En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un avec qui on a voyagé : mon fils O.

la main gantée d'Olivier - en quittant Olsdorf
En quittant la maison de Thomas Bernhard


Au départ il s'agissait d'accumuler les trois mille kilomètres nécessaires à la conduite accompagnée.

J'ai fait une fausse signature. H. était contre la conduite accompagnée. Nous avons dans notre entourage deux exemples d'accidents graves dus à la conduite accompagnée.
O. voulait faire la conduite accompagnée. C'était le premier des trois enfants à souhaiter cela. J'ai rempli le dossier d'assurance en me mettant en conducteur accompagnant, et puis, au cas où cela nous en ayons besoin un jour en urgence, j'ai ajouté H. et j'ai imité sa signature.

Il fallait que j'accomplisse trois mille kilomètres aux côtés d'O.
Matin et soir, maison gare, cinq kilomètres, vingt-cinq kilomètres par semaine, cent par mois. Quelques voyages jusque chez les grands-parents. Il fallait quelque chose de plus long.
Ça faisait longtemps que je voulais faire un tour d'Europe. H. ne voulait pas, il n'avait pas envie de passer sa journée en voiture et dormir chaque nuit à l'hôtel: «je fais cela toute l'année pour le boulot, je ne vais pas le faire en vacances».
O. était d'accord, mais il fallait attendre ses dix-huit ans: pas de conduite accompagnée hors de France.

Pour vérifier que nous étions capables de nous supporter, nous avons fait une escapade d'une semaine en Bretagne l'été précédent, en 2016. Ce fut un succès.

Alors nous sommes partis en juillet 2017 pour Klagenfurt, Vienne, Prague, Berlin, Amsterdam et Bruxelles. Mon récit est plein de trous mais je ne désespère pas de le compléter un jour. Ce sont de merveilleux souvenirs. La Styrie ou les plaines de Saxe dans la Beetle décapotée en écoutant la biographie de Bob Dylan ou de Raymond Chandler ou de Jack London, les hôtels et les auberges de jeunesse et les hugos. Les châteaux, le vélo, les soirées sur l'ordi. Le légendaire sens de l'orientation d'O. sur lequel je me repose aveuglément. Sa gentillesse, O. toujours prêt à un détour pour me faire plaisir. La surprise de découvrir à quel point le malentendu est facile, même entre deux personnes déterminées à être attentives à l'autre.
Je ne sais pas si je retrouverai un jour un tel compagnon de voyage.