ Je regrette d'avoir vendu dans un dépôt-vente le pull que j'avais tricoté durant cette semaine à Royan. Je n'arrive pas à décider si sa couleur, mandarine légèrement scintillante, était hideuse ou layette.
113/ Malgré le froid et la neige, de nouvelles pousses commencent à apparaître sur le rosier grimpant.
114/ J'aimerais avoir un beau jardin, même une jungle plutôt que le terrain vague actuel. Si j'avais le temps, prendrais-je la peine de m'occuper du jardin?
116/ Les roses anciennes.
117/ Il est exclu qu'on touche au sapin derrière la maison.
118/ Jack London, Fenimore Cooper, James Olivier Curwood.
119/ Certains hommes semblent avoir une vision castratrice du jardinage: tout ce qui dépasse doit être coupé. Et même ce qui ne dépasse pas, car ça finira bien par dépasser un jour.
120/ Nos thuyas sont si énormes, débordent tant, que toute entreprise d'élagage passant dans la rue s'arrête inévitablement.
121/ Il faut revoir la décoration du salon. J'ai des idées. H. a peur. Il a souvent peur quand j'ai des idées.
122/ Je n'ai peur de rien. J'ai peur des gens. Je me fais peur.
123/ J'aime bien les hommes.
124/ Je me dis parfois que la vie serait plus simple avec deux planètes séparées, hommes/femmes.
125/ Ou encore plus simple, avec une planète pour moi seule, façon Petit Prince.
126/ J'aime pas les gens.
127/ Le Petit Prince m'ennuie, mais il faut bien reconnaître que je pense souvent à certaines de ses phrases.
128/ Ne compter que sur soi, et encore pas beaucoup. (Alphonse Allais?)
129/ Je fais la sieste à des heures bizarres, dès que j'en ai l'occasion: dix ou vingt minutes ou une heure et demie (pour tomber sur des cycles entiers de sommeil). (J'y vais).
130/ Je lis la Grevisse comme un roman.
131/ Mon téléphone portable me sert de minuteur, de réveil, d'appareil photo. J'envoie des SMS. Parfois, en désespoir de cause, je téléphone.
132/ La lettre de Frédéric me donne des remords.
133/ Il faut que je copie le CD de Bruno Coli pour Michel.
134/ Bureau toujours pas rangé. Il faudrait poser une journée de congé pour cela. Mais je la passerais à autre chose qu'à ranger mon bureau.
135/ Aller passer quelques jours chez D. dans le Jura en février me paraît une drôle d'idée.
136/ Je bois mon thé dans une tasse d'un demi-litre achetée en 1985 à Versailles.
137/ La soucoupe en est brisée et recollée, un éclat de porcelaine a sauté sur le bord où l'on pose les lèvres.
138/ Elle est décorée d'un vélo à la Perec.
139/ Galopent, galopent les chevaux du souvenir.
140/ Est-ce que Roland a trouvé un éditeur ?
141/ Je n'arrive plus à m'habiller le matin pour aller travailler.
142/ Je ne sais pas traire les vaches. Ma grand-mère a essayé de m'apprendre à traire les chèvres. Je n'ai pas été assez appliquée. Je le regrette.
143/ J'ai appris à monter à cheval au Maroc, sur des étalons. Mes jambes ne dépassaient pas les quartiers de la selle. J'ai pris des mauvaises habitudes.
144/ Quand on tombait, il ne fallait pas lâcher son cheval qui ne rêvait que d'aller se battre. Rentrée en France, je me suis fait gronder parce que je ne lâchais jamais les rênes, quitte à me faire traîner dans tout le manège.
145/ Les voisines, infirmières à la retraite, allaient se baigner dans la mer tous les jours, en toute saison. M. Lolmed, qui avait peur que le ciel ne lui tombe sur la tête, ou plutôt que la terre ne l'engloutisse (mais ça revenait au même) dormait dans le jardin sous une tente. Mme Bosc apprenait une fable de La Fontaine par semaine pour entretenir sa mémoire.
146/ Qui se souviendra d'eux quand je ne m'en souviendrai plus ?
147/ M. Bosc avait deux chiens deux chasse qui obéissaient au doigt et à l'œil. Quand il ordonnait down, les chiens s'applatissaient comme des carpettes et ne se relevaient que sur son ordre. C'était fascinant.
148/ Je me souviens du jour où j'ai découvert que les nuages bougeaient.
149/ Je me souviens des étoiles quand la nuit était encore noire.
150/ La poutre de ma chambre chez ma grand-mère avait un défaut qui formait une tête de chien. Quand la chambre a été refaite, ce motif a été effacé. Mais de toute façon, j'ai changé de chambre.
151/ J'ai rêvé que les châtaigniers de la ferme avaient été abattus.
152/ J'ai passé beaucoup de temps à essayer de trouver des salamandres ou des tritons dans les trous d'eau en bas de la ferme. En vain.
153/ Je regrette de ne pas avoir fait de planeur avec Paul quand il était encore temps.
154/ Il ne faut pas attendre.
155/ La première fois que je suis allée à Venise, c'était en cachette. C'était le 1er mai, les Italiens portaient des œillets rouges.
156/ J'avais emmené Fable de Venise pour tout guide. J'ai beaucoup marché, beaucoup rêvé, rien visité.
157/ Je n'ai pas aimé être enceinte (encombrant et voyant). J'ai aimé accoucher (mystérieux et incompréhensible).
158/ Les gants ne réchauffent pas les mains. Ils gardent au chaud des mains chaudes (parole de gantier).
159/ Les dames qui s'occupaient de notre blanchissage à l'internat étaient adorables. Elles reprisaient et recousaient de leur propre chef, sans se contenter de repasser.
160/ Par manque de fil, au cours d'un stage d'aviron à Cholet, j'ai reprisé des collants de sport avec deux couleurs différentes, chaîne sur trame. Cela a beaucoup plu à mes compagnes de chambrée.
161/ Quand j'entends Francis Cabrel, je pense à cette semaine de stage (une semaine de Francis Cabrel, et en particulier cette chanson que je n'ai jamais réentendue: La femme sur le trottoir d'à-côté (ou d'en face ? Je ne sais plus)).
162/ Hemingway, Thomas Mann, Saül Bellow. BU de Nanterre.
163/ Automne 1989. Périgueux et Strasbourg. Deux rivières, un même nom: L'Isle.
164/ J'ai froid aux mains.
165/ Blogguer est une drôle d'idée. Bizarrement, j'y arrive plus facilement quand j'écris beaucoup à côté, comme si cela faisait moins peur.
166/ J'aime les R8 Gordini. Sur FB, si l'on cherche "R8", on trouve des floppées de groupes célébrant l'Audi R8 (que je ne connais pas).
167/ Personne n'imagine comme sont jolis les poussins de pintade.
168/ Quand le sort voulait que des animaux orphelins grandissent dans la cuisine (poussins, lapereaux, canetons), ils avaient la vie sauve. Ma grand-mère ne tuait pas un animal élevé dans la maison.
169/ Parmi les deux mensonges de mon enfance, celui qui me cachait que les chevreaux étaient destinés à la boucherie (l'autre concernait le père Noël).
170/ Il est probable que les boules de Noël rapportées par papa de Pologne pour sa mère ont été données à ma tante, depuis divorcée et sortie de la famille. En tout cas, on ne les a pas retrouvées. (J'y tenais beaucoup.)
171/ Cette tante tenait des fonctions à la direction vétérinaire de l'Aveyron. Son service devait goûter (pour approbation) le roquefort. Elle nous en ramenait des quarts de meule. Pendant des années, j'ai mangé des tartines de roquefort au petit déjeuner, trempées dans du chocolat.
172/ Elle possédait une règle en plastique avec des petits cœurs. Elle disait que c'était le compte de ses amants.
173/ C'était peut-être vrai.
174/ Le vêtement idéal est une djellabah.
175/ Je ne porte pratiquement que des robes.
176/ Nostalgie n'est pas assez grand pour ce qui m'étreint.
177/ Il y a peu de temps que j'envisage la possibilité que l'avenir puisse être plus intéressant que le passé (janvier 2007 ? juin 2008 ? juillet 2008 ?)
178/ Le premier prêtre que j'ai vu portait un tee-shirt avec une chauve-souris. Je me suis précipitée sur lui en m'exclamant : « Oh, une chauve-souris ! » et ma mère m'a grondée.
179/ Les frères proposaient des ateliers après le catéchisme, et notamment la possibilité de construire des abats-jours en pots de yaourt qui me faisaient rêver. Egalement des inclusion en résine qui me paraissaient le top du top.
180/ J'ai conservé des vibrisses de ma première chatte en me disant qu'un jour peut-être… je les inclurai dans de la résine (**shame**). La boîte qui contient les vibrisses contient également des tickets de métro jaunes (« t'as le ticket chic ») et une série de sucres illustrés par des visages de clowns naïfs.
181/ J'ai admiré l'imagination d'une amie qui s'est déguisée en ticket de métro lors d'un bal costumé (c'était d'autant plus improbable qu'elle devait dépasser les soixante-dix kilos).
182/ J'ai arrêté d'écrire à cette amie, agacée 1/ qu'elle ne donne des nouvelles que lorsqu'elle était en vacances dans des endroits exotiques 2/ qu'elle remercie l'ensemble de son carnet d'adresses par un mail circulaire alors que nous lui avions apporté une aide circonstanciée lors d'une recherche d'emploi.
183/ J'ai continué à écrire quelques années à une amie après avoir quitté le Maroc. A douze ans, elle m'a dit que son livre préféré était La brute de Guy des Cars. J'ai emprunté un Guy des Cars, ai commencé à le lire, arrêté d'écrire à cette amie.
184/ J'ai usé une paire de chaussures en deux mois en travaillant chez Mollat.
185/ J'ai trois "amis" FB que je virerais bien: un parce que nous n'avons aucune affinité, le deuxième parce qu'il est lourd, le troisième parce qu'il devrait être plus présent.
186/ Mon personnage WoW est un toren chamane. (Je ne m'en sers jamais, les enfants le font évoluer pour moi.)
187/ J'aime le graphisme de WoW, mais c'est un jeu trop lent pour moi, il ne correspond pas à ma nervosité.
188/ J'entends encore dans mes rêves le sabot des ânes sur la piste cyclable,
189/ et les grillons, et l'appel à la prière du muezzin, et le coassement des crapauds.
190/ Je revois le cheval de mon père s'enfoncer dans la mer droit vers le large. J'ai eu peur. J'en rêve encore.
191/ C'était un cheval gris pommelé qui s'appelait Tempête.
192/ Je suis tombée de Bébé Mistral qui s'était emballé, affolé par l'espace vide devant lui. Tandis que je ne me souviens de pratiquement aucun de mes camarades de classe en primaire et au collège, je me souviens du nom de tous les chevaux d'avant mes huit ans. Je peux même dessiner le plan des boxes.
193/ L'odeur des graines de caroube dans le hangar empli jusqu'au plafond.
194/ Je contemple souvent les balustrades de fer forgé de l'immeuble en face de mon bureau. Elles sont magnifiques.
195/ Il faut que je retrouve la définition du traditionalisme. Pour cela, je dois ranger mon bureau. Je n'ai plus assez de place pour ranger, plus exactement, il faut que je change de méthode de classement pour contenir le flot croissant d'articles que j'imprime et conserve.
196/ Pourquoi deux cents? Parce que cent était court. C'est le prochain nombre rond franchement rond.
197/ J'espère que personne n'aura le courage de lire tout ça.
198/ A qui reviendra ma bibliothèque ? Que va-t-elle devenir ?
199/ Mon livre le plus précieux dans tous les sens du terme est la thèse de Clémence Ramnoux.
200/ J'aurais aimé connaître Clémence Ramnoux.
Commentaires
1. Le lundi 9 février 2009 à 22:44, par JYP/PB
2. Le lundi 9 février 2009 à 23:09, par zvezdo
3. Le lundi 9 février 2009 à 23:10, par Alice
4. Le mardi 10 février 2009 à 01:07, par lecteur
5. Le mardi 10 février 2009 à 13:22, par JYP/PB
6. Le mardi 10 février 2009 à 13:23, par alph
7. Le mardi 10 février 2009 à 17:56, par lecteur
8. Le mardi 10 février 2009 à 19:19, par patrick
9. Le mardi 10 février 2009 à 19:20, par autre lecteur
10. Le mardi 10 février 2009 à 19:44, par infundibu
11. Le mardi 10 février 2009 à 21:54, par Alice
12. Le mardi 10 février 2009 à 23:35, par JYP/PB
13. Le mercredi 11 février 2009 à 07:47, par Alice
14. Le mercredi 11 février 2009 à 09:04, par JYP/PB
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